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[Livre] Les femmes au quotidien de 1750 à nos jours

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Résumé : On lit souvent des propos du genre «La femme au XIXe siècle était comme ci, celle du XVIIIe siècle comme ça...». Or, il n'y a pas une femme, mais des femmes. Lorsqu'on en parle au singulier, c'est qu'on évoque seulement celle qui a laissé des écrits, publié des mémoires, bref la femme issue de la noblesse ou de la haute bourgeoisie, la femme lettrée, femme de lettres parfois. Comme ces dictionnaires qui mettent des vignettes sur les costumes du Moyen Âge à nos jours et qui ne dessinent que des costumes de cour : les petits écoliers sont persuadés, en toute bonne foi, que leur aïeule portait sous Louis XIV une haute perruque poudrée garnie de perles et de plumes ainsi qu'une vaste robe à cerceaux. Combien de femmes étaient habillées ainsi en réalité ? Une toute petite minorité. La minorité qu'on appelait à la Belle Époque «le monde» ou «la société», comme s'il n'existait rien en dehors d'elle.

C'est tout le mérite de cet ouvrage de tenter d'aborder, époque par époque, les différentes conditions féminines. Synthèses et portraits issus de généalogies ou d'interviews se succèdent pour approcher au mieux et de façon très vivante, la multiplicité des parcours. Une approche originale qui permet une véritable compréhension du passé.

 

Auteur : Marie-Odile Mergnac

 

Edition : Archives et Culture

 

Genre : Historique

 

Date de parution : 2011

 

Prix moyen : 15€

 

Mon avis : Ce livre est un petit ouvrage bien conçu, racontant, demi-siècle par demi-siècle, les conditions de vie des femmes par classe sociale. Au fil des ans, on voit des catégories disparaitre et d’autres apparaitre. Les paysans disparaissent au profit des agriculteurs, les ouvriers puis les fonctionnaires font leur apparition. De l’enfant trouvée à la jeune aristocrate, en passant par la petite bourgeoise, la petit paysanne, l’ouvrière, l’artisane, la commerçante… l’auteur nous explique en page de gauche des idées générales sur la vie de cette classe sociale, sans oublier de nous expliquer que dans la classe des artisans, par exemple, on peut trouver des notables (comme le meunier) et des miséreux (comme les rempailleurs). En page de droite, elle nous raconte la vie d’une fillette. Chaque classe sociale a droit à deux doubles pages, correspondant à l’enfance puis à l’âge adulte.
Quelques petits bémols toutefois, le premier est une mention d’un procès qui a eu lieu en 2006 dans lequel un enfant placé chez des agriculteurs par la DASS a attaqué l’administration pour l’avoir laissé avec des personnes qui l’ont fait travailler sans jour de congé (ni weekend, ni vacances). L’auteur est très critique face à ce procès qu’elle juge ridicule au motif que « les animaux mangent aussi le weekend ». Pour autant elle semble oublier qu’un enfant n’a pas à effectuer le travail d’un adulte. Si au lieu de paysans on avait eu des ouvriers des mines qui auraient envoyé l’enfant travailler à la mine pendant son temps libre, aurait-elle trouvé cela normal aussi ? J’ai trouvé ce mépris face à l’exploitation des enfants un peu limite.
L’autre point négatif est un nombre incalculable de coquilles. Peu de fautes (« sœurs convers » au lieu de « sœur converses » et, de mémoire, un « du l’enfant » au lieu de « de l’enfant ») mais énormément de mots manquant, au point parfois de rendre la phrase incompréhensible si elle était sortie du contexte (par exemple : « Clarisse sans doute qui lui appartenait en propre » Quand on lit le texte en entier, on sait qu’il s’agit d’un livre d’étude, mais il manque clairement quelques mots).
Peut-être que la maison d’édition pourrait être plus vigilante sur les textes qui partent à l’impression.
Mais excepté ces points là, ce livre est très intéressant que ce soit pour agrémenter des recherches généalogiques que pour sa simple culture générale.

 

Un extrait : Chaque village a autrefois son notaire et huit mariages sur dix sont précédés d’un contrat de mariage. Cela semble naturel et il n’est pas nécessaire que les fiancés soient très fortunés pour qu’un contrat de mariage soit établi. Le contrat décrit l’apport de chaque conjoint, notamment la dot de la fille, ou ses « espérances » (pour les familles plus fortunées, la fortune que la jeune fille peut espérer toucher un jour par héritage).
Le contrat aborde toujours le paiement de cette fameuse dot. Comme il est difficile pour les familles de réussir à la payer, surtout dans une société rurale où l’argent circule peu, des stratégies matrimoniales d’échanges de dot se pratiquent souvent : par exemple un frère et une sœur épousent le même jour une sœur et un frère, ce qui évite à chaque famille d’avoir à sortir la dot de la fille. Si le versement de la dot est inévitable, le paiement est en général fait en plusieurs fois, avec des dates d’échéances précisées lors du contrat, par exemple lors de certaines fêtes : à la Saint-Jean, à la Saint-Martin… Il est ainsi fort rare que la dot soit payée « devant notaire voyant », c'est-à-dire le jour même.
Parfois, dans les campagnes, la dot n’est pas en monnaie sonnante et trébuchante mais en bonne pièces de toile, en bestiaux ou en ruches de mouches à miel… Un mélange des deux types d’apport est également pratiqué (par exemple de l’argent accompagnant un trousseau en nature, des meubles, des robes et des draps ou bien du bétail, ou bien encore des ruches d’abeilles).
Le contrat de mariage sert aussi à préciser le rôle des différentes générations : les parents apportent la dot, mais font parfois inscrire qu’ils seraient logés et nourris chez leurs enfants. « Les parents donataires et les enfants humblement remerciant » s’engagent alors à « vivre sous le même toit, ne faire qu’un feu, manger au même pot », les parents promettant d’aider le jeune couple de « tous leurs petits pouvoirs ».
Cette communauté de génération, plus fréquente dans le sud de la France que dans le nord, s’avère aussi de fréquence très variable selon les époques. Cependant, de façon générale, on n’en trouve pas d’exemple dans la noblesse et peu dans la bourgeoisie : elle correspond à un mode d’organisation familial essentiellement paysan.
(Nées vers 1800 dans la paysannerie)


bonne lecture 3 étoiles.jpg

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