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[Livre] Entre deux mondes

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Lecture terminée le : 08 juillet 2019

 

Résumé : Fuyant un régime sanguinaire et un pays en guerre, Adam a envoyé sa femme Nora et sa fille Maya à six mille kilomètres de là, dans un endroit où elles devraient l'attendre en sécurité. Il les rejoindra bientôt, et ils organiseront leur avenir.

Mais arrivé là-bas, il ne les trouve pas. Ce qu'il découvre, en revanche, c'est un monde entre deux mondes pour damnés de la Terre entre deux vies. Dans cet univers sans loi, aucune police n'ose mettre les pieds.

Un assassin va profiter de cette situation.

Dès le premier crime, Adam décide d'intervenir. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il est flic, et que face à l'espoir qui s'amenuise de revoir un jour Nora et Maya, cette enquête est le seul moyen pour lui de ne pas devenir fou.

Bastien est un policier français. Il connaît cette zone de non-droit et les terreurs qu'elle engendre. Mais lorsque Adam, ce flic étranger, lui demande son aide, le temps est venu pour lui d'ouvrir les yeux sur la réalité et de faire un choix, quitte à se mettre en danger.


Auteur : Olivier Norek

 

Edition : Michel Lafon

 

Genre : Thriller

 

Date de parution : 05 octobre 2017

 

Prix moyen : 20€

 

Mon avis : Second livre d’Olivier Norek après Surtension que je lis, je me retrouve à peu de choses près dans le même état d’esprit que lors de ma première lecture de l’auteur.
J’ai plongé assez rapidement dans l’histoire.
Difficile de ne pas s’attacher à Adam, ce flic syrien qui risque sa vie en luttant à la fois contre DAESH et contre le gouvernement en place. Sur le point d’être découvert, il envoie en urgence sa femme et sa fille en France par la voie périlleuse des passeurs.
Elles doivent l’attendre dans la « jungle de Calais », de là, ils comptent rejoindre l’Angleterre ensemble.
Bond en avant de plusieurs semaines, et nous rencontrons Bastien. Flic dépassé par la dépression de sa femme, il a accepté d’être muté à Calais pour qu’elle puisse se rapprocher de sa mère.
Il accepte mal l’attitude de ses collègues vis-à-vis des migrants : l’inertie. Qu’ils se battent, s’entretuent, s’en prennent aux calaisiens, rien n’est fait. La police ne rentre pas dans la jungle de Calais et se contente d’y reconduire les migrants qui ont commis des actes répréhensibles à l’extérieur sans les inquiéter.
La jungle de Calais est donc une zone de non droit, et, à part quelques personnages comme Adam ou le petit Kalini, je n’ai pas ressenti la moindre empathie pour cette population violente, qui semble penser que les malheurs qu’ils ont vécu leur donnent tous les droits en compensation et sont incapable de se serrer les coudes entre eux, alors qu’ils sont dans la même galère.
Les actes qui se déroulent dans ce camp sont insoutenables et on ne peut pas trouver des excuses à ceux qui les commettent.
Petit bémol dans ma lecture, comme dans Surtensions, plusieurs histoires sont entamées, de manière fort détaillée, pour finir en queue de poisson ou même disparaitre en cours de route.
Si je ne doute pas que, dans la vraie vie, cela doit arriver fréquemment, il n’en demeure pas moins que n’étant pas flic mais lectrice et lisant un thriller et non un documentaire, j’aurais apprécié d’avoir le fin mot de toutes les histoires entamées.
J’ai aussi trouvé que le 4ème de couverture induisait en erreur concernant le contenu du roman.
On nous promet des meurtres et une enquête là où il faut attendre plus de la moitié du roman pour qu’il y ait un meurtre, sans qu’aucune enquête soit faite.
Le roman s’attache bien plus à parler des migrants, des passeurs, et de leurs méthodes, des trafics, des tentatives de passage en Angleterre…
Le livre est résolument pro-migrant, rejetant la faute de l’attitude des migrants, afghans et libyens surtout, qui créent une vrai mafia à l’intérieur de la jungle, sur le gouvernement anglais (français aussi mais dans une moindre mesure) qui leur refuse l’installation dans leur pays.
Un engagement politique qui est tout à l’honneur de l’auteur mais qui ne m’a pas apporté ce que je cherchais : un thriller.
En dehors de cet aspect politique qui m’a dérangée, la lecture n’était pas déplaisante, bien au contraire.

La fin est bouleversante et terriblement frustrante.
Mais, malgré la frustration, elle rattraperait presque les éléments négatifs du récit.

 

Un extrait : Insatiables, les pelleteuses dévoraient les cabanes et les tentes, les réduisant à l’état de débris pour en faire, un peu plus loin, des montagnes de plastiques, de tissus et de vêtements qui seraient anéantis par le feu lorsque le vent se serait calmé.

Il ne restait plus rien sur cette lande de ce que l’espoir y avait construit.

La pelle mécanique releva sa mâchoire et s’apprêta à traverser ce no man’s land de destructions. Le moteur s’emballa, l’engin cahota sur le sol irrégulier durci par le froid puis fit ligne droite vers sa prochaine cible, une vieille cabane en palettes de bois et au toit de carton. Une des dernières.

Quelques années auparavant, une déchetterie et un cimetière se partageaient l’endroit. Puis l’État y parqua les migrants aux rêves d’Angleterre. Ce matin, la déchetterie avait repris forme. Mais lorsque les dents puissantes de la pelle mécanique s’enfoncèrent dans la terre, c’est le cimetière qui ressuscita.

Comme il y avait trois bras visibles, à moitié déterrés par la pelleteuse, les ouvriers en déduisirent qu’il y avait au moins deux corps, là, dans ce trou, à la périphérie immédiate du camp. Dont celui d’un enfant, assurément, vu la taille d’un des bras. D’un coup de talkie, le chef d’équipe fut averti.

Dissimulée à une vingtaine de mètres de là, une ombre longea l’orée des premiers arbres qui entouraient la Jungle, sans jamais perdre de vue le manège des engins. De leur côté, les ouvriers se placèrent en couronne autour de la scène, bêtement hypnotisés par l’horreur.

L’un d’eux leva les yeux et vit une silhouette sortir des bois. Guenilles, cheveux longs et poisseux, peau noire, marron ou tout simplement sale. Et une machette, tachetée de rouille, tenue par la poignée le long de la jambe. L’homme s’approcha doucement, fixant chacun comme une menace, faisant taper la lame contre sa cuisse alors qu’il avançait. Il n’y eut personne d’assez valeureux pour se mettre en travers de son chemin et ils firent tous plusieurs pas en arrière.

Face au trou, l’inquiétant inconnu s’agenouilla et se mit à gratter avec les mains cette terre qui recouvrait encore les cadavres. D’abord frénétiquement, accompagnant ses gestes de grognements animaux, puis de plus en plus calmement. Il toucha une jambe, caressa une main comme si elle était vivante. Il se saisit du bras d’enfant pour le porter juste sous ses yeux, puis il le renifla avant de le laisser retomber. Rigidifié par la mort, le bras demeura levé et droit quelques secondes puis, sous son propre poids, se reposa au ralenti sur le sol.

Même en plein jour, l’homme restait une silhouette. Un amas de fringues répugnantes et de crasse, les bras plongés dans un charnier qu’il arrêta de fouiller comme s’il avait subitement perdu tout espoir. Il se releva, hagard, et repartit à reculons, machette toujours en main, pour disparaître à nouveau dans la forêt.

 

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