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[Livre] Black Hills (Paha Sata)

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Résumé : Au milieu du 19e siècle, aux États-Unis, l'avancée des colons blancs atteint la région des Black Hills et des grandes plaines. Le soir de ses fiançailles, la jeune Emma London, issue de la bourgeoisie de Chicago, est enlevée par une bande de Sioux Lakotas. Emmenée de force au village indien, Emma y restera prisonnière durant près de huit mois : huit mois de révolte et de confrontation avec ses ravisseurs, mais aussi de découverte d'un peuple paradoxalement attachant, au cœur duquel naîtra un improbable amour. Écartelée entre ses origines et une société qui la fascine, Emma va devoir choisir. Ce choix ne se fera pas sans danger...


Auteur : Christian Carlier

 

Edition : Plumes solidaires

 

Genre : Historique

 

Date de parution : 15 Octobre 2019

 

Prix moyen : 19€

 

Mon avis : C’est sur la proposition des éditions plumes solidaires que j’ai découvert ce roman.
Emma London est une jeune femme volontaire, qui n’est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds. Son père l’a fiancée à David Bentley, jeune homme de bonne famille, riche héritier, de la région des Black Hills dans le Dakota, à la limite des terres colonisées (oui, comme docteur Quinn, mais dans un autre état).
Après la mort de son père, Emma ne voit aucune raison de reprendre sa parole et quitte son Chicago natal pour rejoindre son futur.
Au cours de la soirée donnée pour fêter les fiançailles du fils de la maison, David et Emma s’éloignent dans le jardin et David, passablement ivre, tente de violer Emma.
Au même moment, un petit groupe de Sioux Lakota menés par le chef Chayton s’introduisent sur la propriété pour délivrer certains des leurs, prisonniers et réduits en esclavage par Bentley père.
Entendant les cris d’Emma et soucieux de ne pas laisser de témoins, ils s’approchent pour voir qui est là et David Bentley étant un homme qu’ils détestent, ils le frappent violemment, le laissant pour mort. Sur l’impulsion du moment, ils enlèvent Emma.
Commence alors pour la jeune femme une incursion aussi effrayante que fascinante dans le monde des sioux Lakota.
Comme tous les blancs de cette époque, Emma ne connait les indiens qu’à travers les préjugés véhiculés par ceux qui leur vole leurs terres, sans faire de distinction entre les différentes tribus.
Pourtant, au fil des jours de sa captivité, Emma découvre un peuple qui, s’il est sans pitié avec ses ennemis, plutôt vaniteux et enclin à une certaine violence, se montre parfaitement cordial avec ses prisonniers, et mène une vie tournée vers la nature où le respect de l’autre tient une grande place. Petit à petit, celle que les indiens appellent du nom indien signifiant Carcajou (à cause de son caractère mordant, comme l’animal), va s’adapter bon gré, mal gré, à sa nouvelle vie.
Pendant ce temps, chez les blancs, James Bentley est ivre de rage. Son désir de vengeance ne connait aucune limite. Et ce désir de vengeance est mêlé de son avidité de pouvoir. Je me suis même demandé sérieusement si c’était vraiment l’attaque de son fils qui le rendait furieux ou si c’était parce qu’il considère cette attaque comme une attaque contre son autorité.
C’est un homme qui veut avoir tout le monde à sa botte, ou, à défaut, sous sa coupe.
Ce mec à tout pour plaire : il n’est courageux que s’il est en position de force, hurle et menace dès qu’on le contrarie et enfin, méprise ouvertement tous ceux qu’il juge inférieurs, soit la quasi-totalité de son entourage.
L’auteur n’idéalise pas les indiens. S’il dépeint un mode de vie empreint de respect au sein de leur tribu, il montre aussi que les guerres entre les tribus avec scalp et vol de chevaux et de femmes est la norme et qu’ils sont enclins à régler les conflits dans le sang.
Mais aucun de ces défauts n’arrivent à la chevilles de ceux des blancs, pas forcément les colons, pauvres, qui viennent travailler la terre pour survivre et chez qui on attise la peur des indiens, mais les blancs qui sont là pour déposséder les indiens de leurs terres afin d’exploiter les ressources de cette dernière, et qui les chassent ou les réduisent en esclavage en les maltraitant et les rendant dépendant à l’alcool.
J’ai beaucoup aimé, à la fin du roman, avoir la signification des noms indiens ainsi que le calendrier qu’ils utilisent et qui rythme leur vie (j’ai particulièrement aimé la lune du gel dans le tipi, je me demande bien ce qui a inspiré ce nom ^^ ).
J’ai été complètement captivée par ce roman que j’ai lu d’une traite, n’arrivant jamais à m’en éloigner plus de quelques minutes (heureusement que je ne travaillais pas !).
Je voulais impérativement savoir ce qui allait se passer au chapitre suivant et même à la page suivante. Et je n’ai pas été déçue !

 

Un extrait : David et Emma sortent sur la terrasse afin de s’isoler de tous ces regards qui les suivent depuis le début de soirée. Seulement, il y a là aussi trop de monde. Un solide quadragénaire à la redingote élimée, la chemise ouverte sur un poitrail velu, vient leur réitérer ses vœux de bonheur d’une voix pâteuse. David propose à sa fiancée de faire quelques pas à l’extérieur, là où on les laissera en paix. Ils s’enfoncent lentement dans la nuit en se tenant par la main. Parce que la musique de l’orchestre fait écran, Emma n’entendra pas l’étrange mélopée qui vient de s’élever près d’eux, dans une partie du jardin qu’aucune lumière n’éclaire.

Il s’y trouve, invisible à cet instant, une baraque de bois très basse, longue et étroite, au bardage confectionné de planches disjointes. C’est de là que provient le chant. Des hommes y sont enfermés, des Peaux-Rouges, serrés dans un espace réduit et si bas qu’ils ne peuvent s’y tenir debout. Ils sont huit, jeunes, sauf un. C’est le vieux qui a entonné la mélopée d’une voix grave. Une voix qui dit leur présence.

David Bentley et sa milice les ont capturés la semaine précédente lors de l’attaque-surprise d’un camp de chasse où se trouvait Chayton. Ce dernier et quelques braves avaient pu s’échapper malgré les balles sifflant autour d’eux. Trois Peaux-Rouges avaient trouvé la mort, fauchés par les tirs des blancs. Les autres, stupéfiés, désarmés, avaient dû se rendre sans combattre. Ils ne faisaient que chasser sur leurs terres, loin du village des blancs. David Bentley les épargna parce qu’il avait besoin de cette main-d’œuvre gratuite et forcée qu’il loue aux fermiers aisés d’Oxfield. Pour faire taire les bonnes consciences — il s’en trouvait —, on présenta les Lakotas comme ayant été sur le point de commettre un vol de chevaux. Cela eut pu être possible, mais ce n’était pas le cas. Le vieil Indien n’avait pas vraiment de valeur marchande, toutefois James Benthey, qui se targue de bien connaître les indigènes, savait que les jeunes guerriers emprisonnés, poussés par la honte et l’affliction, pouvaient avoir des réactions extrêmes. La présence parmi eux d’un ancien se montrait apaisante. C’est pour cela qu’il avait épargné le vieux, pour qu’il conseille la sagesse aux jeunes. Les Lakotas ont foi en la parole des anciens. Peut-être que James Bentley ne connaissait pas si bien que cela les Lakotas, finalement.

 

Beaucoup aimé 4 étoiles.jpg

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