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Livres - Page 26

  • [Livre] Mary Barton

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    Résumé : Beauté émouvante et ambition débordante sont une dangereuse association pour une jeune fille. En 1839, à Manchester, Mary Barton rêve d'échapper à sa dure condition d'apprentie couturière en épousant Henry, fils du patron d'une filature. Elle dédaigne ainsi Jem Wilson, ouvrier émérite, qui l'aime depuis l'enfance. Mary risque-t-elle de tout perdre avec ses rêves de grandeur ?


    Auteur : Elizabeth Gaskell

     

    Edition : Points

     

    Genre : Classique

     

    Date de parution : 1848 ; Dans cette édition : 10 Mars 2016

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : J’avais beaucoup aimé Nord et Sud que j’ai découvert en film (avec Richard Armitage) avant de le découvrir en livre. Du coup, puisque les livres étaient vendus par deux, j’ai ensuite lu Mary Barton et j’ai de nouveau beaucoup aimé.

    J’ai une petite réserve, toutefois. Je trouve que, à chaque fois que l’auteur parle « en faveur » des ouvriers, elle emploie un petit ton paternaliste tout à fait insupportable, comme si elle parlait d’enfants qui ne savent pas ce qu’ils font, sont incapable de discernement, et ne peuvent pas comprendre les problèmes des adultes (ici, les patrons).

    Ça m’a agacée, mais je lui retourne le compliment : n’ayant jamais eu à lutter pour survivre, elle ne pouvait certainement pas comprendre la vie et les souffrances de cette catégorie de la population.

    En dehors de ce petit ton condescendant et moralisateur, l’histoire en elle-même était vraiment prenante.

    Les personnages sont tous fort et indépendant (à part peut-être Jane Wilson, mais vu les pertes qu’elle a subi, on peut la comprendre).

    Comme souvent, quand les personnages sont tous intense, j’ai eu une préférence pour des personnages secondaires.
    Certes, j’ai beaucoup aimé Mary qui agit toujours dans l’intérêt de son père plutôt que du sien, mais j’ai ressenti une affection particulière pour Margaret, son grand-père, Alice et Will Wilson.

    Il y a quelques longueurs, surtout lors des passages les plus descriptifs. Ça a parfois été difficile de passer outre ces lenteurs mais ça valait vraiment le coup.

    J’ai beaucoup aimé la description du procès qui montre combien la justice est expéditive quand l’accusé est pauvre et la victime riche et puissante.

    Il y a un petit côté romance qui s’inscrit parfaitement dans l’histoire, même si les réactions de Jem Wilson m’ont assez souvent exaspérée. Il est amoureux de Mary et ils sont de la même classe sociale et cela semble justifier, à ses yeux, qu’elle doive lui retourner ses sentiments. D’ailleurs Mary est décrite comme frivole et écervelée par l’auteur parce qu’elle n’accepte pas avec reconnaissance la vie de femme d’ouvrier qu’on lui propose et elle lui reproche d’avoir envie d’une vie meilleure.

    Or Mary n’est pas fille à se laisser dicter sa conduite sans broncher.

    Dans ce roman, l’auteur n’idéalise ni les patrons (encore qu’elle leur trouve beaucoup d’excuses), ni les syndicats (qui n’ont pas grand-chose à voir avec les syndicats d’aujourd’hui).
    Elizabeth Gaskell avance que tous les problèmes découlent d’une incompréhension mutuelle entre patrons et ouvriers. Pour ma part, je pense que ce n’est pas complètement faux, mais pas tant dans le sens où ils ne se comprennent pas. Le vrai problème est que les patrons pensent qu’ils n’ont pas à expliquer leurs décisions, les problèmes qu’ils rencontrent et qui les « obligent » à baisser les salaires.

    De leur côté, les ouvriers ne peuvent pas comprendre que les patrons soient eux aussi victimes de la crise quand ils les voient ne rien changer à leur train de vie dispendieux tandis qu’eux même et leurs familles meurent de faim.
    Pour moi, c’est au déjà d’un simple problème de communication.
    C’est un problème de classe dirigeante qui écrase la classe ouvrière pour ne perdre aucun de leurs privilèges (comme quoi, rien ne change !)

     

    Un extrait : Mary devait travailler. Les usines étant, comme je l’ai dit, exclues, restaient deux voies : celle de domestique ou celle de couturière. La jeune fille tendait toute la force de sa volonté affirmée contre la première. Quel effet cette volonté aurait-elle pu avoir si son père s’y était opposé, je ne saurais le dire ; mais John Barton n’avait aucune envie de se séparer d’elle, qui était la lumière de son foyer par ailleurs silencieux. De plus, compte tenu de ses idées et de ses sentiments vis-à-vis des classes nanties, il considérait la servitude domestique comme une forme d’esclavage : elle revenait d’un côté à satisfaire des besoins artificiels, et de l’autre à abandonner tout droit au loisir dans la journée et au repos la nuit. Ces sentiments extrêmes avaient-ils un fond de vérité ? A vous d’en juger.
    A mon sens, le refus de Mary de choisir une vie de domestique se fondait sur des réflexions beaucoup moins sensées que celles de son père sur le sujet. Trois années d’indépendance (car il s’était maintenant écoulé tout ce temps depuis la mort de sa mère) ne la poussaient guère à accepter des contraintes concernant ses horaires et ses fréquentations, à choisir sa tenue en fonction des idées d’une maîtresse en matière de convenances, à renoncer au privilège féminin précieux de bavarder avec une aimable voisine, ou de travailler nuit et jour pour aider quelqu’un qui se trouvait dans la détresse. Tout cela mis à part, les paroles de sa tante absente, la mystérieuse Esther, continuaient à avoir sur Mary une influence insoupçonnée.

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  • [Livre] Fandom

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    Résumé
     : Aucune histoire ne mérite qu'on meure pour elle...
    Imaginez que vous puissiez vous glisser dans la peau de votre héroïne préférée... Katniss, par exemple ! Le rêve, non ? Du moins, jusqu'à ce que vous vous rendiez compte que vous êtes incapable de tirer à l'arc ou de grimper aux arbres, et que vous n'avez pas le moindre instinct de survie. Mais pas de panique, vous pouvez toujours choisir de retourner à votre petite vie tranquille de fan, dans le monde réel. Ce qui n'est malheureusement pas le cas de Violet, coincée dans son roman favori...


    Auteur : Anna Day

     

    Edition : PKJ

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 18 octobre 2018

     

    Prix moyen : 19€

     

    Mon avis : Après un incident pendant une convention de fans, Violet, son petit frère Nate et ses amies Alice et Katie se retrouvent piégés dans l’univers du livre préféré de trois d’entre eux : La danse des pendus.
    Le moins que l’on puisse dire, c’est que lire un livre n’a rien à voir avec le vivre. Les personnages sont beaucoup plus complexes que dans l’univers limité du roman et les 4 amis se retrouvent incapables de prédire leurs réactions.

    Violet se retrouve à devoir prendre la place de Rose, l’héroïne du roman.

    Le problème est que Violet a beau admirer Rose et toutes les héroïnes du genre (Triss, Katniss…), le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle n’a pas les mêmes capacités que ses idoles.

    En plus, su d’un côté il apparait primordial, pour que Violet et les siens puissent sortir de cet univers, que l’histoire se déroule telle qu’elle a été écrite, d’un autre, il est très dur de suivre cette ligne directrice dans la mesure où les personnages se révèlent bien plus complexes que prévu.

    Violet, Nate et Alice sont des fans inconditionnel de la Danse des pendus, que ce soit le livre ou l’adaptation ciné. Ils connaissent l’histoire, au point d’en connaitre les dialogues au mot près.

    Mais du coup, quand l’histoire dévie un peu, ils sont complétement perdus, surtout Violet, mal à l’aise en société.

    Alice, la meilleure amie de Violet, est une fille jolie et populaire, auteur de fanfictions reconnue, et j’ai trouvé qu’elle était souvent arrogante et condescendante. Comme on dit : Un bon fond, mais faut creuser longtemps.
    J’ai préféré Katie. C’est la seule du groupe à n’avoir ni lu le livre, ni vu l’adaptation sur écran. Elle préfère lire Austen ou Dickens plutôt que les dystopies adolescentes, ce qui énerve Violet et surtout Alice. Du coup, si elle est un peu perdue dans ce monde, paradoxalement, elle est plus clairvoyante car dénuée d’a priori.
    J’ai regretté qu’elle ne soit pas plus présente.

    Enfin, Nate, le petit frère de Violet, est le plus enthousiaste de se retrouver dans ce monde. Plus jeune que les filles, il est plus naïf et il prend tout ceci comme un immense jeu et ne semble pas réaliser le sérieux de la situation (comme on peut le constater lors de la scène avec les gants).

    Je me suis rapidement douté d’un élément, mais les indices sont clairs et, quand une sorte de « magie » telle que celle qui a transporté les quatre ados dans l’univers du roman est à l’œuvre, cet élément n’est pas incompatible.

    En revanche, il y a eu quelques révélations que je n’avais vraiment pas vu venir.

    Le roman pourrait être une one-shot, même s’il a une fin ouverte.

    Pourtant, il semble qu’il y ait un second tome à venir. Je ne sais pas ce que l’auteur a prévu mais je suis vraiment curieuse !

    Quant à la danse des pendus, le livre dans lequel plongent Violet, Nate, Alice et Katie, même si on en connait les grandes lignes et surtout la fin, j’adorerais le lire.

    Il ne reste plus à Anna Day qu’à l’écrire.

     

    Un extrait : En me levant, je m’aperçois que ma jupe est restée collée à mes cuisses, alors je détache discrètement le coton de ma peau.

    — Vas-y ! me chuchote Katie.

    Je ne réponds pas. Qu’est-ce qui m’a pris de me porter volontaire pour cet exposé à la noix ? Je déteste prendre la parole en public. En fait, soyons honnêtes, je déteste tout ce qui contient les mots « en public ».

    — C’est à toi, Violet, me commande Miss Thompson.

    Je tire une dernière fois sur le pli de tissu rebelle, puis je m’avance vers le tableau. Et soudain, je me sens toute petite, comme si mes camarades avaient des rayons au pouvoir rétrécissant à la place des yeux. Violet, pas plus haute qu’une pâquerette. Cette pensée me fait rire… et voilà comment, en plus d’afficher mon trac, je passe maintenant pour une folle.

    Derrière son bureau vieillot, Miss Thompson me sourit.

    — Alors, Violet, parle-nous un peu de ton roman préféré, qui s’appelle… ?

    — La Danse des pendus, de Sally King.

    Soupir collectif des garçons au dernier rang. Mais ils font seulement semblant d’être déçus. Je me souviens : quand le film tiré du livre est sorti au cinéma, il n’y a même pas un an, ils avaient tous les yeux rouges en quittant la salle… étrange, non ?

    Je prends une grande inspiration et je me lance :

    — « Il était une fois un peuple, qu’on appelait les humains. Les humains étaient intelligents et ambitieux, mais aussi cupides. Ils devenaient de plus en plus obsédés par la perfection – perfection du corps et de l’esprit, vie parfaite. Au tournant du XXIIe siècle, cette obsession a conduit à la première vague d’humains génétiquement améliorés. »

    Là, je marque une pause théâtrale et j’en profite pour jeter un coup d’œil à la salle de classe. Moi qui espérais croiser des regards ébahis, captivés… En fait, mon auditoire a l’air à moitié endormi.

    — « Les Ingas. Les Individus Génétiquement Augmentés. Grands, forts, beaux et dotés d’un QI supérieur à 130. Rapidement, les Ingas s’installèrent à la campagne, dans de magnifiques régions, les Pâturages, à l’abri des maladies et de la criminalité. »

    Je tangue d’un pied sur l’autre tout en écartant une mèche qui me cache les yeux. Suis-je en train de passer pour une idiote ? Je chasse cette question dans un coin sombre et inactif de mon cerveau.

    — « Mais que devinrent les humains n’ayant pas été augmentés génétiquement ? Tous ces hommes et toutes ces femmes, normaux, comme vous et moi. On les appela les Imparfaits. Les Impas. Circonscrits aux anciennes cités minées par les maladies et le crime – Londres, Manchester, Paris, Moscou –, enfermés derrière des kilomètres d’enceinte et soumis à coups de bombes. Seuls les plus forts et les plus aptes d’entre eux étaient autorisés à se rendre dans les Pâturages pour servir d’esclaves aux Ingas.

    « Le terme “humain” fut banni. Il disparut du langage courant.

    « Seuls existaient les Ingas et les Impas…

     

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  • [Livre] L’insigne du boiteux

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    Résumé : Un assassin, qui se fait appeler le Prince, exécute des mères de famille sous les yeux horrifiés de leurs jeunes fils âgés de 7 ans. Opérant à l’arme blanche avec une rare sauvagerie, le meurtrier taille ses victimes en lanières. Telle est la punition qu’il inflige. Mais qui punit-il ? Et de quoi ?
    Pour répondre à ces deux questions fondamentales, le commandant Falier s’adjoint les services du professeur Bareuil, spécialiste des crimes rituels, « retraité » de la Sorbonne, et de Jeanne Lumet, qui fut sa plus brillante élève. Or la jeune femme est mère d’un petit garçon de 7 ans. Détail qui n’échappera sans doute pas au Prince…


    Auteur : Thierry Berlanda

     

    Edition : De Borée

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 14 Février 2019

     

    Prix moyen : 7,5€

     

    Mon avis : Je sors vraiment mitigée de cette lecture.

    Si j’ai bien aimé l’histoire en elle-même - d’ailleurs c’est le résumé, plus que le titre, qui m’a convaincu de le lire - en revanche, j’ai eu plus de mal avec la forme du roman.

    L’auteur emploie un langage assez recherché, pas désagréable mais qui sonne faux dans un thriller, surtout quand au détour d’une page on tombe soudain sur des termes comme « gras-du-bide ». Si on met de côté ma répugnance pour ce genre de terme, on dirait que l’auteur hésite entre deux styles.

    Dès le début du livre, avant même d’être gênée par le style, j’ai remarqué un manque flagrant de rigueur dans l’édition.

    Alors, je sais bien qu’il ne s’agit « que » d’un poche, mais quand même, page 79, il manque carrément une phrase.

    L’auteur n’est pas en reste. On commence les ennuis page 84 avec une phrase qui laisse perplexe : « Je crois que tu ne peux pas m’occuper de lui ».

    A plusieurs reprises, on a de magnifiques incohérences, à se demander si l’auteur s’est seulement relu.
    Par exemple, un suspect s’identifie d’un nom et une date de naissance et, à peine une page plus loin, la police déclare ne pas avoir trouvé trace d’une personne de ce nom née… dix ans plus tard que la date annoncée par le suspect… et cela ne semble émouvoir personne.
    Plus loin, lors d’une discussion entre deux personnages, l’un dit à l’autre qu’il est au courant de l’enlèvement d’un troisième personnage, puis quelques lignes plus loin, le même personnage réclame d’être mis en contact avec la personne qu’il a dit savoir être enlevée.

    Ces incohérences, couplées au style employé, donne l’impression d’une enquête laborieuse, comme si l’auteur ne savait pas trop où il allait.

    J’ai regretté le manque de profondeur des personnages. Par exemple, on sait que Jeanne souffre de phobies, mais on ne sait ni à quoi elles sont dues, ni leur ampleur. Pourquoi ? En quoi ce fait apporte un plus aux personnages si ce n’est que mentionné en passant ?
    Et c’est pareil pour tous les personnages, tueur compris.

    La fin va trop vite, elle tient plus du coup de chance que de l’habilité des enquêteurs.
    Ici, on a les élucubrations d’un pseudo historien dont on se demande comment il peut ainsi manipuler son monde tant son arrogance ne connaît aucune limite, mais on n’a pas cette sensation que chaque meurtre permet de faire un pas de plus vers la solution.

    Le meurtrier est le seul a avoir un certain développement. Entre ses crises mystiques et ses souvenirs, on comprend relativement vite ce qui le motive.

    L’insigne du boiteux semble être le 1er tome d’une trilogie, mais je n’ai pas été suffisamment convaincue pour lire la suite.

    C’est dommage que le style et le traitement de l’histoire ne m’aient pas convaincue parce que l’histoire était vraiment intéressante à lire.

    Il m’a juste manqué quelques éléments pour réellement apprécier ma lecture.

     

    Un extrait : Les lampadaires émergent du brouillard, accrochant des maques d’effroi aux cariatides du boulevard. Jeanne Lumet marche en évitant de justesse les flaques gelées, et maudit celui qui l’oblige à sortir de chez elle à une heure pareille.
    Un coup de téléphone l’a tirée de son sommeil au milieu d’un rêve qui l’a transportait des mois en arrière, à l’époque où Paul habitait encore avec elle et leur fils. Les roses de Villandry, la splendeur des jardins, Léo caracolant dans les escaliers avec son épée de bois confectionnée par Paul et qu’il préférait décidément aux pistolets laser, les poses qu’elle prenait pour la photo en retenant sur ses cheveux un chapeau de paille courtisé par le vent, voilà le refuge de douceur éboulé en deux secondes par la sonnerie.
    Une voix inconnue. Un grésillement plutôt.

    - Commandant Falier, police criminelle.

    Pour Jeanne, le pire est toujours l’éventualité la plus plausible ; par réflexe, elle s’est ruée dans la chambre de Léo. Elle y a simplement vu un gosse qui rêve à des dinosaures. Ressort distendu, elle est revenue s’asseoir sur le bord de son lit en baillant, puis elle a cherché à quatre pattes le téléphone qui avait rebondi dessous comme un poisson dans l’herbe.

    - On est en pleine nuit. Qu’est ce qu’il se passe ?

    - J’appelle sur les conseils du professeur Bareuil…

    Entendre ce nom a provoqué chez Jeanne un afflux de sérotonine suffisant pour lui maintenir les paupières grandes ouvertes jusqu’au soir.

    - J’ai un cas bizarre. Bareuil pense que vous pourriez m’aider. Vous pouvez venir maintenant ?

    - Quoi ? Mais je dors… Et puis c’est quoi « bizarre » ? Ce qui est bizarre, c’est plutôt que Bareuil vous ait filé mon nom !

    - Bareuil… C’est lui qui vous pose un problème ?

    Des images lui sont revenues malgré elle, d’un passé qu’elle croyait enterré. Bareuil avait été son professeur d’histoire médiévale pendant ses deux années de Master. Jeanne se précipitait toujours à ses cours, sous l’œil perplexe des autres étudiants qui, bien qu’inscrits dans le même cursus, tombaient moins facilement qu’elle amoureux d’une icône melkite ou d’un masque copte. Bareuil avait tout de suite remarqué cette graine de championne. Lui qui passait pour le pape du magister classique s’était mis, au bout de quelques semaines, à s’adresser à elle comme à un confrère ; il ne corrigeait plus ses travaux, il les discutait. La facilité de son élève, excusée d’avance par sa grâce, ne l’irritait pas. Jeanne savait que si elle avait été une étudiante au teint gris et aux cheveux gras, bien qu’ayant eu les mêmes dispositions intellectuelles, elle aurait trouvé en Bareuil son pire ennemi ; percevant le talent des autres comme une menace, il lui aurait sans fin asséné la sempiternelle vérité institutionnelle selon laquelle, sans le travail, une bonne prédisposition n’est qu’un défaut.

     

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  • [Livre] Les quatre filles du révérend Latimer

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    Résumé : Australie, début du XXe siècle. Les sœurs Latimer sont au nombre de quatre : Edda et Grace, les aînées, sœurs jumelles nées de la première union de leur père, un pasteur dont l’épouse est morte en couches ; Heather et Kitty, des jumelles également, filles de l’ancienne gouvernante du presbytère qui a épousé le révérend en secondes noces.

    En 1925, les sœurs âgées de 18 et 19 ans fuient l’austérité du presbytère et l’autorité maternelle pour se former au métier d’infirmière dans l’hôpital de leur ville natale, en Nouvelle-Galles du Sud.

    Là, chacune pourra aussi laisser libre cours à ses aspirations personnelles, dont la recherche de l’amour. Mais la Grande Dépression n’est pas loin, qui pourrait balayer bien des rêves d’émancipation dans une société encore très patriarcale…

    Une grande fresque sentimentale qui s’attache à la destinée de quatre jeunes femmes énergiques et attachantes.


    Auteur : Colleen McCullough

     

    Edition : Archipoche

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : Septembre 2016

     

    Prix moyen : 9€

     

    Mon avis : J’ai bien aimé ma lecture, malgré pas mal de longueurs, mais il est vrai que, quand j’ai terminé le livre, je n’ai pas eu d’autres pensées que : « Tout ça pour ça ? ».

    Chacune des sœurs Latimer a une personnalité bien distincte, au point qu’on en oublie qu’Edda et Grace, ainsi qu’Heather « Tufts » et Kitty sont jumelles.
    J’ai trouvé dommage que l’auteur survole Heather. Il faut dire qu’elle est la seule à ne pas faire de vagues. Sérieuse et raisonnable, elle cesse de voir son mentor quand leur réputation à tous deux serait susceptible de souffrir de leur amitié et revient vers lui quand ce danger est passé. Elle ne se bat pas bec et ongle pour avoir une avancée professionnelle, se contentant de se montrer à la hauteur et de saisir les opportunités qu’on lui propose. Elle ne souhaite ni trouver le grand amour, comme Grace, ni être mère de famille à tout prix, comme Kitty, ni même exercer un métier qui est encore très masculin, comme Edda. Elle est là, elle est solide et attentive, mais on dirait que, comme elle ne crée pas de scandale, elle ne vaut pas la peine de s’y attarder.
    Edda, elle, adore son métier d’infirmière, mais son rêve aurait été d’être médecin. Bien que la loi le lui permette, les femmes médecins n’ont pas la vie facile car il s’agit encore d’un métier très masculinisé. De plus les études ne sont pas données et son père, poussé par son épouse, ne lui a pas permis de suivre cette voie. Edda peut paraitre très autoritaire mais c’est parce qu’elle veut le meilleur pour les siens.

    Grace est sans doute celle que j’ai le moins appréciée. Elle est tour à tour pleurnicheuse, agressive, intéressée…

    A quasiment chacune de ses apparitions, elle m’a tapé sur le système.

    Enfin, il y a Kitty. Kitty ne vit que pour les enfants : ceux du service pédiatrique, puis ceux de l’orphelinat. Elle rêve plus que tout d’en avoir à elle. La malédiction de Kitty c’est sa beauté époustouflante. Sa mère l’a menée partout comme une bête de concours sans se préoccuper des sentiments de sa fille et, une fois libérée de cette mégère, elle continue à être jugée avant tout sur ses traits.

    Autour de ces quatre sœurs on voit plusieurs personnes. Le révérend Latimer, leur père, gentil mais trop effacé, Maud, belle-mère d’Edda et Grace et mère de Tufts et Kitty, malveillante et égoïste, Jack, qui se comporte parfois en gamin capricieux, Bear, totalement irresponsable, Charles, lamentable à tout point de vue, et enfin mes deux personnages secondaires préférés : le docteur Liam Finucam, ami et mentor de Tufts et Rawson Schiller, un politicien qui va être d’une grande importance dans la vie d’Edda.

    Le plus gros intérêt du livre, à mes yeux, c’est de nous dépeindre la vie en Australie une fois que le pays a été touché par la crise économique qui a débuté avec le crash boursier de 1929.

    En parallèle, on peut assister à l’émancipation de la femme avec entre autre la création du diplôme d’état d’infirmière qui va permettre à ces dernière d’être mieux rémunérée et donc plus indépendantes.

    Malgré tout, j’ai eu une impression d’inachevée. L’impression qu’il n’y avait pas de fin, qu’on arrêtait tout au milieu d’une scène. J’attendais plus de problème de la part de Maud, par exemple.

    Malgré tout, si le côté « saga familiale » m’a laissée plutôt froide, j’ai beaucoup apprécié le côté historique.

    On ne peut donc pas dire que c’était une mauvaise lecture, mais on est loin du coup de cœur.

     

    Un extrait : Ce n’était pas que Maude Latimer se comportât sciemment en tyran. Au contraire : elle se tenait pour une véritable sainte parmi les mères et les marâtres. Les quatre enfants ayant le même père, jamais elle ne se rendait coupable de discrimination entre Tufts et Kitty, ses propres filles, et les deux autres jumelles. C’est du moins ce qu’elle répétait à quiconque s’intéressait à elle de près ou de loin. Comment ces quatre adorables gamines auraient-elles pu irriter, fût-ce un seul instant, une femme qui s’épanouissait à ce point dans ses fonctions maternelles ? Et tout, en effet, aurait été pour le mieux dans le meilleur des mondes, ainsi que se l’imaginait Maude, si le destin n’avait joué à la fratrie l’un de ces petits tours dont il a le secret : Kitty, la plus jeune des jumelles de Maude, possédait une beauté bien supérieure à celle de ses sœurs, qu’elle éclipsait comme le soleil ternit l’éclat de la lune.

    Or, depuis la plus tendre enfance de la petite, jusqu’à ce jour censé célébrer son départ prochain, sa mère n’avait cessé de marteler à qui voulait l’entendre combien sa fille était parfaite. Et chacun s’accordait à reconnaître que l’épouse du pasteur avait raison… mais, mon Dieu, comme on se sentait las dès qu’on la voyait paraître, tenant fermement Kitty par la main, tandis que ses trois sœurs suivaient quelques pas en arrière. Les habitants de Corunda s’accordaient sur un point : Maude était en train de faire de Grace, Edda et Tufts les ennemies jurées de Kitty – elles devaient la haïr ! On était également d’avis que la pauvre Kitty, pour sa part, ne pourrait devenir qu’une jeune personne détestable, capricieuse et arrogante.

    La réalité vint démentir tous les pronostics. Pour quelle raison ? Le mystère demeurait entier, sauf aux yeux du pasteur, qui tenait l’affection mutuelle de ses filles pour une preuve irréfutable de l’amour divin. Bien entendu, Maude volait la vedette à Dieu Lui-même : c’était à elle, à elle exclusivement, affirmait-elle, que revenait le mérite d’avoir élevé quatre sœurs si joliment unies.

    Ces dernières ressentaient pour elle autant de pitié que d’antipathie, ne l’aimant qu’à la manière dont s’aiment les femmes d’une même famille, liées ou non par le sang. Quant à l’alliance que les jumelles avaient forgée contre leur mère ou belle-mère, elle était sans rapport avec le sort injuste réservé à Tufts, Edda et Grace, mais bien plutôt avec les tourments qu’endurait Kitty, objet de toutes les attentions de Maude.

    Kitty aurait pu se révéler une enfant exigeante et un peu peste, au lieu de quoi elle était silencieuse, timide et réservée. De vingt mois ses aînées, Edda et Grace furent les premières à s’apercevoir des effets dévastateurs du comportement de Maude sur sa jolie fillette ; Tufts ne tarda pas à partager leurs vues. Alors naquit la conspiration des trois sœurs pour arracher Kitty aux griffes de sa mère, conspiration qui, au fil du temps, ne cessa de gagner en intensité.

     

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  • [Livre] Kaléidoscope

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    Résumé : Pour Naomi, adolescente timide et réservée, rien ne va plus : elle est obligée de déménager pour suivre sa mère et son copain à Dijon ! Au programme : maison délabrée, beau-père insupportable… et nouveau collège. Comment se refaire des amis quand on n’ose pas parler ? La vie perd toutes ses couleurs pour Naomi, jusqu’au jour où sa grand-mère lui offre un kaléidoscope peu ordinaire… Lorsqu’elle regarde à travers, la jeune fille voit des portes s’ouvrir sur des mondes inconnus et fabuleux, qui lui promettent des heures d’évasion. Arbres aux mille secrets, créatures cruelles et merveilleuses, nature changeante aux décors inconnus…
    À force de fuir la réalité, Naomi ne risque-t-elle pas de se perdre un peu plus… ?


    Auteur : Marie Caillet

     

    Edition : Castelmore

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution :  15 Mai 2019

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : Naomi est une adolescente de 12 ans mal dans sa peau.
    Elle doit quitter Paris pour Dijon car le nouveau copain de sa mère y a ouvert une boutique de fleuriste. Autant dire que ni elle, ni sa sœur, ne sont ravies.
    Naomi déteste sa nouvelle maison et trouve son beau-père insupportable, même si, objectivement, il est plutôt cool et ne s’impose pas aux deux filles, les laissant s’habituer à lui à leur rythme tout en étant disponible pour elles. Leur mère est plus pénible. Elle veut forcer les choses car elle veut que ses filles acceptent leur nouveau beau-père sans conditions et franchement, elle est lourde. Les choses iraient 10 fois plus vite si elle foutait un peu la paix à tout le monde à ce sujet.
    En 6ème, Naomi semble avoir été la cible de moqueries voire de harcèlement et à quelques jours de sa rentrée en 5ème dans un nouveau collège, elle n’est pas sereine et craint d’être de nouveau prise pour cible car elle se sent différente des autres.
    Elle est timide, parler en public est un calvaire (et ce n’est pas le corps enseignant qui va l’aider sur ce coup-là), elle a du mal à se faire des amis… Et comme les ados sont une bande de hyènes prompts à s’acharner sur celui qui montre le moindre signe de faiblesse…
    Je me suis beaucoup retrouvée en Naomi, sauf que moi c’est dans la lecture que je me suis plongée et que je n’ai jamais été sérieusement blessée par mes harceleurs.
    Naomi, elle, va se réfugier dans un monde différent, magique, grâce au kaléidoscope de sa grand-mère.
    J’ai trouvé qu’elle y passait beaucoup de temps, que ça devenait une obsession et que ça ne l’aidait pas tellement au début vu que son attitude en présence de ses camarades en devient encore plus bizarre (mais vu ma tentative de noyade dans les univers imaginaires par livres interposés, je me vois mal lui jeter la pierre).
    Il vient remplacer son doudou, qu’elle a perdu dans le déménagement et lui ouvre un nouveau mode d’évasion, quoi qu’il va lui falloir tout le livre pour le comprendre.
    Le monde dans lequel évolue Naomi à travers le kaléidoscope ne semble avoir aucune règle. A moins qu’il ne faille que Naomi prenne suffisamment confiance en elle pour comprendre ces règles et faire face à celles qui régissent la vie sociale des ados.
    J’ai beaucoup aimé ce livre qui parle avec beaucoup de justesse du véritable cauchemar que sont les interactions sociales pour certains ados, surtout quand ils ne rentrent pas pile poil dans le moule, du manque total d’empathie des professeurs, incapable de se rendre compte qu’ils aggravent un problème parce que pour eux aussi, il est plus simple d’avoir une bande de petits moutons bien formatés, et de l’incompréhension des parents qui sentent bien que quelque chose ne va pas sans vraiment comprendre quoi (et parfois sans réellement vouloir le comprendre car pour eux ce ne sont que des broutilles tant que ça n’interfère pas avec les résultats).
    A travers le monde imaginaire de son kaléidoscope, Naomi va apprendre à avoir confiance en elle et en ses capacités et au final, à avoir peut être moins peur de s’ouvrir aux autres.

     

    Un extrait : « Collège public de la Salpêtrière. »

    Tels sont les mots que j’ai tapés sur Google dimanche matin – en m’y reprenant à trois fois pour écrire « Salpêtrière ». J’aurais pu me contenter du courrier que m’a donné maman, avec la date de la pré-rentrée, l’adresse du collège et toutes les infos pratiques, mais c’était plus fort que moi.

    J’ai regretté mon geste dès que j’ai vu les photos.

    Je ne sais pas à quoi je m’attendais. Un endroit avec des arbres et de la pelouse, j’imagine – une sorte de mini-Poudlard, étant donné que maman nous a rabâché que l’avantage de déménager, c’est qu’on aurait plus d’espace et de verdure. À la place, un bâtiment grisâtre et une cour en bitume, avec trois pauvres arbres au milieu, m’ont sauté à la figure. J’ai quitté Google en vitesse.

    Le lundi matin, dès que je me réveille, les images jaillissent devant mes yeux. Intactes.

    « Biiip ! Biiip ! Biii… »

    J’arrête le hurlement de mon réveil et je me contracte sous ma couette. La première chose que j’aperçois est mon sac de cours au pied de mon bureau. Un courant d’adrénaline me parcourt le dos, les jambes, les doigts. Je donnerais n’importe quoi pour que ma couette tiède devienne un terrier dans lequel je puisse m’enfoncer, loin du réveil, de la rentrée et de l’odeur de pain grillé qui glisse déjà sous la porte.

    Mais c’est le jour J. Je n’ai pas le choix.

    Je repousse l’édredon et traîne les pieds jusqu’à ma chaise de bureau. Mes habits m’y attendent, bien pliés. Jean, pull bleu sombre, bottines. Rien pour sortir du lot, mais rien pour m’en écarter. C’est maman qui a préparé ma tenue. En sixième, elle me laissait m’habiller, mais cet été elle a insisté pour refaire toute ma garde-robe. On dirait que l’idée d’un faux pas l’angoisse encore plus que moi.

    — Bien dormi, ma puce ?

    Christophe est déjà là quand je descends à la cuisine. Je m’assieds sur mon tabouret du bout des fesses. L’odeur du pain grillé me soulève le cœur.

    7 h 30. Boule au ventre.

    Christophe s’agite autour de la table, dépose une assiette devant moi. Je me force à prendre une tartine et à l’enduire de confiture. C’est une cuisine différente des autres années, un décor différent derrière la fenêtre. Même l’homme qui s’assied en face de moi est différent. Et, pourtant, je retrouve exactement les mêmes sensations qu’à toutes les rentrées. L’angoisse brouille tout, jusqu’au goût des tartines.

    Est-ce que le changement de collège va changer quelque chose ? Vais-je trouver ma place ? Me refaire des amis ?

    — Bonjour, Sandra, dit Christophe. Je te sers quoi ?

    Je lève le nez de mon assiette, tout en notant que Sandra, elle, n’a pas droit au « ma puce ». Ma sœur fonce vers la table en grommelant je ne sais quoi et renverse la moitié du sachet de céréales dans son bol. Christophe toussote.

    — Bon, les filles…, il y a un changement de programme. Votre mère doit se rendre à sa nouvelle agence à 9 heures et, comme c’est à l’opposé de votre collège, c’est moi qui vais vous emmener à votre pré-rentrée. On démarre dans vingt minutes, c’est bon pour vous ?

    J’ai beau fixer la toile cirée, je devine qu’il lance des petits coups d’œil dans ma direction. Sandra conservant un silence buté, je lui fais un petit « oui » de la tête. Il se détend visiblement.

    — J’irai vous chercher à midi trente. Vous verrez, vous allez vous faire des copains super vite, j’en suis sûr !

    Il m’adresse un clin d’œil. Je remarque qu’il a les iris presque aussi bleus que ses lunettes. Son regard déborde de sympathie, mais c’est comme si je me trouvais bloquée dans un bocal aux parois invisibles. Rien ne m’atteint.

     

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  • [Livre] Connexions secrètes

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    Résumé : Je m'appelle Lucas Courage. Je n'ai pas choisi ce nom ni d'avoir un pouvoir extraordinaire, mais secret. Je n'ai pas choisi d'avoir un père espion, ni d'être recruté avec lui par le président de la République pour démanteler un réseau de terroristes. Je n'ai pas choisi non plus l'aventure, les poursuites, les énigmes... Partir au Shahistan, être pris en otage, assister à des assassinats... ! Je n'ai pas choisi de vivre, comme dirait Manon - Ah Manon... -, dans ce monde de dingues !


    Auteur : Lucas Courage

     

    Edition : Scrineo

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 2019

     

    Prix moyen : 13€

     

    Mon avis : La première chose qui me vient à l’esprit quand je pense à ce livre c’est : Trop.
    L’auteur veut en faire trop faire à son jeune héros, du coup, les ficelles sont trop grosses et la crédibilité en prend du plomb dans l’aile.
    Déjà, dès les premiers chapitres, une scène est complétement irréaliste avec un père qui livre un combat digne d’un ninja… avec son fils dans le porte-bébé, lequel n’a même pas une mèche de travers.
    Et le reste du roman est à l’avenant. Tout se passe toujours en un éclair, des problèmes qui semblent insurmontables sont résolus en un claquement de doigts.
    Je me doute que les ados de 12-13 ans vont surement plonger les deux pieds en avant dans cette histoire. Il faut dire qu’un héros adolescent qui peut se connecter mentalement à internet et ainsi avoir de supers notes sans jamais avoir à travailler ; et qui est un espion à la solde du président… Il y a de quoi être emballé.
    Mais au-delà de cet âge, le tout manque d’approfondissement et de subtilité. La plupart des éléments sont survolés et je trouve un peu dommage que tant d’auteurs de littérature jeunesse ne prenne pas la peine de donner un peu de corps à leur histoire, comme si les enfants et les jeunes ados n’avaient pas besoin de romans de qualité.
    De même, il y a un peu d’humour, mais j’ai trouvé que l’histoire et surtout le caractère du personnage principal aurait mérité plus de sarcasmes et d’humour noir.
    Ici l’accent est mis avant tout sur l’action. Peu importe s’il y a un manque de cohérence du moment que ça déménage. C’est vraiment le sentiment que j’ai eu.
    J’ai également trouvé la fin un peu facile, un peu trop rapide.
    En bref, je pense que ce roman est bien écrit et qu’il conviendra sans doute aux plus jeunes.
    En revanche, dès 15 ans, les ados ainsi que les adultes le trouveront sans doute un peu superficiel.
    J’ai trouvé que c’était un roman mignon, mais il m’en faut plus !

     

    Un extrait : Les années passaient. C’étaient des années d’insouciance. La maternelle, l’école primaire. L’apprentissage scolaire m’était facile, trop facile. Lors des contrôles, si j’hésitais sur une réponse, il suffisait que je me connecte à un ordinateur ou un smartphone à proximité pour avoir accès à tout Internet ! Pourquoi se fatiguer à apprendre ses leçons ? Trop cool ! Je développai alors une paresse absolue qui irritait mon père.
    - Lucas, tu as appris ta leçon ?

    - Mais ça sert à rien, papa… j’aurais une bonne note de toute façon, soupirais-je à chaque fois qu’il revenait à la charge.

    - Tu ne travailles pas pour les notes ! Mais pour te développer… Parce que ce que tu auras assimilé te servira à réfléchir.

    Allez expliquer ça à un enfant de six ans, de huit ans, de dix ans. Mon père passait des heures avec moi à me pousser à faire mes devoirs, pour de vrai, sans tricher.
    Je lui dois d’avoir finalement appris quelque chose, de ne pas avoir été seulement un cancre surclassé.
    Ma paresse se doublait d’un manque de confiance en moi, car je ne savais jamais si mes succès étaient dus à mon mérite ou à une facilité qui confinait à la triche.
    Mon père me grondait. Mon père me rassurait. Il avait compris que notre secret était lourd à porter pour un petit bonhomme. Parce qu’à l’école, toute différence était traumatisante, et je craignais que mes camarades ne se rendent compte de quelque chose.

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  • [Livre] Les filles de Salem

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    Résumé : 1692. Salem, en Nouvelle-Angleterre. Abigail, 17 ans, raconte l'histoire des sorcières de Salem dont elle fut l'une des victimes. Suspectées d'être possédées par le démon, des jeunes filles de ce village puritain dénoncent d'autres membres de la communauté de les avoir ensorcelées. La psychose s'emballe, donnant lieu à des procès en sorcellerie et à de nombreuses exécutions.


    Auteur : Thomas Gilbert

     

    Edition : Dargaud

     

    Genre : Bande Dessinée

     

    Date de parution : 21 Septembre 2018

     

    Prix moyen : 22€

     

    Mon avis : Malgré des dessins qui ne m’ont pas franchement plus et que j’ai trouvé plutôt bâclés, j’ai bien aimé cette B.D.

    Pourtant, j’ai plusieurs reproches à lui faire.

    J’ai trouvé que l’auteur en faisait trop avec les attaques indiennes. Si Salem a bien été victime d’attaques, celles-ci ont eu lieu une quinzaine d’années plus tôt et, franchement, je trouve que l’histoire des procès est bien assez riche sans en rajouter.
    Ensuite, si je trouve intéressant d’avoir raconté l’histoire du point de vue d’une victime de l’affaire mais je ne suis pas sûre que choisir Abigail Hobbs ait été judicieux (Et en plus, la fin ne correspond pas à ce qui est arrivé à la jeune fille).

    Il est en effet trop facile de la confondre avec Abigail Williams, qui était l’une des accusatrices, même si cette dernière n’avait que 11 ans. Les films et livres en ont, en effet, trop souvent fait une adolescente calculatrice pour que cette image soit oubliée par les lecteurs.
    Betty Parris, d’ailleurs, présentée comme une adolescente, meilleure amie d’Abigail Hobbs, a subi ce vieillissement qui arrange l’auteur alors qu’elle n’avait que 9 ans.
    J’ai trouvé que la BD fait du révérend Parris un vrai démon assoiffé de pouvoir, responsable de toute l’affaire, qu’il aurait manigancé tout seul. Je ne dis pas que le révérend n’avait pas sa part de responsabilité, mais j’ai trouvé dommage que l’auteur écarte l’implication de la famille Putnam dans l’affaire qui a très largement profité des accusations pour se débarrasser de tous ceux qui les gênaient.

    Enfin, les victimes ont été « féminisées ». La taverne n’était pas tenue par une mère et sa fille mais par un couple marié d’une trentaine d’années.
    Et surtout, parmi les accusés, il n’y a aucun homme, tous semblant être frappés par une hystérie collective se cristallisant autour de la haine des femmes.

    Et pourtant… des hommes accusés, il y en a bien eu… beaucoup. Et parmi les 19 personnes exécutées, 5 étaient des hommes.
    Ne présenter que des victimes féminines, c’est un peu vite oublier Giles Corey, vieil homme mort écrasé sous des pierres pour avoir refusé de céder et de confesser ses « crimes », ou le Dr Roger Toothaker qui est mort en prison, ou encore, le révérend George Burroughs qui fut pendu, ce qui prouve bien que personne, homme ou femme, indigent ou notable, n’était à l’abri.

    J’ai trouvé dommage ce parti pris et le fait de ne pas coller à ce que l’on sait de la réalité historique. Ce qui s’est passé est bien assez révoltant sans que l’on arrange l’histoire à sa sauce.

    Bref, je n'ai pas détesté cette BD, mais j’aurais préféré qu’elle colle plus à la réalité d’autant plus qu’il y avait un terrain sur lequel broder des hypothèses, c’est celui des causes de l’hystérie collective des jeunes accusatrices : manipulation, ergotisme, hystérie collective du à la religion et à l’isolement relatif de la communauté ? Il y avait de quoi chercher une autre cause que celle d’un sordide complot ourdit par un seul homme.

    Cela reste un bon survol du sujet, même si, vraiment les dessins sont vraiment hideux (j’en ai vu des bien plus agréables faire passer tout aussi bien l’horreur, la noirceur et la violence).

     

    Un extrait :

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  • [Livre] Am, Stram, Gram

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    Résumé : Deux jeunes gens sont enlevés et séquestrés au fond d'une piscine vide dont il est impossible de s'échapper. À côté d'eux, un pistolet chargé d'une unique balle et un téléphone portable avec suffisamment de batterie pour délivrer un terrible message : « Vous devez tuer pour vivre. » Les jours passent, la faim et la soif s'intensifient, l'angoisse monte. Jusqu'à l'issue fatale.
    Les enlèvements se répètent. Ce sont les crimes les plus pervers auxquels le commandant Helen Grace ait été confrontée. Si elle n'avait pas parlé avec les survivants traumatisés, elle ne pourrait pas y croire.
    Helen connaît les côtés sombres de la nature humaine, y compris la sienne ; pourtant, cette affaire et ces victimes apparemment sans lien entre elles la laissent perplexe.
    Rien ne sera plus terrifiant que la vérité.


    Auteur : M. J. Arlidge

     

    Edition : 10/18

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 03 mars 2016

     

    Prix moyen : 9€

     

    Mon avis : J’ai acheté ce livre après l’avoir vu sur la chaîne des livres d’Ali. Depuis janvier 2018, il attendait patiemment son tour (je ne l’avais pas oublié, non, mais je ne trouvais jamais le bon moment pour le sortir).
    Et bien, je dois dire que ça valait la peine d’attendre.
    En revanche, s’il est excellent, attention aux âmes sensibles, certaines scènes sont difficiles à lire.
    Pas tant à cause d’un afflux d’hémoglobine, ça j’aurais tenu le choc sans problème (oui, moi aussi je me rends bien compte que les thrillers rendent un poil insensibles), mais à cause de la description poussée de personnes mourant littéralement de soif et de faim, prêt à boire de l’urine ou à croquer des insectes. Rien que de l’écrire, la nausée me revient.

    Heureusement qu’il n’y a pas trop de scènes de cet acabit.

    Si ces scènes ont pour but de nous plonger plus avant dans l’horreur vécue par les victimes, ce roman n’en demeure pas moins avant tout un thriller et donc on s’attache  surtout à la recherche su coupable.

    L’enquête s’annonce complexe. Si les moyens mis en œuvre par le coupable écartent la théorie du crime d’opportunité, il ne semble y avoir aucun lien entre les victimes. Toujours enlevée par deux, ils sont fiancés, collègues, ou encore parents, d’âge et de sexe divers… Bref, difficile d’établir un schéma ou de prévenir de futurs crimes.

    Helen Grace est un commandant de police, un poste important pour une femme de son âge (Un peu plus de 35 ans, je pense).

    Elle est directe et même un peu agressive dans ses interrogatoires mais elle est efficace.

    Les crimes s’enchaînent, ne laissant guère le loisir de réfléchir, de se poser.

    J’ai ressenti comme si c’était la mienne la frustration et la rage d’Helen envers ce criminel qui semble avoir toujours un coup d’avance et dont la description n’est jamais deux fois la même à une exception près : il s’agirait d’une femme.

    Intercalés entre les chapitres, écrit en italique, un personnage raconte le calvaire vécu dans son enfance. Mais s’agit-il de l’histoire de la tueuse ? Ou de celle d’Helen qui semble cacher un passé aussi noir que douloureux ? Ou encore de cette journaliste opiniâtre qui a eu un mauvais départ dans la vie ? Ou même de Charlie, la collègue d’Helen, dont on ne sait, au final, pas grand-chose du passé…

    La psychologie de chaque personnage, que ce soit les policiers, les victimes, la coupable ou les autres intervenants, est étonnamment bien fouillée. Il n’y a aucun personnage qui soit là que pour faire de la figuration.

    Le rythme du récit est encore accentué par des chapitres courts qui donnent toujours envie de lire « juste le prochain et puis j’arrête ».

    La coupable est dotée d’un incroyable, à tous les sens du terme : autant pour son organisation et sa détermination que pour l’absence totale d’empathie qu’elle manifeste.

    Elle ne montre jamais la moindre hésitation, c’en est vraiment effrayant.

    Contrairement à mes habitudes, je n’ai pas essayé de résoudre l’enquête à tout prix, je me suis laissée porter par l’histoire, d’autant plus que l’on découvre l’identité de la coupable bien avant la fin (Ben oui, contrairement à d’autre livres du même genre, ici, ce n’est pas parce qu’on a identifié la personne qu’on lui a mis la main dessus).

    J’ai vraiment adoré ce livre et, si ce n’est pas un coup de cœur, c’est uniquement à cause de ces scènes dont je parlais au début et qui m’ont donnée la nausée.
    N’empêche que c’est un auteur que je vais suivre !

     

    Un extrait : Sam dort. Je pourrais le tuer là, maintenant. Son visage n’est pas tourné vers moi : ce ne serait pas difficile. Se réveillerait-il si je bougeais ? Essaierait-il de m’arrêter ? Ou serait-il simplement soulagé que ce cauchemar finisse ?

    Je ne peux pas penser des choses pareilles. Il faut que j’essaie de me rappeler ce qui est vrai, ce qui est bon. Mais quand on est prisonnier, les jours paraissent sans fin et l’espoir est le premier à mourir. Je me creuse la tête en quête de souvenirs joyeux susceptibles de repousser les idées noires : ils sont de plus en plus durs à convoquer.

    Nous ne sommes là que depuis dix jours (onze ?), et pourtant la vie normale ressemble déjà à un souvenir lointain. On faisait du stop après un concert à Londres quand c’est arrivé. Il pleuvait des cordes, plusieurs voitures nous avaient déjà dépassés sans même nous jeter un regard. Trempés jusqu’aux os, on s’apprêtait à retourner à l’abri quand une camionnette a fini par s’arrêter. À l’intérieur, il faisait chaud, il faisait sec. On nous a offert du café venant d’une bouteille Thermos. Sa seule odeur a suffi à nous revigorer. Au goût, c’était encore meilleur. Nous n’avions pas conscience que ce serait notre dernière gorgée de liberté.

    Quand je suis revenue à moi, j’avais la tête comme une casserole. Une croûte de sang sur les lèvres. Fini la camionnette douillette. J’étais dans un endroit glacial, obscur. Étais-je en train de rêver ? Derrière moi, un bruit m’a fait sursauter. Ce n’était que Sam qui se relevait en titubant.

    On avait été dépouillés. Dépouillés et largués. Laborieusement, j’ai avancé en me tenant aux parois qui nous entouraient. Des carreaux froids, durs. J’ai percuté Sam et je l’ai étreint une seconde, inhalant cette odeur que j’aime tant. Cet instant passé, l’horreur de la situation nous a frappés.

    On était dans une fosse à plongeon. Délaissée, mal aimée, elle avait été privée de ses plongeoirs, de ses panneaux, même de ses marches. Tout ce qui pouvait être récupéré l’avait été. Ne restait qu’un bassin profond et lisse, impossible à escalader.

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  • [Livre] Petits meurtres entre voisins

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    Résumé : Karen et Michel ne regrettent pas d'avoir quitté la capitale pour le petit village où ils viennent de s'installer. En plus d'un rythme de vie apaisé, ils ont trouvé un cercle social des plus grisants : un groupe d'urbains convertis aux bienfaits de la campagne qui partagent comme eux le goût de la bonne chère, des boissons et de l'argent. Ensemble, ils fondent un club et passent leur vie les uns chez les autres.
    Subrepticement, pourtant, l'équilibre vacille. Un violent incendie éclate en pleine nuit chez un des couples, tuant le mari. Autour de cette mort brutale, les jalousies et les rancœurs commencent à affleurer : adultère, soupçons de malversations. Et lorsque, quelques jours plus tard, un autre membre se défenestre depuis une chambre d'hôtel, le doute s'installe pour de bon. Puis la peur. Puis l'angoisse : un assassin se cache-t-il parmi eux ?..


    Auteur : Saskia Noort

     

    Edition : France Loisirs

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 2007

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : Karen et Michel ont quitté la grande ville pour un petit village. Après deux ans assez isolée, Karen fait la connaissance d’une voisine, qui la présente à d’autres et un petit club de 5 couples se forme.

    L’histoire s’ouvre sur un drame : un incendie chez l’un de ces couples dont le mari ne ressortira pas vivant.

    A partir de là, on fait sans-cesse des allers-retours entre passé et présent, mais quand qu’aucune indication temporelle ne soit indiquée.
    C’est un peu déroutant, surtout au début. Après on apprend à repérer les indices qui situent le chapitre dans le temps, mais ça reste quand même assez agaçant de devoir être comme ça sans arrêt aux aguets.

    « L’amitié » qui unit ces couples est assez sordide. Tout n’est qu’apparence, argent, préjugés et hypocrisie.

    Le pire de tous étant probablement Simon qui exerce une sorte de fascination sur ses amis, d’autant plus qu’il a investi dans toutes leurs sociétés et les tient donc par l’argent.
    Karen est la seule à avoir encore un peu de conscience et de critique pour leur attitude mais cela ne l’empêche pas de continuer à les fréquenter le dégoût qu’ils lui inspirent parfois.

    Alors que la question se pose de savoir si l’incendie était accidentel ou volontaire, un autre drame survient.

    Ce qui m’a tué, c’est la façon dont leurs coucheries et leur argent est plus important que tout pour ce groupe qui va jusqu’à mentir à la police pour protéger leurs petites vies.

    On soupçonne la présence d’un meurtrier mais ce qui compte c’est de sauver les apparences ?
    Heureusement que Karen a un peu plus de cervelle que ça, même si elle est un peu seule contre tous (son propre mari préfère mentir de peur de perdre de l’argent).

    Franchement, ils mériteraient d’aller tous en taule. On ne peut quand même pas mentir à la police, pendant une enquête criminelle, sans aucune conséquence, si ?

    Ils sont tous si antipathiques, qu’ils en deviennent tout suspects.

    D’ailleurs, je les ai tous soupçonnés (avec des théories complètes et tout) sauf, bien évidemment, le coupable.

    Au final, on finit par douter du jugement de Karen, du notre, par se méfier de chaque piste que suggère l’auteur et par se retrouver complètement perdu (enfin, par « on » comprenez « moi »).

    J’ai vraiment apprécié ces retournements de situation, et cette fin que j’ai trouvée très satisfaisante.

    Ce n’est pas le meilleur thriller que j’ai lu (la faute à l’auteur, ou à la traduction ?), mais c’était néanmoins une bonne lecture.

     

    Un extrait : Michel me secoua doucement au beau milieu de la nuit pour me dire, dans un demi-sommeil, que le téléphone sonnait. Je poussai un gémissement et enfouis ma tête dans l’oreiller en espérant que cette sonnerie allait cesser, jusqu’au moment où je compris qu’un coup de téléphone à une heure pareille n’annonce généralement rien qui vaille. J’allumai ma lampe de chevet et jetai un coup d’œil sur le réveil. Trois heures. La sonnerie s’interrompit. Michel marmonna que nous pouvions nous rendormir. Sans doute un dérangé, une erreur, quelque chose de ce genre.

    Juste à ce moment-là, le téléphone se remit à sonner. Plus fort cette fois, plus insistant, comme une sirène. Le cœur de ma belle-mère a lâché ! Ma sœur vient de perdre son bébé ! Je bondis hors de mon lit et dévalai l’escalier en attrapant ma robe de chambre au passage, suivie de Michel, nu comme un ver. En bas, je mis la main sur l’appareil qui traînait sur le canapé et continuait à sonner rageusement. Mon cœur cognait fort. Je répondis en regardant Michel qui, les bras croisés sur la poitrine, tentait de se réchauffer.

    À l’autre bout du fil, j’entendis des cris et des grésillements. Un homme hurla « Patricia ! » d’une voix affolée. Je perçus des pas et une respiration haletante, le couinement aigu et étouffé de quelqu’un qui a du mal à respirer, puis une voix basse chuchotant :

    « Karen ! Désolée de vous réveiller…

    — Patricia ? Que se passe-t-il ?

    — … C’est affreux. Viens vite. La maison d’Evert et Babette est en feu… Il faut essayer de sauver ce qu’on peut… Tout le monde va venir ici. Je les ai tous prévenus.

    — Oh, mon Dieu !… » Michel me prit la main et me regarda d’un air interrogateur.

    « Evert et Babette… Les garçons… Ils vont bien ?

    — Luuk et Beau sont indemnes. Babette est blessée… On n’a pas encore trouvé Evert… »

    J’eus l’impression que tout se figeait : le temps, mon sang, mon cœur. Michel, paniqué, me demanda ce qui se passait. Où, mais où fallait-il donc aller ?

    « Il y a le feu chez Evert et Babette… »

     

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  • [Livre] Dix petites poupées

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    Résumé : Layla a disparu il y a douze ans, en pleine nuit, alors qu'elle rentrait de vacancesen France avec son petit ami, Finn. On ne l'a jamais revue depuis.

    Lorsque les policiers l'ont interrogé, Finn leur a raconté la vérité sur cette nuit-là. Mais pas toute la vérité. Pas un mot, par exemple, sur la dispute violente qui les a opposés juste avant la disparition de Layla.

    Finn a refait sa vie. Avec la sœur de Layla. Jusqu'au jour où le passé ressurgit. Quelqu'un croit apercevoir Layla. Et pourquoi les petites poupées russes de son enfance font-elles soudain leur apparition ?


    Auteur : B.A. Paris

     

    Edition : Hugo & cie

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 03 Janvier 2019

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : J’avais adoré « derrière les portes » et j’ai « défaillances » dans ma PAL (qui ne va sans doute pas faire long feu, d’ailleurs). Mais, même si ce dernier est sorti le premier, je n’ai pas pu attendre quand j’ai eu « Dix petites poupées » entre les mains.

    Dès la lecture du résumé, j’ai commencé à me poser plein de questions.

    Dans ce roman, on a une alternance de point de vue, mais aussi une alternance entre présent et passé.

    Bien qu’il n’y ait pas une goutte de sang de versée, la tension ne se relâche jamais.

    Finn est le personnage principal. Ce n’est pas qu’il est vraiment antipathique, mais ses réactions le rendent difficile à apprécier pleinement.

    Il y a 12 ans, sa petite amie, Layla, a disparu sur une aire d’autoroute en France. Aujourd’hui, il a refait sa vie avec Ellen, la sœur de Layla, ce qui n’a pas plu à tout le monde.

    Enfants, Ellen et Layla se disputaient une petite poupée russe (la plus petite des poupées gigognes). Or, aujourd’hui, alors que Finn et Ellen sont sur le point de convoler, de petites poupées russes apparaissent partout sur leur chemin.
    Je n’aurais pas cru qu’un aussi petit truc puisse être aussi perturbant avant de voir Finn en trouver à chaque coin de rue.
    Finn a des réactions bizarres à ce sujet. Car de deux choses l’une : soit Layla est toujours en vie et on peut se demander ce qui la pousse à réapparaitre 12 ans plus tard pour jouer à ce petit jeu sordide, soit Layla est morte et quelqu’un joue avec les nerfs du couple. Dans les deux cas, il me parait tout naturel d’appeler la police pour leur faire part de ces curieux messages. Mais pas Finn. Et je n’ai pas compris pourquoi ce refus. Qu’il y ait 12 ans, il n’ait pas parlé de la dispute mentionnée dans le résumé, je peux le comprendre. Mais pourquoi, s’il n’a rien à se reprocher, refuse-t-il l’aide de professionnels ?
    Alors oui, évidemment, ça en a fait un suspect à mes yeux : il sait quelque chose qu’on ignore, il a tué Layla, sa disparition est un coup monté entre eux etc, etc… J’ai pensé à toutes les options.
    Mais il n’est pas le seul qui j’ai soupçonné ! Car pendant tout le livre on se demande qui est derrière cette histoire de poupées.
    Même si les chapitres alternent entre « Layla » et Finn, je n’ai pas pris ça pour une certitude de la survie de la jeune femme. Je me méfie un peu du sadisme de l’auteur depuis que j’ai lu « derrière les portes » et je ne me fie plus aux apparences.
    Alors j’ai douté. De tout et de tout le monde (limite, même du chien). Je me suis demandée qui aurait intérêt à rendre Finn complètement fou (Si tant est que ce ne soit pas lui qui soit derrière tout ça). Les doutes de Finn faisaient écho aux miens et ses suspicions rejoignaient les miennes.
    Autant dire que B.A. Paris m’a manée par le bout du nez, car, alors même que je pensais avoir tout compris, il y avait encore un élément qui m’échappait.
    Et qui changeait tout !

    Le pire (ou le mieux…) c’est qu’elle nous entraîne sur un tas de fausses pistes mais sans jamais nous perdre et en nous laissant une chance (petite, toute petite, hein, non je ne suis pas de mauvaise foi) de trouver la clef de l’énigme avant la fin du livre.
    Et comme je le disais plus tôt, toute cette histoire, toute cette tension, se déroule quasiment sans violence (bon, il se peut qu’il y ait un ou deux coups de poing sur le nez, mais pas de déferlement d’hémoglobine), mais repose essentiellement sur la culpabilité, la paranoïa et les mensonges.

    Maintenant, j’ai d’autant plus hâte de lire « défaillances » que j’ai lu quelque part qu’il était le meilleur des trois.

     

    Un extrait : Mon portable sonne au moment même où je traverse le hall d’entrée baigné de lumière des superbes bureaux de Harry, à London Wall. Je me retourne pour consulter l’horloge digitale au-dessus du bureau de la réceptionniste. Il n’est que seize heures trente, mais j’ai hâte de rentrer chez moi. J’ai dû batailler des mois pour persuader Grant James, homme d’affaires de grande réputation, d’investir cinquante millions de livres dans le nouveau portefeuille de Harry et aujourd’hui, je suis prêt à fêter ça. Pour me remercier, Harry a réservé pour Ellen et moi au Hideout, le meilleur restaurant de Cheltenham, et je suis sûr qu’elle va beaucoup apprécier.

    Je jette un coup d’œil impatient à mon téléphone, en espérant pouvoir ignorer l’appel. Le nom de mon correspondant s’affiche, c’est Tony Heddon, un policier d’Exeter. Nous nous sommes rencontrés il y a douze ans quand j’étais en garde à vue, soupçonné du meurtre de Layla, et depuis nous sommes devenus bons amis. Sur la gauche de la réception, il y a un banc incurvé, en acier, sur lequel je vais déposer mon porte-documents.

    « Tony, dis-je en prenant l’appel. Ça fait plaisir de t’entendre.

    — Je te dérange, peut-être ?

    — Pas du tout. » Je remarque qu’il paraît sérieux, comme à chaque fois qu’il m’appelle pour me dire que le corps d’une femme non identifiée a été retrouvé par la police française. J’imagine qu’il doit être mal à l’aise, et je décide d’aller droit au but : « On vient de trouver un nouveau corps ?

    — Non, rien de tout ça. » Son accent paisible du Devonshire est rassurant. « Mais Thomas Winter, tu sais, ton ancien voisin à St Mary, est passé au commissariat hier.

    — Thomas ? » Je suis surpris. « Après tout ce temps, je ne savais pas qu’il était toujours vivant. Comment va-t-il ?

    — Physiquement, plutôt en forme, mais il se fait vraiment vieux. C’est pour ça qu’on ne veut pas accorder trop d’importance à ce qu’il nous a dit », ajoute Tony après une pause. J’attends qu’il poursuive tout en cherchant à deviner ce que Thomas aurait bien pu dire à la police. Mais il me revient qu’avant que Layla et moi ne partions en vacances en France, Thomas ne nous voyait que comme le plus heureux des couples.

    « Pourquoi, qu’est-ce qu’il a dit ?

    — Qu’il a vu Layla, hier. »

     

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