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[Livre] Deux secondes en moins


Je remercie la masse critique de Babelio et les éditions Magnard pour cette belle lecture

 

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Résumé : Depuis qu'un accident de voiture l’a complètement défiguré, Igor se mure dans le silence. Sa rancune envers son père, responsable de l'accident, est immense, comme sa solitude.
Rhéa sombre dans le chagrin après le suicide de son petit ami. Encore sous le choc, elle ne sait plus à qui ni à quoi se raccrocher dans la ville où elle vient d'emménager.
Pour l'un et l'autre, tout s'est joué à deux secondes. Deux secondes qui auraient pu tout changer...
Et pourtant, Igor et Rhéa reprennent jour après jour goût à la vie en se raccrochant à la musique. Une fantaisie de Schubert et un professeur de piano pas comme les autres vont les réunir et les mener sur un chemin inespéré.


Auteur
 : Marie Colot et Nancy Guilbert

 

Edition : Magnard

 

Genre : Young Adult

 

Date de parution : 13 Février 2018

 

Prix moyen : 15€

 

Mon avis : La particularité de ce roman est qu’il est écrit à quatre mains. Au fil des chapitres, on alterne le point de vue de Rhéa et celui d’Igor et chacun des deux ados a été « pris en main » par l’un des auteurs. Du coup les deux récits font vraiment ressortir une personnalité propre à chaque personnage.

Les drames vécus par Igor et Rhéa sont très différents : Igor est blessé physiquement tandis que Rhéa a le cœur brisé. Mais leur souffrance, elle, est très similaire.

J’ai trouvé que les réactions de l’entourage de Rhéa étaient assez dénuées d’empathie. A un moment sa mère lui dit qu’elle ne peut pas leur imposer son chagrin et j’ai trouvé ça vraiment anormal parce qu’on ne parle pas d’un simple chagrin d’amour, qui serait déjà une raison légitime d’avoir du chagrin, on parle d’un suicide, qui s’est déroulé à peine 4 ou 5 mois plus tôt. Je me suis demandé si cette femme s’entendait parler, si elle réalisait la dureté de ses mots.

Du côté d’Igor, à plusieurs reprises, sa mère lui reproche à demi-mot sa rancune envers son père mais je comprends parfaitement cette rancune quand on connait les raisons de celle-ci.

Fred est mon personnage préféré. Déjà, aux yeux des ados, comme aux miens, il a une légitimité pour leur parler du temps qui guéri les blessures, de la nécessité d’avancer, car lui aussi a vécu un drame, ensuite, il a une façon de présenter les choses, sans jamais mettre de pression ni exiger de réactions immédiates, qui pousse Rhéa et Igor à se poser des questions et à explorer leurs sentiments pour voir s'ils sont prêts à faire le pas suivant.

Alors, il est vrai que j’ai eu les larmes aux yeux pendant la quasi-totalité du roman, mais, même si celui-ci démarre dans le drame vécu par Igor et Rhéa, on a ici un roman sur la reconstruction au travers de la musique.

Bien sûr ce n’est pas facile pour autant et pour chaque pas en avant, Rhéa et Igor en font un en arrière et deux sur le côté, mais petit à petit, ils avancent, ils retrouvent leurs marques. Tout n’est pas effacé, les drames n’ont pas disparus, mais ils vont apprendre à vivre avec.

Pour soulager la tension, le torrent d’émotions qu’apporte ce récit, il y a Obama. Un perroquet, très bavard, rapporteur et fan de son homonyme au point d’avoir appris les slogans anti-Trump, vexé que son chouchou ne soit plus à l’honneur. Il dit parfois tout haut ce que les autres pensent tout bas sans oser le dire et allège un peu l’ambiance parfois morose.

Ce livre, que j’ai lu sans penser trouver autre chose qu’une énième histoire d’adolescent devant se reconstruire après un drame ou une maladie, a été un vrai coup de cœur tant il a su me toucher que ce soit par l’histoire elle-même ou par les plumes des auteurs, aussi belles l’une que l’autre.

 

Un extrait : Fred, je le connais depuis que je suis petit. C’est un ami de ma mère. Ils ont étudié ensemble au Conservatoire, ils étaient comme les deux doigts de la main jusqu’à ce qu’ils prennent des voies opposées. Quand elle a rencontré mon père, ma mère a délaissé son violon, puis elle est tombée enceinte au cours des premiers mois de leur histoire, et ses doigts ont troqué l’archet contre les couches culottes. Pendant ce temps, Fred taillait son chemin de grand pianiste, les mains courant sur le clavier de son piano. Il a joué quelques années avec un orchestre, a voyagé un peu partout en Europe et en Asie, jusqu’à trouver son âme sœur au premier rang d’une belle salle de concert parisienne. Il a abandonné les tournées pour rester auprès d’elle, en compagnie de notes de musique, évidemment. Il enseigne au Conservatoire depuis huit ans et, s’il n’y avait pas eu l’accident, il aurait été mon prof de troisième cycle cette année.
A la place, depuis début septembre, il vient me donner une leçon trois fois par semaine. Il parait que j’ai du talent. Et il faut éviter que je perde la main puisque j’ai déjà perdu la face. Fred m’aide à persévérer, malgré tout. Il me répète que « ça va passer », que quand ça ne va pas, il suffit de respirer, comme avant d’entamer la Toccata de Bach au piano. Je n’ose pas l’envoyer se faire voir avec ses bons conseils. Lui, il sait de quoi il parle : Hua est décédée il y a six ans, mais il est toujours là, avec son air confiant, sa barbe de trois jours, ses doigts longs et nets, sa veste e velours et son jean délavé dont s’échappe souvent un bout de chemise. Il n’a jamais arrêté de jouer, même si elle n’était plus là pour l’écouter. Il était au piano à son enterrement, et il m’a dit souvent que ça l’avait sauvé de cette maudite journée d’adieu, que les notes de musique avaient apporté de la lumière dans sa maison où il broyait du noir depuis le départ de sa femme.
« Fourrer le nez dans le clavier, ça permet de garder la tête hors de l’eau ! »

 

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