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Livres - Page 65

  • [Livre] Dans le labyrinthe

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    Résumé : Un soir de mai, dans une banlieue cossue de Stockholm, Magda, une fillette de onze ans, disparaît mystérieusement de sa chambre. Après plusieurs jours d’investigations, la police en vient à soupçonner le père, Martin. Quatre proches de la victime se mettent à la recherche d’indices qui permettraient de la retrouver : Åsa, sa mère, brillante psychologue qui s’enfonce dans une profonde dépression ; Martin, l’éditeur talentueux à la double vie ; Tom, son loyal collaborateur à l’ambition dévorante ; et Katja, l’infirmière scolaire qui a découvert ce que cachait la petite fille. Ces quatre voix entraînent le lecteur dans un labyrinthe de confessions troublantes.

     

    Auteur : Sigge Eklund

     

    Edition : Piranha

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 02 février 2017

     

    Prix moyen : 19€

     

    Mon avis : Je ressors un peu mitigée de cette lecture. Que ce soit le déroulé de l’histoire en elle-même ou le style d’écriture de Sigge Eklund, j’ai eu du mal à poursuivre ma lecture.
    Le style est lourd et, c’est peut être bête, mais j’ai été gênée par le tutoiement permanent entre des personnages qui se rencontrent pour la première fois (comme entre la police et les parents de Magda, ou entre le grand patron à la maison d’édition et le rédacteur…). Pour avoir lu de nombreux roman suédois, je peux dire que c’est la première fois que je vois cet aspect. Les personnes se tutoies plus vite qu’ailleurs, certes, mais ils ne tutoient pas ainsi des étrangers. C’était dépasser les limites de l’impolitesse.
    D’un autre côté, il est vrai que les ramifications que l’auteur a construites entre ses personnages sont très intéressantes, mais le problème est qu’à mon sens il n’y a que ces ramifications qui aient un quelconque intérêt dans ce roman.
    On se perd dans les pensées, les interrogations et les tourments de chacun des 4 personnages qui, s’ils sont censés  nous éclairer sur la disparition de la petite Magda, ne font, en fait, que pleurer sur leur sort et leur vie (et pas seulement depuis la disparition de l’enfant).
    Le passé des personnages ne nous apporte guère d’indications sur la disparition de Magda et du coup il ne nous intéresse pas vraiment.
    Car, quand on lit le résumé, on part vers un but très précis : savoir ce qui est arrivé à Magda. Et là, on tourne en rond, en ayant l’impression qu’on ne saura jamais vraiment de quoi il retourne.
    Dans un roman qui traite d’une disparition d’enfant, on s’attend à être pris dans un tourbillon d’émotion à chaque fois que l’on lit les passages sur ses parents. Mais non. Au fil de ma lecture je n’ai ressentie aucune émotion pour eux, ni pour les deux autres protagonistes d’ailleurs, si ce n’est de l’agacement devant leurs atermoiements.
    J’ai trouvé également l’ensemble trop long, trop lent, sans rythme. Et sans aucun semblant d’enquête que ce soit de la part de la police ou de la part d’un des protagonistes.
    Pourtant l’idée de passer d’un point de vue à l’autre était vraiment super. J’aime beaucoup cette méthode de narration qui fait qu’on en sait toujours légèrement plus que chacun des personnages et qu’on reconstitue ainsi le puzzle en assemblant les découvertes de chacun.
    Mais ici, ça n’a pas eu l’effet escompté d’autant plus qu’on ne cesse de passer d’une période à l’autre : un coup on est avant la disparition de Magda, un coup on est après, sans que cela nous apporte réellement d’éléments sur la question.
    Et même si on fini par comprendre ce qu’il s’est passé avec Magda mais j’ai regretté plusieurs choses : d’abord on ne fait que déduire ce qui est arrivé à Magda, sans que ce soit jamais écris noir sur blanc. Et ensuite on ne sait pas comment les choses sont arrivées à ce point précis.
    Bref, une fin qui m’a laissé sur ma faim après une lecture qui ne m’a pas happée dans son univers.

    Un extrait : La sensation familière d’étouffement la saisit alors et la force à quitter la pièce. Elle sort dans l’aube froide. Il fait encore sombre, mais au-dessus de la lisière des bois, on aperçoit déjà un soupçon de rose. Elle constate que l’herbe scintille de givre. C’est seulement plus tard qu’elle se rend compte que c’était un simple constat. Tout ce qui est beau lui fait peur, parce qu’elle est poussée à sentir et elle ne veut pas sentir.
    Comme l’autre jour, lorsque Martin a oublié d’éteindre la machine à café, la cuisine était remplie du parfum âpre du breuvage resté des heures durant sur la plaque allumée, et elle s’est rappelée son deux-pièces à Gärdet, les visites nocturnes de Martin ; ils venaient tout juste de se rencontrer, ses baisers ardents, ses va-et-vient expérimentés, calmes mais déterminées, lorsqu’il la prenait sous la douche, et ensuite, quand ils étaient assis à la fenêtre, enveloppés dans des couvertures à partager des cigarettes tandis que la neige tombait – ce souvenir était si vivant qu’elle prit peur.
    Elle est à présent dans la rue et regarde à l’intérieur des villas.
    Pendant que les familles dorment, leurs salons les attendent. Les sapins de Noël avec leurs boules de verre rouge, les cadeaux à leurs pieds, les bougies allumées dans la nuit. Toutes ces odeurs à l’intérieur, elle sait exactement comment ça sent avant Noël, les aiguilles de sapin, le savon doux, le repas de la veille. Tout cela lui rappelle la vie avec Magda.

    Elle reste là, comme hypnotisée, à regarder à travers les fenêtres de ses voisins en soupesant ses mots. Elle va bientôt le leur dire. Le téléphone peut désormais sonner ; annoncer la confirmation. Même la pire des versions. Bientôt elle sera même en mesure de la privilégier. C’est devenu difficile ces derniers jours. Quelque chose en elle est prêt à céder. Elle ne sait pas comment cela se passera concrètement, mais quelque chose en elle le veut.

    Ce changement a probablement commencé lorsqu’elle a fini par suivre le conseil de Martin et a parcouru le Web à la recherche de quelques « blogueurs d’anges ». Elle a tout de suite vu que leur douleur n’était pas comparable à la sienne.
    Elle n’était pas nécessairement moins forte ; elle était différente.
    Les blogueurs y parlaient du travail de deuil accompli pour pouvoir avancer. Rien que ce mot « avancer » faisait la différence. Contrairement à eux, elle était vissée au sol d’une pièce de torture et ne pouvait pas bouger ; sans parler de faire son deuil ! Martin ne pouvait-il donc pas le comprendre ? Visiblement non, et elle en était aussi exaspérée que triste. C’est comme lorsqu’il était debout derrière elle à la regarder lire les blogs, et qu’il s’attendait, suppose-t-elle, à ce qu’elle lui saute au cou, profondément reconnaissante, parce qu’il lui avait montré cette source de consolation. Mais la seule chose qu’elle y voyait, c’était des femmes qui luttaient quotidiennement pour avancer, fuyant l’horreur vécue. Elle s’était finalement sentie obligée de se retourner pour lui demander s’il s’y reconnaissait vraiment. Il l’avait regardée fixement sans répondre avant qu’elle dise :

    - Je ne lutte ni pour aller de l’avant, ni pour fuir quelque chose. Et c’est justement là qu’est le satané problème. Je lutte en arrière. Vers cette nuit, pour y voir quelque chose de nouveau, pour comprendre. Regarde-moi. Réponds. Quel rapport y a-t-il entre leur situation et la nôtre ? Mon enfant vit, les leurs sont morts. C’est quelque chose de concret, elles peuvent donc commencer à faire leur deuil.
    Il avait alors gardé le silence, comme d’habitude, désemparé jusqu’à en devenir provocant.
    Elle avait quitté la pièce tandis que Martin s’était replié dans le cabinet de travail.
    Cette nuit-là elle avait encore rêvé de la cave, et cette fois-ci, la pièce était étonnamment petite ; il n’y avait pas d’air. Lorsqu’elle découvrir Magda dans un coin, elle était trop épuisée par le manque d’oxygène pour pouvoir lui venir en aide. Elle eut beau investir toutes ses forces, elle n’arriva pas à l’atteindre, malgré toute la détresse qu’elle mettait à s’étirer vers elle, vers ses mains de petite fille.

     

  • [Livre] La dame du manoir de Wildfell Hall

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    Résumé : L’arrivée de Mrs Helen Graham, nouvelle occupante du manoir délabré de Wildfell, alimente tous les on-dit.
    Qui est donc cette mystérieuse artiste, qui se dit veuve et vit seule avec son jeune fils ? Quel inconvenant secret cache-t-elle ? Et pourquoi son voisin veille-t-il si jalousement sur elle ?
    Même Gilbert Markham, un prospère éleveur tombé sous le charme d'Helen, commence à douter d'elle. Il est vrai qu'Eliza Millward, sa promise, ne cesse de propager des ragots sur la dame du manoir. Un drame semble inévitable...

     

    Auteur : Anne Brontë

     

    Edition : Archipoche

     

    Genre : Classique

     

    Date de parution : 2012 (archipoche)
                                  1848 (1ère édition)

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : J’ai reçu ce livre lors d’un swap il y a des lustres et je n’ai jamais eu le temps de le lire. Il y a quelques mois, j’ai essayé mais je n’ai pas du tout réussi à entrer dans l’histoire.
    Et puis, là, pour rattraper mon retard dans un challenge, je l’ai remis sur ma table de chevet et, dès les 1ères lignes, j’ai été happée dans l’histoire.
    L’histoire en elle-même est du point de vue de Gilbert Markham qui écrit une longue lettre à un ami, mais, en milieu de lecture, le point de vue devient celui d’Helen Graham du fait d’un journal intime que Gilbert recopie intégralement dans sa lettre. Par ce tour de passe-passe, on a donc deux points de vue différents suivant les périodes de l’histoire.
    Le voisinage de Wildfell hall semble faire de la médisance un sport national. J’ai souvent regretté que la bonne éducation et les convenances empêchent Helen de les envoyer vertement balader.
    Vous imaginez si, aujourd’hui, une voisine que vous venez à peine de rencontrer, vous disait que vous ne savez pas élever votre fils, que vous avez tout faux et qu’elle va vous envoyer le curé pour qu’il vous chapitre à ce sujet ? Personnellement, je lui fais avaler son assiette de gâteau sec par les narines.
    Gilbert n’est guère mieux, même s’il essaie de se donner le beau rôle. Son attitude envers Mr Lawrence, qui est censé être son ami, est inqualifiable. Il se montre insultant voire violent uniquement parce qu’il pense que la voisine lui préfère le voisin ?
    Quand on arrive au journal intime d’Helen on a envie de la secouer et de lui dire de ne surtout pas se faire avoir. Dans un sens, sa tante n’avait pas tort, mais elle a perdu toute crédibilité aux yeux de sa nièce par sa manière de faire, d’essayer de la manipuler pour lui faire accepter un mariage à sa propre convenance. Il était à parier qu’une fille de 18 ans libre de choisir son mari aller s’obstiner.
    Du côté de l’entourage d’Helen, on ne peut pas s’empêcher de plaindre l’amie d’Helen, Millicent, car son mariage semble être le pire de tous et on a peur pour sa petite sœur car on voit que leur mère est prête à tout pour marier ses filles au plus vite.
    A la lecture de ce journal, on se dit que les apparences sont parfois trompeuses mais que ça ne rattrape pas toutes les fois où elles étaient plutôt transparentes.
    Helen est peut être un peu trop religieuse, et se cache un peu trop derrière la religion, mais si cela lui permet de tenir face au comportement de son mari, franchement, ça ou autre chose…
    Pour le mari d’Helen, Anne Brontë s’est inspirée de la déchéance de son frère qui a sombré dans la dissipation, le jeu, l’alcool (très classe pour un fils de pasteur).
    Anne est moins connue que ses sœurs Emily (les hauts de hurlevents) et Charlotte (Jane Eyre), mais on trouve assez facilement ses deux romans, tandis que ses sœurs ne sont connus que par un seul ouvrage chacune (même si Charlotte a écris plusieurs livres).

    Cette critique de la conduite des hommes et la réaction d’Helen devant l’attitude de son époux a profondément choqué la société de l’époque pour laquelle une femme doit subir en silence « tout ce que Dieu lui envoie ».
    Cette « révolte » fait de ce roman l’un des premiers romans féministes (enfin plus ou moins, vu que le mariage reste la panacée).
    Ce roman a tant choqué, qu’après la mort d’Anne, sa propre sœur, Charlotte, va interdire sa réimpression.
    Heureusement que finalement, il a été réédité, car sinon, on serait passé à coté d’un vrai chef-d’œuvre.

    Un extrait : - Je voulais vous rapporter ce que j’ai appris chez elle, reprit Rose. J’en meurs d’envie depuis des heures ! Vous savez tous qu’on raconte depuis des semaines que Wildfell Hall est sur le point de trouver un locataire, n’est ce pas ? Et bien ! Figurez vous que le manoir est habité depuis plus d’une semaine ! Et nous ne le savions même pas !

    - Pas possible ! s’exclama ma mère.

    - Absurde ! cria Fergus

    - C’est pourtant vrai !...Et la nouvelle locataire est une dame seule.

    - Seigneur !...Mais la maison est en ruine !

    - Elle a fait effectuer les réparations indispensables dans deux ou trois pièces ; elle y habite toute seule avec une vieille femme qui lui sert de servante !

    - Oh ! mais cela gâte tout ! Moi qui avait espéré qu’il s’agissait d’une sorcière, dit Fergus, en sculptant la tranche de pain épaisse de trois centimètres qu’il s’était coupée.

    - Ne dis pas de bêtises Fergus ! Mais c’est étrange, n’est-ce-pas maman ?

    - Etrange ? Je puis à peine y croire !

    - Mais tu peux me croire… Jane Wilson l’a vue. Elle a accompagné sa mère qui, évidemment, dès qu’elle eut entendu qu’une étrangère s’installait dans le voisinage, s’est précipitée et l’a ensevelie sous une pluie de questions. Elle s’appelle Mrs Graham et porte le deuil, non pas les grands voiles de veuve, mais un deuil plus simple ; elles disent qu’elle est très jeune, qu’elle n’a pas plus de vingt-cinq à vingt-six ans et est très réservée. Elles ont cherché par tous les moyens à savoir qui elle est et d’où elle vient, mais ni les questions directes et opiniâtres de Mrs Wilson ni les manœuvres habiles de miss Wilson n’ont amené une réponse précise, ni même une réponse vague, qui aurait pu satisfaire leur curiosité et jeter un peu de lumière sur le passé ou les relations de cette dame. Elle a été à peine polie et visiblement pressée de les voir à nouveau franchir le seuil. Mais Eliza Millward m’a dit que son père irait très prochainement au manoir, car il estime que Mrs Graham a grand besoin des conseils d’un pasteur ; elle ne s’est pas montrée à l’église dimanche et elle – je veux dire Eliza – demandera à accompagner son père, car elle espère rapporter quelques nouvelles passionnantes de cette visite. Tu sais bien Gilbert, qu’elle obtient toujours ce qu’elle veut. Nous devrions y aller aussi, maman, la plus simple politesse l’exige.

     

     

  • [Livre] Rien ni personne

     

    Je remercie les éditions sarbacane pour cette lecture

     

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    Résumé : La vieille dame semble avoir poussé comme un champignon. Quand Jeanne la trouve dans la forêt, elle ne réagit pas. Rien. Pas un mot.
    Jeanne finit par la recueillir, mais pour un temps seulement.
    Elle a ses propres problèmes. En fuite, elle vise la lointaine Thaïlande, où elle espère exercer ses talents de boxeuse thaï.
     
    Au fil des jours, Jeanne se familiarise avec sa pensionnaire, qu’elle baptise « Al » - comme Alzheimer. Peu à peu, leurs solitudes se rencontrent.
    Mais le passé n’a pas fini de les poursuivre…

     

    Auteur : Lorris Murail

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 01 février 2017

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : Je ne ressors pas de ma lecture aussi enthousiaste que d’habitude quand je fini un roman sarbacane de la collection exprim’.
    La plupart du temps, quelle que soit la gravité du sujet de fond traité dans le roman, il y a du rythme et, très souvent, beaucoup d’humour.
    Il est vrai que le sujet traité, la maladie d’Alzheimer, n’est pas facile à aborder dans un roman jeunesse, mais, Severine Vidal l’a déjà fait avec brio, rythme et beaucoup d’humour et de tendresse dans « 
    Quelqu’un qu’on aime ».
    Ici, même si j’ai bien aimé le roman, j’ai regretté la lenteur qui s’en dégage. On a quasiment un monologue entrecoupé de recherches guère passionnantes.
    Je n’ai pas réussi à m’attacher à l’héroïne, Jeanne, que j’ai trouvée agressive et incapable de prendre la moindre responsabilité de ses actes. Quant à Al, même si elle est touchante, elle n’a pas assez de présence pour devenir attachante. La fin, du coup, m’a laissé de marbre : difficile de ressentir des émotions quand les personnages laissent indifférent.
    L’écriture est pourtant agréable en elle-même et pas un instant je n’ai envisagé l’idée d’abandonné le livre, mais, contrairement à d’autres, je n’ai pas eu trop de mal à le mettre en pause quand j’avais d’autres choses à faire.
    C’est donc avec un avis en demi-teinte que je termine ma lecture. D’un coté, ce n’est pas un livre que j’aurais envie de relire, mais ce n’est pas non plus un livre que je déconseille.
    Il est tellement sur le fil que je pense vraiment qu’il peut plaire ou déplaire selon la sensibilité du lecteur, voire le moment où il est lu par un même lecteur. Peut être que je l’aurais plus apprécié si je l’avais lu à un autre moment.

    Un extrait : Les gens du pays disaient les bois, pas la forêt. Les forêts sont plus vastes, elles sont parfois impénétrables. Avec ses puits d’ombre et ses lumières suspendues, celle-ci aurait pourtant fourni un bon repaire aux fées, aux enchanteurs et aux lutins. Jeanne s’y trouvait bien et son dragon sans doute s’y promenait à son aise. La jeune fille portait l’animal fabuleux à gauche, de l’épaule à la saignée du bras. Noir et jaune, avec une queue d’écailles en tire-bouchon.
    Elle n’avait pas poussé le moindre gémissement, pas un. Toutes les trois minutes, Elric levait les aiguilles de son dermographe et lui demandait ça va ou bien je te fais pas trop mal ? Il lui arrivait de prévenir ça risque de piquer un peu. Au bout d’une heure de travail, Elric avait posé son instrument et annoncé une pause. Son torse en forme de barrique, que se disputaient un tigre et les hautes herbes d’une jungle, luisait de sueur. Le tatoueur était fatigué par l’effort. Jeanne avait souri, sans montrer son impatience. Elle avait écouté Elric lui expliquer qu’il fallait laisser les endorphines se refaire une santé, sinon le tatoué commençait à sentir la douleur. Il avait dit j’ai l’air d’un monstre pervers mais j’essaie quand même de ne pas trop faire souffrir les clients, je tiens à ce qu’ils reviennent. Jeanne lui avait certifié que non, il ne lui faisait pas mal.
    La séance avait duré près de trois heures et Jeanne n’avait donc ni gémi ni frémi. Comme Elric s’en étonnait, limite vexé, elle lui avait dit tu aurait pu me le coudre, mon dragon, que j’aurais pas moufté. T’as bien choisi, avait répondu Elric, c’est toi le monstre finalement, t’as une peau de dragon, gamine, et peut-être pas que la peau. Puis il avait ajouté, à propos, j’ai l’impression qu’il lui manque quelque chose, une belle langue de feu, tu vois, ç’aurait été bien mais j’ai plus la place, si je te la fais ça va partir sous l’aisselle. Jeanne avait répliqué t’as qu’à la mettre ailleurs. Elle lui désignait sa cheville. Pas aujourd’hui, la peau est fine à cet endroit-là, comme t’es en manque d’endorphine au bout de trois heures, tu sauterais au plafond. Jeanne se moquait des endorphines, elle voulait en finir.

     

     

  • [Livre] Korss'Hanes - T01 - L'Eveil

     

    Je remercie les auteurs et le site Librinova pour cette lecture

     

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    Résumé
     : La naissance de deux enfants peut-elle faire basculer le destin d’une nation ?
    Une ancienne prophétie le laisse suggérer et les événements se précipitent. Une guerre se prépare mais qui pourra en prévoir les conséquences ?
    Quand le passé antique et les légendes ressuscitent, le monde des hommes flirte avec le bord du précipice.
    Les enfants du présage se retrouvent au centre du combat. Mais peut-on se fier aux prophéties ?

     

    Auteur : Benjamin Lebrun et Yohann Carouge

     

    Edition : Auto-Edition avec l’aide de Librinova

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 4 Janvier 2017

     

    Prix moyen : 21€

     

    Mon avis : J’ai mis un certain temps à lire ce livre car je n’ai pas vraiment l’habitude (ni la patience, mea culpa) de lire de la fantasy. Il faut dire que ce premier tome a la lourde charge de nous présenter tout un monde avec ses coutumes (plusieurs coutumes, car plusieurs peuples), ses traditions, ses légendes etc… Cela donne un univers très riche et une somme d’informations assez importante à intégrer.
    Pour autant, les auteurs ne se sont pas laissés emportés dans des pages et des pages indigestes de descriptions. Les informations, quoique nombreuses, sont dispersées tout au long du roman, ce qui les rend plus faciles à appréhender.
    En général, j’ai du mal à apprécier les romans auto-édités. Les auteurs ont du mal à accepter cet état de fait, mais force est de constater que si leur roman n’a pas trouvé de maison d’édition, ce n’est pas pour rien.
    Mais ce roman fait partie des exceptions ! Il est bien meilleur que ce que j’ai pu voir, en général, dans le domaine de l’autoédition.
    Il a un style clair et direct, qui évite les répétitions inutiles (la plupart du temps), et le langage inadapté au style du livre, ce qui est le reproche que l’on peut le plus souvent faire aux romans auto-édités.
    Peut-être le fait que les auteurs soient deux les a-t-il aidés à ce sujet.

    Bien sûr, il a quelques défauts, mais ce sont des défauts qui ne seront pas difficile à corriger.
    Parmi eux on compte quelques maladresses de langage, quelques fautes d’orthographes (ou peut-être des coquilles), quelques erreurs de concordance. Le plus gros « problème » est un gros souci d’accord du participe passé qui se présente à plusieurs reprises.
    En bref, rien qui ne soit insurmontable et qui ne peut pas être corrigé avec une relecture plus minutieuse.
    Et même si on grince un peu des dents, cela n’empêche pas la lecture car le texte reste tout à fait compréhensible et ce n’est pas non plus comme s’il y avait une faute à chaque paragraphe.
    Il y a parfois des mots d’argot français qui semblent dénoter dans un monde inconnu comme celui créé par les auteurs (Quand une guerrière « s’emplafonna » contre un mur, il m’a fallu 5 minutes pour arrêter de rigoler… ça a un peu cassé le coté dramatique et sérieux de la scène).

    J’ai beaucoup aimé la complexité des personnages. Aucun d’entre eux n’est tout blanc ou tout noir, et même pour ceux à qui on ne donnerait même pas l’heure, il est difficile de comprendre leurs motivations du premier coup.
    Les personnages sont attachants, qu’ils soient principaux ou secondaires. A chaque combat, j’avais presque peur de tourner les pages, car, s’il y a bien une chose qui ressort des scènes de bataille c’est que, comme dans Game of thrones : personne n’est à l’abri !!! (Bon à part peut-être les jumeaux, mais pour combien de temps ?).
    Comme tout premier tome qui se respecte, celui-ci nous fait nous poser plein de questions.
    Il y en a une que je me pose plus particulièrement : le traître qui se fait crever un œil (non, je ne spoile pas, quand il se fait crever un œil, on sait déjà que c’est un traître) : j’aurais aimé en savoir plus sur ses motivations. Alors oui, ok, il y a l’ambition et l’avidité. Mais il y a aussi une profonde haine, et, étant donné qu’il semblerait que ce soit un ami d’une des héroïnes (ou en tout cas qu’il l’a été dans le passé), j’aurais aimé savoir ce qui avait provoqué cette haine.
    Les dieux et déesses m’ont également intriguée et agacée. Déjà, il semblerait qu’ils ne soient pas plus divinités que vous et moi, seulement de puissants shamans si l’on se fie à une discussion entre « la déesse » et l’un des derniers représentants d’une race ancienne (et là, ça devient difficile d’en parler sans trop en dire !). Je suis curieuse de voir comment cela va tourner… Surtout après les révélations faites sur l’un des jumeaux.

    La fin est assez intrigante pour qu’on ait envie d’en savoir plus et, si le prochain tome est plus relu et corrigé, ce livre sera digne de ceux qui ont inspiré les auteurs !

    Un extrait : L’éclat étincelant des rayons des soleils ne perturbait pas les deux combattants. De nombreuses gouttes de sueur ruisselaient sur leurs fronts plissés. La concentration était à son paroxysme. Le fer s’entrechoquait tandis que de la poussière s’envolait à chaque mouvement d’esquive, de parade ou d’attaque. La fluidité et la vitesse d’exécution des gestes des bretteurs laissaient supposer une grande maîtrise dans l’art de l’acier. Les épéistes étaient splendides à observer, leur gestuelle était un véritable spectacle pour la dizaine d’officiers en armure intégrale, attroupés autour des deux fines lames. Chacun d’entre eux hurlait des encouragements à l’encontre de son favori. Les deux bretteurs n’avaient rien de commun. L’un était un véritable colosse maniant une large épée à deux mains, et l’autre, une amazone combattant avec deux armes. Elle alliait la grâce, la précision et l’agilité d’un félin.

    Soudain, d’une facilité déconcertante, cette dernière désarma son adversaire à l’aide d’un moulinet du poignet et en profita pour lui poser une de ses lames sur la gorge. Celui-ci était maintenant à genoux dans la poussière. Leurs regards se croisèrent lorsque plusieurs cris de soldats brisèrent l’instant de silence d’après confrontation. Elle se retourna arborant un sourire resplendissant. Malgré les marques de l’effort, sa beauté envoûtante n’était en aucun cas affectée. Sa chevelure brune flottait au gré des rafales de vent, ses courbes fines et sa taille de guêpe auraient fait frémir de désir un homme de foi.

    Alors que tout semblait gagné, le colosse lui faucha les jambes à l’aide de son puissant avant-bras droit. La belle guerrière eut à peine le temps de réaliser ce qui lui arrivait que le genou de son adversaire se posait sur sa cage thoracique, lui coupant le souffle et bloquant, par la même occasion, sa capacité de mouvement. Il lui adressa alors la parole d’un air sévère, le ton de sa voix n’avait rien d’agréable. On aurait dit la leçon d’un adulte envers un garnement un peu trop effronté.

    — Combien de fois devrais-je te répéter Illiaka que rien n’est gagné tant que ton adversaire n’est pas tombé sous les coups de ta lame ? Si tu jouais ta vie en ce moment, tes entrailles seraient déjà en train de se déverser sur ce sol.

    — Mais père, ce n’était qu’un entraînement ! Je n’ai pas combattu avec l’intention de vous tuer.

    Ce genre de discours, emprunt de légèreté, énervait au plus haut point Kiran Ryan, le général en charge de la forteresse d’Yvosk.

    — Sotte ! Tu n’es qu’une sotte ! Nous ne sommes pas en guerre mais ne prends pas cet entraînement à la légère. Je n’irai pas ramasser les restes de ton cadavre si tu succombes sous le poids de ton insouciance.

    Illiaka s’échappa de l’emprise de son père, se leva et se dirigea vers ses quartiers. Elle se retourna et le défia du regard.

    — Celui qui me tuera n’est pas encore né ! Personne ne manie l’art de l’acier mieux que moi et vous le savez très bien, assura-t-elle en s’éloignant.

    Alors qu’elle se dirigeait vers ses appartements, elle décida de faire un léger détour par les murs d’enceinte de la cité. Arriver en haut n’était pas chose aisée, leur hauteur avait déjà repoussé par le passé de nombreuses tentatives d’invasion. La forteresse était restée inviolée jusqu’à ce jour, les armées romoriennes et thodoriennes avaient subi quantité d’échecs. De gigantesques « tueurs de pierre » gardaient la muraille, il s’agissait de catapultes capables d’envoyer d’énormes amas de roches. Un véritable massacre si l’armée adverse n’arrivait pas à les neutraliser. Cette dizaine d’engins de mort faisait la fierté de la cité kholienne d’Yvosk. Du haut des remparts, Illiaka pouvait observer ses futures terres, celles qu’elle avait juré de défendre au péril de sa vie. Être la fille de Kiran Ryan impliquait de lourdes responsabilités et elle n’en était pas peu fière.

     

  • [Livre] Rufus le fantôme

     

    Je remercie les éditions Sarbacane pour cette lecture

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    Résumé : Rufus est un fantôme. A l'école où il va, il y a des zombies, des vampires et des loups-garous. Si le papa de Rufus lui a dessiné un avenir tout tracé, notre fantôme, lui, à d'autres ambitions : il veut devenir LA MORT.

    Oui, la faucheuse, en chair et en os (surtout en os). Un métier passionnant et plein d'avenir, mais pas toujours facile à exercer, ainsi que Rufus va l'apprendre : conditions stressantes, horaires à rallonge...

    Et si tout ça devait mener à une grande GREVE DE LA MORT ?

     

    Auteur : Chrysostome Gourio

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Enfants

     

    Date de parution : 1 Février 2017

     

    Prix moyen : 11€

     

    Mon avis : Encore un pépix plein d’humour et de rebondissements. Rufus est adorablement têtu et il a bien raison : comme s’il n’y avait pas assez de parents qui veulent contrôler la vie de leurs enfants, voilà maintenant qu’il y en a qui veulent contrôler leur mort. Et la mort, c’est quand même vachement plus long et donc c’est vachement plus embêtant d’être obligé de suivre un chemin tout tracé qui ne nous convient pas.
    Même s’il a avalé sa langue (et non, ce n’est pas une expression) et qu’il est donc très difficile à comprendre (un peu comme un enfant de 2 ans qui vous parle avec sa tétine dans la bouche), son copain, Octave, zombie de son état, est un formidable camarade qui l’aide autant qu’il le peut.
    Rufus a déjà choisi la vie, pardon la mort, qu’il aura plus tard : il veut être la mort, la faucheuse et quand il apprend par Melchior, la mort locale, que tout ce qui fait l’intérêt du poste est en danger, il décide de ruer dans les brancards et d’aider Melchior et ses collègues à faire valoir leurs droits. Même si pour cela, il doit défier ses parents.
    J’ai eu un peu de mal avec les parents de Rufus, surtout avec son père. Sa mère est plus ouverte, mais ne semble pas réaliser que ce n’est pas évident à comprendre au premier regard tant elle semble rigide.
    Le père de Rufus, qu’il appelle le Prof, lui, refuse que son fils puisse avoir une autre idée de son avenir que celle que lui-même s’est imaginé. Il ne laisse aucune liberté à Rufus et son épanouissement personnel semble être secondaire dans un premier temps.
    J’ai eu un peu de mal avec la maitresse aussi. Cette manière d’appeler les parents de Rufus après son exposé, j’ai trouvé ça très limite. Au point que j’ai pensé qu’un fantôme ne pouvait pas prétendre à être la Mort et que c’est pour cela qu’elle s’inquiétait pour son élève, alors que de toute évidence, la seule chose qui l’inquiétait, était qu’il ne suive pas le destin tracé par son père.
    J’ai passé un excellent moment avec cette lecture que j’ai fini en moins de 2h. J’ai toutefois une réserve, pour la première fois, sur les bonus. Ils sont plein de second degré qu’on comprend immédiatement en tant qu’adulte et que les enfants d’une douzaine d’années comprendront probablement sans grande peine aussi. En revanche, j’ai peur que les plus jeunes lecteurs ne prennent les « conseils » au pied de la lettre, et j’imagine déjà les réactions des parents quand ils découvriront que leur progéniture a découpé les draps de son lit pour faire un costume de fantôme, qu’il aura piqué du steak haché dans le frigo pour le coller dans son livre ou qu’il exigera une augmentation d’argent de poche sous peine de grève.
    Je pense que quand on s’adresse à un jeune public, il faut faire attention à ce que l’on « conseille » car les enfants ne sont pas réputés pour leur second degré.
    En dehors de cette petite réserve, je trouve que ce roman est très amusant et explique assez bien la notion de grève et de revendications syndicales, avec de petits points historiques disséminés l’air de rien dans les explications du Prof.

    Un extrait : Ils veulent tous comprendre, comme moi à leur âge. Tout ce dont je me souviens, c’est des crocs du loup dans mon bras, d’une silhouette sombre vêtue d’une ample cape, avec sa… grande faux fendant l’air… et puis plus rien. Jusqu’à ce que mes parents viennent me tirer de la tombe.
    Ca s’est passé il y a 526 ans. Et on peut dire que c’est mon âge. Je sais, on a l’impression que c’est vieux (comme mon prénom, Rufus, très à la mode à une époque), mais j’ai l’éternité devant moi, alors ça ne fait pas tant que ça. De plus, lorsque j’ai passé l’arme à gauche, j’avais dix ans. Donc je suis super jeune et je ne fais pas mes siècles.
    Par exemple, mon père, qui a 5347 ans, et ma mère qui en a 4871, sont dans la force de l’âge, alors que quand ils ont expiré, l’Humanité découvrait à peine la civilisation (oui, ils sont beaucoup plus âgés que moi… en fait, après la mort, l’âge devient un facteur assez relatif). Eux, ils ont même connu Homère et Virgile (des types dont vous n’avez peut-être pas entendu parler, mais qui ont écrit des histoires sensationnelles). C’est dire les fossiles !

    Enfin, ils ne les ont pas connus personnellement. Quoique… Est-ce que hanter une maison, ça compte ?
    Si ça compte, alors ils les ont connus de façon intime. Parce que les relations nocturnes, ça crée des liens.
    Normal pour des fantômes.
    Ah oui, c’est important de le noter (au cas où malgré la couverture, le quatrième de couverture, le titre du livre, de ce chapitre, le résumé de votre libraire ou de votre bibliothécaire, vous ne l’auriez pas compris) : je suis un fantôme. Un jeune fantôme, donc, mais un fantôme quand même. Un qui fait peur, traverse les murs et crie Ouuuuhhouuuu !! d’un air lugubre en agitant des chaînes. Enfin, en théorie (vous verrez que c’est plus compliqué que ça).
    Comme je n’ai que 526 ans, on voit clairement à quoi je ressemblais de mon vivant (avec le temps, on disparaît peu à peu, mais c’est pas pour tout de suite). Je n’étais pas très grand, j’avais des cheveux bruns frisottés et des yeux noirs. Ce qui est plutôt pas mal, vu que ça contraste avec mon teint blafard. Disons que maintenant, je suis plutôt beau gosse.
    La face de hachis Parmentier qui m’accompagne, c’est Octave, mon meilleur copain. Le zombie de la tombe d’à côté. Comme vous pouvez le remarquer, on a pas tout à fait la même tête. Parce que c’est un mort vivant. Moi, je suis revenu sans mon enveloppe corporelle, alors que lui a gardé la sienne. Et ça, on ne sait pas très bien à quoi c’est dû. J’ai beau demander à mon père, qui est un érudit, je n’ai jamais eu de réponse claire. Peut-être qu’il se trouvait charmant et ne voulait pas laisser son joli minois pourrir dans un cercueil ? En ce cas, compte tenu de ce qu’il est devenu, je ne suis pas sûr qu’il ait fait le bon choix.

     

  • [Livre] Les enfants de cendres

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    Résumé : Au milieu d'un train bondé, une petite fille disparaît. En dépit d'une centaine de témoins potentiels, personne n'a remarqué quoi que ce soit. Sa mère était descendue sur le quai pour passer un coup de fil, et n'a pu regagner le train à temps. Affolée, elle a alerté les contrôleurs qui ont gardé un oeil protecteur sur l'enfant endormie. Pourtant, à l'arrivée en gare de Stockholm, la fillette s'est volatilisée. On ne retrouve que ses chaussures sous la banquette... 

     

    Auteur : Kristina Ohlsson

     

    Edition : France Loisirs

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 2012

     

    Prix moyen : 13€

     

    Mon avis : D’après ce que j’ai compris, il vaut mieux avoir l’édition de France loisirs que l’édition j’ai lu. En effet, il semblerait que cette dernière en dise beaucoup trop sur l’histoire dans son quatrième de couverture, tandis que celle de France loisirs lui conserve tout son mystère.
    L’histoire commence de manière assez « banale » pour les enquêteurs et s’ils ne traitent pas pour autant l’affaire par-dessus la jambe et recherchent activement l’homme et l’enfant, pour eux, ce n’est rien de plus qu’un père qui a décidé qu’il ne serait pas séparé de sa fille.
    Pourtant, il y a un membre de l’équipe qui reste sceptique. Cet enlèvement dans un train lui parait trop élaboré pour être du fait d’un père n’acceptant pas la séparation.
    Le problème est que cette enquêtrice vient du civil. Le gouvernement à décidé d’introduire des personnes venant du civil et donc sortant du cursus universitaire dans les services de police. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça ne plait pas. Les enquêteurs rejettent d’un bloc ces nouveaux venus qu’ils jugent inutiles. Que ce soit les analystes ou les enquêtrices qui viennent de passer des années à l’université à étudier la criminologie et le comportement criminel.
    Alors quand Fredrika Bergman fait part à son boss de ses doutes quant à l’enquête, elle est vertement envoyée sur les roses !
    Et là, j’ai eu beaucoup de mal à supporter ledit boss : Alex et son enquêteur Peder.
    Commençons par le plus bas dans la ligne hiérarchique : Peder.
    Disons le tout net, je l’ai trouvé imbuvable ! Moi moi moi, voilà tout ce qui l’intéresse. Père depuis peu, son épouse fait une grosse dépression postnatale et il ne le supporte pas. Attention, pas parce que sa femme est malheureuse, mais parce qu’il n’a pas la vie sexuelle qu’il veut, l’accueil qu’il veut, qu’elle ne s’occupe pas assez de lui. Bref, les sentiments et l’impression de se noyer de son épouse ne sont que secondaires au vue des désagréments que doit supporter monsieur. Dans le boulot, il n’est guère mieux : il se vexe s’il n’a pas la vedette, ne supporte pas qu’un autre que lu trouve un indice ou comprenne l’importance d’une information. Il passe plus de temps à tirer la couverture à lui qu’à enquêter… Heureusement quand il devient clair que l’affaire est bien plus grave que ce qu’il n’y parait, il va se reprendre un peu, et, sans changer complètement d’attitude, il va quand même se foutre pour de bon au boulot.
    Le chef aussi m’a agacée, peut être encore plus parce que c’est le chef. Il rejette les impressions et les doutes de Fredrika, non pas parce qu’il a déjà enquêté sur cette piste et l’a mise de côté mais parce qu’elle lui est signalée par une « civile » et qu’il n’a pas l’intention de la laisser « lui apprendre son métier ». Je ne dis pas qu’ils auraient pu sauver tout le monde s’il avait écouté Fredrika, mais ils auraient moins perdu de temps !

    Enfin il y a Fredrika. Elle est très mal à l’aise dans ce service de police, au point qu’elle songe à partir à la fin de sa période d’essai. Elle sent bien qu’elle est rejetée et ses collègues prennent pour de l’indifférence et de la froideur sa maitrise d’elle-même qu’elle refuse de relâcher de peur de craquer devant les horreurs auxquelles elle va être confrontée.
    Quand (enfin) le service se lance sur la piste dénichée par Fredrika, ils se trouvent aux prises avec quelqu’un de froid, de très organisé et de quasiment invisibles : il ne laisse aucune trace, aucun adn, aucune empreinte. Les personnes interrogées sont incapables de le décrire. A croire que l’on a affaire à un véritable fantôme.
    J’ai un peu regretté que les enquêteurs tournent si longtemps en rond pour trouver le lien entre les différentes affaires, alors que ça faisait plus de 100 pages que je l’avais deviné et que j’avais envie de leur hurler : « mais il est là le lien !!! c’est ça !!! »
    Dans ce livre, l’auteur n’aborde pas que le thème du meurtre et de l’enlèvement. Au cours de l’enquête, on sera également confronté aux thèmes de la pédophilie et de la maltraitance faite aux femmes.
    Il y a des fausses pistes. Une en particulier qui m’a complètement eue ! Une vraie bleue. Je suis allègrement tombée dans le panneau (c’est limite vexant).
    Maintenant, je suis pressée de lire d’autres livres de l’auteur pour voir ce que va devenir Fredrika.

    Un extrait : La petite fille ne ressemblait pas du tout à sa mère, avait remarqué Henry en poinçonnant leurs billets, peu après la gare de Göteborg. Ses cheveux châtain foncé ondulaient si joliment autour de sa tête qu’on aurait dit des faux. Ils effleuraient ses épaules en encadrant son petit visage. Son teint était plus mat que celui de sa mère, mais elle avait de grands yeux bleus et le nez constellé de taches de rousseur, ce qui la faisait ressembler à une poupée. Henry lui sourit en passant auprès d’elle et la fillette esquissa un timide sourire en retour. Elle avait l’air fatiguée. Elle détourna les yeux et regarda par la fenêtre, la tête appuyée contre le dossier.

    – Lilian, enlève tes chaussures si tu mets les pieds sur le siège, avait dit la mère, alors qu’Henry contrôlait le billet du voyageur suivant.

    En se retournant, il avait noté que l’enfant s’était débarrassée de ses sandales rouges et avait replié les jambes sous elle.

    Ses sandales étaient restées par terre après qu’elle eut disparu.

    Ce trajet entre Göteborg à Stockholm fut plutôt perturbé. Beaucoup de monde s’était déplacé dans la deuxième ville du pays pour assister à un grand concert à Ullevi. Et tous étaient rentrés par le train du matin, celui où travaillait Henry. Tout d’abord, deux jeunes gens vomirent sur les sièges en voiture 5. Ils avaient trop bu la veille, et Henry dut courir chercher une serpillière pour nettoyer tout ça. Au même moment, deux filles se mirent à se battre en voiture 3. Une blonde accusait une brune d’avoir essayé de lui piquer son petit ami. Henry tenta de s’interposer, mais le calme ne revint dans le train qu’après Skövde, tous les fêtards ayant fini par s’assoupir. Henry put alors boire une tasse de café avec Nellie, qui travaillait au wagon-restaurant. En passant dans le couloir, Henry s’aperçut que la femme rousse et sa fille s’étaient endormies.

    Ensuite, ce fut assez tranquille jusqu’à ce qu’on approche de Stockholm. À quelques dizaines de kilomètres de la capitale, peu avant Flemingsberg, le contrôleur adjoint Arvid Melin annonça par haut-parleur que le train aurait un retard de cinq minutes, voire dix, à cause d’une erreur de signalisation. Le train fit donc un arrêt à Flemingsberg, et Henry vit la femme rousse descendre seule de la rame. Il l’observa par la fenêtre de la voiture 6, réservée au personnel. Elle marcha d’un pas décidé sur le quai et se posta un peu à l’écart des autres passagers, descendus prendre l’air quelques instants. Puis elle sortit quelque chose de sa poche, peut-être un téléphone portable. Henry se dit que la petite fille devait encore dormir. Il poussa un soupir. Se sentait-il seul au point d’espionner une passagère ? Henry retourna aux mots croisés du dernier numéro de Året Runt. Que serait-il arrivé s’il n’avait pas quitté des yeux la femme sur le quai ? Ses collègues auraient beau lui répéter qu’il ne pouvait pas s’en douter et ne devait en aucun cas s’en vouloir, Henry restait persuadé que son zèle à résoudre ses mots croisés avait infléchi le cours des événements. Impossible de revenir en arrière.

    Car Henry était plongé dans ses mots croisés quand il entendit la voix d’Arvid dans le haut-parleur. Tous les voyageurs étaient priés de regagner leurs places, le train repartant en direction de Stockholm. Personne ne se souvint d’avoir vu une jeune femme courir après le train. Mais cela avait sans doute été le cas, car quelques minutes après le départ Henry reçut un coup de téléphone signalant qu’une jeune femme assise place 6 voiture 2, à côté de sa petite fille, avait été oubliée sur le quai à Flemingsberg. Elle avait pris un taxi et faisait à présent route vers Stockholm. L’enfant était seule dans le train.

    – Oh, merde ! jura Henry en raccrochant.

    Il se rendit aussitôt à la voiture 2 pour constater que c’était la jeune femme rousse aperçue sur le quai qui avait manqué le train, puisqu’il reconnaissait la petite fille.

    Henry rassura ses supérieurs en téléphonant de son portable : l’enfant dormait toujours, et il lui paraissait inutile de la réveiller avant l’arrivée à Stockholm. Il promit de s’occuper personnellement de la fillette dès l’entrée du train en gare. Personnellement. Ce mot allait longtemps résonner dans sa tête. Au niveau de Södra Station, les filles de la voiture 3 recommencèrent à se battre et à crier. Henry entendit un bruit de verre brisé puis un voyageur quitta la voiture 3 pour la 2, et il fut bien obligé d’abandonner l’enfant endormie.

    – Arvid, viens tout de suite voiture 3 ! cria-t-il dans son talkie-walkie.

    Aucune réaction du collègue.

    Quand Henry parvint enfin à séparer les deux filles, le train s’était arrêté avec son sifflement caractéristique, un son qui n’était pas sans rappeler la respiration lourde et essoufflée d’un vieil homme.

    – Espèce de pétasse ! hurla la blonde.

    – Sale conne ! rétorqua l’autre.

    – Enfin, vous n’avez pas fini toutes les deux ? s’énerva une femme plus âgée en se levant pour prendre son sac de voyage.

    Henry se fraya un chemin dans la foule qui faisait déjà la queue dans le couloir et se dépêcha de regagner la voiture 2. Pourvu que l’enfant dorme encore ! Il y était presque. Henry bouscula plusieurs personnes le temps de ce court trajet qui – il était prêt à le jurer – lui avait pris moins de trois minutes. La durée de son absence ne changeait malheureusement rien à l’affaire.

    La petite fille endormie avait disparu. Il ne restait que ses sandales rouges, tandis que sur le quai se pressaient tous les autres voyageurs dont Henry Lindgren avait eu la charge entre Göteborg et Stockholm.

     

     

  • [Livre] Derrière les portes

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    Résumé : En apparence, Jack et Grace ont tout pour eux. L'amour, l'aisance financière, le charme, une superbe maison.
    Le bonheur.
    Vous connaissez tous un couple comme celui qu'ils forment, le genre de couple que vous aimeriez connaître mieux.
    Vous adoreriez passer davantage de temps avec Grace, par exemple. L'inviter à déjeuner, seule.
    Et pourtant, cela s'avère difficile. Vous réalisez que vous ne voyez jamais Jack et Grace l'un sans l'autre.
    Est-ce cela que l'on appelle le grand amour ?
    À moins que les apparences ne soient trompeuses.
    Et que ce mariage parfait ne dissimule un mensonge parfait.
    Et vous, connaissez vous vraiment vos amis ?

     

    Auteur : B.A. Paris

     

    Edition : Hugo thriller

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 05 janvier 2017

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : Dans la newsletter Babelio, on me présentait ce livre et on me proposait d’en lire un extrait. Dès que j’ai lu celui-ci, je n’ai pas pu attendre et j’ai immédiatement commandé le livre.
    Dès qu’on voit l’attitude de Grace, on comprend que son mariage n’a rien de parfait et que Jack est probablement un mari abusif.
    Alors ce n’est pas faut, mais j’étais loin du compte et je n’avais pas imaginé un personnage d’une telle perversité.
    C’est Grace qui nous raconte son histoire, oscillant entre passé et présent.
    Pendant tout le livre j’ai été prise entre fureur et effroi. Effroi devant la personnalité de Jack mais aussi devant sa capacité, tel un joueur d’échec maléfique, à sembler avoir toujours trois coups d’avance ; et fureur devant la passivité de l’entourage : l’entourage proche qui idolâtre Jack et l’entourage plus éloigné, comme la police ou le personnel de l’hôtel en Thaïlande, qui n’accordent pas même le bénéfice du doute à Grace et considèrent qu’un célèbre avocat comme Jack, défenseur bien connu des femmes maltraitées, ne peut être que ce qu’il parait être : parfait.
    On a ici un thriller psychologique intense, qui ne nous laisse aucun répit (et qui nous fait décider que jamais, au grand jamais, on ne se mariera. Et pour celles qui le sont déjà, que leurs maris ne soient pas étonnés d’être passé à la question à peine la porte franchie, on est jamais trop prudente).
    Il ne faut clairement pas lire ce livre si on est de nature impressionnable, sinon on risque d’avoir peur de son ombre pendant un certain temps.
    Il n’a rien de sanglant, mais il provoque une tension permanente qui ne cesse de monter, sans jamais retomber un peu, jusqu’au dénouement.
    Du coté des personnages, il y en a un certains nombres, mais seulement 2, à part Jack et Grace, on une réelle importance.
    D’abord il y a Millie. Millie a 17 ans, bientôt 18 et est trisomique. C’est la petite sœur de Grace dont elle a la charge, leurs parents, plutôt indignes dans leur genre, ne rêvant que d’être débarrassés une bonne fois pour toute de leurs filles. Millie est une jeune fille enjouée, qui vit dans une pension qu’elle doit quitter à ses 18 ans pour aller vivre avec sa sœur et son beau-frère. Elle est dotée d’une intelligence très fine qui est dissimulée par son handicap.
    Ensuite il y a Esther. Esther est une nouvelle voisine que la vie idyllique que présentent Grace et Jack à la face du monde agace profondément. On voit clairement qu’elle ne croit pas à la perfection de leur vie mais qu’elle pense qu’ils veulent montrer ainsi une certaine supériorité. Pour autant, sa suspicion inquiète Grace comme elle lui donne de l’espoir car celle-ci peut soit lui être favorable, soit la plonger un peu plus en enfer.
    J’ai apprécié que malgré un sujet relativement courant dans les thrillers psychologique, l’auteur ne tombe jamais dans les stéréotypes (parfois un peu dans l’excès, mais une fois pris dans l’intrigue, on n’y fait pas vraiment attention sur le moment).
    Même si on s’attend un peu à la fin (franchement dans une histoire pareille, il n’y a que deux fins possibles), j’ai beaucoup aimé comment cela avait été amené : tout comme le reste du roman, il n’y a rien de brutal, la fin est amenée lentement mais sûrement, en gardant tout son suspense jusqu’à la fin.
    Mon premier coup de cœur thriller de l’année !

    Un extrait : Jack demande un instant d’attention et porte un toast à Esther et Rufus, à qui il souhaite la bienvenue dans la région. Je lève mon verre, avale une gorgée de champagne. Les bulles pétillent dans ma bouche et, soudain, je suis bien. J’essaie de savourer la sensation mais, fugace, elle disparaît aussi vite qu’elle a surgi. Je considère Jack, qui parle avec animation à Rufus, rencontré au club de golf avec Adam, il y a quelques semaines. Ils lui ont proposé un parcours ensemble. Après avoir découvert que Rufus excellait au golf, mais pas assez pour le battre, Jack l’a invité à dîner avec Esther. Je n’ai qu’à les observer pour saisir qu’il désire impressionner le nouveau venu. Il est donc important que je séduise sa femme. Ce ne sera pas tâche facile. Si Diane m’idolâtre, Esther semble plus complexe. Je m’éclipse afin d’aller chercher à la cuisine les canapés que j’ai concoctés un peu plus tôt et pour mettre la dernière touche au repas. L’étiquette – Jack est pointilleux à ce sujet – exige que je ne m’absente pas trop longtemps. Aussi, je m’empresse de battre en neige les blancs d’œuf qui attendent dans un saladier avant de les ajouter à la préparation du soufflé déjà prête. Avec un coup d’œil nerveux à la pendule, je place le mélange dans des ramequins individuels, puis les enfourne au bain-marie. Je vérifie soigneusement l’heure. Un instant, une bouffée de panique me submerge à la perspective de commettre un faux pas. Mais, me rappelant que la peur est mon pire ennemi, je m’exhorte au calme et regagne le salon avec mon plateau d’amuse-gueule. Je les présente aux uns et aux autres, reconnaissante pour les compliments unanimes, parce que Jack n’aura pas manqué de les entendre. Ça ne loupe pas : tout en me gratifiant d’un baiser sur le sommet de la tête, il convient avec Diane que je suis une excellente cuisinière. Je pousse un infime soupir de soulagement. Bien décidée à progresser auprès d’Esther, je m’installe à côté d’elle. Voyant cela, Jack attrape de ses doigts élégants le plateau de canapés.
    — Repose-toi, chérie, tu le mérites, après tout ce que tu as fait aujourd’hui.
    — N’exagère pas, ce n’était rien, je proteste.
    Mensonge. Ce que Jack sait pertinemment, puisque c’est lui qui a arrêté le menu. J’entreprends de poser à Esther les questions de rigueur : s’est-elle habituée à la région ? Inquiétée à l’idée de quitter le Kent ? Ses deux enfants se sont-ils habitués à leur nouvelle école ? J’ignore pourquoi, mais que je sois aussi bien renseignée a le don de l’irriter. Conséquence, je mets un point d’honneur à m’enquérir des prénoms de ses fils et fille, bien que je les connaisse. Ils s’appellent Sebastian et Aisling et ont sept et cinq ans. Je fais comme si je n’étais pas au courant de leur âge non plus. Consciente que Jack surveille mes moindres paroles, je devine qu’il se demande ce que je mijote.
    — Vous n’avez pas d’enfants, n’est-ce pas ? lâche Esther sur un ton qui est plus affirmatif qu’interrogatif.
    — Non, pas encore. Nous souhaitions profiter un peu de notre vie de couple d’abord.
    — Depuis combien de temps êtes-vous mariés ? répond-elle, apparemment surprise.
    — Un an.
    — Ils ont fêté ça la semaine dernière, précise Diane en tendant sa flûte.
    — Et je ne suis pas encore prêt à partager ma ravissante épouse, rigole Jack en la remplissant.
    Durant une seconde de distraction, je contemple une minuscule goutte de champagne qui a giclé sur la serge de son pantalon immaculé, au niveau du genou.
    — Pardonnez mon indiscrétion, reprend Esther, mais l’un de vous deux a-t-il été marié avant ?
    J’ai l’impression qu’elle souhaiterait qu’on lui dise oui, comme si l’existence d’un ou d’une ex tapi dans l’ombre pouvait entacher notre apparente irréprochabilité.
    — Non, je réponds. Ni Jack ni moi.
    Elle dévisage ce dernier, et je me doute qu’elle essaie de comprendre comment un aussi bel homme a réussi à rester libre aussi longtemps. Sentant le poids de son regard, il la régale d’un sourire bonhomme.
    — J’avoue que, à quarante ans, je commençais à désespérer de jamais trouver la femme idéale. Mais dès que j’ai vu Grace, j’ai su qu’elle était celle que j’attendais.
    — C’est tellement romantique ! soupire Diane, qui a déjà eu droit à l’histoire. Je ne compte plus les dames que j’ai présentées à ce célibataire endurci. Aucune n’a eu l’heur de lui plaire. Jusqu’à Grace.
    — Et pour vous, Grace ? me demande Esther. Ça a été également le coup de foudre ?
    — Oui.
    Bouleversée par ce souvenir, je me relève un peu trop vite. Jack tourne vivement la tête dans ma direction.
    — Les soufflés, je me justifie d’une voix calme. Ils doivent être cuits. Tout le monde est prêt à passer à table ?

     

     

  • [Livre] Surtensions

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    Résumé : se retrouvent-ils dans une même histoire et pourquoi Coste fonce-t-il dans ce nid de vipères, mettant en danger ceux qui comptent le plus pour lui ?- un pédophile, un assassin, un ancien légionnaire serbe, un kidnappeur et un braqueur -Cette sœur acceptera-t-elle le marché risqué qu'on lui propose pour faire évader son frère de la prison la plus dangereuse de France ? De quoi ce père sera-t-il capable pour sauver sa famille des quatre prédateurs qui ont fait irruption dans sa maison et qui comptent y rester ? Comment cinq criminels
    Des âmes perdues, des meurtres par amour, des flics en anges déchus : la rédemption passe parfois par la vengeance...
    Olivier Norek pousse ses personnages jusqu'à leur point de rupture. Et lorsqu'on menace un membre de son équipe, Coste embrasse ses démons.

     

    Auteur : Olivier Norek

     

    Edition : Michel Lafon

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 11 mars 2016

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : Dès les premières pages, on est prévenu : Un des membres de l’équipe de Victor Coste va mourir. Pendant tout le livre on garde cette information à l’esprit et on guette chaque action, redoutant que ce soit le moment fatal, et se demandant sans cesse qui de Ronan, Sam ou Johanna va être la victime. A moins qu’il ne faille ajouter à la liste Léa, qui, si elle ne fait pas strictement partie de l’équipe, peut être considérée comme telle par Coste puisqu’elle est le médecin légiste.
    Je n’ai pas lu les deux premiers tomes mettant en scène Coste et son équipe, je n’ai donc pas eu le temps de m’attacher aux personnages autant que ceux qui ont lu tous les tomes. Et pourtant, j’ai tremblé pour chacun d’eux tout du long.
    L’auteur est un vrai flic du SDPJ 93, donc quand on a des descriptions (sordides et révoltantes) du milieu carcéral ou du « tirage dans les pattes » lors des frictions interservices, on se dit qu’il sait de quoi il cause.
    J’ai parfois eu la sensation qu’on amorçait des histoires sans jamais les finir et que ces histoires là n’apportaient rien à l’histoire. En fait, s’il est vrai qu’elles n’apportent rien à la résolution de l’affaire, elles donnent de la crédibilité aux actions des personnages. Cependant, malgré leur intérêt pour la crédibilité, elles m’ont laissées sur ma faim, d’autant plus qu’on se concentre parfois de nombreuses pages sur un personnage ou une affaire pour que tout se termine en queue de poisson.
    Pour autant, le livre est addictif, on veut savoir ce qu’il va se passer, page après page et il est difficile de le poser avant d’arriver au terme.
    Si on survole le roman, il nous semble qu’il y a plusieurs affaires distinctes mais au fil des pages, parfois avant les enquêteurs, qu’on regrette pour le coup de ne pas pouvoir aiguiller, on voit la toile qui se tisse en reliant chacune de ses affaires, chacun des personnages.
    Je ne sais pas si ce livre, avec la mort d’un de ses personnage, va être le dernier de la saga Victor Coste, mais certaines phrases lancée ci et là à la fin du roman laissent penser que Coste pourrait bien revenir nous voir pour de nouvelles aventures. En attendant d’être fixée sur ce point, je pense que je ne vais pas tarder à lire les deux premiers tomes : Code 93 et Territoires !

    Un extrait : Coste traversa les couloirs du service, passa devant le bureau du Groupe crime 1 sans même s’y arrêter, prit la passerelle vitrée qui séparait les deux ailes de la PJ pour se rendre là où il était certain de trouver son équipe : salle café. À cette heure bien trop matinale, personne n’aurait eu le courage de mettre de l’eau dans la cafetière du bureau et d’appuyer sur le bouton « on », ni surtout d’attendre les quelques minutes de goutte à goutte nécessaires sans s’endormir devant et debout. Puisque la veille, tout le monde s’était quasiment mis sur le toit avec cette petite eau-de-vie traître comme un virage serré, il fallait de la caféine, vite, beaucoup. Coste ouvrit la porte de la salle repos, doucement.

              – Alors, mes biquets ? Vous avez des têtes de papier mâché.

              Ronan inséra une pièce dans le distributeur.

              – Arrête. Me dis pas que t’es en forme, ça va me fatiguer encore plus.

              Le café passa et il tendit le gobelet plastique à Sam avant de nourrir le distributeur de quelques pièces de plus et d’en offrir un à Coste. Johanna se massait les tempes, les coudes sur les genoux.

              – Tu nous dis pourquoi on est là ? Demanda Ronan.

              – Parce que j’ai été réveillé par une magistrate à 4 h 30. Fleur Saint-Croix. Y a plus désagréable. Mais tu connais ça.

              Malgré le cerveau au ralenti, Sam attrapa la balle au bond.

              – Oh oui, Ronan, raconte-nous comment c’est, le réveil avec Fleur.

              L’intéressé touilla son café, un peu gêné. Fleur Saint-Croix décidait quand il venait et quand il partait, généralement en plein milieu de la nuit. Les matins à deux étaient rares. Parce qu’elle était femme de pouvoir ? Parce qu’il n’était qu’un simple lieutenant de police ? Parce qu’elle ne le considérait pas mieux qu’un sex toy ? Ronan se posait régulièrement toutes ces questions. Ce joli cœur s’était évidemment accroché à la seule qui le malmenait.

              – La vie privée, ça éveille un truc chez vous ? se défila-t-il.

              Johanna sortit des brumes et articula les premiers mots de sa journée.

              – Bon, on s’est levés avant les poules pour parler zizi ou on a du boulot ?

              Coste reprit les rênes de son équipe sur un ton plus professionnel.

              – Voilà le résumé que m’a fait Saint-Croix. David Sebag. Dix-neuf ans. Samedi soir, ses amis l’ont vu quitter la boîte de nuit dans laquelle ils passaient la soirée. Apparemment pour acheter un gramme de coke à un type qui ne voulait pas le lui vendre à l’intérieur. Ils ne l’ont pas revu de la nuit. Dimanche après-midi, Marc Sebag, le père, s’inquiète et appelle les amis de son fils. Les gamins ont commencé par le mener en bateau mais quand ils ont vu qu’il était mort de trouille, ils ont avoué pour la coke.

              – Attends, mais c’est une disparition qui n’a même pas quarante-huit heures. Ton David doit roupiller chez une copine. C’est une affaire pour le commissariat, ça, fit remarquer Sam.

              – Sauf qu’à 2 heures du matin, le père a reçu le SMS.

              – Merde, souffla Ronan.

              Johanna perdit le fil de la conversation.

              – C’est quoi cette histoire de SMS ?

              – Le début d’un enlèvement avec demande de rançon. C’est pas une bonne nouvelle, conclut Coste. Mais c’est pas nouveau non plus. On sait faire.

     

     

  • [Livre] Hate list

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    Résumé : C'est moi qui ai eu l'idée de la liste.

    Je n'ai jamais voulu que quelqu'un meure.

    Est-ce qu'un jour on me pardonnera?

    C'est ce que pense Valérie, effondrée après un drame inexplicable survenu au lycée. Son petit ami, Nick, a ouvert le feu dans la cafétéria, visant un à un tous les élèves de la liste. Cette fameuse liste qu'ils ont écrite pour s'amuser et où figurent ceux qui étaient odieux, lâches, méprisants dans l'établissement. Maintenant, ils sont blessés ou morts. Et Nick s'est suicidé, emportant son secret pour toujours. Mais Valérie, elle, est toujours là. Jusqu'au matin, où elle se lève et quitte sa chambre pour retourner au lycée...

     

    Auteur : Jennifer Brown

     

    Edition : Albin Michel

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 01 février 2012

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : J’ai passé la moitié de ma lecture avec une boule de rage au ventre.
    L’attitude des parents de Valérie m’a écœurée, surtout celle du père, quoi que la mère ne s’améliore que sur la fin. A aucun moment, ils ne lui laissent le bénéfice du doute alors qu’elle a failli mourir. Dès son réveil à l’hôpital, elle est assaillie de toute part par des personnes qui l’ont déjà déclarée coupable et qui ne lui laisse aucune chance de s’expliquer.
    Alors oui, elle a écrit une liste composée des gens qu’elle n’aime pas (mais aussi des cours qu’elle déteste, des expressions, des aliments… mais ça, personne n’en parle), oui son petit ami a choisi en grande partie ses victimes dans cette liste. Mais en quoi est-elle responsable ? Pour elle ce n’était qu’un moyen comme un autre de se défouler, un peu comme quand on dit : celui-là, je le tuerais volontiers ! Ou, bon sang, je crois que je vais buter mon boss !
    Le seul tort de Valérie est de ne pas s’être rendu compte que Nick ne prenait pas ça comme un jeu. Mais à son âge comment imaginer que son petit copain ait ce genre de pensées ? Comment imaginer qu’il passera à l’acte. C’est le genre de chose qui « n’arrive qu’aux autres », que dans « d’autres lycées ».
    D’ailleurs concernant les victimes, on se demande bien pourquoi les adultes du lycée les ont ainsi laissé, à visage découvert et en toute impunité, pratiquer un véritable harcèlement scolaire sur Valérie, du seul fait qu’elle était gothique et sur Nick, parce qu’il était plutôt gringalet.
    Je ne cherche pas à dire que Nick n’est pas responsable de ses actes, mais que le drame aurait pu être évité si les adultes concernés avaient pris leurs responsabilités plus tôt, au lieu de chercher un bouc-émissaire après coup.
    Parce que c’est bien ce qu’est Valérie : un bouc-émissaire. Et l’adolescente, plongée dans un véritable cauchemar, ne sait pas comment faire comprendre qu’elle n’a rien fait, qu’elle n’est pas responsable. Et quand, finalement, quelqu’un lui tend une perche, elle a accumulé trop de méfiance pour savoir la saisir.
    Et rien ne me choque dans son attitude.
    En revanche, le père de Valérie est méprisable. Non content d’avoir bousillé la stabilité de la famille, bien avant le drame, il a laissé sa fille croire qu’elle en était responsable, puis, après la tuerie, malgré les conclusions de la police, malgré l’avis du psy, il refuse de la voir autrement que comme un monstre.
    Quant à la mère, on se demande quand elle va enfin se décider à se bouger et à se conduire en mère.
    Parmi les adultes, finalement, le seul à avoir trouvé grâce à mes yeux est le psychiatre qu’elle voit après sa sortie de l’hôpital. Il n’est pas parfait, mais il ne stigmatise pas Valérie et cherche vraiment à l’aider à se reconstruire. Bien sûr, il n’est guère aidé par l’attitude des parents, qui détruisent systématiquement chaque pas gagné dans le recouvrement de l’estime de soi de Valérie.
    Valérie nous raconte son histoire en partant de la rentrée qui suit le drame et lors de laquelle elle réintègre le lycée. Tout au long du texte, des articles de journaux nous présentent les victimes et des flash-back nous montrent comment se sont déroulées les choses.
    On va également pouvoir voir comment les média jettent le feu aux poudres, en racontant, sans se préoccuper de la vérité les faits et leurs suites.
    La fin est surprenante, mais finalement, en y repensant, je ne crois pas que Valérie aurait pu prendre une autre décision.
    Comme l’autre roman que j’ai lu de cet auteur, « Tornade », « Hate list » a été un vrai coup de cœur. Un peu atypique, certes, mais un coup de cœur tout de même.

    Un extrait : Mme Tate m’a gardée tellement longtemps dans son bureau que j’ai raté la sonnerie du premier cours et j’ai débarqué au milieu du laïus de rentrée de Mme Tennille. Je sais que Mme Tate l’avait fait exprès pour m’épargner d’avoir à affronter les couloirs aussi tôt, mais je me demande si je n’aurais pas préféré, plutôt que de voir tous les regards se tourner vers moi quand je suis entrée. Au moins dans les couloirs, je pouvais raser les murs.

    J’ai ouvert la porte, et je vous jure que toute la classe s’est figée en me dévisageant. Billy Jenkins a lâché son crayon qui a roulé sous son bureau. La mâchoire de Mandy Horn s’est décrochée si brutalement que j’ai cru l’entendre craquer. Même la prof a arrêté de parler tout net, pétrifiée sur place.

    J’étais là, sur le seuil de la porte, à me demander s’il ne valait pas mieux que je tourne les talons pour filer. Hors de la salle. Hors du lycée. Sous ma couette, à la maison. Expliquer à Maman et au docteur Hieler que j’avais eu tort, que finalement je préférais faire ma terminale avec un tuteur. Que j’étais beaucoup moins costaud que je ne l’imaginais.

    Mme Tennille s’est raclé la gorge en déposant le gros feutre qu’elle utilisait pour le tableau blanc. J’ai pris une profonde inspiration et je me suis faufilée jusqu’à son bureau pour lui remettre le passe que la secrétaire de Mme Tate m’avait donné.

    – Nous étions en train d’étudier le programme de l’année, m’a dit Mme Tennille en prenant le passe. (Son visage était de marbre.) Tu peux aller t’asseoir. Si tu as une question sur un sujet déjà abordé, n’hésite pas à venir me voir après la sonnerie.

    Mme Tennille ne faisait pas partie de mes fans, loin s’en faut. Elle avait toujours eu du mal à accepter le fait que je rechigne à participer aux travaux dirigés en laboratoire, et surtout le fait qu’un jour Nick avait « accidentellement » mis le feu à une éprouvette. Je ne vous dis pas le nombre de fois où elle avait envoyé le pauvre Nick en colle, me fusillant du regard quand elle me voyait l’attendre sur le trottoir en face du lycée.

    Alors qu’a-t-elle ressenti vis-à-vis de moi ce matin-là ? De la pitié, sans doute, parce que j’avais été incapable de voir en Nick ce qu’elle avait toujours vu. Ou peut-être aurait-elle préféré me secouer en hurlant « Je te l’avais dit, petite sotte ! ». Ou elle était carrément dégoûtée à cause de ce qui était arrivé à M. Kline.

    Qui sait, peut-être que comme moi, elle voyait et revoyait la scène un milliard de fois par jour dans son esprit : M. Kline, professeur de chimie, se précipitant comme un bouclier vivant pour protéger les élèves. En larmes. De la morve coulant de son nez, tremblant des pieds à la tête. Les deux bras étendus sur les côtés, tel le Christ, secouant la tête face à Nick qui le défiait tout en paniquant.

    Je l’aimais bien, Kline. Tout le monde l’aimait, Kline. C’était le genre de prof qui venait le jour de votre fête de fin d’année. Le genre de type qui s’arrêtait pour discuter avec vous quand vous le croisiez dans un centre commercial, sans jamais balancer un de ces « bonjour, jeune fille », ou ce type d’apostrophe idiote, typique du dirlo, M. Angerson. Kline, lui, se contentait d’un « Alors, quoi de neuf ? Pas de bêtises, j’espère ? ». Il fermait systématiquement les yeux quand il nous surprenait en train de siroter une bière en douce dans un restaurant. Il aurait donné sa vie pour nous. Et désormais c’est sous ce jour que le monde entier le connaissait. La couverture télé de la tuerie et les articles de cette Angela Dash, journaliste du Sun-Tribune, étaient tels que rares étaient les gens qui ne savaient pas que Kline était mort parce qu’il avait refusé de dire à Nick où se trouvait Mme Tennille.

     

     

  • [Livre] Cœur de Brindille

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    Résumé : Été 1975, Cité des Biscottes, dans le Nord de la France. Lolita dite Brindille, une adolescente de 15 ans, vit seule avec sa mère, alcoolique notoire. En vraie « fleur de béton », Brindille ne rêve que de partir – d’abord et avant tout, pour revoir son frère aîné Angelo, incarcéré à Marseille.

    C’est à l’occasion d’une rencontre foudroyante avec un jeune jongleur travaillant dans un cirque tzigane qu’elle concrétise ce désir… au grand désarroi de son professeur de lycée, très attaché à cette élève atypique qui va se lancer à sa poursuite. Mais Lolita laisse peu de traces ; lancée sur les routes avec le cirque, elle apprend le métier, change d’identité, s’adapte aux péripéties en suivant son instinct, toujours. En cargo, à pied ou sur la selle d’un scooter, elle ira jusqu’au bout de son aventure…

    … par le chemin où naissent les légendes !

     

    Auteur : Yves-Marie Robin

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 10 juin 2015

     

    Prix moyen : 15,50€

     

    Mon avis : Dès le début de ce livre, j’ai eu du mal à me représenter Brindille, pour une raison toute bête : la couverture. En effet, sur la couverture, on voit une jolie brunette, qu’on identifie logiquement comme étant Brindille, puis dans la description de l’adolescente, on entend parler de crête iroquoise turquoise… Et bien j’ai beau ne jamais juger un livre sur sa couverture, pour moi Brindille, c’était cette brunette, et je n’ai pas réussi à la rattacher à cette description. C’est un peu comme si la couverture d’Harry Potter montrait un ado genre surfeur californien, musclé avec de longs cheveux blonds alors que le personnage est décrit comme petit brun ébouriffé clairement mal nourri.
    Comme quoi le choix de la couverture reste quand même important. Sur ce coup-là, j’ai le sentiment que Sarbacane s’est un peu plantée.
    J’ai eu du mal à entrer dans le livre. Il faut dire que l’écriture, quoi que très belle, reste un peu particulière. Il m’a fallu un bon tiers du roman pour réussir à être vraiment plongée dans l’histoire et sur un livre de 192p, c’est long…trop long.
    De plus le résumé nous induit en erreur, on s’attend à une folle traversée au sein du cirque et puis finalement, du cirque, on ne voit quasiment rien.
    C’est une histoire, qui malgré son début qui montre une situation un peu sordide entre un frère en prison et une mère prostituée alcoolique qui ne s’adresse à sa fille qu’en l’insultant, est vraiment utopique. En effet, Diego et Brindille ne rencontre que des gens bienveillant : que ce soit le routier qui les prend en stop, la propriétaire du resto-route qui les nourrit et les loge gratuitement sans poser la moindre question, le capitaine du bateau qui s’attendrit devant eux… C’est peu crédible. Même le flic qui contrôle Brindille du seul fait de sa coiffure se radoucit très vite. Et en prison, même combat : le frangin, à l’infirmerie est pris sous l’aile de l’infirmier qui décrète qu’il va rester à l’infirmerie où il est au chaud et en sécurité. Mais dans quel monde vit l’auteur ? En prison, c’est à peine si on rafistole les détenus avant de les renvoyer dans la jungle que forme la prison.
    Ce côté : malgré des parents pourris et une assistante sociale « aux trousses », on vit en réalité au pays des bisounours, a eu tendance à m’énerver un peu.
    Il y a de grand thèmes abordés, des thèmes qui aurait pu être intéressant et apporter une vraie profondeur à l’histoire (la déportation du grand père de Diego, l’alcoolisme et la violence familiale, la prison, l’abandon scolaire…) mais ils ne sont qu’effleurés, si vite qu’on a à peine le temps de les voir passer.
    La relation entre Diego et Brindille peut passer pour trop rapide, mais pour moi elle reflète la réalité des adolescents qui se disent prêt à mourir s’ils sont séparés l’un de l’autre alors qu’ils ne se connaissent que depuis 12 heures.
    J’ai aussi trouvé que la fin arrivait trop vite et trop « facilement » je dirais. Encore une incursion au pays des bisounours où tout va bien dans le meilleur des mondes. J’aurais aimé un peu plus de réalisme.
    Cela dit, j’ai passé un bon moment et ça reste une bonne lecture, notamment pour les adolescents à qui elle est destinée. C’est une lecture à leur recommander du moment qu’ils ont conscience que dans la vraie vie, les choses, de ce genre de circonstances, se passent rarement aussi bien.

    Un extrait : Un matin d’été 1975, dans le lard brumeux d’un jour banal, Lolita dite « Brindille » - 15 ans à la pesée – vit son destin fleurir avec les premières heures. Le foulard du rouge-gorge en guise d’étendard, un anneau dans le sourcil et la crête iroquoise, elle observait depuis la fenêtre de sa cuisine, au 5ème étage de la Cité des Biscottes, la cathédrale rouge et or d’un cirque tzigane étendu sur l’herbe du terrain vague.
    Ca prenait vie. Par grappes, ahanant et tirant sur des cordes, une drôle de tribu soulevait le dôme en toile sous les ordres d’un boiteux en bleu de ferrailleur. Sacré gaillard, celui-là ; le visage fier, ruisselant, magnifique avec son chapeau de Camargue orné d’une plume d’aigle royal, au brun roux chatoyant dans le soleil levant…
    Brindille plissa les yeux. Leur convoi de caravanes alignées en demi-cercle, comme dans un film sur l’Ouest américain, imposait une frontière à l’intrus : le respect, et même la crainte devant leur force, leur culture – indomptable.

    - Lolita, ferme cette bon Dieu de fenêtre ! Et puis, va voir ailleurs si j’y suis. On est mercredi, et…

    - Je sais : aujourd’hui, c’est ta journée spaghetti.

    - Dis pas de mal sur mon client italien ! Surtout un régulier.

    Haussant les épaules, la jeune fille tira le rideau, tourna le dos au dehors et soupira avant d’engloutir un yaourt nature – copieusement arrosé de sirop grenadine.

    - On pourrait aller au cirque, ce soir ? Avec le bifton de ton étalon italien !

    - Le cirque, c’est ça. L’argent que gagne mon cul, il sert à payer le loyer ! Ma vie est déjà assez crasseuse pour que j’aille pas en plus respirer celle des autres…

    - Le loyer, on te croit. Tu la picole, ta vie, c’est pour ça qu’elle pue !

    - Mais fous-moi le camp, espèce de cul-gras ! Sale teigne de petite morue avariée ! Je t’en foutrai moi, du cirque !

    Pour éviter la morsure du ceinturon, Lolita détala. En passant devant le cadre du père accroché dans l’entrée, elle le retourna par habitude, face contre mur, puis elle prit son trousseau de clés sans un regard envers sa mère et s’engouffra dans l’escalier en sifflotant.
    Sourire en coin : d’un coup de patte agile et déjà bien rôdé, cette redoutable pickpocket venait de piquer cent balles dans le porte-monnaie maternel. Une manœuvre que son frère Angelo lui avait enseignée… avant de prendre cinq ans à Marseille, derrière les barbelés d’une prison obscure.
    Déboulant sur l’air de l’Internationale dans le hall de l’immeuble, l’adolescente cria en direction de la conciergerie :

    - Irma, si la vieille me demande…dites-lui que je ne suis pas encore née !!

    Et avant même que la gardienne, une Polonaise qui avait torché pas moins de quatre génération de gueulard dans la cité, n’ait eu le temps d’entrouvrir sa lucarne, Lolita s’était fait absorber par l’asphalte, son ombre pulvérisée en millions de lambeaux disparaissait sous un ciel bleu cristal…