Résumé : Madeline King et Grace Pancik sont meilleures amies et tout le monde sur Nantucket leur envie leur couple parfait, leurs beaux enfants, leurs soirées du samedi tous les quatre avec leurs maris dévoués. Mais cet été-là, quelque chose a changé et, s'il y a bien une chose que Nantucket aime encore plus que les cocktails sur la plage, c'est une bonne rumeur.
Et la rumeur court...
… que Madeline, romancière, n'arrive plus à écrire. Son éditeur s'impatiente, les factures s'accumulent et l'angoisse de la page blanche la conduit à prendre une très mauvaise décision.
… que Grace, occupée à transformer son jardin en véritable paradis, collabore d'un peu trop près avec son séduisant paysagiste.
… que le mari de Grace, l'agent immobilier Eddie Pancik à qui tout réussit, s'est lancé dans une activité plutôt singulière.
… que l'idylle entre le fils de Madeline, Brick, et la fille de Grace, Allegra, bat de l'aile, et que le désastre menace.
Alors que la rumeur enfle et que leur bonheur est menacé, Madeline et Grace tentent de démentir ; mais la vérité est peut-être encore plus sombre qu'elles ne le pensaient.
Auteur : Elin Hilderbrand
Edition : JC Lattès
Genre : Roman contemporain
Date de parution : 08 juin 2016
Prix moyen : 22€
Mon avis : Ah la rumeur ! Les cancans, les ragots, les on-dit, les potins, les racontars… le commérage quoi !
Quel que soit le nom qu’on lui donne, il n’y a pas plus dévastateur que la rumeur. D’autant plus que, si elle reflète parfois une once de vérité, le plus souvent, elle s’approprie un fait anodin qu’elle monte en épingle pour créer le scandale sans se soucier des dégâts qu’elle cause.
Madeline et Grace sont deux amies proches dont les enfants sortent ensemble. Elles et leurs familles vont être au cœur des rumeurs de cet été-là.
Certains aspects de ces familles étaient un peu agaçants, comme le désir d’Eddy de sauver les apparences même si cela signifie de ruiner à la fois sa famille et ses amis. Ou encore la manière dont Eddy, toujours lui, et Grace en veulent à Rachel, une ancienne amie, parce que son fils, Calgary, a quitté leur fille, Hope.
Grace et Eddy ont deux filles, des jumelles, mais qui n’auraient pas pu avoir des caractères plus différents.
Si Hope est une jeune fille sérieuse et intelligente, sa sœur, Allegra, est une vraie catastrophe qui ne pense qu’à sortir et à boire.
Entre un père qui ne pense qu’à gagner de l’argent et une mère qui n’a d’yeux que pour son jardin (et son jardinier paysagiste), les gamines sont un peu livrées à elles-mêmes.
La meilleure amie de Grace, Madeline est un auteur en manque d’inspiration qui, il faut le dire, ne fait pas tellement d’effort pour écrire.
Trevor, son mari, est certainement, avec Hope, le personnage le plus sain de ce roman. Certes, on peut lui reprocher de croire les bruits qui courent sans aucune preuve mais comme on dit qu’il n’y a pas de fumée sans feu, on peut lui pardonner d’avoir eu quelques doutes, surtout que Madeline ne lui dit pas tout.
Et c’est bien là la force de la rumeur, il y a toujours un élément conforme à la vérité : Eddy et Madeline se sont bien vu en tête à tête, mais cela veut-il dire pour autant qu’ils ont une liaison ? Le nouveau roman de Madelin raconte bien une histoire vraie, mais s’agit-il pour autant de la sienne ?
On peut se dire qu’on doit s’ennuyer ferme dans ces petites villes si on n’a rien d’autre à faire que de cancaner sur les voisins.
Et le pire, c’est que le plus gros truc passe quasiment inaperçu tant tout le monde est occupé se mêler de la vie privée de tout un chacun.
La rumeur était vraiment une bonne lecture. J’ai surtout aimé voir l’évolution d’Allegra et de sa relation avec sa sœur.
Un bon livre servi par une écriture agréable, sans longueurs excessives.
Un extrait : On n’aimait pas les ragots. On les adorait.
Est-ce que tu es au courant ?
La plupart du temps, vivre à Nantucket nous réconfortait ; on avait l’impression que l’océan nous tenait au creux de sa main. Mais parfois, cette île nous pesait et nous agaçait. L’hiver était difficile à supporter. Quant au printemps, il était pire encore, parce qu’il ressemblait exactement à l’hiver, sauf pendant quelques brèves semaines.
Que disait T.S. Eliot, déjà ? « Avril est le mois le plus cruel. »
Les ragots se propageaient toujours de façon effrénée au printemps. Ils coulaient comme l’eau d’un ruisseau après le dégel ; ils se répandaient comme du pollen. On ne pouvait pas s’empêcher de les répéter, de la même façon qu’on ne pouvait s’empêcher de frotter nos yeux allergiques.
Nous n’étions pas mal intentionnés, méchants ou cruels. On mourait simplement d’ennui et après une longue période sans les touristes, l’argent ou la magie de l’été, nos réservoirs étaient vides.
De plus, on était des êtres humains, en proie à la curiosité. On avait conscience que des choses se passaient ailleurs dans le monde, qu’on décodait des génomes humains sur le campus du MIT, que les plaques tectoniques bougeaient en Californie, que Poutine faisait la guerre à l’Ukraine, mais ces événements ne retenaient pas autant notre attention que ceux qui se déroulaient sur les cent soixante-huit kilomètres carrés de notre île. On échangeait des ragots chez le coiffeur, chez l’esthéticienne, au rayon « produits frais » du supermarché, au bar du Boarding House ; on recommençait le vendredi soir pendant l’apéritif au Club de pêche, le samedi à 17 heures entre les prie-Dieu de la messe et quand on faisait la queue pour acheter le New York Times, le dimanche matin.
Est-ce que tu es au courant ?