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Livres - Page 49

  • [Livre] L’échange

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    Si vous désirez acheter ce livre, vous pouvez cliquer ICI ou sur l'image. Vous serez alors redirigés sur bookwitty. Si vous achetez le livre par ce lien, je touche une petite commission. Cela ne change rien au prix! D'ailleurs, j'indique dans la fiche le prix auquel je l'ai acheté, mais si entre-temps une version poche est sortie, je vous mets le lien vers le format le moins cher (après à vous de voir!)

     

    Résumé : Mackie Doyle n’est pas un humain, même si tous les habitants de la petite ville de Gentry le considèrent comme un des leurs. Voilà seize ans, il a été échangé contre un bébé humain. C’est le prix à payer pour la paix avec le monde d’où il vient : un univers terrifiant où d’obscurs tunnels suintent des eaux pestilentielles, peuplé de morts-vivants et dirigé par une étrange princesse tatouée.

    Depuis, Mackie se bat pour survivre, malgré ses allergies mortelles au fer, au sang et aux lieux sacrés. Quand la plus jeune sœur de Tate, la fille qu’il aime, disparaît, il décide de tout faire pour la retrouver, même s’il doit affronter pour cela les plus sinistres créatures. Dans cette descente aux enfers, trouvera-t-il enfin sa véritable place ?

     

    Auteur : Brenna Yovanoff

     

    Edition : Michel Laffon

     

    Genre : Fantastique

     

    Date de parution : 20 septembre 2012

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : L’histoire a du potentiel. Le sujet est intéressant et les personnages ne demandent qu’à nous emporter dans leur univers. Malheureusement, le roman manque d’approfondissement. L’histoire est survolée et les origines de Mackie et de ses semblables pas assez expliquées.
    Les personnages acceptent tout sans réactions, sans se poser de questions. Tate est la seule à remettre en cause ce qu’elle voit, mais elle le fait de manière assez timide, même si c’est une grande gueule. Disons qu’elle n’insiste pas trop.
    J’ai aimé le côté One Shot car on est submergés par les trilogies et autres saga, mais l’auteur a confondu One Shot avec ébauche d’histoire. Celle-ci aurait pu être plus approfondie, plus détaillée. Le livre ne fait que 345p, on ne peut donc pas dire qu’elle était en difficulté à cause de la longueur.
    Quand on voit la couverture, on se pose plein de questions : pourquoi ce mobile ? Que représente-t-il ? Ça me faisait un peu penser à la famille Addams mais j’étais ouverte à toutes les explications. Et puis…rien… un pétard mouillé. L’explication tient en 2 lignes sans que cela ait la moindre incidence sur l’histoire.
    En fait, toutes les scènes, toutes les explications ne sont faites qu’à moitié. Et pour moi ça a été un gros manque.
    Le livre se laisse lire, il n’est pas très long et l’écriture en elle-même n’est pas désagréable. Avoir un narrateur masculin est aussi plutôt pas mal, car ça reste assez rare. Mais j’attendais vraiment plus d’une histoire avec une couverture et un résumé pareil.

     

    Un extrait : Pour cette dernière question, il s'était tourné vers Stéphanie, qui hocha la tête avec Jenna, mais Alice leva les yeux au ciel.

    — Pas vraiment. Ça pique un peu quand elle vous enfonce le tube... mais bon, ça va. En fait, on le sent beaucoup plus après coup ; au moment où elle arrache l'aiguille, ça se met à saigner et ça s'arrête plus.

    Elle tendit le bras pour montrer la tache rouge qui s'agrandissait à vue d’œil sur son pansement.

    Des métaux ferreux, on en trouvait partout, dans les voitures, dans les appareils électroménagers, dans ces grosses machines industrielles qui conditionnaient la nourriture. Mais la plupart du temps, ils étaient alliés à d'autres éléments — carbone, chrome et nickel. Ça restait douloureux, ou plutôt ça vous rongeait lentement, en profondeur. Je gérais.

    Tandis que le fer du sang, c'était une autre histoire. Il se ruait à travers ma bouche et mes narines, me prenait à la gorge. D'un seul coup, j'eus du mal à me concentrer. Mon cœur battait la chamade, puis se mit à ralentir fortement.

     

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  • [Livre] Le Fabuleux Destin D'Une Vache Qui Ne Voulait Pas Finir en Steak Haché

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    Résumé : Mis à part l'infidélité de son taureau, le bien nommé Champion, Lolle, une vache laitière, mène une vie tranquille dans un pré du nord de l'Allemagne.

    Jusqu'au jour où elle apprend de la gueule de Giacomo, un chat errant qu'elle a sauvé de la noyade, que le fermier a décidé de vendre le troupeau de bovins pour régler ses dettes.

    Afin d'éviter de finir entre deux tranches de pain de hamburger, Lolle, maligne comme un singe, décide de s'enfuir avec ses congénères pour rejoindre le pays où les vaches sont sacrées, l'Inde !

    Mais la route est longue et semée de dangers, à commencer par Old Dog, le chien sanguinaire du fermier.

    Débute alors pour Lolle et ses amis un périlleux voyage qui les conduit de l'autre côté de l'Atlantique, de New York à l'Ouest américain, territoire des bisons, jusqu'aux contreforts de l'Himalaya ...

     

    Auteur : David Safier

     

    Edition : Presse de la cité

     

    Genre : humour

     

    Date de parution : 07 Mai 2014

     

    Prix moyen : 21€

     

    Mon avis : Le périple de Lolle et ses amis est bourré d’humour. Entre le chat italien et séducteur, l’éternelle optimiste qui ne comprend pas la moitié de ce qu’on lui dit, la peste qui se jette à la tête des taureaux déjà pris… on a là une drôle d’équipe.
    J’ai beaucoup aimé tout le côté mystique avec les vaches qui ont une divinité, des croyances, qu’elles doivent confronter à la réalité.
    On en vient à oublier que les personnages sont des vaches jusqu’à ce qu’un problème de sabots ou de corne nous le rappelle brutalement. Il faut dire que leurs préoccupations sont très humaines : l’amour, l’acceptation, la foi, finir dans une assiette (bah je sais pas moi, vous avez peut-être des cannibales dans votre entourage…si c’est possible !).
    N’allez pas croire que le livre n’est qu’un enchaînement de gags sans suite logique car l’humour est parfaitement dosé et s’intègre dans une histoire dans laquelle il y a aussi beaucoup d’émotions.
    Il y a aussi un côté un peu angoissant avec Old Dog, un chien sadique, complètement fou, réputé être revenu d’entre les morts, et qui depuis la mort de sa dulcinée n’aime rien tant que torturer et tuer les autres animaux. Et, allez comprendre, il a pris sérieusement Lolle en grippe et est bien décidée à la tuer.
    Au fil du voyage, les relations entre les membres du groupe changent : il y a des tensions, des révélations, des erreurs d’appréciations et des non-dits… mais il y a aussi des déclarations d’amitié, d’amour, des réconciliations, des confidences…
    J’ai beaucoup aimé Giacomo qui est souvent un peu désabusé devant la totale ignorance de la vie des vaches. Ses explications ne sont pas toujours très claires pour elles, mais il fait de son mieux.
    Le livre n’est pas très long, mais l’histoire est bien menée et on ne s’ennuie pas une seconde. Je ne regrette absolument pas de l’avoir sorti de ma PAL !

     

    Un extrait : — L’Italia est très bella pour toutés les créatoures… a répondu le chat d’un air radieux.

    J’avais déjà les yeux brillants d’espoir.

    — … saufe pour les vaches.

    — Ah bon ? Pourquoi ?

    — Parcé qué on en fait dé la bolognaise.

    — De la quoi ?

    — Dé la bistèque hachée.

    — Qu’est-ce que c’est, la bistèque hachée ?

    — Ouné chose qué les houmains ils font avec les vaches.

    — Je ne comprends pas un traître mot de ce que tu racontes.

    Giacomo m’a regardée avec étonnement, puis s’est écrié d’une voix angoissée :

    — Dio mio, tou n’en as vraiment aucoune idée ?

    — Aucune idée de quoi ?

    Non seulement son comportement me laissait perplexe, mais il m’inquiétait.

    — C’est mieux qué tou né comprennes pas cé que tou né comprends pas, m’a répondu le chat. Et si nous changions dé soujet ? a-t-il proposé avec un enthousiasme un peu forcé. Veux-tou qué yé té chante autré chose ?

    — Non, je ne veux pas !

    — Ma yé connais des chansons très amousantes !

    Il a aussitôt entonné :

    — Les trous s’envolent dé lé fromage 2…

    — Giacomo !

    — Y’en connais oune autre : Toutés les bonnes choses ont oune fin, seule la saucisse en a deux…

    Cette fois, il s’est interrompu de lui-même et a murmuré :

    — Oh, yé crois qué celle-là né convient pas si bien qué ça…

    — Mais vas-tu m’expliquer enfin ? ai-je insisté en le poussant légèrement du bout du museau.

    Il ne disait plus rien à présent, se demandant s’il devait vraiment m’expliquer cette chose dont je n’avais aucune idée, mais dont je sentais bien qu’elle était importante. Qu’elle concernait ma propre vie. Je devais donc absolument savoir, quitte à recourir à la menace :

    — Dis-le-moi, ou je fais tomber une bouse sur ta tête !

    — Tou né férais pas ça ! a-t-il sursauté.

    — La question n’est pas là, ai-je bluffé. Mais plutôt de savoir si tu souhaites en arriver là.

    Après réflexion, il a fini par se décider.

    — Tou l’auras voulu. Eh bien, cetté chose dont tou n’as apparemment aucoune idée, c’est qué… les houmains, ils mangent les vaches.

    — Les humains font quoi ? ai-je demandé, totalement ahurie.

    — Ils mangent les vaches.

    — Ils font quoi ???

    — Ils mangent les vaches.

    — ILS FONT QUOI ???

    — Y’ai l’impression qué tou té répètes un peu…

     

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  • [Livre] Où passe l'aiguille

    Je remercie Véronique Mougin pour cette excellente lecture

     

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    Résumé : Et voici Tomas, dit Tomi, gaucher contrariant, tête de mule, impertinent comme dix, débrouillard comme vingt, saisi en 1944 par la déportation dans l'insouciance débridée de son âge, 14 ans. Ce Tom Sawyer juif et hongrois se retrouve dans le trou noir concentrationnaire avec toute sa famille. Affecté à l'atelier de réparation des uniformes rayés alors qu'il ne sait pas enfiler une aiguille, Tomas y découvre le pire de l'homme et son meilleur : les doigts habiles des tailleurs, leurs mains invaincues, refermant les plaies des tissus, résistant à l'anéantissement. À leurs côtés, l'adolescent apprendra le métier. Des confins de l'Europe centrale au sommet de la mode française, de la baraque 5 aux défilés de haute couture, Où passe l'aiguille retrace le voyage de Tomi, sa vie miraculeuse, déviée par l'histoire, sauvée par la beauté, une existence exceptionnelle inspirée d'une histoire vraie.

    Auteur : Véronique Mougin

     

    Edition : Flammarion

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : 31 janvier 2018

     

    Prix moyen : 21€

     

    Mon avis : Enfin j’ai pu me poser et lire tranquillement ce livre. Je l’ai depuis un bon moment, depuis quelques temps avant sa sortie, mais j’ai passé deux mois où je ne lisais que quelques pages par-ci, par-là, entre deux portes, sur le coin d’une table ou d’un oreiller et, vu le sujet de ce livre, et la période à laquelle il se déroule, je voulais vraiment pouvoir prendre mon temps.
    Autant le dire tout de suite, c’est un coup de cœur. Le premier livre de Véronique Mougin était plein d’humour et de légèreté ; celui-ci est dur et tendre à la fois, il est poignant et superbe, malgré les horreurs dont il témoigne.
    J’ai passé mon temps à reposer ce bouquin pour digérer un peu le récit. Pas longtemps, puisque je voulais savoir la suite, mais quelques minutes, parfois une heure entière, surtout pendant la partie se passant dans les camps de concentration. Parce que c’est un récit qui tient en partie du témoignage et que c’est dur, très dur. Rien ne nous est épargné, et pourquoi nous l’épargnerait-on, Tomas et les siens n’ont pas été épargnés, eux.
    Je crois que l’image qui m’a le plus poursuivie, tout au long du récit, est la seule qui laisse planer le doute, l’espoir, mais qui, en même temps, m’est apparue comme la plus terrible : c’est celle de la mère de Tomas qui est dans la file des femmes et enfants, avec Gabor, le petit frère. Le temps de détourner le regard quelques secondes et ils ont disparus.
    Quand on sait que les nazis avaient pour habitude de gazer les femmes et les enfants dès leur arrivée, mais qu’en même temps, certains, hélas très rares, trop rares, ont survécu… difficile de ne pas y penser au fil du texte, de ne pas espérer qu’ils aient pu passer entre les mailles du filet…
    L’horreur est omniprésente, elle arrive par les nazis, bien entendus, mais également par les autres prisonniers, promus « kapo » abusant de leur peu d’autorité ou simple détenus profitant de leur faible supériorité physique pour abuser de leur compagnons d’infortune. Comme si se montrer aussi cruel que les nazis allait adoucir leur propre sort.
    Tomas est un adolescent qui refuse de plier, il refuse de se laisser gentiment mourir. En perpétuelle opposition avec son père, il magouille, triche, ment, vole, prend des risques, fait tout ce qu’il peut pour sortir du lot mais pas trop, être remarqué mais pas remarquable, bref survivre à l’enfer du camp.
    J’ai eu du mal avec le père de Tomas. J’ai eu l’impression que chacune de ses décisions étaient prises sans penser aux autres, avec pour seul soucis de respecter les règles. Il ne semble pas comprendre que le monde dans lequel il vit désormais n’a plus de règle, que ce n’est pas parce qu’il se montre obéissant qu’il sera épargné.
    Il m’a choqué à plusieurs reprises, j’ai eu l’impression qu’il préférait voir mourir son fils plutôt que de le voir faire preuve d’une audace dangereuse alors qu’il n’avait plus rien à perdre.
    Après la guerre, il ne change pas d’attitude, il continue à vouloir imposer son mode de vie et sa vision des choses sans jamais penser qu’il pourrait avoir tort (Du moins pendant la plus grande partie de sa vie).
    J’ai beaucoup aimé que le récit soit entrecoupé de chapitres en italique nous révélant les pensées de divers personnages de l’entourage de Tomas qui montrent souvent que ce qu’ils pensent est très différent des pensées que leur prête l’adolescent.
    Après la guerre, après les camps, on pourrait penser que le pire est passé, que tout va aller mieux. Alors, oui, dans un sens le pire est passé, mais il reste la suspicion, les frontières qui ont bougées, son village qui n’appartient plus au même pays qu’avant, le pillage dont sa famille a été victime pendant son absence, rien ne va, tout a changé.
    Alors c’est le départ, vers un autre pays, un autre avenir. C’est à Paris que Tomas va trouver sa voie, se réconcilier pour de bon avec la couture, et même la haute couture. Il n’avait pas la même vision du métier que son père et, ne sachant pas qu’une autre manière de l’exercer existait, il l’avait rejeté en bloc. Il va se réinventer dans un métier où rien n’est jamais figé, où tout change à une vitesse folle, où il faut de l’audace et du talent, en plus d’un travail acharné, pour espérer survivre.
    Ce talent, Tomas le possède ; le travail, il a eu l’exemple de son père pour savoir que rien ne tombe tout cuit dans le bec, et l’audace, s’il en avait déjà avant la guerre, les camps et sa rage de vivre l’ont décuplée.
    Pourtant, il y a une chose que Tomas refuse de faire : se souvenir. Jusqu’à ce qu’une petite cousine décide d’écrire un livre sur son histoire. Et qu’il accepte d’ouvrir la boite de pandore et de raconter…

     

    Un extrait : Suis pas si bête, j’ai dit « tu t’occuperas du chat » pour le rassurer, le Tomi. Mais il va partir aussi, ma main à couper. Les Allemands ne nous ont pas envahis pour des prunes, ils vont nous prendre. Paraît que les gendarmes regroupent déjà ceux de mon village pour les emmener travailler. Travailler où, tout le monde se le demande, moi je m’en fous pas mal ; travailler comment, ça oui, j’aimerais bien qu’on me le dise. Pour m’entraîner avant. Parce qu’il faudra que j’y arrive, et tout de suite. Si seulement je savais ce qu’ils vont nous demander… Mon père et les autres pourront peut-être m’aider, si c’est trop difficile. C’est pour ça que je rentre en vitesse. Manquerait plus qu’ils s’en aillent sans moi.
    Il m’aurait pas dit au revoir, le môme. Je lui en veux pas, il est têtu. C’est pas une tête qu’il a, c’est un pavé. Une bourrique est moins obstinée que lui. C’est de famille, son grand-père, son oncle, tous sur le même modèle, tous dans le tissu, tous des bourriques. Surtout son père, et je sais de quoi je parle : M. Kiss, quand il a une idée dans la tête, il l’a pas au pied. Je me souviens, avant tous les problèmes, il employait un ouvrier à la boutique, Abel, un bon couturier, et un musicien du tonnerre. Le patron lui a dit : « Tu apprendras le violon au petit. » Quand Abel jouait un air, ça collait des frissons à tout l’atelier mais quand Tomi empoignait le machin, c’était les vitres qui tremblaient. La rigolade… Il en aurait crevé de rage, le petit, il détestait ça. Son père a insisté : « Il apprendra, un point c’est tout. » Alors le môme a épluché le violon. Le premier jour, il a retiré une corde, puis il a dépiauté un morceau de bois, encore une corde… Au bout de trois semaines c’était plus un instrument de musique, c’était un trognon de pomme. Le patron a cédé : Tomi a laissé tomber le violon, un point c’est tout. De toute façon, si on le force il s’enfuit et on le retrouve perché dans l’arbre, quand on le retrouve… Celui-là, on le mettra pas dans une case. Moi c’est le contraire, j’aimerais bien y entrer, dans les cases, mais j’y arrive pas. J’arrive pas à grand-chose, à cause de ma tête, ou alors c’est Dieu qui m’a fait comme ça mais pourquoi ? Je donnerais cher pour savoir quel travail ils vont nous donner, les Allemands.
    L’important, c’est qu’ils me demandent pas de coudre. J’y peux rien, ça veut pas. Quand je sculpte, ça va, les morceaux s’associent dans ma tête, ils tournent, c’est beau comme une valse d’Abel, j’entends le rythme d’abord, les mouvements arrivent, ensuite y a plus qu’à suivre les pas. Avec les tissus, rien. Pour la boucherie, c’était pareil : je distinguais pas un quasi de veau d’une côte d’agneau. On m’a même placé chez un comptable, y a pas eu moyen. Les choses normales, ça marche pas avec moi. Même la fille de l’autre fois, la brune du bordel, elle m’a regardé et je ne sais plus comment elle a tourné sa phrase mais ça voulait dire : t’es totalement à côté de la plaque. Elle m’a raccompagné à la porte et rien fait payer. Je rentre pas dans les cases, moi. Y a peut-être même pas de case pour moi. Quand j’y pense ça me fait mal et il comprend ça, Tomi… Il va me manquer, le môme. Je donnerais tout, tout pour savoir dans quoi on va bosser.

     

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  • [Livre] Philtres et potions

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    Résumé : Un délicieux cocktail de sorcellerie, de mystère et de glamour...

    Loups garous, vampires et sorcières peuplent les univers de vos séries préférées.

    Retrouvez-les dans neuf aventures signées par les maîtres du genre: Patricia Briggs, Jim Butcher, Rachel Caine, Karen Chance, P.N Elrod, Charlaine Harris, Faith Hunter, Caitlin Kittredge et Jenna Maclaine.

    A consommer sans modération: tous les fans de bit-lit vont se régaler!

     

    Auteur : Collectif

     

    Edition : Milady

     

    Genre : Bit Lit

     

    Date de parution : 18 mars 2011

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Comme tout recueil de nouvelles, certaines m’ont plu plus que d’autres mais dans l’ensemble j’ai fait de belles découvertes. De toutes les histoires présentées, je ne connaissais que l’univers d’Alpha et Omega dont on suit deux des personnages secondaires et celui de Harry Dresden, dont je n’ai lu que les premiers tomes, les suivants n’ayant pas été traduit en français. Pour toutes les autres histoires, ce fut une découverte.
    La première nouvelle : Loup d’aveugle, de Patricia Briggs, nous présente la rencontre entre le loup garou Tom et la sorcière Moïra, que ce qui lisent Alpha et Omega ont déjà rencontré. J’ai été contente de découvrir comment ces deux-là s’étaient rencontrés, mais je peux comprendre que la nouvelle ne présente guère d’intérêt pour ceux qui ne suivent pas la série.
    Ensuite nous retrouvons Harry Dresden dans La dernière tournée, de Jim Butcher. L’humour habituel de Dresden fait mouche et je pense que, puisqu’on suit une enquête indépendante de la série, n’importe qui peut l’apprécier. J’ai trouvé que cette nouvelle donnait envie de lire la saga, et elle m’a fait encore plus regretter de ne pas pouvoir lire la suite.
    Après avoir lu ces deux premières nouvelles, j’ai plongé dans l’inconnu avec des univers que je ne connais pas du tout, même si je connaissais parfois l’auteur au travers d’une autre saga.
    Dans Cadavre exquis de Rachel Caine, on va suivre Molly, une nécromancienne qui doit ressusciter un homme pour la seconde fois ce qui lui pose quelques problèmes aussi bien déontologiques que personnels. J’ai bien aimé cette histoire, mais j’ai trouvé que ça allait un peu trop vite. J’aurais aimé que les choses soient plus développées. Disons que l’histoire aurait pu servir de base à un roman entier plus qu’à une nouvelle.
    Dans Les jeux sont faits de Karen Chance dont je ne connais pas du tout les œuvres, j’ai beaucoup aimé le thème de l’histoire et les personnages. J’aurais préféré une nouvelle plus longue, qui prenne le temps de placer ses éléments car je l’ai trouvée assez mal construite au niveau du rythme.
    L'oeil doré d'Hécate de Patricia N. Elrod, m’a vraiment beaucoup plu. J’aime le ton blasé du personnage principal de la saga dossier vampire qui est également à l’honneur dans cette nouvelle. Je pense que je jetterais un œil sur la saga à l’occasion, même si je n’ai vraiment pas besoin de m’enflammer pour une nouvelle série vu la taille de ma PAL !
    Bacon de Charlaine Harris m’a moins convaincue. Elle met en scène vampires et loups garous mais je n’ai pas réussi à raccorder l’histoire à un univers, même si je suppose qu’on tournait autour de la communauté du sud puisqu’il était question de sheriff dans la hiérarchie vampire.

    Dans La marque des morts de Faith Hunter l’histoire est racontée du point de vue de la sorcière Molly mais l’histoire reste quand même très centrée sur Jane Yellowrock, héroïne de la saga éponyme. J’ai bien aimé l’ambiance et le caractère des différents personnages. Mais j’ai trouvé que tout se résolvait trop vite.
    La rouquine de Caitlin Kittredge ne m’a pas vraiment convaincue. Le vrai visage des différents personnages est prévisible, mais beaucoup d’éléments sont comme un cheveu tombé dans la soupe. On ne sait pas le pourquoi du comment, tout se règle de manière bien trop facile et rapide et la grande méchante de l’histoire n’est crédible que quelques minutes.

    Enfin, Sombre péchés de Jenna Maclaine nous permet de découvrir une héroïne qu’on ne connait pas en France. Et c’est dommage car cette nouvelle m’a donné très envie d’en savoir plus sur Cin, cette sorcière qui, transformée en vampire, a conservé ses pouvoirs ce qui n’aurait pas dû advenir. Le rythme est un peu rapide et je reste sceptique quant aux interventions de la déesse mais j’aurais envie d’en savoir plus. Reste à espérer que l’auteur sera publiée en France un de ces jours !
    Au final, ce livre a été une bonne lecture. Le format de nouvelles permet non seulement de découvrir la plume d’un auteur sans pour autant immédiatement se lancer dans une saga, mais aussi d’avoir des histoires plus courtes, idéales à lire quand on est fatigués mais qu’on veut terminer la journée sur un peu de lecture (pas de risque de : encore un chapitre et je dors…).

    Un extrait : On sonna à la porte. C’était le problème, avec son métier. Trop de gens pensaient pouvoir venir lui rendre visite à n’importe quel moment. Même en plein milieu de la nuit, alors que ses horaires étaient clairement affichés sur sa porte et sur son site web.

    Bien sûr, ouvrir la porte, ça la changerait de rester assise à ruminer dans le noir. Cela étant, son univers était toujours plongé dans l’obscurité. C’était la raison pour laquelle elle détestait autant les cauchemars : elle ne pouvait pas allumer la lumière au réveil. Et de tous ses cauchemars c’étaient les rêves prémonitoires qui étaient les pires. On sonna de nouveau.

    Elle dormait – ou en tout cas, essayait de dormir – aux mêmes heures que la plupart des gens. Et elle s’efforçait de respecter des horaires de travail stricts. C’était quelque chose qu’elle n’hésitait pas à faire remarquer aux crétins qui venaient la réveiller en pleine nuit. Ceux-ci voulaient voir Glinda, la Bonne Sorcière du Sud, mais après minuit, ils se retrouvaient face à la Méchante Sorcière de l’Ouest et s’enfuyaient généralement à toute allure de peur d’être attaqués par des singes volants.

    La personne qui se trouvait de l’autre côté de la porte n’avait aucun moyen de se douter à quel point elle lui était reconnaissante d’avoir interrompu le fil de ses pensées.

    La sonnette se mit à retentir sur un rythme lancinant, un coup long, un coup court, un coup long, et elle se sentit soudain beaucoup moins reconnaissante. Au diable les singes volants, elle allait transformer cette personne, qui qu’elle soit, en grenouille. Elle chaussa vivement ses lunettes noires et traversa le hall d’entrée d’un pas déterminé. Dommage que la plupart des bons sorts de transmutation aient été perdus avec la famille Coranda au XVIIe siècle : les gens mal éduqués avaient bien besoin d’être transformés en grenouilles. Ou en cochons. Elle ouvrit brusquement la porte et frappa la main indélicate qui maltraitait la sonnette. Elle eut même le temps de dire « Arrêtez ça ! » avant que l’esprit du visiteur la frappe avec la force d’un coup physique. Son odorat lui apprit, avec un peu de retard, qu’il était couvert de sueur, comme s’il avait couru. Ses autres sens lui dirent qu’il était différent.

    Non qu’elle aurait pu penser qu’il était humain. Contrairement à d’autres sorcières, elle ne faisait pas de publicité, et de ce fait n’avait que rarement des clients ordinaires. Il arrivait que des humains aient des problèmes qui perturbaient son sommeil, auquel cas elle leur lançait un sort pour qu’ils la retrouvent ; mais ceux-là, elle savait quand ils arrivaient.

    — Madame Keller, gronda-t-il, j’ai besoin de vous parler.

    Au moins avait-il arrêté de maltraiter la sonnette.

    Elle haussa le sourcil jusqu’à ce qu’il apparaisse au-dessus de ses lunettes.

    — Les gens bien éduqués viennent ici entre 8 et 19 heures, l’informa-t-elle. Un loup-garou, pensa-t-elle. S’il perdait vraiment son sang-froid, elle se retrouverait dans une situation délicate, mais il semblait plus désespéré qu’en colère… Encore qu’avec les loups, les deux états pouvaient se confondre à une vitesse remarquable.

    — Quant aux malpolis, je les renvoie d’où ils viennent, poursuivit-elle.

    — Demain matin, il sera probablement trop tard, répliqua-t-il, avant d’ajouter quelque chose qui la convainquit de continuer à l’écouter : C’est Alan Choo qui m’a donné votre adresse. Il m’a dit que vous étiez la seule personne assez courageuse pour les défier.

    Elle envisagea de lui refermer la porte au nez : même un loup-garou ne pourrait traverser son portail si elle ne le voulait pas. Mais les défier, eux… Son cauchemar, ainsi que ceux des semaines précédentes, les concernait, lui, surtout. Et son instinct lui disait qu’il s’agissait de rêves prémonitoires et non de simples cauchemars. Le moment était enfin venu. Et non, décidément, elle ne lui était pas du tout reconnaissante.

     

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  • [Livre] Emma

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    Si vous désirez acheter ce livre, vous pouvez cliquer ICI ou sur l'image. Vous serez alors redirigés sur bookwitty. Si vous achetez le livre par ce lien, je touche une petite commission. Cela ne change rien au prix! D'ailleurs, j'indique dans la fiche le prix auquel je l'ai acheté, mais si entre-temps une version poche est sortie, je vous mets le lien vers le format le moins cher (après à vous de voir!)

     

    Résumé : Orpheline de mère, seule auprès d'un père en mauvaise santé, Emma Woodhouse, désormais la maîtresse de maison, s'est mis en tête de marier Harriet Smith, une jeune fille qu'elle a recueillie chez elle. Ce faisant, ne s'est-elle pas attribué un rôle qui n'est pas (ou pas encore) pour elle ? Son inexpérience des cœurs et des êtres, ses propres émotions amoureuses, qu'elle ne sait guère interpréter ou traduire, lui vaudront bien des déconvenues et des découvertes.

     

    Auteur : Jane Austen

     

    Edition : Milady

     

    Genre : classique étranger

     

    Date de parution : 1ère parution : 1816
                                  Dans cette édition : 29 Mai 2015

     

    Prix moyen : 7,60€

     

    Mon avis : Je ne sais pas si c’est mon édition ou si on trouve ça dans toutes les éditions, mais une chose a vraiment été pénible dans ma lecture : la tentative de francisation des prénoms. Je dis tentative car ce n’est pas fait à chaque fois. Ainsi, le beau-frère d’Emma se prénomme alternativement John et Jean et son amie passe régulièrement d’Harriet à Henriette et inversement, et ce parfois dans la même page.
    Les premières fois que ça arrive, on se demande de qui l’auteur est en train de parler. Heureusement, on s’y fait vite, mais ça demeure pénible.
    Quand j’ai commencé à lire le livre, je me suis dit : Ah tiens, il n’y a aps de personnage complètement stupide et insupportable, comme Mrs Bennet dans orgueil et préjugés ou profondément méchant comme Fanny dans raison et sentiments pour n’en citer qu’une.

    Les personnages sont plus nuancés que dans les autres œuvres de Jane Austen.
    Certes le père d’Emma est un poil hypocondriaque et donne nombres de conseils à son entourage qui s’en fiche complètement mais fait mine de les observer pour ne pas bouleverser le vieil homme, mais en dehors de ce petit travers, il n’est guère dérangeant. Certes Mlle Bates ne cesse de parler, mais elle n’est pas sans cervelle.
    Emma est moins parfaite qu’Elinor dans raison et sentiments à qui on ne pouvait reprocher qu’un excès de sérieux. Ici, au fil de la lecture, on se rend compte qu’Emma est têtue comme une bourrique, qu’elle refuse souvent d’admettre ses torts. Elle a aussi une haute opinion d’elle-même et est très à cheval sur le rang social (elle semble se sentir un peu supérieure aux autres). Elle est touchante, mais elle m’a parfois agacée.
    Franck Churchill peut apparaître comme un garçon sans scrupules mais il est plus inconscient que méchant. Tout ce qu’il peut faire n’est pas fait dans le but de nuire.
    La tante, Mme Churchill semble être le type même du personnage nuisible, mais il n’est question d’elle que par récit, et on ne la voit pas dans l’histoire.
    Les Elton sont loin d’être sympathique mais ils m’ont semblé plus pathétiques et ridicules que vraiment nocifs.
    Mr Knightley, le frère ainé du beau-frère d’Emma et son plus proche voisin, est le plus sensé et raisonnable de tous les personnages, même s’il est parfois un peu sec dans ses paroles.
    Parfois, tout comme Emma, j’ai été étonnée des relations qui se nouent, même si j’ai désapprouvé l’influence qu’elle a sur Harriet concernant un de ses prétendants.
    Le style inimitable de Jane Austen nous emporte comme toujours dans l’histoire et on se prend au jeu des intrigues au mariage, des empêchements, des mésalliances ou des envies d’ascension sociale.
    Malgré sa longueur, Emma se lit rapidement et facilement, Jane Austen employant, certes, un langage de son époque, mais dépourvu du côté ampoulé que l’on peut trouver chez d’autres auteurs.

     

    Un extrait : Peu après le mariage de Mme Weston, Emma reçut un matin une lettre de Mme Goddard lui demandant en termes respectueux l’autorisation d’amener avec elle, après le dîner, une de ses pensionnaires, Mlle Smith ; il s’agissait d’une jeune fille de dix-sept ans qu’Emma connaissait de vue et dont la beauté l’avait frappée. Elle répondit par une très aimable invitation.

    Harriet Smith était une enfant naturelle ; un anonyme l’avait placée plusieurs années auparavant en pension chez Mme Goddard et ce même anonyme venait de l’élever de la situation d’écolière à la dignité de demoiselle pensionnaire. C’est tout ce qu’on savait de son histoire. Elle ne possédait pas de relations en dehors des amis qu’elle s’était créés à Highbury ; elle venait précisément de faire un long séjour chez d’anciennes compagnes de pension.

    Emma appréciait particulièrement le genre de beauté de Mlle Smith : celle-ci était de petite taille, blonde, la figure pleine avec un beau teint, des yeux bleus, des cheveux ondés, des traits réguliers qu’animait une grande douceur d’expression. Avant la fin de la soirée, les manières de la nouvelle venue avaient également gagné l’approbation d’Emma qui prit la résolution de cultiver cette connaissance. La jeune invitée, sans être timide à l’excès, fit preuve d’un tact parfait ; elle se montra gracieusement reconnaissante d’avoir été admise à Hartfield et naïvement impressionnée de la supériorité ambiante. Emma estima que l’ensemble de ces grâces naturelles formait un trop bel ornement pour la société de second ordre d’Highbury.

    Assurément la jeune fille ne vivait pas dans un milieu digne d’elle ; les amis auxquels elle venait de rendre visite, bien qu’excellentes gens, ne pouvaient que la gâter. Emma connaissait les Martin de réputation : ceux-ci étaient, en effet, locataires d’une grande ferme appartenant à M. Knightley ; elle savait qu’il avait d’eux une excellente opinion, mais à son avis ils ne pouvaient pas devenir les amis intimes d’une jeune fille à laquelle il ne manquait, pour être parfaite, qu’un peu plus de savoir-vivre et d’élégance.

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  • [Livre] Deux secondes en moins


    Je remercie la masse critique de Babelio et les éditions Magnard pour cette belle lecture

     

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    Résumé : Depuis qu'un accident de voiture l’a complètement défiguré, Igor se mure dans le silence. Sa rancune envers son père, responsable de l'accident, est immense, comme sa solitude.
    Rhéa sombre dans le chagrin après le suicide de son petit ami. Encore sous le choc, elle ne sait plus à qui ni à quoi se raccrocher dans la ville où elle vient d'emménager.
    Pour l'un et l'autre, tout s'est joué à deux secondes. Deux secondes qui auraient pu tout changer...
    Et pourtant, Igor et Rhéa reprennent jour après jour goût à la vie en se raccrochant à la musique. Une fantaisie de Schubert et un professeur de piano pas comme les autres vont les réunir et les mener sur un chemin inespéré.


    Auteur
     : Marie Colot et Nancy Guilbert

     

    Edition : Magnard

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 13 Février 2018

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : La particularité de ce roman est qu’il est écrit à quatre mains. Au fil des chapitres, on alterne le point de vue de Rhéa et celui d’Igor et chacun des deux ados a été « pris en main » par l’un des auteurs. Du coup les deux récits font vraiment ressortir une personnalité propre à chaque personnage.

    Les drames vécus par Igor et Rhéa sont très différents : Igor est blessé physiquement tandis que Rhéa a le cœur brisé. Mais leur souffrance, elle, est très similaire.

    J’ai trouvé que les réactions de l’entourage de Rhéa étaient assez dénuées d’empathie. A un moment sa mère lui dit qu’elle ne peut pas leur imposer son chagrin et j’ai trouvé ça vraiment anormal parce qu’on ne parle pas d’un simple chagrin d’amour, qui serait déjà une raison légitime d’avoir du chagrin, on parle d’un suicide, qui s’est déroulé à peine 4 ou 5 mois plus tôt. Je me suis demandé si cette femme s’entendait parler, si elle réalisait la dureté de ses mots.

    Du côté d’Igor, à plusieurs reprises, sa mère lui reproche à demi-mot sa rancune envers son père mais je comprends parfaitement cette rancune quand on connait les raisons de celle-ci.

    Fred est mon personnage préféré. Déjà, aux yeux des ados, comme aux miens, il a une légitimité pour leur parler du temps qui guéri les blessures, de la nécessité d’avancer, car lui aussi a vécu un drame, ensuite, il a une façon de présenter les choses, sans jamais mettre de pression ni exiger de réactions immédiates, qui pousse Rhéa et Igor à se poser des questions et à explorer leurs sentiments pour voir s'ils sont prêts à faire le pas suivant.

    Alors, il est vrai que j’ai eu les larmes aux yeux pendant la quasi-totalité du roman, mais, même si celui-ci démarre dans le drame vécu par Igor et Rhéa, on a ici un roman sur la reconstruction au travers de la musique.

    Bien sûr ce n’est pas facile pour autant et pour chaque pas en avant, Rhéa et Igor en font un en arrière et deux sur le côté, mais petit à petit, ils avancent, ils retrouvent leurs marques. Tout n’est pas effacé, les drames n’ont pas disparus, mais ils vont apprendre à vivre avec.

    Pour soulager la tension, le torrent d’émotions qu’apporte ce récit, il y a Obama. Un perroquet, très bavard, rapporteur et fan de son homonyme au point d’avoir appris les slogans anti-Trump, vexé que son chouchou ne soit plus à l’honneur. Il dit parfois tout haut ce que les autres pensent tout bas sans oser le dire et allège un peu l’ambiance parfois morose.

    Ce livre, que j’ai lu sans penser trouver autre chose qu’une énième histoire d’adolescent devant se reconstruire après un drame ou une maladie, a été un vrai coup de cœur tant il a su me toucher que ce soit par l’histoire elle-même ou par les plumes des auteurs, aussi belles l’une que l’autre.

     

    Un extrait : Fred, je le connais depuis que je suis petit. C’est un ami de ma mère. Ils ont étudié ensemble au Conservatoire, ils étaient comme les deux doigts de la main jusqu’à ce qu’ils prennent des voies opposées. Quand elle a rencontré mon père, ma mère a délaissé son violon, puis elle est tombée enceinte au cours des premiers mois de leur histoire, et ses doigts ont troqué l’archet contre les couches culottes. Pendant ce temps, Fred taillait son chemin de grand pianiste, les mains courant sur le clavier de son piano. Il a joué quelques années avec un orchestre, a voyagé un peu partout en Europe et en Asie, jusqu’à trouver son âme sœur au premier rang d’une belle salle de concert parisienne. Il a abandonné les tournées pour rester auprès d’elle, en compagnie de notes de musique, évidemment. Il enseigne au Conservatoire depuis huit ans et, s’il n’y avait pas eu l’accident, il aurait été mon prof de troisième cycle cette année.
    A la place, depuis début septembre, il vient me donner une leçon trois fois par semaine. Il parait que j’ai du talent. Et il faut éviter que je perde la main puisque j’ai déjà perdu la face. Fred m’aide à persévérer, malgré tout. Il me répète que « ça va passer », que quand ça ne va pas, il suffit de respirer, comme avant d’entamer la Toccata de Bach au piano. Je n’ose pas l’envoyer se faire voir avec ses bons conseils. Lui, il sait de quoi il parle : Hua est décédée il y a six ans, mais il est toujours là, avec son air confiant, sa barbe de trois jours, ses doigts longs et nets, sa veste e velours et son jean délavé dont s’échappe souvent un bout de chemise. Il n’a jamais arrêté de jouer, même si elle n’était plus là pour l’écouter. Il était au piano à son enterrement, et il m’a dit souvent que ça l’avait sauvé de cette maudite journée d’adieu, que les notes de musique avaient apporté de la lumière dans sa maison où il broyait du noir depuis le départ de sa femme.
    « Fourrer le nez dans le clavier, ça permet de garder la tête hors de l’eau ! »

     

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  • [Livre] Caraval

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    Résumé : Depuis qu’elle a dix ans, Scarlett envoie des lettres au maître de Caraval, Légende, pour qu’il vienne donner son extraordinaire spectacle sur son île. Alors qu’elle a dix-sept ans et qu’elle est sur le point de se marier avec un inconnu, le maître de Caraval lui répond enfin. Il l’invite, elle et sa sœur Donatella à venir sur l’île des Songes pour voir le spectacle... Mais leur père, un homme tyrannique, refuse qu’elles s’y rendent.

    Aidées par Julian, un marin, les deux sœurs s’échappent. Mais quand le bateau accoste sur l’île des Songes, Donatella a disparu, enlevée par Légende. Scarlett découvre que cette année le spectacle prend la forme d’un jeu dont le but est de retrouver sa sœur. Le gagnant verra son souhait le plus cher exaucé. Prête à tout pour sauver sa sœur, Scarlett accepte de participer, aidée par Julian. La jeune fille découvre alors un monde troublant, empreint de magie. Scarlett a beau savoir que tout ce qui se passe à Caraval n’est qu’un jeu, elle se retrouve bientôt empêtrée dans un univers à cheval entre rêve et réalité.

    Finalement, dans ce monde, Scarlett n’est sûre que d’une chose : si elle ne retrouve pas sa sœur avant que les cinq nuits du jeu soient écoulées, celle-ci disparaîtra pour toujours...

     

    Auteur : Stephanie Garber

     

    Edition : Bayard

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 08 Février 2017

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : J’ai beaucoup entendu parler de ce livre. Tellement en fait, que je l’avais mis de côté et que je n’arrivais pas à m’y mettre.
    Et puis finalement, à la faveur d’un challenge, j’ai décidé de me lancer et je ne l’ai pas regretté !
    Difficile de décrire ce que j’ai ressenti à la lecture de ce livre. Au début, l’écriture me paraissait bien, mais sans plus. Un livre banal. Pas un qu’on a envie d’abandonner, plutôt une bonne lecture même, mais bon celui-là ou un autre…
    Et puis… je ne suis pas bien sûre de ce qu’il s’est passé. Au fur et à mesure de ma lecture, c’est comme si l’histoire s’adaptait à mes envies. C’est devenu de plus en plus addictif, à tel point que j’aurais presque pu me retrouver au cœur de Caraval. J’avais vraiment l’impression que l’histoire, l’écriture, se modifiait sous mes yeux.
    Est-il nécessaire de préciser que j’ai encore eu une nuit très courte ?
    Dans Caraval tout est fait pour déstabiliser les joueurs et du même coup le lecteur. Déjà, le jeu n’a lieu que de nuit. Le temps est donc inversé, ce qui est très déstabilisant car en 5 jours seulement, les joueurs n’ont pas le temps d’adapter leur corps à échanger ainsi les temps de sommeil et de veille, ce qu’il fait qu’ils sont moins attentifs dans une aventure ou chaque détail compte. Ensuite ce temps, il ne s’écoule pas de la même façon selon l’endroit où l’on se trouve. Il faut compter aussi avec les paiements qui ne se font jamais en espèces sonnantes et trébuchantes, mais avec des secrets, des désirs, voire même des jours de vie, avec les lieux et objets qui réagissent selon les émotions de ceux qui s’y trouve ou les utilise…
    J’ai beaucoup aimé Scarlett. C’est une jeune fille qui est un peu perdue, bien décidée à protéger sa sœur au détriment de son propre bonheur. Confrontée à un père d’une violence et d’un sadisme extrême, elle essais de faire face et de surmonter la peur qui l’envahit chaque fois qu’elle fait quoi que ce soit qui pourrait lui attirer les foudres de son père, autant dire à peu près tout.
    J’ai beaucoup aimé le fait qu’elle voit ses émotions en couleur mais j’ai regretté que ça n’apporte rien à l’histoire, qu’il n’y ait ni explication à ce sujet ni conséquences. J’aurais aimé que cette particularité ait vraiment un impact sur l’aventure de Scarlett.
    J’ai eu un peu plus de mal avec Donatella qui m’est apparue sans cervelle et égoïste.
    Concernant Julian, le fiancé de Scarlett, Dante et les autres personnages qui entourent plus ou moins Scarlett, j’ai été incapable de savoir qui était nocif pour la jeune fille, qui était digne de confiance… Les caractères, les réactions des uns et des autres, sont aussi changeant que le reste du jeu et j’ai passé ma lecture à me méfier de tout le monde.
    J’ai vraiment été emportée dans la lecture et, chose rare chez moi, j’ai refermé le livre en me disant : « pitié, faite qu’il y ait une suite ! »
    Ouf, c’est bien le cas ! Mais il va falloir être patient car il ne sort qu’en mai 2018 en anglais… La sortie VF n’est pas encore renseignée. Mais clairement, je me jetterais dessus dès sa sortie !

     

    Un extrait : Quand Scarlett était âgée de huit ans, les soldats de son père l’avaient mise en garde contre le sable noir et scintillant de la plage de Los Oros pour la dissuader d’approcher du rivage. « Il est noir parce que ce sont les restes de squelettes de pirates brûlés », lui avaient-ils affirmé. N’étant qu’une fillette à l’époque, elle les avait crus.

    Pendant un an au moins, elle s’était tenue à l’écart de la plage au point de ne même pas la voir. Puis un jour, Felipe, le fils aîné du garde le plus aimable de son père, lui avait dévoilé la vérité : le sable n’était que du sable, et pas du tout des os de pirates. Mais le mensonge des gardes s’était ancré profondément en Scarlett, comme c’est souvent le cas chez les enfants. Dans son esprit, ce sable noir resterait à jamais de la poussière de squelette calciné.

    Sous la lueur bleutée et inquiétante de la pleine lune, elle approcha de la crique rocheuse de Los Oros. À sa droite, la plage se terminait au pied d’une falaise noire et déchiquetée. À sa gauche, un ponton délabré s’avançait dans l’eau, derrière des rochers qui lui évoquaient des dents abîmées. Par une nuit pareille, elle parvenait à humer l’odeur de la lune, qui se mêlait au parfum iodé de l’océan.

    Elle songea aux mystérieux billets fourrés dans sa poche et aux inscriptions métalliques qui s’étaient illuminées sous ses yeux. L’espace d’un instant, elle fut tentée de changer d’avis, de céder à sa sœur et à la petite part d’elle-même encore capable de rêver.

    Hélas, ce n’était pas leur premier essai.

    Un jour, Felipe leur avait obtenu des places à bord d’une goélette.

    Tella et elle n’étaient pas allées plus loin que la passerelle d’embarquement du navire, mais elles l’avaient payé très cher. Un garde particulièrement brutal avait assommé Tella. Mais Scarlett, elle, n’avait pas perdu connaissance. On l’avait contrainte à rester au bord de la plage de galets, où, les pieds trempés par les flaques laissées par la marée, elle avait regardé son père conduire Felipe dans les vagues.

    C’était elle qu’on aurait dû tuer, ce soir-là. C’était sa tête à elle que son père aurait dû enfoncer sous l’eau jusqu’à ce qu’elle cesse de se débattre, que son corps devienne inanimé comme les algues qui s’échouaient sur le rivage. Au palais, tout le monde avait cru que Felipe s’était noyé par accident, seule Scarlett connaissait la vérité.

    – Si tu recommences, ta sœur subira le même sort, l’avait avertie le gouverneur Dragna.

    Scarlett n’avait jamais rien raconté à personne. Elle avait veillé sur Tella en lui laissant penser qu’elle était devenue surprotectrice. Seule Scarlett savait qu’elles ne pourraient jamais quitter Trisda en toute sécurité à moins qu’elle se marie et que son époux puisse les emmener.

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  • [Livre] Les suicidées

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    Résumé : Tony Hill fait à nouveau équipe avec Carol Jordan sur une affaire de meurtres en série maquillés en suicide. Les victimes, des féministes actives sur Internet, ont été l'objet de cyber harcèlement et des livres de Sylvia Plath et Virginia Woolf sont retrouvés près de leurs corps. Une brillante hackeuse vient en aide au duo pour traquer le tueur.

     

    Auteur : Val McDermid

     

    Edition : Flammarion

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 22 mars 2017

     

    Prix moyen : 21€

     

    Mon avis : J’ai beaucoup aimé ce livre qui se distingue des autres thrillers que j’ai l’habitude de lire.
    Ici, si nous, lecteurs, savons qu’il y a bien un meurtrier et connaissons ses motivations, bien qu’on ne connaisse pas son identité, il n’en est pas de même pour l’équipe d’enquêteurs.
    En effet, comme le titre l’indique, les femmes retrouvées mortes se sont suicidées. C’est du moins ce que laisse penser les apparences. Et comme les différents services de police ne communiquent pas sur les suicides, bien évidemment, personne ne s’inquiète de trouver un point commun entre ces morts.
    Jusqu’à ce que Tony Hill soit interloqué par un détail et qu’il le livre en pâture à Carol Jordan pour la détourner de son addiction à l’alcool.
    Car l’enquête, au début, n’est rien d’autre que cela : une distraction.
    Jusqu’à ce que Carol soit placée à la tête d’une nouvelle équipe pilote de la police anglaise : une brigade volante spécialisée dans les homicides et autres crimes violents, sur lesquels les policiers lambda ne sont pas vraiment formés, et qui va couvrir plusieurs secteurs.
    Au début, Carol Jordan apparaît comme extrêmement antipathique en plus d’être clairement alcoolique. Mais rapidement, j’ai eu l’impression que, comme l’alcool, son attitude n’était qu’un masque destiné à se protéger de ses propres émotions. Il faut dire que les quelques bribes d’informations qu’on a sur son passé ne sont pas des plus joyeuses. Moi aussi, à sa place j’aurais sombrée dans l’alcool.
    Les personnages étant présents dans les livres précédents de l’auteur, on ne nous refait pas leur biographie, mais j’ai trouvé que leur comportement était suffisamment expliqué, ce qui n’empêche pas d’aller lire les autres livres si on veut leurs histoires dans le détail.
    Quant à l’enquête, j’ai particulièrement apprécié le fait qu’on n’avait pas droit, comme souvent dans les thrillers, à quelque chose d’époustouflant, avec des rebondissements de folies, des enquêteurs qui manquent de se faire tuer à tous les coins de rue…etc… J’ai trouvé cette enquête très réaliste : les enquêteurs cherchent, ne savent pas toujours vraiment ce qu’ils cherchent d’ailleurs, ils tâtonnent, ils ne savent pas, ne sont pas sûrs, ils avancent un peu par à-coup et parfois à la faveur d’un coup de bol. Quand ils font une avancée majeure, tout s’accélèrent soudain parce qu’ils ne vont plus être en phase de recherches mais en phase d’action.
    Le fait d'en savoir parfois, souvent même, plus que les enquêteurs a été pour moi un plus. J'avais envie de secouer le livre en criant: "mais non, pas ça!! Là à côté, juste à côté!!!" (Avec en voix off: "ils t'entendent pas, tu sais?").
    J’ai vraiment passé un excellent moment avec cette enquête et je n’hésiterais pas à tenter un autre roman de l’auteur.

     

    Un extrait : Le week-end, c'était idéal. Il ne travaillait pas, si bien qu'il était plus facile pour lui de surveiller les femmes qui l'intéressaient. La plupart du temps, elles ne travaillaient pas non plus ces jours-là, ce qui lui permettait d'observer leurs habitudes et de réfléchir au meilleur moyen de les tuer.

    Il savait observer. Ses professeurs, et plus tard ses employeurs, avaient toujours remarqué l'attention qu'il portait aux détails. Il ne se lançait jamais dans un projet sans en avoir au préalable mesuré les risques et les possibilités. La première fois qu'il avait tué, ça l'avait secoué mais il n'en avait pas moins suivi son plan à la lettre. Plus tard, il avait compris que cet acte avait été pour lui le début d'une nouvelle mission. Une mission qui occupait maintenant une place centrale dans sa vie.

    Comme aujourd'hui. Il n'avait pas encore déterminé qui serait la prochaine. Il avait plusieurs noms en tête et savait comment il allait tuer celle qu'il choisirait. Il ne restait plus qu'à s'assurer de la logistique. Quand on prévoyait de pendre quelqu'un, il fallait être sûr d'avoir le bon support. Il n'était pas pressé. Le souvenir de la précédente était encore frais dans sa mémoire, source de profonde satisfaction. Exécuté à la perfection.

    Celle-ci cependant… elle remplissait tous les critères. Mais il n'allait pas prendre de décision trop hâtive. Pas comme la première fois où il s'était lancé dans cette aventure, selon l'expression qu'il affectionnait. Se remémorer cette expérience alors qu'il observait une maison où il ne se passait rien était excitant. Excitant mais stressant, aussi. Tout aurait pu tellement mal se dérouler.

    C'était si inattendu de la voir seule qu'il en avait perdu l'équilibre. Il s'était égratigné les doigts contre le mur de briques et avait légèrement saigné. Il avait eu du mal à y croire, mais elle était bel et bien seule. Pas de garde du corps, pas de chauffeur, pas d'assistante, aucune de ces sales bonnes femmes qui jacassaient sans arrêt et lui apportaient leur soutien. Rien qu'elle, descendant à grands pas les cinq marches du perron pour gagner l'étroite allée gravillonnée séparant sa jolie maison de la rue où étaient relégués les gens comme lui. Il s'attendait presque à voir la porte s'ouvrir de nouveau pour laisser un ou plusieurs de ses employés lui emboîter le pas, la rattraper avant qu'elle n'atteigne le portillon.

    Mais non. Il n'y avait personne. Rien qu'elle.

     

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  • [Livre] Les nouveaux voisins

    Je remercie la masse critique de Babelio et les éditions Michel Lafon pour cette lecture

     

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    Résumé : Peut-on faire confiance à ceux qui nous entourent ?
    Julie Prentice, son mari Daniel et leurs jumeaux de six ans emménagent à Cincinnati pour échapper à une femme qui a harcelé Julie après la parution de son roman Le Jeu de l'assassin, devenu un best-seller. Un charmant quartier résidentiel semble l'endroit parfait pour un nouveau départ.
    Mais la présidente de l'association du quartier ne leur rend pas la tâche facile. À grand renfort d'e-mails et de lettres sur les règles de bonne conduite à suivre, elle régit la vie de tous et oppresse Julie qui doit faire face à la curiosité du voisinage.
    Lorsqu'elle reçoit des menaces, Julie prend peur : sont-elles le fait de sa harceleuse ou de voisins malveillants ? Alors que la tension monte, les ennemis se révèlent et le calme apparent d'une rue sans histoires se transforme en cauchemar.

     

    Auteur : Catherine Mckenzie

     

    Edition : Michel Lafon

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 11 janvier 2018

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on ne voit pas passer les 400 pages de ce livre. Sa construction est vraiment faite pour faire monter le stress ! On alterne entre deux moments : aujourd’hui qui est du point de vue de John et le récit de ce qu’il s’est passé en commençant 12 mois plus tôt et en avançant dans le temps. Dans ce second récit, on alterne encore cette fois entre deux points de vue : celui de Julie et celui de John. Enfin, tous les trois chapitres (donc si vous me suivez bien on a par exemple « aujourd’hui », « douze mois plus tôt – John », « douze mois plus tôt – Julie ») on peut lire un des mails envoyé par Cindy, la fondatrice et présidente auto-proclamée de l’association de quartier, qui tyrannise tout le monde.
    Dès le début, dès le premier chapitre « aujourd’hui », on sait qu’il s’est passé quelque chose. Quelque chose de grave qui implique la famille de John. Mais on ne sait pas quoi. Au fur et à mesure de la lecture, l’impression qu’un drame a eu lieu se précise, mais non seulement on ne sait pas ce qu’il s’est passé exactement, on ne sait pas qui dans la famille de John est sur la sellette, mais on ne sait pas non plus qu’est ce qui a provoqué le drame qu’on pressent.
    A plusieurs reprises, l’auteur met l’accent sur Julie en la montrant comme une femme qui a perdu pied à un moment de sa vie et qui, aujourd’hui, est devenue parano et dont l’attitude va provoquer certains des événements. Personnellement, j’ai trouvé que Julie avait toutes les raisons de se montrer un peu parano. D’ailleurs, est-on parano quand on a raison et qu’il se passe vraiment quelque chose de pas normal ?
    En revanche, je n’ai pas supporté Hanna, la femme de John. Je l’ai trouvé vraiment cinglé et odieuse.
    Cindy aussi, mais c’est un tigre de papier. Si tout le monde lui avait dit d’aller se faire voir avec son règlement à la con, elle se serait dégonflée comme une baudruche. Le seul point où j’ai été d’accord avec elle, ça a été l’histoire des ralentisseurs parce que je pense qu’il devrait y en avoir dans toutes les zones résidentielles.
    J’ai trouvé la fin parfaite mais, seul point négatif, j’aurais aimé en savoir plus sur Heather, la harceleuse qui a poussé Julie et sa famille à déménager et dont on parle régulièrement.
    L’auteur a écrit un thriller psychologique vraiment prenant, difficile à lâcher avant les révélations qui n’ont lieu qu’à la dernière ligne, ou presque.

     

    Un extrait : Le premier matin dans notre nouvelle maison, je me levai au point du jour, enfilai le survêtement que j’avais laissé au bout du lit, et me faufilai par la porte de devant avec notre berger allemand, Sandy, en faisant aussi peu de bruit que possible.
    Nous étions début octobre. L’aube avait la fraîcheur vivifiante de l’automne. Je tirai la fermeture éclair de mon jogging, remontai la capuche, et écartai mes cheveux de mes yeux. Sandy haletait à côté de moi, son souffle formant un nuage autour de son museau noir.
    Les maisons de notre nouvelle rue étaient une explosion de couleur. C’était pour cela que j’avais choisi ce quartier. Ses rues vallonnées et ses maisons resserrées me rappelaient San Francisco, avec une touche de Cape Cod pour faire bonne mesure.
    Construites sur les flancs de Mount Adams, l’une des sept collines de Cincinnati, les maisons sont hautes et étroites, avec des enduits peints ou des bardeaux usés. Plus loin derrière coule la rivière Ohio, joyeux mélange de vert et de bleu. Il y a une grande église de pierre au sommet de la rue, de discrets chemins arborés, et une petite rue commerçante pleine de jolies boutiques et de restaurants en brique rouge à quelques pâtés de maisons de là.
    Je n’étais jamais allée à Cincinnati avant que nous nous installions ici, ce qui, je dois l’admettre, faisait partie de son attrait. Partir pour un endroit entièrement nouveau, vierge de mon passé, semblait être la meilleure solution face au désastre qu’était devenue ma vie. J’avais passé des semaines à étudier les cartes de la région avant de déménager, pour pouvoir me repérer et débuter ma nouvelle vie sans entrave.
    Je me récitai intérieurement la route d’Eden Park en courant vers le bas de la colline. J’avais choisi un chemin simple : Parkside jusqu’à Martin Drive, qui me mènerait jusqu’au bosquet des Ecrivains.
    Du moins, je l’espérais.

     

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  • [Livre] Red Queen – T03 – King’s cage

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    Si vous désirez acheter ce livre, vous pouvez cliquer ICI ou sur l'image. Vous serez alors redirigés sur bookwitty. Si vous achetez le livre par ce lien, je touche une petite commission. Cela ne change rien au prix! D'ailleurs, j'indique dans la fiche le prix auquel je l'ai acheté, mais si entre-temps une version poche est sortie, je vous mets le lien vers le format le moins cher (après à vous de voir!)

     

    Résumé : Mare Barrow a échangé sa liberté contre celle de ses amis. Retenue prisonnière par l’homme qu’elle aimait autrefois et désormais roi, Maven, elle est dans l’incapacité d’utiliser son pouvoir et subit maintes humiliations et mauvais traitements.

    Pendant ce temps, la rébellion continue de s’organiser, de s’entraîner et d’étendre son influence, plus que jamais décidée à lutter contre l’oppresseur. Mais en l’absence de la faiseuse d’éclairs, qui mènera cette armée au bout de son ambition ?

     

    Auteur : Victoria Aveyard

     

    Edition : MSK

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 26 Avril 2017

     

    Prix moyen : 19€

     

    Mon avis : Au départ, quand j’ai lu le premier tome de Red Queen, je pensais que c’était une trilogie, vu que c’était la grande mode des trilogies à ce moment-là. Depuis quelques auteurs se sont démarqués en faisant des quadrilogies et bien entendue, comme c’était à prévoir, à présent, presque tous les auteurs font des quadrilogies en se croyant originaux.
    Red queen va donc être une quadrilogie et King’s cage en est le troisième tome.
    Dans ce tome Mare n’hésite pas à se remettre en question : elle pose un regard assez sévère sur les décisions qu’elle a pu prendre dans le tome 2. Je l’ai même trouvée un peu trop sévère envers elle-même. Après tout c’est une adolescente et elle a dû prendre ces décisions sans avoir réellement d’informations ni de temps pour peser le pour et le contre.
    J’ai bien aimé l’évolution de Kilorn dans ce tome, il a cessé de se comporter en gamin égoïste et furieux de voir sa propriété lui échapper et, le voir être amical avec Cal est réellement reposant.
    Cal en revanche m’a laissé plus froide. Encore une fois, il ne prend pas vraiment de décision, même s’il essaie d’être plus impliqué dans la garde écarlate. Mais on sent bien qu’il n’est pas ravi de bouleverser l’ordre établi et que, s’il aime Mare, il trouve quand même que les autres rouges devraient rester à leur place.
    Le colonel est un peu remonté dans mon estime, même s’il reste très bourru et obtus. Mais il faut dire que le ministre de la république libre de Montfort m’a laissé tellement perplexe que je ne pouvais qu’apprécier d’avantage le colonel. De toute évidence, Montfort se fiche pas mal des personnes qui l’entoure et son ministre n’hésite ni à sacrifier ni à manipuler pour arriver à ses fins (le souci c’est que pour l’instant, je n’arrive pas bien à savoir quelles sont ses fins).

    Dans ce tome, on en apprend plus sur Maven et sur ce que sa mère lui a fait pour en faire l’héritier parfait qu’elle désirait. Cela n’enlève rien à l’antipathie que j’ai ressentie pour le personnage, mais au moins, on commence à comprendre comment il en est arrivé là.
    J’ai beaucoup aimé, également, les trois chapitres qui sont du point de vue d’Evangeline. A chaque fois qu’on a été en contact avec elle, c’était à travers les yeux de Mare et donc elle nous est apparue comme une garce sans cœur, une vraie machine à tuer incapable du moindre sentiment humain. Or ici, bon ne nous voilons pas la face, elle ne devient pas Candy au pays des bisounours, mais nous nous penchons un peu plus sur ses pensées, ses sentiments et comment elle vit tout ce qui se passe. J’aurais aimé avoir plus de chapitre de son point de vue.
    Maintenant que j’ai dévoré ces 600 pages en un temps record (et une belle nuit presque blanche) je n’ai plus qu’une question en tête : c’est quand le tome 4 ?

     

    Un extrait : Je ne suis jamais seule.

    Mes geôliers ne me quittent pas. Il y en a toujours deux ; ils ne me lâchent pas des yeux, étouffant constamment ce qui me définit : mon pouvoir. Une porte fermée à clé leur suffit pour me garder prisonnière. Et si j’essaie de m’approcher trop près de la porte, l’un d’eux vient aussitôt me repousser au centre de ma chambre. Ils sont plus forts que moi, et en permanence sur leurs gardes. Je n’ai qu’un moyen d’échapper à leurs regards, me réfugier dans la minuscule salle de bains, pièce au carrelage blanc et à la robinetterie dorée dont le sol est bordé, sur toute sa longeur, de pierre du silence. Ces blocs gris sont assez nombreux pour faire palpiter mes tempes et me nouer la gorge. Je ne peux pas m’attarder, chaque seconde me suffoque. Cette sensation me rappelle Cameron et son pouvoir. Elle est capable de tuer avec son don de silentus. Même si je déteste mes gardes et leur présence continuelle, je ne prendrai pas le risque de mourir asphyxiée dans cette salle de bains pour quelques minutes supplémentaires de tranquillité.

    Quand je pense qu’à une époque ma plus grande terreur était de me retrouver seule… Je suis dans la situation inverse, et je n’ai jamais été aussi terrifiée de toute ma vie.

    Je n’ai pas senti mes éclairs depuis au moins quatre jours.

     

    Cinq.

     

    Six.

     

    Dix-sept.

     

    Trente et un.

     

    Je marque le passage du temps en faisant, chaque jour, une entaille dans la plinthe à côté du lit, avec une fourchette. Ça me procure du plaisir de laisser ma marque, d’infliger une petite blessure à ma prison dans le palais. Les silentus s’en moquent. Ils m’ignorent la plupart du temps, trop occupés à maintenir un silence total et absolu. Ils restent assis près de la porte, deux statues aux regards animés.

    Ce n’est pas la chambre que j’occupais lors de mon précédent séjour à Blanche-Flamme. Il ne serait évidemment pas convenable de loger une prisonnière au même endroit que la future épouse d’un prince. Mais je ne suis pas non plus dans une cellule. Ma cage est confortable et cossue, avec son lit moelleux, sa bibliothèque garnie de livres ennuyeux, quelques fauteuils, une table et même de jolis rideaux, le tout dans des tons neutres de gris, de brun et de blanc. Un lieu privé de couleurs comme je suis privée de mon pouvoir.

     

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