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[Livre] Dans le labyrinthe

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Résumé : Un soir de mai, dans une banlieue cossue de Stockholm, Magda, une fillette de onze ans, disparaît mystérieusement de sa chambre. Après plusieurs jours d’investigations, la police en vient à soupçonner le père, Martin. Quatre proches de la victime se mettent à la recherche d’indices qui permettraient de la retrouver : Åsa, sa mère, brillante psychologue qui s’enfonce dans une profonde dépression ; Martin, l’éditeur talentueux à la double vie ; Tom, son loyal collaborateur à l’ambition dévorante ; et Katja, l’infirmière scolaire qui a découvert ce que cachait la petite fille. Ces quatre voix entraînent le lecteur dans un labyrinthe de confessions troublantes.

 

Auteur : Sigge Eklund

 

Edition : Piranha

 

Genre : Thriller

 

Date de parution : 02 février 2017

 

Prix moyen : 19€

 

Mon avis : Je ressors un peu mitigée de cette lecture. Que ce soit le déroulé de l’histoire en elle-même ou le style d’écriture de Sigge Eklund, j’ai eu du mal à poursuivre ma lecture.
Le style est lourd et, c’est peut être bête, mais j’ai été gênée par le tutoiement permanent entre des personnages qui se rencontrent pour la première fois (comme entre la police et les parents de Magda, ou entre le grand patron à la maison d’édition et le rédacteur…). Pour avoir lu de nombreux roman suédois, je peux dire que c’est la première fois que je vois cet aspect. Les personnes se tutoies plus vite qu’ailleurs, certes, mais ils ne tutoient pas ainsi des étrangers. C’était dépasser les limites de l’impolitesse.
D’un autre côté, il est vrai que les ramifications que l’auteur a construites entre ses personnages sont très intéressantes, mais le problème est qu’à mon sens il n’y a que ces ramifications qui aient un quelconque intérêt dans ce roman.
On se perd dans les pensées, les interrogations et les tourments de chacun des 4 personnages qui, s’ils sont censés  nous éclairer sur la disparition de la petite Magda, ne font, en fait, que pleurer sur leur sort et leur vie (et pas seulement depuis la disparition de l’enfant).
Le passé des personnages ne nous apporte guère d’indications sur la disparition de Magda et du coup il ne nous intéresse pas vraiment.
Car, quand on lit le résumé, on part vers un but très précis : savoir ce qui est arrivé à Magda. Et là, on tourne en rond, en ayant l’impression qu’on ne saura jamais vraiment de quoi il retourne.
Dans un roman qui traite d’une disparition d’enfant, on s’attend à être pris dans un tourbillon d’émotion à chaque fois que l’on lit les passages sur ses parents. Mais non. Au fil de ma lecture je n’ai ressentie aucune émotion pour eux, ni pour les deux autres protagonistes d’ailleurs, si ce n’est de l’agacement devant leurs atermoiements.
J’ai trouvé également l’ensemble trop long, trop lent, sans rythme. Et sans aucun semblant d’enquête que ce soit de la part de la police ou de la part d’un des protagonistes.
Pourtant l’idée de passer d’un point de vue à l’autre était vraiment super. J’aime beaucoup cette méthode de narration qui fait qu’on en sait toujours légèrement plus que chacun des personnages et qu’on reconstitue ainsi le puzzle en assemblant les découvertes de chacun.
Mais ici, ça n’a pas eu l’effet escompté d’autant plus qu’on ne cesse de passer d’une période à l’autre : un coup on est avant la disparition de Magda, un coup on est après, sans que cela nous apporte réellement d’éléments sur la question.
Et même si on fini par comprendre ce qu’il s’est passé avec Magda mais j’ai regretté plusieurs choses : d’abord on ne fait que déduire ce qui est arrivé à Magda, sans que ce soit jamais écris noir sur blanc. Et ensuite on ne sait pas comment les choses sont arrivées à ce point précis.
Bref, une fin qui m’a laissé sur ma faim après une lecture qui ne m’a pas happée dans son univers.

Un extrait : La sensation familière d’étouffement la saisit alors et la force à quitter la pièce. Elle sort dans l’aube froide. Il fait encore sombre, mais au-dessus de la lisière des bois, on aperçoit déjà un soupçon de rose. Elle constate que l’herbe scintille de givre. C’est seulement plus tard qu’elle se rend compte que c’était un simple constat. Tout ce qui est beau lui fait peur, parce qu’elle est poussée à sentir et elle ne veut pas sentir.
Comme l’autre jour, lorsque Martin a oublié d’éteindre la machine à café, la cuisine était remplie du parfum âpre du breuvage resté des heures durant sur la plaque allumée, et elle s’est rappelée son deux-pièces à Gärdet, les visites nocturnes de Martin ; ils venaient tout juste de se rencontrer, ses baisers ardents, ses va-et-vient expérimentés, calmes mais déterminées, lorsqu’il la prenait sous la douche, et ensuite, quand ils étaient assis à la fenêtre, enveloppés dans des couvertures à partager des cigarettes tandis que la neige tombait – ce souvenir était si vivant qu’elle prit peur.
Elle est à présent dans la rue et regarde à l’intérieur des villas.
Pendant que les familles dorment, leurs salons les attendent. Les sapins de Noël avec leurs boules de verre rouge, les cadeaux à leurs pieds, les bougies allumées dans la nuit. Toutes ces odeurs à l’intérieur, elle sait exactement comment ça sent avant Noël, les aiguilles de sapin, le savon doux, le repas de la veille. Tout cela lui rappelle la vie avec Magda.

Elle reste là, comme hypnotisée, à regarder à travers les fenêtres de ses voisins en soupesant ses mots. Elle va bientôt le leur dire. Le téléphone peut désormais sonner ; annoncer la confirmation. Même la pire des versions. Bientôt elle sera même en mesure de la privilégier. C’est devenu difficile ces derniers jours. Quelque chose en elle est prêt à céder. Elle ne sait pas comment cela se passera concrètement, mais quelque chose en elle le veut.

Ce changement a probablement commencé lorsqu’elle a fini par suivre le conseil de Martin et a parcouru le Web à la recherche de quelques « blogueurs d’anges ». Elle a tout de suite vu que leur douleur n’était pas comparable à la sienne.
Elle n’était pas nécessairement moins forte ; elle était différente.
Les blogueurs y parlaient du travail de deuil accompli pour pouvoir avancer. Rien que ce mot « avancer » faisait la différence. Contrairement à eux, elle était vissée au sol d’une pièce de torture et ne pouvait pas bouger ; sans parler de faire son deuil ! Martin ne pouvait-il donc pas le comprendre ? Visiblement non, et elle en était aussi exaspérée que triste. C’est comme lorsqu’il était debout derrière elle à la regarder lire les blogs, et qu’il s’attendait, suppose-t-elle, à ce qu’elle lui saute au cou, profondément reconnaissante, parce qu’il lui avait montré cette source de consolation. Mais la seule chose qu’elle y voyait, c’était des femmes qui luttaient quotidiennement pour avancer, fuyant l’horreur vécue. Elle s’était finalement sentie obligée de se retourner pour lui demander s’il s’y reconnaissait vraiment. Il l’avait regardée fixement sans répondre avant qu’elle dise :

- Je ne lutte ni pour aller de l’avant, ni pour fuir quelque chose. Et c’est justement là qu’est le satané problème. Je lutte en arrière. Vers cette nuit, pour y voir quelque chose de nouveau, pour comprendre. Regarde-moi. Réponds. Quel rapport y a-t-il entre leur situation et la nôtre ? Mon enfant vit, les leurs sont morts. C’est quelque chose de concret, elles peuvent donc commencer à faire leur deuil.
Il avait alors gardé le silence, comme d’habitude, désemparé jusqu’à en devenir provocant.
Elle avait quitté la pièce tandis que Martin s’était replié dans le cabinet de travail.
Cette nuit-là elle avait encore rêvé de la cave, et cette fois-ci, la pièce était étonnamment petite ; il n’y avait pas d’air. Lorsqu’elle découvrir Magda dans un coin, elle était trop épuisée par le manque d’oxygène pour pouvoir lui venir en aide. Elle eut beau investir toutes ses forces, elle n’arriva pas à l’atteindre, malgré toute la détresse qu’elle mettait à s’étirer vers elle, vers ses mains de petite fille.

 

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