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[Livre] L’étrange vie de Nobody Owen

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Résumé : Nobody Owens est un petit garçon parfaitement normal. Ou plutôt, il serait parfaitement normal s'il n'avait pas grandi dans un cimetière, élevé par un couple de fantômes, protégé par Silas, un être étrange ni vivant ni mort, et ami intime d'une sorcière brûlée vive autrefois. Mais quelqu'un va attirer Nobody au-delà de l'enceinte protectrice du cimetière : le meurtrier qui cherche à l'éliminer depuis qu'il est bébé. Si tu savais, Nobody, comme le monde des vivants est dangereux... 

 

Auteur : Neil Gaiman

 

Edition : Albin Michel

 

Genre : Jeunesse

 

Date de parution : 04 mai 2012

 

Prix moyen : 7€

 

Mon avis : L’histoire commence bien avec un homme qui s’introduit dans une famille pour la décimer. Pourquoi ? Quel intérêt de tuer ainsi toute une famille ? Mystère… On n’en saura pas plus avant la fin du roman. Toujours est-il que cet homme, appelé le Jack, semble non seulement très désireux d’accomplir sa tâche, mais aussi obnubilé par l’idée de tuer tout le monde, y compris et surtout le bébé. Mais celui-ci, petit cascadeur fugueur, crapahute en dehors de la maison et se retrouve à l’intérieur d’un cimetière où il va déclencher la curiosité des morts.
Les fantômes de Mr et Mme Owens vont décider de l’adopter et vont convaincre l’assemblée des fantômes de permettre au petit garçon de devenir citoyen du cimetière.
Un autre débat lui donnera son prénom : Nobody. Ainsi sera baptisé Nobody Owens. On ne lui connait aucun autre nom. Ses parents et autres fantômes ne pouvant pas sortir du cimetière, il aura pour tuteur un être à cheval entre les deux mondes. Même si le mot n’est pas prononcé, je pense qu’il est assez clair, très vite, que Silas est un vampire.
Dans le cimetière on trouve aussi un affreux passage vers un monde, les enfers ou autre chose, dans lequel vivent les goules. C’était un passage assez sombre, assez horrible aussi et les plus jeunes lecteurs risquent de voir les affreuses bestioles s’inviter dans leurs rêves (et personnellement, je ne pardonne pas à l’auteur d’avoir fait de Victor Hugo une goule… non mais vraiment ! Ils n’ont pas leurs propres auteurs à discréditer ces anglais ? Ca ne leur a pas suffi de nous faire bruler Jeanne d’Arc et de nous avoir exilé un empereur ?)
Nobody n’a pas le droit de sortir du cimetière car dehors, le tueur rode et n’a pas renoncer à retrouver l’enfant qu’il a échoué à tuer. Or, tant qu’il est dans le cimetière, Nobody échappe à son radar…
Bon vous vous doutez, du coup, qu’il ne va pas y rester dans ce cimetière !
Ce qui m’a un peu gêné c’est le manque d’action. Certes chaque petit détail, comme la brève camaraderie qu’il a avec une enfant de 5 ans, va avoir un impact plus tard, un impact important sur l’intrigue. Mais la lenteur avec laquelle ces éléments sont mis en place a un peu freiné mon enthousiasme. La lecture n’a pas été pénible, mais j’ai connu plus entraînant.
Concernant le méchant, j’ai mis un petit moment à l’identifier, aussi bien dans le livre que dans l’origine de son nom (et une fois que j’ai eu les éléments sous les yeux, je me suis sentie comme une imbécile tant ça paraissait soudain évident !)

En revanche, j’ai bien aimé l’histoire du Jack et l’explication de pourquoi on l’appelle LE Jack et pas seulement Jack.

En résumé, ce n’était pas une mauvaise lecture, l’idée était originale et sympa mais l’action met bien trop de temps à arriver dans le récit.

Un extrait : Noyé dans l’ombre, l’inconnu regarda le Jack jusqu’à ce qu’il fut hors de vue. Puis il se déplaça dans la nuit et monta, monta jusqu’au replat sous le sommet de la colline, là où se dressait un obélisque et où une pierre plate sertie dans le sol perpétuait la mémoire de Josiah Worthington, brasseur local, politicien puis baronnet, qui avait, voilà presque trois cents ans, acquis le vieux cimetière et les terres alentour pour céder l’ensemble à la ville, concession à perpétuité. Il s’était attribué le meilleur emplacement de la colline – un amphithéâtre naturel avec vue sur toute la cité et au-delà –, et avait fait en sorte que le cimetière demeurât durablement un cimetière, ce dont les habitants lui étaient reconnaissants, quoique pas tout à fait autant qu’ils l’auraient dû, de l’avis même du baronnet Josiah Worthington.

Ce cimetière comptait en tout quelque dix mille âmes, mais la plupart dormaient profondément ou ne s’intéressaient nullement aux petites affaires nocturnes du lieu, et moins de trois cents étaient présentes dans l’amphithéâtre, sous le clair de lune.

L’inconnu les rejoignit, aussi silencieux que la brume elle-même, et assista aux débats dans l’ombre, sans rien dire.

Josiah Worthington avait la parole.

— Ma chère madame, votre obstination est tout à fait, tout à fait… enfin, ne voyez-vous pas le ridicule de la situation ?

— Non, répondit Mrs Owens. Je ne vois pas.

Elle était assise par terre, jambes croisées, et l’enfant vivant dormait sur ses genoux. Elle tenait délicatement sa tête entre ses mains pâles.

— Sauf votre respect, votre honneur, intervint Mr Owens debout à côté d’elle, ce qu’essaie de dire Mrs Owens, c’est qu’elle ne voit point les choses ainsi. Elle n’y voit que son devoir.

Mr Owens avait rencontré Josiah Worthington en chair et en os du temps qu’ils étaient tous deux en vie, il avait même fabriqué plusieurs meubles de qualité pour le manoir Worthington, près d’Inglesham, et le baronnet lui faisait toujours forte impression.

— Son devoir ?

L’honorable Josiah Worthington secoua la tête, comme pour en déloger un fil d’araignée.

— Votre devoir, madame, s’exerce envers le cimetière, pour le bien commun de ceux qui composent cette population d’esprits désincarnés, de revenants et d’entités diverses, et votre devoir est donc de restituer dès que possible la créature à son environnement naturel… qui ne se trouve point ici.

— C’est sa maman qui m’a confié ce garçon, s’obstina Mrs Owens d’un ton sans réplique.

— Chère petite madame…

— Je ne suis pas votre chère petite madame, trancha-t-elle en se levant. À vrai dire, je ne sais même pas pourquoi je reste ici à parler avec tous ces ânes bâtés bêtes à manger du foin que vous êtes, alors que ce petit-là va bientôt se réveiller affamé… et où vais-je lui trouver à manger dans ce cimetière, je vous le demande ?

— Voilà, dit Caius Pompeius avec raideur, précisément le problème. De quoi, en effet, allez-vous le nourrir ? Comment pourriez-vous vous occuper de lui ?

Les yeux de Mrs Owens lancèrent des éclairs.

— Je saurai veiller sur lui. Aussi bien que sa vraie maman. Elle me l’a confié, non ? Regardez : je le tiens dans mes bras. Je le touche.

— Enfin, Betsy, soyez donc raisonnable, gronda la mère Slaughter, une petite vieille perdue sous le bonnet et la cape énormes qu’elle portait de son vivant et dans lesquels on l’avait enterrée. Où logerait-il ?

— Ici même. Nous pourrions le nommer citoyen libre du cimetière.

La bouche de la mère Slaughter forma un minuscule « o ».

— Mais ! fit-elle.

Puis :

— Ça par exemple.

— Et pourquoi pas ? Ce ne serait point la première fois que nous accorderions la libre citoyenneté à un étranger.

— C’est vrai, concéda Caius Pompeius. Mais il n’était pas vivant, lui.

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