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Livres - Page 50

  • [Livre] Les quatre gars

     

    Je remercie les éditions Sarbacane pour cette lecture

     

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    Si vous désirez acheter ce livre, vous pouvez cliquer ICI ou sur l'image. Vous serez alors redirigés sur bookwitty. Si vous achetez le livre par ce lien, je touche une petite commission. Cela ne change rien au prix!

     

    Résumé : On est quatre. Tout le monde nous surnomme "la famille dégâts" vu qu'on est que des gars... Il y a mon papi, mon père, mon frère Yves et moi, 9 ans, Louis. On vit à Noirmoutier - on récolte du sel. La mer nous nourrit, nous apaise, nous éblouit. Chez nous, ça ne parle pas, ça rit peu. Il faut dire que les femmes sont parties ; depuis, papa vit comme un ours, papi parle au fantôme de mamie et Yves est accro à la drague et à la muscu.
    Et moi ? Ben, moi, j'aimerais croire que cette vie, on peut faire mieux que "presque" la vivre.

     

    Auteur : Claire Renaud

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 03 Janvier 2018

     

    Prix moyen : 16€

     

    Mon avis : J’ai beaucoup aimé la famille Fradet, surnommés la famille Dégâts, aussi bien parce qu’ils sont 4 mecs que pour les catastrophes que chacune de leurs actions déclenche, sauf le père. J’ai eu une véritable aversion pour cet homme qui impose sa mauvaise humeur et sa violence aussi bien à sa famille qu’à leur entourage. A un moment du livre, sans donner de détail, il reproche à son père de s’être effondré plusieurs mois à la mort de sa femme. J’ai eu envie d’entrer dans le livre pour lui flanquer des coups de battes ! Parce que d’une part, le grand-père a perdu sa femme, elle est morte, ce qui n’a aucune commune mesure avec une nana qui s’est barrée parce que la vie sur la presqu’île lui était devenu insupportable (et qui a abandonné sans sourciller ses enfants, ce qui, pou moi, démontre qu’elle ne vaut pas les larmes qu’on verse pour elle), ensuite quand la mamie est morte, le grand-père n’était pas responsable de son fils, alors que le père a deux enfants qui n’ont plus qu’un seul parent présent (et heureusement pour eux que le grand-père est là, parce que s’ils devaient compter sur le père…), et enfin, et surtout, le grand-père s’est effondré quelques mois ce qui n’est pas très long en terme de deuil, alors que le père impose son attitude à tous depuis 5 ans ! Au point que son fils de 9 ans se rappelle à peine avoir eu un père aimant et attentionné.
    En revanche, j’ai adoré le grand-père, Pierre, qui tient la famille à bout de bras, calme le jeu mais se rebiffe quand même quand son fils, Jean, va trop loin.
    Yves est un ado, donc parfois un peu lourd, mais on sent qu’il a un bon fond et la passion qu’il développe pour le théâtre est touchante. Il est tout en excès, dans ses bons comme dans ses mauvais côtés.
    Enfin il y a Louis, 9 ans presque 30. Parfois on oublie son âge tant il paraît mature, mais avec l’abandon de sa mère et l’attitude de son père, il est évident qu’il a grandit plus vite qu’il n’aurait dû.
    Il m’a beaucoup fait rire quand il se moque gentiment des prénoms de ses copains, Jules et Denis, en disant qu’ils ont des prénoms de vieux alors que lui-même se prénomme Louis-Marie.
    J’ai aimé découvrir leur vie à tous, entre bêtises et pêche à la palourde plus ou moins réglementaire, entre marché et pêche à la ligne…
    Et puis, il y a Mme Mariette, la maîtresse de Louis, qui semble ne pas être indifférente au charme rustique du père t qui pourrait bien chambouler la vie de la famille Dégâts.
    J’ai adoré l’écriture de Claire Renaud. Pour avoir lu, juste avant celui-ci, un livre destiné à des enfants de 8 ans, je peux dire qu’elle sait parfaitement s’adapter à son public.
    Les quatre gars est un livre bourré d’humour et de tendresse sans verser dans le larmoyant ou la comédie. Tout est super bien dosé pour nous offrir une excellente lecture. Si avec ça les ados n’ont pas envie de lire, on ne peut plus rien pour eux !

     

    Un extrait : - Il parait que vous mettez des pétards dans les cabines de la plage des Dames ?
    Je ne dis toujours rien. Pourtant ça me brûle : ce ne sont pas des pétards mais des mammouths. C’est beaucoup plus impressionnant, auditivement parlant.
    - Vous ne savez pas que c’est extrêmement dangereux ?! Qu’on peut blesser quelqu’un ? Lui faire perdre un œil ?
    Le père de Denis, en embuscade derrière Papi, opine du chef. Alors je décide de dégainer la carte de l’humour – Papi m’a toujours dit que l’humour permettait de se sortir de pas mal de situations difficiles.
    - On voulait juste qu’il sorte tout nu comme un ver… Comme ça, on l’aurait mis au bout d’un hameçon et on aurait pêché avec !
    Raté : au lieu de rire, Papi plante ses poings sur ses anches, l’air encore plus furieux.
    - Ah, parce qu’en plus ça veut faire le malin ?! Allez, filez dans la voiture, je ne veux plus vous entendre ! Jules, tu viens avec nous, je te dépose chez tes parents.
    Ben mince ! Ma blague a fait plouf. La situation ne s’est pas simplifiée, bien au contraire…
    Le père de Denis hoche la tête quand je passe devant lui : Qu’est ce qu’on va faire d’un asticot pareil, semble-t-il dire.

    On s’installe dans la camionnette, à l’avant. Papi nous rejoint en tempêtant :
    - Vous me bouclez vos ceintures, ça suffit les conneries pour aujourd’hui !
    Il claque la portière derrière lui.
    - En plus, on est entourés de flics, le PV est quasiment déjà sous nos essuie-glaces ! Et ce n’est pas comme si cette voiture avait passé le contrôle technique !
    La camionnette démarre, après plusieurs soubresauts. Elle « crachote », comme dit Papi d’habitude – sauf que là, Papi ne dit rien.
    On se sent un peu piteux. Et quand Papa va l’apprendre, piteux ne sera plus le bon mot… Papi dépose Jules chez lui, au cabinet médical, dans un silence de cathédrale.
    Après le rond-point juste avant la maison, il se met à marmonner, en regardant bien la route devant lui :
    - Je vous ai vus depuis le ponton. Qu’est ce que c’est que cette méthode ?! Faut attendre au moins trois minutes une fois que le type est entré dans la cabine avant de lancer le pétard ! Et mettez-moi de la cire sur la mèche, bande de bleus : là, ça prendra à tous les coups ! On s’appelle la famille dégâts, je vous rappelle… On a une réputation à tenir !
    J’ai presque envie de l’embrasser : son kiss the cook reprend tout son sens. Nous descendons de la camionnette, plus légers.
    Dans la maison, la bonne odeur de soupe de poissons qui nous happe finit de nous réchauffer le cœur.

     

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  • [Livre] Où sont les filles

    Je remercie les éditions Sarbacane pour cette lecture

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    Résumé : Ondine vit avec sa sœur, sa mère et sa grand-mère. Entre filles, tranquilles. Jusqu'au jour où un garçon débarque. Comment l'aborder ? Elle lance une prière en l'air... Le lendemain, surprise : il n'y a plus une seule fille sur Terre ! Plus une seule; Est-ce un coup du mystérieux Misteress Smith ?

     

    Auteur : Claire Renaud

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 03 Janvier 2018

     

    Prix moyen : 11€

     

    Mon avis : Comment remonter le moral quand on rentre d’hospitalisation ? Trouver le dernier pepix de Sarbacane dans sa boîte aux lettres y contribue grandement, croyez-moi !
    S’il y a bien une maison d’édition avec laquelle je plonge dans la lecture sans appréhension, c’est bien elle ! J’aime plus ou moins mes lectures, mais je ne suis jamais déçue ! Avec un pepix, je m’attends à une histoire mignonne et pleine d’humour, et c’est exactement ce que j’ai trouvé dans « Où sont les filles ».
    Pas facile pour Ondine de vivre entourée uniquement de filles : Mamie, Maman et Marine, son ado de sœur. Encore moins facile quand la première est pleine de conseils surannés, la seconde overbookée et la dernière peu disposée à donner de son temps à sa petite sœur et ses premiers émois amoureux.

    Alors un soir, avant de dormir, Ondine fait un vœu. Celui de comprendre les garçons, et vite s’il vous plaît !
    Le lendemain au réveil, c’est le choc ! Sa sœur Marine s’est transformée en un ado dégingandé répondant au nom de Marin, sa meilleure copine Lucile est devenue Lucien, elle n’a plus une maitresse mais un maître… bref, Ondine est tout simplement la seule fille sur Terre.
    Alors, si pour comprendre les garçons, il suffisait d’en être entouré, ça se saurait ! Ondine n’est pas plus avancée et en prime, elle n’a plus personne à qui se confier !
    Ondine ne va pas tarder à découvrir qui (ou quoi, je délibère encore) se cache derrière cette mauvaise farce, mais pour autant, cela ne va pas régler son problème.
    Heureusement qu’il y a Aurélien. Un garçon, certes (et qui l’était déjà avant la grande transformation), mais gentil, ouvert et, à mon avis, qui doit craquer pour Ondine depuis un bail quand on voit l’ardeur avec laquelle il se lance dans l’aventure.
    A eux deux, ils sont bien décidé à tout remettre en place et à ce qu’Ondine ne soit plus seule, esseulée et solitaire au milieu de toute cette testostérone !
    L’écriture est super agréable à lire, le ton léger, plein d’humour, Claire Renaud nous a fait une héroïne qui n’a pas froid aux yeux et qui est pleine de répartie même quand elle se sent un peu perdue.
    J’ai aimé tous les personnages, même Misteress Smith qui est pourtant une vrai tête à claque, sauf un : La mère d’Ondine. Je l’ai trouvé vraiment désagréable à chacune de ses apparitions (que ce soit sa version masculine ou féminine). Le pire est cette réponse qu’elle fait à chaque fois que sa fille veut lui parler et lui demande si elle peut : « Ce n’est jamais le bon moment ». A croire que l’existence même de ses enfants la dérange. Je trouve que dire à un enfant qu’il n’y a jamais de bon moment pour venir lui parler c’est de la maltraitance psychologique. Ca revient à lui dire : Je n’aurais jamais ni le temps, ni l’envie de passer du temps avec toi parce que j’ai mieux à faire. Je l’ai vraiment trouvé odieuse, tout le contraire de la grand-mère/grand-père qui est très attentive et très présente pour Ondine.
    J’ai vraiment passé un excellent moment de lecture et j’ai hâte de lire le second roman de l’auteur qui était glissé dans ma boite aux lettres et qui s’adresse à un public un peu plus âgé. Je suis curieuse de voir si elle a su adapter son écriture à son public. Pour les 8 – 10 ans, c’est gagné, voyons maintenant pour les 11 ans et plus !

     

    Un extrait : Le grand jeu des ados, m’a dit Lucile (qui a un frère encore plus âgé), c’est la provocation. Ca consiste à faire exactement le contraire de ce que tu faisais autrefois gentiment, sans même y penser. Du jour au lendemain, tu ne te lave plus les dents et ton haleine devient terrible, tu n’arrêtes pas de dire des gros mots alors que tu parlais correctement, et tu te mets à détester toute ta famille alors que tu rigolais bien avec.
    Forcément l’ambiance en a pris un coup. Mamie boude car elle en veut à Maman d’avoir crié, et gâché la fête.
    - Ma fille, la prochaine fois que tu auras des envies de redressement éducatif avec force décibels (je traduis : quand tu voudras enguirlander ta fille en hurlant), tu es priée de le faire un jour où je ne me suis pas bougé le popotin pour préparer un sacré bon dîner de derrière les fagots !
    Voilà, c’est dit ! Là-dessus Mamie se tait définitivement. Maman boude car elle en veut à ma sœur d’avoir dit des grossièretés, et gâché la fête. Et à sa mère de lui avoir mal parlé.
    Ma sœur boude dans sa chambre.
    Et moi j’en veux à tout le monde de ne m’avoir pas répondu. Nos rancunes additionnées produisent un très lourd silence dans l’appartement.
    Je vais dans ma chambre, toujours en silence, enfile mon pyjama, et mes questions passent et repassent à l’intérieur de ma tête, comme une culotte rouge dans une lessive de linge blanc qu’on regarde à travers le hublot. J’en ai le tournis.
    Quand je me glisse sous ma couette, ce soir-là, je demande dans le vide, en l’air, à je ne sais pas qui, à la moindre personne qui pourrait m’entendre :
    - S’il vous plait, faites que j’en apprenne davantage sur les garçons. Et vite !

     

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  • [Livre] Je te vois reine des quatre parties du monde

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    Résumé : Comme Christophe Colomb, Doña Isabel Barreto rêva de repousser les limites des mondes connus. Admirée – haïe aussi –, elle devint, au temps des conquistadors, la première et la seule femme amirale de la flotte espagnole.

    En 1595, elle part de Lima avec quatre galions en quête du cinquième continent : l’Australie. Elle traverse le Pacifique, couvrant près de la moitié du globe sur une route maritime inexplorée.

    Au fil de ses découvertes, elle va devoir affronter la violence et tenir tête à la mort. Elle aimera follement deux hommes qui partageront son ambition. Mais pour survivre, elle accomplira des actes qu’elle-même ne pourra se pardonner...

     

    Auteur : Alexandra Lapierre

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 03 avril 2014

     

    Prix moyen : 9€

     

    Mon avis : Alexandra Lapierre n’aime pas la partialité. D’Isabel Barreto, on ne trouve que des portraits bien peu flatteurs qui ne servent qu’à mettre en avant des hommes qui l’ont côtoyée.
    Alexandra Lapierre reprend donc l’histoire de cette femme au caractère bien trempé qui fut la seule femme amirale du temps des conquistadors.
    Après trois ans de recherche sur la jeune femme, elle nous livre son histoire, sans chercher à en faire une héroïne irréprochable. On peut dire qu’Isabel est pleine de défauts, même si souvent son intransigeance qui confinait à la cruauté avait une raison parfaitement légitime. Peut-être aurait-elle du s’y prendre autrement, peut-être qu’avec plus de soutien des hommes qui l’entouraient, elle aurait pu s’y prendre autrement.
    Mariée très jeune à un homme de plus de vingt ans son aîné, elle va vouer une admiration sans borne à cet homme qui a passé la moitié de sa vie à rechercher les îles Salomon.
    Veuve, elle va devoir ramener à bon port ce qu’il reste de l’armada montée par son défunt mari. Son commandement sera accusé de toute part par ceux qui craignent de porter la moindre responsabilité dans la débâcle (et pourtant, y a-t-il vraiment un responsable quand on s’engage dans l’immensité de l’océan à la recherche de terres inconnues ?).
    Elle créera le scandale en se remariant avec un homme trois mois seulement après la mort de son premier mari, et ce sans demander la permission de personne à une époque où les femmes sont mineures à vie, appartenant comme des meubles à leurs pères, frères ou mari.
    Alexandra Lapierre nous livre un récit certes romancé, ce qui le rend d’autant plus attractif, mais également historiquement très recherché. On sent, et on sait si o a lu la postface, que l’auteur a fouillé dans des archives, dans les écrits, pour reconstituer au plus près la vie d’Isabel Barreto.
    La première partie du livre est racontée par la sœur d’Isabel, Pétronille, religieuse au couvent de Santa Clara, qui se remémore l’enfance d’Isabel jusqu’à son mariage Puis Isabel prend le relais. Ainsi on passe subtilement d’un récit raconté par une autre (J’ai trouvé cette première partie un peu lourde, j’ai eu du mal à avancer) à celui que l’on découvre en étant au cœur de l’action (Et là, en revanche, on plonge dedans).
    Je n’ai pas toujours apprécié l’attitude d’Isabel, je l’ai souvent trouvé arrogante, trop sûre d’elle et de sa haute position, croyant avoir tous les droits sur les autres parce qu’elle est, elle, de haut lignage. Ses décisions sur le bateau m’ont paru souvent dénuées d’humanité.
    Mais d’un autre côté, j’ai trouvé la manière dont elle est traitée par l’équipage, surtout les officiers, scandaleuse. Certes, une femme à bord est supposé porter malheur, mais ils s’embarquaient pour trouver et coloniser des terres, donc il y avait forcément des femmes à bord, si cela les dérangeaient, ils n’avaient qu’à refuser le poste. Mais l’appât du gain était plus important que tout pour des hommes qui, par leur attitude, ont sciemment fait échouer la mission que devait remplir l’armada.
    Je te vois reine des quatre parties du monde est un livre qui ravira aussi bien les passionnés d’aventures que les amateurs d’histoire. Et même s’il faut d’accrocher pendant les 60 premières pages, après, c’est juste fantastique.

     

    Un extrait : « Moi, Alvaro de Mendaña, Gouverneur et Capitaine général de toutes les îles de la Mer du Sud par la grâce de Sa Majesté Philippe II, roi d'Espagne… sain d'esprit… libre de ma volonté… libre de mon jugement… et libre de mes choix, je publie ici mon testament… de la manière et dans la forme suivantes :

    « Je rends mon épouse légitime, Doña Isabel Barreto, seule propriétaire et maîtresse absolue de tous les biens apportés avec moi sur ces rivages. Ainsi que de tous les autres biens qui sont miens aujourd'hui, ou qui pourraient être découverts comme tels dans l'avenir.

    « Je lègue à Doña Isabel Barreto le marquisat héréditaire que je tiens de mon souverain le roi d'Espagne, ainsi que tous les autres titres et toutes les autres distinctions dont il a plu à Sa Majesté de m'honorer.

    « Je la nomme chef des forces armées actuellement sous mon  commandement, avec le titre de Capitaine général de mon armada et d'Adelantada de cette expédition.

    « Je lui confère les pleins pouvoirs sur mes hommes – marins, soldats ou colons –, et sur tous mes navires, afin qu'elle assure l'application de mes volontés et qu'elle poursuive la découverte, la conquête, l'évangélisation et la colonisation de la Terre de mon Hypothèse.

    « Au nom de Sa Majesté, je fais de Doña Isabel Barreto, mon épouse légitime, l'incarnation de la personne royale sur l'océan Pacifique.

    « La représentante de Dieu Tout-Puissant sur la terre et sur la mer.

    « Par ce testament, je révoque tous les autres, déclarant nuls et sans effet mes testaments ou codicilles antérieurs.

    « Telles sont mes irrévocables et ultimes volontés.

    « Fait sur l'île que j'ai baptisée Santa Cruz, dans la baie que j'ai baptisée Graciosa, le 18 octobre 1595, en présence de mes capitaines. »

    Cinq hommes se détachent du groupe et s'approchent pour signer.

    Doña Isabel les devance.

    Sous les yeux des témoins, elle murmure quelques phrases à l'oreille de son mari.

    Il reprend avec difficulté :

    « Je déclare…

    Le greffier hésite.

    À bout de forces, l'Adelantado s'impatiente :

    — Écrivez ! ordonne-t-il dans un ultime sursaut.

    «… que si ladite Doña Isabel Barreto, mon épouse légitime, désirait se remarier après ma mort, elle pourra jouir librement de tous mes biens. Et que le mari qu'elle choisira pourra jouir pareillement de tous mes biens, et titres, et distinctions qu'il a plu à Sa Majesté de m'octroyer. »

    Le greffier lui tend la plume.

    Son paraphe, d'ordinaire si élégant, est devenu, comme le reste de sa personne, tremblotant et fragile.

    La jeune femme congédie les témoins. Elle a pris le testament pour le ranger dans le coffre de son mari, qu'elle referme des trois clés qui pendent à sa ceinture.

    Ce geste accompli, elle s'effondre à genoux. Les larmes coulent sur son visage, qu'elle cache en baissant la tête. Elle reste penchée vers le sable, tente de prier, mais ne parvient plus à contenir son chagrin et sanglote en silence.

    Il l'appelle. Elle bondit.

    Il cherche à fixer sur elle, une dernière fois, son regard qui se trouble : « Isabel, la Conquête », il les confond toutes deux dans une même interrogation.

    — Que va-t-il advenir des îles ? Que va-t-il advenir de toi ?

    — Ne te tourmente pas pour moi.

    — Les îles d'or existent. Je les ai vues !

    — Évidemment, tu les as vues.

    — Ne laisse pas les autres abandonner… Ne renonce pas.
    Isabel s'efforce de le rassurer :

    — Moi, renoncer ?

    Elle lui a pris la main qu'elle serre avec force.

    Elle essaye, sans même le savoir, de lui communiquer sa sève et sa chaleur :

    — … Je continuerai, tu me connais.

    Il ferme les paupières. Il garde les yeux clos.

    Au-delà de sa passion pour cette épouse trop jeune, trop belle, trop riche, trop vigoureuse, une femme qui incarne le triomphe de la vie sous toutes ses formes, Alvaro de Mendaña la respecte et la connaît pour ce qu'elle est. L'égale d'un homme. Si quelqu'un peut gouverner ici, si quelqu'un peut survivre, c'est elle.

    — Je te vois reine des quatre parties du monde.

    Cette phrase, il l'avait prononcée lors de sa première déclaration d'amour. Il l'avait répétée à l'heure de sa demande en mariage. Il l'avait murmurée au matin de leur nuit de noces.

    — Je te vois reine des quatre parties du monde, répète-t-il dans son agonie.

    Quand la nuit finira, quand le soleil sera à son zénith le 18 octobre 1595, Don Alvaro de Mendaña rendra son âme à Dieu sur ces mots.

    *

    Et maintenant ?

    — Dieu est au ciel. Le Roi est au loin… Et ici, maintenant, c'est moi qui commande !

     

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  • [Livre] Le nom de la Rose

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    Si vous désirez acheter ce livre, vous pouvez cliquer ICI ou sur l'image. Vous serez alors redirigés sur bookwitty. Si vous achetez le livre par ce lien, je touche une petite commission. Cela ne change rien au prix! D'ailleurs, j'indique dans la fiche le prix auquel je l'ai acheté, mais si entre-temps une version poche est sortie, je vous mets le lien vers le format le moins cher (après à vous de voir!)



    Résumé : Rien ne va plus dans la chrétienté. Rebelles à toute autorité, des bandes d'hérétiques sillonnent les royaumes et servent à leur insu le jeu impitoyable des pouvoirs. En arrivant dans le havre de sérénité et de neutralité qu'est l'abbaye située entre Provence et Ligurie, en l'an de grâce et de disgrâce 1327, l'ex-inquisiteur Guillaume de Baskerville, accompagné de son secrétaire, se voit prié par l'abbé de découvrir qui a poussé un des moines à se fracasser les os au pied des vénérables murailles. Crimes, stupre, vice, hérésie, tout va alors advenir en l'espace de sept jours.

     

    Auteur : Umberto Eco

     

    Edition : Le livre de poche

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : Novembre 1983

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Chose rare : j’ai préféré le film. Et pas uniquement parce que Sean Connery tient le rôle principal (quoique).
    Le livre est, comment dire… Pas facile (c’est un euphémisme).
    Déjà le côté thriller est très en retrait alors que le livre est quand même classé en thriller historique. On pourrait se dire que l’essentiel du livre va donc être focalisé sur l’enquête que doit mener Guillaume. Mais que nenni (pour rester dans l’ambiance), on va être bien plus dans les questions existentielles et spirituelles d’Adso, dans les désaccords spirituels et surtout politiques qui opposent l’empereur germanique au pape d’Avignon, dans la question de savoir si la connaissance doit être à la portée de tous ou dissimulée pour l’usage de quelques élus.
    Cela aurait pu être tout aussi intéressant que la trame policière s’il n’y avait eu le latin.
    Umberto Eco a écrit son livre comme si c’était réellement l’œuvre d’un moinillon du XIVe siècle. Il n’a fait aucun effort pour adapter l’histoire au lecteur moderne et donc, tous les paragraphes, on se prend dans les dents de une phrase à un bon paragraphe en latin. (qui, traduction vérifiée à la fin du livre, n’apporte rien qui n’aurait pu être dit en français.)
    Moi qui n’aime guère la philosophie, je me suis retrouvée embarquée dans un livre qui se compose à 80% de philosophie et de religion pour 15% de questionnement d’Adso sur ses envies de mortel et 5% d’intrigue.
    Autant dire que je me suis ennuyée une bonne partie du livre et que ça a été très dur d’en venir à bout.
    De toute évidence Umberto Eco était plus intéressé par le réalisme des questionnements et de la manière de s’exprimer d’autrefois que par le rythme de l’histoire.
    Pour paraphraser un des professeurs de Marcel Pagnol : « Que c’est long, messieurs, que c’est long ! ».
    Je suis contente d’être arrivée au bout de ma lecture mais je ne pense pas que je retenterais de lire cet auteur. Je préfère les livres qui ne se perdent pas autant en conjectures.

     

    Un extrait : C’était une belle matinée de la fin novembre. Dans la nuit, il avait neigé un peu, mais le terrain était recouvert d’un voile frais pas plus haut que trois doigts. En pleine obscurité, sitôt après laudes, nous avions écouté la messe dans un village de la vallée. Puis nous nous étions mis en route vers les montagnes, au lever du soleil.

    Comme nous grimpions par le sentier abrupt qui serpentait autour du mont, je vis l’abbaye. Ce ne furent pas les murailles qui l’entouraient de tous côtés qui m’étonnèrent, semblable à d’autres que je vis dans tout le monde chrétien, mais la masse imposante de ce que j’appris être l’Édifice. C’était là une construction octogonale qui, vue de loin, apparaissait comme un tétragone (figure absolument parfaite qui exprime la solidité et le caractère inexpugnable de la Cité de Dieu), dont les côtés méridionaux se dressaient sur le plateau de l’abbaye, tandis qu’au septentrion ils paraissaient s’élever des pentes mêmes du mont d’où ils s’innervaient à pic. Je dis qu’en certains points, vus d’en bas, il semblait que le rocher se prolongeait vers le ciel, sans solution de teintes et de matière, et devenait à un certain point donjon et tour (ouvrage de géants qui auraient grande familiarité et avec la terre et avec le ciel). Trois ordres de verrières disaient le rythme ternaire de sa surélévation, si bien que ce qui était physiquement carré sur la terre était spirituellement triangulaire dans le ciel. À mesure qu’on s’en approchait davantage, on comprenait que la forme quadrangulaire produisait, à chacun de ses angles, une tour heptagonale, dont cinq côtés s’avançaient vers l’extérieur – quatre donc des huit côtés de l’octogone majeur produisant quatre heptagones mineurs, qui vus de l’extérieur apparaissaient comme des pentagones. Et il n’est personne qui ne voie l’admirable concordance de tant de nombres saints, chacun révélant un très subtil sens spirituel. Huit le nombre de la perfection de tout tétragone, quatre le nombre des évangiles, cinq le nombre des parties du monde, sept le nombre des dons de l’Esprit Saint. Par sa masse imposante, et par sa forme, l’Édifice m’apparut comme plus tard il me serait donné de voir dans le sud de la péninsule italienne Castel Unico ou Castel dal Monte, mais par sa position inaccessible il était des plus terribles, et capable d’engendrer de la crainte chez le voyageur qui s’en approchait peu à peu. Et heureusement par cette cristalline matinée d’hiver, la construction ne m’apparut pas telle qu’on la voit dans les jours de tempête.

    Je ne dirais pourtant pas qu’elle suggérait des sentiments joyeux. Pour ma part, j’en éprouvai de la peur, et une inquiétude diffuse. Dieu sait qu’il ne s’agissait pas de fantômes de mon âme immature, et que j’interprétais exactement d’indubitables présages inscrits dans la pierre, depuis le jour où les géants y mirent la main, et avant que la naïve volonté des moines ne s’enhardît à la consacrer à la garde de la parole divine.

     

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  • [Livre] Forbidden

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    Si vous désirez acheter ce livre, vous pouvez cliquer ICI ou sur l'image. Vous serez alors redirigés sur bookwitty. Si vous achetez le livre par ce lien, je touche une petite commission. Cela ne change rien au prix! D'ailleurs, j'indique dans la fiche le prix auquel je l'ai acheté, mais si entre-temps une version poche est sortie, je vous mets le lien vers le format le moins cher (après à vous de voir!)


     

    Résumé : Maya et Lochan ne sont pas des adolescents comme les autres. Élevés par une mère alcoolique et instable, ils sont livrés à eux-mêmes et n’ont d’autre choix que d’élever seuls le reste de la fratrie. Forcés de devenir adultes plus tôt que prévu, ils se soutiennent dans l’adversité et finissent par tomber amoureux. Lochan se sent seul au monde, et Maya est la seule à pouvoir le comprendre. Conscient de la monstruosité de cet amour, Lochan est prêt à tout pour bâillonner le désir et les sentiments que sa sœur lui inspire. Mais comment résister alors que Maya a besoin de lui autant qu’il a besoin d’elle ? Est-ce un crime de s’aimer si fort ?

     

    Auteur : Tabitha Suzuma

     

    Edition : Milady

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 22 Septembre 2017

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : Je crois que l’émotion qui m’a le plus envahie dans ce livre est la colère.
    Colère contre la mère de Lochan et Maya qui en plus d’être alcoolique, se désintéresse totalement de son rôle de mère et abandonne à leur sort non seulement ses deux aînés mais aussi les trois petits, dont la plus jeune qui n’a que 5 ans.
    L’amour qui se développe entre Lochan et Maya ne m’a pas plus choquée que ça parce qu’ils n’ont jamais eu de vrais rapports fraternels. Tous jeunes, ils ont été obligés de se poser en couple parental pour pallier l’absence de leur père et l’indifférence de leur mère. Dans la mesure où les circonstances les obligent à vivre comme un couple, était-il vraiment étonnant qu’ils en viennent à voir leurs sentiments évoluer ?
    Mais la plus grosse colère que j’ai ressentie a été contre le gouvernement.
    En effet, en France l’inceste, dans le cadre d’une agression sexuelle, est constitutif de circonstances aggravantes, si les membres d’une même famille ne peuvent pas se marier, en revanche, on fiche la paix aux gens et l’inceste consenti n’est pas sanctionné.
    Mais l’histoire se passe en Angleterre. Et là, l’inceste consenti est sanctionné comme un acte criminel et passible d’une peine de prison.
    Un peu comme l’homosexualité, il n’y a pas si longtemps que ça (et encore dans certains pays). Or l’inceste, s’il a ici lieu entre frère et sœur, pourrait avoir lieu entre un oncle et sa nièce, sensiblement du même âge, et qui ne se rencontre qu’une fois adultes.
    Comment réagiriez-vous si on vous disait qui vous avez le droit d’aimer ? Si on décidait de vous envoyer en prison parce que, au nom de la morale (et la morale change d’une époque à l’autre, d’une société à l’autre), vous aimez quelqu’un « d’interdit » ?
    Et surtout, où se situe la limite ?
    Quand on torture et emprisonne les homosexuels, quand on emprisonne un couple qui s’aime mais qui a eu la malchance de naitre au sein d’une même famille, qu’est ce qui empêche d’aller plus loin ? Qu’est ce qui empêcherait les gouvernements de décider que dorénavant, ce sera à eux de former les couples et qu’il sera illégal de refuser le partenaire qu’on nous désignera ?
    Il ne faut pas confondre protection et ingérence. Car quel mal font Lochan et Maya ? Ils s’aiment. Ils ont un besoin vital l’un de l’autre. A qui portent-ils préjudices ? A ceux qui ne supportent pas leur amour ? A une société hypocrite (l’amour entre cousin est légal, mais pas celui d’une tante par alliance et d’un neveu qui n’ont pourtant aucun liens de sang).
    Ils essaient d’ailleurs de lutter contre cet amour qui les envahit, mais ce serait comme les amputer, les empêcher de respirer.
    Autant je peux comprendre que ce soit un sujet tabou, qu’il mette mal à l’aise, qu’il dérange, autant l’immixtion de la loi m’est insupportable.
    Si vous aimez les happy ends, passez votre chemin car dès le début, on se doute bien que l’histoire ne va pas bien se terminer. Pour autant, je ne m’attendais pas à ça. Pourtant, après coup, je me dis qu’en fait, il y avait de nombreux indices, mais peut-être que je n’ai pas voulu les voir.
    Je ne pleure pas souvent en lisant un livre, mais celui-là m’a complètement bouleversée et j’ai été incapable d’enchaîner immédiatement sur un autre. Un vrai coup de cœur, aussi bien pour l’histoire que pour l’écriture de Tabitha Suzuma.
    N’hésitez pas à dépasser vos préjugés pour lire cette histoire qui vous fera traverser un torrent d’émotions.

    Un extrait : — Comment s’est passée ta journée, mon chou ?

    Je parviens à sourire.

    — Bien, maman. Comme toujours.

    — Génial ! s’exclame-t-elle, faisant mine de ne pas remarquer mon ton sarcastique.

    Si ma mère excelle dans un domaine, c’est bien l’art de ne jamais se mêler des affaires des autres.

    — Dans moins d’un an, tu n’auras plus besoin d’aller à l’école et de consacrer ton temps à ces sottises, déclare-t-elle dans un sourire. Et puis, bientôt, tu vas fêter tes dix-huit ans et tu seras l’homme de la maison !

    J’incline la tête contre l’encadrement.

    L’homme de la maison.

    C’est ainsi qu’elle m’appelle depuis que j’ai douze ans, depuis que papa nous a quittés.

    Faisant de nouveau face au miroir, elle presse ses seins au-dessus du décolleté profond de sa robe.

    — Comment tu me trouves ? demande-t-elle. J’ai eu ma paie aujourd’hui, et j’ai fait chauffer ma carte de crédit.

    Elle m’adresse un sourire espiègle, comme si j’étais complice de cette petite extravagance.

    — Regarde ces sandales dorées ! Elles sont superbes, non ?

    Incapable de lui rendre son sourire, je me demande quelle somme elle a déjà dépensée sur son salaire mensuel. Depuis des années maintenant, elle fait du shopping pour se remonter le moral. Maman s’accroche désespérément à sa jeunesse, un temps où tout le monde se retournait sur son passage, mais sa beauté fane à vue d’œil avec la vie qu’elle mène.

    — Tu es très belle, dis-je avec une voix de robot.

    L’éclat de son sourire diminue un peu.

    — Allez, Lochan, ne le prends pas comme ça ! J’ai besoin de ton aide, ce soir. Dave m’emmène dans un endroit vraiment sympa. Ça vient juste d’ouvrir, c’est sur Stratton Road, en face du cinéma. Tu vois où c’est ?

    — Mouais… Bon, amuse-toi bien.

    Je me fais violence pour ne plus froncer les sourcils et dissimuler le ressentiment dans ma voix. Dave n’est pas un mauvais bougre, d’ailleurs ; sur la longue liste des hommes avec qui ma mère est sortie depuis que papa l’a quittée pour une de ses collègues, c’est même le plus convenable. De neuf ans son cadet et propriétaire d’un restaurant où elle travaille comme serveuse, il est actuellement en train de divorcer. Mais comme tous les flirts de ma mère, il semble exercer sur elle ce même pouvoir étrange, c’est-à-dire la capacité de la transformer en une jeune fille qui rit sottement, aime faire la fête, et ressent le besoin impérieux de dépenser l’argent qu’elle gagne péniblement dans des présents pour « son homme » et des vêtements très ajustés et suggestifs pour elle. Aujourd’hui, il est à peine 17 heures, et elle rayonne déjà d’excitation à l’idée de sa soirée tout en se pomponnant, après avoir sans doute passé une heure à se demander comment elle allait bien pouvoir s’habiller pour sortir. Peignant ses cheveux permanentés et peroxydés en arrière, elle se fait une nouvelle coiffure et me demande de lui attacher son collier en faux diamants – un cadeau de Dave – qui, d’après elle, sont des vrais. Elle a la ligne, et pourtant elle est toute comprimée dans cette robe que sa fille de seize ans ne porterait pour rien au monde… Le commentaire, que marmonnent souvent mes voisins : « Elle a encore piqué les fringues de sa fille », me revient soudain en tête. Je sors de la salle de bains.

     

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  • [Livre] Le dernier jour d’un condamné

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    Si vous désirez acheter ce livre, vous pouvez cliquer ICI ou sur l'image. Vous serez alors redirigés sur bookwitty. Si vous achetez le livre par ce lien, je touche une petite commission. Cela ne change rien au prix! D'ailleurs, j'indique dans la fiche le prix auquel je l'ai acheté, mais si entre-temps une version poche est sortie, je vous mets le lien vers le format le moins cher (après à vous de voir!)

     

    Résumé : Le livre se présente comme le journal qu’un condamné à mort écrit durant les vingt-quatre dernières heures de son existence dans lequel il relate ce qu’il a vécu depuis le début de son procès jusqu’au moment de son exécution, soit environ six semaines de sa vie.

     

    Auteur : Victor Hugo

     

    Edition : Flammarion

     

    Genre : Classique

     

    Date de parution : Dans cette édition : 2013

     

    Prix moyen : 2€

     

    Mon avis : Ce livre est présenté comme un conte engagé contre la peine de mort, mais je cherche encore ce qui peut convaincre contre cette pratique, surtout pour les contemporains de Hugo. De nos jours c’est différent, la peine de mort est abolie depuis des décennies en Europe et ce n’est plus vraiment dans nos mœurs. Mais à l’époque où a été écrite cette nouvelle, je n’ai rien vu qui nous faisait dire : oh la peine de mort quelle horreur ! Je serais plus encline à dire : le bagne, quelle horreur ! Car si le condamné, dont on ne sait ni le nom, ni exactement le crime (mais qu’on peut deviner, entre l’avocat qui pense que la préméditation ne sera pas retenue, et le condamné lui-même qui dit qu’il a fait couler le sang), n’attire pas spécialement la sympathie, la scène du ferrage des forçats est suffisamment horrible (et les « crimes » si faibles comparée à la peine) pour que ces hommes inspirent la pitié.
    J’ai l’impression à être la seule à qui le roman ne donne pas envie de s’insurger contre la peine de mort, mais honnêtement, je n’ai pas eu l’impression d’un plaidoyer contre cette pratique.
    Si on avait eu un doute sur la culpabilité de l’homme et qu’on avait mis l’accent que la peine de mort implique de ne jamais pouvoir réparer une erreur judiciaire, si on martelait : plutôt 10 coupables en liberté qu’un innocent tué par erreur, là oui, ça m’aurait touché.
    L’affaire Ranucci a plus contribué à me positionner contre la peine de mort que ce roman dans lequel l’homme est clairement coupable et semble découvrir, après son crime, que son jeune âge ne va pas le dispense d’en subir les conséquences.
    En revanche, la description du convoi des forçats, comme je l’ai dit plus haut, aurait tendance à me hérisser contre le bagne, d’autant plus que les peines étaient complètement disproportionnées par rapports aux « crimes ».
    En revanche, la préface de Victor Hugo est clairement un plaidoyer non seulement contre la peine de mort mais contre le bagne, les juges, les prisons… c’est un peu idéaliste de croire qu’on peut se passer de l’administration pénitentiaire mais au moins là, on a un plaidoyer… dommage que le texte de la nouvelle n’en soit pas un.

     

    Un extrait : Les juges, au fond de la salle, avaient l’air satisfait, probablement de la joie d’avoir bientôt fini. Le visage du président, doucement éclairé par le reflet d’une vitre, avait quelque chose de calme et de bon ; et un jeune assesseur causait presque gaiement en chiffonnant son rabat avec une jolie dame en chapeau rose, placée par faveur derrière lui.

    Les jurés seuls paraissaient blêmes et abattus, mais c’était apparemment de fatigue d’avoir veillé toute la nuit. Quelques-uns bâillaient. Rien, dans leur contenance, n’annonçait des hommes qui viennent de porter une sentence de mort ; et sur les figures de ces bons bourgeois je ne devinais qu’une grande envie de dormir.

    En face de moi une fenêtre était toute grande ouverte. J’entendais rire sur le quai des marchandes de fleurs ; et, au bord de la croisée, une jolie petite plante jaune, toute pénétrée d’un rayon de soleil, jouait avec le vent dans une fente de la pierre.

    Comment une idée sinistre aurait-elle pu poindre parmi tant de gracieuses sensations ? Inondé d’air et de soleil, il me fut impossible de penser à autre chose qu’à la liberté ; l’espérance vint rayonner en moi comme le jour autour de moi ; et, confiant, j’attendis ma sentence comme on attend la délivrance et la vie.

    Cependant mon avocat arriva. On l’attendait. Il venait de déjeuner copieusement et de bon appétit. Parvenu à sa place, il se pencha vers moi avec un sourire.

    – J’espère, me dit-il.

    – N’est-ce pas ? répondis-je, léger et souriant aussi.

    – Oui, reprit-il ; je ne sais rien encore de leur déclaration, mais ils auront sans doute écarté la préméditation, et alors ce ne sera que les travaux forcés à perpétuité.

    – Que dites-vous là, monsieur ? répliquai-je indigné ; plutôt cent fois la mort !

    Oui, la mort ! – Et d’ailleurs, me répétait je ne sais quelle voix intérieure, qu’est-ce que je risque à dire cela ? A-t-on jamais prononcé sentence de mort autrement qu’à minuit, aux flambeaux, dans une salle sombre et noire, et par une froide nuit de pluie et d’hiver ? Mais au mois d’août, à huit heures du matin, un si beau jour, ces bons jurés, c’est impossible ! Et mes yeux revenaient se fixer sur la jolie fleur jaune au soleil.

    Tout à coup le président, qui n’attendait que l’avocat, m’invita à me lever. La troupe porta les armes ; comme par un mouvement électrique, toute l’assemblée fut debout au même instant. Une figure insignifiante et nulle, placée à une table au-dessous du tribunal, c’était, je pense, le greffier, prit la parole, et lut le verdict que les jurés avaient prononcé en mon absence. Une sueur froide sortit de tous mes membres ; je m’appuyai au mur pour ne pas tomber.

     

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  • [Livre] 12 ans d’esclavage

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    Résumé : 1841, ville de Washington. Deux hommes abordent Solomon Northup et lui proposent de jouer du violon dans leur cirque itinérant. À peine a-t-il accepté de les suivre qu’il est drogué et enlevé. Son identité est effacée et il est contraint de se présenter comme un esclave de naissance.

    Pendant douze terribles années, Solomon est vendu de propriété en propriété, travaillant dans les champs de coton ou sur des chantiers de construction en Louisiane. Dormant à même le sol poussiéreux, affamé, fouetté, il est menacé de mort par des maîtres qui le considèrent comme un sous-homme. Seule sa volonté de fer lui permet de ne pas sombrer dans la folie. Car Northup n’a qu’un objectif : survivre pour retrouver sa femme et ses trois enfants. Il ne laisse pas la cruauté le briser, et n’oublie jamais qui il est réellement : un homme prêt à tout pour retrouver sa liberté.

     

    Auteur : Solomon Northup

     

    Edition : Michel Lafon

     

    Genre : Témoignage

     

    Date de parution : 1853 mais dans cette édition : 28 novembre 2013

     

    Prix moyen : 16€

     

    Mon avis : Comme beaucoup, j’ai vu le film avant de lire le livre, tout simplement parce que j’ignorais son existence jusqu’à la mention dans le générique « basé sur le livre… ». Et la première question que je me suis posée c’est : pourquoi j’ignorais l’existence de ce livre ? Qu’est-ce qu’ils foutent à l’éducation nationale ? Non parce que quand on étudie l’esclavage à l’école, ça ne les effleure pas de recommander la lecture d’un livre écrit justement par un esclave ? Ce livre est un témoignage unique car Solomon est une des rares personnes à non seulement avoir survécu à l’esclavage, mais à avoir connu la liberté avant, à avoir été éduqué et donc à avoir la possibilité non seulement de raconter ce qu’il a vécu mais de décrire l’esclavage de l’intérieur avec les yeux d’un homme libre.
    On a là un témoignage exceptionnel.
    On en peut qu’être touché par le destin de Solomon. Et être furieux contre le marchand d’esclaves qui sait pertinemment qu’il est en train de vendre un homme libre. J’ai été encore plus furieuse de voir que leurs actes vont rester impunis.
    Pour les maîtres c’est encore autre chose car même si la majorité se conduit comme des monstres, il reste qu’ils vivent selon leur éducation et que pour eux l’esclavage est quelque chose de normal.
    Ce n’est guère mieux, mais je trouve que les marchands qui attaquent, droguent, kidnappent, des hommes libres pour se faire plus d’argent, sont encore pire que les planteurs (D’autant qu’on sait qu’ils vont se prendre la guerre de sécession en travers de la tête une dizaine d’années plus tard, donc on se dit qu’ils ne perdent rien pour attendre).
    J’ai trouvé aberrant que les deux marchands ne reçoivent aucune sanction alors qu’ils ont délibérément violé une loi du pays. Là on ne parle même plus de morale, d’humanité ou autre, ils ont violés la loi, ils devraient être punis.
    Solomon garde espoir du début à la fin même s’il a appris à ses dépens à taire son statut d’homme libre. Il faut dire qu’à part son tout premier maître qui aurait peut-être réagit (et encore, car même s’il est bienveillant, il ne remet absolument pas en cause le droit des blancs à avoir des esclaves), les autres l’auraient probablement tué plutôt que d’admettre qu’ils détenaient illégalement un homme libre en esclavage (même s’ils auraient pu dire qu’ils l’avaient acheté en toute bonne foi).
    Je parle volontairement de loi et de droits des planteurs car, au moment où Solomon a été enlevé, on ne pouvait pas invoquer les droits de l’homme pour critiquer l’esclavage, étant donné que les personnes de couleur n’étaient pas considérées comme des Hommes, du moins dans les états du sud.
    Alors bien sûr que c’est affreux, amoral, et profondément injuste, mais à ce moment de l’histoire tout cela n’entrait pas en ligne de compte.
    Il y avait peu de loi qui protégeaient les hommes de couleur libres (je dis de couleur, par pour une question de politiquement correct, mais parce que certains esclaves avaient une peau plus blanche que celles de leurs maîtres, n’ayant que très peu de sang africain, pourtant cette ascendance, aussi lointaine soit-elle, suffisait à faire d’eux des esclaves).
    Le livre n’a pas vraiment d’happy end. Certes Solomon recouvre la liberté (on le sait dès le titre et rien que le fait qu’il ait pu écrire ce livre nous indique qu’il n’est plus esclave) mais il a perdu 12 ans de sa vie, a souffert le martyre et laisse derrière lui des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui continuent à souffrir en toute légalité.

     

    Un extrait : Après dîner, ils me firent appeler dans leur chambre et me donnèrent 43 dollars, somme qui dépassait de loin les salaires qui m’étaient dus. La raison de cet acte de générosité, me dirent-ils, était qu’ils n’avaient pas donné autant de représentations que ce qu’ils m’avaient laissé envisager à notre départ de Saratoga. Ils m’informèrent également que le cirque avait eu l’intention de quitter Washington le lendemain mais avait finalement décidé, à cause des funérailles, de rester un jour supplémentaire. Comme toujours depuis notre rencontre, ils étaient envers moi d’une extrême gentillesse. Ils ne perdaient jamais une occasion de me féliciter et j’avais pour eux une admiration certaine. J’avais en eux une foi sans réserve et leur aurais fait confiance dans toute situation. Leur conversation, leur constante bienveillance – leur encouragement à me procurer un certificat d’homme libre et une centaine d’autres petites attentions qu’il est inutile de retranscrire ici – indiquaient qu’ils étaient véritablement des amis, soucieux de mon bien-être. Je ne les imaginais pas être autre chose à l’époque. Pour moi, ils étaient alors innocents de cette incroyable vilenie dont je les crois désormais coupables. Ceux qui lisent ces pages auront autant d’éléments que moi pour déterminer s’ils étaient complices de mes malheurs – des monstres inhumains subtilement déguisés en hommes –, s’ils m’avaient sciemment éloigné de mon foyer, ma famille et ma liberté. S’ils étaient innocents, ma soudaine disparition a, en effet, dû leur sembler inexplicable. Mais, ayant depuis analysé mille fois chaque détail, je n’ai jamais pu me résoudre à une conclusion qui leur soit aussi indulgente.

    Après m’avoir remis l’argent, dont ils semblaient disposer en abondance, ils me déconseillèrent de sortir ce soir-là, arguant que je n’étais pas un habitué de la ville. Je promis de suivre leur conseil et les laissai tous les deux. Je suivis un domestique de couleur jusqu’à ma chambre, située au fond du rez-de-chaussée. Je m’allongeai et pensai à ma femme, à mes enfants et à la distance qui nous séparait, puis m’endormis. Mais aucun ange miséricordieux ne vint à mon chevet cette nuit-là pour m’enjoindre de m’enfuir ; aucune voix de compassion ne m’avertit, dans mes rêves, de l’épreuve qui m’attendait.

     

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  • [Livre] Trylle – T03 - Royale

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    Résumé : L’heure est venue pour Wendy de sauver les siens…

    Il est l’heure de faire les bons choix pour Wendy : se sacrifier pour sauver son royaume et ceux qu’elle aime, en se livrant à ses ennemis les Vittras. Renoncer à l’amour des deux hommes entre lesquels son cœur balance et accepter un mariage de raison. Beaucoup de sacrifices pour une future reine dont le royaume est menacé.

    Le destin de son peuple est entre ses mains, et Wendy est prête à tout pour le sauver.

     

    Auteur : Amanda Hocking

     

    Edition : Castelmore

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 21 janvier 2015

     

    Prix moyen : 15,90€

     

    Mon avis : Dans ce tome, on fait un petit bond dans le temps. Wendy apprend son métier de reine depuis des mois à présent et sa mère, Elora, s’est enfin dégelée et va lui révéler pourquoi elle s’est montrée si froide avec elle depuis leur rencontre.
    Finn me sort de plus en plus des yeux. Qu’il mette le devoir au-dessus de tout, pourquoi pas, mais de toute évidence il ne respecte la hiérarchie que quand ça l’intéresse et je n’apprécie pas du tout sa manière de se conduire avec Wendy. Après tout, elle est sa supérieure hiérarchique, c’est la princesse, bientôt la reine, et il lui parle comme si elle avait des comptes à lui rendre. J’ai trouvé Wendy bien gentille de ne pas le relever de ses fonctions et de ne pas l’assigner à résidence chez son dragon de mère ! Mais j’ai apprécié qu’elle le remette plus d’une fois à sa place, l’air de rien.

    Pour moi dans ce tome, se confirme qu’il n’y a pas de triangle amoureux. Il y a trois hommes qui comptent dans la vie de Wendy mais de là à parler d’amour, on en est loin pour deux d’entre eux. Je dirais plutôt qu’il y a de l’amour pour l’un, un désir inassouvi pour l’autre et une profonde amitié pour le troisième. En tout cas, je n’ai pas douté une seule seconde de vers qui le cœur de Wendy penchait et tout ce que je me demandais était si elle allait sacrifier son bonheur à son devoir de reine.
    Tove est vraiment excellent au niveau politique. La manière dont il remet en place cette saleté de Marksinna Laris était fantastique, mais du coup j’ai regretté que cette pimbêche n’ait pas un rôle plus important.
    Wendy a profité de ces mois passés à apprendre son métier de Reine pour travailler aussi sur ses aptitudes, et sa puissance se révèle.
    Il y a beaucoup plus d’action dans ce tome, la guerre couve et ne va pas tarder à éclater, et les Vittras ont une façon bien à eux de respecter la trêve.
    La fin peut paraitre rapide et beaucoup de personnes se sont dit : « tout ça pour ça » et « si c’était ça la solution pourquoi personne ne l’a fait avant ? ». Je dirais que le vrai problème n’était pas tant de trouver une solution mais d’avoir quelqu’un sous la main capable de la mettre en œuvre.
    La nouvelle présente à la fin du tome vient conclure la saga en nous parlant du devenir des personnages après la fin du tome 3. J’ai apprécié d’avoir ainsi une vraie fin à une trilogie que j’ai vraiment beaucoup aimée.
    Si j’avais un peu peur que le seul atout de cette trilogie soit les superbes couvertures de chaque tome, j’ai vite été rassurée et j’ai été incapable de lâcher l’histoire du début du premier tome à la fin du troisième.

     

    Un extrait : Debout devant nous, une silhouette se retenait aux deux côtés de l’encadrement de la porte. La tête pendante, elle s’affalait vers l’avant. De la neige couvrait son pull noir. Ses vêtements en lambeaux étaient presque entièrement déchirés.

    — Puis-je vous aider ? demanda Duncan.

    — Il faut que je voie la princesse, répondit la silhouette.

    Dès que j’entendis sa voix, un frisson me parcourut.

    — Loki ? demandai-je en haletant.

    — Princesse ?

    Loki releva la tête.

    Il revêtit un sourire en coin, mais celui-ci avait perdu de sa gloriole. Ses yeux caramel avaient l’air fatigués et peinés, et les restes d’une ecchymose marquaient sa joue. En dépit de tout cela, il était tout simplement aussi magnifique que le souvenir que j’avais de lui. J’en eus le souffle coupé.

    — Que t’est-il arrivé ? demandai-je. Que fais-tu ici ?

    — Pardon pour l’intrusion, princesse, dit-il, son sourire s’évanouissant déjà. J’aimerais pouvoir dire que je suis là pour le plaisir, mais…

    Il déglutit difficilement tout en s’agrippant plus solidement des deux mains à l’encadrement de la porte.

    — Tu vas bien ? demandai-je en passant devant Duncan, que je bousculai.

    — Je…

    Loki essaya de parler, mais ses genoux lâchèrent. Il tangua vers l’avant et je me précipitai pour le retenir. Il tomba dans mes bras, puis je le posai sur le sol.

    — Loki ?

    Je repoussai les cheveux qui lui couvraient les yeux. Il battit un peu des cils en ouvrant à peine les paupières.

    — Wendy.

    Il me sourit, mais d’un sourire extrêmement faible.

    — Si j’avais su qu’il me fallait en arriver là pour que tu me prennes dans tes bras, je me serais évanoui bien plus tôt.

    — Que se passe-t-il Loki ? lui demandai-je doucement.

    S’il n’avait pas semblé aussi visiblement en détresse, je l’aurais remis à sa place pour sa remarque, mais il grimaça de douleur quand je lui touchai le visage.

    — Amnistie, dit-il péniblement avant de fermer les yeux. Je veux l’amnistie, princesse.

    Sa tête tomba sur le côté et son corps se détendit. Il avait perdu connaissance.

     

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  • [Livre] Trylle – T02 - Indécise

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    Résumé : Depuis que Wendy a appris avoir été échangée à la naissance, rien ne va plus. Plus elle en découvre sur sa famille et son entourage, plus Wendy prend conscience qu'elle partage beaucoup de points communs avec ses prétendus ennemis...et ces derniers sont prêts à toutes les ruses pour l'attirer dans leur camp.

    La guerre entre Trylles et Vittras est sur le point d'éclater. Le seul espoir pour la jeune fille de sauver les siens est de maîtriser ses pouvoirs et d'épouser un membre de la famille royale. Déchirée entre amour et devoir, Wendy doit décider seule de son sort...et du destin de ceux qu'elle aime.

     

    Auteur : Amanda Hocking

     

    Edition : Castelmore

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 20 août 2014

     

    Prix moyen : 15,90€

     

    Mon avis : Ce tome reprend exactement là où le tome précédent s’était arrêté avec Rhys et Wendy qui arrivent devant la maison qu’elle partageait avec Matt. Celui-ci va avoir du mal à comprendre les explications de sa sœur quant à sa « fugue » mais il ne va pas tarder à se retrouver embarqué dans l’histoire et donc à être bien obligé d’ouvrir les yeux.
    Dans ce tome Wendy est plus volontaire, moins encline à se laisser marcher sur les pieds. Ce n’est pas encore bien ça, et à sa place, je botterais volontiers quelques derrières mais elle s’améliore.
    Matt m’énerve toujours autant, peut être de plus en plus car même alors qu’on lui met les faits sous les yeux, il continue à voir sa sœur comme un bébé qu’il faut protéger et n’a absolument aucune conscience de la réalité du monde des Trylles.
    Mais Finn aussi commence à m’agacer. Sa manière de parler à Wendy ne me plait pas, il la traite comme si elle était sous ses ordres alors qu’elle a un rang bien plus élevé que le sien.
    Dans ce tome, Wendy va en apprendre plus sur elle-même et sa mère, Elora, va en prendre pour son grade pour ne lui avoir rien révélé.
    Chez les Vittras, on va faire simple, je les déteste tous, à part Loki et Sara. Quand on voit leur roi, on pourrait avoir de la peine pour eux, mais l’attitude de Sara et Loki prouve bien que les autres n’ont soit aucune conscience, soit qu’ils prennent plaisir à leurs activités.
    Wendy va passer beaucoup de temps dans ce tome à s’entrainer pour développer et contrôler ses aptitudes. Ceci est d’autant plus important que la jeune fille est très puissante et que le fait de ne pas contrôler ses pouvoirs pourraient mettre en danger aussi bien son entourage qu’elle-même.
    Willa est égale à elle-même mais au contact de Wendy, ses préjugés vont doucement s’éteindre et elle va se montrer non seulement plus « humaine » mais aussi plus efficace pour seconder Wendy (enfin après Tove, mais trigonder ça n’existe pas).
    Dans ce tome, il semble se développer un triangle amoureux, ce que je n’apprécie pas tant que ça, mais en fait, ce n’est pas vraiment un triangle amoureux. C’est bien plus compliqué que ça. Sachez seulement que j’ai trouvé Finn lamentable à ce sujet. Plus le temps passe et moins je supporte ce personnage.
    Loki, le nouveau personnage de ce tome est amusant. Il a toujours le mot pour rire, même dans les pires situations.
    L’action est moins présente mais ça ne manque pas car on sent que les choses bougent et qu’on se dirige vers un clash inévitable avec les Vittras.
    Encore un tome addictif à la fin duquel on ne peut pas attendre pour se saisir du troisième et dernier tome.

     

    Un extrait : Je replaçai mes boucles derrière mes oreilles en refusant de regarder Finn. J’avais du mal à croire que, la dernière fois que je l’avais vu, il m’avait embrassée si passionnément que je pouvais à peine respirer. Je me souvins des poils drus de sa barbe sur mes joues et de ses lèvres contre les miennes.

    Je le détestai soudain pour ce souvenir, comme je détestai avoir si terriblement envie de l’embrasser à nouveau.

    — Wendy, tu n’es pas en sécurité ici, dit Finn posément.

    — Je ne partirai pas avec toi.

    — Tu ne peux pas rester. Je ne le permettrai pas.

    — Tu ne me le permettras pas ? me moquai-je. Je suis la princesse, dois-je te le rappeler ? Qui es-tu pour me permettre quoi que ce soit ? Tu n’es même plus mon pisteur. Tu n’es qu’un harceleur exaspérant.

    Cela sonnait bien plus dur que je ne l’aurais souhaité. Non que Finn semblât d’ailleurs jamais blessé par ce que je lui disais ; cette fois encore, il se contenta de me dévisager, imperturbable.

    — Je savais que je serais le plus rapide à te trouver, et si tu ne rentres pas avec moi, ça n’est pas grave. Un autre pisteur arrivera très vite et tu pourras partir avec lui. J’attendrai son arrivée avec toi afin d’assurer ta sécurité.

    — Il ne s’agit pas de toi, Finn !

    Même s’il avait joué un plus grand rôle dans ma décision de quitter Förening que je ne voudrais jamais l’admettre, je n’étais pas partie juste à cause de lui. Je détestais ma mère, mon rang, ma maison, tout. Je n’étais pas faite pour une vie de princesse.

    Finn me regarda un long moment, essayant de comprendre ce que je voulais dire. Je m’efforçai de ne pas paraître mal à l’aise pendant qu’il me dévisageait. Ses yeux s’assombrirent et son expression se durcit.

    — Est-ce à cause du mänsklig ? me demanda-t-il, faisant allusion à Rhys. Je croyais t’avoir dit de ne pas trop le fréquenter.

    Les mänskligs étaient les enfants des humains échangés contre les bébés trylles. Ils campaient au plus bas de la hiérarchie trylle, et si une princesse était soupçonnée d’avoir une relation amoureuse avec l’un d’eux, ils se voyaient tous deux bannis pour toujours. Cela ne m’inquiétait guère puisque mes sentiments envers Rhys étaient strictement platoniques.

    — Cela n’a rien à voir non plus avec Rhys. Je me disais simplement qu’il avait peut-être envie de connaître sa famille, dis-je en haussant les épaules. Cela ne peut pas être pire que de vivre dans cette stupide baraque avec Elora.

    — Bien. Dans ce cas, il peut rester ici, acquiesça Finn. Quelqu’un veillera sur Matt et Rhys. Mais toi, tu dois rentrer à la maison.

    — Ce n’est pas ma maison. Ma maison est ici ! m’écriai-je en lui montrant la pièce dans laquelle nous nous trouvions. Je ne viendrai pas, Finn.

    — Tu n’es pas en sécurité.

    Tout en baissant la voix, il fit un pas vers moi et me regarda droit dans les yeux.

    — Tu as vu ce que les Vittras ont fait à Förening, Wendy. Ils ont envoyé une armée entière pour t’avoir.

    Il posa les mains sur mes bras et je ressentis une sensation de force et de chaleur.

    — Ils ne s’arrêteront pas tant qu’ils ne t’auront pas eue.

    — Pourquoi ? Pourquoi ne s’arrêteraient-ils pas ? demandai-je. Il doit bien y avoir des Trylles plus faciles que moi à enlever. Et qu’est-ce que ça peut faire que je sois princesse ? Elora peut parfaitement me remplacer. Je suis sans intérêt.

    — Tu es bien plus puissante que tu ne crois.

     

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  • [Livre] Trylle – T01 – L’échangée

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    Si vous désirez acheter ce livre, vous pouvez cliquer ICI ou sur l'image. Vous serez alors redirigés sur bookwitty. Si vous achetez le livre par ce lien, je touche une petite commission. Cela ne change rien au prix! D'ailleurs, j'indique dans la fiche le prix auquel je l'ai acheté, mais si entre-temps une version poche est sortie, je vous mets le lien vers le format le moins cher (après à vous de voir!)

     

    Résumé : Le jour de ses six ans, persuadée que sa fille est un monstre, la mère de Wendy Everly essaie de la tuer. Onze ans plus tard, Wendy découvre que sa mère n’avait peut-être pas tort. Elle n’est pas celle qu’elle a toujours cru être. Sa vie entière chavire et tout ceci à cause de Finn Holmes. Chacune de ses rencontres avec ce garçon mystérieux, qui passe son temps à l’observer, la secoue profondément… même si ce trouble est sans doute plus lié à son attirance pour lui qu’elle ne veut bien l’admettre. Il ne lui faudra pourtant pas attendre longtemps pour qu’il lui révèle la vérité: Wendy est une enfant substituée, qui a été échangée à la naissance — et il est venu pour la ramener chez elle. Wendy est sur le point de partir pour un monde magique dont elle ignorait jusqu’à l’existence, un monde à la fois merveilleux et effrayant pour lequel elle doit quitter son ancienne vie, afin de découvrir qui elle est supposée devenir.

     

    Auteur : Amanda Hocking

     

    Edition : Castelmore

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 19 mars 2014

     

    Prix moyen : 15,90€

     

    Mon avis : J’avais eu quelques échos de cette trilogie disant que l’histoire n’était pas à la hauteur de la beauté des couvertures. Du coup j’abordais ma lecture avec quelques appréhensions.
    Le début a été un peu compliqué. Je trouvais l’écriture un peu simpliste, l’histoire pas si bien raconté que ça. Mais je me suis dit que j’allais m’accrocher un peu. Et je n’ai pas regretté ce choix.
    Très vite, après seulement quelques chapitres, j’étais prise dans l’histoire, totalement accro !
    Wendy découvre assez vite qu’elle n’est pas humaine mais une Trylle (d’où le titre de la saga). Les Trylles sont un peuple de trolls, mais vu ce que l’imaginaire humain a fait des trolls, on peut comprendre qu’ils préfèrent le terme « Trylle ».
    On ne peut pas dire qu’ils fassent bonne impression à Wendy : entre la pratique des « échangés » qu’elle juge durement (et elle a bien raison car le but de cet échange est vraiment lamentable), la froideur de sa mère biologique et l’hostilité à peine voilée de certains nobles, rien n’est bien engageant.
    Les Trylles vivent en monarchie, dans une société très hiérarchisée et pleine de préjugés, ce que Wendy supporte assez mal, en jeune fille moderne qu’elle est.
    A plusieurs reprise, j’aurais aimé qu’elle tape un esclandre pour faire valoir ses points de vue au lieu de ruminer dans son coin ou de se promettre que la prochaine fois ça ne se passerait pas ainsi.
    Au niveau des personnages, Matt m’a profondément énervée. Il est surprotecteur avec sa sœur, mais au-delà d’un instinct de protection, on dirait que c’est un instinct de propriété qui le pousse à agir. Il surveille Wendy de manière constante et est très agressif avec les gens qui « tournent » autour d’elle. Un peu c’est bien, mais là c’est vraiment trop.
    Finn, j’ai du mal à le cerner. Je n’arrive pas à savoir s’il s’intéresse vraiment à Wendy ou s’il se contente de remplir une mission… difficile à dire pour l’instant.
    Willa m’est apparue assez sympathique, malgré ses préjugés et j’ai beaucoup aimé Tove qui prend un malin plaisir à agir exactement à l’inverse de ce qu’exige son rang.
    Ce premier tome sert surtout à nous faire découvrir les Trylles et leur univers, avec les « aptitudes » qui les distinguent des humains. Le fait que Wendy ne connaisse rien de ce monde fait qu’on le découvre en même temps qu’elle et qu’on ressent les mêmes frustrations qu’elle quand on lui donne une information sur le ton de l’évidence alors que personne ne lui en a parlé avant.
    Pour autant, le tome n’est pas lent. Il y a plusieurs scènes d’action car les Trylles ne sont pas les seuls à vouloir Wendy. Mais le pourquoi du comment, on ne le saura que dans les tomes suivants.
    Autant vous dire que la lecture que j’avais prévue après ce livre a été mise de côté car je me suis jetée sur la suite !

     

    Un extrait : Ma vie ne reposant que sur des idées mauvaises, parler de cette fête à Maggie avait sans doute été la pire de toutes. Je n’avais pas la moindre envie d’y aller, mais à peine eut-elle entendu parler d’un bal qu’elle décida que c’était l’évènement le plus épatant qui fût. Je n’avais encore jamais été à une soirée de ce genre, mais Maggie était tellement excitée par cette idée que je lui laissais cette petite satisfaction.

    Le bal commençant à dix-neuf heures, elle croyait avoir assez de temps pour finir de passer sa couche de peinture dans la salle de bain. Matt, de son côté, s’était mis à pester, principalement contre le fait que j’allais fréquenter des inconnus d’un autre sexe, mais Maggie le rembarra. Pour l’éloigner, elle l’envoya terminer le travail de jardinage. Sachant pertinemment que, cette fois, Maggie ne reviendrait pas sur sa décision, il s’exécuta.

    En dépit des efforts de Matt pour ralentir le travail, nous terminâmes le nettoyage du jardin assez vite et je retournai me préparer à l’intérieur. Pendant que je fouillais dans le placard, Maggie, assise sur le lit, m’observait en dispensant suggestions et commentaires sur tout, y glissant surtout un interminable flot de questions sur Finn. Comme j’entendais Matt grogner et se moquer de certaines de mes réponses, je compris qu’il nous écoutait.

    Après avoir choisi une robe bleue toute simple qui, d’après Maggie, m’allait à ravir, je la laissai s’occuper de mes cheveux. Quelle que soit ma façon d’essayer de les discipliner, mes cheveux refusaient toujours de coopérer. Cette fois-ci, même s’ils n’obéissaient pas complètement à Maggie, elle en vint à bout. Elle laissa échapper quelques mèches bouclées de sorte qu’elles encadrassent mon visage et attacha le reste.

    À la tête à la fois furieuse et sidérée de Matt quand il me vit, je compris que je devais être plutôt séduisante.

    Peu convaincue que Matt m’ouvrirait la porte de sa voiture pour que je pusse en sortir, Maggie préféra me déposer au bal. Tout en sachant que le bal durait jusqu’à vingt-deux heures, Matt avait souhaité que je ne dépasse pas vingt et une heures. Je pensais être rentrée bien plus tôt, mais Maggie insista pour que je prisse tout mon temps.

     

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