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Livres - Page 56

  • [Livre] Les femmes au quotidien de 1750 à nos jours

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    Résumé : On lit souvent des propos du genre «La femme au XIXe siècle était comme ci, celle du XVIIIe siècle comme ça...». Or, il n'y a pas une femme, mais des femmes. Lorsqu'on en parle au singulier, c'est qu'on évoque seulement celle qui a laissé des écrits, publié des mémoires, bref la femme issue de la noblesse ou de la haute bourgeoisie, la femme lettrée, femme de lettres parfois. Comme ces dictionnaires qui mettent des vignettes sur les costumes du Moyen Âge à nos jours et qui ne dessinent que des costumes de cour : les petits écoliers sont persuadés, en toute bonne foi, que leur aïeule portait sous Louis XIV une haute perruque poudrée garnie de perles et de plumes ainsi qu'une vaste robe à cerceaux. Combien de femmes étaient habillées ainsi en réalité ? Une toute petite minorité. La minorité qu'on appelait à la Belle Époque «le monde» ou «la société», comme s'il n'existait rien en dehors d'elle.

    C'est tout le mérite de cet ouvrage de tenter d'aborder, époque par époque, les différentes conditions féminines. Synthèses et portraits issus de généalogies ou d'interviews se succèdent pour approcher au mieux et de façon très vivante, la multiplicité des parcours. Une approche originale qui permet une véritable compréhension du passé.

     

    Auteur : Marie-Odile Mergnac

     

    Edition : Archives et Culture

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 2011

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : Ce livre est un petit ouvrage bien conçu, racontant, demi-siècle par demi-siècle, les conditions de vie des femmes par classe sociale. Au fil des ans, on voit des catégories disparaitre et d’autres apparaitre. Les paysans disparaissent au profit des agriculteurs, les ouvriers puis les fonctionnaires font leur apparition. De l’enfant trouvée à la jeune aristocrate, en passant par la petite bourgeoise, la petit paysanne, l’ouvrière, l’artisane, la commerçante… l’auteur nous explique en page de gauche des idées générales sur la vie de cette classe sociale, sans oublier de nous expliquer que dans la classe des artisans, par exemple, on peut trouver des notables (comme le meunier) et des miséreux (comme les rempailleurs). En page de droite, elle nous raconte la vie d’une fillette. Chaque classe sociale a droit à deux doubles pages, correspondant à l’enfance puis à l’âge adulte.
    Quelques petits bémols toutefois, le premier est une mention d’un procès qui a eu lieu en 2006 dans lequel un enfant placé chez des agriculteurs par la DASS a attaqué l’administration pour l’avoir laissé avec des personnes qui l’ont fait travailler sans jour de congé (ni weekend, ni vacances). L’auteur est très critique face à ce procès qu’elle juge ridicule au motif que « les animaux mangent aussi le weekend ». Pour autant elle semble oublier qu’un enfant n’a pas à effectuer le travail d’un adulte. Si au lieu de paysans on avait eu des ouvriers des mines qui auraient envoyé l’enfant travailler à la mine pendant son temps libre, aurait-elle trouvé cela normal aussi ? J’ai trouvé ce mépris face à l’exploitation des enfants un peu limite.
    L’autre point négatif est un nombre incalculable de coquilles. Peu de fautes (« sœurs convers » au lieu de « sœur converses » et, de mémoire, un « du l’enfant » au lieu de « de l’enfant ») mais énormément de mots manquant, au point parfois de rendre la phrase incompréhensible si elle était sortie du contexte (par exemple : « Clarisse sans doute qui lui appartenait en propre » Quand on lit le texte en entier, on sait qu’il s’agit d’un livre d’étude, mais il manque clairement quelques mots).
    Peut-être que la maison d’édition pourrait être plus vigilante sur les textes qui partent à l’impression.
    Mais excepté ces points là, ce livre est très intéressant que ce soit pour agrémenter des recherches généalogiques que pour sa simple culture générale.

     

    Un extrait : Chaque village a autrefois son notaire et huit mariages sur dix sont précédés d’un contrat de mariage. Cela semble naturel et il n’est pas nécessaire que les fiancés soient très fortunés pour qu’un contrat de mariage soit établi. Le contrat décrit l’apport de chaque conjoint, notamment la dot de la fille, ou ses « espérances » (pour les familles plus fortunées, la fortune que la jeune fille peut espérer toucher un jour par héritage).
    Le contrat aborde toujours le paiement de cette fameuse dot. Comme il est difficile pour les familles de réussir à la payer, surtout dans une société rurale où l’argent circule peu, des stratégies matrimoniales d’échanges de dot se pratiquent souvent : par exemple un frère et une sœur épousent le même jour une sœur et un frère, ce qui évite à chaque famille d’avoir à sortir la dot de la fille. Si le versement de la dot est inévitable, le paiement est en général fait en plusieurs fois, avec des dates d’échéances précisées lors du contrat, par exemple lors de certaines fêtes : à la Saint-Jean, à la Saint-Martin… Il est ainsi fort rare que la dot soit payée « devant notaire voyant », c'est-à-dire le jour même.
    Parfois, dans les campagnes, la dot n’est pas en monnaie sonnante et trébuchante mais en bonne pièces de toile, en bestiaux ou en ruches de mouches à miel… Un mélange des deux types d’apport est également pratiqué (par exemple de l’argent accompagnant un trousseau en nature, des meubles, des robes et des draps ou bien du bétail, ou bien encore des ruches d’abeilles).
    Le contrat de mariage sert aussi à préciser le rôle des différentes générations : les parents apportent la dot, mais font parfois inscrire qu’ils seraient logés et nourris chez leurs enfants. « Les parents donataires et les enfants humblement remerciant » s’engagent alors à « vivre sous le même toit, ne faire qu’un feu, manger au même pot », les parents promettant d’aider le jeune couple de « tous leurs petits pouvoirs ».
    Cette communauté de génération, plus fréquente dans le sud de la France que dans le nord, s’avère aussi de fréquence très variable selon les époques. Cependant, de façon générale, on n’en trouve pas d’exemple dans la noblesse et peu dans la bourgeoisie : elle correspond à un mode d’organisation familial essentiellement paysan.
    (Nées vers 1800 dans la paysannerie)


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  • [Livre] Retour à Charleston

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    Résumé : Sur la plantation de la famille Tradd, en Caroline du Sud, l’année 1900 semble augurer d’un avenir radieux pour Stuart Tradd, qui épouse la ravissante et frivole Margaret Garden. Mais, très vite, celle-ci devra assumer seule la charge de la grande propriété et renoncer à toute vie mondaine.

    C’est sa fille, Garden Tradd, cette sauvageonne à la beauté troublante, qui remportera tous les succès dont rêvait Margaret. Garden est fêtée, adulée, entourée de toutes les attentions. Et quand elle épouse Sky, un riche New-Yorkais, son bonheur ne connaît plus de frontières. Dans les salons les plus fermés de Charleston, les palais de New York, Nice ou Monte-Carlo, à bord du Train bleu ou sur les yachts les plus extravagants, dans le Paris des années folles, Garden triomphe.

    Mais, en coulisses, une terrible machination se trame. Pour sauver son amour, Garden se laisse entraîner dans une vertigineuse spirale. Devra-t-elle donc payer les erreurs d’un passé que tout le monde croyait oublié ?

     

    Auteur : Alexandra Ripley

     

    Edition : Archipoche

     

    Genre : Romance historique

     

    Date de parution : 26 février 2001

     

    Prix moyen : 10€

     

    Mon avis : A peine avais-je terminé le tome 1, Charleston, que je n’ai pas pu m’empêcher de me plonger dans « retour à Charleston » pour continuer cette saga familiale.
    Dans ce second volet, on entre dans le vingtième siècle avec tous les évènements qui ont marqués cette période comme la 1ère guerre mondiale, les années folles, le crack boursier de 29 ou encore la prohibition.
    Dans cette suite, on va suivre Garden, la petite nièce d’Elizabeth.
    Comme dans le premier tome, l’héroïne principale du roman met un certain temps à arriver sur le devant de la scène. En effet, l’histoire commence avec le mariage de sa mère avec Stuart Tradd, le fils aîné du seul frère survivant d’Elizabeth. Un double drame va venir entacher ce mariage et va provoquer la rupture d’Elizabeth avec sa famille.
    Personnellement, je n’aimais déjà pas trop Stuart sénior dans le premier tome, je le trouvais détestable. Et non seulement il ne s’est pas amélioré avec le temps, mais son fils aîné est aussi imbuvable que lui.
    Quant à Margaret, la mère de Garden, elle est immature, superficielle et franchement pénible.
    Dans les premières lignes, on apprend que Stuart a mis enceinte deux filles de 16 ans : Margaret, qu’il épouse, et Victoria, la fille de Joe Simmons, amoureux éternellement éconduit d’Elizabeth. D’ailleurs, petite parenthèse, à la fin du 1er tome, je pensais vraiment que ces deux-là allaient se marier et j’ai été très déçue de voir que ce n’avait pas été le cas. Bref, fin de la parenthèse. Donc Joe vient demander des comptes à Stuart, ce qui va provoquer le drame dont je parlais tout à l’heure et qui est le point de départ de l’histoire.
    Franchement, s’il est vrai que Start junior n’a rien d’honorable, il n’a pas non plus violé Victoria. Pourquoi alors Joe et Elizabeth agissent comme s’il était le seul responsable ? Ces deux écervelées sont bien entrées dans son lit de leur plein gré, donc soit elles sont inconscientes, soit elles espérer le piéger dans un mariage et là, forcément, elles se mettaient en position d’essuyer un refus.
    Garden, la fille de Margaret, délaissée par sa mère dans un premier temps, se révèle être une vraie beauté et Margaret va vouloir vivre son entrée dans le monde à travers elle. Soucieuse de plaire à sa mère, Garden se plie à tout.
    Mais le monde change, les règles de bienséances, les bals codifiés, n’ont guère plus cours que dans le sud et les Yankee commencent déjà à banaliser les robes moulantes, les sorties, les danses débridées et le divorce.
    Garden, fraichement mariée, va se retrouver prise dans un tourbillon que son éducation ne l’avait pas préparée à affronter.
    Victoria, la fille de Joe, est affreuse. Elle est vraiment fourbe, manipulatrice, dénuée de scrupules et complètement folle. Je ne suis pas sûre que la vengeance soit une motivation suffisante pour devenir comme elle est. Je pense sincèrement qu’à ce désir de vengeance se greffe des problèmes psychiatriques.
    Et les problèmes de Garden ne vont pas s’arrêter à une simple dégradation de sa réputation et elle va devoir faire face à de sacrés défis.
    La fin est plus ou moins semblable à la fin de Charleston, en ce sens ou un troisième tome, sur la génération suivante, aurait sans problème pu être écrit. Mais comme il faut bien s’arrêter un jour, à nous d’imaginer la suite !

     

    Un extrait : Billy qui l’observait sentit son désarroi le gagner à son tour. Quant à Margaret, froissée de se voir négligée par Stuart, elle entreprit de se venger en flirtant outrageusement avec Anson, qui jusque-là mangeait en silence, le nez dans son assiette. Penchée vers lui, elle se mit à chuchoter, posant sa main sur la sienne. Anson s’écarta d’elle comme s’il venait de s’ébouillanter. Billy lut la souffrance sur son visage ; il risqua un coup d’œil en direction de Henrietta mais, comme toujours, elle ne semblait pas s’apercevoir du calvaire de son fils.

    — Tu n’es vraiment pas drôle, Anson, déclara Margaret gaiement. Enfin nous avons une réception, et toi tu boudes dans ton coin. La prochaine fois, nous ne t’inviterons pas, n’est-ce pas, madame Hen ?

    Henrietta sourit d’un air vague.

    — On avisera, le moment venu.

    — Quand est-ce que ce sera, hein, madame Hen ? Qui inviterons-nous ? Maintenant que l’été est fini, les gens viendront plus facilement à la campagne. Si on recevait à la maison ? Oh, et avec un petit bal ! Rien de grandiose, mais dansant certainement. Qu’en dites-vous, madame Hen ? Combien de temps faudrait-il pour tout organiser ? Trois semaines ? Est-ce suffisant ? Ou plutôt quatre ? Ce serait mieux : on sera à l’époque de Thanksgiving, et vous avez toujours organisé une chasse et un barbecue pour Thanksgiving. On dira simplement à tout le monde de rester après le barbecue, de se reposer ou de faire un tour dans le jardin, puis ce sera le moment de s’habiller pour la soirée et pour le bal. Ce serait merveilleux ! Je dirai à Zanzie de me faire la plus belle robe qu’on ait jamais vue. Quelle couleur devrais-je choisir, Stuart ? Le bleu peut-être. Tu aimes bien le bleu, n’est-ce pas ?

    Henrietta ne laissa pas à Stuart le temps de répondre.

    — Vous savez bien, Margaret, qu’il ne peut être question de recevoir ou de danser dans les mois qui viennent. Nous sommes en deuil. Maintenant qu’il commence à faire frais, nous porterons à nouveau le noir.

    — Non ! cria Margaret. Ce n’est pas juste. Je déteste le noir, il me donne une mine épouvantable. Comment pouvez-vous être aussi mesquine, madame Hen ?

    — Il ne s’agit pas de « mesquinerie », Margaret, mais de respect à l’égard de mon mari.

    Le regard dur, Henrietta s’était raidie. Désarçonnée par ce changement, Margaret se tut. Pour rompre le silence embarrassant, Billy et Koger se mirent à parler à Susan en même temps.

    Mais Margaret les interrompit.

    — Je ne vois vraiment pas pourquoi je porterais du noir et croupirais à la campagne à cause du juge. Ce n’était pas mon mari.

    — C’était mon père, dit Stuart. Maintenant tais-toi et tiens-toi bien, Margaret. Tu contraries maman.

    Les beaux yeux de Margaret s’emplirent de larmes.

    — Je ne veux pas que tu prennes parti contre moi, Stuart. Depuis ce matin, tu es absolument odieux avec moi.

    — Stuart, intervint Henrietta, vous pourriez peut-être en discuter plus tard, lorsque vous serez seuls. (Elle regarda Susan, et son expression se radoucit.) Venez-vous d’une famille nombreuse, mademoiselle Hoyt ?

    — Oui, madame. J’ai deux frères et quatre sœurs.

    La voix de Susan s’était affermie. Sur son visage, on lisait le respect pour Henrietta.

    Herklis entra avec un plateau surchargé.

    — Nous avons reçu de très belles pommes de votre contrée cette année, mademoiselle Hoyt, dit Henrietta. Tout le monde en raffole ici. La tarte aux pommes de Chloé est un vrai régal, et je pense qu’il fait encore suffisamment doux pour déguster un peu de glace. Herklis, sers-en une grosse part à Mlle Margaret. Elle adore la tarte aux pommes.

    Margaret éclata en sanglots.

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  • [Livre] Charleston

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    Résumé : Charleston au siècle dernier. Ville d'extravagance où l'on s'enivre de plaisirs et de luxe. Ville bientôt déchirée par la guerre de Sécession, ses violences et ses larmes. Mais, sitôt la paix revenue, Charleston veut revivre. A fond. Rattraper le temps perdu.

    Au milieu de ces bouleversements, Elizabeth. Adorable, impertinente, elle provoque, séduit sans jamais s'attacher... mais ne sait résister au charme arrogant de Lucas. Fiançailles, mariage somptueux. Parcours idyllique que va vite interrompre un drame inéluctable.

    Mais Elizabeth, déchirée, seule, sait qu'elle doit se battre. Pour survivre... pour trouver enfin le véritable amour auquel elle n'a jamais cessé de croire.

     

    Auteur : Alexandra Ripley

     

    Edition : Archipoche

     

    Genre : Romance historique

     

    Date de parution : 18 mars 1998

     

    Prix moyen : 10€

     

    Mon avis : J’avais beaucoup aimé la plume d’Alexandra Ripley dans Scarlett. Alors quand j’ai vu que celle qui avait osé écrire une suite à « Autant en emporte le vent » avait également écrit une duologie commençant sous la guerre de sécession et se prolongeant sur plusieurs génération jusqu’à la veille de la seconde guerre mondiale, je ne pouvais que vouloir la lire.
    Dans ce premier tome, on suit les familles Tradd et Anson. L’histoire débute peu de temps avant la fin de la seconde guerre mondiale et se déroule jusqu’à la fin du XIXème siècle.
    Même si on suit de nombreuses personnes, tout tourne plus au moins autour d’Elizabeth Tradd, qu’on découvre toute petite et qu’on suit (quatre ans quand le livre commence) et que l’on va voir évoluer dans sa vie d’adolescente puis de femme (A la fin du livre, si mes calculs sont bons, elle a 39 ans à la fin du roman).
    J’ai beaucoup aimé cette fresque familiale sur fond historique (on y parle de la guerre de sécession, de la guerre d’indépendance de Cuba, de l’assassinat de Lincoln etc…)
    On peut voir comment se comportait la société avec les règles de bienséance et les diverses obligations, surtout pour les femmes : ne pas sortir sans chaperon, même pour une veuve d’un certain âge, les carnets de bal, les tenues vestimentaires… tout, absolument tout est codifié.
    On peut aussi voir les changements profond que subi la société après la guerre de sécession et le nouveau statut des noirs (qui n’est guère plus enviable que leur statut d’esclave).
    Elizabeth est très entourée surtout par son frère aîné, Pinckney, devenu chef de famille depuis la mort de son frère au front, et de l’ami de celui-ci, Joe « Shad » Simmons qui a sauvé la vie de Pickney sur le champ de bataille.
    Joe va développer une relation assez particulière avec Elizabeth, l’aider à sortir de sa coquille après un épisode traumatisant qu’elle a vécu lors de l’arrivée des Yankee dans la ville où elle était réfugiée avec sa fille.
    J’aimais bien Pickney jusqu’à une réaction que j’ai trouvé vraiment intolérable vis à vie de Shad à qui il doit quand même la vie.
    Leur mère, Mary, est un peu évaporée, toujours à se plaindre et à pleurnicher, tout le contraire de la tante Julia, une vraie terreur qui tient toute la famille en laisse d’un haussement de sourcil.
    Le frère de Pinckney et Elizabeth, Stuart était mignon enfant, mais il m’est vite devenu désagréable. J’ai vraiment pris en horreur son état d’esprit.
    Elizabeth a l’air faible et superficielle, mais elle est juste élevée d’une manière qui l’a conditionnée à être une fleur fragile et les évènements vont montrer qu’elle a en elle une force incroyable quand les circonstances l’exigent.
    Parfois, pour les personnages secondaires, on se perd un peu dans les noms car les fils aînés ont le nom de leur père, souvent un fils ou une fille cadette prend comme prénom le nom de jeune fille de sa mère… (C’est comme ça qu’on a un Andrew Anson, un Anson Tradd, un Tradd Cooper…)
    Même si on a beaucoup de personnages masculins qui ont de l’importance, et même beaucoup d’importance, Charleston est un roman de femmes. Ce sont les femmes qui importent, ce sont elles qui font changer les choses, qui vont de l’avant, qui subissent aussi l’opprobre qui accompagne tout désir de bouleversement des règles établies.
    En résumé j’ai beaucoup aimé ce roman et je n’ai pas vu passer les 800 pages que j’ai avalé en moins d’une journée, et à peine ai-je terminé que j’ai attaqué le second tome « Retour à Charleston ».

     

    Un extrait : Mary fut transportée de joie lorsque Pinckney lui annonça qu’il était à sa disposition pour l’escorter à toutes les festivités. Le programme de la saison était plus chargé que jamais. Comme toutes les salles de bal se trouvaient dans le centre-ville – et n’étaient donc pas disponibles –, les gens débarrassaient les meubles de leurs salons et de leurs salles à manger, et un orchestre financé par les clubs jouait tous les soirs des airs de danse dans une maison différente. Sally Brewton, qui résidait chez des cousines à Elizabeth Street, avait invité trois cent cinquante personnes pour la Saint-Sylvestre.

    — Où va-t-elle les mettre ? s’étonna Mary. Elle a envoyé des cartons à absolument tout le monde.

    — À moins que Sally ait beaucoup changé, maman, elle se débrouillera. Pour le moment, le plus important est le problème de mes escarpins. Les semelles sont trouées.

    — Ne t’inquiète pas, Elijah va arranger ça. Il n’aura qu’à prendre la reliure en cuir d’un des vieux livres de la bibliothèque.

    Pinckney éclata de rire.

    — Pauvre Aristote, conclut-il lorsqu’il rapporta la conversation à Andrew. J’adore ma chère mère mais elle a vraiment une cervelle d’oiseau.

    — Tu ne voudrais quand même pas qu’une femme soit trop intelligente. Ta mère est jolie comme un cœur, c’est tout ce qui compte. Pas étonnant que Mlle Julia n’ait jamais pu se trouver un mari.

    — Tu as peut-être raison. N’empêche, je vais te dire une bonne chose : après une journée à la maison avec ces dames, je te comprends vraiment. Veux-tu un petit remontant ?

    — Un grand remontant, mon ami. J’ai dit à Lavinia de nous laisser un carafon et des verres de bonne taille. Comme c’était pour toi, elle a obtempéré sans broncher.

    Pinckney versa quatre doigts de whisky dans deux verres, en tendit un à Andrew et se vautra dans son fauteuil.

    — Ah ! c’est bien bon.

    — On goûte mieux avec un deuxième.

    Au fil de la semaine, ces deux répliques devinrent le prélude rituel des visites quotidiennes de Pinckney. Les femmes remarquèrent l’odeur persistante du whisky mais ne s’interrogèrent pas plus avant. Les Sudistes buvaient tout le temps ; on reconnaissait un gentleman à sa capacité à tenir l’alcool.

    Et cela n’interférait en rien sur le rôle de chevalier servant de Pinckney. Tous les après-midi, il emmenait sa mère à un thé ; tous les soirs, à un bal. Julia les accompagnait parfois. Souvent, Lavinia demandait s’il y avait de la place pour elle dans la voiture. Andrew taquina Pinckney au sujet des ruses transparentes de sa sœur ; il le remercia aussi de jouer à la fois le rôle de père et de grand frère.

    — Je t’en suis reconnaissant, je veux que tu le saches.

    — Ferme-la, tu veux ? Ça me fait un bon entraînement pour Lizzie plus tard.

    Lavinia eut une moue qui déforma sa jolie bouche. Sur la pointe des pieds, elle s’éloigna de son poste d’écoute. De retour dans sa chambre, elle se jeta sur le lit et éclata en sanglots.

    Le soir de la Saint-Sylvestre, Pinckney fit une vaine tentative pour convaincre sa mère de rester à la maison.

    — Je dois repartir demain, maman. Je préférerais passer cette dernière soirée en famille.

    — Mais, Pinny… il y a la réception de Sally Brewton.

    Pinckney haussa les épaules. Lorsqu’il monta se changer, il emporta dans sa chambre un carafon de whisky.

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  • [Livre] Le crépuscule des rois - T02 - Reines de coeur

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    Résumé : Figures romanesques, passionnées, solitaires et tragiques, quatre reines – Margaret, Mary, Catherine et Anne – évoluent autour du roi Henry VIII, personnage autoritaire, sensuel, tyrannique et flamboyant. Margaret, sa sœur aînée, devient, à quatorze ans, reine d’Ecosse, tandis que Mary, sa cadette, épouse à dix-neuf ans un Louis XII vieillissant qui la fait reine de France. Longtemps, Catherine d’Aragon lutte pied à pied pour ne pas se laisser balayer par la passion qui saisit son mari Henry VIII pour l’intelligente, l’ambitieuse, la trop séduisante Anne Boleyn. Quatre femmes, quatre destins aux antipodes les uns des autres, mais qui ont en commun une lutte obstinée pour aimer et être aimées, connaître le bonheur, objectif fascinant et fuyant. Ces reines de cœur sont les emblèmes d’une Renaissance qui transforme l’Europe politiquement et artistiquement, et qui ouvre aux femmes les portes du pouvoir dont leurs filles et petites-filles vont s’emparer pour le meilleur comme pour le pire.

     

    Auteur : Catherine Hermary-Vieille

     

    Edition : Le livre de poche

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 19 octobre 2005

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Dans ce second tome du crépuscule des rois, on reprend là où le tome 1 s’était arrêté.
    Des quatre reines citées, Anne Boleyn, présente au résumé, est quasiment absente du roman dans lequel elle n’est encore qu’une demoiselle de compagnie comme une autre. On reviendra probablement vers elle dans le tome 3 mais ici, on se penche plus sur la liaison entre Mary Boleyn et le roi que sur son règne.
    Très présente au début du roman, Catherine d’Aragon s’efface peu à peu pour ne faire que de rares apparitions dans lesquelles on nous apprend la mort d’un autre de ses enfants, ou encore son obstination à défendre son père et l’Espagne malgré le nombre incalculable de fois où ce dernier dément les serments qu’il a fait à l’Angleterre.
    Les deux reines qui sont à l’honneur sont Margaret Tudor, sœur ainée d’Henry VIII, mariée à 14 ans au roi d’Ecosse, qui va faire face à une situation personnelle et politique désastreuse sans pour autant obtenir le moindre soutien de son frère ; et Mary Tudor, petite sœur du roi, mariée à 18 ans à un roi de France de 33 ans son ainé et qui saura tirer son épingle du jeu une fois veuve. Furieux contre elle lorsqu’elle décide de son avenir une fois veuve, Henry fini par lui pardonner, comme toujours.
    J’ai trouvé que le texte était moins de parti pris et que la réalité historique était plus neutre. Par exemple, personne ne sait si Charles Brandon et Mary Tudor ont été amants avant leur mariage et dans ce cas Catherine Hermary-Vieille a suivi la maxime: « dans le doute, abstiens-toi ».
    J’ai beaucoup aimé ce tome, car la période Henry VIII est la période que je préfère dans l’histoire anglaise. Pour autant, si je savais que ses sœurs avaient été respectivement mariées en Ecosse et en France, je ne connaissais pas les détails historiques de leurs vies. J’ai vraiment été ravie de les découvrir.
    Il me reste à découvrir le tome 3, qui devraient être consacré aux 6 infortunées épouses d’Henry VIII.

     

    Un extrait : Bessie venait de se coucher lorsqu’elle entendit le bruit léger de petits pas foulant les dalles. Entrouvrant la porte, Cecily se faufila dans la chambre et vint se glisser dans le lit de sa sœur.
    - Je ne voulais pas te laisser seule cette nuit.
    La lune déclinait. Une clarté grise s’infiltrait entre les lourds rideaux brochés de fils de soie et d’argent.
    Au-dessus de la Tamise, les mouettes poussaient leurs appels tristes. Brièvement, Cecily évoqua leurs derniers mois, son amour pour Lord Welles, leur mariage remis. Son fiancé avait fait partie de la cour de Richard III et traversait une période de purgatoire. Et puis l’union de Bessie et de Henry suspendait la sienne. Fille aînée promise au roi d’Angleterre, elle devait se marier la première.

    - Henry Tudor est très plaisant, chuchota Cecily, tu n’auras aucune peine à l’aimer.
    - Je veux qu’il m’aime aussi.

    - Il possède un portrait de toi que mère lui a fait parvenir. On dit qu’il le garde dans sa chambre.
    - J’ai peur, murmura Bessie.

    - Le passé ne peut s’oublier qu’en pensant très fort à l’avenir. Nous n’avons pas vingt ans, pouvons-nous gâcher notre vie en ressassant les drames que nous avons vécus ?

    - J’ai fais croire à notre Richard que je l’aimais, je l’ai poussé à écrire cette promesse le liant à moi et puis je l’ai trahi et abandonné.

    - Notre oncle était cruel.

    - Il était seul et si avide d’être aimé.

    - Oublie, Bessie. Dieu punit les pêcheurs et récompense les justes. Notre oncle est désormais devant Sa justice et Lui seul peut juger le fond de son cœur.

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  • [Livre] La part des flammes

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    Résumé : Un roman inspiré d'un fait divers. Paris, 1897. Toutes les femmes de l'aristocratie se pressent au Bazar de la Charité, événement mondain des plus courus. Parmi elles, deux femmes peu habituées à cet univers, Violaine de Raezal, rejetée par ses pairs depuis la mort de son mari, et la jeune Constance d'Estingel, indifférente aux conventions sociales. Quand le bazar prend feu et que le piège des flammes se referme, la tragédie fait basculer leur destin.

     

    Auteur : Gaëlle Nohant

     

    Edition : Le livre de poche

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 09 mars 2016

     

    Prix moyen : 9€

     

    Mon avis : Ce livre, je l’ai découvert dans la vidéo passionnée que Lemon June a faite à son sujet. Je l’ai immédiatement ajoutée dans ma wish list et j’ai (enfin) eu le temps de le lire.
    L’histoire a comme point de départ et point central (oui oui, les deux à la fois) l’incendie du bazar de la charité qui a eu lieu le 4 mai 1897 et a fait plus de 130 victimes, majoritairement des femmes et plus de 300 blessés.
    Dans sa vidéo, Lemon explique bien que l’auteur nous plonge littéralement au cœur de la fournaise en faisant une description exceptionnelle de l’incendie.
    Mais allez savoir pourquoi, j’ai complètement zappé cette information. Alors comment vous dire que quand vous avez la phobie des incendies et que vous lisez ce bouquin, vous passez trois jours à ne dormir que d’un œil avec un grand seau d’eau à proximité…juste au cas où…
    Le roman met en scène deux personnages principaux et une foule de personnages secondaires.
    Les personnages principaux sont Constance d’Estringel, une jeune femme de vingt ans, sortie du couvent moins de deux ans plus tôt, rempli d’une foi qu’elle pense inébranlable et d’un mépris qu’elle ne cache pas pour l’hypocrisie morale de ses parents. Elle a rompu récemment, sans un mot d’explication, ses fiançailles avec Lazlo de Nérac, une jeune aristocrate qui se pique de journalisme, sur les conseils de la mère supérieure de son ancien couvent, sans qu’on ne sache réellement pourquoi (mais, vous inquiétez pas, on finira pas en savoir plus !). Une connaissance de ses parents l’a présentée à la duchesse D’Alençon qui l’a conviée à se joindre à elle pour tenir un comptoir afin que la jeune fille cesse de se terrer dans sa chambre et sorte un peu dans le monde.
    Le second personnage principal est Violaine de Raezal, une jeune veuve aux prises avec des beaux-enfants effroyables et rejetée par ses pairs depuis la mort de son mari pour une rumeur qui lui colle aux basques. Comme pour les raisons de la rupture de Constance, on finira par savoir, mais ce n’est pas pour tout de suite. Violaine rêve de tenir un comptoir au bazar de la charité car cela lui ouvrirait les portes lui permettant de ne plus être isolée dans ce monde. Après qu’elle ait rencontrée la duchesse d’Alençon au hasard de ses œuvres, celle-ci la convie à se joindre à elle derrière son comptoir.
    Constance et Violaine sont toutes deux, chacune d’une manière différente, en rupture avec les conventions sociales si chères aux yeux de l’aristocratie de l’époque. Constante est étouffée par les souhaits de ses parents qui la veulent mariée et loin d’eux et se soucis bien plus de leur réputation que du bonheur de leur fille (son père déplore même le temps, pas si lointain, où une fille n’avait pas son mot à dire sur son mariage).
    Violaine, elle, est marquée au fer rouge par son passé dans une société où le moindre écart de conduite (ou en tout cas une conduite perçue comme non-conforme) stigmatise les femmes (les mecs, en revanche, c’est bon, ils peuvent presque tout se permettre).
    Après cet effroyable incendie, elles vont devoir se remettre de séquelles aussi bien physiques que psychologiques et personne n’est épargné, ni elles, ni leur entourage. Hommes et femmes, qu’ils aient été ou non dans le bazar de la charité ont été touchés.
    A travers Constance, Violaine et les souvenirs évoqués par une de ses amies de la duchesse d’Alençon, on voit le combat de femmes pour acquérir de la liberté malgré certaines lois.
    J’ai été écœurée par l’attitude du médecin qui examine Constance et qui s’est fait son avis sur sa santé mentale avant même de la voir. Sous le couvert du diagnostic d’Hystérie, les médecins ont tous les droits et leur patientes aucun.
    Au travers de son roman, qu’elle précise bien être fictif et n’avoir pas fait l’objet de recherches historiques poussées (mais c’est déjà pas mal, les quelques faits que j’ai vérifiés se sont révélés exacts), l’auteur critique sans complaisance les travers de l’aristocratie (hypocrisie, absence d’empathie, goût du morbide) et la place dévolue aux femmes (propriété de leur père ou de leur mari, intolérance pour tout comportement individualiste, victimes d’internements abusifs).
    D’autres personnages vont intervenir, certains odieux comme le médecin Brunet ou la marquise de Fontenilles, d’autres pathétiques comme le duc d’Alençon (surtout après les révélations faites sur la duchesse), d’autres encore héroïque comme le cocher Joseph ou la cuisinière Cécile qui vont tout risquer, leur place aussi bien que leur liberté pour venir en aide à une des principales protagonistes.
    C’est tout cet ensemble de personnages, de tous âges et de toutes classes sociales, qui fait la force et la beauté de ce roman.
    Je n’ai pas vue passer les quelques 550 pages de ce roman. Il m’a hypnotisée et quand je l’ai reposé après avoir tourné la dernière page, je me suis rendue compte qu’il était plus de 2h du matin. Un vrai page-turner historique à côté duquel il serait vraiment dommage de passer !

     

    Un extrait : LA MARQUISE DE FONTENILLES n’en finissait pas de la faire attendre dans cette antichambre aux allures de bonbonnière. Érodée par l’impatience et la nervosité, l’assurance de Violaine de Raezal s’effritait. Elle espérait tant de cette entrevue ! La marquise était un des sphinx de dentelle vêtus qui gardaient les portes du Bazar de la Charité. Sans son accord, la comtesse de Raezal avait peu de chances d’y obtenir une place de vendeuse. Elle était consciente que le mystère auréolant son passé ne plaidait pas en sa faveur et que le nom de son mari avait perdu de sa puissance depuis que Gabriel n’était plus là pour veiller sur elle. Désormais, lorsqu’on recevait la comtesse de Raezal, les arrière-pensées affleuraient à la surface de la plus exquise politesse. Treize ans durant, Gabriel de Raezal avait dispersé ces arrière-pensées de son regard perçant. Mais voilà qu’elles ressurgissaient, enhardies par sa disparition.

    Elle fit quelques pas jusqu’à la fenêtre, jetant un regard rêveur sur le boulevard Saint-Germain – dont le tumulte faiblissait comme par correction avant d’atteindre les fenêtres de l’hôtel de Fontenilles –, et questionna son obstination à vouloir participer à la plus mondaine des ventes de charité de Paris. Ne pouvait-elle porter secours aux pauvres d’une manière moins exposée ? Peut-être se laissait-elle guider par de mauvaises raisons. Depuis que sa belle-fille avait prophétisé qu’on ne l’accepterait jamais parmi les vendeuses du Bazar, ajoutant qu’elle souhaitait lui épargner l’humiliation d’un rejet, Violaine sentait protester son orgueil. Savourant la cruauté de l’insinuation, Léonce d’Ambronay l’avait dévisagée de ce beau regard bleu qu’elle tenait de son père, un sourire en suspens sur ses lèvres en bouton de rose. Peut-être avait-elle joué de ses relations du faubourg Saint-Germain pour s’assurer que sa belle-mère trouverait porte close. Après tout, elle dînait fréquemment chez la marquise, même si son deuil l’empêchait cette année de participer à la saison comme elle l’eût souhaité.

    À l’entrée du valet en livrée, la comtesse de Raezal, élégante et menue dans cette robe noire qui rehaussait la couleur de miel de son chignon natté, tressaillit et se tourna vers la porte. Elle était encore assez jeune pour que sa beauté ne heurtât pas le regard comme une inconvenance. Assez jeune pour que son veuvage constituât une menace aux yeux des autres femmes, et que cette crainte vînt réveiller certaines rumeurs qu’on avait fait mine d’oublier.

     

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  • [Livre] Diabolic

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    Résumé : Un Diabolic n'est pas humain. Un Diabolic est programmé pour être fidèle envers une seule personne. Un Diabolic n'existe que pour protéger son maître. Quitte à donner sa vie. Quitte à en prendre d'autres.

     

    Auteur : S. J. Kincaid

     

    Edition : Bayard

     

    Genre : Young adult

     

    Date de parution : 03 mai 2017

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : Après en avoir entendu parler sur la chaîne de Vibration Littéraire, j’ai eu très envie de lire ce livre. Il m’a fallu un certain temps, mais c’est enfin chose faite.
    Ce livre est un énorme coup de cœur. Pour tout dire, il fait près de 600 pages et je l’ai lu dans la journée, ce qui, même pour moi, est vraiment rapide.
    Au début, j’ai eu du mal à entrer dans l’univers de Diabolic, peut-être, sans doute même, parce que j’attendais tellement de ce bouquin. Mais au bout d’une vingtaine de pages, c’était bon, j’étais dedans, et j’étais conquise !
    D’abord, j’ai beaucoup aimé que l’auteur prenne vraiment le temps de mettre l’univers en place. Je sais que c’est un point qui énerve certains lecteurs car ça ralentit un peu l’action, mais moi j’adore pouvoir me projeter dans l’univers, imaginer les lieux, les décors… comme un film dans ma tête. C’est peut-être pour ça que j’ai eu du mal au début, car ce commencement est un peu abrupt : on est plongé dans l’histoire sans parachute. Mais finalement c’était comme si on nous avait jeté du bateau pour ensuite nous lancer plein de petites bouées pour qu’on puisse apprécier la baignade.
    Némésis est une Diabolic, un être humanoïde, qui a bénéficié d’une croissance accélérée et qui est conçue pour ne protéger qu’une seule personne tout au long de sa vie. Avant d’être rattaché à un humain, les Diabolic sont élevés dans des conditions effroyables : en cage, maltraités, contraint à la brutalité pour avoir de la nourriture, bref comme des chiens de combat. Les Diabolic sont censé n’avoir aucun sentiment si ce n’est l’amour artificiel qu’ils vouent à leur maître. Cependant, dès le début, Némésis nous apprend que depuis sa création, elle ressent la peur. On peut se demander si les Diabolic sont dès lors capables de ressentir d’autres émotions.
    Même si l’univers créé par l’auteur est très riche, très intéressant (ça se passe dans le futur et tout de la religion aux vaisseaux en passant par la politique et les « gadgets » est précis et cohérent) le plus intéressant va être l’évolution du personnage de Némésis. De garde du corps humanoïde sans émotions, elle doit devenir en apparence une jeune fille un peu effrayée jetée dans le grand bain de la cour impériale. Et à force de jouer ce rôle, Némésis va réaliser qu’elle est bien plus qu’une machine à tuer sous forme humaine.
    Difficile de parler encore de ce livre sans spoiler, mais je dirai qu’en dehors de Némésis, on rencontre nombre de personnages, tous plus intéressant les uns que les autres, qui ont tous une importance et qui sont tous approfondis, même quand on ne les voit pas beaucoup. Une petite mention pour Tyrus, l’héritier du trône, le prince fou, comme on l’appelle, qui a une grande place dans le roman et qui, jusqu’au bout, oui oui, jusqu’à la dernière ligne, m’a laissé perplexe…
    Au début, ce livre était prévu comme un one-shot. Mais devant le succès remporté par la version originale, il a été décidé que ce serait finalement une trilogie. Tant mieux, parce que les doutes que j’ai encore et les questions que je me pose appellent une suite ! Celle-ci étant prévue (en anglais) pour octobre 2017, il ne reste plus qu’à s’armer de patience.

     

    Un extrait : – Je ne t’ai même pas remerciée. Merci, Némésis.

    Ses remerciements ne m’intéressaient pas. Je ne me souciais que de sa sécurité. J’étais sa Diabolic. Seuls les humains aiment les éloges.

    Les Diabolics ne sont pas humains.

    Nous leur ressemblions, certes. Nous possédions le même ADN, mais nous étions des êtres tout à fait différents : des créatures façonnées pour être impitoyables et fidèles jusqu’à la mort envers une seule personne. Pour elle, et uniquement pour elle, nous pouvions tuer sans la moindre hésitation. C’était pour cette raison que les membres de l’élite impériale s’étaient empressés de nous utiliser comme gardes du corps à vie pour eux-mêmes et leurs enfants, ainsi que pour être la terreur de leurs ennemis.

    Depuis quelque temps, les Diabolics semblaient toutefois s’acquitter trop bien de leur mission. Donia se connectait souvent en secret au flux vidéo du sénat pour regarder son père travailler. Depuis quelques semaines, la chambre débattait de la « menace Diabolic ». Les sénateurs évoquaient des Diabolics devenus incontrôlables, qui tuaient les ennemis de leurs maîtres pour des affronts sans gravité, ou supprimaient même des proches de leur protégé pour servir son intérêt. Certains estimaient que nous représentions davantage un danger qu’un atout.

    Je devinais que le sénat avait dû parvenir à une conclusion nous concernant, car, ce matin-là, la matriarche avait apporté à sa fille une missive émise directement par l’empereur. Après y avoir jeté un rapide coup d’œil, Donia s’était plongée dans la création de sa sculpture.

    Je vivais auprès d’elle depuis presque huit ans. Nous avions passé presque toute notre enfance ensemble. Elle ne devenait aussi silencieuse et distraite que lorsqu’elle s’inquiétait pour moi.

    – Que disait ce message, Donia ?

    Elle poussa un débris de statue du bout du doigt.

    – Némésis… ils ont interdit les Diabolics. Cette directive est rétroactive.

    Rétroactive. Cela signifiait qu’on interdisait les Diabolics déjà en service.

    Comme moi.

    – L’empereur veut donc que tu me mettes au rebut, conclus-je.

    Donia secoua la tête.

    – Je refuse d’obéir, Némésis.

    Évidemment qu’elle comptait refuser. Mais on la punirait pour cela. Ma voix se fit tendue.

    – Si tu n’es pas capable de te débarrasser de moi, je m’en chargerai moi-même.

    – J’ai décidé que je n’en ferais rien, et toi non plus ! s’écria-t-elle.

    Ses yeux lançaient des éclairs. Elle releva le menton.

    – Je trouverai une autre solution.

    Depuis toujours, Sidonia se montrait docile et réservée, mais cette apparence était trompeuse. Depuis longtemps, je savais qu’au fond d’elle-même elle possédait un tempérament d’acier.

    Son père fut de notre côté. Il nourrissait une profonde animosité contre l’empereur, Randevald von Domitrien.

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  • [Livre] Harry Potter et la coupe de feu

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    Résumé : Après un horrible été chez les Dursley, Harry Potter entre en quatrième année au collège de Poudlard. À quatorze ans, il voudrait simplement être un jeune sorcier comme les autres, retrouver ses amis Ron et Hermione, assister avec eux à la Coupe du Monde de Quidditch, apprendre de nouveaux sortilèges et essayer des potions inconnues. Une grande nouvelle l'attend à son arrivée : la tenue à Poudlard d'un tournoi de magie entre les plus célèbres écoles de sorcellerie. Déjà les spectaculaires délégations étrangères font leur entrée... Harry se réjouit. Trop vite. Il va se trouver plongé au coeur des événements les plus dramatiques qu'il ait jamais eu à affronter.

     

    Auteur : Joanne Kathleen Rowling

     

    Edition : Gallimard

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 29 novembre 2000

     

    Prix moyen : 14€

     

    Mon avis : J’aime beaucoup ce tome qui marque un tournant dans la saga.
    Ron se montre assez puéril. Je peux comprendre qu’il en ait marre d’être dans l’ombre de ses frères et dans l’ombre d’Harry, mais, depuis le temps, il devrait savoir qu’Harry n’apprécie pas du tout sa célébrité et préférerait avoir une famille aimante plutôt que son nom dans les journaux. Son attitude face à Harry quand celui-ci est tiré au sort pour participer au tournoi n’est pas vraiment digne d’un ami.
    Il faut dire que ce tome est éprouvant pour lui car il commence à se rendre compte qu’Hermione est une fille et, même s’il ne reconnaît pas avoir des sentiments pour elle, il est clairement énervé que la jeune fille se rapproche d’un autre garçon.
    Harry lui oscille entre angoisse et insouciance. Angoisse car il n’est pas idiot et qu’il se doute bien qu’on n’a pas mis son nom sur la liste des participants pour lui faire plaisir. Insouciance parce qu’il a tendance à traîner dans ses recherches pour réussir les épreuves (une sorte de manière de repousser l’échéance).
    Hermione, elle, est fidèle à elle-même : loyale, intelligente, passionnée dans ses recherches. Bon certes, elle s’emballe un peu pour la cause des elfes de maison sans se préoccuper de ce que lesdits elfes veulent vraiment, mais elle a 14 ans, c’est de son âge.
    Les jumeaux sont aux aussi fidèles à eux-mêmes mais, en plus de leur bonne humeur et de leur immense capacité à rire de (presque) tout, ils dévoilent une ambition pour le commerce qu’on n’avait jamais soupçonné. Ils montrent qu’ils ne sont pas juste de joyeux farceurs mais qu’ils ont un but, même si celui-ci risque de ne pas plaire à leur mère.
    Parmi les nouveaux personnages, on peut trouver le directeur de l’école de Durmstrang, réputé pour être un ancien serviteur de Voldemort et qui semble très bien connaître Severus Rogue, ainsi que l’horripilante Rita Skeeter, journaliste (si j’ose dire) qui se plait à détruire la vie des gens en écrivant des horreurs sur eux.
    Au fil de certaines découvertes, comme sur la filiation d’Hagrid, on en apprend plus sur le monde du temps de Voldemort, et sur les créatures qu’Harry et les siens pourraient avoir à affronter si ce dernier revenait à sa pleine puissance.
    La fin de ce tome est sombre et on sent bien qu’on va basculer dans une autre dimension, que les petites querelles d’école et la crainte de rater les examens vont devenir le cadet de leurs soucis (bon, peut-être pas pour Hermione en ce qui concerne les examens).
    On referme ce tome en se disant : « Bon, maintenant les choses sérieuses commencent ».

     

    Un extrait : Harry était allongé sur le dos, la respiration haletante comme s'il venait de courir. Il s'était éveillé d'un rêve particulièrement saisissant en se tenant le visage entre les mains. Sur son front, la vieille cicatrice en forme d'éclair brûlait sous ses doigts comme si quelqu'un lui avait appliqué sur la peau un fil de fer chauffé au rouge.

      Il se redressa dans son lit, une main toujours plaquée sur son front, l'autre cherchant à tâtons ses lunettes posées sur la table de chevet. Après les avoir mises sur son nez, le décor de sa chambre lui apparut plus nettement, dans la faible lueur orangée projetée à travers les rideaux par le réverbère qui éclairait la rue.

      Harry caressa à nouveau sa cicatrice. Elle était encore douloureuse. Il alluma la lampe, à côté de son lit, s'arracha de ses couvertures, traversa la chambre, ouvrit son armoire et regarda dans la glace fixée à l'intérieur de la porte. Il vit face à lui un garçon de quatorze ans, très maigre, avec des yeux verts et brillants qui l'observaient d'un air perplexe sous ses cheveux noirs en bataille. Il examina de plus près la cicatrice en forme d'éclair que présentait son reflet. Elle paraissait normale mais elle était encore brûlante.

      Harry essaya de se rappeler le rêve qu'il venait de faire. Il lui avait semblé si réel... Il y avait deux personnes qu'il connaissait et une autre qu'il n'avait jamais vue... Il se concentra, les sourcils froncés, essayant de rassembler ses souvenirs...

      L'image d'une pièce plongée dans la pénombre lui revint en mémoire... Il y avait un serpent sur un tapis, devant une cheminée... Un petit homme qui s'appelait Peter et qu'on surnommait Queudver... et puis une voix froide, aiguë... La voix de Lord Voldemort. A cette pensée, Harry eut soudain l'impression qu'un cube de glace lui descendait dans l'estomac...

      Il ferma étroitement les paupières et s'efforça de se rappeler quelle apparence avait Voldemort, mais il n'y parvint pas... La seule chose certaine c'était que, au moment où le fauteuil de Voldemort avait pivoté et que Harry avait vu ce qui y était assis, il avait été secoué d'un spasme d'horreur qui l'avait réveillé en sursaut... Ou bien était-ce la douleur de sa cicatrice ?

      Et qui était donc ce vieil homme ? Car il y avait un vieil homme présent dans son rêve. Harry l'avait vu s'effondrer sur le sol. Tout devenait confus dans son esprit. Il plongea son visage dans ses mains, effaçant la vision de sa chambre, essayant de se concentrer sur l'image de cette pièce faiblement éclairée, mais c'était comme s'il avait essayé de retenir de l'eau entre ses doigts. Les détails lui échappaient à mesure qu'il essayait de les saisir... Voldemort et Queudver avaient parlé de quelqu'un qu'ils avaient tué, mais Harry ne parvenait pas à se souvenir du nom de la victime... Et ils avaient projeté de tuer quelqu'un d'autre... Lui.. .

      Harry releva la tête, ouvrit les yeux et jeta un regard autour de sa chambre comme s'il s'attendait à y découvrir quelque chose d'inhabituel. En fait, il y avait beaucoup de choses inhabituelles dans cette pièce. Une grosse valise en forme de malle était ouverte au pied du lit, laissant voir un chaudron, un balai, des robes de sorcier noires et des livres de magie. Des rouleaux de parchemin s'entassaient sur une partie de son bureau, à côté de la grande cage vide dans laquelle Hedwige, sa chouette aux plumes blanches comme la neige, était habituellement perchée. Sur le plancher, à côté de son lit, le livre qu'il avait lu la veille, avant de tomber endormi, était encore ouvert. Les photos qui illustraient ses pages ne cessaient de bouger. Sur chacune d'elles, des hommes vêtus de robes orange vif filaient d'un bord à l'autre du cadre, sur des balais volants, en se jetant une balle rouge.

      Harry ramassa le livre et regarda un des sorciers marquer un but particulièrement spectaculaire en lançant la balle à travers un cercle situé à quinze mètres au-dessus du sol.

      Puis il referma le volume d'un geste sec. Même le Quidditch — qui était, à ses yeux, le plus beau sport du monde — n'aurait pu le distraire en cet instant. Il posa En vol avec les Canons sur sa table de chevet, traversa la pièce en direction de la fenêtre et écarta les rideaux pour regarder dans la rue.

     

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  • [Livre] Riches à en mourir

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    Résumé : Tous les vendredis, la mort frappe. Jamais au hasard. Seulement les riches… Un terroriste sans visage s’attaque aux nantis là où ça leur fait le plus mal. Au portefeuille. S’ils ne veulent pas mourir, une seule alternative leur est offerte : donner une partie de leur fortune aux plus nécessiteux. La menace est réelle. Pour les douze millions de riches de la planète, le compte à rebours a commencé…

     

    Auteur : Frédéric Andréi

     

    Edition : France Loisirs

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 27 Août 2014

     

    Prix moyen : 22€

     

    Mon avis : J’ai un avis plus que mitigé sur ce livre. Si j’ai bien aimé l’idée de départ, j’ai vite déchanté en me plongeant dans le texte.
    D’abord à cause de l’écriture. L’auteur semble vouloir nous éblouir avec des descriptions pleines d’adjectifs mais n’arrive qu’à une lourdeur ampoulée qui est difficile à digérer.
    Pour autant, on s’habitue à tout, et on finit par réussir à faire abstraction du style pour plonger dans l’histoire.
    Et là…seconde désillusion.
    Car si le pitch avait de quoi séduire, je cherche encore le suspense de l’affaire. En fait d’enquête, on se retrouve dans les méandres de la vie (sentimentale surtout) de Nicolas Dennac, ancien journaliste reconverti en charpentier.
    Déjà, la première chose qui m’a dérangée, est que, passé les deux ou trois premières victimes, on n’a plus qu’une vague idée de ce qu’il se passe. On suit Dennac et puis, au détour d’un dialogue on apprend qu’il y a plus de 100 victimes, sans plus d’explication sur cette hécatombe, on continue à suivre Dennac puis soudain : au fait ! On en est à plus de 500 victimes… Ah… ok…
    Ensuite viennent les incohérences qui décrédibilisent totalement l’histoire.
    Déjà, l’attitude du FBI. A entendre l’auteur, le FBI est une sorte d’entité au-dessus des lois, qui peuvent tout se permettre et qui est l’équivalent américain des services secrets… Alors bon, déjà le FBI c’est la police. Une police qui peut intervenir sur tout le territoire et qui n’est pas limitée à un seul état, mais la police quand même, ce qui veut dire qu’ils suivent des procédures, ils sont loin d’être au-dessus des lois comme semblent l’être ceux présent dans le livre (opération à cœur ouvert sans le consentement de la personne, implant de localisation sans mandat…)
    Ensuite, alors que tous les services secrets du monde cherchent la solution, ils comprennent vite que mais, oui, c’est bien sûr, le charpentier, ex journaliste, qui était jadis un bon fouille-merde va les sortir de là. Suffit de le laisser agir à sa guise en lui collant aux basques deux agents qui le surveillent et qui se vexent quand ils se font semer.
    Et la fin est à l’image du livre : aucune crédibilité. Mais je ne peux pas donner d’exemple ca ça révèlerai tout et bien que ce livre soit clairement à reprendre, ça serait dommage de gâcher la surprise à ceux qui veulent tenter l’aventure.

     

    Un extrait : En avançant sur ce dédale de pontons, il y avait dès l’abord une maison en forme de chouette, celle de la toujours appétissante Munichoise, Veronica Berrenger, qui avait fui sa richissime famille d’industriels bavarois en 1964 pour faire à pied un tour du monde dont le terminus fut, en 1966, cette communauté hippie. Là, elle y avait épuisé les expériences et les hommes et y vivait désormais seule. Un peu plus loin on traversait un long ponton qui menait au repaire du Pirate Ginger, un vieil Irlandais dont on ne savait toujours pas s’il était irlandais de naissance ou simplement de réputation. Cet ancien docker qui survivait grâce à une retraite aussi maigre que lui s’était au fil des années fabriqué une jolie gueule de pirate qu’il entretenait avec plaisir. Il était connu pour la bière qu’il brassait lui-même dans sa masure flottante. Pas mauvaise en soi mais ne ressemblant à aucune autre, c’était de la bière uniquement parce qu’il affirmait que cela en était. En tournant on tombait sur la maison d’Anna et Franck. « Le vieux couple », la pierre angulaire de la Waldo Coop, avait tenu bon contre vents et marées malgré les innombrables coups de canifs dans le contrat. Cette adresse était au milieu de cette marée de célibataires comme une lumière dans la nuit, le signe que le Love & Peace était peut-être possible. Ensuite le ponton traversait un passage périlleux qui s’incurvait mollement dans le marais sur quelques mètres. On avait pourtant bien essayé de le consolider mais en vain, la vase était molle et à cela il n’y avait rien à faire. On l’avait surnommé « le triangle des Bermudes » car on soupçonnait ce maudit gué d’avoir avalé quelques-uns des anciens de la Waldo Coop. Ceux-là mêmes qui s’étaient volatilisés du jour au lendemain au hasard des années. Passé l’obstacle, on arrivait devant un taudis échoué dans un marécage puant. La ruine abritait un couple improbable, une vieille mère et son vieux fils Samuel. C’était un colosse de deux mètres d’une quarantaine d’années qui ne parlait pas et qui ne sortait que la nuit pour aller au ravitaillement. Du coup, à la Waldo Coop on avait admis que la vieille était trépassée et que Sam avait dissimulé le corps pour continuer à toucher la pension.

     

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  • [Livre] La fille du faiseur de rois

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    Résumé : Angleterre, 1465, les grandes familles de Lancastre et York se disputent depuis plus de 10 ans le trône. À cette époque un homme œuvre dans l'ombre pour faire et défaire les dynasties, au gré de ses intérêts personnels : Richard Neville, comte de Warwick, surnommé le " faiseur de rois". Celui- ci, sans héritier homme, s'est servi de ses deux filles, Isabelle et Anne, comme des pions sur l'échiquier politique. L'histoire est racontée ici par Anne Neville.

     

    Auteur : Philippa Gregory

     

    Edition : Hugo Roman

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 09 juillet 2015

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : La fille du faiseur de roi est le quatrième tome (et le second traduit en français) de la saga Cousin’s war. L’ordre des livres est plus ou moins chronologique, bien que les histoires se chevauchent souvent car sont racontées à chaque fois par une femme différentes : Dans « la reine clandestine » c’est Elizabeth Woodville, dans « la princesse blanche » c’est Elizabeth d’York, dans « la malédiction du roi » c’est Margareth Plantagenêt. Dans « la fille du faiseur de roi », c’est Anne Neville, qui sera reine d’Angleterre quand son époux, Richard III s’emparera du pouvoir.
    J’aime beaucoup Philippa Gregory qui écrit sur ma période favorite de l’histoire d’Angleterre. J’avais déjà adoré : « Deux sœurs pour un roi » et « l’héritage Boleyn », et quand j’ai commencé à lire le premier tome (du moins le premier traduit en français), « la reine clandestine » j’ai aussitôt plongé dans l’histoire de la guerre des deux roses pour devenir complètement accro ! (Je ne désespère pas de voir un jour « The lady of the river » et « the red queen » qui devraient être respectivement du point de vue de Jacquette, la mère d’Elizabeth Woodville, et de Marguerite d’Anjou, l’épouse du roi déchu Henry VI).
    Anne m’a fait beaucoup de peine. Depuis toute petite, elle n’est qu’un pion pour son entourage : pour son père, sa mère, la reine Marguerite d’Anjou, la reine Elizabeth, sa propre sœur, tout le monde espère la manipuler pour son propre intérêt.
    Anne passe une grande partie de sa vie à vivre dans la peur. D’une enfance assez choyée, elle passe à une vie de fuite et de bataille lorsque son père se retourne contre Edward IV.
    Même lorsqu’elle épouse Richard, qui semble sincèrement épris d’elle et qui prend ses intérêts à cœur, sa propre mère essaie d’instiller le doute dans son esprit.
    Après avoir passé toute son enfance a avoir une peur terrible de Marguerite d’Anjou, qu’elle appelle « la méchante reine », elle passera sa vie d’adulte (si on peut dire adulte à 16 ans) à craindre Elizabeth Woodville, réputée être une terrible sorcière.
    Dans « la reine clandestine » on suit cette dernière pour qui on a très vite beaucoup d’affection. Elle est belle, généreuse, certes elle verse un peu dans la sorcellerie mais toujours pour se défendre. Et puis on passe à « la fille du faiseur de roi » et cette reine que l’on a adorée et aimée dans le livre précédent devient presque maléfique dans ce tome ci. Ce n’est pas plus étonnant que ça puisque le livre est raconté du point de vue d’une fille d’une famille ennemie à celle de la reine, mais tout de même c’est un sacré tour de force de nous faire détester un personnage que l’on a adoré dans le précédent.
    J’aime beaucoup les romans historiques, qu’ils soient ou non romancés. Ici il y a toute une part de fiction, bien entendu, rien qu’avec toute l’histoire de la sorcellerie, mais aussi une foule de détails historiques. On a un roman très fouillé, très documenté, mais écrit de manière à intéresser un maximum de monde à cette période troublée de l’histoire d’Angleterre.

     

    Un extrait : Héritière légitime, épouse du plus grand sujet du royaume, Mère entre la première. Ensuite vient Isabelle, car elle est l’aînée. Et enfin moi, la dernière, comme toujours. De ma place, je ne vois pas grand-chose lorsque nous pénétrons dans la grande salle du trône, dans la tour de Londres. Ma mère fait une révérence puis s’écarte. Isabelle s’incline bien bas, comme nous l’avons appris, car un roi reste un roi même s’il n’est qu’un jeune homme installé sur le trône par mon père, et quoi que l’on pense d’elle, son épouse sera sacrée reine. Alors que je m’avance pour faire ma révérence, je vois enfin, pour la première fois, la femme que nous sommes venues honorer à la cour.

    Elle est impressionnante, la plus belle femme que j’ai jamais vue de toute ma vie. Aussitôt, je comprends pourquoi le roi a arrêté son armée à sa vue, pour ensuite l’épouser quelques semaines plus tard. Elle a un sourire qui s’épanouit lentement, puis brille d’un éclat angélique. Je connais des statues qui paraîtraient fades à côté d’elle, des madones peintes dont les traits seraient grossiers en comparaison de sa beauté lumineuse. Après ma révérence, je me relève pour la fixer telle une icône raffinée, incapable de détourner les yeux. Sous mon regard insistant, elle me sourit en rougissant, et je ne peux m’empêcher de lui rendre son sourire. Elle rit, comme si ma franche adoration l’amusait, mais j’aperçois alors le coup d’œil furieux de ma mère et me précipite à ses côtés, où ma sœur Isabelle fait la grimace.

    — Tu la fixais comme une idiote, siffle-t-elle. C’est embarrassant pour nous. Que dirait Père ?

    Le roi s’avance et embrasse chaleureusement ma mère sur les deux joues.

    — Avez-vous reçu des nouvelles de mon cher ami, votre époux ?

    — Il travaille à votre service, répond-elle promptement.

    Père manque le banquet de ce soir et toutes les autres fêtes, car il s’entretient avec le roi de France en personne et le duc de Bourgogne, d’égal à égal, afin de se réconcilier avec ces puissants hommes de la chrétienté maintenant que le roi endormi a été vaincu et que nous sommes les nouveaux souverains d’Angleterre. Mon père est un grand homme, le représentant du nouveau roi et de toute l’Angleterre.

    Ce nouveau roi — le nôtre — esquisse une petite révérence devant Isabelle et me tapote la joue. Il nous connaît depuis que nous sommes toutes petites, trop petites pour assister à de tels banquets, et que lui était un garçon sous la garde de notre père. Pendant ce temps, ma mère regarde autour d’elle comme si nous étions chez nous au château de Calais, à la recherche d’une erreur commise par les serviteurs. Je sais qu’elle souhaite ardemment découvrir quelque chose qu’elle pourra rapporter plus tard à mon père, une preuve que cette magnifique reine n’est pas faite pour tenir ce rang. À son expression hargneuse, je devine qu’elle n’a rien trouvé.

    Personne n’aime cette reine, je ne devrais donc pas l’admirer. 

     

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  • [Livre] Le pays des contes - T05 - L'odyssée imaginaire

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    Résumé : Lorsque les jumeaux et leurs amis entrent dans les mondes fabriqués à partir de l'imagination de Conner, trouver des alliés comme personne n'aurait jamais rêvé, la course commence à mettre un terme au règne de l'homme masqué de la terreur. Les jumeaux peuvent-ils enfin rétablir la paix dans le monde des contes de fées ?

     

    Auteur : Chris Colfer

     

    Edition : Michel Laffon

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 08 juin 2017

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : Comme à chaque fois, j’attends le tome avec une impatience grandissante, je le dévore en 1 ou 2 jours et je recommence immédiatement à piaffer pour le tome suivant.
    Ce schéma n’a pas changé pour ce tome. Quand une copinaute m’a dit que le tome 5 allait sortir, je me suis jetée dessus le jour même de la mise en vente.
    Dès les premières pages, on plonge immédiatement dans l’action car on reprend l’histoire là où le tome précédent l’avait laissée.
    Le premier chapitre tourne autour de Mme Peters, le redoutable professeur puis directrice des jumeaux, qui leur a donné le goût de s’intéresser aux vrais contes, et non pas à leurs adaptations, et qui a poussé Conner à écrire. Mais son intervention se borne à rendre ses histoires à Conner. Cependant, une révélation faite à son sujet me laisse espérer qu’on ait encore affaire à Mme Peters.
    Voici donc les jumeaux prêts à aller chercher de l’aide contre l’armée des méchants de la littérature dans les histoires écrites par Conner.

    En premier lieu, il est très intéressant de découvrir les histoires de Conner, non seulement leur côté original, mais aussi la ressemblance avec les personnages que les jumeaux connaissent et qui révèlent souvent les sentiments profonds de Conner.
    Alex va beaucoup remettre en question son attitude envers son frère en le (re)découvrant à travers ses écrits.
    En parallèle des allers-retours des jumeaux dans les contes de Conner, on trouve deux autres histoires : le pourquoi du comment de l’enlèvement d’
    Emmerich, qui avait eu lieu dans le tome 4, avec quelques révélations sur les origines du garçon, et un complot des sorcières, qui reste en marge de l’histoire, mais qui va sans doute devenir central dans le prochain tome si on en croit la fin époustouflante et très frustrante que nous offre l’auteur.
    Ce que j’ai préféré dans ce tome, c’est le rôle nettement plus important que d’habitude que va avoir Charlotte, la mère des jumeaux.
    Maintenant reprend la longue attente (1 ans plus ou moins) avant le prochain tome, ce qui est une véritable torture quand un livre se termine sur un tel cliffhanger.
    Il semblerait que Chris Colfer soit sur le point (ou en train) de préparer l’adaptation du tome 1 dont il sera le réalisateur. Espérons que le fait que l’auteur soit aussi impliqué dans une adaptation rendra celle-ci meilleure que les autres adaptations de roman qu’on a pu voir au fil des années.

     

    Un extrait : L’air était empli d’une fumée si épaisse que l’on distinguait à peine le ciel. Chaque fois qu’un vent puissant le dégageait, l’atmosphère s’emplissait à nouveau des émanations d’un village pillé ou d’un feu de forêt. Durant la journée, le soleil ressemblait à une faible lanterne à travers un voile marron. La nuit, apercevoir une simple étoile était aussi rare que voir des étoiles filantes.

    Le monde des contes de fées avait connu de nombreux troubles au cours des dernières années, mais jamais rien de semblable. C’était la première fois de l’histoire qu’une fin heureuse semblait hors de portée.

    En l’espace d’une nuit, l’armée des Winkies de la Méchante Sorcière de l’Ouest avait attaqué le Royaume charmant et le territoire des Troblins. Ses singes volants avaient été envoyés pour terroriser l’Empire des elfes et le Royaume du coin. La Reine de cœur avait marché avec ses soldats de carte sur le Royaume du Centre puis ravagé le Royaume de l’Est. La troupe de pirates du Capitaine Crochet avait empoisonné le lagon des Sirènes, poussant ces dernières à fuir vers les profondeurs de l’océan. Le navire volant de Crochet, le Jolly Roger, avait attaqué le Royaume des fées, laissant le palais en ruines. Puis le capitaine avait fondu sur le Royaume du Nord.

    Les soldats et les villageois de tous les royaumes, qui s’étaient autrefois unis pour repousser la Grande Armée, n’étaient pas de taille contre les envahisseurs. Leurs maisons et leurs villes avaient été pillées et entièrement brûlées. Les fermes et les étables avaient été saccagées, le bétail et les chevaux, volés.

    On savait toutes les fées mortes ou en fuite. Les rois et les reines avaient perdu leurs trônes et leurs châteaux étaient en ruines. Les forêts avaient lentement brûlé une à une, offrant aux animaux et aux réfugiés de moins en moins d’endroits où se cacher.

    Les royaumes et les territoires d’hier avaient cessé d’exister. Toute la terre du monde des contes de fées avait été unifiée en un large empire unique, sous le règne de l’infâme Homme masqué et de sa récente armée de la Littérature.

     

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