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Livres - Page 60

  • [Livre] Les chroniques de Narnia – T01 – Le neveu du magicien

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    Résumé : Polly trouve parfois que la vie à Londres n'est guère passionnante... jusqu'au jour où elle rencontre son nouveau voisin, Digory. Il vit avec sa mère, gravement malade, et un vieil oncle au comportement étrange. Celui-ci force les deux enfants à essayer des bagues magiques qui les transportent dans un monde inconnu. Commence alors la plus extraordinaire des aventures ...

     

    Auteur : C. S. Lewis

     

    Edition : Gallimard Folio junior

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 2005 (pour cette édition)

     

    Prix moyen : 10€

     

    Mon avis : Je n’avais jamais lu les chroniques de Narnia que je ne connaissais qu’à travers les films. Ce tome 1 se situe chronologiquement avant le 1er film. Digory, le héros de ce tome, va, bien involontairement, ramener Jadis, une terrible sorcière égocentrique et mégalo, à la vie. J’ai beaucoup aimé voir le sale type qu’est l’oncle de Digory se faire maltraiter par Jadis.
    La tante de Digory est intrigante : parfois elle semble savoir des choses, mais l’instant d’après sa réaction laisse supposer qu’elle ne sait rien des autres mondes.
    Polly est une fillette sage et intelligente, mais elle n’est là que pour servir d’acolyte à Digory et le pousser à prendre de bonnes décisions, elle n’a pas réellement un rôle à part entière dans l’histoire, pas comme Hermione Granger dans Harry Potter qui est aussi la voix de la raison mais dont on ne saurait se passer. Ici n’importe qui d’autres pourrait aiguiller Digory dans ses choix.
    Jadis est maléfique, même si son personnage n’est pas particulièrement développé, on sent ça. Dans les quelques informations qu’elle laisse échapper, on comprend qu’elle s’empare des royaumes pour être la seule à les gouverner, quitte à les détruire.
    Et surtout dans ce tome, on va assister à la création de Narnia. On va comprendre d’où vient la fabuleuse armoire qui permet à Lucy d’arriver à Narnia dans le film, comment Jadis s’est retrouver dans cette contrée, l’histoire du réverbère allumé et on peut même deviner que le vieil homme chez qui les enfants Peter, Susan, Edmund et Lucy, que l’on a découvert dans le premier film de Narnia, trouveront refuge pendant la seconde guerre mondiale.
    J’ai un peu regretté qu’on n’en sache pas plus sur l’origine d’Aslan mais j’ai aimé ce tome d’introduction car il est rare de commencer une saga par la création même du monde qui va en constituer le décor.

     

    Un extrait : C’est une histoire qui s’est passée il y a très longtemps, à l’époque où votre grand-père était un petit garçon. Une histoire très importante, car c’est elle qui permet de comprendre comment les échanges entre notre monde et le pays de Narnia ont commencé.

    À cette époque, Sherlock Holmes vivait encore à Baker Street. À cette époque, si vous aviez été un petit garçon, vous auriez porté un uniforme de collégien au col empesé tous les jours, et les écoles étaient souvent plus strictes qu’aujourd’hui. En revanche, les repas étaient meilleurs. Quant aux bonbons, je ne vous dirai pas à quel point ils étaient exquis et bon marché, sinon je vous mettrais l’eau à la bouche pour rien. Enfin, à cette époque vivait à Londres une petite fille qui s’appelait Polly Plummer.

    Elle habitait dans une de ces longues rangées de maisons accolées les unes aux autres. Un matin, elle était dehors dans le jardin arrière quand soudain un petit garçon grimpa du jardin voisin et montra son visage au-dessus du mur. Polly fut extrêmement surprise car elle n’avait jamais vu d’enfants dans cette maison. Seuls y vivaient M. Ketterley et Mlle Ketterley, un vieux garçon et une vieille fille, frère et sœur. Piquée par la curiosité, elle leva le regard. Le visage du petit garçon était très sale, on aurait dit qu’il avait pleuré puis séché ses larmes en se frottant avec les mains pleines de terre.

    Le fait est que c’est plus ou moins ce qu’il venait de faire.

    — Bonjour, dit Polly.

    — Bonjour, répondit le petit garçon. Comment t’appelles-tu ?

    — Polly. Comment t’appelles-tu, toi ?

    — Digory.

    — Ça alors, quel drôle de nom !

    — Pas plus que Polly.

    — Ah ! si.

    — Non.

    — En tout cas, moi au moins je me lave la figure, dit Polly, ce qui ne te ferait pas de mal, surtout après avoir…

    Soudain elle s’arrêta. Elle allait dire « après avoir pleurniché…», mais elle se ravisa car elle se dit que ce n’était pas très courtois.

    — Oui, c’est vrai, j’ai pleuré, répondit Digory beaucoup plus fort, comme s’il n’avait plus rien à perdre qu’on le sache. Toi aussi, tu pleurerais, si tu avais vécu toute ta vie à la campagne avec un poney et un ruisseau au bout du jardin et que brutalement on t’amenait vivre ici, dans ce trou pourri.

    — Ce n’est pas un trou, Londres, répondit Polly, indignée.

    Mais le petit garçon, trop absorbé par son explication pour y faire attention, continua :

    — Et si ton père était parti en Inde, si tu étais obligée de vivre avec une vieille tante et un oncle fou (je me demande qui aimerait), et si tout ça c’était parce qu’il fallait qu’ils s’occupent de ta mère, et si en plus ta mère était malade et allait m… mourir…

    Son visage se tordit alors d’une drôle de façon, comme lorsque vous essayez de retenir vos larmes.

    — Je ne savais pas, je suis désolée, répondit humblement Polly.

    Comme elle ne savait plus très bien quoi dire et qu’elle voulait changer les idées de Digory en abordant des sujets plus gais, elle demanda :

    — M. Ketterley est vraiment fou ?

    — Soit il est fou, soit il y a un mystère.

  • [Livre] Dans le lit des reines : les amants

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    Résumé : Reines ou impératrices, leur mariage princier leur a presque toujours été imposé par la raison d’Etat. Dans la passion, l’excentricité ou le dévergondage, elles ont tenté de vivre leur aventure personnelle. C’est ainsi que Messaline est devenue l’impératrice des lupanars de Rome, qu’Isabelle d’Angleterre ou Marguerite de Navarre ont semé leurs faveurs à tous vents. La plupart du temps, ces reines, dont la fonction est sacrée, ont été confondues, et leurs complices ont payé leur tribut dans le sang.

     

    Auteur : Juliette Benzoni

     

    Edition : Perrin

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 01 juin 2011

     

    Prix moyen : 20,50€

     

    Mon avis : Dans ce livre on (re)découvre certains passages de l’histoire, depuis Messaline dans la Grèce antique jusqu’à Marie-Louise, seconde épouse de Napoléon au début du XIXème siècle.
    Le style tient plus du journal que du roman et j’ai surtout apprécié que l’auteur ne se cantonne pas au quelques reines célèbres comme Marie-Antoinette ou Isabeau de Bavière, mais nous parle de reines moins connues comme Pauline Borghèse ou Sophie-Dorothée, reine d’Angleterre.
    Cependant, j’ai déploré un ton parfois moqueur, comme si la vie, parfois détruite de ces femmes sacrifiées à la raison d’état, ne pouvait que prêter à sourire. Il ne faudrait quand même pas oublier que bon nombre des « complices » de ces femmes ont été exécuté pour l’idylle qu’ils ont entretenus avec ces reines et qu’elles-mêmes les ont parfois suivi dans la tombe. Je ne trouve aucune matière à moquerie quand les sentiments conduisent à l’échafaud.
    Je n’ai jamais été vraiment une adepte du style de Juliette Benzoni, mais j’ai bien aimé ce livre, même si j’aurais préféré lire les mêmes histoires de la plume de Stephane Bern qui se montre plus respectueux et qui fait moins l’étalage de ses opinions personnelles sur les faits.

    Un extrait : Un soir d’été de l’an 43, les prétoriens de garde aux portes du Palatin voient passer deux femmes sans leur prêter beaucoup d’attention. Ce sont sans doute des servantes qui rentrent chez elles, la journée faite et, habitués à en voir sortir beaucoup, les soldats se contentent de leur adresser quelques grosses plaisanteries en guise de bonsoir puis reprennent leur faction, contents d’eux-mêmes et ne songeant pas le moins du monde à s’offusquer de ne pas avoir reçu de réponse.

    On aurait beaucoup étonné ces hommes si on leur avait dit que ces femmes modestement vêtues n’étaient autres que la toute-puissante impératrice Messaline, quatrième épouse de l’empereur Claude et sa suivante préférée Myrthale. Et leur stupeur n’aurait pas connu de bornes s’ils avaient pu deviner où elles allaient. L’impératrice à Suburre ! Aucun militaire, même imbibé de vin jusqu’aux ouïes n’imaginerait pareille chose, même si l’on tient compte du peu d’imagination qui afflige habituellement les militaires…

  • [Livre] Amour, vengeance et tentes Quechua

     

    Je remercie les éditions Sarbacane pour cette lecture

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    Résumé : Deuxième samedi du mois de juillet. Depuis toujours, ce jour précis, Tara et ses parents – le morne postier et l’Italienne agitée – prennent le départ des vacances. Direction « le Momo s », camping tenu par la vieille Momo et son fils Jacky.

    Là-bas, Tara respire, retrouve la rivière et son copain de toujours : Adam. Adam devenu, cet été… ce beau mec qui la remue totalement !

    À peine le temps de savourer que débarque Éva, belle et brûlante comme le soleil, et vite surnommée « La Frite » par Tara. Ils étaient deux, ils se retrouvent trois. Les mauvais coups vont tomber, pour Tara comme pour Adam et La Frite, mais aussi pour ce qui n’existe plus : l’insouciance d’avant.

     

    Auteur : Estelle Billon-Spagnol

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 07 Juin 2017

     

    Prix moyen :

     

    Mon avis : Dans ce livre, ce sont vraiment les personnages qui font tout. L’histoire en elle-même est assez banale : deux ados qui ne se voit que l’été, qui ont bien grandit, l’une craque pour l’autre, qui lui craque pour une blondinette qui lui avait donné son premier baiser quand ils étaient mômes. Entre les deux filles, les vacheries et les coups bas s’accumulent.
    Banale quoi.
    Sauf qu’il y a les personnages ! Les personnages qui donnent une profondeur et une saveur au texte qu’on n’aurait pas pu imaginer en lisant le résumé.
    D’abord nos héros : Adam, Tara et la Eva, alias la frite.
    Tara ne se trouve pas vilaine, mais trouve que « peut mieux faire », alors forcément, à se comparer sans cesse à Eva, et à toujours trouver celle-ci « mieux », elle réagit différemment de ce qu’elle aurait fait d’ordinaire. Mais il faut dire qu’Eva déclenche les hostilités à peine arrivée et que franchement, je comprends pourquoi Tara a envie de la baffer, la frite.
    Adam, lui, c’est un mec… mais alors typique…celui qui ne voit jamais ce qu’il y a sous son nez et surtout qui voudrais le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière et plus si affinité. Il ne comprend absolument pas pourquoi Tara prend aussi mal l’intrusion de la frite dans leur duo. Après tout pourquoi est-ce qu’il ne pourrait pas déconner avec son amie tout en roulant des pelles à sa conquête (vu son attitude, je ne parlerais pas de petite amie). Bref une taupe aveugle avec des lunettes noires au fond d’un puits ! Alors ok, il a des soucis, mais bon, rien de bien nouveau. J’ai regretté que Tara ne lui sorte pas en pleine figure certains des monologues qu’elle se joue intérieurement, ça ne lui aurait pas fait de mal.
    Eva, elle, j’ai eu du mal à la cerner. J’ai l’impression que son attitude de vamp doublée de garce vient d’un énorme manque de confiance en elle. D’ailleurs quand on voit sa famille, on le comprend un peu, surtout sa mère. J’ai regretté que la relation entre elles ne soit pas approfondie et qu’on n’en sache pas plus sur cette haine qui semble ronger sa mère de l’intérieur.
    Ca n’excuse pas forcément son attitude (ni celle d’Adam d’ailleurs) parce que la famille de Tara n’est pas mal non plus entre un père dépassé et mou et une mère qui a une réputation (et pas que la réputation d’ailleurs) de trainée internationale qui passe son temps à foutre le camp pour s’envoyer en l’air et à jouer les victimes incomprises en ce monde cruel.
    Finalement, à part Tara, les plus sympathiques dans cette histoire sont Suze, la petite sœur et les voisins de camping, sans oublier Momo, qu’on voit trop peu et Yvanne qu’on découvre bien différente de ce que laissait imaginer son comportement.
    Finalement ce livre est plus qu’une histoire d’amitié ou d’amour, c’est une histoire de changement, de changements profonds qui vont bouleverser la vie de pas mal de monde.

     

    Un extrait : Juste un aller-retour à sa tente pour déposer ses affaires de toilette, et Tara arrive à la buvette. Il est 20 heures, la terrasse est bondée, Jacques fait d’incessants va-et-vient entre les tables. Après un rapide coup d’œil et quelques bonjour lancés à des vacanciers qu’elle connaît, elle se pointe au comptoir.
    Jacky ne tarde pas à revenir, suant avec un plateau vide. Ni grand ni petit. Une allure débonnaire à l’aise dans ses éternelles chemises à carreaux froissées. Et surtout cette voix… cette voix qui a tant émoustillé Tara l’été dernier.
    En vérité, cette voix la chatouille encore, là, alors qu’elle s’accoude au zinc en replaçant ses bretelles de débardeur. Tara, c’est un vieux !
    - Salut ma belle ! Enfin Tara Balice est ar-ri-vée !

    - Salut Jacky

    Jacky l’embrasse et repasse derrière le bar.

    - Les vacances commencent, alors ? Tu veux boire quoi ?
    - Un sirop à l’anis, steup ! Avec…

    - Beaucoup de glaçons, je sais ma belle !

    Jacky lui sert son verre, lance une paille dedans, gagné !, et sourit.
    - Bon, maintenant faut que je prépare la commande des Varloo. Y en a pour un moment…
    Tara a l’impression que le sourire de Jacky est plus fatigué qu’amusé. L’effet « Adieu Minouche », peut être.
    - Bonjour Jacques, c’est qui qu’il a gagné l’étape ? demande un Hollandais – la réponse, il la connaît, mais il n’aime pas se poser au bar sans rien dire.
    - Je sais pas, l’espagnol je crois, répond machinalement Jacky, concentré sur ses doses de pastis.

    Le hollandais embraie avec un café sil vous plait merci ?
    Il essaierait bien de lancer une vraie conversation mais, s’apercevant soudain qu’il vient d’épuiser son stock de français, replonge dans son journal. Il s’achètera une méthode d’apprentissage de cette si jolie langue l’été prochain.
    Jacky, lui, se fout de ce non-dialogue. Ce qu’il veut, c’est finir le roman qu’il écrit depuis des années : Plus jamais la rivière ne me dira où aller, l’histoire douce-amère d’un quinquagénaire qui, du jour au lendemain, décide de partir à pied jusqu’en Russie et se retrouve confronté à son moi profond, enfin c’est l’idée de départ. Roman qu’il va achever cet été ; entre deux clients, deux courses, deux coups de balai, il griffonne des notes dans son carnet.

    Sauf que l’écriture est un marathon et Jacky n’aime pas courir. C’est pourquoi « Je le finis cet été » est sa phrase de chaque été depuis quatre ans qu’il bosse au Momo’s.

  • [Livre] Le phénomène Philomène

     

    Je remercie les éditions Sarbacane pour cette lecture

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    Résumé : Anatole et l'école, c'est une longue suite de rendez-vous manqués. Il faut dire qu'avec sa dégaine d'ado balourd et sa tignasse de cheveux qui lui tombent devant les yeux, il n'a pas l’étoffe d’un héros. Du moins, à première vue. Car en regardant mieux, on pourrait s’apercevoir qu’il a un sourire craquant... et aussi un don : celui de voir les fantômes.

    Le fantôme de Philomène, une jeune fille morte en 1870, dans l’accident de la filature qui se tenait à la place du collège.

    Repérer un fantôme, c’est déjà pas banal. Mais quand ce fantôme vous apprend qu’un grave danger menace la vie de tous les élèves et que vous seul pouvez les sauver, ce rendez-vous-là, pas question de le rater !

     

    Auteur : Emmanuelle Cosso

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 07 juin 2017

     

    Prix moyen : 11€

     

    Mon avis : J’ai trouvé ce livre plus long que ne le sont habituellement les pepix (mais je ne vais pas m’en plaindre, bien au contraire) et dépourvu des pages bonus qui sont habituellement la marque des pepix (là, par contre, j’ai eu un petit manque).
    La narration est intéressante car l’histoire est racontée par un personnage qui n’assiste pas à tout mais à qui le personnage principal a tout raconté.
    Malgré l’absence de bonus, j’ai trouvé le ton bien adapté à la tranche d’âge avec de petites informations sur le travail des enfants à la fin du XIXème siècle, ainsi que sur la guerre de 1870 (la plupart des enfants croyant que les conflits entre la France et l’Allemagne ont commencé avec la 1ère guerre mondiale).
    Le roman montre aussi que l’ouverture d’esprit n’est guère plus large au XXIème siècle qu’elle ne l’était au moyen-âge. A l’époque, quiconque parlant de terre ronde ou d’appareil volant était considéré comme hérétique car les connaissances de l’époque ne pouvaient admettre de telles choses. Les malheureux finissaient souvent sur le bûcher. Aujourd’hui, on ne brûle plus personne (c’est déjà ça) mais parlez de fantômes ou de voyage dans le temps et vous finirez dans un hôpital psychiatrique au motif que c’est « impossible ». Impossible selon quoi ? Nos connaissances actuelles ? Vous voyez le lien ??
    J’ai beaucoup aimé ce côté mystère non résolu avec le collège construit sur un site ayant connu un malheur.
    J’ai beaucoup aimé aussi que ce soit l’élève un peu souffre-douleur (alors que, de l’avis même de sa camarade de classe, à leur âge, question physique, il y en a pas un pour rattraper l’autre) qui devienne, bien malgré lui, responsable de ce qui pourrait arriver.
    J’ai trouvé Juliette géniale. Même si elle ne voit pas Philomène, elle est prête à faire confiance à Anatole.
    L’intervention de la police est très bien aussi, sans cela, le roman aurait perdu ce petit côté réaliste qui fait que la présence de Philomène s’intègre aussi bien.
    J’ai trouvé un peu dommage de ne pas en savoir plus sur la prof d’anglais, parce qu’elle est quand même pas mal déjantée (et pas dans un sens drôle), j’aurais bien aimé qu’il y ait un lien plus fort entre elle et le fond de l’histoire (peut être une descendante du patron de l’usine ?).
    La fin est douce-amère, mais je l’ai trouvé juste parfaite. J’aurais été encore plus triste si ça ne s’était pas fini ainsi !

     

    Un extrait : Vlan ! Anatole s’est pris la porte en pleine figure… Il chancelle, manque de tomber, mais finit par récupérer son équilibre. Elle a claqué devant lui juste après que la prof de français a crié « le dernier ferme la porte merci ! ». L’avant-dernier, va savoir qui c’était, a pensé qu’il était le dernier. Mauvais calcul. Pourtant, ce n’est pas difficile : le dernier, c’est toujours Anatole.
    Anatole et l’école, c’est un nombre incalculable de portes claquées au nez et de rendez-vous manqués. Chacun rate l’autre depuis le début : l’école ne comprend pas Anatole et Anatole ne comprend pas l’école.
    Un exemple de rendez-vous manqué ? D’accord. Quand il fallait faire la sieste en maternelle, Anatole débordait d’énergie…et d’idées pour la dépenser. Quand il a fallu résoudre des équations en sixième, il était fin prêt à faire la sieste.
    Au fond, Anatole aurait aimé vivre à une autre époque. Une époque d’avant Jules Ferry et l’école obligatoire (disons même avant Charlemagne, pour ne pas prendre de risques). Il aurait vécu à la campagne (Anatole déteste la ville), entouré d’animaux, et aurait passé ses journées à la pêche (Anatole adore la compagnie des poissons, ou plutôt l’espoir de la compagnie d’un poisson). Il aurait rapporté sa pêche du jour pour son repas du soir et fini la journée en lisant des BD, Dragon Ball de préférence.
    On pourrait lui rétorquer que pour ça, il aurait fallu que Dragon Ball ait été inventé avant Jules Ferry (voire Charlemagne), ce qui n’est franchement pas possible, mais Anatole ne se préoccupe pas de ce genre de détails. De toute façon, il a du mal avec les chiffres, les dates, les heures. Il a aussi du mal avec les sous, les mètres, les volumes, enfin bref, avec tout ce qui se compte et se quantifie, tout ce qui se mesure et se pèse. Pour Anatole, l’univers des possibles est un peu plus grand que pour la plupart des gens… et toujours en expansion. C’est sans doute pour ça qu’il a tellement l’air « ailleurs », aux yeux de tous. Enfin, de tous les autres.

  • [Livre] Gare à toi Lauren Wood

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    Résumé : La popularité est la meilleure des vengeances. Lauren Wood a fait un choix. Elle a trahi publiquement sa meilleure amie Helen d'une façon si humiliante que celle-ci a été obligée de déménager. Laisser tomber sa copine valait la peine pour Lauren, parce qu'elle est ainsi entrée à sa nouvelle école avec une aura de popularité. Maintenant en dernière année du secondaire, elle est la cheerleader en chef et la petite amie du quart-arrière de l'équipe de football.

     

    Auteur : Eileen Cook

     

    Edition : Hurtubise

     

    Genre : Chick lit

     

    Date de parution : 2011

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : Petit livre de chick lit sans prétention (on ne dirait pas vu le prix), dont le quatrième de couverture est encore complètement à côté de la plaque (ce n’est pas la trahison de Lauren qui oblige Helen à déménager, c’est la mutation de son père, et le fait que Lauren sorte avec un footballeur n’a aucune importance dans le livre).
    J’ai eu beaucoup de mal à entrer dans l’histoire et cette fois-ci c’est entièrement dû à la traduction.
    En effet, on a ici une traduction canadienne, et, je ne sais pas à quoi sont habitués les canadiens, mais pour moi le texte était trop formel et manquait nettement de naturel surtout concernant les dialogues entre adolescents. Par exemple, une ado de 14 ans s’adresser à un garçon qu’elle ne connait pas en disant : «— Es-tu un amateur de cinéma ? », ou une ado du même âge reprochant à une autre d’avoir dragué un garçon alors qu’elle savait qu’il lui plaisait : « — Helen, pourquoi ne t’es-tu pas jetée à ses pieds tant qu’à y être ? — Je n’ai fait que lui parler. — Es-tu un amateur de cinéma ? Moi, j’adore le cinéma. Permettez-moi de vous ennuyer avec tout ce que je connais sur les vieux films stupides. ». Vous sentez le naturel du dialogue ?
    En plus de cette traduction difficile, j’ai eu du mal à m’adapter aux termes canadiens comme : « finissant » pour « terminale », « sénior » ou « dernière année » ou « meneuses de claques » pour désigner les pom-pom girls ou Cheerleader.
    L’histoire en elle-même est à la fois prévisible et peu crédible : Quel lycée accepterait d’enregistrer un élève sous un faux nom ? Surtout aux États-Unis où les écoles se mêlent d’absolument tout ce que font et pensent les élèves !
    Alors que généralement je lis ce genre de livres en 1 ou 2h, là, je me suis trainée. Comme je n’aime pas abandonner les livres, à moins qu’ils soient vraiment très mauvais et que, curieuse, je voulais savoir comme se terminait l’histoire (j’espérais une surprise quelconque, mais non), je me suis obligée à le terminer. Mais honnêtement, je n’en retiendrais certainement rien.
    Les personnages principaux n’ont aucun intérêt : Helen se comportant exactement comme elle reproche à Lauren de l’avoir fait, et Lauren n’ayant aucune nuance. A un moment, on la plaint un peu, surtout en voyant le comportement de sa mère, mais le personnage ne montre aucune hésitation, aucune faille, comme un robot réglé sur : mal se comporter. Difficile de ressentir de l’empathie dans ces conditions.
    Je suis satisfaite d’être arrivée au bout et, sans pour autant déconseiller cette lecture, je ne vais pas non plus la recommander.

    Un extrait : Je n’aurais jamais dû mettre ma jupe en jeans. Je n’étais pas grosse, mais je m’approchais dangereusement de la frontière des potelées. Je voulais la porter parce que je trouvais qu’elle m’allait bien, mais je l’ai vite regretté. Il faisait trop chaud pour endurer des collants et mes cuisses nues frottaient l’une contre l’autre quand je marchais. J’avais l’impression que des ampoules étaient en train de se former. J’ai changé à nouveau de position sur les gradins pour tenter de créer un courant d’air sous ma jupe. Lauren s’est exclamée :

    — Qu’est-ce qui se passe ? Peux-tu arrêter de gigoter ?

    — J’ai chaud, ai-je expliqué.

    — Bizarre, c’est moi qui suis hot ici.

    Lauren avait pris un air de diva.

    — Ha, ha. Lauren Wood, l’humoriste de l’heure, ai-je annoncé.

    Lauren a fait la révérence. J’étais contente de la voir s’amuser, même si sa blague était ratée. L’idée de changer d’école l’inquiétait beaucoup plus que moi. Depuis des semaines, elle était d’une humeur exécrable et s’emportait pour un rien. Seulement la semaine précédente, nous avions eu quatre disputes. Après l’une d’elles, Lauren ne m’a pas parlé de la journée parce qu’elle croyait que j’avais ri de son lunch. Le silence était l’arme de prédilection de Lauren quand quelqu’un l’embêtait. J’ai fini par la supplier de me pardonner même si j’étais convaincue de n’avoir rien fait de mal. Nos rôles étaient établis depuis des années : Lauren était la reine du drame, j’étais la diplomate. Je l’ai implorée de cesser d’être fâchée contre moi. J’ai même déclaré que j’étais profondément désolée si ses biscuits Oreo avaient souffert de troubles émotifs à cause de moi. J’étais prête à piler sur mon orgueil. Le bonheur de ma meilleure amie valait bien ça.

    — Vois-tu le garçon là-bas ?

    Lauren a indiqué la gauche avec sa tête. Je me suis avancée pour mieux voir, mais elle a enfoncé son coude osseux dans mes côtes en ajoutant précipitamment :

    — Ne le regarde pas.

    — Comment suis-je censée le voir alors ?

    — Observe-le, mais sans avoir l’air de le regarder. Bon sang !

    De façon désinvolte, j’ai parcouru la foule du regard. Le gymnase était bondé. L’école Lincoln était gigantesque. On comptait au moins sept cents jeunes par niveau. Les élèves de premier cycle venaient d’établissements des quatre coins de la ville. Chaque printemps, l’école Lincoln organisait une activité pour réunir les futurs élèves afin qu’ils créent des liens avant la rentrée. Nous avions déjà visité les lieux, assisté à une « foire » des activités parascolaires pour découvrir tous les choix qui s’offraient à nous et avalé un repas chaud à la cafétéria.

    Nous étions maintenant tous au gymnase pour terminer la journée par un rassemblement en l’honneur de cette grande institution. Tout ce cirque avait pour but de réduire notre sentiment de panique à l’automne prochain, comme si l’éventualité de ne pas retrouver notre casier était le véritable problème. Si les écoles voulaient vraiment faire baisser le niveau de stress, elles distribueraient des guides contenant des informations utiles : telle salle de bain est utilisée par les amateurs de substances illicites, l’évier du laboratoire de biologie asperge toujours les utilisateurs et il ne faut jamais choisir le repas chaud à la cafétéria les jours où ils servent du pâté chinois, car il est composé de restes de la semaine précédente surmontés de purée de pommes de terre en boîte. On ne nous transmet jamais les bons renseignements. Il faut les découvrir à nos dépens.

  • [Livre] Il faut sauver Zoé

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    Résumé : Écho a connu des jours meilleurs. Ses parents l’ignorent, trop occupés à sombrer dans la dépression, ses amies d’enfance se détournent d’elle, et son entrée au lycée n’annonce aucune embellie.

    Mais comment parvenir à exister alors que le souvenir de sa sœur, Zoé, assassinée un an plus tôt, continue de la hanter ?

    Quand elle met la main sur le journal intime de sa sœur elle découvre, au fil des pages, les secrets que cette dernière a toujours voulu cacher. Et, entre les lignes, le seul moyen pour Écho de se reconstruire…

     

    Auteur : Alyson Noël

     

    Edition : Michel Lafon

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 12 juin 2014

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : J’ai eu un vrai coup de cœur avec ce livre. Je connaissais déjà la plume d’Alyson Noël mais dans un registre plus fantastique avec la saga éternels.
    Ici l’auteur s’attarde sur le deuil, mais le deuil dans des circonstances particulières. En effet, Zoé, la sœur du personnage principal n’a pas succombé à une maladie ou un accident, elle a été assassinée.
    C’est un point qui peut paraitre secondaire, on peut se dire que le travail de deuil doit se faire dans tous les cas, mais en réalité, ce point est primordial.
    Echo ressent à la fois la tristesse que la perte de Zoé a provoquée, mais elle ressent aussi une certaine colère envers sa sœur. Parce que Zoé a eu une part active dans sa disparition, elle a fait des cachoteries, s’est montrée imprudente, et Echo lui en veut à la fois de l’avoir abandonnée et d’avoir mis sa famille dans cette situation, avec ses parents qui s’étiolent, qui ne se parlent presque plus et qui ne la laisse quasiment plus respirer tant ils craignent qu’on vienne leur arracher la fille qui leur reste.

    Ils rejettent aussi la faute sur beaucoup de monde. Sur le coupable, ben sûr, mais aussi sur Mark, l’ex petit ami de leur fille à qui ils reprochent de « ne pas avoir sauvé Zoé ». Ce reproche, bien évidemment, ils se le font l’un à l’autre, et la vie de la famille en est bouleversée.
    Pour couronner le tout, Echo, fille discrète qui préfère se plonger dans un roman que d’aller à des fêtes et qui a vécu toute sa vie dans l’ombre de sa sœur, entre au lycée que fréquentait celle-ci et se retrouve soudain sous des projecteurs malsains, devenant « celle dont la sœur a été assassinée ».
    Quand elle récupère le journal intime de Zoé, elle se rend compte qu’elle ignorait tout un pan de la vie de cette dernière, et si cela lui permet de mieux la comprendre, cela lui donne le sentiment d’être passé à côté de sa sœur.
    On ne sait pas exactement comment est morte Zoé, et les quelques informations que nous donnent Echo nous laisse imaginer une mort horrible.
    Une fois le livre commencé, il est impossible à lâcher. Comme Echo, on veut savoir quelles ont été les dernières semaines de la vie de zoé et comment elle en est arrivée à se mettre ainsi en danger.
    La plume d’Alyson Noël est fluide et l’histoire émouvante sans sombrer dans le pathos.
    Un livre que je recommande sans hésiter.

    Un extrait : Quand l’employée de la morgue – une dame aux cheveux frisés coiffés en une natte africaine et vêtue d’une longue robe à fleurs – a demandé si on pouvait lui apporter une photo de Zoé, ma mère s’est caché le visage dans les mains et a commencé à sangloter si fort que mon père l’a prise dans ses bras et, la mâchoire serrée, a hoché la tête comme pour indiquer qu’il s’en chargeait.

    Les yeux rivés sur mes Converse noires tout élimées, je ne comprenais pas bien la requête de cette dame. Partout en ville, on avait placardé des affiches avec la photo de Zoé, si bien qu’on croisait son image à chaque coin de rue. Elle qui était insaisissable, incapable de tenir en place, j’avais l’impression de la voir davantage que quand elle vivait dans la chambre à côté de la mienne.

    Ça avait commencé par deux petits flyers, que l’on avait scotchés partout où on avait trouvé de la place. Le premier, réalisé en urgence, était un agrandissement en noir et blanc d’une photo d’identité datant de un an. Pour le second, on avait utilisé un portrait plus récent, qui montrait ma sœur dans toute sa splendeur : belle, vive, heureuse. On y avait ajouté la promesse d’une généreuse récompense à quiconque serait capable de nous fournir la moindre information.

    Puis, les jours passant, on a commencé à voir son visage un peu partout : journaux, magazines, et même à la télé. Des âmes sensibles et sûrement bien intentionnées ont défilé devant notre maison pour y déposer des bougies, des poèmes, des animaux en peluche, des anges en porcelaine et, évidemment, des photos de Zoé. Quand ce mausolée de fortune a menacé d’envahir la rue tout entière, mon père et un de nos voisins ont décidé de débarrasser tout ce bazar.

    Ironie du sort : Zoé avait toujours rêvé de devenir mannequin ou actrice, et d’être admirée de tous. Elle attendait avec impatience le jour où elle pourrait échapper à notre bled paumé et mettre le cap sur Los Angeles, New York ou une autre grande ville à l’atmosphère trépidante. Alors, pendant qu’on la cherchait partout en s’efforçant de faire taire nos doutes, je m’imaginais que tout ça lui ferait une pub d’enfer et l’aiderait à lancer sa carrière. Que c’était en quelque sorte le casting ultime. J’ai donc trompé de longues heures d’angoisse à prétendre qu’elle serait ravie de voir son portrait repris en chœur par tout le pays lorsque, enfin, elle rentrerait à la maison.

    Puis, à la morgue, j’ai vu mes parents forcés de prendre les décisions les plus terribles qui soient, poussés à s’endetter par un croque-mort en costume noir qui leur recommandait le cercueil le plus luxueux de sa collection, les couronnes de fleurs les plus extravagantes, les colombes les plus blanches. Éberluée, j’ai compris que le deuil constituait un business lucratif et me suis demandé si ma mère percevait l’ironie de cette situation – l’ambition de Zoé, la requête de l’employée… Je me suis demandé si c’était pour ça qu’elle pleurait aussi fort.

    Puis j’ai renoncé à chercher une raison unique à son chagrin : il y en avait tellement…

  • [Livre] Les nuits blanches du chat botté

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    Résumé : En octobre 1700, d'étranges crimes ensanglantent la région si paisible des Alpes provençales. A quelques jours d'intervalle, on a retrouvé le cadavre d'une jeune fille curieusement vêtue d'une cape rouge, puis un mari et sa femme étranglés dans leur lit, la bouche emplie de petits cailloux blancs, enfin un marchand et sa fillette eux aussi étranglés. L'enquête est confiée au procureur Guillaume de Lautaret. Jeune homme à l'esprit vif, aussi habile à tirer l'épée qu'à trousser les filles, il s'ennuie mortellement dans cette place forte où rien ne se passe et rêve d'une brillante carrière à Versailles. Non loin de là, Delphine d'Orbelet s'ennuie tout autant dans les salons du château de sa mère. L'affaire va passionner et rapprocher les deux jeunes gens. Ils ne pourront cependant comprendre le sens de ces meurtres sauvages sans la découverte faite par Delphine à la lecture des fameux Contes de ma mère l'Oye...

     

    Auteur : Jean-Christophe Duchon-Doris

     

    Edition : 10/18

     

    Genre : Thriller historique

     

    Date de parution : 01 avril 2004

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : J’ai lu ce roman par curiosité car l’auteur est l’époux de mon ancienne prof de droit comparé. Comme j’ai maintenant quitté la fac et que je ne risque plus ni d’être saquée, ni d’être accusée de fayottage, j’ai enfin lu ce livre et peut donner mon avis sans « risque ».
    Dès les premières pages, 1er point positif pour moi : l’auteur a adapté le vocabulaire employé à l’époque à laquelle se passe l’histoire. Je sais que c’est souvent, au contraire, un point négatif pour les lecteurs qui sont perturbés de ne pas avoir une écriture moderne, mais pour moi, c’est un des plaisirs de lire une histoire qui se passe au moyen-âge ou sous l’Ancien Régime: avoir l’impression d’y être. Bon évidemment, je ne lirai pas un livre écrit en ancien français : ça peut être marrant, mais faut s’accrocher.
    Au début, j’ai eu un peu de mal à entrer dans l’histoire, mais assez rapidement on se prend au jeu. Si on sait dès le départ que les meurtres ne sont pas du fait d’un animal mais d’un homme, il est difficile de ne pas voir tout le monde comme un suspect.
    Je me suis vraiment attachée à Delphine et Guillaume (et d’ailleurs, je pense lire les deux autres romans qui les mettent en scène).
    Plusieurs affaires se mêlent : Guillaume s’intéresse surtout au meurtrier, tandis que les agents du royaume veulent avant tout capturer un leader de la foi réformé (A la limite, la population peut se faire massacrer, ils s’en foutent).
    J’ai bien aimé les références aux contes qui permettent d’avancer dans l’enquête sans pour autant prendre le pas sur elle. On a d’ailleurs aussi une référence à l’histoire de la bête du Gévaudan, puisque les loups sont accusés d’une partie des meurtres et qu’une battue va être organisée quand bien même Guillaume est certain que les bêtes n’ont rien à voir dans l’histoire.
    Personnellement, même si j’avais établi plusieurs hypothèses, j’étais très loin de l’identité du coupable que je n’ai trouvé qu’en même temps que Guillaume. J’ai plongé à pied joint dans les pièges tendus par l’auteur, sans aucune frustration d’ailleurs, parce que c’était vraiment bien tourné.

    Un extrait : Si Mme d’Astuard et Mme d’Orbelet ne partageaient pas toujours les mêmes idées, elles s’entendaient pour ne pas se mêler aux autres familles nobles de la vallée, la première parce qu’elle redoutait que les fêtes d’aujourd’hui ne fussent que la pâle copie des fêtes d’autrefois, la seconde parce qu’elle fuyait l’agitation du monde. Si bien qu’à l’exception des domestiques, les seuls hommes qui fréquentaient le château étaient l’abbé Jorisse, vicaire officiel de la chapelle de Montclar, et le chevalier de Beuldy.

    Le chevalier de Beuldy habitait une ancienne forteresse, à moins d’une lieue du château, et venait en voisin. C’était un petit homme au pourpoint fatigué, canne à la main, fraise et chausses fanées, et toujours, sur sa tête chiffonnée, pardessus une vieille perruque poudrée de frimas, un chapeau avec la plume unique d’un faisan. Ancien compagnon d’armes de feu le baron François-Louis d’Astuard, il avait, en cette qualité, acquis le privilège définitif d’entrer comme chez lui dans la bibliothèque de Montclar où il se livrait à des travaux d’érudit dont lui seul connaissait la teneur. D’une maigreur et d’une discrétion qui le dotaient comme d’une transparence, il venait sans se faire annoncer, glissait dans les couloirs, montait les escaliers, flottait jusqu’aux ouvrages qu’il voulait consulter. Seul, parfois, le hurlement aigu mais bref d’un domestique sursautant en croisant son fantôme révélait sa présence à Montclar.

    Mais, ce matin-là, il ne chercha pas à se cacher. Ce fut dans un grand désordre qu’il fit irruption dans le vestibule du château et qu’il se précipita sur Delphine.

    – Ah ! mon Dieu ! dit-il. Connaissez-vous la nouvelle ? Une jeune fille a été tuée sur vos terres !

    – Sur nos terres ! s’écria, à l’étage, Mme d’Astuard en se penchant par-dessus la rampe de l’escalier. Comment est-ce possible ? Êtes-vous sûr de vous, monsieur le chevalier ?

    – Je viens de croiser le chirurgien que l’on était allé quérir. Il réclame de l’eau et des linges.

    – Une jeune fille… ? répéta Delphine, très pâle, en s’appuyant sur l’une des colonnes de l’entrée.

    Marie d’Astuard donnait déjà des ordres. Elle avait enfilé sa capeline et secouait le chevalier pour qu’il la conduisît le plus vite possible sur les lieux du drame. Ils partirent en courant. Leurs pas pressés sur la pierraille du chemin sonnaient dans l’air limpide comme du verre brisé.

    C’était un jour pâle et tranquille, un jour d’automne, balayé de longs tourbillons de feuilles. Le ciel, dans l’aube naissante, n’était qu’un grand linceul blanc. Delphine hésita et puis, les jambes chancelantes, elle courut après eux.

  • [Livre] L’étrange vie de Nobody Owen

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    Résumé : Nobody Owens est un petit garçon parfaitement normal. Ou plutôt, il serait parfaitement normal s'il n'avait pas grandi dans un cimetière, élevé par un couple de fantômes, protégé par Silas, un être étrange ni vivant ni mort, et ami intime d'une sorcière brûlée vive autrefois. Mais quelqu'un va attirer Nobody au-delà de l'enceinte protectrice du cimetière : le meurtrier qui cherche à l'éliminer depuis qu'il est bébé. Si tu savais, Nobody, comme le monde des vivants est dangereux... 

     

    Auteur : Neil Gaiman

     

    Edition : Albin Michel

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 04 mai 2012

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : L’histoire commence bien avec un homme qui s’introduit dans une famille pour la décimer. Pourquoi ? Quel intérêt de tuer ainsi toute une famille ? Mystère… On n’en saura pas plus avant la fin du roman. Toujours est-il que cet homme, appelé le Jack, semble non seulement très désireux d’accomplir sa tâche, mais aussi obnubilé par l’idée de tuer tout le monde, y compris et surtout le bébé. Mais celui-ci, petit cascadeur fugueur, crapahute en dehors de la maison et se retrouve à l’intérieur d’un cimetière où il va déclencher la curiosité des morts.
    Les fantômes de Mr et Mme Owens vont décider de l’adopter et vont convaincre l’assemblée des fantômes de permettre au petit garçon de devenir citoyen du cimetière.
    Un autre débat lui donnera son prénom : Nobody. Ainsi sera baptisé Nobody Owens. On ne lui connait aucun autre nom. Ses parents et autres fantômes ne pouvant pas sortir du cimetière, il aura pour tuteur un être à cheval entre les deux mondes. Même si le mot n’est pas prononcé, je pense qu’il est assez clair, très vite, que Silas est un vampire.
    Dans le cimetière on trouve aussi un affreux passage vers un monde, les enfers ou autre chose, dans lequel vivent les goules. C’était un passage assez sombre, assez horrible aussi et les plus jeunes lecteurs risquent de voir les affreuses bestioles s’inviter dans leurs rêves (et personnellement, je ne pardonne pas à l’auteur d’avoir fait de Victor Hugo une goule… non mais vraiment ! Ils n’ont pas leurs propres auteurs à discréditer ces anglais ? Ca ne leur a pas suffi de nous faire bruler Jeanne d’Arc et de nous avoir exilé un empereur ?)
    Nobody n’a pas le droit de sortir du cimetière car dehors, le tueur rode et n’a pas renoncer à retrouver l’enfant qu’il a échoué à tuer. Or, tant qu’il est dans le cimetière, Nobody échappe à son radar…
    Bon vous vous doutez, du coup, qu’il ne va pas y rester dans ce cimetière !
    Ce qui m’a un peu gêné c’est le manque d’action. Certes chaque petit détail, comme la brève camaraderie qu’il a avec une enfant de 5 ans, va avoir un impact plus tard, un impact important sur l’intrigue. Mais la lenteur avec laquelle ces éléments sont mis en place a un peu freiné mon enthousiasme. La lecture n’a pas été pénible, mais j’ai connu plus entraînant.
    Concernant le méchant, j’ai mis un petit moment à l’identifier, aussi bien dans le livre que dans l’origine de son nom (et une fois que j’ai eu les éléments sous les yeux, je me suis sentie comme une imbécile tant ça paraissait soudain évident !)

    En revanche, j’ai bien aimé l’histoire du Jack et l’explication de pourquoi on l’appelle LE Jack et pas seulement Jack.

    En résumé, ce n’était pas une mauvaise lecture, l’idée était originale et sympa mais l’action met bien trop de temps à arriver dans le récit.

    Un extrait : Noyé dans l’ombre, l’inconnu regarda le Jack jusqu’à ce qu’il fut hors de vue. Puis il se déplaça dans la nuit et monta, monta jusqu’au replat sous le sommet de la colline, là où se dressait un obélisque et où une pierre plate sertie dans le sol perpétuait la mémoire de Josiah Worthington, brasseur local, politicien puis baronnet, qui avait, voilà presque trois cents ans, acquis le vieux cimetière et les terres alentour pour céder l’ensemble à la ville, concession à perpétuité. Il s’était attribué le meilleur emplacement de la colline – un amphithéâtre naturel avec vue sur toute la cité et au-delà –, et avait fait en sorte que le cimetière demeurât durablement un cimetière, ce dont les habitants lui étaient reconnaissants, quoique pas tout à fait autant qu’ils l’auraient dû, de l’avis même du baronnet Josiah Worthington.

    Ce cimetière comptait en tout quelque dix mille âmes, mais la plupart dormaient profondément ou ne s’intéressaient nullement aux petites affaires nocturnes du lieu, et moins de trois cents étaient présentes dans l’amphithéâtre, sous le clair de lune.

    L’inconnu les rejoignit, aussi silencieux que la brume elle-même, et assista aux débats dans l’ombre, sans rien dire.

    Josiah Worthington avait la parole.

    — Ma chère madame, votre obstination est tout à fait, tout à fait… enfin, ne voyez-vous pas le ridicule de la situation ?

    — Non, répondit Mrs Owens. Je ne vois pas.

    Elle était assise par terre, jambes croisées, et l’enfant vivant dormait sur ses genoux. Elle tenait délicatement sa tête entre ses mains pâles.

    — Sauf votre respect, votre honneur, intervint Mr Owens debout à côté d’elle, ce qu’essaie de dire Mrs Owens, c’est qu’elle ne voit point les choses ainsi. Elle n’y voit que son devoir.

    Mr Owens avait rencontré Josiah Worthington en chair et en os du temps qu’ils étaient tous deux en vie, il avait même fabriqué plusieurs meubles de qualité pour le manoir Worthington, près d’Inglesham, et le baronnet lui faisait toujours forte impression.

    — Son devoir ?

    L’honorable Josiah Worthington secoua la tête, comme pour en déloger un fil d’araignée.

    — Votre devoir, madame, s’exerce envers le cimetière, pour le bien commun de ceux qui composent cette population d’esprits désincarnés, de revenants et d’entités diverses, et votre devoir est donc de restituer dès que possible la créature à son environnement naturel… qui ne se trouve point ici.

    — C’est sa maman qui m’a confié ce garçon, s’obstina Mrs Owens d’un ton sans réplique.

    — Chère petite madame…

    — Je ne suis pas votre chère petite madame, trancha-t-elle en se levant. À vrai dire, je ne sais même pas pourquoi je reste ici à parler avec tous ces ânes bâtés bêtes à manger du foin que vous êtes, alors que ce petit-là va bientôt se réveiller affamé… et où vais-je lui trouver à manger dans ce cimetière, je vous le demande ?

    — Voilà, dit Caius Pompeius avec raideur, précisément le problème. De quoi, en effet, allez-vous le nourrir ? Comment pourriez-vous vous occuper de lui ?

    Les yeux de Mrs Owens lancèrent des éclairs.

    — Je saurai veiller sur lui. Aussi bien que sa vraie maman. Elle me l’a confié, non ? Regardez : je le tiens dans mes bras. Je le touche.

    — Enfin, Betsy, soyez donc raisonnable, gronda la mère Slaughter, une petite vieille perdue sous le bonnet et la cape énormes qu’elle portait de son vivant et dans lesquels on l’avait enterrée. Où logerait-il ?

    — Ici même. Nous pourrions le nommer citoyen libre du cimetière.

    La bouche de la mère Slaughter forma un minuscule « o ».

    — Mais ! fit-elle.

    Puis :

    — Ça par exemple.

    — Et pourquoi pas ? Ce ne serait point la première fois que nous accorderions la libre citoyenneté à un étranger.

    — C’est vrai, concéda Caius Pompeius. Mais il n’était pas vivant, lui.

  • [Livre] La mécanique du Chaos – T01 – Le grand partage

     

    Je remercie le site Librinova et Tom Joad pour cette lecture

     

    La mécanique du chaos.jpg

    Résumé : « — C’est parti, dit Lana sans réfléchir. Ça va nous tomber dessus avec une puissance incroyable...
    Comme pour lui donner raison, un sifflement s'éleva du côté est. D'abord lointain, timide, semblable au chuintement d'une cocotte-minute. Et puis de plus en plus impérieux. Il devint vite assourdissant, terrifiant. Le ciel et la terre s'étaient mis à gémir, à hurler de concert. Et ça continuait de croître de façon exponentielle. […] Le vent ne tournait pas, il fonçait en ligne droite comme un tsunami, et son souffle titanesque balayait tout sur son passage en une fraction de seconde...
    — Seigneur ! » pensa Lana horrifiée. »
    Alors que l’univers semble s’abattre sur Lana et son frère Alex, parviendront-ils à s’échapper avant qu’il ne soit trop tard ?

     

    Auteur : Tom Joad

     

    Edition : Librinova

     

    Genre : Aventure/ Anticipation

     

    Date de parution : 2017

     

    Prix moyen : 2€

     

    Mon avis : J’ai adoré ce livre ! Enfin un livre autoédité qui a la qualité de ceux qui ont passé le barrage impitoyable de l’édition traditionnelle.
    Les dialogues sont naturels et percutants. Il n’y a pas de dialogues inutiles faits uniquement pour meubler et donner quelques paragraphes supplémentaires à un texte trop court. Non, ici chaque échange est intéressant et utile pour l’histoire.
    Les descriptions sont courtes et vont droit au but, il n’y a donc aucune longueur et c’est tant mieux parce que dans ce genre de livres, les longueurs font perdre tout le rythme et il est difficile ensuite de se remettre dans le bain.
    Il y a quelques coquilles, mais nettement moins que ce que j’ai pu voir dans d’autres livres autoédités. La plupart du temps ce sont des mots qui, a priori, n’ont pas été effacé alors que l’auteur a changé une partie de la phrase. Par exemple : « et traversa la chambre sur à pas de loup ». Je suppose que l’auteur avait commencé par écrire quelque chose comme « et traversa la chambre sur la pointe des pieds » et qu’il a ensuite changé pour « à pas de loup ». Dans l’opération, il semblerait que « sur » n’ait pas été effacé. Voilà le genre de coquilles que l’on peut trouver et il faut dire qu’il y en a très peu.
    L’histoire est mise en place assez rapidement et on apprend les informations en même temps que les personnages ce qui nous donne vraiment l’impression de vivre les évènements.
    Lana et Alex sont deux ados assez attachants, même si Alex est un peu trop donneur de leçon à mon goût. Franck, leur père, est un peu trop « militaire » (remarquez, pour un capitaine des Navy Seals, ça se comprend un peu), il a un peu trop tendance a exiger de ses enfants qu’ils soient de parfaits soldats ce qui ne semble pas marcher avec sa fille.
    Price est si détestable qu’il en est écœurant et si ses gardes et sa « petite amie » ne sont pas blancs comme neige, loin de là, ils semblent quand même avoir une certaine morale et je suis impatiente de voir ce qu’ils réservent à ce sale type.
    On fini ce tome avec énormément de questions en suspens.
    Si souvent je trouve qu’il est un peu présomptueux de la part des auteurs autoédités d’écrire un roman en plusieurs tomes, ici je suis contente que Tom Joad l’ait fait et je suis vraiment très impatiente de découvrir le tome 2 !

     

    Un extrait : Franck raccrocha le téléphone avec un grognement sourd et balança la poche de glace à l'autre bout du bureau. Elle s'aplatit sur le mur et retomba mollement sur le parquet. Il se força ensuite à inspirer profondément et posa ses grosses mains à plat devant lui. Il détestait agir dans l'urgence, mais là il n'avait pas le choix. Tous ses plans tombaient à l'eau.

    Il ne fallait pas compter attraper un avion d'une ligne régulière. Il était également trop tard pour espérer parcourir en voiture les centaines de kilomètres les séparant de la future Zone Blanche. Aussitôt les premiers phénomènes observés, le gigantesque dispositif se mettrait en place, créant une frontière presque hermétique qui leur interdirait l'accès vers l'ouest. Les principaux axes routiers seraient barrés par l'armée. Les transports aériens seraient suspendus jusqu'à une date inconnue.

    Les gens se retrouveraient alors bloqués d'un côté ou de l'autre. Du bon ou du mauvais. Question de chance, ou de relations...

    Pour l'instant, Franck et ses enfants se trouvaient du mauvais côté, et même lui ne pouvait mesurer tout ce que cela impliquait - personne ne le pouvait vraiment, en fait, il y avait trop de paramètres inconnus. Après le mal de chien qu'il s'était donné ces derniers mois pour assurer leur avenir, c'était à devenir dingue.

    Pourtant, il ne fallait surtout pas qu'il cède à la colère, et encore moins à la panique. Cela ne ferait qu'empirer les choses. Il devait relativiser, se dire que dans leur malheur ils avaient quand même de la chance. Ils vivaient aux environs du quarante-cinquième parallèle, suffisamment au Nord pour couper au plus gros du désastre - du moins en théorie. Mais pour ceux qui habitaient plus au Sud, vers le point zéro, ce serait l'enfer sur terre...

    Garder la tête froide. Rester calme, concentré et méthodique.

    Selon les informations relayées par Terry, l'événement se produirait donc durant la nuit, aux alentours d'une heure. Soit près de deux mois avant la date qu'on leur avait donnée depuis le départ.

    Franck ne croyait absolument pas à l'erreur de calcul. Ils s'étaient fait berner, tous autant qu'ils étaient. On avait acheté leur silence à coups de promesses, et maintenant...

    Ainsi, seuls quelques initiés – parmi les plus riches, les plus puissants - allaient finalement tirer leur épingle du jeu ; un groupe encore plus réduit que celui initialement prévu. Ces salauds ne l'emporteraient pas au paradis, mais l'heure des comptes viendrait plus tard. Du moins, Franck l'espérait de tout cœur. Il fallait bien qu'il subsiste encore un peu de justice dans ce monde, sinon on ne pouvait plus croire en rien...

    Pour l'instant, il fallait parer au plus pressé.

    Il n'était plus question de mettre la maison en vente pour récupérer de l'argent - Franck avait fait des économies, mais dans ce Nouveau Monde où ils allaient vivre, qui pouvait savoir... -, ni de préparer psychologiquement Lana et Alex au déménagement, comme c'était prévu. Ils allaient tous y laisser des plumes, ça ne faisait pas de doute.

  • [Livre] Moby Dick

    Moby Dick.jpg

    Résumé : Attiré par la mer et le large, Ishmaël (en), le narrateur, décide de partir à la chasse à la baleine. Il embarque sur le Péquod (en), baleinier commandé par le capitaine Achab. Ismaël se rend vite compte que le bateau ne chasse pas uniquement pour alimenter le marché de la baleine. Achab recherche Moby Dick, un cachalot blanc particulièrement féroce et d'une taille impressionnante, qui lui a arraché une jambe par le passé. Achab emmène son équipage dans un voyage autour du monde à la poursuite du cachalot dont il a juré de se venger.

     

    Auteur : Herman Melville

     

    Edition : Ferni

     

    Genre : Classique étranger

     

    Date de parution : 1978 (traduction partielle)

     

    Prix moyen : 10€ (d’occasion)

     

    Mon avis : La version que je possède est une traduction partielle de 1978, expurgée de toutes les descriptions et longueurs que l’on reproche souvent à se livre à l’origine de près de 1000 pages et 135 chapitres (dans la version partielle que j’ai, il y a 287p et 21 chapitres, sans pour autant  qu’on ait une sensation de manque).
    Je ne regrette pas que cette version ait supprimé tous les passages sur l’étude des baleines, sur la chasse, sur les diverses utilisations qui sont faites de la viande de baleine… Ce sont des informations qui sont certainement intéressantes, mais qui ont plus leur place dans un traité que dans un roman. Pour le peu qui a été conservé dans la version que j’ai lu, j’ai trouvé que ça coupait le rythme de l’histoire et après coup, c’était difficile de se remettre dedans.
    Il faut dire que la lecture est assez difficile : il y a peu de dialogues, les personnages ne sont guère attachants. Le seul qui aurait pu l’être est Queequeg mais il n’est pas assez développé pour qu’on puisse vraiment avoir de l’empathie pour lui.
    La narration est assez monotone, Ismaël décrivant tout ce qu’il fais presque geste par geste (disons qu’après trois pages où il ne fait que décrire la vie sur la baleinière, on commence à comprendre la situation…).
    Achab est détestable, il se fiche complètement des autres, que ce soit ses hommes ou ceux que sa baleinière croise sur sa route. Pendant une grande partie du roman, on se demande même si la baleine blanche ne serait pas qu’une élucubration de son esprit malade (même si on sait bien que non). Son obsession à tuer la baleine blanche serait peut être moins malsaine s’il ne prêtait pas à la bête une préméditation dans ses attaques qui ne sont que des réactions normales d’un animal traqué, blessé et effrayé. Achab se place en victime en oubliant un peu vite que c’est lui l’agresseur, et non la baleine.
    Mais qui est le plus coupable dans cette histoire ? Le capitaine Achab et sa folie ? Ou ses second, qui bien conscient que l’homme a non seulement perdu l’esprit mais agit en totale contradiction avec les ordres donnés par les propriétaires du bateau, le laisse faire, par pure lâcheté, alors que même Achab admet qu’ils auraient le droit pour eux.
    De plus alors que le résumé et le sujet du livre promettent de l’action et de l’aventure, on en a finalement très peu : seulement pendant les 2 ou 3 chasses auxquelles on assiste. Tout le reste est lent, très lent.
    La fin est attendue, il n’y a aucune surprise et elle est trop rapide par rapport à la longueur du roman (même dans cette version abrégée). Quant à l’épilogue, il est si bref qu’on en garde un sentiment de manque, d’inachevé. On aurait presque préféré qu’il n’y en ait pas.

    Un extrait : Appelez-moi Ismaël, si vous voulez. Il y a quelques années – à quoi bon préciser davantage ? – n’ayant plus d’argent en poche, ou si peu, et rien à faire à terre, je décidai de naviguer encore et de revoir les grands espaces liquides du globe. C’est ma façon de chasse le spleen et de purifier le sang. Quand je sens ma bouche prendre un pli amer, quand un Novembre triste et bruineux s’installe en mon âme, quand je me surprends arrêté devant les magasins de Pompes Funèbres et suivant tous les enterrements que je rencontre, c’est qu’il est grand temps pour moi de lever l’ancre. Mais n’allez pas croire que j’embarque comme passager, car pour être passager, il faut avoir une bourse et une bourse n’est qu’un chiffon si elle est vide. Non, quand je vais en mer c’est comme simple matelot. Mais pourquoi, après avoir plusieurs fois pris l’air du large en m’engageant dans la Marine marchande, ne suis-je mis dans la tête d’aller pêcher la baleine ? Maintenant que toutes les circonstances me reviennent, je crois comprendre un peu quels motifs m’ont poussé à jouer ce rôle. En premier, venait l’image fabuleuse de la grande baleine elle-même. Ce monstre formidable et mystérieux, les océans lointains et sauvages où il roulait sa masse semblable à une île, et les périls indescriptibles qu’il représentait, tout cela piquait au vif ma curiosité. Pour un autre, tout ceci n’aurait peut-être pas d’attrait, mais moi je brûle sans cesse de découvrir les choses lointaines. J’aime naviguer sur les mers interdites et débarquer sur les rivages redoutables. Pour toutes ces raisons, la pêche à la baleine était la bienvenue.