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Résumé : Le livre se présente comme le journal qu’un condamné à mort écrit durant les vingt-quatre dernières heures de son existence dans lequel il relate ce qu’il a vécu depuis le début de son procès jusqu’au moment de son exécution, soit environ six semaines de sa vie.
Auteur : Victor Hugo
Edition : Flammarion
Genre : Classique
Date de parution : Dans cette édition : 2013
Prix moyen : 2€
Mon avis : Ce livre est présenté comme un conte engagé contre la peine de mort, mais je cherche encore ce qui peut convaincre contre cette pratique, surtout pour les contemporains de Hugo. De nos jours c’est différent, la peine de mort est abolie depuis des décennies en Europe et ce n’est plus vraiment dans nos mœurs. Mais à l’époque où a été écrite cette nouvelle, je n’ai rien vu qui nous faisait dire : oh la peine de mort quelle horreur ! Je serais plus encline à dire : le bagne, quelle horreur ! Car si le condamné, dont on ne sait ni le nom, ni exactement le crime (mais qu’on peut deviner, entre l’avocat qui pense que la préméditation ne sera pas retenue, et le condamné lui-même qui dit qu’il a fait couler le sang), n’attire pas spécialement la sympathie, la scène du ferrage des forçats est suffisamment horrible (et les « crimes » si faibles comparée à la peine) pour que ces hommes inspirent la pitié.
J’ai l’impression à être la seule à qui le roman ne donne pas envie de s’insurger contre la peine de mort, mais honnêtement, je n’ai pas eu l’impression d’un plaidoyer contre cette pratique.
Si on avait eu un doute sur la culpabilité de l’homme et qu’on avait mis l’accent que la peine de mort implique de ne jamais pouvoir réparer une erreur judiciaire, si on martelait : plutôt 10 coupables en liberté qu’un innocent tué par erreur, là oui, ça m’aurait touché.
L’affaire Ranucci a plus contribué à me positionner contre la peine de mort que ce roman dans lequel l’homme est clairement coupable et semble découvrir, après son crime, que son jeune âge ne va pas le dispense d’en subir les conséquences.
En revanche, la description du convoi des forçats, comme je l’ai dit plus haut, aurait tendance à me hérisser contre le bagne, d’autant plus que les peines étaient complètement disproportionnées par rapports aux « crimes ».
En revanche, la préface de Victor Hugo est clairement un plaidoyer non seulement contre la peine de mort mais contre le bagne, les juges, les prisons… c’est un peu idéaliste de croire qu’on peut se passer de l’administration pénitentiaire mais au moins là, on a un plaidoyer… dommage que le texte de la nouvelle n’en soit pas un.
Un extrait : Les juges, au fond de la salle, avaient l’air satisfait, probablement de la joie d’avoir bientôt fini. Le visage du président, doucement éclairé par le reflet d’une vitre, avait quelque chose de calme et de bon ; et un jeune assesseur causait presque gaiement en chiffonnant son rabat avec une jolie dame en chapeau rose, placée par faveur derrière lui.
Les jurés seuls paraissaient blêmes et abattus, mais c’était apparemment de fatigue d’avoir veillé toute la nuit. Quelques-uns bâillaient. Rien, dans leur contenance, n’annonçait des hommes qui viennent de porter une sentence de mort ; et sur les figures de ces bons bourgeois je ne devinais qu’une grande envie de dormir.
En face de moi une fenêtre était toute grande ouverte. J’entendais rire sur le quai des marchandes de fleurs ; et, au bord de la croisée, une jolie petite plante jaune, toute pénétrée d’un rayon de soleil, jouait avec le vent dans une fente de la pierre.
Comment une idée sinistre aurait-elle pu poindre parmi tant de gracieuses sensations ? Inondé d’air et de soleil, il me fut impossible de penser à autre chose qu’à la liberté ; l’espérance vint rayonner en moi comme le jour autour de moi ; et, confiant, j’attendis ma sentence comme on attend la délivrance et la vie.
Cependant mon avocat arriva. On l’attendait. Il venait de déjeuner copieusement et de bon appétit. Parvenu à sa place, il se pencha vers moi avec un sourire.
– J’espère, me dit-il.
– N’est-ce pas ? répondis-je, léger et souriant aussi.
– Oui, reprit-il ; je ne sais rien encore de leur déclaration, mais ils auront sans doute écarté la préméditation, et alors ce ne sera que les travaux forcés à perpétuité.
– Que dites-vous là, monsieur ? répliquai-je indigné ; plutôt cent fois la mort !
Oui, la mort ! – Et d’ailleurs, me répétait je ne sais quelle voix intérieure, qu’est-ce que je risque à dire cela ? A-t-on jamais prononcé sentence de mort autrement qu’à minuit, aux flambeaux, dans une salle sombre et noire, et par une froide nuit de pluie et d’hiver ? Mais au mois d’août, à huit heures du matin, un si beau jour, ces bons jurés, c’est impossible ! Et mes yeux revenaient se fixer sur la jolie fleur jaune au soleil.
Tout à coup le président, qui n’attendait que l’avocat, m’invita à me lever. La troupe porta les armes ; comme par un mouvement électrique, toute l’assemblée fut debout au même instant. Une figure insignifiante et nulle, placée à une table au-dessous du tribunal, c’était, je pense, le greffier, prit la parole, et lut le verdict que les jurés avaient prononcé en mon absence. Une sueur froide sortit de tous mes membres ; je m’appuyai au mur pour ne pas tomber.