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[Livre] Les nuits blanches du chat botté

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Résumé : En octobre 1700, d'étranges crimes ensanglantent la région si paisible des Alpes provençales. A quelques jours d'intervalle, on a retrouvé le cadavre d'une jeune fille curieusement vêtue d'une cape rouge, puis un mari et sa femme étranglés dans leur lit, la bouche emplie de petits cailloux blancs, enfin un marchand et sa fillette eux aussi étranglés. L'enquête est confiée au procureur Guillaume de Lautaret. Jeune homme à l'esprit vif, aussi habile à tirer l'épée qu'à trousser les filles, il s'ennuie mortellement dans cette place forte où rien ne se passe et rêve d'une brillante carrière à Versailles. Non loin de là, Delphine d'Orbelet s'ennuie tout autant dans les salons du château de sa mère. L'affaire va passionner et rapprocher les deux jeunes gens. Ils ne pourront cependant comprendre le sens de ces meurtres sauvages sans la découverte faite par Delphine à la lecture des fameux Contes de ma mère l'Oye...

 

Auteur : Jean-Christophe Duchon-Doris

 

Edition : 10/18

 

Genre : Thriller historique

 

Date de parution : 01 avril 2004

 

Prix moyen : 7€

 

Mon avis : J’ai lu ce roman par curiosité car l’auteur est l’époux de mon ancienne prof de droit comparé. Comme j’ai maintenant quitté la fac et que je ne risque plus ni d’être saquée, ni d’être accusée de fayottage, j’ai enfin lu ce livre et peut donner mon avis sans « risque ».
Dès les premières pages, 1er point positif pour moi : l’auteur a adapté le vocabulaire employé à l’époque à laquelle se passe l’histoire. Je sais que c’est souvent, au contraire, un point négatif pour les lecteurs qui sont perturbés de ne pas avoir une écriture moderne, mais pour moi, c’est un des plaisirs de lire une histoire qui se passe au moyen-âge ou sous l’Ancien Régime: avoir l’impression d’y être. Bon évidemment, je ne lirai pas un livre écrit en ancien français : ça peut être marrant, mais faut s’accrocher.
Au début, j’ai eu un peu de mal à entrer dans l’histoire, mais assez rapidement on se prend au jeu. Si on sait dès le départ que les meurtres ne sont pas du fait d’un animal mais d’un homme, il est difficile de ne pas voir tout le monde comme un suspect.
Je me suis vraiment attachée à Delphine et Guillaume (et d’ailleurs, je pense lire les deux autres romans qui les mettent en scène).
Plusieurs affaires se mêlent : Guillaume s’intéresse surtout au meurtrier, tandis que les agents du royaume veulent avant tout capturer un leader de la foi réformé (A la limite, la population peut se faire massacrer, ils s’en foutent).
J’ai bien aimé les références aux contes qui permettent d’avancer dans l’enquête sans pour autant prendre le pas sur elle. On a d’ailleurs aussi une référence à l’histoire de la bête du Gévaudan, puisque les loups sont accusés d’une partie des meurtres et qu’une battue va être organisée quand bien même Guillaume est certain que les bêtes n’ont rien à voir dans l’histoire.
Personnellement, même si j’avais établi plusieurs hypothèses, j’étais très loin de l’identité du coupable que je n’ai trouvé qu’en même temps que Guillaume. J’ai plongé à pied joint dans les pièges tendus par l’auteur, sans aucune frustration d’ailleurs, parce que c’était vraiment bien tourné.

Un extrait : Si Mme d’Astuard et Mme d’Orbelet ne partageaient pas toujours les mêmes idées, elles s’entendaient pour ne pas se mêler aux autres familles nobles de la vallée, la première parce qu’elle redoutait que les fêtes d’aujourd’hui ne fussent que la pâle copie des fêtes d’autrefois, la seconde parce qu’elle fuyait l’agitation du monde. Si bien qu’à l’exception des domestiques, les seuls hommes qui fréquentaient le château étaient l’abbé Jorisse, vicaire officiel de la chapelle de Montclar, et le chevalier de Beuldy.

Le chevalier de Beuldy habitait une ancienne forteresse, à moins d’une lieue du château, et venait en voisin. C’était un petit homme au pourpoint fatigué, canne à la main, fraise et chausses fanées, et toujours, sur sa tête chiffonnée, pardessus une vieille perruque poudrée de frimas, un chapeau avec la plume unique d’un faisan. Ancien compagnon d’armes de feu le baron François-Louis d’Astuard, il avait, en cette qualité, acquis le privilège définitif d’entrer comme chez lui dans la bibliothèque de Montclar où il se livrait à des travaux d’érudit dont lui seul connaissait la teneur. D’une maigreur et d’une discrétion qui le dotaient comme d’une transparence, il venait sans se faire annoncer, glissait dans les couloirs, montait les escaliers, flottait jusqu’aux ouvrages qu’il voulait consulter. Seul, parfois, le hurlement aigu mais bref d’un domestique sursautant en croisant son fantôme révélait sa présence à Montclar.

Mais, ce matin-là, il ne chercha pas à se cacher. Ce fut dans un grand désordre qu’il fit irruption dans le vestibule du château et qu’il se précipita sur Delphine.

– Ah ! mon Dieu ! dit-il. Connaissez-vous la nouvelle ? Une jeune fille a été tuée sur vos terres !

– Sur nos terres ! s’écria, à l’étage, Mme d’Astuard en se penchant par-dessus la rampe de l’escalier. Comment est-ce possible ? Êtes-vous sûr de vous, monsieur le chevalier ?

– Je viens de croiser le chirurgien que l’on était allé quérir. Il réclame de l’eau et des linges.

– Une jeune fille… ? répéta Delphine, très pâle, en s’appuyant sur l’une des colonnes de l’entrée.

Marie d’Astuard donnait déjà des ordres. Elle avait enfilé sa capeline et secouait le chevalier pour qu’il la conduisît le plus vite possible sur les lieux du drame. Ils partirent en courant. Leurs pas pressés sur la pierraille du chemin sonnaient dans l’air limpide comme du verre brisé.

C’était un jour pâle et tranquille, un jour d’automne, balayé de longs tourbillons de feuilles. Le ciel, dans l’aube naissante, n’était qu’un grand linceul blanc. Delphine hésita et puis, les jambes chancelantes, elle courut après eux.

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