Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

[Livre] Tornade

tornade.jpg

Résumé : Dans le Midwest, où Jersey vit avec sa mère, son beau-père et sa petite sœur Marine, on ne sait jamais ce que la météo réserve. Le jour où sa mère et Marine disparaissent, emportées par une tornade, Jersey se retrouve seule et sans maison. Son beau-père n’a pas la force de s’occuper d’elle et son père biologique la rejette. La jeune fille échoue chez ses grands-parents maternels, qu’elle n’a jamais connus. Ballottée d endroit en endroit, Jersey doit tenir bon, tout en apprenant des choses qu’elle ignorait sur sa mère...

 

Auteur : Jennifer Brown

 

Edition : Albin Michel

 

Genre : Young Adult

 

Date de parution : 01 Avril 2015

 

Prix moyen : 15€

 

Mon avis : Jersey vit avec sa mère, son beau-père Ronnie et sa petite sœur de 5 ans. C’est là sa seule famille. Son père biologique a disparu dans la nature quand elle n’avait qu’un an et elle ne l’a jamais connu, pas plus que sa famille. Quant à sa famille maternelle, sa mère, reniée par ses parents, a coupé tous les ponts.
A Elizabeth, Missouri, il est fréquent d’avoir des exercices pour savoir comment réagir en cas de tornades. Mais, bien que le temps soit capricieux et les orages violents, aucune tornade ne s’est jamais réellement abattue sur la petite ville.
C’est pourquoi quand la sirène retentit, Jersey, qui est seule chez elle, son beau-père est au travail et sa mère a accompagné sa petite sœur à son cours de danse, ne s’inquiète pas vraiment.
Elle a tort. Quand la tornade s’éloigne, Jersey prend la mesure de la phrase « avoir tout perdu ».
J’ai passé un quart du livre folle de rage et une moitié en larmes…
L’auteur écrit son livre à la première personne, nous faisant découvrir les évènements à travers les yeux de Jersey.
L’écriture est simple, on a vraiment l’impression d’entendre s’exprimer une adolescente de 16 ans.
Kolby est un jeune garçon attentionné qui cache ses sentiments sous l’humour. J’ai beaucoup apprécié ce personnage qui est un des seuls à sembler réellement concerné par Jersey, malgré le fait qu’il a souffert lui aussi.
Dani, elle, m’a semblé simplement ne pas savoir comment réagir devant le drame qui touche Jersey. Tout comme sa mère, et, si je comprends la colère de Jersey devant ce qui lui semble être de l’indifférence, je ne peux que comprendre également celle-ci qui fait face à des attentes irréalisables de la part des adolescentes.
Mais ma colère, elle, la grosse colère qui m’a tenue pendant un bon quart du roman, a été provoquée par l’attitude de Ronnie, le beau-père et de la famille paternelle de Jersey. Le premier est un lâche, il est immonde. Je comprends qu’il se sente dépassé, qu’il soit désespéré. Mais abandonner Jersey au milieu d’inconnus sans même se préoccuper qu’elle soit en sécurité, ça j’ai trouvé que c’était criminel. Et il a perdu toute excuse à mes yeux, pour ce qu’il fait à propos de l’enterrement.
Quant à la famille paternelle, à part Terry, je n’ai pas de mots pour décrire l’horreur et la colère qu’ils m’ont inspirés.
Jersey étant volontaire, malgré son désespoir, elle se rebelle et échoue chez ses grands-parents maternels, qu’elle n’a jamais rencontrés eux non plus. Et là, elle commence à apprendre des choses sur sa mère, des choses qu’on ne raconte pas forcément à sa fille, des anecdotes que seuls des grands-parents peuvent dévoiler. C’est une lueur d’espoir pour Jersey mais le plus important, plus important peut être que l’attitude que les autres peuvent avoir avec elle, c’est son combat intérieur : entre remords, culpabilité, désespoir, il faut que Jersey trouve le moyen d’avancer avec la perte qui l’a frappée. Et c’est que j’ai trouvé le plus impressionnant dans ce livre : ce cheminement intérieur de l’adolescente.
Un vrai coup de cœur. Je ne tarderais pas à lire « hate list » l’autre titre de l’auteur. S’il est moitié aussi bon que celui-ci, il ne peut que me plaire.

Un extrait : Ce soir-là, j’en avais assez, c’était toujours moi qui prenais le relais de maman, surtout depuis qu’elle avait épousé Ronnie, le père de Marine, quand j’avais dix ans. Jusque-là j’avais toujours vécu seule avec elle. Mon père était alcoolique et nous avait quittées quand j’avais à peine un an. À en croire maman, il passait son temps à entrer et sortir de prison pour des délits liés à l’alcool et il n’avait aucun sens des responsabilités. Elle avait l’impression d’élever deux enfants, mais elle le supportait parce qu’elle l’aimait. Jusqu’au jour où il était parti, pour ne jamais revenir. Elle avait essayé de le retrouver, disait-elle, mais il avait complètement disparu. Chaque fois que je lui demandais des nouvelles de mon père, elle me répondait que même s’il était vivant, il refuserait de nous voir.

Je ne me souvenais même plus de son visage.

Du côté maternel, je n’avais pas non plus de famille. Les parents de maman étaient des gens très rigides, et ils l’avaient mise à la porte quand elle était tombée enceinte, si bien que je ne les connaissais pas. Je n’avais aucune idée de l’endroit où ils vivaient. En tout cas ce n’était pas à Elizabeth.

Ces dix ans de vie seule avec maman m’avaient rendue débrouillarde, et je prenais en charge une bonne part des corvées ménagères. Maman avait besoin d’aide parce qu’elle travaillait beaucoup et je lui rendais volontiers service. C’est vrai, je n’étais pas très gâtée, je n’avais jamais d’affaires de bonne qualité, je ne partais jamais très loin en vacances, mais je ne manquais de rien. Et j’adorais maman.

Après son mariage avec Ronnie et la naissance de Marine, le nombre de corvées avait doublé et la vie quotidienne était devenue pénible. Parfois j’avais l’impression que maman n’était là que pour me rappeler ce que j’avais à faire…

Maman et Marine continuaient à s’agiter. Marine entrait et sortait du salon en sautant, tournoyant, chantonnant, et j’avais la tête enfouie dans un coussin en attendant qu’elles partent. Jusqu’au moment où maman a demandé à Marine de passer aux toilettes avant d’enfiler les ballerines noires qu’elle avait laissées près de l’entrée. Elle-même s’était changée pour mettre un jeans et un T-shirt.

– Allez, en route pour le cours de danse. On rentre dans une petite heure.

– OK, ai-je répondu d’un ton las.

Marine a suivi maman, tel son clone miniature, avec son sac à la main, une vieillerie noirâtre que maman lui avait donnée quand elle en avait eu marre. Marine en était folle et l’emportait partout où elle pouvait car elle y avait rangé tous ses petits trésors.

– Non, laisse-le ici, a dit maman en ouvrant la porte-moustiquaire.

– Si, je veux le prendre.

– Non, tu vas l’oublier, comme la dernière fois, et je n’ai aucune envie de faire un nouvel aller-retour chez Miss Janice.

– Nooooon ! a hurlé Marine avec sa voix-Débâcle.

Maman lui a jeté son regard comminatoire que je connaissais par cœur.

– Vite, tu vas être en retard et tu vas rater la danse d’entrée.

Elle a déposé son sac au pied de la porte et suivi maman dans ses petites ballerines brillantes soudain tristounettes sous le ciel nuageux.

– N’oublie pas le linge !

– Oui, oui, ai-je chantonné en roulant des yeux.

J’étais tellement sûre de moi, sûre de ce que j’avais à faire – le linge –, sûre du moment où maman et Marine rentreraient, de la soirée qui m’attendait.

Je ne me doutais de rien.

Rien du tout.

 

Commentaires

Écrire un commentaire

Optionnel