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Livres - Page 58

  • [Livre] Prodigieuses créatures

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    Résumé : Dans les années 1810, à Lyme Regis, sur la côte du Dorset battue par les vents, Mary Anning découvre ses premiers fossiles et se passionne pour ces « prodigieuses créatures » dont l’existence remet en question toutes les théories sur la création du monde. Très vite, la jeune fille issue d’un milieu modeste se heurte aux préjugés de la communauté scientifique. Celle-ci, exclusivement composée d’hommes, la cantonne dans un rôle de figuration.

    Mary Anning trouve heureusement en Elisabeth Philpot une alliée inattendue. Cette vieille fille intelligente et acerbe, fascinée par les fossiles, l’accompagne dans ses explorations. Si leur amitié se double peu à peu d’une rivalité, elle reste leur meilleure arme face à l’hostilité générale.

     

    Auteur : Tracy Chevalier

     

    Edition : Folio

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : 04 octobre 2012

     

    Prix moyen : 9€

     

    Mon avis : Je n’ai jamais lu de roman de cet auteur mais pour un coup d’essai c’est (presque) un coup de maître. Je n’ai pas eu de coup de cœur mais j’ai vraiment passé un excellent moment de lecture.
    Si on m’avait mis ce livre entre les mains sans rien m’en dire, je n’aurais jamais cru que l’auteur était une femme moderne. Bon, bien évidemment, au fil de la lecture, la critique à peine voilée de ces hommes qui tour à tour refusent d’imaginer que le monde ait pu être différent de ce qu’il est aujourd’hui, puis s’approprie les découvertes de Mary Anning car elle n’est qu’une femme, m’aurait fait me douter que ce n’était pas une contemporaine de Jane Austen qui avait écrit cette histoire.
    Pour autant, l’ambiance générale nous plonge vraiment en 1810, avec ses codes, et la séparation nette et quasiment infranchissable des différentes classes sociales.
    Avant d’arriver à la fin du livre et de lire la postface, j’ignorais totalement que Mary Anning et Elizabeth Philpot avaient réellement existé. Je pense que j’aurais lu avec une attention différente si j’avais su à l’avance que ce récit n’était pas purement fictif.
    Les hommes qui refusent l’idée même que les fossiles soient des créatures disparues, malgré les preuves de plus en plus évidentes, m’ont vraiment énervée. Leur argument est que Dieu a créé toutes les créatures peuplant la Terre et qu’il ne pouvait pas les avoir détruites. Au-delà des preuves scientifiques, j’ai envie de leur répondre sur leur propre terrain (bon ok, ça fait longtemps qu’ils ne sont plus là pour qu’on leur réponde mais quand même) : Puisqu’on dit que les Voies de Dieu sont impénétrables, de quel droit est ce que de simples mortels s’arrogent-ils le droit de dire ce que Dieu pourrait ou non décider de faire de Ses créatures ?
    J’ai beaucoup aimé que l’histoire se déroule sur plusieurs années ce qui permet de voir l’évolution des personnages, surtout de Mary qui n’est qu’une fillette au début de l’histoire et est une jeune femme à la fin.
    J’ai moins apprécié le changement de narrateur d’un chapitre sur l’autre. Ce n’est pas tellement ce changement en lui-même qui m’a dérangée, mais plutôt le fait que rien ne nous indique le changement de narrateur : c’est au changement de ton et à la manière dont les autres personnages sont nommés que l’on sait laquelle des deux femmes, d’Elizabeth ou Mary, est en train de s’exprimer.
    Quoi qu’il en soit, on plonge dans l’univers des fossiles, on tremble d’indignation devant l’attitude de certains messieurs, la mère de Mary nous énerve et force l’admiration en même temps.
    On referme le livre avec l’envie d’aller nous promener sur cette plage d’Angleterre (mais pas trop près des falaises) pour voir si, comme Mary, on a « l’œil ».

     

    Un extrait : Je ne me souviens pas d’un temps où je n’aurais pas été sur la plage. Maman disait toujours que la fenêtre était ouverte quand je suis née, et que la première chose que j’ai vue quand ils m’ont soulevée dans leurs bras c’était la mer. L’arrière de notre maison de Cockmoile Square donnait dessus, à côté de Gun Cliff, et dès que j’ai su marcher je partais là-bas sur les rochers, avec mon frère Joe qui était un peu plus grand pour me surveiller et m’empêcher de me noyer. À certaines époques de l’année, il y avait plein d’autres gens dans les parages, qui allaient vers le Cobb, regardaient les bateaux, ou partaient se baigner dans les cabanes de baigneurs, dont on aurait dit des cabinets d’aisance montés sur quatre roues. Il y en avait même qui se baignaient en novembre.

    Joe et moi on se moquait d’eux, ils ressortaient trempés, frigorifiés et malheureux, comme des chats qu’on a plongés dans l’eau, mais ils se persuadaient que ça leur faisait du bien. J’ai eu mon compte d’accrochages avec la mer au fil des années. Même moi, pour qui les heures des marées sont aussi naturelles que les battements de mon cœur, je me suis laissé prendre en cherchant des curios. Je me retrouvais cernée par la mer qui montait, et je devais marcher dans l’eau ou grimper sur les falaises pour rentrer. Pourtant je me suis jamais baignée volontairement, pas comme ces dames de Londres qui viennent à Lyme pour leur santé. Moi, j’ai toujours mieux aimé la terre ferme, les rochers, plutôt que la mer.

    La mer, je la remercie de me donner des poissons à manger, de libérer les fossiles des falaises, ou de les ramener depuis ses fonds sur la plage.

    Sans la mer, les os resteraient enfermés dans leurs tombes rocheuses pour toujours, et on n’aurait pas d’argent pour se nourrir et se loger. Des curios, j’en ai cherché depuis aussi longtemps que je me souviens. Pa m’emmenait sur la plage et il me montrait où regarder, il m’expliquait ce qu’étaient les différents fossiles : des vertèbres, des griffes du diable, des serpents de Ste Hilda, des bézoards, des éclairs, des lys de mer…

    Très vite j’ai pu chasser toute seule. Même quand on part chasser avec des gens, on n’est pas à côté d’eux à chaque pas. On peut pas être dans leurs yeux à eux, on doit se servir de ses propres yeux, regarder à sa propre façon. Deux personnes peuvent examiner les mêmes rochers et voir des choses différentes. L’un verra un morceau de silice, l’autre un oursin. Quand j’étais petite et que j’allais chasser avec Pa, il lui arrivait de trouver des vertèbres à un endroit que j’avais déjà inspecté. « Regarde », il disait, et il tendait le bras pour en ramasser une qui se trouvait juste à mes pieds. Alors il se moquait de moi : « Va falloir que tu cherches mieux que ça, ma p’tite ! » Ça ne m’a jamais dérangée : après tout, c’était mon

    père et c’était normal qu’il en trouve plus que moi, et qu’il m’apprenne le métier. J’aurais pas voulu être plus douée que lui. Pour moi, chercher des curios c’est comme chercher un trèfle à quatre feuilles : c’est pas l’intensité avec laquelle on cherche, mais la façon dont une chose peut tout à coup vous paraître différente. Mon regard parcourt un carré de trèfles, et je vois 3, 3, 3, 3, 4, 3, 3. Les quatre feuilles me sautent tout simplement aux yeux. Pareil avec les curios : je déambule sur la plage, mes yeux se promènent sur les galets sans réfléchir, et hop là, je repère la forme allongée d’une bélem, la courbe et les stries d’une ammo, ou encore le grenu d’un os par rapport au poli du silex… Leur aspect les fait ressortir du fouillis autour. Chacun chasse de manière différente. Miss Elizabeth étudie la paroi de la falaise, les rochers plats et les pierres avec une telle concentration qu’on croirait que sa tête va éclater. Elle en trouve, des choses, mais ça lui coûte un effort énorme.

    Elle a pas l’œil comme moi.

  • [Livre] Le testament de Marie

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    Résumé : Ils sont deux à la surveiller, à l'interroger pour lui faire dire ce qu'elle n'a pas vu. Ils dressent de son fils un portrait dans lequel elle ne le reconnaît pas, et veulent bâtir autour de sa crucifixion une légende qu'elle refuse. Seule, elle tente de s'opposer au mythe que les anciens compagnons de son fils sont en train de forger.

     

    Auteur : Colm Toibin

     

    Edition : Robert Laffont

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : 20 août 2015

     

    Prix moyen : 14€

     

    Mon avis : Marie, mère de Jésus, un nom qu’elle refuse désormais de prononcer, est enfermée dans une petite maison, interrogée et harcelée par deux hommes qui veulent lui faire raconter une version de l’histoire qui n’est pas la sienne.
    Inlassablement, elle refuse de raconter leur vérité, et nous livre ce qu’elle a réellement vu. Comment ces hommes ; qu’elle nomme « la horde », ont manipulé le peuple, combien son fils a changé, à quel point elle ne le reconnait plus, combien elle l’a vu s’éloigner d’elle, méprisant ses avertissements, se montrant plein d’arrogance et de morgue.
    Marie refuse le mythe que les « apôtres » veulent créer autour de la crucifixion, elle est blessée, traumatisée par la mort de son fils, par le souvenir de ses hurlements, de la façon dont il s’est débattu pour échapper au sort auquel on l’a destiné.
    Elle est aussi folle d’une rage contenue de voir que l’on continue à essayer de lui faire raconter une version arrangée de l’histoire alors qu’elle-même est proche de la mort et n’aspire qu’à un peu de calme et de tranquillité.
    Elle refuse cette nouvelle doctrine que l’on tente d’imposer en se servant de son fils comme symbole. Elle a toujours été profondément croyante, juive, et n’a jamais été l’une des fidèles de Jésus.
    Au final, Marie est une mère, une femme ordinaire, pas une sainte, une femme à laquelle le besoin de reconnaissance d’une bande de fauteur de troubles a arraché son fils.

    Ce texte est écrit à la première personne. Colm Toibin donne une voix à la mère de Jésus, l’éloignant de l’image figée qu’ont donné d’elle les tableaux et les écritures. Les paroles sont simples mais ont une force incroyable, faisant ressortir toute la peine de Marie, sa culpabilité aussi de n’avoir pas pu sauver son fils, de n’avoir pas essayé davantage. Il y a peu de dialogues, on assiste à un long monologue mais à aucun moment on ne ressent de longueur ou de fatigue de lire ce texte si dense.
    Le roman n’est pas très long : à peine 126 pages, mais ce sont 126 pages d’une intensité à couper le souffle.
    Un coup de cœur, vraiment, et un roman à côté duquel il serait dommage de passer !

     

    Un extrait : Il y a une chaise ici qui n’a jamais servi. Ailleurs, peut-être, oui, dans le passé, mais elle a franchi le seuil de cette pièce à une époque où j’avais désespérément besoin de penser aux années où j’avais connu l’amour. J’ai décidé qu’elle resterait vide. Elle appartient à la mémoire, elle appartient à un homme qui ne reviendra pas, dont le corps est poussière mais qui avait autrefois une puissance dans le monde. Il ne reviendra pas. La chaise est pour lui, car il ne reviendra pas. Je ne lui garde ni eau, ni nourriture, ni une place dans mon lit, ni bribes d’information susceptibles de l’intéresser. Je veille seulement à ce que cette chaise reste vide. Ce n’est pas une grande occupation. Parfois je la regarde en passant et c’est tout ce que je suis capable de faire. Peut-être est-ce assez, et peut-être y aura-t-il un temps où je n’aurai pas besoin d’avoir près de moi un objet qui me le rappelle. Tout à la fin de mes jours, le souvenir de lui se retirera peut-être plus profondément dans mon cœur et tout secours extérieur deviendra superflu.

    Je savais, par leur indélicatesse, leur façon d’entrer comme s’ils envahissaient l’espace de la pièce, qu’à un moment donné l’un des deux choisirait cette chaise. Il le ferait avec désinvolture, comme s’il n’y avait aucun enjeu, de manière à déjouer ma résistance. Mais j’étais prête.

    « Pas celle-là, ai-je dit, aussitôt qu’il a écarté la table et tiré la chaise, que j’avais pris soin de coincer contre le mur.

    — Quoi ?

    — L’autre oui, mais pas celle-là.

    — À quoi sert une chaise, sinon à s’asseoir ? Je n’ai pas le droit de m’asseoir sur une chaise ? »

    Le ton était plus insolent que menaçant, mais il contenait un élément de menace.

    « Personne ne s’assoit sur cette chaise, ai-je dit à voix basse.

    — Personne ? »

    J’ai encore baissé la voix.

    « Personne. »

    Mes visiteurs se sont entreregardés. J’ai attendu sans tourner la tête. J’essayais de paraître inoffensive, quelqu’un qu’il ne vaut pas la peine de défier, surtout sur un point tel que celui-là, un caprice, une toquade de bonne femme.

    « Et pourquoi donc ? » a-t-il repris avec une douceur ironique.

    « Pourquoi ? » a-t-il insisté, comme s’il s’adressait à une enfant.

    Je pouvais à peine respirer. J’ai posé les mains sur le dossier de la chaise la plus proche, mon cœur avait presque cessé de battre et j’ai senti qu’il ne faudrait pas longtemps pour que toute vie en moi, le peu qu’il en reste, s’en aille, tout simplement, comme une flamme s’éteint par un jour de grande chaleur – une brise légère, un tremblement soudain, et puis fini, plus rien, comme si elle n’avait jamais brûlé.

    « Pas cette chaise, ai-je dit.

    — Je veux une explication.

    — Cette chaise est là pour quelqu’un qui ne reviendra pas.

    — Mais il reviendra.

    — Non. Il ne reviendra pas.

    — Ton fils reviendra.

    — Cette chaise est pour mon mari. »

    J’ai répondu comme si l’imbécile, cette fois, c’était lui. J’étais contente en le disant, comme si le simple fait de prononcer le mot « mari » avait fait surgir dans la pièce quelque chose, ou l’ombre de quelque chose, qui était suffisant pour moi, mais pas pour eux. Et puis il s’est avancé, il a empoigné la chaise. Il me tournait le dos.

    J’étais prête. Sur la table, il y avait un couteau affuté. Je m’en suis emparée. La lame n’était pas dirigée vers eux, mais mon mouvement pour le saisir avait été si vif que j’ai capté leur attention. Je les ai regardés à tour de rôle.

    « J’en ai un autre caché, ai-je dit. Si vous touchez de nouveau à cette chaise, si vous la touchez, j’attendrai, et ensuite je viendrai la nuit, aussi silencieuse que l’air, vous n’aurez pas le temps de crier. Croyez-moi, je le ferai, n’en doutez pas un instant. »

    Je me suis détournée comme si j’avais du travail. J’ai lavé deux cruches qui n’avaient pas besoin d’être lavées, puis je leur ai demandé d’aller me chercher de l’eau. Je savais qu’ils avaient envie d’être seuls. Après leur départ, j’ai replacé la chaise contre le mur, et la table devant la chaise. Le temps était peut-être venu d’oublier l’homme que j’avais épousé, puisque je ne tarderais pas à le rejoindre, de toute façon. Peut-être fallait-il rendre cette chaise à son insignifiance, mais je le ferais un jour où ce ne serait plus un enjeu. Je romprais son pouvoir au moment que j’aurais moi-même choisi.

  • [Livre] Chuuut !

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    Résumé : «On se tait, on se tient.» Telle est la devise des Saint Junien. L'arrivée de Nils, «l'enfant prodigue» que personne n'attendait, va faire voler en éclats l'unité de cette famille en apparence si parfaite...

     

    Auteur : Janine Boissard

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 07 mars 2013

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : Chuuut ! est le premier livre de Janine Boissard que je lis, et pourtant la dame est prolifique. Difficile de classer ce livre dans une catégorie : un peu polar, quoi qu’il n’y ait pas d’enquête à proprement parler, un peu romance, mais très peu, un peu saga familiale mais en un seul tome… le mélange de genre ne perturbe pas le lecteur, bien au contraire. Il donne au texte de multiples facettes, montrant que tout n’est pas noir ou blanc : le côté polar cherche le coupable mais le côté saga familiale hésite à le chercher au risque de faire exploser la famille…
    Dès le début, enfin dès ce qu’on va appeler le drame pour éviter de trop en dévoiler, on sait que Nils est innocent. Tout simplement parce qu’on était avec lui et que l’écriture n’est pas faite pour tromper le lecteur. Pas de moment caché que le lecteur n’a pas pu voir, donc. Nils est innocent. C’est un fait.
    Très vite après qu’il soit accusé (à tort donc) on sait, enfin on devine ce qu’il a pu se passer. Là aussi pas de piège : tout est logique.
    Ce qui l’est moins, c’est l’attitude de la famille dans cette affaire et même avant.
    Il y a deux camps : d’un côté le grand-père, droit fier, mais doté d’un grand cœur et sachant remettre en question ses actions passé, la grand-mère, à l’image de son époux, la plus jeune de ses trois fille, Hermine avec son mari, ses enfants et une de ses nièces.
    De l’autre le reste de la famille. Qui voit d’un mauvais œil arriver ce nouveau venu, Nils, fils de la sœur perdu, enfuie, qui a « mal tournée » qu’on juge sans jamais essayer de comprendre. Dans ce clan-là, on a peur surtout, j’ai l’impression, de voir son héritage diminuer.
    Tout le livre oscille entre deux impératifs : prouver l’innocence de Nils en confondant le vrai coupable et préserver la famille et surtout ce grand-père au grand cœur à qui personne ne veut briser le cœur. Les deux sont incompatibles ? Peut-être.
    Ce qui nous tient en haleine dans ce livre, ce n’est pas tant le mystère (oui, il y en a une petite part), ce sont les sentiments qui animent les personnages.
    J’ai beaucoup aimé Nils et ses grands-parents, qui ne les aimerait pas, tout comme Hermine et son mari. Philippine m’a parfois agacée, dès son plus jeune âge on sent la journaliste qu’elle aspire à être, friande de vérité mais parfois un peu trop centrée sur cet objectif en écartant d’un haussement d’épaule les dommages collatéraux.
    Fine, plus douce, est plus effacée, parfois peut être un peu trop. L’avocate est quelqu’un d’exceptionnel qui a su écouter son client et ses désirs comme ses problèmes de conscience.

    Je suis arrivée à la fin, sûre d’avoir tout compris sur ce qu’il s’était passé. Et puis non. Malgré le fait que l’on sache beaucoup de choses dès le début, l’auteur a sur nous garder un élément de surprise.
    Ce livre a été un coup de cœur !

     

    Un extrait : Je viens d'avoir quatorze ans et voilà longtemps que les « chut » ont dévoilé leurs secrets.

    « Fille perdue », ça veut dire que tante Roselyne s'est laissé séduire par un maquereau qui l'a emmenée à l'étranger où elle vend son corps sur le trottoir. Le maquereau s'appelle Werner.

    La maladie d'Alexander s'appelle l'autisme et il ne guérira jamais.

    Tante Monique a tout essayé, les psys, une école spécialisée et des leçons particulières, c'est cuit. Attention, il n'est pas idiot ! Il connaît un certain nombre de mots même s'il les mélange, et il sait plutôt bien compter, mais il vit dans une prison qu'il s'est fabriquée pour se protéger des dangers de l'extérieur. L'endroit où il se sent le mieux, c'est sa chambre : sa forteresse où tout doit être rangé dans un ordre parfait. Même tante Monique n'a pas le droit de bouger ses affaires quand elle fait le ménage. Elle profite des promenades pour aérer, mais quand il rentre, il flaire l'air nouveau, alors il se méfie et vérifie que rien n'a changé de place. Parfois, il se parle à lui-même avec des voix différentes. Il a des crises d'angoisse et des moments de violence dont on ignore la cause, c'est dans son cerveau. Maman craint que tante Monique ne finisse par devenir folle ; à mon avis et à celui de Philippine, c'est bien parti pour.

    En tout cas, plus personne n'a besoin de nous dire « chut ». Nous avons compris qu'il s'agissait de secrets de famille qui ne devaient sous aucun prétexte passer la grille du château.

  • [Livre] Belle

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    Résumé : Belle était loin d'être aussi jolie que ses soeurs. À quoi bon ? Aux soirées mondaines, aux robes somptueuses, elle préférait les chevaux et les auteurs anciens. Quand son père se trouva ruiné, elle en fut réduite à aller avec sa famille habiter une pauvre maison, dans un village au fond des bois. Tous auraient pu vivre ainsi, heureux d'une existence loin du luxe et des lumières de la ville, mais le destin s'acharna une fois encore sur eux. Quand son père revint au foyer avec l'histoire d'un château magique et de la terrible promesse qu'il avait dû faire à la Bête qui y vivait, Belle partit de son plein gré affronter le monstre et sa question sans cesse répétée : « Belle, voulez-vous... ? » Ceci est son histoire... une histoire d'amour et de rêve.

     

    Auteur : Robin McKinley

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 11 juin 2015

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : J’aime beaucoup les réécritures de contes et certaines sont assez originales : l’action peut être transposée dans un autre monde (comme dans Cinder, où l’action est à la fois sur la Terre et sur la Lune), ou la personnalité des personnages principaux peut être totalement différente de celle du conte (Le pays des contes, les contes des royaumes, princesses mais pas trop…)…
    Ici rien de tout ça, l’histoire colle assez bien à celle de Mme LePrince de Beaumont (ou à la 1ère partie de celle de Mme de Villeneuve). Mais on peut dire que le style a été modernisé.
    La personnalité des personnages principaux n’a pas été vraiment modifié mais plutôt approfondie : on voit plus la bête et on en sait plus sur les pensées de Belle puisque l’histoire est racontée à la première personne de son point de vue.
    Ici, Belle n’est que le surnom de l’héroïne et tout nous est expliqué : comment la petite Belle, alors enfant, n’a pas apprécié la signification de son prénom : Honneur, et a préféré Belle, qu’au moins elle comprenait. Le surnom est resté, au grand dam de la jeune fille qui se trouve, au mieux, quelconque.
    Les personnages principaux, eux, ont été un peu modifié. Les sœurs de Belle ne sont plus des pimbêches égoïstes mais des sœurs aimantes ayant chacune ses propres soucis et aspirations pour l’avenir. J’ai vraiment aimé ce que l’auteur en a fait.
    L’environnement a également été étoffé avec des personnages secondaires plus présents, comme Gervain, le prétendant puis mari d’Espérance, l’une des sœurs de Belle.
    Les descriptions nous permettent de vraiment visualiser le château et les merveilles qu’il renferme, mais j’ai trouvé que le monologue (en un sens, puisque c’est elle qui raconte l’histoire) de Belle sur le château quand elle y arrive est un peu long. J’aurais aimé qu’il soit interrompu par des dialogues, quitte à ce que les descriptions reprennent après.
    Mais tout le reste est un sans faute. Je n’ai pas eu de coup de cœur mais je n’en étais pas loin.
    C’est vraiment dommage que ce livre soit le seul de l’auteur qui ait été traduit en français, parce que j’aurais vraiment aimé les lire (et je ne lis pas en anglais, donc je suis marron !)

     

    Un extrait : De trois sœurs, j’étais la cadette. Prosaïque, notre mère nous avait appelées Grâce, Espérance et Honneur, mais peu de gens, sauf peut-être le prêtre qui nous baptisa toutes trois, se rappellent mon véritable prénom. Aujourd’hui encore, mon père aime raconter la manière dont j’acquis le nouveau : j’étais venue lui demander quelques explications le jour où j’avais découvert que nos noms ne signifiaient pas uniquement c’est-à-toi-que-je-m’adresse. Et s’il était parvenu à satisfaire ma curiosité en ce qui concernait la grâce et l’espérance, le concept d’honneur m’était apparu beaucoup plus délicat à saisir. Du haut de mes cinq ans, j’avais écouté jusqu’au bout son discours sans cacher mon dégoût croissant, et lorsqu’il avait terminé, je m’étais exclamée :

    — Ah ! J’aimerais mieux être Belle !

    Il avait ri, puis s’était empressé, les jours suivants, de vanter à tout son entourage la précocité de sa fille cadette. C’est donc ainsi que je m’étais approprié un nouveau prénom.

    Nous étions toutes trois de jolies petites filles aux boucles blondes et aux yeux clairs ; Grâce avait la chevelure la plus soyeuse, Espérance avait les yeux les plus grands, mais ces différences étaient imperceptibles ; du moins le furent-elles les dix premières années. De sept ans mon aînée, Grâce devint une ravissante jeune fille aux cheveux dorés comme les blés (disaient les amis de la famille) et aux yeux clairs comme un matin du mois de mai après la pluie (disaient ses admirateurs). Quant à Espérance, elle se transforma en une superbe brune aux yeux verts. Légèrement plus grande, Grâce avait un teint rose alors que celui d’Espérance était blanc comme l’ivoire, mais hormis ces particularités, elles se ressemblaient étonnamment ; toutes deux étaient minces, élancées, dotées d’une taille de guêpe, d’un adorable nez bien droit et de fossettes attendrissantes.

    J’avais cinq ans de moins qu’Espérance, et je comprends mal ce qui m’arriva, mais au fil des ans, je devins grisâtre, ni brune, ni blonde ; mes boucles de bébé disparurent, me laissant seule avec des baguettes dont même le fer à friser ne pouvait venir à bout ; mes yeux prirent une teinte vaguement noisette. Plus grave : je cessai de grandir ; j’étais maigre, maladroite, trop petite, empêtrée de mains et de pieds trop grands. Pire : lorsque j’eus treize ans, je me couvris de boutons ! J’étais persuadée que personne, dans la famille de ma mère, n’avait souffert une telle malédiction depuis des siècles et des siècles. Et de leur côté, Grâce et Espérance, toujours aussi innocentes et jolies, faisaient battre le cœur de tous les hommes.

    Bébé de la famille, j’étais un peu gâtée. Notre mère était morte moins de deux ans après ma naissance, et notre dernière sœur, Miséricorde, était décédée à peine deux semaines plus tard. Bien que nous ayons toujours été entourées de nurses et de gouvernantes aussi efficaces qu’affectueuses, mes sœurs étaient convaincues de m’avoir élevée. Lorsqu’il apparut clairement que j’étais le vilain petit canard, je me faisais déjà appeler Belle depuis plus de six ans ; j’en étais venue à détester ce prénom, mais j’étais beaucoup trop orgueilleuse pour y renoncer. De toute façon, Honneur ne sonnait guère mieux à mes oreilles. Mes sœurs étaient trop bonnes pour me taquiner à ce sujet, et je leur en voulais un peu d’être non seulement belles, mais aussi généreuses et sincères.

  • [Livre] A la une, à la deux, à la proie

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    Résumé : "Coucou! C'est Stéphanie. - Stéphanie?" Stéphanie Plum, la chasseuse de primes. Parée, bottée, cagoulée - c'est l'hiver à Trenton et le thermomètre flirte outrageusement avec les basses températures... Prête à se lancer dans de nouvelles aventures.

    Cette fois encore, son cousin, l'immonde Vinnie, la charge d'une mission impossible. Ramener devant les tribunaux Oncle Mo, le marchand de glaces et de bonbons adulé par au moins trois générations. De quoi se mettre à dos les trois quarts de la ville. Heureusement, la belle a plus d'un tour dans son sac et quelques amis pour l'aider : Morelli, le flic de son cœur, Lula, l'ancienne prostituée black, relookée façon Shirley Temple, et l'énigmatique Ranger...

     

    Auteur : Janet Evanovich

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Polar

     

    Date de parution : 13 janvier 2000

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : Ce roman est le troisième tome des aventures de Stephanie Plum, mais il peut être lu sans problème indépendamment des autres. Je n’ai pas (encore) lu les 2 premiers tomes, et, en dehors de certaines relations entre les personnages (et encore, car les circonstances de la rencontre sont rappelées en 2 mots), je n’ai eu à aucun moment l’impression d’avoir raté quelque chose.
    1ère chose, importante pour moi, dans ce roman Stephanie découvre un lien entre l’un des fugitifs qu’elle recherche et l’univers de la pornographie et pourtant, il n’y a pas de vulgarité dans le texte. C’est la preuve que l’on peut parler de ces sujets sans adopter le langage de ceux qui en font partie.
    Le personnage principal me fait beaucoup rire. Elle est très consciente de ses faiblesses mais se lance toujours dans l’aventure en se disant que sur un malentendu, ça peut passer. Lula, sa coéquipière, ancienne prostituée, m’agace un peu. Elle veut devenir chasseur de prime mais ne supporte pas d’avoir à suivre des règles et ne veut rien avoir à faire avec les flics.
    Pour moi Stephanie Plum c’est une Eve Dallas avec un peu moins de conscience professionnelle et beaucoup moins de respect des procédures !
    J’ai beaucoup aimé Ranger et Morelli, même si je comprends que Stephanie ait parfois envie de leur arracher les yeux (Cette manie de forcer sa porte pour entrer chez elle !!).
    L’enquête est bien présente mais sert aussi de prétexte à suivre Stephanie dans sa vie sentimentale, sur sa vie personnelle avec ses problèmes de voiture, sa mère qui rêve de la voir mariée et surtout de la voir faire un autre métier, plus « respectable », son père qui ne jure que par les buick, etc… Et le changement de coiffure de Stephanie nous fait presque regretter de ne pas avoir d’illustration dans ce livre !
    En bref ce roman regroupe plusieurs genres : policier, romance, chick lit… et c’est avec plaisir que je lirais très certainement les autres tomes de la saga.

    Un extrait : Ciel gris métallisé. Voitures et trottoirs gelés, passants frigorifiés. C'est Trenton en janvier.

    Dans le bureau de Vincent Plum, Vinnie pour les intimes, agent de cautionnement judiciaire, c'était la sinistrose.

    - C'est hors de question, dis-je à mon cousin Vinnie. Je n'ai jamais refusé une affaire, mais là, c'est non. Je ne peux pas l'arrêter. Tu n'as qu'à demander à Ranger. Ou à Barnes.

    - Pas question de refiler ce minable à Ranger, fit Vinnie. C'est de la roupie de sansonnet, c'est pour toi. Sois pro, merde. Ça va faire cinq mois que t'es "chasseuse de primes", bordel ! C'est quoi le problème ?

    - C'est Oncle Mo ! m'écriai-je. Si je l'arrête, je me mets tout le monde à dos, même ma meilleure amie !

    Vinnie coula son corps de mollusque dans son fauteuil de bureau et appuya sa nuque contre le dossier en cuir.

    - Mo ne s'est pas présenté au tribunal, contrairement aux termes de sa caution, dit-il. Donc, c'est une ordure. Point final.

    Moïse Bedemier, plus connu sous le nom d'Oncle Mo, a commencé à vendre des glaces et des bonbons le 5 juin 1958, et il en vend toujours. Sa boutique se trouve à l'orée du Bourg, agréable quartier résidentiel de Trenton où les maisons et les esprits sont fiers d'être étroits, et où les gens ont un coeur gros comme ça. Je suis née et j'ai grandi dans le Bourg, et même si mon appartement actuel est à un peu plus d'un kilomètre, j'y suis toujours reliée par un cordon ombilical invisible.

    Moïse Bedemier est un habitant du Bourg pur jus. Son lino et lui se sont fanés, écaillés, étiolés de concert au fil des trente et quelques années qu'ils ont passées sous un éclairage au néon. La façade jaune en brique et l'enseigne métallique de son magasin font vieillot et ont été dégradées par les intempéries.

    Le chrome des tabourets et le formica du comptoir ont perdu de leur éclat. Mais rien de tout cela n'a la moindre importance car ici, Oncle Mo n'est pas loin d'être classé monument historique.

    Et moi, Stéphanie Plum, soixante-deux kilos et demi, un mètre soixante-dix, brune aux yeux bleus et... chasseuse de primes, je venais de me voir confier la mission de traîner Oncle Mo en prison, par la peau de ses augustes fesses s'il le fallait !

  • [Livre] La fourmi rouge

     

    Je remercie les éditions Sarbacane pour cette lecture

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    Résumé : Vania Strudel a 15 ans, un œil qui part en vrille et une vie qui prend à peu près la même direction. Et ce, à cause de :

    - Sa mère, qui est morte quand elle avait huit ans.- Son père, un taxidermiste loufoque.

    - Pierre-Rachid, son pote de toujours, qui risque de ne plus le rester...

    - Son seul confident, qui se trouve être le vieillard sénile de limmeuble.

    - Son ennemie jurée, Charlotte Kramer, la fille la plus populaire du lycée.

    - Sa rentrée en Seconde, proprement catastrophique.

    Pour Vania, c’est clair : l’existence est une succession de vacheries, et elle est condamnée à n’être personne. Une petite fourmi parmi les autres.Mais un soir, elle reçoit un mail anonyme. Un mail qui lui explique en détail, et avec une franchise brutale, que non, elle nest pas une banale fourmi noire sans aspérités.

    Elle serait même plutôt du genre vive, colorée, piquante ! Du genre fourmi rouge...

     

    Auteur : Emilie Chazerand

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 23 août 2017

     

    Prix moyen : 15,50€

     

    Mon avis : Encore un Sarbacane qui fait mouche. Comme dans les petites reines de Clémentine Beauvais, le roman aborde des sujets difficiles comme le deuil, la séparation, le harcèlement scolaire, la maladie…
    Ce roman n’enjolive pas les choses, tous les problèmes ne disparaissent pas par enchantement, mais les personnages apprennent à y faire face, à les relativiser.
    J’ai beaucoup aimé Vania, même si elle a tendance à se rabaisser constamment. On dirait qu’elle préfère se voir plus bas que terre pour ne pas être déçue. Il faut dire que son passé familial ne la pousse pas à être optimiste.
    Son copain Pierre-Rachid a peut-être grandi physiquement, mais mentalement c’est encore un merdeux, il suffit de voir ce qu’il fait endurer à ses parents. Je comprends qu’un ado puisse vouloir s’émanciper un peu, mais il y a des sujets sur lesquels on ne plaisante pas. Ce qui lui arrive est bien mérité, et aura au moins eu le mérite de lui remettre un peu les pieds sur terre et du plomb dans la cervelle.
    Le professeur Grizminn m’a bien fait rire, mais parce que je n’ai pas à côtoyer une personne pareille. Je n’arrive pas à croire qu’on le laisse parler ainsi aux élèves sans que personne ne se soit jamais plaint.
    Victoire est une super amie, très réaliste, très mature, et qui, comme le roman, n’enjolive pas les choses. Elle les dit telles qu’elles sont, ce qui ne veut pas dire qu’elle n’est pas bienveillante.
    Enfin, il y a Charlotte. On ne la voit pas beaucoup mais mon Dieu qu’elle est mauvaise ! Et stupide aussi, mais en général ce genre de tyran de cour de récréation ne brille pas par son intelligence (On en a toute connu au moins une ! Moi j’en avais trois ! Toutes plus stupides les unes que les autres !)
    D’ailleurs, c’est le (tout) petit reproche que j’ai à faire à l’histoire, que les actes de Charlotte n’entrainent pas des conséquences plus sérieuses.
    Si on ne sautille pas de joie tout au long de la lecture, malgré un humour bien présent, on termine le livre avec une étrange sensation de bien-être. Et puisque c’est la mode des bouquins « feel good », ajoutons sans hésiter celui-ci à la liste. Il le mérite !

     

    Un extrait : Dès la naissance, je ne partais pas gagnante : j’ai un ptosis congénital à l’œil gauche.
    Je parie que vous ne savez pas ce que c’est – alors que vous en avez forcément déjà vu un au moins une fois, au cinéma ou à la télé. En gros, ma paupière s’affaisse sur mon iris, ce qui fait que j’ai l’œil perpétuellement mi-clos, comme l’inspecteur Colombo. Ça me donne un air à moitié endormi (ou sexy, si on tient absolument à voir la chose avec optimisme et qu’on a des goûts bizarres).
    Par chance, la mèche dans le visage est à la mode. Sauf que ce ne sera certainement plus le cas dans dix ans, et alors il faudra bien que je m’adapte… « S’adapter », c’est tout un concept. L’année dernière, en cours de bio, on a appris que le coccyx était le reste anatomique d’une queue. Une QUEUE ! L’ancêtre de l’Homme en avait besoin pour chasser les mouches, faire balancier, se protéger d’assauts sexuels indésirables, etc.
    Avec l’Evolution, et en s’adaptant, on l’a perdue. On a réussi à se passer d’un membre à part entière, à le gommer de notre structure corporelle. C’est fou, non ?
    Sachant ça, je n’ai aucune excuse pour ne pas progresser.
    Au fond, je suis surtout handicapée par une propension irrépressible à tout faire de travers : je ne porte pas les bons vêtements, je n’écoute pas la bonne musique, je n’ai pas les bons hobbies. Quoi que je fasse, je suis à côté. C’est comme ça depuis toujours.
    Mais pour une fois, je plaide non coupable : c’est une question de génétique, une affaire de famille. J’ai également reçu en héritage la sensation de jambes lourdes, la peur du vide et une tendance naturelle au ridicule.
    Mon père reste pour moi le plus grand et fier représentant de cette lignée. J’ai un bon milliard d’anecdotes pour le prouver.
    Au hasard : la fête d’anniversaire de Karen Boutboul. Elle fêtait ses six ans, et papa avait tenu à ce que je lui fasse cadeau d’un chaton. Empaillé.
    Ah oui, j’oubliais : mon père est taxidermiste. (Vous voyez : je n’exagérais pas en parlant de « tendance naturelle au ridicule ».) Lui, il affirme que c’est bien plus qu’un métier ou une passion. Que c’est une véritable vocation.

    « Pour offrir l’éternité à vos cher compagnons,
    je suis le champion. »

    Ça, c’est ce qu’il a fait imprimer sur ses cartes de visite (car oui, il est également adepte de rimes pauvres et jeux de mots nuls).
    Cependant, je dois reconnaître que son commerce marche étrangement bien.
    Dans l’esprit de mon si fantasque géniteur, ce cadeau superbe aurait dû m’assurer à jamais l’amitié de Karen. Seulement voilà : elle a hurlé en voyant le contenu du paquet. Sa mère a hurlé en voyant le contenu du paquet. Les huit autres fillettes ont hurlés en voyant le contenu du paquet.
    Moi, je ne sais pas trop pourquoi, je m’efforçais de continuer à sourire. Ce qui me donnait un air de sadique comme on en voit seulement dans Esprits Criminels.

  • [Livre] Joyland

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    Résumé : Après une rupture sentimentale, Devin Jones, 21 ans, débarque l’été 1973 à Joyland, petit parc d’attraction sur le littoral de la Caroline du Nord. Il est embauché avec d’autres étudiants pour compléter l’équipe de forains, à la fois étrange et joyeuse. Sa rencontre avec un petit garçon doué de voyance, atteint d’une maladie grave, et surtout de sa mère, va changer la vie de Devin. Obsédé par le mystère du train fantôme soi-disant hanté par le spectre d’une femme égorgée 4 ans auparavant, le jeune homme se lance dans l’enquête. Un nouveau meurtre est-il possible ? Parviendra-t-il à l’éviter ? Une chose est sûre, l’aventure le changera à jamais.

     

    Auteur : Stephen King

     

    Edition : Albin Michel

     

    Genre : Fantastique

     

    Date de parution : 02 mai 2014

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : Dans ce livre, il n’y a pas de chapitres. Horreur ! Stephen, je te renie ! Mais bon, les paragraphes ne sont pas trop long et sont séparés les uns des autres par des *, ce qui aère la lecture (Bon ça va, je te dé-renie).
    J’ai beaucoup aimé ce roman dans lequel le surnaturel, s’il est un élément essentiel de l’histoire (ah ben si, quand même, surtout vers la fin) ne prend pas toute la place et surtout n’occulte pas (je vous jure…surnaturel…occulte… je ne m’en suis rendue compte qu’après l’avoir écrit) le côté thriller que j’ai vraiment adoré.
    J’ai beaucoup aimé le fait qu’on s’éloigne un peu du coté surnaturel habituel de l’auteur car j’ai toujours trouvé que dans ces cas-là, si l’angoisse monte tout au long du livre, la fin est souvent un peu bâclée à mon goût, comme si Stephen King ne savait pas comment se sortir de la toile d’araignée qu’il a lui-même tissé.
    Ici je n’ai retrouvé ce problème récurrent. La tension monte plus lentement que quand il y a un clown tueur dans les parages, mais elle monte. Et la fin est celle d’un véritable thriller. Et je me suis fait complétement avoir… Si, si… D’ailleurs quand le nom du meurtrier est enfin révélé, j’ai dû m’arrêter de lire quelques minutes pour digérer le coup ! Ça m’a scotchée.
    Bon en revanche, pas de surprise, dès les premières pages, on sait que Devin va se sortir de toutes les embûches, puisqu’il raconte cette histoire alors qu’il approche de la retraite. Mais pendant quelques instants, on en vient à l’oublier et à se demander s’il va s’en sortir (mémoire de poisson rouge, oui).
    Alors certes, ce livre n’est pas un des plus effrayants qu’ait écrit Stephen King, mais, à plusieurs reprises, je suis quand même allée vérifier que la porte d’entrée était bien verrouillée !

    Un extrait : J’ai pris un train (dénommé le Southerner) de Boston jusqu’en Caroline du Nord (pas vraiment l’aventure, mais pas cher) et un bus de Wilmington à Heaven’s Bay. J’ai passé mon entretien avec un certain Fred Dean qui était – entre autres – le recruteur de Joyland. Après quinze minutes de questions-réponses, plus un coup d’œil à mon permis de conduire et à mon diplôme de secouriste de la Croix-Rouge, il m’a remis un badge en plastique suspendu à un cordon. Le badge portait le mot VISITEUR, la date du jour et le portrait d’un berger allemand aux yeux bleus, souriant de toutes ses dents, qui ressemblait vaguement à Scoubidou, le célèbre limier de dessin animé.

    « Va faire un tour, me suggéra Dean. Monte sur la grande roue, si ça te chante. La plupart des manèges sont encore fermés, mais notre Carolina Spin tourne. Dis à Lane que c’est moi qui t’envoie. C’est un passe pour la journée que je t’ai donné, mais je veux te revoir ici à… » Il consulta sa montre. « Disons treize heures. Tu me diras si le boulot t’intéresse. Il me reste cinq postes à pourvoir, tous à peu près du même tonneau : comme Gentils Assistants.

    – Merci, monsieur. »

    Il hocha la tête en souriant. « Je sais pas ce que tu penseras de l’endroit mais moi, je l’aime bien. C’est un peu vieillot et un peu de guingois mais ça a son charme. J’ai essayé Disney, pendant un temps… pas aimé. Trop… comment dire…

    – Aseptisé ? m’aventurai-je.

    – C’est ça. Trop aseptisé. Trop lisse et brillant. Du coup, je suis revenu à Joyland il y a quelques années. Pas regretté une seule seconde. C’est un peu plus rock’n’roll ici – un petit parfum de bon vieux temps. Allez, va faire un tour. Vois ce que t’en penses. Plus important, vois ce que tu ressens.

    – Je peux vous poser encore une question ?

    – ’turellement.

    – C’est qui, le chien ? » j’ai demandé en désignant mon passe.

    Son sourire se fendit jusqu’aux oreilles. « Ça, c’est Howie le Chien Gentil. Notre mascotte. Joyland a été fondé par Bradley Easterbrook et l’authentique Howie était son chien. Mort depuis belle lurette, mais tu verras quand même pas mal le bout de sa queue, si tu travailles ici cet été. »

    Je l’ai vu… et pas. Facile, comme devinette, mais l’explication devra attendre encore un peu.

  • [Livre] La petite maison dans les grands bois

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    Résumé : En 1872, Laura habite à la lisière des Grands Bois du Wisconsin, dans une maison en rondins très isolée. Pour cette toute petite fille et sa famille de pionniers, la vie est rude mais joyeuse. Ce roman nous présente la famille Ingalls et précède les huit célèbres tomes de la petite maison dans la prairie.

     

    Auteur : Laura Ingalls Wilder

     

    Edition : Castor poche flammarion

     

    Genre : Enfant

     

    Date de parution : 1999

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : J’aime beaucoup ce livre qui se passe avant la saga « la petite maison dans la prairie », quand la famille habitait encore au fin fond d’une forêt du Wisconsin.
    On y découvre une vie rude mais heureuse, rythmée par les saisons et les opportunités : chasse à l’ours, moisson, mais aussi récolte du miel ou du sirop d’érable.
    Ce tome-là est très intéressant pour en savoir plus sur la vie des pionniers car, n’étant pas sur les routes, on découvre le quotidien d’une famille. On va voir, à travers les yeux de Laura, alors toute petite, comment on charge un fusil (et on comprend pourquoi le père le charge avant de partir en forêt, vu le temps que ça prend), comment on fait le beurre, comment se récolte le sirop d’érable, le travail que demande l’abatage du cochon, une fois par an et qui ne s’arrête pas avec la mise à mort de la bête mais requiert la participation de toute la famille…
    Le livre se déroule sur une année, ce qui nous permet de voir que celle-ci est vraiment rythmée par des tâches ne pouvant pas se faire à d’autres périodes.
    On découvre le vrai visage de Charles Ingalls, barbu, moustachu et bien plus sévère que le personnage joué par Michael Landon !
    La famille vit presque en autarcie et Laura, à 5 ans, si elle sait qu’il existe des villes où son père va échanger des fourrures contre des articles qu’il ne peut pas produire lui-même, n’a jamais vu de ses yeux cet endroit où, parait-il, les maisons sont toutes les unes à côté des autres ! Pour elle qui vit dans une petite maison depuis laquelle on ne distingue que les arbres de la forêt, la ville l’intrigue au plus haut point.
    L’entente entre Laura et Marie n’est pas non plus toujours au beau fixe et elles se chamaillent assez souvent.
    Le livre reste relativement court et sert avant tout à présenter la famille Ingalls et à mettre en place l’époque dans laquelle ils vivent.
    Même si la vie est rude, et manque du confort auquel nous sommes habitués à notre époque, on peut voir qu’il y a une très forte cohésion familiale assortie d’une foi profonde qui fait qu’ils supportent sans mal les petits inconvénients de leur vie, un peu sauvage.

    Un extrait : Il était une fois, il y a plus de soixante ans, une petite fille qui vivait en pleine forêt du Wisconsin dans une petite maison grise faite de rondins.

    Les grands arbres sombres des Grands Bois entouraient la maison, et derrière eux, il y en avait d’autres, et plus loin d’autres encore. Un homme qui aurait marché en direction du nord toute une journée, toute une semaine ou même tout un mois n’aurait vu que cela. Il n’y avait pas d’habitations, pas de routes, pas de gens. Seulement des arbres et les animaux sauvages qui vivaient là.

    Dans les Grands Bois on trouvait des loups, des ours, et puis aussi d’énormes chats sauvages; ainsi que des rats musqués, des visons et des loutres près des ruisseaux. Les renards, eux, avaient leur tanière dans les collines, et on rencontrait des cerfs partout.

    A l’est comme à l’ouest de la petite maison, la foret s’étendait sur des lieues et des lieues, avec seulement, à la lisière, quelques petites maisons éparpillées loin les unes des autres.

    Aussi loin que la fillette pouvait voir, il n’y avait que cette maison, dans laquelle elle vivait avec son père, sa mère, ses sœurs Marie et Bébé Carrie. Un chemin pour les chariots serpentait jusque chez eux et s’éloignait ensuite pour disparaître dans les bois. Mais la petite fille ne savait pas où il menait, ce qu’il pouvait y avoir tout au bout.
    Cette petite fille se nommait Laura.

    La nuit, quand elle était couchée dans son lit à roulettes, elle tendait l’oreille, mais elle n’entendait rien d’autre que le bruit des arbres qui chuchotaient entre eux. Parfois, loin dans la nuit, un loup hurlait. Puis il s’approchait et hurlait à nouveau.
    Cela lui faisait peur. Laura savait que les loups mangent les petites filles.

    Mais elle était bien à l’abri entre les murs solides en rondins. Le fusil de son père était bien accroché au-dessus de la porte et le bon vieux Jack, le bouledogue tacheté, montait la garde. Son père disait alors:

    - Endors-toi, Laura. Jack ne laissera pas entrer les loups.

    Alors Laura se pelotonnait sous les couvertures, tout contre Marie, et s’endormait.

    Une nuit, son père la souleva de son lit et la porta jusqu’à la fenêtre pour lui faire voir les loups. Il y en avait deux, assis devant la maison. On aurait dit des chiens aux longs poils. Ils pointaient leur nez en direction de la grosse lune toute brillante et hurlaient.

    Jack allait et venait derrière la porte en grognant. Le poil de son dos était hérissé et il montrait ses dents pointues et acérées. Les loups hurlaient, mais ils ne pouvaient pas entrer.

  • [Livre] Le copain de la fille du tueur

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    Résumé : Charles vient d'intégrer un internat pour "gosses de riches" perdu au cœur des montagnes suisses. Avec Touk-E. son coloc, ils font les quatre cents coups pour tuer le temps... Jusqu'à l'arrivée de Selma. Cette fille mystérieuse, solaire, solitaire... et fille d'un célèbre trafiquant de drogue.

     

    Auteur : Vincent Villeminot

     

    Edition : Nathan

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 08 septembre 2016

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : Charles n’est pas tout à fait comme ses camarades. L’argent de son père vient de ses productions intellectuelles et non de spéculations plus ou moins légales. Avec son ami Touk-E, fils d’un dictateur africain qui n’a aucune envie de suivre les traces de son père, ils mettent un peu d’ambiance dans cet internat friqué, où les élèves sont plus traités en hôtes qu’en étudiants.
    Arrive alors Selma, jeune mexicaine qui diffère de ses condisciples autant que Charles, mais dans l’autre sens. Si le père de Charles ne trempe dans rien de louche, si les autres élèves et probablement leurs parents ne tiennent pas plus que ça à savoir d’où vient vraiment leur argent, Selma elle, sait parfaitement que l’argent de son père est de l’argent sale, de l’argent de la drogue. Car l’homme est chef de cartel, et la jeune fille le sait et l’assume parfaitement.
    Dans cette ambiance plutôt glauque, Charles tombe sous le charme de Selma sans savoir si cette attirance est partagée.
    Le sujet central est cette attirance, peut être romance, entre Charles et Selma, mais va beaucoup plus loin car les deux jeunes gens ne sont pas seuls au monde : il y a le père de Charles qui est mourant, situation pour laquelle Charles ressent des sentiments ambigus, et puis il y a Rafa Gutierrez, le père de Selma, une espèce de sale type (oui vous me direz, un narcotrafiquant, on s’en serait douté que c’était un sale type. Mais c’est au-delà de son métier : on peut être un trafiquant et aimer sa famille… mais avec Rafa Gutierrez j’ai plus un eu sentiment de possessivité que d’amour).
    Le style d’écriture est spécial, je ne peux pas dire que j’y accroche à 100%. La même histoire racontée différemment aurait peut-être été un coup de cœur. Là j’ai bien aimé, mais sans plus.
    J’ai trouvé que les personnages manquaient de profondeur, et quand Selma fait la révélation sur sa particularité, j’ai trouvé que les suites de cette révélation n’étaient pas traitées avec assez de force. J’ai eu l’impression que Charles était un gosse furieux qui tapait du pied et que Selma était une ado boudeuse et égoïste qui s’attend à recevoir sans jamais donner. J’ai même été vraiment choquée par la demande qu’elle fait à Charles vers la fin du roman. Elle semble incapable d’assumer ses désirs et préférer que d’autres en portent la responsabilité.
    Quand Charles rencontre Touk-E, au-delà du sentiment d’amitié immédiat qui les unit, il pense que tout va mal finir. Il se dit ça par rapport à la personnalité de Touk-E, mais ce n’est pas de cette personnalité là qu’il avait le plus à se méfier.
    Je ne suis pas déçue de la fin mais un peu frustrée, j’aurais aimé que Selma se positionne de manière plus ferme et quelle fasse d’autres choix. Choix qu’elle fera peut-être, puisque la fin ne va pas aussi loin, mais dans ce cas, j’aurais aimé y assister et en voir les conséquences. J’ai refermé ce roman avec un sentiment d’inachevé.

    Un extrait : Je la vis pour la première fois le surlendemain, je crois. Je n’ai pas retenu exactement le jour.

    Elle entra dans la classe en même temps que les autres. Elle portait un sweat, la capuche relevée sur sa tête, si bien qu’on ne devinait que quelques mèches blondes. Elle s’installa à une table, vers le fond de la salle, s’accouda, le menton dans les mains, pour regarder dehors.

    Son arrivée ne nous étonna pas plus que ça. C’est une règle à Daillange : certains apparaissent ou quittent brusquement l’Institut, d’autres s’absentent sans prévenir pour de longues vacances. En six mois, j’avais appris qu’il y avait souvent des nouveaux pensionnaires, et autant de départs. Ce qui nous étonna, en revanche, c’est qu’elle ne retire pas sa capuche ni le casque qu’elle avait sur les oreilles, de toute la journée.

    Elle revint le lendemain. Elle assista à presque tous les cours et ne quitta jamais son casque. Sous sa capuche, je lui trouvais un visage arrogant et lointain à la fois – angélique par instants, quand la lumière du soleil, dehors, dessinait son profil. Elle jetait des coups d’œil, de temps en temps, à ce qui se déroulait au tableau et dans la classe. Je remarquai la façon dont elle fronçait alors ses sourcils épais, sombres, et aussi comment ses yeux noirs foudroyaient ceux qui l’espionnaient à la dérobée. Moi, par exemple.

    Moi, de plus en plus.

    Elle battait parfois la mesure de sa musique, un crayon coincé entre deux doigts, et le professeur devait alors s’interrompre. Quand elle le remarquait, elle cessait immédiatement. Elle suivait nos travaux, de loin, comme protégée par sa capuche et sa playlist, et parfois ses lèvres dessinaient une moue narquoise. Elle avait des lèvres couleur vieux rose, assez larges, assez ourlées, bien dessinées ; et quand elle souriait sans ironie, perdue dans ses pensées, on devinait des dents du bonheur très prononcées.

    Qui était-elle ? Que venait-elle faire en cours, parmi nous, puisqu’elle n’écoutait rien ?

    Le plus souvent, elle appuyait la tête contre la fenêtre et sa rêverie, son mutisme, lui donnaient un air de profonde mélancolie.

    Et que faisait-elle, le reste du temps ?

    Trois fois, alors que je buvais mon café à la fenêtre avant l’aube, je la vis traverser en courant le sous-bois du parc, silhouette fantomatique, fine, sportive, pas très grande, obstinée sous la pluie et les réverbères. Sinon, pendant ses quinze premiers jours à Daillange, je ne la croisai nulle part. À aucune de nos fêtes, en aucune circonstance. Impossible de savoir même son nom.

  • [Livre] Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban

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    Résumé : Sirius Black, le dangereux criminel, qui s'est échappé de la forteresse d'Azkaban, recherche Harry Potter. C'est donc sous bonne garde que l'apprenti sorcier fait sa troisième rentrée. Au programme : des cours de divination, la fabrication d'une potion de ratatinage, le dressage des hippogriffes... Mais Harry est-il vraiment à l'abri du danger qui le menace ?

     

    Auteur : Joanne Kathleen Rowling

     

    Edition : Gallimard

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 19 octobre 1999

     

    Prix moyen : 22€

     

    Mon avis : Voilà un troisième tome qui commence bien avec l’apparition d’un nouveau membre de la famille Dursley pire que les trois autres réunis.
    Pas étonnant que Harry, bien connu pour son calme légendaire, ne finisse par nous péter une durite. On l’aurait fait à moins.
    On revoit le ministre de la magie, que l’on avait entrevu dans le tome précédent. Le personnage n’est pas spécialement antipathique, mais il a l’air un peu dépassé par les évènements, on a toujours l’impression qu’il a un train de retard.
    Dans ce tome on va rencontrer deux nouveaux personnages importants de la saga : Le premier est Remus Lupin, nouveau professeur de défense contre les forces du mal qui, s’il semble, contrairement à ses prédécesseurs, compétent aussi bien dans sa matière que dans sa façon d’enseigner, reste assez mystérieux et difficile à cerner.
    Le second est Sirius Black, énigmatique évadé d’Askaban (rien que ça le rend exceptionnel, personne n’ayant jamais réussi cet exploit) qui pourrait bien permettre à Harry d’en savoir plus sur ses parents et leurs assassinat.
    On va aussi découvrir de nouvelles créatures, pas toujours des plus sympathiques comme les détraqueurs ou les épouvantards, mystérieuses comme le sinistros ou encore difficile à cerner comme les hippogriffes ou encore Pattenrond le chat de Hermione, qui pourrait ne pas être un chat ordinaire et ne rêve que de croquer Croutard, le rat de Ron, ce qui va provoquer quelques tensions entre les deux amis.
    D’autres créatures comme les chapeaurouges ou les pitiponks vont être évoqués, puisque pour une fois, on a un professeur de défense qui enseigne vraiment (n’en déplaise à Rogue, le jaloux).
    Dans ce tome, on aperçoit un peu du potentiel magique de Harry. Là où dans le tome 1 il avait compté sur son sang et dans le tome 2 sur Fumseck et une épée, ici il nous démontre qu’il a de grandes capacités, une baguette à la main, quand il apprend à se protéger des détraqueurs. On ne fait encore qu’effleurer le sujet, mais le professeur laisse entendre que les quelques essais qu’il fait démontre un grand potentiel, surtout à son jeune âge.
    Ce tome est plus sombre que les précédents. Les caractères s’affirment davantage et il peut y avoir des tensions entre les trois amis, surtout entre Hermione, toujours raisonnable mais qui n’hésite plus à se dresser contre ses amis pour leur bien, et les garçons qui sont toujours du genre à foncer tête baissée.
    Avec sa rencontre avec les détraqueurs Harry réalise pleinement que son passé le rend différent des autres, avec un passé plus sombre qui va définir son avenir.
    Il se rend compte aussi que le monde est injuste et que les adultes ne seront pas forcément là pour l’aider et le défendre mais qu’ils pourraient bien se révéler décevants et le laisser affronter seul ce que l’avenir lui réserve.
    Le tome se termine sur une promesse de se voir très vite autour d’un évènement d’importance pour les sorciers : la coupe du monde de quidditch.

    Un extrait : bien des égards, Harry Potter était un garçon des plus singuliers. Tout d'abord, il détestait les vacances d'été, c'était la période de l'année la plus déplaisante à ses yeux. Ensuite, il tenait absolument à faire ses devoirs de vacances, mais il était obligé de les faire en secret, au beau milieu de la nuit. Enfin, il faut également signaler que Harry Potter était un sorcier.

    Minuit approchait. Les couvertures tirées par-dessus sa tête comme une tente, Harry était allongé à plat ventre sur son lit, une lampe torche dans une main, un livre relié plein cuir ouvert sur son oreiller. Il s'agissait d'une Histoire de la magie par Adalbert Lasornette. Les sourcils froncés, Harry Potter fit courir le long de la page la pointe de la plume d'aigle qu'il tenait dans son autre main. Il cherchait des idées pour une dissertation sur le sujet suivant: « La crémation des sorcières au XIVe siècle était totalement inefficace: commentez et discutez. »

     Sa plume s'arrêta au début d'un paragraphe qui semblait lui convenir. Harry remonta sur son nez ses lunettes rondes, approcha sa lampe torche du livre et lut ce qui était écrit:

    Au Moyen Age, les personnes dépourvues de pouvoirs magiques (appelées communément « Moldus ») ressentaient une terreur particulière à l'égard de la sorcellerie, mais étaient souvent incapables de reconnaître ceux qui la pratiquaient vraiment. Lorsque, par extraordinaire, un sorcier ou une sorcière doté de réels pouvoirs magiques était capturé, sa condamnation au bûcher n'avait aucun effet. Le condamné se contentait de jeter un simple sortilège de Gèle-Flamme, puis faisait semblant de se tordre de douleur dans l'apparente fournaise alors qu'en réalité, il n'éprouvait qu'une agréable sensation de chatouillis. Gwendoline la Fantasque, par exemple, était toujours ravie de se faire brûler vive, à tel point qu'elle s'arrangea pour être capturée quarante-sept fois sous divers déguisements.

    Harry tint sa plume entre ses dents et glissa une main sous l'oreiller pour prendre une bouteille d'encre et un rouleau de parchemin. Avec des gestes lents et précautionneux, il dévissa le bouchon de la bouteille, trempa sa plume dans l'encre et se mit à écrire en s'arrêtant de temps à autre pour tendre l'oreille. Car si l'un des membres de la famille Dursley se rendait dans la salle de bains à cet instant et entendait au passage le grattement de la plume sur le parchemin, Harry avait toutes les chances de passer le reste de l'été enfermé dans le placard sous l'escalier.