Résumé : Comment survivre quand on est la seule personne éveillée parmi des êtres en proie à des cauchemars éternels ?
Princesse héritière de Modighjem, Liv se retrouve isolée, prisonnière de son pays désormais morne, séparée du reste du monde par un bois infranchissable, né le soir de la malédiction. Jusqu’au jour où son destin erratique croise celui de ce personnage entouré de ténèbres, avec son parapluie pagode et ses airs de prince maudit…
Pourquoi continuer à vivre quand les personnes qui nous étaient chères ont été massacrées, quand une principauté entière a sombré face à la rage des hommes et que l’on est seul, le dernier représentant de son peuple ?
Lennart Leifsen a choisi la vengeance comme raison d’exister. Retranché dans son lugubre manoir, penché sur son rouet, il tisse chaque soir, à partir de ses larmes, le sort qui maintient les Modigs sous le joug de ses tourments. Jusqu’à ce que survienne cette jeune fille dépenaillée, aussi agaçante qu’inconsciente, et que les larmes providentielles se refusent à lui…
Auteur : Laetitia Arnould
Edition : Magic Mirror
Genre : Jeunesse
Date de parution : 22 Octobre 2018
Prix moyen : 18€
Mon avis : Après une réécriture de Blanche-rose et Rose-Rouge, Laetitia Arnould revient avec cette fois une réécriture de la Belle au bois dormant.
Une belle histoire, pleine de potentiel, mais qui présente des défauts qui font que je ressors de ma lecture assez mitigée.
D’abord, j’ai eu énormément de mal à entrer dans l’histoire à cause d’une écriture trop souvent pompeuse, au point d’en être parfois indigeste.
On a souvent l’impression que l’auteur veut montrer l’étendue de son vocabulaire au détriment de la clarté du récit. De plus, paradoxalement, elle semble incapable d’utiliser correctement les expressions les plus simples ou d’utiliser le présent du subjonctif lorsque cela s’avère nécessaire.
La compréhension est desservie par des phrases à rallonge là où des phrases simples et courtes auraient été plus percutantes.
Si un terme peut-être dit avec un mot alambiqué et un mot simple, vous pouvez être sûr que c’est le premier qui sera utilisé et que l’auteur préférera toujours parler de Feliw silvestris catus plutôt que de chat.
J’ai cependant trouvé la réécriture plutôt bonne même si j’ai regretté que trop de choses soient révélées trop tôt.
Ça m’a un peu gâché le plaisir de la découverte qu’une partie soit déjà dévoilée par le 4ème de couverture et que l’autre le soit par l’auteur dans des inter chapitres.
J’ai trouvé qu’il y avait trop de longueurs et pas assez de développement des personnages.
Liv est exaspérante, elle change d’avis comme de chemise et semble prête à taper du pied par terre à la moindre contrariété.
J’ai bien apprécié les clins d’œil à la seconde partie du conte, après le réveil de la princesse Aurore, partie qui est trop souvent mise de côté.
Je crois que ce qui m’a le plus dérangée, c’est que j’ai eu l’impression que l’auteur essayait de copier le style des contes d’autrefois sans toutefois y parvenir.
Pour moi, une réécriture ne doit pas forcément coller au style original mais peut explorer d’autres styles, d’autres époques. Pour faire référence à un autre appel à texte de la maison d’édition, intervertir le sexe des personnages principaux ou mélanger plusieurs contes ne suffit pas à faire une bonne réécriture.
Il m’a clairement manqué quelque chose, pas tant au niveau de l’histoire mais au niveau de l’écriture.
C’est la seconde fois que je suis déçue par une publication de cette maison d’édition. Il me reste un titre à lire en ma possession mais si je ne suis pas plus transportée par son histoire, je cesserais de les suivre.
Il y a bien trop de livres à lire !
Un extrait : Liv sortit sur le balcon pour prendre l’air. Tout en inspirant profondément, elle offrit un visage pâle à la légèreté automnale de la brise qui souleva sa chevelure couleur de terre et de cuivre. La jeune héritière du trône de Modighjem était la dernière à se trouver jolie, pourtant le contraste entre la blancheur de sa peau, sa chevelure sombre et ses nombreuses taches de son, était saisissant. D’ailleurs, sa mère, la grande-duchesse Anna, lui murmurait toujours à l’oreille qu’elle était aussi mystérieuse et pleine de charmes qu’une aurore boréale.
Avec une lenteur volontaire, Liv prit le temps de promener son regard au-dessus de l’horizon, quelque part entre les nuages endormis et des bandeaux de lumière vespérale. La jeune fille aimait ces rubans chaleureux que le ciel et les arbres déploient si souvent à l’automne. Aussi se concentra-t-elle sur cette vision, lointaine et apaisante.
Pendant plusieurs minutes, elle demeura ainsi, presque immobile. Elle soupira, consciente que les maniaques de l’étiquette n’allaient pas tarder à la rappeler à l’ordre, pour qu’elle vienne honorer les festivités de sa présence.
A la cour comme dans tout le royaume, entre les danses, les chats, les rires et les festins qui s’offraient sur des tables exubérantes comme une orgie de mets divers, on célébrait la mort du peuple de Skovhjem et la fin de la guerre. Pour l’occasion, on avait sorti les plus beaux services en or, versé le meilleur vin, convié les meilleurs musiciens.
Néanmoins, Liv ne se sentait pas disposée à retrouver la compagnie des nobles de la cour et des officiers rescapés, si élégants soient-ils dans leurs beaux uniformes de parade. Elle n’avait aucune envie de replonger dans cette ambiance de liesse qu’elle jugeait irrespectueuse, presque indécente.
Liv expulsa un soupir plus profond encore.
Elle n’était revenue à Modighjem que le matin même, en réponse au billet que son souverain de père avait fait porter par un petit télégraphiste en uniforme de serge bleu et marron. Le grand-duc confirmait la victoire dont Liv avait eu vent en entendant les vibrations musicales des cromornes, sept jours plus tôt.