Résumé : C’est l’année du baccalauréat pour Magyd, petit Beur de la rue Raphaël, quartiers nord de Toulouse. Une formalité pour les Français, un événement sismique pour l’“indigène”. Pensez donc, le premier bac arabe de la cité. Le bout d’un tunnel, l’apogée d’un long bras de fer avec la fatalité, sous l’incessante pression énamourée de la toute-puissante mère et les quolibets goguenards de la bande. Parce qu’il ne fait pas bon passer pour un “intello” après l’école, dans la périphérie du “vivre ensemble” – Magyd et ses inséparables, Samir le militant et Momo l’artiste de la tchatche, en font l’expérience au quotidien.
Entre soutien scolaire aux plus jeunes et soutien moral aux filles cadenassées, une génération joue les grands frères et les ambassadeurs entre familles et société, tout en se cherchant des perspectives d’avenir exaltantes. Avec en fond sonore les rumeurs accompagnant l’arrivée au pouvoir de Mitterrand, cette chronique pas dupe d’un triomphe annoncé à l’arrière-goût doux-amer capture un rendez-vous manqué, celui de la France et de ses banlieues.
Avec gravité et autodérision, Ma part de Gaulois raconte les chantiers permanents de l’identité et les impasses de la république. Souvenir vif et brûlant d’une réalité qui persiste, boite, bégaie, incarné par une voix unique, énergie et lucidité intactes. Mix solaire de rage et de jubilation, Magyd Cherfi est ce produit made in France authentique et hors normes : nos quatre vérités à lui tout seul !
Auteur : Magyd Cherfi
Edition : Actes Sud
Genre : Témoignage
Date de parution : 17 août 2016
Prix moyen : 20€
Mon avis : Quand j’ai reçu ce livre et que je me suis renseignée sur l’auteur, la seule chose que l’on m’a dite sur lui est qu’il était le parolier de Zebda. On ne peut pas dire que cette information, donnée avec presque des étoiles dans les yeux, m’ait donné envie de le lire dans la mesure où je trouve les chansons de ce groupe très médiocres.
Concernant « Ma part de Gaulois », l’écriture en soi n’est pas mauvaise, même si, à plusieurs reprises j’ai eu l’impression qu’il manquait des mots pour que la phrase soit correcte et que j’ai regretté qu’il délaisse souvent une écriture simple comme pour montrer que Lui, il sait écrire.
Au final l’ensemble est brouillon, le récit a beau être chronologique on a une impression de décousue qui n’est pas agréable et qui rend la lecture pénible.
Du coté des personnages, il n’y en a pas uns pour rattraper l’autre et on se demande si Magyd Cherfi ne grossi pas le trait et ne caricature pas un peu ses anciens camarades tant il y a de hargne, de mépris dans chaque paroles, dans chaque actes. Beaucoup d’insultes aussi, ça, ça m’a gênée. Parce que je veux bien croire qu’il ait été insulté plus souvent qu’à son tour, mais était-il obligé de les écrire noir sur blanc à chaque page ?
Si on l’en croit, la cité cultive la haine du blanc, du français. La France ils la veulent bien, avec les allocs, le salaire minimum, les soins gratuits, mais surtout sans les français.
Alors je crois volontiers qu’il y ait des personnes qui agissent et réagissent comme ça, aujourd’hui encore on voit ce genre de comportement et de pensées chez certaines personnes, mais je ne peux pas croire qu’à l’intérieur d’une cité, les habitants soient TOUS dans cet état d’esprit.
J’ai lu une réaction d’une personne qui vit dans cette cité et qui a très mal pris non seulement le bouquin mais aussi les choses que Magyd Cherfi aurait dites pour en faire la promo. Cela ne m’étonne pas car il fait un amalgame. Après tout, il cite quelques personnes nominativement, puis déclare que tous sont comme ça dans la cité. J’ai eu le sentiment que ce livre relevait plus de la vengeance que du témoignage.
Pas convaincue du tout !
Un extrait : Voilà donc qu’un jour je suis sorti sans cacher l’objet de tous les délits. Je me suis assis, sûr de mon fait. Pour une fois sans trembler j’ai ouvert mon livre et tranquillement j’ai basculé dans les jabots, les hauts-de-forme, les gilets de soie, les robes à taille haute remontées sous les seins et largement décolletées du roman « Une vie » de Maupassant. C’est là qu’étaient les miens, ces héros du XIXème, fardés romantiques et sans muscles.
Je lisais depuis quelques minutes quand trois lascars, Mounir, Saïd et Fred le Gitan se sont approchés de moi…
- Qu’est ce que tu fais ?
- Heu…je lis.
- T’es un pédé ou quoi ? Pourquoi tu fais ça ?
- Non mais c’est pour l’école.
- Qu’est ce qu’on s’en fout de l’école, tu veux des bonnes notes, c’est ça ?
- Non, non…
- T’as qu’à lui dire à ton prof qu’on est pas des pédés !
- D’accord
- D’accord… !? T’es français, c’est ça, tu veux sucer les Français ?
- Non.
- Et ça c’est quoi ? Montre !
- Il m’a arraché le livre des mains, a lu :
- Une vie…de Mau…passant, c’est un pédé lui aussi !
- Mais non c’est pas un pédé.
- C’est quoi alors ?
- Un écrivain.
- C’est ça, c’est un pédé.
Saïd a jeté le livre non sans l’avoir éclaté de la pointe de sa chaussure, j’ai pas bougé et une deuxième coup de pied circulaire me coucha dessus. Le temps de quelques étoiles tournoyantes, je ne savais plus s’il s’agissait de mes rêves récurrents ou d’une banale réalité orchestrée par mes soins. Enfin il était là, le coup de pompe tant attendu. Enfin je le tenais, le prétexte de la rupture.