Je remercie Babelio et sa masse critique ainsi que les éditions J'ai lu pour cette lecture
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Résumé : Pour l'empêcher de fréquenter l'homme qu'elle aime, le père de Marie décide de l'envoyer aussi loin que possible de leur petit village de Frise orientale : à New York, chez ses deux frères. Avec pour seuls bagages son coeur brisé et la recette secrète de son gâteau au fromage blanc, elle débarque à Brooklyn en ce froid mois de novembre 1932, à la fois fascinée et terrifiée par ce qui l'entoure. Elle est bien loin de se douter de l'incroyable destin que lui réserve le Nouveau Monde.
Des décennies plus tard, Rona, sa petite-nièce en plein revers professionnel et sentimental, vient lui rendre visite. Marie lui raconte son histoire et lui confie la recette du cheesecake qui doit changer sa vie.
Auteur : Sylvia Lott
Edition : J'ai Lu
Genre : Roman contemporain
Date de parution : 2017
Prix moyen : 8€
Mon avis : J’ai découvert un roman avec une écriture très agréable. Le passé, avec l’histoire de Marie, est écrit à la 3ème personne du singulier et le présent, avec celle de Rona, est à la première personne du singulier, ce qui permet de bien distinguer les parties (même si elles se confondent difficilement).
Du côté de l’histoire et des personnages, j’ai trouvé que le père de Marie se comporte de manière odieuse. Certes, nous qui connaissons l’Histoire, savons qu’en envoyant sa fille aux USA contre son gré en 1932, il lui a permis de ne pas être en Allemagne lors de la montée en puissance d’Hitler et de la seconde guerre mondiale, mais ses raisons pour l’éloigner sont lamentables.
Bien entendu, il décide de qui, de ses enfants, va reprendre son travail, sans se préoccuper une seconde de leurs envies.
Marie m’a énervée à ce moment-là. Quand elle prend le bateau, elle se dit que le ressentiment enfoui vaut mieux qu’une crise ouverte. C’est encore une manière pour l’autre partie d’avoir la conscience tranquille et de se dire que si elle ne proteste pas c’est qu’au fond d’elle, elle sait que son père à raison.
La vie aux USA est dépaysante. D’un côté, il y a ses frères, surtout son frère aîné, Willi, qui tente d’avoir la même autorité que son père sur sa sœur sans y parvenir, de l’autre il y a toutes les possibilités qui s’offrent à elle.
Marie va se construire une nouvelle vie, avec l’aide d’une recette secrète de cheesecake qui va faire sa réputation et entrainer bien des choses, positives ou non.
C’est cette recette qui fait le lien entre Marie et Rona, sa petite-nièce qui vit des instants difficiles en 2003. Venue rendre visite à sa grand-tante, celle-ci est en pleine reconstruction après des échecs tant professionnels que sentimentaux.
Si elle ne croit pas vraiment au « pouvoir » du cheesecake, elle va être passionnée par l’histoire de la vie de Marie. Et prendre exemple sur elle pour se reconstruire.
Le secret du cheesecake m’a obsédé toute ma lecture ! A chaque page, j’espérais qu’on saurait enfin ce qui faisait sa particularité.
Rona est moins présente que Marie mais son histoire est tout aussi intéressante. Cela dit, c’est clairement l’histoire de Marie qui fait tout l’intérêt du roman. Certains passages de la fin m’ont un peu attristée, mais on pouvait s’y attendre et ce sentiment de tristesse s’évanoui vite.
J’ai dévoré ce livre de près de 600 pages en moins d’une journée !
Un extrait : « Reste donc avec nous, Rona », m’a prié tante Marie le troisième jour. Elle était assise avec son frère pour le thé de l’après-midi dans la véranda couverte. « C’est bien qu’une autre personne de la famille connaisse les vieilles histoires, quand nous ne serons plus là. »
J’ai pris place dans un confortable fauteuil en rotin.
« Nous parlions à l’instant de la famille d’Imke Wilken. »
J’ai haussé les épaules : « Je ne la connais pas. »
Après tout j’avais grandi dans une ville à vingt kilomètres de Südrhauderfehn, dans laquelle mes parents avaient une entreprise textile, et je n’étais toujours qu’en visite ou en vacances chez mes grands-parents, dans la maison des parents de ma mère – ce qui me convenait tout à fait.
« Les Wilken », a insisté mon grand-père comme si je devais m’en souvenir, « ce sont ceux dont la maison, au cœur du marais, tombe en ruine !
– Ah ! » Cela fit tilt. « Cette étrange famille qui vit totalement à l’écart et dont la maison ne tient plus que grâce au lierre… C’est d’eux que tu parles ?
– Tout à fait. Ils ont perdu une fille, a expliqué tante Marie, Imke, c’était son nom.
– C’est pour cela que ses parents et ses sœurs sont devenus si étranges, a ajouté Papi.
– J’ai connu Imke, elle était dans la même classe que moi, nous avons chanté ensemble dans la chorale, a précisé ma grand-tante.
– La famille n’a jamais surmonté ça. Cela devait être au début des années trente. L’été avant que tu ne partes en Amérique, non ? »
Le regard grave de Tante Marie se perdait dans un lointain imaginaire. « Je me souviens très bien de ce jour, a-t-elle dit posément. Je sais même que c’était un mardi, un mardi de juin 1932…
– …et tu étais amoureuse du p’tit maît’ d’école. »
Tante Marie a acquiescé.