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Livres - Page 21

  • [Livre] La légende des quatre – T02 – Le clan des tigres

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    Lecture terminée le : 12 juillet 2019

     

    Résumé : La guerre contre les hommes est imminente : les hauts Conseils des Yokaïs se préparent déjà au pire tandis que Bregan, Maya, Nel et Wan associent leurs efforts pour éviter l’inéluctable. Et, alors que le visage de leur véritable ennemi se dévoile, les quatre héritiers n’ont qu’une idée en tête : éviter le bain de sang qui se prépare et protéger ceux qui leur sont chers...


    Auteur : Cassandra O'Donnell

     

    Edition : Flammarion jeunesse

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 07 novembre 2018

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : Après les événements du 1er tome, les quatre héritiers des quatre clans yokaï payent l’alliance qu’ils ont conclue dans le 1er tome et qui est vu comme une trahison par leurs clans respectifs.
    Brennan, l’héritier du clan des tigres, voit son titre remis en cause et enchaîne les combat à mort pour le défendre contre ses opposants.
    Nel, la jeune Rapaï, elle, a dû faire face à la colère de sa mère, bien plus redoutable que son conseil, mais on ne connaitra les détails de sa punition, qu’elle évoque au détour d’une conversation, d’un ton détaché, que plus tard dans le livre.
    De la même manière, on ne comprendra pourquoi Wan, le serpaï taciturne, ne semble pas être affecté par la réaction de son clan.
    C’est finalement Maya, la princesse lupaï, qui paye le prix le plus élevé : Enfermée, isolée (alors que les loups ont besoin d’être au contact de leur meute), interdite de transformation (ce qui est de la torture et pourrait la conduire à la folie), et condamnée au bannissement à la prochaine pleine lune (ce qui équivaut à une condamnation à mort).
    Mais, seuls conscients du danger que représentent les humains, ils décident de passer outre l’avis des anciens et de se réunir à nouveau pour tirer cette histoire au clair.
    Au cours de leur longue route vers l’endroit reculé où les hommes sont allés chercher les vestiges d’armes destructrices, on en apprend plus sur les adolescents et notamment sur Wan.
    Celui-ci est plus calculateur et froid que les autres adolescents, mais, quand on comprend le fonctionnement de la société Serpaï, que ce soit la naissance et la petite enfance ou la passation de pouvoir, on se dit que son attitude est peut-être une façade nécessaire qui ne reflète qu’en partie sa personnalité.
    Oui, bon, ok, je ne le cache pas, j’ai une affection particulière pour les deux psychopathes de la bande : Wan et Nel.
    Maya et Brennan sont trop raisonnables, quoique leur évolution à la fin du tome, me plaise bien.
    J’ai vraiment aimé ce tome, bien que j’avoue avoir affublée l’auteur de pas mal de nom d’oiseaux à une ou deux reprises.
    Dans cette suite, les 4 jeunes yokaï, surtout Brennan et Maya, doivent s’imposer au conseil de leur clan, leur montrer qu’ils ne se plieront pas à leurs désirs et qu’ils exigent d’être entendus. Ce qui ne va pas être du goût de tout le monde.
    La fin est assez inattendue quand on prend en compte les guerres intestines habituelles entre les camps yokaï.
    Cette fin promet un 3ème et un 4ème tome très sombres, dominés par la guerre avec les humains qui semble inévitable, ces derniers refusant de vivre plus longtemps sous la coupe des Yokaï et les Yokaï refusant de laisser plus de libertés à ceux qui ont déjà pratiquement détruit la planète.
    Donc effectivement, la guerre semble inévitable, et, traitez moi de psychopathe, mais j’ai hâte de voir ça !

     

    Un extrait : — Euh… tu es sûr de ce que tu fais ? grimaça Cook en regardant d’un air inquiet autour de lui.

    Une forte odeur de résine emplissait la forêt. Les branches des arbres se balançaient au-dessus de sa tête en dessinant d’étranges ombres chinoises sur le sol et s’étendaient au-dessus du sentier comme pour empêcher les intrus d’entrer.

    — Non, parce que ça va peut-être t’étonner, mais me faire égorger par une bande de canidés enragés ne figure curieusement pas sur la liste des trucs cool que j’avais prévu de faire aujourd’hui, poursuivit Cook d’un ton ironique.

    Bregan leva les yeux au ciel. Il n’était pas stupide. Pénétrer sur le territoire des Lupaïs était complètement insensé. Il risquait non seulement sa vie en franchissant les frontières d’un autre clan mais aussi de déclencher la fureur du Conseil des tigres. Ce dernier s’était montré très clair : il ne lui pardonnerait pas la moindre incartade. Plus maintenant. Pas alors qu’il tenait Bregan en partie responsable de la rupture du traité de paix conclu avec les humains et que sa position de prochain souverain du clan Taïgan ne tenait qu’à un fil. Mais Bregan s’en moquait. Il était fou d’inquiétude. Il n’avait pas eu de nouvelles de Maya depuis plusieurs semaines et il devait la voir coûte que coûte.

    — Si ça te fiche la trouille à ce point, tu peux toujours faire demi-tour, répondit Bregan d’un ton agacé.

    Cook lui lança un regard incrédule.

    — Ben voyons… Et à ta mère ? Je lui dis quoi à ta mère ? « Désolé d’avoir abandonné votre crétin de fils seul en territoire ennemi, vous ne m’en voulez pas, j’espère ? »

    — Si je comprends bien, tu préfères te faire bouffer par la meute plutôt que de devoir affronter ma mère ?

    Cook hocha vigoureusement la tête.

    — Sans hésitation.

     

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  • [Livre] Entre deux mondes

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    Lecture terminée le : 08 juillet 2019

     

    Résumé : Fuyant un régime sanguinaire et un pays en guerre, Adam a envoyé sa femme Nora et sa fille Maya à six mille kilomètres de là, dans un endroit où elles devraient l'attendre en sécurité. Il les rejoindra bientôt, et ils organiseront leur avenir.

    Mais arrivé là-bas, il ne les trouve pas. Ce qu'il découvre, en revanche, c'est un monde entre deux mondes pour damnés de la Terre entre deux vies. Dans cet univers sans loi, aucune police n'ose mettre les pieds.

    Un assassin va profiter de cette situation.

    Dès le premier crime, Adam décide d'intervenir. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il est flic, et que face à l'espoir qui s'amenuise de revoir un jour Nora et Maya, cette enquête est le seul moyen pour lui de ne pas devenir fou.

    Bastien est un policier français. Il connaît cette zone de non-droit et les terreurs qu'elle engendre. Mais lorsque Adam, ce flic étranger, lui demande son aide, le temps est venu pour lui d'ouvrir les yeux sur la réalité et de faire un choix, quitte à se mettre en danger.


    Auteur : Olivier Norek

     

    Edition : Michel Lafon

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 05 octobre 2017

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : Second livre d’Olivier Norek après Surtension que je lis, je me retrouve à peu de choses près dans le même état d’esprit que lors de ma première lecture de l’auteur.
    J’ai plongé assez rapidement dans l’histoire.
    Difficile de ne pas s’attacher à Adam, ce flic syrien qui risque sa vie en luttant à la fois contre DAESH et contre le gouvernement en place. Sur le point d’être découvert, il envoie en urgence sa femme et sa fille en France par la voie périlleuse des passeurs.
    Elles doivent l’attendre dans la « jungle de Calais », de là, ils comptent rejoindre l’Angleterre ensemble.
    Bond en avant de plusieurs semaines, et nous rencontrons Bastien. Flic dépassé par la dépression de sa femme, il a accepté d’être muté à Calais pour qu’elle puisse se rapprocher de sa mère.
    Il accepte mal l’attitude de ses collègues vis-à-vis des migrants : l’inertie. Qu’ils se battent, s’entretuent, s’en prennent aux calaisiens, rien n’est fait. La police ne rentre pas dans la jungle de Calais et se contente d’y reconduire les migrants qui ont commis des actes répréhensibles à l’extérieur sans les inquiéter.
    La jungle de Calais est donc une zone de non droit, et, à part quelques personnages comme Adam ou le petit Kalini, je n’ai pas ressenti la moindre empathie pour cette population violente, qui semble penser que les malheurs qu’ils ont vécu leur donnent tous les droits en compensation et sont incapable de se serrer les coudes entre eux, alors qu’ils sont dans la même galère.
    Les actes qui se déroulent dans ce camp sont insoutenables et on ne peut pas trouver des excuses à ceux qui les commettent.
    Petit bémol dans ma lecture, comme dans Surtensions, plusieurs histoires sont entamées, de manière fort détaillée, pour finir en queue de poisson ou même disparaitre en cours de route.
    Si je ne doute pas que, dans la vraie vie, cela doit arriver fréquemment, il n’en demeure pas moins que n’étant pas flic mais lectrice et lisant un thriller et non un documentaire, j’aurais apprécié d’avoir le fin mot de toutes les histoires entamées.
    J’ai aussi trouvé que le 4ème de couverture induisait en erreur concernant le contenu du roman.
    On nous promet des meurtres et une enquête là où il faut attendre plus de la moitié du roman pour qu’il y ait un meurtre, sans qu’aucune enquête soit faite.
    Le roman s’attache bien plus à parler des migrants, des passeurs, et de leurs méthodes, des trafics, des tentatives de passage en Angleterre…
    Le livre est résolument pro-migrant, rejetant la faute de l’attitude des migrants, afghans et libyens surtout, qui créent une vrai mafia à l’intérieur de la jungle, sur le gouvernement anglais (français aussi mais dans une moindre mesure) qui leur refuse l’installation dans leur pays.
    Un engagement politique qui est tout à l’honneur de l’auteur mais qui ne m’a pas apporté ce que je cherchais : un thriller.
    En dehors de cet aspect politique qui m’a dérangée, la lecture n’était pas déplaisante, bien au contraire.

    La fin est bouleversante et terriblement frustrante.
    Mais, malgré la frustration, elle rattraperait presque les éléments négatifs du récit.

     

    Un extrait : Insatiables, les pelleteuses dévoraient les cabanes et les tentes, les réduisant à l’état de débris pour en faire, un peu plus loin, des montagnes de plastiques, de tissus et de vêtements qui seraient anéantis par le feu lorsque le vent se serait calmé.

    Il ne restait plus rien sur cette lande de ce que l’espoir y avait construit.

    La pelle mécanique releva sa mâchoire et s’apprêta à traverser ce no man’s land de destructions. Le moteur s’emballa, l’engin cahota sur le sol irrégulier durci par le froid puis fit ligne droite vers sa prochaine cible, une vieille cabane en palettes de bois et au toit de carton. Une des dernières.

    Quelques années auparavant, une déchetterie et un cimetière se partageaient l’endroit. Puis l’État y parqua les migrants aux rêves d’Angleterre. Ce matin, la déchetterie avait repris forme. Mais lorsque les dents puissantes de la pelle mécanique s’enfoncèrent dans la terre, c’est le cimetière qui ressuscita.

    Comme il y avait trois bras visibles, à moitié déterrés par la pelleteuse, les ouvriers en déduisirent qu’il y avait au moins deux corps, là, dans ce trou, à la périphérie immédiate du camp. Dont celui d’un enfant, assurément, vu la taille d’un des bras. D’un coup de talkie, le chef d’équipe fut averti.

    Dissimulée à une vingtaine de mètres de là, une ombre longea l’orée des premiers arbres qui entouraient la Jungle, sans jamais perdre de vue le manège des engins. De leur côté, les ouvriers se placèrent en couronne autour de la scène, bêtement hypnotisés par l’horreur.

    L’un d’eux leva les yeux et vit une silhouette sortir des bois. Guenilles, cheveux longs et poisseux, peau noire, marron ou tout simplement sale. Et une machette, tachetée de rouille, tenue par la poignée le long de la jambe. L’homme s’approcha doucement, fixant chacun comme une menace, faisant taper la lame contre sa cuisse alors qu’il avançait. Il n’y eut personne d’assez valeureux pour se mettre en travers de son chemin et ils firent tous plusieurs pas en arrière.

    Face au trou, l’inquiétant inconnu s’agenouilla et se mit à gratter avec les mains cette terre qui recouvrait encore les cadavres. D’abord frénétiquement, accompagnant ses gestes de grognements animaux, puis de plus en plus calmement. Il toucha une jambe, caressa une main comme si elle était vivante. Il se saisit du bras d’enfant pour le porter juste sous ses yeux, puis il le renifla avant de le laisser retomber. Rigidifié par la mort, le bras demeura levé et droit quelques secondes puis, sous son propre poids, se reposa au ralenti sur le sol.

    Même en plein jour, l’homme restait une silhouette. Un amas de fringues répugnantes et de crasse, les bras plongés dans un charnier qu’il arrêta de fouiller comme s’il avait subitement perdu tout espoir. Il se releva, hagard, et repartit à reculons, machette toujours en main, pour disparaître à nouveau dans la forêt.

     

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  • [Livre] Rois de Cendres

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    Lecture terminée le : 07 juillet 2019

     

    Résumé : August et Jack n'ont jamais fait partie du même monde. August est discret, alors que Jack est la star du lycée. Pourtant, tous deux partagent bien des secrets, à commencer par leur amitié qui remonte à l'enfance. Quand Jack semble envahi par des hallucinations inquiétantes, c'est le monde d'August qui s'effondre. Il réagit alors de la seule façon qui lui semble envisageable : en plongeant dans la folie de Jack.


    Auteur : K. Ancrum

     

    Edition : Milan

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 20 février 2019

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : August et Jack sont deux amis fusionnels. Leur amitié a quelque chose de malsain. C’est une relation de domination mais il est difficile de dire qui est le plus affecté des deux. Jack est littéralement abandonné par ses parents et son seul socle affectif c’est August. August, de son côté, se démène pour garder la tête hors de l’eau, notamment financièrement, depuis le divorce de ses parents et la dépression de sa mère.
    Si Jack se pose comme le dominant, August est celui qui gère le quotidien.
    Jack voit un autre monde, qui se superpose au monde réel et cela, jusque-là, n’avait pas posé de problème, mais le « monde de Jack » semble devenir de plus en plus menaçant et Jack en est de plus en plus affecté.
    Les chapitres sautent d’une idée à l’autre de manière un peu déroutante, sans forcément beaucoup de logique au premier abord. C’est sur la durée seulement qu’une logique se dégage.
    Même si c’est un peu dur à suivre au début, cela renforce la folie de Jack et, dans une certaine mesure d’August.
    En effet, je trouve qu’August est aussi « fou » que Jack, peut-être même plus car il plonge dans le délire de Jack de son plein gré et c’est lui qui est l’instigateur de la relation malsaine qu’il y a entre eux.
    Ce que j’ai beaucoup aimé dans ce livre, c’est que, au fur et à mesure que Jack s’enfonce dans la folie, la noirceur envahit littéralement les pages du livre au point de finir avec une police blanche sur des pages complètement noires.
    Au-delà de l’histoire en elle-même, j’ai beaucoup aimé l’analyse que fait l’auteur dans sa postface sur la responsabilité de chacun et notamment des adultes qui n’ont pas été capable de voir que Jack s’enfonçait dans la folie parce qu’ils ne s’intéressaient pas à lui dans son ensemble mais seulement aux parties de lui qui les concernaient directement, laissant des ados essayer de gérer tout ça tout seuls.
    Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette lecture est intense.
    Je suis passée par toute une palette d’émotions : colère, inquiétude, tristesse…
    Au point qu’après cette lecture, il m’a fallu quelques jours avant de pouvoir lire autre chose.

     

    Un extrait : Les seules fois où ils se croisaient délibérément au bahut, c’était lors des matchs. Leur équipe de football américain n’était pas la meilleure, mais étant donné que c’était l’unique événement sportif de cette ville, on en faisait généralement tout un foin.
    August n’aimait même pas le football, ce qui ne l’empêchait pas d’assister aux matchs. Jack avait une passion ridicule pour le sport et cette année, il jouait en première ligne, alors August n’avait aucune excuse. Il n’applaudissait jamais, c’était trop d’efforts. Mais il se pointait, et ça semblait suffire.
    Après les matchs, ils se retrouvaient au vestiaire avant de prendre la Chevrolet Camaro pourrie de Jack pour aller faire les cons dans les champs.
    Ils se battaient pour rire. Ce genre de trucs.
    C’était une tradition. Ça rattrapait toutes les journées pendant lesquelles ils ne se voyaient pas. Sincèrement, il valait mieux que personne ne sache qu’ils se connaissaient mieux que ce qu’on soupçonnait. Ils étaient si éloignés l’un de l’autre dans le spectre social que personne n’aurait compris qu’ils se mettent à traîner ensemble du jour au lendemain. Ça aurait été comme se donner en spectacle, et August détestait ça. Certaines choses gagnaient à rester intimes.

     

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  • [Livre] Les dames de Kimoto

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    Lecture terminée le : 04 juillet 2019

     

    Résumé : Elles sont trois, ces dames de la famille Kimoto, avec leurs amours, leurs passions, leurs drames qui racontent le destin de la femme japonaise de la fin du XIXe siècle à aujourd'hui.


    Auteur : Sawako Ariyoshi

     

    Edition : Folio

     

    Genre : Classique

     

    Date de parution : 2018 dans cette édition. Première édition 1959 ; première édition française 1983

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : La mère, la fille, la petite-fille : de la fin du XIXème siècle à la fin des années 50, ce sont ces trois générations de femmes que l’on va suivre.

    On reste néanmoins du côté du point de vue de Hana que l’on suit de son mariage, à l’âge de 22 ans, à sa mort.
    Hana, élevée par sa grand-mère, construit sa vie selon la plus pure des traditions concernant le rôle et la place de la femme dans la société japonaise.
    Elle refuse catégoriquement l’évolution de la société. Son attitude montre bien que les traditions archaïques qui relèguent les femmes au rôle de quasi-esclave sont pérennisées non pas par les hommes, mais bien par les femmes.
    Quand sa fille, Fumio, cherche à s’émanciper du carcan de la tradition, elle provoque le désespoir de sa mère et même parfois des réactions violentes. Hana va faire pression sur son époux, qui serait plutôt partisan de laisser sa fille agir à sa guise, pour qu’il remette la demoiselle dans le rang, mais en vain.
    Fumio n’est guère délicate, mais il est fort à parier que la douceur ne lui aurait pas permis de s’extirper du destin qui aurait dû être le sien.

    La fille de Fumio, elle, dont la jeunesse va être bouleversée par la seconde guerre mondiale et la transformation politique du pays, va faire le lien entre modernité et tradition par la nostalgie qu’elle ressent pour cette dernière qu’elle n’a pas vraiment vécu.
    L’histoire est belle, bien écrite et prenante.
    Toutefois, j’ai un reproche à lui faire : A chaque fois que Fumio essuie un revers de fortune, c’est lié à son refus de suivre une tradition, comme si le sort la punissait de refuser de se plier aux croyances de sa mère. Je trouve dommage qu’un auteur qu’on a comparé à Simone de Beauvoir entérine l’asservissement de la femme en laissant entendre que tout se serait bien passé pour Fumio si elle était restée à sa place et s’était soumise aux désirs de sa mère.
    Certaines de ces traditions sont incompréhensibles pour un occidental moderne, comme l’obligation pour une jeune fille qui se marie de rompre les liens avec sa famille puisqu’elle « appartient » dorénavant à celle de son mari, ou encore l’obligation pour les fils cadet de partir fonder une nouvelle branche, sans héritage et sans le droit de conserver le nom de famille.
    D’autres semblent ridicules comme devoir nettoyer les toilettes quand on est enceinte pour assurer un accouchement facile (mais au moins, les toilettes seront propres, c’est déjà ça !).
    J’ai quand même eu l’impression constante que l’auteur voyait d’un mauvais œil l’abandon des traditions car elle ne cesse de montrer des conséquences désastreuses à leur non-respect.
    Cette lecture était agréable même si j’ai regretté que le livre prenne le parti des traditions archaïques plutôt que de montrer les côtés positifs de l’évolution.

     

    Un extrait : Tenant sa petite-fille Hana par la main, Toyono gravissait l’escalier de pierre d’une démarche décidée qui surprenait chez une femme de cet âge. Elle allait avoir soixante-seize ans et, renouant avec une habitude abandonnée depuis longtemps, elle avait fait venir, trois jours auparavant, une coiffeuse de Wakayama : ses cheveux blancs gonflés sur les côtés et relevés en arrière en un volumineux chignon – arrangement un peu trop jeune pour elle soulignaient ce que la journée avait d’exceptionnel. Sa chevelure épaisse et luisante gardait la trace de la beauté qu’elle avait eue autrefois, avant de perdre sa couleur de jais. Toyono, vêtue pour cette visite solennelle de deux kimonos superposés à petits motifs réguliers, semblait aider la jeune fille à monter les marches plutôt que s’appuyer sur elle. L’allure imposante de la Dame de Kimoto s’expliquait parce qu’en ce jour sa petite-fille quittait définitivement la demeure familiale pour se marier.

    Le mont Kudo était encore voilé par les brumes matinales de ce début de printemps. La main serrée dans celle de sa grand-mère, Hana franchissait les dernières marches de pierre. Elle aussi était coiffée avec recherche – une coiffure de mariée aux coques luisantes – et l’éclat rosé de son teint de jeune fille transparaissait sous l’austère maquillage blanc. Elle portait un kimono de cérémonie de crêpe de soie violet à très longues manches, et le gland de métal accroché à la pochette glissée entre les pans croisés du kimono tintait légèrement à chaque pas. Hana était si tendue qu’elle vibrait au bruit. L’étreinte de la main autour de la sienne lui rappelait que, maintenant qu’elle allait être admise comme bru dans une nouvelle famille, elle cesserait d’appartenir à celle où elle avait vécu les vingt années de son existence. Elle lui disait aussi la tristesse et le regret de sa grand-mère qui devait se résoudre à la laisser partir.

    Le prieur du temple Jison, averti la veille de leur visite, les attendait devant le pavillon consacré à Miroku. Il n’avait pas revêtu sa robe sacerdotale car Toyono avait précisé qu’elles ne venaient pas assister à son office. Il s’inclina avec déférence devant l’aïeule d’une famille qui, depuis des générations, manifestait un intérêt bienveillant à la trésorerie de son temple.

     

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  • [Livre] Les gardiens des anges – T02 – Les ailes de l’oubli

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    Lecture terminée le : 02 avril 2020

     

    Résumé : « Je m’appelle Lily, j’ai 18 ans et je fais partie de ces humains dotés de pouvoirs qu’on nomme les potentiels.

    J’ai été transformée en chasseuse et j’ai dû quitter Lyon ainsi que mes amis et tous mes souvenirs d’enfance pour le centre d’entraînement créé par mon père.

    Bienvenue à Brocéliande !

    Tu parles...

    Je n’ai pas le droit de sortir à cause de ce nécromancien qui me traque pour pouvoir renaître à travers moi. Heureusement, j’ai de nouveaux amis sur qui je peux compter, parce qu’entre mon père qui élude mes questions, et Max qui agit comme si je n’existais pas, je vais peut-être bien devenir folle. À moins que je ne finisse par tuer l’un de mes nouveaux professeurs...

    Et je ne vous ai pas encore parlé de ce garçon qui hante mes rêves et dont je ne vois jamais le visage. Il m’appelle à l’aide, et je crois être la seule à pouvoir le retrouver.

    La routine, quoi !

     

    Je m’appelle Lily, et je suis une chasseuse. »


    Auteur : Michèle Beck

     

    Edition : Autoédité

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 03 Avril 2020

     

    Prix moyen : 15,90€

     

    Mon avis : Sa mémoire effacée de toute traces de Matthew, Lily a rejoint le complexe d’entrainement de son père et le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle est sur la défensive.
    Elle semble ne pas adhérer à la logique des lieux qui veut qu’un bon surnat est un surnat mort.
    J’avoue que pour le peu de cours qu’on nous dévoile, je partage les réserves de Lily (je dirais même que je me méfie un peu de toute cette clique).
    En particulier, Luc me sort des yeux. J’y peux rien, c’est viscéral. Même quand il agit bien, il m’insupporte. Je n’ai aucune confiance en lui et, pour moi, il a sacrifié le bonheur de sa fille pour servir ses propres intérêts (enfin, du moins pour servir sa cause).
    J’ai bien aimé que Lily ne se laisse pas faire. Elle ne rend pas la tâche facile à son père. Parfois, je l’aurais souhaité plus dure avec lui. Il le mérite ! (Oui je suis plus vindicative et rancunière que Lily !).
    J’ai aussi beaucoup aimé la manière dont le subconscient de Lily tente de passer outre la modification de sa mémoire.
    En alternance avec les chapitres de Lily, on a des chapitres consacré à Matthew, toujours à la recherche des gardiennes disparues.
    De sacrées révélations sur les anges, et surtout les archanges, sont faites dans ce tome et j’ai hâte de voir ce que ces révélations vont donner dans le prochain tome.
    Enfin, à chaque début de partie, on a une chapitre sur cette mystérieuse jeune femme du XIIème siècle. Comment est-elle liée à Lily et Matthew ? Dans ce tome, on commence à entrevoir des réponses…
    L’histoire avance bien, les divers indices semés dans le tome précédent, et même dans ce tome, débouchent sur des révélations, voire sur de nouvelles questions.
    La fin est atroce. Un tel sadisme de la part d’un auteur ne devrait pas être permis et devrait être puni par la loi !
    Je peux vous dire que je l’ai maudite de s’arrêter là, à ce moment précis, nous laissant pleins d’interrogations et de doutes.
    Et bien sûr, maintenant, je surveille de près l’arrivée du tome 3 !

     

    Un extrait : Le claquement d’une porte me réveille en sursaut. Pendant un instant, je suis désorientée, puis je comprends. C’est ma nuit. Mon épreuve de la mise à mort.

    Tout le monde attend avec impatience cet évènement. Pour un bon nombre d’entre nous, c’est la première rencontre avec un surnat. Le premier affrontement.

    J’ai déjà eu affaire à un démon par le passé, avant mon arrivée au complexe, et même à un mort-vivant. On m’a demandé de garder ce dernier point pour moi. Je n’en parle donc pas. Cependant, tout est bien présent dans mon esprit. Les images, les sons, les odeurs. La souffrance de perdre mon meilleur ami, Charly.

    Bien que tous les élèves du complexe se languissent de l’épreuve de la mise à mort, personne n’entre dans les détails. On ne sait pas comment ça se passe. Le seul fait établi est qu’au cours d’une nuit, on doit tuer une créature surnaturelle. Laquelle ? Certains disent que c’est la loterie. Je ne suis pas de cet avis, je pense que mon père les choisit en fonction de nos capacités.

    Ce qui me surprend le plus c’est que personne ne s’inquiète d’avoir à tuer. Créatures surnaturelles ou pas, qui nous donne le droit de les supprimer ainsi ? À mon sens, c’est une exécution.

    Allongée par terre, je me redresse et procède à l’inventaire des lieux. Une salle rectangulaire, avec une fenêtre donnant sur une autre pièce, et deux portes. Sur le sol taché par diverses substances — du sang de toute évidence, mais aussi le contenu de l’estomac des précédents candidats — je repère un poignard.

    Au même instant, une des portes s’ouvre dans un grincement métallique et laisse entrer un homme. De grande taille, il semble confus. Sa respiration est rapide et bruyante. Un liquide, mélange de rouge et de noir, s’écoule de ses yeux.

    Les cris de Max, de l’autre côté de la vitre, attirent mon attention. Le silence de mon père, qui se tient près de lui, est plus éloquent.

    — Elle n’est pas prête à affronter un vampire !

    Mon père reste statique. Je ne sais pas ce qui me vexe le plus : le manque de confiance accordé par Max, ou la désinvolture de Luc face à ma mort prochaine.

     

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  • [Livre] Ce rêve bleu

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    Lecture terminée le : 29 juin 2019

     

    Résumé : Aladdin est un vaurien.
    Comme les autres habitants d'Agrabah, un pays pauvre, le jeune homme tente tant bien que mal de survivre. La princesse Jasmine, quant à elle, est sur le point de subir un mariage arrangé. Elle ne désire qu'une chose: échapper à son destin, découvrir ce qui se cache derrière les murs du palais.
    Mais tout bascule lorsque le conseiller du sultan, Jafar, prend subitement le pouvoir. À l'aide d'une lampe étrange dotée de pouvoirs extraordinaires, l'effrayant personnage tente de briser les lois de la magie, de l'amour, et de la mort. Désormais, Aladdin et la princesse déchue doivent unir le peuple d'Agrabah et mettre au point une rébellion pour faire tomber un dictateur avide de pouvoir, qui menace de déchirer le royaume...
    Ceci n'est pas l'histoire d'Aladdin telle que vous la connaissez. C'est une histoire de pouvoir. De révolution. D'amour. Une histoire où un seul détail peut tout changer.


    Auteur : Liz Braswell

     

    Edition : Hachette

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 15 mai 2019

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : Hachette développe deux nouvelles séries autour de l’univers Disney.
    La 1ère série raconte l’histoire des méchants de Disney, expliquant les raisons qui les ont poussés à devenir ce qu’ils sont.
    La seconde série raconte les histoires de Disney en changeant un élément crucial qui va modifier le cours de l’histoire telle qu’on la connait.
    Ce rêve bleu fait partie de la seconde série. L’histoire part du postulat qu’Aladdin n’a jamais récupéré la lampe des mains du vizir.
    Le début du livre est un quasi copier-coller du dessin animé, un peu étoffé par l’ajout de personnages, en prévision de la suite, jusqu’aux dialogues qui en sont la transcription exacte.
    Mais soudain, au beau milieu d’une scène bien connue de tous ceux qui ont vu le dessin animé, voilà que tout bascule.
    Jafar s’empare de la lampe, pousse Aladdin dans les entrailles de la caverne aux merveilles et… Abu ne subtilise pas cette satanée lampe.
    Du coup, non seulement Aladdin ne rencontre pas le génie, mais Jafar a entre les mains ce qu’il a toujours souhaité.
    Et tout prend dès lors un tour beaucoup, beaucoup plus sombre.

    Certaines scènes, comme l’entrée d’Aladdin en Ali dans Agrabah, sont reprises et détournée au profit de Jafar.
    Le sorcier, furieux de se voir limité dans ses vœux, décide de tout faire pour briser les lois de la magie, ce qui correspond bien au personnage.
    Les différents caractères sont bien représentés et approfondis. Ils ne sont pas invincibles, ont des failles et commettent des erreurs.
    La folie de Jafar ne connait aucune limite. Toute la partie avec les morts et les patrouilles de la paix sont vraiment prenantes.
    Aladdin n’a pas que le désir de conquérir Jasmine, il est aussi très préoccupé par le sort des classes les plus pauvres d’Agrabah.
    J’ai adoré cette histoire qui offre une alternative plus sombre mais très crédible à l’histoire que nous a fait connaitre Disney.
    Les nouveaux personnages qui sont introduit dans l’histoire sont géniaux. J’ai particulièrement aimé Morgiana (petit clin d’œil au conte d’Ali Baba des 1001 nuits ? Où l’esclave d’Ali, Morgiane, le sauve de la vengeance des voleurs et est affranchie en récompense)
    Certains aspects de l’histoire m’ont vraiment bluffée, comme le tapis ou encore Iago.

    J’avoue que je ne m’attendais pas à la fin, ou du moins à une partie de la fin. Mais c’était vraiment bien trouvé et j’espère que l’autre livre de cette série que je possède, sur la Belle et la Bête, sera aussi bien tourné.
    En tout cas, j’ai hâte de le découvrir.

     

    Un extrait : Peut-être que la lune était là, quelque part dans le ciel, mais l’astre du jour régnait désormais, et tout s’évanouissait dans sa clarté ardente – qui brûlait plus encore sur les toits aveuglés de soleil.

    - Enfin seul ! dit Aladdin, le sourire aux lèvres, en serrant son trésor durement acquis.

    Il regarda brièvement par-dessus le parapet pour vérifier que personne ne pouvait le voir. Ses bras sombres le soulevèrent sans effort au-dessus des briques râpeuses. Puis il s’assit et se détendit, prêt à partager le précieux magot. Ses grands yeux bruns pétillaient d’impatience :

    - Une miche de pain. Ça vaut tous les joyaux froids et scintillants du bazar.

    Le petit singe à ses côtés piaillait d’excitation.
    Abu était le dernier présent de sa mère. Le père d’Aladdin, bien sûr, n’était jamais revenu de « sa quête de fortune à l’étranger ».
    Aladdin n’avait jamais cru à cette fable, de tout manière, ce n’était donc pas une grande perte. Sa mère, qui craignait qu’Aladdin ne perde pied sans véritable famille, pensait qu’un animal de compagnie pourrait l’adoucir.
    Et peut-être que c’était le cas…
    … sauf qu’il devait désormais voler pour deux.

    - Ne bouge plus, voleur !

    Abu s’enfuit. Aladdin se dressa sur ses pieds.
    Les gardes avaient réussi à escalader l’échelle derrière lui. Deux d’entre eux se tenaient maintenant sur le toit. Rasoul, hors de lui, suivait de près. Ces derniers temps, il portait le turban rayé orné d’un onyx noir qui faisait de lui le capitaine de la garde. S’il avait eu trop souvent affaire à lui, Aladdin devait bien reconnaître qu’il avait gravi honnêtement les échelons.
    Mais ça ne voulait pas dire qu’il l’appréciait.

     

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  • [Livre] Nous danserons encore sous la pluie

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    Lecture terminée le : 28 juin 2019

     

    Résumé : Marie et Damien viennent de fêter leurs 30 ans, il s'aiment, ils ont des projets de mariage et de bébé. Leur amour est solide. Leur avenir, plein de promesses.
    Survient un accident. Damien est frappé d'amnésie. Il ne se souvient plus qui est Marie pour lui.
    Dès lors, que restera-t-il des promesses et de leur amour ?
    Ce lien, en apparence si fort, n'est-il qu'un fétu de paille balayé par le premier vent contraire ?


    Auteur : Valérie Bel

     

    Edition : Diva

     

    Genre : Romance

     

    Date de parution : 2018

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : Ce livre étant un livre autoédité, il n’est pas passé entre les mains d’un professionnel pour être remanié. Et ça se sent.
    La plume est belle, un peu trop parfois.
    Les dialogues manquent parfois de naturel, ils sont un peu trop formels.
    Mais l’auteur a du potentiel et il aurait juste fallu adapter le ton aux circonstances pour qu’il n’y ait plus rien à redire sur la forme.
    Concernant l’histoire, je n’ai pas accroché.
    L’idée était intéressante et j’aurais sûrement beaucoup aimé si je n’avais pas autant détesté Damien.
    Avant son accident, Damien se montre régulièrement agressif verbalement. Selon les propres dires de Marie, il souffle le chaud et le froid, la culpabilisant à coup de remarques acides avant de s’excuser de ses « mouvements d’humeur ». La marque des pervers narcissiques.
    Après l’accident, il est odieux, d’une manière que l’amnésie n’excuse pas.

    Qu’il soit perturbé par sa perte de mémoire est parfaitement compréhensible, mais ça ne le dispense pas de se montrer poli.
    Quant à Marie, j’aurais eu de la compassion pour elle si elle avait seulement été prise au piège des manipulations de son compagnon.

    Mais son caractère est déplaisant. C’est une gamine capricieuse qui veut tout, tout de suite, qui ne supporte pas de ne pas être le centre de l’attention de son compagnon.
    Il y a un petit triangle amoureux et j’ai trouvé que Marie l’exploitait mal. Mais j’ai bien aimé les passages dédiés à la perte de mémoire, avec la Belle-mère qui essaie d’en profiter.
    La plume de l’auteur est vraiment belle, ce qui m’a donné envie de poursuivre l’histoire (si on excepte les dialogues) et même si je n’ai pas vraiment apprécié le contenu du récit, je ne regrette pas ma lecture.

     

    Un extrait : Le matin du troisième jour, avant d’atteindre le box de Damien, je fus alpaguée par l’infirmière de service.

    —   Mademoiselle, mademoiselle, attendez ! Le professeur souhaite vous voir avant que vous ne vous rendiez auprès de votre conjoint. Laissez-moi vous accompagner jusqu’à son bureau.

    Je la suivis docilement à travers les couloirs aux odeurs médicamenteuses, où chaque pas résonnait, jusqu’au bureau dudit professeur. Elle frappa à la porte entrouverte et reçut en retour un « oui » avenant.

    —   La compagne de Monsieur Acom est là…

    —   Faites-la entrer !

    Elle se mit de côté pour me laisser passer et partit.

    —   Je vous en prie, asseyez-vous ! dit le professeur d’une voix chaleureuse.

    C’était un homme d’une soixantaine d’années aux cheveux et à l’épaisse moustache blancs, auquel la sérénité, la bonhommie et la malice de ses traits donnaient des airs de père Noël. Il posait sur moi un regard bienveillant. Presque un peu trop bienveillant. Quelle annonce avait-il à me faire ? Il prit une profonde inspiration avant de parler :

    —   Madame, j’ai une bonne nouvelle et une mauvaise.

    Autre ample inspiration, comme pour m’inviter à mobiliser mon courage.

    —   Votre conjoint est sorti du coma…

    Je me redressai. Ce n’était pas une bonne mais une merveilleuse nouvelle ! A ce moment-là je pensai seulement : « Il ne va pas mourir, il ne va pas mourir ! » Quelle pouvait être la mauvaise nouvelle ?

    —   Mais… il semble qu’il souffre de séquelles…

    Je n’avais pas envie de précautions verbales. Juste la vérité. En urgence. Vite.

    —   Desquelles ?

    —   Il semble souffrir d’amnésie.

     

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  • [Livre] La merveilleuse boutique de crèmes glacées de Viviane

    La merveilleuse boutique de crème glacée de Viviane.jpg

     

    Lecture terminée le : 27 juin 2019

     

    Résumé : Quand Imogen et Anna héritent de façon totalement inattendue de la petite boutique de crèmes glacées de leur grand-mère, leur vie va se trouver chamboulée. Le glacier qui se trouve à Brighton en bord de mer possède énormément de charme mais n'attire plus les clients. L'été approchant à grand pas, les deux sœurs vont devoir trouver des solutions ! Leur meilleure volonté pourra-t-elle surmonter les tensions dans leurs familles leurs vies sentimentales agitées et le très réputé climat anglais ? Une chose est sûre, cet été ne sera pas comme les autres...


    Auteur : Abby Clements

     

    Edition : Prisma

     

    Genre : Contemporaine

     

    Date de parution : 05 juin 2014

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Il parait que c’était LE roman de l’été 2014. Je suis un poil en retard, pas vrai ? Il faut dire que question livres, je suis longtemps arrivée après la bagarre (comme les flics la cavalerie).
    Ça n’arrive plus (bon ok, disons que ça arrive moins souvent) depuis que je regarde booktube.
    J’ai donc vu souvent ce livre mentionné sans savoir exactement de quoi il parlait.
    Mais j’avais besoin d’une histoire se déroutant en été et ça me paraissait coller (la crème glacée m’a un peu mis sur la voie, j’avoue).
    Le début est un peu long et tout le côté « psychologique » (La passion du voyage d’Imogen, la relation amoureuse d’Anna, la dépression de leur père, les manipulations de la tante Françoise…) est survolé et la résolution de ces « problèmes » bien trop facile et rapide considérant l’importance donné à chacun d’entre eux quand ils sont présentés.

    Par contre, j’ai adoré la réhabilitation de la boutique, et surtout les expérimentations d’Anna qui me donnent envie d’enfin tester ma sorbetière.
    Sinon, tout est plutôt prévisible et notamment les amourettes des deux sœurs.

    En fait, il aurait fallu soit se consacrer exclusivement à la boutique et aux crèmes glacées et à ce qui touche directement à cela, soit faire un roman plus long pour intégrer les relations sentimentales des sœurs en les approfondissant correctement.

    Cela dit, je l’ai lu en pleine canicule et il faut avouer que lire un bouquin où il faut avouer que lire un bouquin où il n’y a pas à réfléchir est assez appréciable.
    C’était une lecture sympathique, à défaut d’être palpitante.

     

    Un extrait : Toute la famille connaissait bien la maison, surtout Tom et Martin qui y avaient grandi. Une maison mitoyenne de style victorien, dans une rue calme et résidentielle, aux pièces spacieuses et aux plafonds hauts, flanquée d’un grand jardin avec un bassin. Tous y avaient des souvenirs. Cette maison avait toujours été pleine de bruit et de vie.

    Viviane parlait depuis des années de trouver quelque chose de plus petit et fonctionnel. Mais Anna sentait bien qu’il lui était difficile de quitter le foyer qu’elle avait partagé tant d’années avec son mari Stanley.

    — Elle revient à parts égales à ses deux fils, Tom et Martin.

    Les frères échangèrent un signe de tête amical.

    Le notaire remonta légèrement ses lunettes sur son nez, et se tourna à nouveau vers ses papiers.

    — Passons à une autre part importante de la succession.

    Tous savaient ce qui allait suivre. Les mains manucurées de Françoise se levèrent vers son collier pour en triturer les délicates perles crème.

    Anna se mordit la lèvre. Tandis que le notaire feuilletait les pages, elle repensa à la conversation familiale au petit déjeuner, chez ses parents :

    — Elle n’est pas trop mal située, cette boutique, avait commenté Françoise en se versant une tasse de café noir. (La nourriture devant elle demeurait intacte.) Je crois qu’elle a du potentiel. Espérons que Viviane aura bien réfléchi à la personne la mieux placée pour le comprendre.

    L’ambition dans sa voix était impossible à ignorer.

    — Oui, je ne sais pas très bien ce que j’en ferais, avait dit Tom d’un ton un peu rêveur. (Il plongea une mouillette dans son œuf à la coque et la tint en l’air.) Je n’ai guère l’esprit d’entreprise, et ces temps-ci, je suis très occupé par mes sculptures. Et maman sait bien que Jan consacre tout son temps à l’agence. Enfin, elle savait bien, rectifia-t-il en posant sa mouillette au bord de son assiette, comme si sa faim avait disparu.

    — Et nous bien sûr, on vit à Paris, remarqua Martin en beurrant un toast.

    — Mais ce n’est pas forcément un problème, objecta Françoise en portant sa tasse à ses lèvres maquillées de rouge. Martin, tu sais bien que je cherchais un petit… Comment dit-on déjà ? Un petit projet. Ce serait peut-être la solution ? Bien entendu, nous devons attendre de connaître la décision de Viviane, mais espérons qu’elle aura montré davantage de sens des affaires que dans la gestion de sa boutique.

     

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  • [Livre] Mers mortes

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    Lecture terminée le : 26 juin 2019

     

    Résumé : Les humains ont massacré les mers et les océans. L’eau s’est évaporée ; les animaux sont morts. Quelques années plus tard, les mers et les océans reviennent. Ils déferlent sur le monde sous la forme de marées fantômes et déplacent des vagues de poissons spectraux, tous avides de vengeance. Les fantômes arrachent leurs âmes aux hommes et les dévorent. Bientôt, les humains eux aussi seront éteints… Leur dernier rempart face à la mort : les exorcistes. Caste indispensable à l’humanité, les exorcistes sont bien entendu très convoités. L’un d’eux, Oural, va se faire kidnapper par une bande de pirates qui navigue sur les mers mortes à bord d’un bateau fantôme. Voilà notre héros embarqué de force dans une quête sanglante et obligé, tôt ou tard, de se salir les mains…


    Auteur : Aurélie Wellenstein

     

    Edition : Scrineo

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 14 mars 2019

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : Un autre livre d’Aurélie Wellenstein, je ne pouvais pas résister. Et pourtant, la lecture de ses livres n’est jamais un long fleuve tranquille, bien au contraire.
    Dans « Mers mortes », l’auteur met en avant la maltraitance animale. Le sujet principal du roman est déjà limpide, mais, pour appuyer ses dires, aurélie Wellenstein nous raconte certaines scènes de massacre (Je ne peux décemment pas appeler cela de la pêche) vues du point de vue des victimes à qui elle prête sentiments humains et conscience.

    Je ne suis ni vegan, ni particulièrement portée sur l’écologie. Je pense que la Terre se régénéra très bien sans aide, comme elle l’a déjà fait par le passé, du moment que ses parasites actuels auront disparus, et que le but des écolos n’est pas tant de sauver la planète que de nous sauver nous-même. Or je pense que nous somme  destinés à disparaitre afin que la planète puisse recommencer un nouveau cycle, comme ce fut le cas après les dinosaures.

    D’ailleurs Oural, l’exorciste, se pose cette question : les humains valent-ils la peine d’être sauvés ? Et si oui, ce qui se discute, à quel prix ?

    Je ne me suis jamais vraiment attachée aux personnages.
    Les pirates étaient une idée originale pour un monde où les mers et océans ont disparus. Mais même si le but qu’ils poursuivent leur semble noble, j’ai eu beaucoup de mal à cautionner leurs méthodes. Surtout celles de Bengale, leur chef, qui affiche au mépris incroyable pour autrui.

    J’ai un peu plus apprécié Oural qui, malgré les circonstances, cherche à respecter son serment en protégeant les êtres humains.
    Cela dit, Oural change. Ses cauchemars l’éloignent de plus en plus de l’humanité pour le rapprocher des fantômes des animaux. Il les combat toujours mais commence à comprendre les raisons de leur colère.

    Les scènes des marées hautes sont impressionnantes, tout comme les souvenirs des tueries qui les ont provoquées.
    Et comme si les marées hautes ne présentaient pas un danger suffisant, comme à chaque fois que la situation est désespérée, il faut aussi se méfier de ses semblables : La peur, l’avidité, la soif de pouvoir, sont autant de raisons pour les être-humains de s’entretuer.

    Du côté de l’écriture, j’aime toujours autant la plume de l’auteur, sans surprise.
    Le seul petit bémol, qui m’a fait grincer des dents tout au long du livre, c’est l’emploi de « Delphine » pour désigner un dauphin femelle. Il n’y a PAS de féminin à dauphin (tout comme il n’y a pas de masculin à grenouille, d’ailleurs).
    Si encore elle avait utilisé « Dauphine », j’aurais moins grincé des dents, car au moins il s’agit d’un nom commun, contrairement à Delphine qui est strictement un nom propre.

    La fin du roman comporte comme toujours une part de frustration tout en apportant de la satisfaction.
    Et malgré ce petit point de langage énervant, « Mers mortes » est un roman addictif, presque impossible à lâcher avant la dernière ligne.

     

    Un extrait : La vague roulait sur lui en silence. Face à elle, l’exorciste était impuissant. Personne en ce monde ne pouvait la repousser ou la faire dévier. Elle allait se fracasser sur eux, les recouvrir. El alors, les fantômes des animaux marins surgiraient. D’un coup, ils seraient tous là, avides. Il les sentait déjà qui se pressaient dans l’air, affamés, impitoyables. Oural avala sa salive. Aux yeux des spectres, il était comme une torche jetée dans les ténèbres. Son âme brillait avec une telle force…

    Une minute avant l’impact.

    La brèche entre les plans s’élargissait. Les survivants n’occupaient plus qu’un coin minuscule du monde et les océans colossaux se pressaient contre les murs fragiles de leur refuge. C’était difficile à concevoir… Oural avant la tête légère.

    Trente secondes.

    La vague fantôme ressemblait désormais à une nappe de brouillard tendue d’un bout à l’autre du ciel. Une brume de poix. On en distinguait plus rien à vingt mètres. Les formes noires dansaient, se chevauchaient, s’étiraient. Des algues fantômes, rien d’autres. C’était une chance.

    Quinze secondes

    Dans le bastion s’éleva la mélopée de ses sujets. Durance commençait la messe. Son bouclier allait progressivement recouvrir l’église pour les dissimuler aux yeux des monstres.

    C’est très bien petite, pensa-t-il.

    Dix seconde

    Durance avait toujours été bonne élève. Une fille sérieuse, née après la catastrophe. Comment des parents pouvaient-ils avoir la cruauté de faire naître un enfant dans un monde pareil ?

    Cinq secondes.

    Jusqu’à quel âge vivrait Durance ?

    Quatre secondes.

    Quinze ans grand maximum ?

    Trois secondes.

    Oural retint machinalement sa respiration. La vague géante toucha les créneaux du bastion.

    Deux secondes.

    Se répandit sur les terrasses.

    Une.

    Et engloutit Oural.

     

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  • [Livre] L’ombre de l’autre femme

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    Lecture terminée le : 23 juin 2019

     

    Résumé : Quand Libby rencontre Jack, elle croit vivre le plus grand bonheur de sa vie. Elle l'épouse quatre mois plus tard. Mais à peine a-t-elle emménagé dans la grande demeure de son mari que son rêve tourne au cauchemar. Jack est obsédé par son ex-femme décédée, Eve. Et son comportement est de plus en plus étrange.
    C'est alors que Libby découvre qu'Eve a peut-être été assassinée. Elle décide de tout faire pour savoir ce qui lui est arrivé.
    Et si Libby était elle aussi en danger ?


    Auteur : Dorothy Koomson

     

    Edition : Charleston noir

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 10 avril 2018

     

    Prix moyen : 9€

     

    Mon avis : Dans la première partie du livre, une ambiance pesante est mise en place. On alterne entre le passé, au moment de la rencontre de Jack et Libby, et le présent qui commence avec un accident dans lequel Libby a été gravement blessée.
    C’est au cours de cette partie que l’on apprend les circonstances de la mort de Eve, la première femme de Jack, et que l’on voit le souvenir de cette dernière s’immiscer entre Libby et son mari.
    J’ai trouvé dommage que la flic qui montre une hostilité particulièrement tenace envers Jack, ne soit pas plus exploitée. Même si j’ai vraiment apprécié de voir Libby rembarrer cette saleté, j’ai vraiment regretté que cette punaise disparaisse ainsi, en un claquement de doigts.

    Dans la seconde partie, on plonge dans la vie d’Eve, via ses journaux intimes que l’on découvre en même temps que Libby.
    On assiste alors à la véritable descente aux enfers d’une jeune femme que la vie n’a décidément pas épargnée.
    Je crois que j’ai encore plus aimé cette partie que la première. J’ai aimé voir le cheminement d’Eve, son évolution dans la vie comme son évolution psychologique.
    Plus Libby, et nous par la même occasion, avance dans la lecture des journaux, plus on sent une menace planer sur la jeune femme.

    On se demande très vite si la mort d’Eve est vraiment accidentelle ou si elle est liée à son lourd passé. Car dans ce passé, les suspects ne manquent pas.
    L’un d’eux, en particulier, m’a semblé très intéressant mais je n’aurais jamais cru que cette piste m’entrainerait là où elle m’a conduit.
    Mais remonter cette piste ne sonne pas la fin du livre, car il reste à Libby à se dépatouiller de tout ce qu’elle va découvrir.
    L’angoisse avait un peu diminuée au profit d’une certaine répulsion à l’égard de la gent masculine à la lecture de l’histoire d’Eve, mais elle va revenir dès lors qu’on réalise qu’avoir trouvé ces récits met Libby en grand danger.
    La toute fin du roman était une surprise mais j’ai vraiment adoré ça. Ça change de ce qu’on a l’habitude de voir.

     

    Un extrait : Quand je pense à Jack, j’essaie de penser à nos jambes flageolantes au sortir des montagnes russes miniatures au bout de la jetée de Brighton. J’essaie de penser à nous deux, allongés sur une couverture élimée sur la plage de galets, des filaments de barbe à papa collante plein la bouche.
    J’essaie de penser aux poignées de pop-corn fourrées dans ma chemise au premier rang de cinéma, à nos fous rires, à moi pliée en deux, les larmes roulant sur mes joues.

    « Libby, Libby, allez, réveillez-vous. Ne vous endormez pas tout de suite. »

    Cette voix douce, légèrement implorante, résonne comme un encouragement.
    J’ouvre les yeux et il est flou. L’homme à la voix douce et implorante apparait, un peu trouble. Cligner des yeux ne semble rien y faire. J’ai le visage trempé, la tête qui me tourne et un froid glacial s’est emparé de moi. La douleur me transperce le corps.

    « C’est bien. Essayez de garder les yeux ouverts, ok ? Essayez de rester éveillée. Vous savez qui je suis ? Vous vous souvenez de moi ?

    - Sam, dis-je, même si je n’ai pas l’impression que les mots sortent de ma bouche. Vous êtes un pompier, donc votre nom c’est Sam, comme dans le dessin-animé. »

    Je le vois un peu plus nettement maintenant que le voile s’estompe et j’arrive à distinguer suffisamment pour entrevoir son visage mat se fendre d’un sourire.

    « - C’est presque ça.

    - Je vais mourir ? »

    Encore une fois, je ne sais pas trop si j’ai parlé, mais Sam le pompier à l’air de ma comprendre.

    « - Pas si je peux l’éviter. »

     

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