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[Livre] Syndrome de Stockholm

 

Je remercie le site Librinova pour cette lecture

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Résumé : De Stockholm à Los Angeles, Stendriëk Börgen, artiste suédois génial et mystérieux, entretient une relation occulte avec Enstenov Khalinek, puissant homme d’affaires aux méthodes discutables. A l'apogée de sa carrière, Börgen dévoile son grand œuvre, un ensemble monumental de plus de 3 000 toiles occupant la gigantesque Gallery of the Immortality du Titanium Palace de Los Angeles. 
Börgen et Khalinek jubilent, mais aussitôt surviennent de nombreuses questions : quels liens unissent vraiment les deux hommes ? Comment une telle entente, aussi inattendue que suspecte, est-elle possible ? Quelle est cette étrange matière dont les œuvres sont faites... ?
Anna James, journaliste et critique d’art de haute renommée, se retrouve malgré elle au centre d'une histoire qui dépasse le monde de l'art. Elle va en effet découvrir que, derrière la création et le travail de Stendriëk Börgen, se cachent de sombres vérités...

 

Auteur : Philemon le Bellegard

 

Edition : Librinova

 

Genre : Thriller

 

Date de parution : 2016

 

Prix moyen : 16,90€

 

Mon avis : Voilà un livre qui m’a laissé une impression plus que mitigée.
D’un côté, l’histoire est intéressante. L’idée de base est bonne, le cheminement intéressant. Je n’ai ressenti aucune empathie pour les personnages. Pour Khalinek et Borgen, je pense qu’on n’est pas supposé en ressentir plus que cela. Pour Anna, au début, on la voit trop peu pour en ressentir, puis son attitude, son discours, fait qu’il me semble impossible d’avoir la moindre compassion pour elle. Et le fait que ses interlocuteurs l’appellent sans cesse Anna James est énervant. On se croirait dans un débat politique où les journalistes se sentent obligé d’interpellé systématiquement les intervenants par leur prénom et leur nom. Un Anna ou un Melle James de temps en temps auraient été bienvenus.
J’ai trouvé dommage qu’on n’entende plus parler de Nancy Heartwood après l’avoir rencontrée la première fois. Lors de cette rencontre, sa hargne et sa détermination laissent penser qu’elle va avoir un rôle important dans la suite de l’histoire mais cela retombe comme un soufflé car c’est à peine si son nom est de nouveau prononcé.
J’ai trouvé dommage le manque de fluidité dans les dialogues qui les fait apparaître peu convaincants, comme factices. Ils ne semblent pas s’intégrer à l’histoire, comme s’ils avaient été ajoutés après coup pour étoffer le texte.
Après avoir lu ce livre, j’ai recherché des avis de lecteurs, pour voir si le point que je vais aborder avait été ressenti par d’autres. Mais je n’ai quasiment rien trouvé, hormis des « lecteurs fantômes », c'est-à-dire des comptes ouverts sur des sites de lecteurs comme babelio ou livraddict, qui mettent la note maximale à un unique livre et ne participe pas au site. Pense-t-on vraiment que personne ne va trouver étrange qu’un lecteur ne lise qu’un seul livre ? Copinage ou technique marketing ? En tout cas, ce genre de pratique ne me donne pas envie d’être indulgente envers un livre qui me laissait déjà perplexe.
Le point le plus dérangeant de ma lecture a été les accumulations de verbes, d’adjectifs. J’aurais apprécié plus de sobriété dans l’écriture plutôt que ce style grandiloquent qui devient vite indigeste, surtout dans la première partie. Cet aspect se montre moins présent au fil de l’histoire, sans pour autant disparaître tout à fait, ce qui rend le texte plus agréable à lire.
Mais honnêtement, quand j’ai lu la première partie, entre ce style pompeux et la description d’une bonne demi-page du vomi d’Anna James, qui a bien failli me faire vomir moi-même, si ce livre ne m’avait pas été envoyé par un membre de Librinova, je pense que j’aurais tout bonnement abandonné ma lecture.
En conclusion, je dirais que ce roman a du potentiel mais qu’il nécessite, à mon avis, un gros travail de réécriture et surtout une simplification de l’écriture afin de se concentrer sur l’histoire plutôt que sur le nombre de synonymes que l’auteur est capable d’aligner dans une même phrase.

Un extrait : Stendriëk Börgen redoutait la foule. Ses applaudissements le galvanisaient, mais il ne pouvait éviter malgré tout de la craindre, de se méfier de ses pulsions, de prévoir anxieusement ses débordements. La confrontation avec cette assemblée si éminente mais surtout si impressionnante par son ampleur, dans ce lieu si gigantesque, spacieux mais étouffant, vaste et ouvert sur l'infini bleuté de l'océan mais, en définitive, claustrant, avait provoqué en lui toutes les angoisses, toutes les terreurs, des plus compréhensibles aux plus inattendues, des plus insensées aux plus démentes.

Après tant d'années d'isolement, dix années de non-apparition médiatique, dix années passées enfermé dans sa propriété, et pour tout dire quasiment uniquement dans son atelier de peinture, entre un lit, une table, une verrière et des toiles, autant dire dix années de création picturale intense, véritable retraite spirituelle, existence de moine, vie d'ermite, destinée de Saint dont Khalinek avait ébauché l'hagiographie, Saint-Stendriëk-Börgen fuyait le moment d'être canonisé, appréhendait ce moment de grâce, cette consécration, ce sacre dont il pressentait l'apothéose sacrificielle dans laquelle il ferait inévitablement figure de sacrifié, cette communion avec ses fidèles, qu'il s'était représenté à la fois sublime et insoutenable, communion dans laquelle le mécanisme mystérieux de l'eucharistie s'était obscurément déréglé et déglingué, brouillant et enchevêtrant transsubstantiation et consubstantiation, jusqu'à faire apparaître un peintre de génie tout de pain imprégné de vin, auquel ses adorateurs rendaient grâce en vidant des coupes de sang frais, après avoir savouré des petits fours fondants de chair, tantôt exsangue, tantôt sanguinolente.

Stendriëk Börgen avait régurgité le moindre de ses délires de persécution. Il avait fallu toute la bienveillance et l'adresse de Khalinek pour assurer au Peintre qu'on n'allait pas l'assassiner, au sens propre comme au figuré.

C'était toujours l'aspect physique que Börgen évoquait en premier. Il se voyait assassiné, le corps criblé de balles ou lardé de coups de couteau, enlevé par on ne sait quelle secte ou quel diable rouge, vert ou noir, pour être torturé, écorché, éventré, étripé avant d'être dévoré, ou par des monstres aux dents teintées par le sang tant de fois bu aux gorges de leurs victimes, ou par des flammes ardentes qui porteraient au paroxysme la brûlure de ses blessures.
Khalinek avait promis une armée de gardes du corps – sa propre escorte – des malabars taillés dans le roc, des brutes épaisses qui assommaient leur homme d'un coup d'index sur le haut du crâne, une douzaine d'anges gardiens aussi efficaces du poing que de la gâchette : ce n'était que la protection rapprochée.

Perchés à dix mètres du sol, sur une passerelle métallique, douze tireurs d'élite veillaient, fusils à lunette braqués sur tout ce qui approchait d'un peu trop près le Génie et son Maître.

Stendriëk Börgen appréciait la présence rassurante de ses douze apôtres qui l'entouraient et le protégeaient, mais ne pouvait s'empêcher malgré tout de craindre les douze esprits qui flottaient dans les airs tout autour de lui. Douze paires d'yeux dont les regards le pénétraient et le transperçaient. Douze lunettes dont il était quasiment le centre. Douze canons, braqués dans sa direction, dont il craignait de voir sortir le feu divin qui le clouerait au sol et le crucifierait pour les siècles des siècles. Amen.

 

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