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[Livre] Immaculée

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Résumé : Mina est la première de sa classe, la petite amie du garçon le plus ambitieux du lycée et elle est capable de se sortir de n'importe quelle situation. Mais quand elle tombe soudainement enceinte - alors qu'elle n'a jamais couché avec personne - son monde ordonné s'écroule. Pratiquement personne ne croit Mina lorsqu'elle revendique sa virginité. Son père présume que son petit ami est responsable et ce dernier pense qu'elle l'a trompé.

Tandis que l'histoire de Mina se répand, il y a ceux qui se mettent à la traiter de menteuse. Ceux qui la prennent pour une hérétique. Et ceux qui osent croire que les miracles sont possibles et que l'enfant de Mina pourrait être le plus grand d'entre tous.

 

Auteur : Katelyn Detweiler

 

Edition : Robert Laffont

 

Genre : Young Adult

 

Date de parution : 17 Mars 2016

 

Prix moyen : 18€

 

Mon avis : Pour moi ce livre nous démontre l’étendue de l’hypocrisie américaine. Quand on voit ces gens qui, dans leur grande majorité, sont fourrés à l’église en permanence, mette Dieu à toutes les sauces, le mêlant à tous les actes de la vie civile : écoles, tribunaux…, pour qui être athée est un véritable crime, peut-être plus important même que d’être un meurtrier, et que l’on constate leurs réactions à l’annonce de la situation particulière de Mina, on se demande combien d’entre eux ont réellement la foi ? Après tout, le fondement même de la foi n’est-il pas de croire sans avoir la preuve que l’objet de sa croyance existe ?
La foi en Amérique n’est-elle que se donner bonne conscience en allant à l’église ou en faisant des cérémonies pour que des jeunes filles jurent de rester vierges jusqu’au mariage ?
Car s’ils croient, jusqu’à l’extrême, sans supporter quiconque dirait le contraire, tout ce qu’il y a dans la bible, ils refusent en bloc de croire que quoi que ce soit de divin puisse se produire sur quelqu’un d’autre qu’un homme d’église ou qu’eux même.
Mais après tout la foi, la croyance, c’est quelque chose de très personnel et je ne blâmerais certainement quiconque serait sceptique devant une adolescente enceinte qui jure qu’elle est toujours vierge.
A la lecture du livre, ma première réaction a été de me dire que Mina était sincère, mais qu’elle avait peut-être été victime d’un viol sous GHB, puisque cette drogue ne laisse aucun souvenir à sa victime.
J’ai pu comprendre aussi la première réaction de son père ou de son petit ami. Le premier pense qu’elle lui ment, le second qu’elle l’a trompé. Mais j’ai trouvé l’attitude du père lamentable. Sa réaction n’est pas celle d’un parent. Il ne supporte pas que ses croyances soient bousculées et ne cherche absolument pas à comprendre.

En revanche l’attitude d’Izzy, une de ses deux meilleures amies est au mieux puérile, au pire pathétique et incroyablement égoïste : peu importe pour elle ce qui peut arriver à son amie, tout ce qui compte, c’est qu’elle est outrée que Mina ne lui ait pas tout confié de sa vie à la seconde où les évènements se sont produit.
La plupart des élèves sont dans une spirale de harcèlement scolaire mais ce qui est le plus choquant, c’est que personne ne dit rien. Ne fait rien. L’administration du lycée ne cherche pas à savoir qui a créé le site qui attaque Mina ni à sanctionner les coupables (alors que les administrations scolaires aux USA sont des plus intrusives dans la vie personnelle de leurs élèves).
Mais le pire dans cette histoire, c’est les gens. Pas les petits cons du lycée, pas les fausses amies, pas les vieilles cancanières de la petite ville où habite Mina, mais les inconnus, ceux qui habitent à des centaines de kilomètres, ceux qui ne peuvent pas s’empêcher de s’immiscer dans la vie de l’adolescente. Ceux qui ne se contente pas de mettre des commentaires sur le site pour dire qu’ils ne la croient pas, mais qui l’insultent, la menacent, l’appellent chez elle.
Tout le monde a le droit de ne pas croire, mais de quel droit est ce qu’ils essaient d’imposer leurs visions des choses à cette jeune fille qu’ils ne connaissent pas.
J’ai été horrifiée de voir jusqu’où les choses pouvaient aller.
J’ai beaucoup apprécié la mère de Mina, sa petite sœur, son amie Hannah, Jesse et la gynécologue qui, quel que soit leurs convictions, épaulent Mina sans la moindre réserve.
A la fin du roman, nous n’avons pas de réponses claires, rien d’écrit noir sur blanc, rien de clair.
Mais faut-il vraiment une explication ?

Un extrait : Le lendemain matin, je suis réveillée par une odeur de bacon et d’œufs en provenance de la cuisine d’Hannah – et l’envie pressante de répandre mes entrailles sur son lit. Je suis, malheureusement pour nous toutes, comprimée entre Hannah et Izzy. L’accès au sol m’est donc coupé : impossible d’atteindre une poubelle ou les toilettes. Il ne me reste qu’une option – me vomir dessus. Sur le vieux tee-shirt qu’Hannah m’a prêté la veille au soir et sur sa couette à imprimé cachemire pétant.

— Putain, tu fais quoi, Meen ? hurle Izzy en repoussant les couvertures et en se précipitant hors du lit, ses grands yeux marron écarquillés par l’horreur. C’est dégueulasse. Pourquoi t’es pas allée aux toilettes ?

— Tu vois bien qu’elle est malade et qu’elle n’y peut rien, Iz. Ne lui crie pas dessus comme ça, tempère Hannah.

Les ignorant toutes deux, je vomis de nouveau.

— Izzy ! Attrape la poubelle ! Ne reste pas là à la regarder sans rien faire, ordonne Hannah, dont la capacité à prendre soin des autres n’est jamais en reste.

Elle s’empare d’un paquet de mouchoirs sur la table de nuit et entreprend de m’essuyer la bouche et le menton.

Izzy pousse un soupir théâtral, repousse la capuche de son sweat-shirt aux couleurs du lycée et attache ses cheveux raides et bruns en queue-de-cheval. Une fois la poubelle en main, elle me la tend à bout de bras, refusant de s’approcher davantage.

Hannah se penche pour l’attraper d’une main tout en me massant doucement les épaules de l’autre.

— Qu’est-ce qui ne va pas, ma puce ? demande Hannah. Tu t’es sentie mal en te réveillant ?

Je compte mentir. J’ai prévu de le faire, et planifié ce que je vais dire, mais je me mets à pleurer sans le vouloir, ce qui modifie ma décision. Ce ne sont pas des larmes, mais de gros sanglots bruyants qui m’empêchent de parler.

— Mina ? Qu’est-ce qui se passe ? demande Izzy d’une voix radoucie.

La fille agacée a laissé place à ma meilleure amie depuis le CE1. Elle roule la couette en boule au bout du lit et s’assied à côté de moi.

Il me faut plusieurs minutes pour me calmer, inspirer longuement et me ressaisir. Pendant tout ce temps, Hannah et Izzy me tapotent le dos, repoussent mes cheveux et m’enveloppent dans une couverture propre.

— Qu’est-ce qui t’arrive, Meen ? Dis-le-nous, insiste Izzy en me regardant droit dans les yeux, à la fois inquiète et impatiente.

— J’en sais rien, dis-je en soupirant et en baissant les yeux sur mes mains pâles, qui tremblent toujours, cramponnées sur mes genoux.

Je me concentre sur le rythme monotone et assourdi de l’air conditionné qui bourdonne sous la fenêtre d’Hannah et répand des bouffées d’air glacé dans la chambre. Je m’enveloppe plus étroitement dans la couverture, même si le froid n’est pas le seul responsable de mes tremblements.

— Si tu pleures comme ça, c’est que tu sais quelque chose, non ?

— Isabelle, arrête d’insister comme ça, intervient Hannah sur un ton ferme qui ne lui ressemble pas et me surprend. Elle nous parlera quand elle en aura envie.

Je lève les yeux vers Hannah : dans son doux regard bleu, je lis de l’amour et de l’inquiétude. Elle mâchonne une mèche de cheveux blonds, une vieille habitude que je lui connais depuis la maternelle.

Ces filles sont tes meilleures amies, me serine une petite voix. Je les connais aussi bien que moi-même. Peut-être mieux que moi-même, du moins ces derniers temps. Tout d’un coup, l’idée de garder le secret me paraît ridicule. Inutile. Une perte de temps. Mon angoisse aurait été plus facile à gérer si je l’avais divisée en trois. Nous avons tout affronté ensemble. Depuis toujours.

 

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