Résumé : Paris, 1897. Les plus grandes puissances européennes se sont lancées à l’assaut de la Lune et de nouveaux matériaux découverts sur le satellite envahissent peu à peu la Terre. Ces grandes avancées scientifiques révolutionnent l’industrie et la médecine, mais pas pour tout le monde. Et dans les faubourgs, loin de l’hyper-centre protégé par le dôme sous lequel vivent les puissants, le petit peuple de Paris survit tant bien que mal. Violante est une prostituée sans mémoire, ignorant jusqu’à son âge réel. Dans un monde où son désir de vérité passe après celui de ses clients et de ses patrons, la jeune fille tente de retrouver la trace de ses origines perdues. Alors qu’une vague de meurtres particulièrement horribles ensanglante la capitale, Satine, son amie et seul soutien, disparait dans d’étranges circonstances. Violante, elle, se voit offrir une porte de sortie à ce demi-monde violent qui la retient prisonnière, mais décide malgré tout de prendre part aux investigations.
Auteur : Floriane Soulas
Edition : Scrineo
Genre : Fantasy
Date de parution : 16 mai 2018
Prix moyen : 17€
Mon avis : Après avoir entendu parler de ce roman sur booktube (et avoir craqué sur sa couverture), j’ai décidé de tenter le coup.
Je suis souvent partagée à l’idée de lire un tout premier roman.
D’un côté, j’ai envie de découvrir un nouvel auteur, et de l’autre, j’ai toujours peur de lire un texte approximatif, maladroit (comme on dit, chat échaudé craint l’eau froide !).
Pour Rouille, j’ai bien fait de tenter le coup, parce que j’ai adoré ma lecture.
Même si le livre est qualifié de roman de science-fiction, on a en fait un mélange de Steampumk et de thriller qui tient bien la route.
A part un ou deux d’entre eux, qui sont réellement malfaisants, il est difficile de ne pas apprécier, ne serait-ce qu’un peu, les personnages.
Par exemple, Madeleine parait froide et odieuse, mais elle ne fait que chercher à survivre ; Léon est certes un proxénète, mais il a à cœur de garantir la sécurité des filles qui bossent pour lui.
Violante, sans surprise, est le personnage le plus sympathique de l’histoire. Amnésique, prostituée très demandée, elle cherche sans relâche des indices sur son identité, quitte à violer les lois pour ce faire.
Plusieurs affaires convergeant les unes avec les autres nous sont présentées : Les recherches de Violante sur son identité, des meurtres effroyables qui secouent les bas-fonds de la capitale, et l’émergence d’une nouvelle drogue, la Rouille, aux effets secondaires dévastateurs.
J’ai beaucoup aimé la justesse avec laquelle l’auteur parle du monde de la prostitution à la Belle époque : Les visites médicales, les interdictions de sortie, l’encartage, les jetons, la dette des prostituées… beaucoup d’auteur ne se seraient pas donné la peine de coller à la réalité historique dans un roman à dominante SF.
La description des bas-fonds de Paris, ainsi que la description des victimes des meurtres fait de Rouille un roman très sombre, avec des passages carrément glauque. Cela ne m’a pas empêché d’adorer le roman.
Après une conversation entre deux personnages j’ai commencé à avoir un doute sur l’identité de Violante et je ne m’étais pas trompée.
Pour autant, je n’ai pas été déçue d’avoir deviné et j’étais impatiente de voir si mon hypothèse allait se confirmer.
Même en ayant compris une partie de l’histoire, j’ai quand même été assez surprise par la fin.
A présent, je n’ai plus qu’une envie : lire le second roman de l’auteur dont le résumé m’interpelle. J’aurais aimé découvrir sa chaîne youtube, mais elle semble l’avoir abandonnée depuis qu’elle a été publiée. Dommage.
Un extrait : Violante observait son reflet, éclaté dans les dizaines de miroirs qui tapissaient les murs et le plafond de la chambre. Elle aimait cet instant après les passes où, tant que personne ne parlait, il était encore possible d’oublier qu’elle venait d’ouvrir les cuisses pour une heure de plaisir à prix d’or. Elle savoura ce répit et le silence qui régnait dans la petite chambre, inspira lentement les odeurs de sueur et de parfum bon marché. Ses cheveux châtains dénoués lui chatouillaient le creux de la gorge. Des jetons cliquetèrent en tombant dans un petit bol en fer forgé posé près de la porte d’entrée, et le temps reprit sa course. La jeune fille poussa un soupir discret pour contenir sa frustration. Elle ramena le drap sur sa poitrine menue et frissonnante.
– Y’a pas à dire, t’es vraiment la meilleure putain de toute cette foutue ville, rigola l’homme en reboutonnant son pantalon.
– Je suis également la plus chère.
– Tu vaux bien ton prix.
L’homme s’avança vers la prostituée et lui saisit la nuque à pleine main pour mieux l’attirer à lui. Violante retint sa respiration quand l’haleine avinée de son client lui fouetta le visage. Elle posa un bras sur son torse tandis qu’il écrasait sa bouche contre la sienne et lui arrachait un gémissement de douleur. La jeune fille sortit les dents et mordit la langue qui fouillait sa bouche avant de se rejeter en arrière, rompant l’étreinte.
– Hé ! je ne suis pas une de tes souris de trottoir, Angus ! s’exclama-t-elle en massant sa nuque douloureuse. Tu rajouteras un jeton pour ça.
– Et dangereuse avec ça, marmonna l’homme en essuyant d’un revers de main le mince filet de sang à la commissure de ses lèvres.
– Tu sais ce qu’on dit, chaton : « Quand tombe la nuit, choisis bien ta souris. »