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[Livre] Je te vois reine des quatre parties du monde

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Résumé : Comme Christophe Colomb, Doña Isabel Barreto rêva de repousser les limites des mondes connus. Admirée – haïe aussi –, elle devint, au temps des conquistadors, la première et la seule femme amirale de la flotte espagnole.

En 1595, elle part de Lima avec quatre galions en quête du cinquième continent : l’Australie. Elle traverse le Pacifique, couvrant près de la moitié du globe sur une route maritime inexplorée.

Au fil de ses découvertes, elle va devoir affronter la violence et tenir tête à la mort. Elle aimera follement deux hommes qui partageront son ambition. Mais pour survivre, elle accomplira des actes qu’elle-même ne pourra se pardonner...

 

Auteur : Alexandra Lapierre

 

Edition : Pocket

 

Genre : Historique

 

Date de parution : 03 avril 2014

 

Prix moyen : 9€

 

Mon avis : Alexandra Lapierre n’aime pas la partialité. D’Isabel Barreto, on ne trouve que des portraits bien peu flatteurs qui ne servent qu’à mettre en avant des hommes qui l’ont côtoyée.
Alexandra Lapierre reprend donc l’histoire de cette femme au caractère bien trempé qui fut la seule femme amirale du temps des conquistadors.
Après trois ans de recherche sur la jeune femme, elle nous livre son histoire, sans chercher à en faire une héroïne irréprochable. On peut dire qu’Isabel est pleine de défauts, même si souvent son intransigeance qui confinait à la cruauté avait une raison parfaitement légitime. Peut-être aurait-elle du s’y prendre autrement, peut-être qu’avec plus de soutien des hommes qui l’entouraient, elle aurait pu s’y prendre autrement.
Mariée très jeune à un homme de plus de vingt ans son aîné, elle va vouer une admiration sans borne à cet homme qui a passé la moitié de sa vie à rechercher les îles Salomon.
Veuve, elle va devoir ramener à bon port ce qu’il reste de l’armada montée par son défunt mari. Son commandement sera accusé de toute part par ceux qui craignent de porter la moindre responsabilité dans la débâcle (et pourtant, y a-t-il vraiment un responsable quand on s’engage dans l’immensité de l’océan à la recherche de terres inconnues ?).
Elle créera le scandale en se remariant avec un homme trois mois seulement après la mort de son premier mari, et ce sans demander la permission de personne à une époque où les femmes sont mineures à vie, appartenant comme des meubles à leurs pères, frères ou mari.
Alexandra Lapierre nous livre un récit certes romancé, ce qui le rend d’autant plus attractif, mais également historiquement très recherché. On sent, et on sait si o a lu la postface, que l’auteur a fouillé dans des archives, dans les écrits, pour reconstituer au plus près la vie d’Isabel Barreto.
La première partie du livre est racontée par la sœur d’Isabel, Pétronille, religieuse au couvent de Santa Clara, qui se remémore l’enfance d’Isabel jusqu’à son mariage Puis Isabel prend le relais. Ainsi on passe subtilement d’un récit raconté par une autre (J’ai trouvé cette première partie un peu lourde, j’ai eu du mal à avancer) à celui que l’on découvre en étant au cœur de l’action (Et là, en revanche, on plonge dedans).
Je n’ai pas toujours apprécié l’attitude d’Isabel, je l’ai souvent trouvé arrogante, trop sûre d’elle et de sa haute position, croyant avoir tous les droits sur les autres parce qu’elle est, elle, de haut lignage. Ses décisions sur le bateau m’ont paru souvent dénuées d’humanité.
Mais d’un autre côté, j’ai trouvé la manière dont elle est traitée par l’équipage, surtout les officiers, scandaleuse. Certes, une femme à bord est supposé porter malheur, mais ils s’embarquaient pour trouver et coloniser des terres, donc il y avait forcément des femmes à bord, si cela les dérangeaient, ils n’avaient qu’à refuser le poste. Mais l’appât du gain était plus important que tout pour des hommes qui, par leur attitude, ont sciemment fait échouer la mission que devait remplir l’armada.
Je te vois reine des quatre parties du monde est un livre qui ravira aussi bien les passionnés d’aventures que les amateurs d’histoire. Et même s’il faut d’accrocher pendant les 60 premières pages, après, c’est juste fantastique.

 

Un extrait : « Moi, Alvaro de Mendaña, Gouverneur et Capitaine général de toutes les îles de la Mer du Sud par la grâce de Sa Majesté Philippe II, roi d'Espagne… sain d'esprit… libre de ma volonté… libre de mon jugement… et libre de mes choix, je publie ici mon testament… de la manière et dans la forme suivantes :

« Je rends mon épouse légitime, Doña Isabel Barreto, seule propriétaire et maîtresse absolue de tous les biens apportés avec moi sur ces rivages. Ainsi que de tous les autres biens qui sont miens aujourd'hui, ou qui pourraient être découverts comme tels dans l'avenir.

« Je lègue à Doña Isabel Barreto le marquisat héréditaire que je tiens de mon souverain le roi d'Espagne, ainsi que tous les autres titres et toutes les autres distinctions dont il a plu à Sa Majesté de m'honorer.

« Je la nomme chef des forces armées actuellement sous mon  commandement, avec le titre de Capitaine général de mon armada et d'Adelantada de cette expédition.

« Je lui confère les pleins pouvoirs sur mes hommes – marins, soldats ou colons –, et sur tous mes navires, afin qu'elle assure l'application de mes volontés et qu'elle poursuive la découverte, la conquête, l'évangélisation et la colonisation de la Terre de mon Hypothèse.

« Au nom de Sa Majesté, je fais de Doña Isabel Barreto, mon épouse légitime, l'incarnation de la personne royale sur l'océan Pacifique.

« La représentante de Dieu Tout-Puissant sur la terre et sur la mer.

« Par ce testament, je révoque tous les autres, déclarant nuls et sans effet mes testaments ou codicilles antérieurs.

« Telles sont mes irrévocables et ultimes volontés.

« Fait sur l'île que j'ai baptisée Santa Cruz, dans la baie que j'ai baptisée Graciosa, le 18 octobre 1595, en présence de mes capitaines. »

Cinq hommes se détachent du groupe et s'approchent pour signer.

Doña Isabel les devance.

Sous les yeux des témoins, elle murmure quelques phrases à l'oreille de son mari.

Il reprend avec difficulté :

« Je déclare…

Le greffier hésite.

À bout de forces, l'Adelantado s'impatiente :

— Écrivez ! ordonne-t-il dans un ultime sursaut.

«… que si ladite Doña Isabel Barreto, mon épouse légitime, désirait se remarier après ma mort, elle pourra jouir librement de tous mes biens. Et que le mari qu'elle choisira pourra jouir pareillement de tous mes biens, et titres, et distinctions qu'il a plu à Sa Majesté de m'octroyer. »

Le greffier lui tend la plume.

Son paraphe, d'ordinaire si élégant, est devenu, comme le reste de sa personne, tremblotant et fragile.

La jeune femme congédie les témoins. Elle a pris le testament pour le ranger dans le coffre de son mari, qu'elle referme des trois clés qui pendent à sa ceinture.

Ce geste accompli, elle s'effondre à genoux. Les larmes coulent sur son visage, qu'elle cache en baissant la tête. Elle reste penchée vers le sable, tente de prier, mais ne parvient plus à contenir son chagrin et sanglote en silence.

Il l'appelle. Elle bondit.

Il cherche à fixer sur elle, une dernière fois, son regard qui se trouble : « Isabel, la Conquête », il les confond toutes deux dans une même interrogation.

— Que va-t-il advenir des îles ? Que va-t-il advenir de toi ?

— Ne te tourmente pas pour moi.

— Les îles d'or existent. Je les ai vues !

— Évidemment, tu les as vues.

— Ne laisse pas les autres abandonner… Ne renonce pas.
Isabel s'efforce de le rassurer :

— Moi, renoncer ?

Elle lui a pris la main qu'elle serre avec force.

Elle essaye, sans même le savoir, de lui communiquer sa sève et sa chaleur :

— … Je continuerai, tu me connais.

Il ferme les paupières. Il garde les yeux clos.

Au-delà de sa passion pour cette épouse trop jeune, trop belle, trop riche, trop vigoureuse, une femme qui incarne le triomphe de la vie sous toutes ses formes, Alvaro de Mendaña la respecte et la connaît pour ce qu'elle est. L'égale d'un homme. Si quelqu'un peut gouverner ici, si quelqu'un peut survivre, c'est elle.

— Je te vois reine des quatre parties du monde.

Cette phrase, il l'avait prononcée lors de sa première déclaration d'amour. Il l'avait répétée à l'heure de sa demande en mariage. Il l'avait murmurée au matin de leur nuit de noces.

— Je te vois reine des quatre parties du monde, répète-t-il dans son agonie.

Quand la nuit finira, quand le soleil sera à son zénith le 18 octobre 1595, Don Alvaro de Mendaña rendra son âme à Dieu sur ces mots.

*

Et maintenant ?

— Dieu est au ciel. Le Roi est au loin… Et ici, maintenant, c'est moi qui commande !

 

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