Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

[Livre] Ma vie d'esclave chez les mormons

 

Je remercie la masse critique de Babelio et les éditions Jourdan pour cette lecture.

 

ma vie d'esclave chez les mormons.jpg

Résumé : Dix ans après son mariage, dans un cas historique qui a secoué la nation américaine et mené à la réécriture des lois, Ann a divorcé de son puissant mari mormon, prétextant la négligence et les traitements cruels.

En 1876, Ann Eliza a publié une autobiographie intitulée « Wife n° 19 ».

Elle explique la raison de son écriture : « Si j’entreprends la rédaction de cet ouvrage, c’est pour montrer au monde le véritable visage du mormonisme et dénoncer les pitoyables conditions de vie de ses femmes, réduites au pire esclavage qui soit. Ce n’est pas seulement leur corps qui leur est ravi, mais également leur âme. »

Son autobiographie est un document poignant révélant comment Brigham Young, président de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, et d’autres hommes mormons vivaient à la tête de nombreux ménages, visitant leurs femmes tour à tour, devenues de véritables servantes.

Ann Eliza Young a parcouru les États-Unis pour expliquer la dégradation de la polygamie et du mormonisme, mais aussi pour révéler la véritable personnalité de Brigham Young lui-même. Elle a témoigné devant le Congrès américain en 1875. Ses remarques ont contribué à un passage de la loi qui a réorganisé le système judiciaire du territoire de l’Utah, aidant le gouvernement fédéral à poursuivre les polygames.

 

Auteur : Ann Eliza Young

 

Edition : Jourdan

 

Genre : Témoignage

 

Date de parution : 13 juillet 2016

 

Prix moyen : 19€

 

Mon avis : Avant de commencer mon avis, il convient de préciser que l’église de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours n’est pas considéré comme une secte et rassemble près de 15 millions de membres dont un peu plus de 6 millions aux USA ce qui en fait la quatrième confession chrétienne la plus importante des Etats-Unis.
Il faut aussi noter que la polygamie a été interdite par l’Eglise en 1889 et qu’aujourd’hui celle-ci prône, comme la plupart des religions chrétienne l’abstinence en dehors du mariage et la fidélité absolue à un seul et unique époux.
Le mariage plural ou polygamie est toujours pratiqué par une minorité dissidente qui a refusé l’évolution de l’Eglise et se qui se fait appeler l’église fondamentaliste de Jesus-Christ des Saints des derniers jours. L’Eglise officielle ne les reconnaît pas comme des mormons.
A l’époque où Ann Eliza a écrit son témoignage, du vivant de Brigham Young, la pratique de la polygamie battait son plein.

Ann Eliza est fortement opposée au mormonisme et à la polygamie et on ne peut pas ne pas le savoir tant elle est virulente sur le sujet.
Elle veut tellement convaincre du bien fondé de son point de vue, qu’elle en perd toute objectivité et se contredit régulièrement. Elle dit à plusieurs reprises que les mormons sont manipulés par leur leader, Brigham Young, qui n’est ni plus ni moins qu’un malfrat entouré d’hommes de main faisant régner la terreur, puis quelques pages plus loin fait des généralités en disant que tous les mormons sont des êtres vils et violents.
Concernant la polygamie, elle refuse de concevoir ou d’accepter que d’autres femmes puissent trouver un équilibre dans cette pratique. D’ailleurs elle dénigre non seulement celles qui lui disent y trouver leur compte, mais aussi celles qui déclarent que la polygamie en elle-même n’est pas en cause, mais que c’est la manière de la mettre en œuvre qui est lamentable (mariages forcés, mariages d’adolescentes avec des hommes plus âgés, abandon des épouses plurales par leurs époux qui ne subviennent pas à leurs besoins…). J’ai effectivement eu l’impression qu’au lieu de se serrer les coudes entre elles, les femmes passaient leur temps à s’opposer les unes aux autres sans se préoccuper que certaines d’entre elles avaient été contraintes au mariage.
Ce trait de caractère entier et manquant d’objectivité apparaît également quand elle parle des indiens. Pour elle les indiens sont des monstres qui ne sont là que pour s’approprier les biens d’autrui par ruse voire violence pouvant aller jusqu’au meurtre. Quand on la voit parler des indiens de la manière dont elle reproche à Brigham Young de parler des non-mormons, on a du mal à lui accorder du crédit sur le reste de son histoire.
Ann Eliza reproche à l’Eglise mormone beaucoup de chose, certes réelles, mais qu’elle semble croire réservées aux membres de cette religion. Je pense qu’elle a du finir par se rendre compte que quelque soit la religion, il y a des hommes qui abandonnent leurs femmes (la différence est qu’ils divorcent, les laissant sans ressources, pour en épouser une autre), d’autres qui les maltraitent, il y a des pères qui ne s’occupent pas de leurs enfants et des escrocs… je ne crois pas qu’elle réalise que le problème ne vient pas de la religion, mais des hommes en eux même. Quand au fait que les femmes sont considérées comme inférieures… c’est le cas dans la majorité des religions et si aujourd’hui la plupart d’entre elles ont évoluées, à l’époque ou Ann Eliza a écrit son livre, les femmes étaient loin d’être les égales des hommes, quelque soit leur religion.

Ann Eliza est si pressée de faire valoir son point de vue que son texte, au fil des chapitre, perd en clarté et en cohérence : mots manquants ou au contraire deux mots côte à côte (de toute évidence, elle a voulu mettre un autre mot en oubliant de rayer le premier qu’elle avait choisi), répétition de phrases presque identiques à la suite l’une de l’autre, inversion de termes (ses compagnons et lui de voyage)…
De toute évidence le traducteur et l’éditeur ont souhaité laisser le texte en l’état, mais je doute du bien fondé de ce choix car le texte est plus difficile à suivre et toutes ces erreurs rendent la lecture fastidieuse. Ca n’aurait pas été dénaturer le texte d’en corriger les coquilles. N’est ce pas là le travail de l’éditeur, même si l’auteur est décédé ?

Le titre du livre est peut être mal choisi parce que je l’ai terminé et j’attends toujours de voir « la vie d’esclave » qu’elle a mené. De tout le livre, l’auteur ne nous livre que quelques anecdotes de sa vie personnelle au milieu d’un procès général de la religion mormone qui va de sa création par Joseph Smith à son apostasie.

Puisqu’elle nous livre là un témoignage, j’aurais préféré en savoir plus sur son mariage et sur le traitement cruel qu’elle reproche à Brigham Young (et que vu le personnage je ne remets pas en doute) plutôt que de nous présenter les cas des dizaines de personnes dont elle nous parle.
Je ne vois pas en quoi les massacres des Gentils (les non mormons) ou des apostats alors qu’elle n’était qu’une enfant, les missions à l’étranger, l’organisation interne de l’Eglise ont à voir avec sa prétendue vie d’esclave.
Ici j’ai l’impression qu’on nous a promis un documentaire sur la révolution française et que après avoir retracé toute l’histoire de la royauté en France, le documentaire se termine par : « Et puis un jour le peuple a craqué et la révolution française a eu lieu et a mis fin à la monarchie ».
En gros on reste un peu sur notre faim.

Un extrait : Les mormons se retrouvèrent dans un pétrin sans nom lorsqu’ils intégrèrent la polygamie à leur mode de vie.
Si notre famille, qui ne comptait alors que deux épouses, s’en sortait relativement bien, ce n’était malheureusement pas le cas de toutes les familles. Dans celles de mon oncle, par exemple, la transition ne se fit pas si facilement.
En Illinois, Milo Webb, un des frères de mon père, avait épousé une femme charmante à bien des égards. Elle vouait à son mari un amour absolu et ce dernier le lui rendait au centuple. Tous deux membres de l’Eglise mormone, ils vécurent en parfaite harmonie jusqu’en 1846, date de la construction du Temple de Nauvoo.
Les hommes que les autorités jugeaient dignes de pénétrer dans l’édifice pour y recevoir les dotations sacrées se virent confier que la polygamie faisait à présent partie intégrante de leur religion. Ils ne devaient pas se déshonorer en se présentant pour la cérémonie de Dotation avec une seule épouse à leur bras. Cette première femme, l’élue de leur cœur, la mère de leurs enfants, leur partenaire et âme sœur, qui ne reculait devant aucun sacrifice, qui s’était liée à eux pour le meilleur et surtout pour le pire, qui croyait que seule la mort pouvait les séparer et qui avait fait sien le Dieu et les proches de son mari, ne suffisait plus désormais. Si un homme avait l’audace de s’en tenir aux dictats de sa conscience et se présentait à la cérémonie accompagné de sa seule épouse, les autorités s’empressaient de le couvrir de ridicule. Brigham et Kimball ne manquaient d’ailleurs jamais une occasion, ni de se moquer, ni de mettre en garde les fidèles qui s’y risquaient : seuls les hommes polygames pourraient entrer dans le royaume de Dieu.
A l’instar de mon père, mon oncle était un homme consciencieux et fidèle à sa religion. Si c’était là la volonté du Seigneur, il lui fallait obéir sans plus attendre. Il demanda donc en mariage une jeune fille du nom de Jane Matthews. La jeune fille demanda conseil aux autorités de l’Eglise et, comme celles-ci lui confièrent que le salut de son âme en dépendait, elle accepta. Sous le regard de sa première femme, mon oncle et Jane Matthews reçurent donc leurs dotations et furent scellés l’un à l’autre.
Sa première femme lui avait donné son consentement à contrecœur. Elle ne toléra l’idée de se retrouver dans une relation polygame que par devoir religieux. Ni elle, ni son mari n’avaient mesuré toute l’ampleur du malheur qui allait s’abattre sur leur famille. S’ils avaient su dans quelle impasse ils s’apprêtaient à s’engouffrer, je pense qu’ils y auraient songé à deux fois.
La nouvelle Mme Webb s’installa dans son nouveau foyer et y demeura jusqu’au départ de Nauvoo. Pendant ce court laps de temps, cette famille jadis heureuse, était devenue méconnaissable ! L’amour et la félicité n’étaient plus ; la discorde et la haine régnaient à présent en maîtres.
La première épouse se rendit compte très vite que la polygamie n’était pas une mince affaire. Contrairement à ce qu’on lui avait pourtant affirmé, le temps n’arrangeait rien. Elle en vint à détester cordialement la nouvelle venue : elles avaient beau partager le même toit, elle refusait obstinément d’adresser la parole à sa rivale. La jalousie eut presque raison de sa santé mentale ; elle était devenue d’une violence sans nom.

 

Commentaires

Écrire un commentaire

Optionnel