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Résumé : Maya et Lochan ne sont pas des adolescents comme les autres. Élevés par une mère alcoolique et instable, ils sont livrés à eux-mêmes et n’ont d’autre choix que d’élever seuls le reste de la fratrie. Forcés de devenir adultes plus tôt que prévu, ils se soutiennent dans l’adversité et finissent par tomber amoureux. Lochan se sent seul au monde, et Maya est la seule à pouvoir le comprendre. Conscient de la monstruosité de cet amour, Lochan est prêt à tout pour bâillonner le désir et les sentiments que sa sœur lui inspire. Mais comment résister alors que Maya a besoin de lui autant qu’il a besoin d’elle ? Est-ce un crime de s’aimer si fort ?
Auteur : Tabitha Suzuma
Edition : Milady
Genre : Young Adult
Date de parution : 22 Septembre 2017
Prix moyen : 17€
Mon avis : Je crois que l’émotion qui m’a le plus envahie dans ce livre est la colère.
Colère contre la mère de Lochan et Maya qui en plus d’être alcoolique, se désintéresse totalement de son rôle de mère et abandonne à leur sort non seulement ses deux aînés mais aussi les trois petits, dont la plus jeune qui n’a que 5 ans.
L’amour qui se développe entre Lochan et Maya ne m’a pas plus choquée que ça parce qu’ils n’ont jamais eu de vrais rapports fraternels. Tous jeunes, ils ont été obligés de se poser en couple parental pour pallier l’absence de leur père et l’indifférence de leur mère. Dans la mesure où les circonstances les obligent à vivre comme un couple, était-il vraiment étonnant qu’ils en viennent à voir leurs sentiments évoluer ?
Mais la plus grosse colère que j’ai ressentie a été contre le gouvernement.
En effet, en France l’inceste, dans le cadre d’une agression sexuelle, est constitutif de circonstances aggravantes, si les membres d’une même famille ne peuvent pas se marier, en revanche, on fiche la paix aux gens et l’inceste consenti n’est pas sanctionné.
Mais l’histoire se passe en Angleterre. Et là, l’inceste consenti est sanctionné comme un acte criminel et passible d’une peine de prison.
Un peu comme l’homosexualité, il n’y a pas si longtemps que ça (et encore dans certains pays). Or l’inceste, s’il a ici lieu entre frère et sœur, pourrait avoir lieu entre un oncle et sa nièce, sensiblement du même âge, et qui ne se rencontre qu’une fois adultes.
Comment réagiriez-vous si on vous disait qui vous avez le droit d’aimer ? Si on décidait de vous envoyer en prison parce que, au nom de la morale (et la morale change d’une époque à l’autre, d’une société à l’autre), vous aimez quelqu’un « d’interdit » ?
Et surtout, où se situe la limite ?
Quand on torture et emprisonne les homosexuels, quand on emprisonne un couple qui s’aime mais qui a eu la malchance de naitre au sein d’une même famille, qu’est ce qui empêche d’aller plus loin ? Qu’est ce qui empêcherait les gouvernements de décider que dorénavant, ce sera à eux de former les couples et qu’il sera illégal de refuser le partenaire qu’on nous désignera ?
Il ne faut pas confondre protection et ingérence. Car quel mal font Lochan et Maya ? Ils s’aiment. Ils ont un besoin vital l’un de l’autre. A qui portent-ils préjudices ? A ceux qui ne supportent pas leur amour ? A une société hypocrite (l’amour entre cousin est légal, mais pas celui d’une tante par alliance et d’un neveu qui n’ont pourtant aucun liens de sang).
Ils essaient d’ailleurs de lutter contre cet amour qui les envahit, mais ce serait comme les amputer, les empêcher de respirer.
Autant je peux comprendre que ce soit un sujet tabou, qu’il mette mal à l’aise, qu’il dérange, autant l’immixtion de la loi m’est insupportable.
Si vous aimez les happy ends, passez votre chemin car dès le début, on se doute bien que l’histoire ne va pas bien se terminer. Pour autant, je ne m’attendais pas à ça. Pourtant, après coup, je me dis qu’en fait, il y avait de nombreux indices, mais peut-être que je n’ai pas voulu les voir.
Je ne pleure pas souvent en lisant un livre, mais celui-là m’a complètement bouleversée et j’ai été incapable d’enchaîner immédiatement sur un autre. Un vrai coup de cœur, aussi bien pour l’histoire que pour l’écriture de Tabitha Suzuma.
N’hésitez pas à dépasser vos préjugés pour lire cette histoire qui vous fera traverser un torrent d’émotions.
Un extrait : — Comment s’est passée ta journée, mon chou ?
Je parviens à sourire.
— Bien, maman. Comme toujours.
— Génial ! s’exclame-t-elle, faisant mine de ne pas remarquer mon ton sarcastique.
Si ma mère excelle dans un domaine, c’est bien l’art de ne jamais se mêler des affaires des autres.
— Dans moins d’un an, tu n’auras plus besoin d’aller à l’école et de consacrer ton temps à ces sottises, déclare-t-elle dans un sourire. Et puis, bientôt, tu vas fêter tes dix-huit ans et tu seras l’homme de la maison !
J’incline la tête contre l’encadrement.
L’homme de la maison.
C’est ainsi qu’elle m’appelle depuis que j’ai douze ans, depuis que papa nous a quittés.
Faisant de nouveau face au miroir, elle presse ses seins au-dessus du décolleté profond de sa robe.
— Comment tu me trouves ? demande-t-elle. J’ai eu ma paie aujourd’hui, et j’ai fait chauffer ma carte de crédit.
Elle m’adresse un sourire espiègle, comme si j’étais complice de cette petite extravagance.
— Regarde ces sandales dorées ! Elles sont superbes, non ?
Incapable de lui rendre son sourire, je me demande quelle somme elle a déjà dépensée sur son salaire mensuel. Depuis des années maintenant, elle fait du shopping pour se remonter le moral. Maman s’accroche désespérément à sa jeunesse, un temps où tout le monde se retournait sur son passage, mais sa beauté fane à vue d’œil avec la vie qu’elle mène.
— Tu es très belle, dis-je avec une voix de robot.
L’éclat de son sourire diminue un peu.
— Allez, Lochan, ne le prends pas comme ça ! J’ai besoin de ton aide, ce soir. Dave m’emmène dans un endroit vraiment sympa. Ça vient juste d’ouvrir, c’est sur Stratton Road, en face du cinéma. Tu vois où c’est ?
— Mouais… Bon, amuse-toi bien.
Je me fais violence pour ne plus froncer les sourcils et dissimuler le ressentiment dans ma voix. Dave n’est pas un mauvais bougre, d’ailleurs ; sur la longue liste des hommes avec qui ma mère est sortie depuis que papa l’a quittée pour une de ses collègues, c’est même le plus convenable. De neuf ans son cadet et propriétaire d’un restaurant où elle travaille comme serveuse, il est actuellement en train de divorcer. Mais comme tous les flirts de ma mère, il semble exercer sur elle ce même pouvoir étrange, c’est-à-dire la capacité de la transformer en une jeune fille qui rit sottement, aime faire la fête, et ressent le besoin impérieux de dépenser l’argent qu’elle gagne péniblement dans des présents pour « son homme » et des vêtements très ajustés et suggestifs pour elle. Aujourd’hui, il est à peine 17 heures, et elle rayonne déjà d’excitation à l’idée de sa soirée tout en se pomponnant, après avoir sans doute passé une heure à se demander comment elle allait bien pouvoir s’habiller pour sortir. Peignant ses cheveux permanentés et peroxydés en arrière, elle se fait une nouvelle coiffure et me demande de lui attacher son collier en faux diamants – un cadeau de Dave – qui, d’après elle, sont des vrais. Elle a la ligne, et pourtant elle est toute comprimée dans cette robe que sa fille de seize ans ne porterait pour rien au monde… Le commentaire, que marmonnent souvent mes voisins : « Elle a encore piqué les fringues de sa fille », me revient soudain en tête. Je sors de la salle de bains.