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Livres - Page 17

  • [Livre] La vie hantée d’Anya

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    Lecture terminée le : 26 octobre 2019

     

    Résumé : Anya a l'impression d'être en permanence la petite nouvelle au village : fille d'immigrés, elle n'a jamais réussi à trouver complètement sa place. Mais quand elle tombe dans un puits et découvre le fantôme qui s'y trouve, elle a l'impression de se faire son premier véritable ami. Les ennuis commencent quand le fantôme devient jaloux de tout ce qui remplit la vie d'Anya.


    Auteur : Vera Brosgol

     

    Edition : Rue de Sèvres

     

    Genre : Bande dessinée

     

    Date de parution : 28 août 2019

     

    Prix moyen : 16€

     

    Mon avis : Anya est une adolescente qui aimerait bien oublier ses origines russes. Elle en a marre de la nourriture bien grasse que cuisine sa mère, de l’église orthodoxe et de son compatriote que sa mère la pousse à fréquenter.
    Quand on pense qu’Anya a pris des cours pour se défaire de son accent russe afin de mieux s’intégrer, on se doute que tous ses souvenirs de la Russie ne la comble pas.
    Elle n’aime guère son lycée privé où elle se sent invisible, surtout face à la parfaite Elizabeth (qui en plus, se révèle gentille et attentive).
    En rentrant par la forêt, Anya tombe dans un trou où elle tombe nez à nez avec un squelette.
    Mais ce squelette n’est pas vraiment tout seul. En effet l’âme de son propriétaire y est restée attachée et c’est sous forme de fantôme que cette personne se présente à Anya.
    Sortie de sa mauvaise posture, Anya se rend compte qu’elle a ramassé un petit os, ce qui permet au fantôme de la suivre partout.
    Celui-ci, une jeune fille prénommée Emily, va aider Anya en lui soufflant les bonnes réponses aux examens, en faisant le guet quand Anya fume, bref en devenant indispensable pour une adolescente mal dans sa peau.
    Mais très vite, Emily devient directive et envahissante. Elle ne supporte pas la contradiction et veut qu’Anya agisse selon ses « conseils ».
    Anya commence à se demander qui est vraiment Emily et si elle est vraiment aussi bienveillante qu’elle le laisse paraître.
    Le résultat de ses recherches va être quelque peu… inattendu.

    J’ai beaucoup aimé le coup de crayon tout en rondeur et essentiellement composé de blanc, noir et nuances de bleus.
    L’histoire en elle-même est prenante, pleine de suspense, parfois un brin angoissante.
    J’ai beaucoup aimé cette BD et elle m’a donné envie de découvrir « un été d’enfer », une autre BD de Vera Brosgol.

     

    Un extrait :

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  • [Livre] Brindille – T01 – Les chasseurs d’ombre

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    Lecture terminée le : 26 octobre 2019

     

    Résumé : Une jeune femme se réveille dans un village du petit peuple. Elle ne se souvient de rien, ni de son nom, ni de comment elle est arrivée ici. Alors qu’elle tente de retrouver la mémoire et découvre les habitants de ce monde, elle s’éveille peu à peu à des pouvoirs qu’elle ne contrôle pas. Est-elle une fée ? Une jeune fille ordinaire ? Une sorcière ? Les réponses à toutes ces questions se situent sans doute dans cette mystérieuse forêt qui entoure le village. Trouvera-t-elle le courage de se rendre là où personne n’a le droit d’aller ?


    Auteur : Frédéric Brrémaud et Federico Bertolucci 

     

    Edition : Vent d’Ouest

     

    Genre : Bande dessinée

     

    Date de parution : 25 Avril 2018 

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : Ça faisait un moment que je lorgnais sur cette BD parce que trouve le dessin splendide. Les couleurs utilisées sont magnifiques.
    Malheureusement, cette BD a été une énorme déception !

    Pour une histoire en deux tomes, je m’attendais à avoir un début d’explication sur l’histoire dès le tome 1, mais non, rien, le scénario est totalement obscur.
    Sous prétexte que l’héroïne, totalement amnésique, ne sait ni qui elle est, ni qui sont les gens qui l’entourent, et bien nous non plus nous ne savons rien, jusqu’à rencontrer un peuple sans savoir comment ils s’appellent, d’où ils viennent et pourquoi ils fuient brusquement en abandonnant la jeune amnésique derrière eux.
    Un peu de mystère et d’intrigue sont les bienvenus, mais il ne faut pas exagérer : ici on ne sait vraiment rien de rien.
    Au point que ça en devient pénible. Et même inquiétant pour la suite.
    En effet, on ne peut pas s’empêcher de se dire que pour nous offrir toutes les explications nécessaires ainsi qu’une fin digne de ce nom, les auteurs vont devoir prendre de sacré raccourcis. Je m’attends donc à un tome 2 bâclé, à la fin brutale et aux explications survolées.
    Je ne suis pas certaine d’avoir vraiment envie de le lire.
    Peut-être si je le trouve d’occasion (genre à 90 cts sur Rakuten)

    Un extrait :

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  • [Livre] Retour à Whitechapel

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    Lecture terminée le : 24 octobre 2019

     

    Résumé : Automne 1941, Amelia Pritlowe est infirmière au London Hospital et tente de survivre aux bombardements de l’armée allemande. Lorsqu’elle reçoit la lettre posthume de son père, elle n’imagine pas qu’elle va devoir affronter un cataclysme personnel tout aussi dévastateur. Sa mère n’est pas morte d’une maladie pulmonaire comme elle l’a toujours cru. Sa mère, Mary Jane Kelly, a été la dernière victime de Jack l’Éventreur. Elle avait deux ans.? ? Mue par une incommensurable soif de vengeance, l’infirmière va se lancer dans une traque acharnée. Elle intègre anonymement la société savante d’experts « ripperologues », la Filebox Society, et va reprendre l’enquête depuis le début, étudiant et répertoriant tous les éléments qui ont touché de près ou de loin chacune des victimes de Jack l’Éventreur. Plongeant ainsi dans les bas-fonds de l’East End victorien, revivant le calvaire de ces femmes qui vendaient leur âme et leur corps pour quelques heures de sommeil, elle va reconstituer les dernières semaines de la vie de sa mère, suivre toutes les pistes et accepter tous les sacrifices pour retrouver celui qui reste encore aujourd’hui une énigme.? « Pourquoi ni la police de l’époque, ni les enquêteurs qui ont suivi l’affaire depuis plus d’un siècle n’ont jamais identifié Jack l’Éventreur ? Parce qu’ils cherchaient un homme correspondant à un a priori social ou allégorique. “Jack” n’était pas un médecin fou, ni un membre de l’aristocratie victorienne ou un haut personnage de la cour d’Angleterre. Il était simplement dans la place, tout près de ses victimes, invisible à force d’être là. »


    Auteur : Michel Moatti

     

    Edition : 10/18

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 03 décembre 2015

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Comme beaucoup d’auteurs, Michel Moatti s’est intéressé de près au mythique Jack l’éventreur.
    Le dernier livre que j’ai lu sur le sujet était long, ennuyeux, et présentait une idée tout faite sur l’identité du tueur, écartant d’un revers de main les preuves qui contredisaient sa théorie.
    Michel Moatti nous évite le documentaire lourd et ennuyeux en choisissant de nous présenter sa théorie au travers d’un roman.
    Ainsi, un personnage fictif va, 50 ans après les meurtres, chercher à identifier le tueur. C’est à travers ce personnage, fille cachée de Mary Jane Kelly, que l’auteur nous présente documents d’époque et interrogations, ceux-là même qui lui ont permis de se forger une opinion quant à l’identité du tueur.
    Amelia, notre personnage principal, est une infirmière de plus de 50 ans, qui exerce dans un hôpital londonien pendant la seconde guerre mondiale.
    Le roman alterne entre la période des assassinats, qui permet de nous faire connaitre les minutes du jury d’enquête présidé par le coroner Roderick McDonald ainsi que les théories de différents médecins dont plusieurs réfutèrent l’idée que le tueur puisse avoir une formation médicale (contrairement à ce que disent souvent les théories complotistes) ; et la période du Blitz, où, dans un climat de terreur constante, Amelia analyse, au sein d’une société de ripperologue, fictive mais qui auraient pu exister, les documents collectés.
    L’auteur réfute avec logique la théorie de l’aristocrate tueur (et du coup la théorie complotiste impliquant l’entourage direct de la Reine Victoria).
    Pour lui, le tueur ne peut être qu’une personne connaissant parfaitement les rues de Whitechapel (sinon comment fuir la police), quelqu’un qui ne se ferait pas remarquer, qui ne dénoterait pas dans ce quartier où règne une extrême pauvreté.
    Contrairement à Patricia McDonald, qui assenait sa théorie en dépit des preuves et sans se préoccuper de rendre son histoire crédible, Michel Moatti, à la fin de son roman, résume les indices (déjà disséminés dans le roman) qui le pousse à désigner une personne en particulier.
    Il faut admettre que la théorie avancée a le mérite d’être plausible et les preuves avancées par Moatti, convaincantes.
    Le coupable que désigne l’auteur est crédible et, si on ne lui connait pas de mobile, j’ai toujours pensé que c’était une erreur que de chercher un mobile rationnel à cette boucherie. J’ai toujours eut la conviction que Jack, comme bon nombre de tueurs séquentiels, n’était motivé que par sa haine de l’autre. Et les prostituées, surtout dans ce quartier, étaient des proies facilement approchables.
    Quant à l’arrêt des meurtres, je ne pense pas que ce soit parce qu’il avait terminé une quelconque mission mais plutôt que la présence policière toujours plus importante a rendu l’exercice de son petit hobby un peu trop risqué.
    Ce livre était un roman doublé d’un documentaire et d’une enquête admirablement menée.
    Si je ne crie pas victoire pour autant sur la découverte de l’identité de jack (je pense qu’on ne saura jamais la vérité avec certitude), j’ai vraiment apprécié cette lecture et cette hypothèse.

     

    Un extrait : Joe Barnett était une sorte de gros garçon à l’allure pataude. Malgré ses trente ans révolus, des joues rondes, un poil jaune et des rouflaquettes de cocher peu fournies l’empêchaient d’avoir tout à fait l’air d’un homme adulte. Il gardait cet aspect d’adolescent attardé, que ses yeux bleus très clairs, presque transparents, renforçaient. Pourtant, ce regard, lorsqu’on le croisait, faisait frémir. On avait l’impression qu’il contenait un fonds inépuisable de rage qui ne demandait qu’à se libérer.

    Ce matin du 12 novembre, Joe Barnett était justement plein de rage en se présentant devant le jury de Shoreditch, pour témoigner sur l’assassinat de sa dernière compagne, Mary Kelly. Il se vit soudain debout devant une assemblée d’hommes en gilets et redingotes, tous la mine très imprégnée de leur mission, fronçant également les sourcils pour mieux dévisager celui qui faisait figure, dès l’ouverture de cette audition, de suspect idéal. Joe Barnett sentit la culpabilité sourdre de lui comme le suc d’un fruit mûr à l’instant même où le coroner le regarda fixement.

    Nom de Dieu, pensa-t-il, ils vont me resservir cette histoire de carreau cassé, et l’une ou l’autre des putains de Miller’s Court va se mettre à raconter qu’elle m’a entendu cent fois crier et menacer du monde dans Spitalfields.

    Son pas résonna comme un coup de fusil dans une cathédrale quand il approcha des jurés tapis près du coroner comme des canetons autour de leur mère.

    Le contraste entre ce qu’il était et l’image que renvoyaient ces hommes aux allures de notaires et de chefs de service le frappa comme un coup de poing. L’odeur de poisson rance qui s’exhalait de son paletot sombre aux taches suspectes se fit plus forte. Joe Barnett jeta un regard sur ses brodequins ferrés, largement recouverts de la boue jaune des abords du fleuve. Il inspecta enfin ses pantalons de gros drap couleur mastic, dont les genoux déformés s’auréolaient de cambouis et de graisse. Il fut submergé non plus seulement par la rage, mais par une violente vague de haine.

     

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  • [Livre] Révélée

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    Lecture terminée le : 19 octobre 2019

     

    Résumé : Catherine est en train de lire un livre des plus angoissant : elle voit s'inscrire l'histoire de sa vie au fil des pages et le récit dévoile même un secret qu'elle pensait être la seule à connaître. Les frontières entre réalité et fiction s'effacent, laissant place à un suspens croissant : comment le livre va-t-il se terminer ?


    Auteur : Renée Knight

     

    Edition : 10/18

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 14 avril 2016

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Dans ce thriller psychologique, on ne sait trop dire qui, de Catherine ou de Stephen est un psychopathe.
    La première cache un secret, depuis vingt ans, et semble terrifiée à l’idée que ce dernier puisse être dévoilé.
    Le second décrit la première comme une manipulatrice sans cœur, croqueuse d’homme, froide comme la glace et prête à tout pour atteindre ses objectifs.
    Les chapitres alternent entre Catherine et Stephen mais, pendant un long moment, on n’a que la version des faits de ce dernier, Catherine refusant obstinément de s’expliquer.

    J’avoue que dès le départ, Stephen m’a agacée. Je ne croyais pas à sa version de l’histoire, d’autant plus que ni lui, ni sa femme, qui est le vrai auteur du livre racontant cette histoire, n’étaient présents sur le lieu où ce qu’il s’est passé s’est produit.
    Ca me semblait tellement évident que Stephen et son épouse cherchaient avant tout un coupable à blâmer et qu’à leurs yeux, Catherine est la coupable idéale.
    Au fil de l’histoire, je me suis dit que Catherine avait peut-être agit en partie comme Stephen le lui reproche, mais je ne voyais toujours pas en quoi cela aurait pu susciter tant de haine ou plutôt le rapport entre ce qu’elle aurait pu faire et l’événement qui a suscité tant de haine.
    Plus je lisais, et plus l’attitude de Stephen m’apparaissait comme malsaine.
    J’ai vraiment été très en colère contre Robert. Son attitude est vraiment lamentable et son égo est vraiment gigantesque.
    Nicholas, le fils de Robert et Catherine est un garçon de 25 ans qui se comporte comme un ado capricieux et amorphe de 15 ans. Robert a tendance à faire ses quatre volontés et à le laisser stagner dans sa médiocrité en lui filant du fric régulièrement (argent qu’il s’empresse de dépenser en bière et en cannabis). Catherine, elle, est plutôt du genre à lui mettre des coups de pieds au cul. Elle n’a aucune intention de se frapper un Tanguy à demeure, tout en assurant à son fils qu’ils seront toujours là en cas de gros problèmes.
    J’avais donc à peu près cerné le caractère de chacun. Mais jamais je n’aurais vu venir le fin mot de l’histoire.
    Je m’attendais à beaucoup de choses, à beaucoup de versions, mais celle-ci est vraiment la seule que je n’ai pas envisagée.
    J’ai vraiment eu l’impression d’être menée par le bout du nez par l’auteur et en même temps, si on s’interroge sur les choix de certains, la cohérence n’est jamais prise en défaut.
    On sent vraiment la tension que ressent Catherine, victime d’un véritable harcèlement. On comprend un peu mieux sa froideur apparente, une façon pour elle de se protéger.
    Sans qu’une seule goutte de sang ne soit versée, ce thriller nous plonge dans l’angoisse. Angoisse que Catherine ne tienne pas le choc face à la pression, angoisse de la voir tout perdre sans avoir eu l’opportunité de se défendre, angoisse aussi de ne pas connaitre le fin mot de l’histoire, de devoir se contenter de la version de Stephen tout en ayant le sentiment qu’il manque tout un pan de l’histoire.
    Même si la fatigue a fait que j’ai mis du temps à le lire, j’ai vraiment été happée dans ma lecture et je vous conseille vivement ce roman.

     

    Un extrait : Elle n’a pas besoin qu’un fichu bouquin lui raconte ce qui s’est passé. Elle n’a rien oublié. Son fils a failli mourir. Toutes ces années, elle n’a fait que protéger Nicholas. Le protéger de la vérité. Elle lui a permis de vivre dans une douce ignorance. Il ne sait pas qu’il est passé à un cheveu de ne pas atteindre l’âge adulte. Et si jamais il avait conservé un quelconque souvenir des événements ? Les choses seraient-elles différentes ? Serait-il différent, lui ? Leur relation en serait-elle changée ? Mais elle a la conviction absolue qu’il ne se souvient de rien. En tout cas, rien qui l’approcherait de cette réalité. Pour Nicholas, il s’agit d’un après-midi banal, qui se confond avec tant d’autres de son enfance. Il se pourrait même qu’il s’en souvienne comme d’un moment heureux, songe-t-elle.

    Si Robert avait été présent, il en aurait peut-être été autrement. Bien sûr que ç’aurait été différent. Jamais cela ne se serait produit. Sauf que Robert n’était pas là. Donc elle ne lui a pas raconté parce qu’elle n’en avait pas besoin – jamais il ne le découvrirait. Et cela valait mieux ainsi. Cela vaut mieux ainsi.

    Elle ouvre son ordinateur portable et cherche le nom de l’auteur dans Google. Un geste qui est presque devenu un rituel. Elle l’a déjà fait, espérant trouver quelque chose sur la Toile. Un indice. Mais il n’y a rien. Juste un nom : E.J. Preston. Un pseudo, sûrement. « Le Parfait Inconnu est le premier et peut-être le dernier livre de E.J. Preston. » Aucun indice non plus quant au sexe de l’auteur. Pas de il ou elle… Il est publié par Rhamnousia ; en cherchant ce nom, elle a eu confirmation de ce qu’elle soupçonnait déjà : le livre est une autopublication. Elle ignorait ce que Rhamnousia signifiait, en revanche. Maintenant, elle sait. La déesse de la vengeance, alias Némésis.

    C’est un indice, n’est-ce pas ? Sur le sexe, au moins. Mais c’est impossible. Inconcevable. Et personne d’autre ne connaissait les détails. Personne encore en vie. En dehors des témoins, bien sûr – des anonymes. Mais ce livre a été écrit par une personne impliquée. C’est personnel. Elle regarde si elle trouve des critiques ou des avis de lecteurs. Aucun. Peut-être est-elle la seule à l’avoir lu ? Et même si d’autres le lisent, ils ne devineront jamais qu’elle est la femme au cœur du récit. Quelqu’un le sait, pourtant. Quelqu’un sait.

     

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  • [Livre] La liste de mes envies

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    Lecture terminée le : 14 octobre 2019

     

    Résumé : Jocelyne, dite Jo, rêvait d’être styliste à Paris. Elle est mercière à Arras. Elle aime les jolies silhouettes mais n’a pas tout à fait la taille mannequin. Elle aime les livres et écrit un blog de dentellières. Sa mère lui manque et toutes les six minutes son père, malade, oublie sa vie. Elle attendait le prince charmant et c’est Jocelyn, dit Jo, qui s’est présenté. Ils ont eu deux enfants, perdu un ange, et ce deuil a déréglé les choses entre eux. Jo (le mari) est devenu cruel et Jo (l’épouse) a courbé l’échine. Elle est restée. Son amour et sa patience ont eu raison de la méchanceté. Jusqu’au jour où, grâce aux voisines, les jolies jumelles de Coiff’Esthétique, 18.547.301€ lui tombent dessus. Ce jour-là, elle gagne beaucoup. Peut-être.


    Auteur : Grégoire Delacourt

     

    Edition : Le livre de poche

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : 29 mai 2013

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis :On m’a vendu ce livre comme un roman feel good mais franchement ça n’en ai pas un du tout.
    Je l’ai trouvé triste et très amer.
    Jocelyne est une femme qui se contente de ce qu’elle a… et elle n’a pas grand-chose.

    Abandonnés, ses rêves de devenir styliste quand sa mère est morte subitement et que son père a fait un AVC qui a réduit sa vie à un présent de 6 minutes.
    Elle est mariée à Jocelyn, qui n’a rien d’un Brad Pitt mais avec qui elle a une vie plutôt heureuse, et deux enfants qui ont quittés la maison et donnent rarement des nouvelles.
    Les relations entre les deux époux se sont dégradées après la naissance d’un troisième enfant mort-né. La douleur et le chagrin ont poussé Jocelyn à devenir verbalement cruel avec sa femme, mais, comme elle n’a pas réagi à ces provocations et ces attaques incessantes, Jocelyn s’est remis de ce drame et la vie est redevenue normale entre eux.
    Quand Jocelyne gagne à euromillion, elle trouve plein d’excuses pour ne pas encaisser son chèque. Elle fait des listes ridicules (du genre un fer à repasser) au vu de la somme gagnée. Et bien sûr, elle ne dit rien à son mari.
    Je comprends les interrogations de Jocelyne, sa peur de voir sa vie changer, de perdre le vrai bonheur pour le remplacer par un bonheur factice.
    Cependant, je peux aussi comprendre la réaction de son mari. Imaginez que vous découvririez que votre moitié a gagné le gros lot mais a caché le chèque sans l’encaisser et sans rien vous dire ? Personnellement, je sentirai venir un divorce avec en prime le souhait de dissimuler les gains pour ne pas avoir à partager. Un truc comme « maintenant que je suis riche, tu n’es plus assez bien pour moi ». Je l’aurais mal pris, pas vous ?

    Je trouve qu’elle a hyper mal géré les choses. Elle aurait pu ouvrir un compte personnel sous son nom de jeune fille, y déposer le chèque, annoncer la nouvelle à son mari en le prévenant qu’ils devaient réfléchir sérieusement à ce qu’ils allaient faire.
    Parce que là, ce n’est pas l’argent qui fait le malheur de Jocelyne, c’est sa peur et son mensonge.
    La vie de Jocelyne est terne parce qu’elle la rend ainsi. Même son blog ne lui procure aucun vrai plaisir (pourquoi en tenir un, alors ?).
    J’ai trouvé qu’il se passait si peu de choses dans ce livre que je me demande bien comment un film a pu en être tiré.
    La fin manque totalement de crédibilité que ce soit le « final » de Jocelyn ou les retrouvailles de Jocelyne avec un mec croisé sur la plage 10 ans plus tôt (genre le mec a attendu 10 ans sur cette plage que cette divine apparition se repointe hypothétiquement un jour).
    bref, pas vraiment d’histoire, des personnages peu approfondis, une héroïne geignarde, une fin qui n’en est pas une… il ne me laissera pas un souvenir impérissable.
    Mais si vous voulez vous faire votre propre idée, il est très court alors vous ne perdez rien à tenter le coup !

     

    Un extrait : Je suis heureuse avec Jo.

    Il n’oublie aucun de nos anniversaires. Le week-end, il aime bricoler au garage. Il fabrique des petits meubles que nous vendons dans les brocantes. Il y a trois mois, il a installé le wifi parce que j’avais décidé d’écrire un blog sur mes tricots. Parfois, après avoir mangé, il me pince la joue en disant t’es gentille toi Jo, t’es une bonne petite. Je sais. Ça peut vous sembler un brin machiste, mais ça vient de son cœur. Il est comme ça, Jo. La finesse, la légèreté, la subtilité des mots, il ne connaît pas bien. Il n’a pas lu beaucoup de livres ; il préfère les résumés aux raisonnements ; les images aux légendes. Il aimait bien les épisodes de Columbo parce que dès le début, on connaissait l’assassin.

    Moi, les mots, j’aime bien. J’aime bien les phrases longues, les soupirs qui s’éternisent. J’aime bien quand les mots cachent parfois ce qu’ils disent ; ou le disent d’une manière nouvelle.

    Quand j’étais petite, je tenais un journal. Je l’ai arrêté le jour de la mort de maman. En tombant, elle a aussi fait tomber mon stylo et se fracasser plein de choses.

    Alors, quand on discute, Jo et moi, c’est surtout moi qui parle. Il m’écoute en buvant sa fausse bière ; parfois même il opine du chef, comme on dit, pour me signifier qu’il comprend, qu’il s’intéresse à mes histoires et même si ça n’est pas vrai, c’est gentil de sa part.

    Pour mes quarante ans, il a posé une semaine de vacances à l’usine, il a conduit les enfants chez sa mère et il m’a emmenée à Étretat. Nous sommes descendus à l’hôtel de l’Aiguille Creuse, en demi-pension. Nous avons passé quatre jours merveilleux et il m’a alors semblé, pour la première fois de ma vie, que c’était ça, être amoureuse. Nous faisions de longues promenades sur les falaises en nous tenant la main ; parfois, quand il n’y avait pas d’autres promeneurs, il me plaquait contre les rochers, il embrassait ma bouche et sa main coquine venait se perdre dans ma culotte. Il avait des mots simples pour décrire son désir. Le jambon sans la couenne. Tu m’fais bander. Tu m’excites. Et un soir, à l’heure violette sur la falaise d’Aval, je lui ai dit merci, je lui ai dit prends-moi, et il m’a fait l’amour dehors, vite, brutalement ; et c’était bien. Quand nous sommes rentrés à l’hôtel, nous avions les joues rouges et la bouche sèche, comme des adolescents un peu ivres et ce fut un beau souvenir.

     

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  • [Livre] Soline et le monde des rêves abandonnés

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    Lecture terminée le : 13 octobre 2019

     

    Résumé : Soline est une petite fille de 10 ans qui mène, auprès de ses parents Manon et Julien, une vie paisible dans un pavillon cossu d'une petite ville de la banlieue de Lille.
    C'est une enfant douce et rêveuse. Un peu têtue aussi. En somme, une fillette ordinaire... à un détail près.
    Elle n'existe pas.
    Elle est le fruit de l'imagination de ses parents qui, peinant depuis des années à avoir un enfant, se sont façonné en rêve une fille idéale.
    La vie de Soline bascule quand, un jour, Manon tombe enceinte.
    Instantanément, la fillette disparaît de son esprit et de celui de Julien, et se retrouve projetée dans un univers parallèle, étrange et biscornu : Le Monde des Rêves Abandonnés. Réceptacle de toutes les histoires inachevées, des amis imaginaires oubliés, des personnages et décors de romans jamais terminés ou de films jamais réalisés...


    Auteur : José Carli

     

    Edition : Inceptio

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 15 avril 2019

     

    Prix moyen : 19€

     

    Mon avis : Le sujet de l’histoire m’a immédiatement beaucoup plu : que deviennent les amis imaginaires oubliés par les enfants qui ont grandis ? Les personnages des histoires oubliés ? Ceux qui n’ont jamais vu le jour sous la plume d’un écrivain ou d’un scénariste ? Cela m’a un peu fait penser aux fées qui meurent lorsqu’on cesse de croire en elles dans Peter Pan.
    Soline est une petite fille de 10 ans, imaginée par un couple en mal d’enfants. Bien que Soline ait l’apparence d’une fillette, elle a été créée par les esprits de deux adultes et cela se ressent dans certaines de ses paroles et réflexions.
    Quand sa « maman » tombe enceinte pour de vrai, le couple oublie instantanément leur fille imaginaire et Soline voit son monde littéralement disparaitre.
    Quand elle arrive dans le monde des rêves abandonnés (arrivée pour le moins chaotique entrainé par une femme très antipathique), elle découvre un monde très sombre, sale, désenchanté. L’espoir et la joie sont absent, les personnages désagréables et l’endroit où les enfants imaginaires sont censés vivres ressemble à un orphelinat tout droit sorti des pires histoires de Dickens.
    Avec quelques camarades, tous en ayant assez d’être traités en véritables esclaves, et pressentant un danger à rester dans ces lieux, Soline décide de fuir et de se mettre à la recherche de parents imaginaires, se disant que si des parents sans enfants se créent des enfants imaginaires, il est fort possible que des enfants sans parents se soient créés des parents imaginaires.
    Le chemin est long et semé d’embûches. La plupart des personnages rencontrés sont loin d’être bienveillants (heureusement pas tous). Sans compter que ceux qu’ils fuient sont à leurs trousses.

    On a affaire ici à une histoire qui a la forme d’un conte : les héros doivent passer un certain nombre d’épreuves pour atteindre le lieu où ils trouveront enfin le bonheur.
    Une distinction est faite entre les personnages imaginaires désirés, créés pour combler un manque et les personnages d’histoires tombées dans l’oubli ou jamais achevés.
    Pour en parler de manière manichéenne, on pourrait dire que les 1ers sont les gentils et les seconds les méchants de l’histoire.
    Pourtant on trouve certaines nuances, comme par exemple Andy ou Mlle Valentine qui ne vivent pas dans la catégorie où leur type de création aurait dû les envoyer.
    En clair, si la plupart des personnages sont tels qu’ils semblent être, pour d’autres, il faut se méfier des apparences.
    Autre chose que j’ai beaucoup apprécié, c’est l’évolution du récit. On part d’une histoire assez jeunesse, enfantine même, puis le lexique et le ton deviennent plus riches, plus complexes, au fur et à mesure que l’histoire avance et s’assombrit.
    Si le vocabulaire est riche, il reste abordable et cette histoire plaira sans doute à tout âge.

    Les évènements s’enchaînent et, très souvent, je ne les ai pas vus venir.
    J’ai vraiment passé un bon moment avec Soline et ses camarades.

     

    Un extrait : Pour Soline, la vie était parfaite. Pas un instant, elle ne présageait les terribles bouleversements qui se préparaient. Elle avait tout juste dix ans. Ses cheveux, d’un noir intense, étaient si fins qu’ils ne parvenaient pas à couvrir entièrement ses oreilles, dont la pointe s’échappait. De son papa, elle tenait son menton carré, et un air un peu perdu. Comme sa maman, elle avait une petite boule bien ronde au bout du nez, et des lèvres très colorées, délicatement dessinées. Elle portait, la plupart du temps, une longue robe myrtille en laine, qui tombait sur ses genoux, ainsi qu’une paire de lunettes rondes, à monture rouge, qu’elle ne quittait que pour dormir. Elle avait toujours l’écharpe cerise tricotée par sa maman autour du cou.
    Elle aimait les choses simples de la vie. Faire, avec ses parents, de longues promenades les soirs d’été, le long de la Deûle. Flotter dans les airs sur la grande balançoire. Contempler le vol gracieux des papillons pendant que sa maman prenait le soleil sur le transat abricot du jardin. Ou simplement passer des après-midis entières à jouer dans sa chambre. Soline était, en somme, une enfant douce et rêveuse, une fillette on ne peut plus ordinaire.
    Un seul détail la distinguait des autres enfants. Un détail important néanmoins.
    Elle n’existait pas.
    Du moins, pas dans le monde tel que peut le percevoir le commun des mortels.
    Elle n’était rien d’autre que le fruit de l’imagination de ses parents.

     

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  • [Livre] On comptera les étoiles

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    Lecture terminée le : 09 octobre 2019

     

    Résumé : Nous avons tous une bonne étoile, encore faut-il la trouver... Lycéenne solitaire et réservée, Amélia entretient toujours des liens très forts avec sa confidente, Maëva, malgré la distance qui les sépare. Elle ne souhaite qu'une chose : ne pas faire de vagues et s'acheminer discrètement jusqu'à la délivrance - le bac. Quand elle rencontre Samuel, elle ne s'attend pas à ce que le bassiste au cœur tendre bouleverse son existence. Prévenant, drôle et sécurisant, il l'amène peu à peu à s'ouvrir aux autres et à la vie. Toutefois, lorsque la jeune fille croise une connaissance du passé, tout bascule. Amélia découvre que certaines blessures ne sont pas refermées, au risque de lui faire perdre à la fois Sam et sa meilleure amie...


    Auteur : Fleur Hana

     

    Edition : J’ai lu

     

    Genre : Romance

     

    Date de parution : 22 mai 2019

     

    Prix moyen : 14€

     

    Mon avis : Amélia est une adolescente solitaire, bourrée de TOC, qui adore les mots compliqués et désuets. Elle vit avec sa mère, alcoolique, et n’a pas d’autre personne à qui se confier que sa meilleure amie, Maëva, qui a déménagé  l’autre bout de la France.
    Son but est de traverser le lycée sans se faire remarquer et de ficher le camp sans se retourner une bonne fois pour toute dès son diplôme en poche.

    Mais tous ses projets sont remis en question quand elle rencontre Samuel. Toute sa vie va être bouleversée.
    Chaque chapitre alterne entre les points de vue de Lia et de Sam.
    Côté Sam, je crois que j’ai encore plus aimé sa famille que lui (et ce n’est pas peu dire). Son père est un peu effacé, (avec trois femmes à la maison, le pauvre homme, on peut le comprendre), mais ses sœurs remplissent joyeusement tout l’espace. Agées de 16, 12 et 8 ans, c’est une bande de sauterelles qui adorent se liguer contre leur grand frère.
    Mais sa mère est sans doute le personnage secondaire que j’ai le plus apprécié : entre sa manière de se trémousser quand elle gagne à Street Fighter (d’ailleurs, je joue comme elle… et oui, parfaitement, ça s’appelle jouer), son crédo (toujours raison, le dernier mot et les pleins pouvoirs) et sa mauvaise foi, elle est irrésistible. Et comme en plus elle sait être sérieuse et à l’écoute, on ne peut que l’aimer.
    On peut dire que Sam a une vie équilibrée : une famille aimante, juste ce qu’il faut d’envahissante, des potes, une passion pour la musique, mais des parents qui lui ont demandé de passer quand même son bac, même si ça ne lui servira à rien dans la musique, juste au cas où. Et lui a été assez raisonnable pour accepter de redoubler sa terminale afin de décrocher le de-moins-en-moins-précieux sésame.
    Avec 3 frangines toutes plus jeunes que lui, il a appris l’indulgence, la résignation et la patience.
    Face à Lia, il est comme face à un animal sauvage, intrigué, intéressé, mais effrayé et prêt à détaler au moindre geste brusque.
    Le passé de Lia est lourd et complexe et au fil de l’histoire, on en apprend toujours plus, comme s’il n’y avait aucune limite aux horreurs qu’elle a vécues. C’est comme un effet boule de neige qui semble impossible à arrêter, car aucun événement n’aurait pu avoir lieu sans le précédent.

    Malgré les sujets abordés qui sont très durs, il y a beaucoup d’humour, notamment dans les discussions absurdes qu’ont parfois Sam et Lia.
    Lia est difficile à cerner. Elle affiche une impassibilité qui cache une grande vulnérabilité et, sous cette vulnérabilité, on décèle pourtant une force immense à laquelle elle n’arrive pas toujours à accéder.

    Même si je me doutais un peu des épreuves qu’avait traversé Lia, pas dans le détail mais d’une manière générale, il y a un élément en particulier que je n’ai pas vu venir.
    A ce sujet, en m’appuyant sur le prologue, j’avais montée toute une théorie ; et non seulement j’avais tout faux, mais en plus, je n’imaginais vraiment pas une telle révélation.

    Alors, même s’il y a pleins de passages qui m’ont fait rire, il y en a beaucoup qui m’ont mis les larmes aux yeux (hein ? Oui bon, ok, pleurer comme une madeleine).
    C’est pour ça que ce roman est un tel coup de cœur : il trouve un parfait équilibre entre une myriade de sentiments, sans jamais sombrer dans le pathos.
    C’était mon premier fleur Hana et c’était, apparemment, pour elle, ses premiers pas dans ce genre-là, celui du young adult (elle semble plus habituée à la romance adulte type hugo romance).
    J’ai particulièrement aimé les petits clins d’œil à Peter Pan, Harry Potter ou thor ainsi que la création systématique que font Sam et Lia de tout et n’importe quoi, laissant à chaque fois l’autre cherche que le sigle veut dire.
    Bref, tout ça pour dire que j’espère bien que Fleur Hana va continuer à écrire dans ce genre-là, parce que, franchement, elle est drôlement douée !

     

    Un extrait : — Il faut bien que le responsable de ça, je réplique en agitant ma feuille, ait un nom. C’est beaucoup plus facile de s’énerver contre quelqu’un dont on connaît le prénom. Sinon, ça donnerait « c’est encore Monsieur X qui s’est chargé des plannings » et reconnais que ça a tout de suite moins de cachet.

    — C’est sûr, mais pourquoi « Robert » ?

    Pourquoi est-ce que je continue de m’exprimer, surtout ? Il me fixe sans ciller, très sérieusement. Je me retiens de grimacer et reprends en abaissant les épaules :

    — Tu t’appelles Robert, c’est ça ?

    — Oui.

    Quelles étaient les probabilités pour que la seule personne qui m’entende soit un Robert ? Qui porte encore ce prénom de nos jours, en plus ? Celui qui est face à moi n’a pas du tout une tête à s’appeler Robert. Simon, peut-être. Ou Benjamin, à la rigueur. Mais Robert, non. Je n’imagine pas du tout un Robert avec des cheveux bouclés, bruns, et jusqu’aux épaules. Ni avec des lèvres charnues comme les siennes, ça ne colle pas. Robert n’aurait pas de grands yeux marron et ce visage d’ange.

    — Peut-être qu’on devrait te rebaptiser, je lâche sans réfléchir.

    — Carrément ?

    — Oui, ce serait mieux pour toi. Robert est à l’origine de toutes les idées les plus pourries, c’est trop dur à porter.

    — Comme celle de la répartition de nos heures de cours ?

    — Oui. Ou les ouvertures faciles.

    — Je vois.

    Le petit sourire en coin qu’il affiche m’encourage à continuer.

    — Les horaires de la poste, aussi, c’est un coup de Robert, je poursuis alors qu’une petite voix dans ma tête me conseille de la boucler.

    — Les chaussettes dans les sandales, c’est lui aussi ?

    — Sûrement, je ne vois pas qui d’autre.

    Il croise les bras et lève un sourcil. Il me dépasse d’une quinzaine de centimètres, à peu près. Je n’ai jamais eu le compas dans l’œil, mais il est plus grand que moi.

    — Du coup, on pourrait t’appeler autrement, parce que c’est dur à porter, comme héritage, Robert.

    — C’est sûr…

    — Rassure-moi, dis-moi que tu te fous de moi et que tu ne t’appelles pas Robert.

    — Je m’appelle Samuel.

    J’en étais sûre ! Non, je l’ignorais, mais je l’espérais. Parce que ç’aurait été vraiment nul comme premier contact avec un élève de mon nouveau lycée si j’avais démarré en insultant son nom.

    — C’est moche ça, Samuel, très moche !

    — Tu es en train de me dire que mon prénom est moche ?

    — Non ! Mais me faire croire que tu t’appelles Robert, ça, c’est moche.

    — Avoue que c’était assez tentant.

    — Jamais. J’ai pour principe de ne jamais rien admettre.

     

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  • [Livre] Le dernier magicien – T01 – L’Ars Arcana

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    Lecture terminée le : 04 octobre 2019

     

    Résumé : Arrêter le magicien.
    Voler le Livre.
    Sauver le futur.
    De nos jours à New York, les magiciens vivent terrés dans Manhattan, piégés par le Brink, une barrière d'énergie sombre inventée par l’Ordre. S’ils la traversent, ils perdent leur pouvoir, et souvent leur vie.
    C’est compter sans Esta, une magicienne ultra-douée qui récupère des artéfacts de l’Ordre en voyageant dans le temps. En effet, la jeune fille a le don de circuler à travers les époques. Et l’heure de sa grande mission est venue : elle doit se rendre en 1902 et empêcher un Magicien de se jeter du haut du pont de Brooklyn avec le Livre ancien contenant les secrets de l’Ordre. Esta saura-t-elle trahir le passé et ceux qu’elle aime pour sauver l’avenir ?


    Auteur : Lisa Mawell

     

    Edition : Casterman

     

    Genre : Fantastique

     

    Date de parution : 19 septembre 2018

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : Dans un New York où la magie existe, deux groupes s’affrontent : Les mages, qui ont de la magie en eux naturellement, et l’Ordre, qui se sert d’artéfacts pour avoir accès à la magie.
    L’Ordre veut éradiquer les mages, ils ont même créés une barrière pour les emprisonner sur l’île de Manhattan. Tout mage qui tente qui quitter l’île et de traverser la barrière est aussitôt dépossédé de sa magie. Or un magie ne survie pas à cet arrachement.
    Esta est une jeune mage du XXIème siècle. Orpheline, elle a été recueillie par un vieux mage qui l’a formée à être une voleuse exceptionnelle sans avoir à utiliser sa magie et donc, sans risquer d’être repérée par l’Ordre. A son époque, la magie est devenue une légende dans l’esprit des gens et le peu mages qui restent, ainsi que l’Ordre, continuent leur combat dans l’ombre.
    Les mages ne peuvent faire tout ce qu’ils veulent  avec leur magie. Chacun a une « affinité » qui définit son type de pouvoir.
    L’affinité d’Esta est de pouvoir naviguer sur le fil du temps.
    Elle reçoit la mission de retourner en 1902 pour y voler un livre : L’ars Arcana, qui aurait permis à l’Ordre de créer la barrière et qui est indispensable pour défaire l’Ordre.
    Mais en 1900, les choses sont bien différentes. L’Ordre règne sur la ville et mages sont réunis en clans rivaux qui se font une guerre acharnée (un peu ambiance Gang of New York).
    Je me suis énormément attachée à Esta. Elle est vraiment super cette gamine !

    Dolph n’est pas vraiment un type bien. C’est un chef de clan, plutôt amer (on peut le comprendre, il a ses raisons), qui n’hésite pas à torturer ses hommes s’il doute de leur fidélité et qui ne doit pas plus hésiter à tuer.
    Et en même temps, est ce qu’il pourrait survivre et protéger ceux qui dépendent de lui sans cette dureté ?
    Du coup, on ne peut pas dire qu’il m’ait vraiment déplu, en tout cas, il est intéressant.
    Viola aussi est difficile à cerner. Aussi affutée et tranchantes que les lames qu’elle aime à manier, elle est aussi d’une loyauté sans borne.
    Quant à Harte, je l’ai vraiment beaucoup aimé. Il refuse d’être affilié à un gang (et de perdre ainsi sa liberté) et fraye avec des membres de l’Ordre en dissimulant à tout le fait qu’il est un mage. Il joue un jeu dangereux en se produisant sur scène comme illusionniste et en cachant son affinité derrière une connaissance scientifique de son sujet (tout comme les membres de l’Ordre).
    C’est lui qu’Esta va identifier dès le début comme étant le « dernier magicien », lui que sa mission est de doubler.
    Leur histoire est tourmentée et rien d’une romance fleur bleue.
    Après autant de tension, de rebondissements et d’action, je ne m’attendais pas à ce que les derniers chapitres soient aussi dévastateurs.
    C’est comme si après avoir survécu à des turbulences et un atterrissage forcé, on se prenait un tsunami en pleine poire.
    Je ne m’attendais tellement pas à ça ! Tant de révélations qui s’imbriquent les unes dans les autres.
    L’écriture est vraiment géniale, l’univers est d’une richesse incroyable et autant dire qu’en plus de 600p, l’auteur prend tout le temps qu’il faut pour le mettre correctement en place.
    Et ce, pour mon plus grand plaisir.
    Tout cela me donne extrêmement envie de découvrir la suite, qui, heureusement, ne devrait pas trop tarder !

     

    Un extrait : Mais les meilleurs magiciens sont avant tout de bons menteurs, et ce magicien-là n’était rien moins qu’exceptionnel.

    Il baissa le bras ; le silence et le vide du pont l’enveloppèrent et la dure réalité le heurta de plein fouet. Si sa vie était une suite d’illusions, sa mort serait la plus grande d’entre elles. Car pour une fois, il n’y aurait pas d’imposture. Pour une fois, il n’y aurait que la vérité. Son ultime évasion.

    Cette pensée le fit frissonner — à moins que ce ne fût le vent glacial qui transperçait le fin tissu de sa veste. D’ici quelques semaines, le froid aurait complètement disparu.

    Il faisait le bon choix. Le printemps était une saison agréable mais l’été, entre la puanteur humide des rues, la chaleur oppressante qui régnait dans les appartements et la sueur qui perlait en permanence dans le dos... Cette façon qu’avait la ville de perdre un peu la tête dès que montaient les températures, voilà qui ne lui manquerait pas.

    Mais bien sûr, c’était un autre mensonge. Un de plus, un de moins... Il laisserait le soin à d’autres de faire le tri.

    Il pouvait encore partir, pensa-t-il alors dans un élan de désespoir. Il pouvait traverser le reste du pont, braver la Barrière. Peut-être atteindrait-il l’autre côté. Certains y parvenaient, après tout. Peut-être finirait-il comme sa mère — il ne méritait certainement pas mieux.

    Il restait une petite chance qu’il survive, auquel cas il pourrait repartir de zéro. Il connaissait assez de tours: il avait déjà changé de vie et de nom par le passé, il pouvait recommencer. Ou essayer, tout du moins.

    Non, il savait que cela ne fonctionnerait pas. Fuir n’était qu’une autre façon de mourir. Et l’Ordre, lui, n’était pas limité par la Barrière, il continuerait de le pourchasser. Un certain temps, en tout cas. Détruire le Livre ne suffirait pas. Quand l’Ordre le retrouverait — et ce n’était qu’une question de temps —, il ne le lâcherait plus jamais. L’Ordre se servirait de lui. Il serait exploité jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien du jeune homme qu’il était.

    Il préférait s’en remettre à l’océan.

    Il grimpa sur la rambarde et dut s’agripper à un câble pour garder l’équilibre contre les bourrasques violentes de ce mois de mars. Au loin, côté ville, il perçut le grondement des calèches mêlé de bribes de voix animées. L’heure n’était plus à l’hésitation.

     

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  • [Livre] Apostasie

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    Lecture terminée le : 29 septembre 2019

     

    Résumé : Anthelme croit en la magie des livres qu'il dévore. Étudiant désabusé et sans attaches, il décide de vivre en ermite et de s'offrir un destin à la mesure de ses rêves. Sur son chemin, il découvre une étrange forêt d'arbres écarlates, qu'il ne quitte plus que pour se ravitailler en romans dans la bibliothèque la plus proche.
    Un jour, au hasard des étagères, il tombe sur un ouvrage qui semble décrire les particularités du lieu où il s'est installé. Il comprend alors que le moment est venu pour lui de percer les secrets de son refuge.
    Mais lorsque le maître de la Sylve Rouge, beau comme la mort et avide de sang, l'invite dans son donjon pour lui conter l'ensorcelante légende de la princesse Apostasie, comment différencier le rêve du cauchemar ?


    Auteur : Vincent Tassy

     

    Edition : Editions du chat noir

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 04 avril 2016

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : J’ai tellement entendu parler de ce livre que je ne pouvais que l’intégrer à la PAL du Pumpkin Autumn Challenge 2019.
    L’écriture de l’auteur n’est pas vraiment mon style et j’ai eu beaucoup de mal à entrer dans l’histoire (vous allez rire, j’ai imaginé que le texte était lu par Guillaume Lebon, la voix française de Sherlock Holmes dans Elementary, et c’est passé comme une lettre à la poste).
    J’ai vraiment plongé dans l’histoire quand commence le récit de celle de Lavinia et Ambrosius, dans lequel se trouve justement le personnage éponyme.
    Apostasie est plus un symbole, une quête, qu’un personnage. Elle n’est que très peu présente, mais est au centre de toutes les réflexions.
    Si Anthelme m’a fatiguée avec ses questions pseudo-existentielle et que j’ai eu envie de le renvoyer dans la vraie vie à coup de pied aux fesses, si Irvine et Apholion m’ont profondément déplu tant je les ai trouvé antipathique, faux et mesquins, j’ai vraiment aimé les autres personnages, surtout Lavinia et Sarah.

    L’écriture est poétique, avec un vocabulaire recherché, parfois désuet (franchement, il faudrait que je reprenne ce livre et que je me fasse un répertoire !).
    Il y a beaucoup de descriptions, d’énumérations. C’est parfois un peu lourd, mais la plupart du temps c’est surtout très beau.
    Par contre, si le texte est poétique, l’histoire n’en demeure pas moins horrifique avec des scènes qui restent un moment en mémoire.
    Difficile d’en dire plus sans trop en dire car le livre ne fait finalement que 333 pages.
    Dites-vous que vous allez croiser de l’amour, de la haine, de l’obsession, de la folie, de la jalousie, de la lassitude, de la folie et de la rage.
    Vincent Tassy renoue avec une image très traditionnelle du vampire, très éloigné des Edward Cullen, Spike et autre Stefan Salvatore.
    Si vous en avez ras la casquette des vampires végétariens défenseurs de la veuve et de l’orphelin, et que vous n’êtes pas rebutés par les textes poétiques et oniriques : Foncez !
    (Sinon, si la poésie ce n’est pas votre truc, tournez-vous vers Morgane Caussarieu, ses vampires sont flippants aussi).

     

    Un extrait : Mon ombre.

    Ma pauvre ombre.

    Depuis le coucher du soleil, elle saigne. Et ça ne s’arrêtera plus. Mais d’où vient-il, tout ce sang ? De nulle part, sans doute. Des eaux noires d’une malédiction.

    Je ne pourrai plus sortir de chez moi, maintenant. Je m’en moque. Je vais peut-être me laisser mourir de faim. Me noyer. Est-ce que mon ombre saignera encore quand je serai mort ? Est-ce qu’elle pourra engloutir le monde ? Oui. Je crois bien. Je l’ai lu.

    On trouvera mon corps, la source de ce mal inconnu. On l’enterrera quelque part. On priera pour que des funérailles mettent fin à l’inondation. Mais le sang se répandra encore et encore ; partout dans la terre, depuis la racine poreuse de mon cercueil. Même dans l’obscurité de la tombe j’aurai toujours une ombre. Alors on étudiera les arcanes de ma dépouille pour neutraliser son fléau, on voudra me réduire en cendres, mais leurs ombres invisibles, même celles de mes chairs désintégrées, saigneront en averses éternelles. Dans des siècles, ou plus tôt, ou plus tard, mes ombres auront tout noyé.

    Je n’ignore plus les raisons de cette blessure indolore qui ne cicatrisera jamais. Ce sang, ce sang qui ne tarit pas, mon ombre ne l’aurait jamais versé si je n’avais pas été la proie des fleurs de la Sylve Rouge.

    À l’heure noire où mon ombre ruisselle je voudrais dire l’histoire des fleurs maudites, des amours maudites, des splendeurs maudites qui m’ont mené ici. Reclus dans mon taudis, à la lueur grise et fatiguée d’une ampoule nue, je voudrais une dernière fantaisie, raconter l’histoire d’Apostasie.

    Mon encre n’est pas enchantée. Mes mots n’auront pas d’énergie ; il n’y aura pas de miracle. Lorsqu’à la surface du monde il n’y aura plus que du sang, mes feuillets se ramolliront, et les souvenirs qu’ils renferment disparaîtront bêtement. C’est tout.

    Mais je dois faire vite. Bientôt, on frappera à ma porte ; ce sera quelqu’un qui passe près d’ici, et qui s’inquiète du liquide qui se faufile dans l’interstice.

     

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  • [Livre] The Wicked Deep

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    Lecture terminée le : 20 septembre 2019

     

    Résumé : C’est une histoire de vengeance... Il y a près de deux siècles, Marguerite, Aurora et Hazel Swan, trois jeunes femmes belles, libres et indépendantes, furent accusées de sorcellerie par les habitants de la ville de Sparrow. Des pierres accrochées aux chevilles, les trois sœurs furent noyées. Exécutées. Depuis ce jour, chaque année au mois de juin, les sœurs Swan sortent des eaux de la baie pour choisir trois jeunes filles, trois hôtes. Dans le corps de ces adolescentes, Marguerite, Aurora et Hazel reviennent se venger. Et cette année encore, Penny le sait, alors que les touristes afflueront, on retrouvera des cadavres de jeunes hommes sur la plage… Car cette malédiction, rien ne semble pouvoir l’arrêter.


    Auteur : Shea Ernshaw

     

    Edition : Rageot

     

    Genre : Fantastique

     

    Date de parution : 24 avril 2019

     

    Prix moyen : 17,50€

     

    Mon avis : En 1822, trois sœurs, trop belles et délurées pour l’époque et pour leur bien, furent accusées de sorcellerie et, après une parodie de procès, noyées dans le port de la petite ville de Sparrow.
    Depuis, chaque année, les trois sœurs s’emparent du corps de trois jeunes filles et assouvissent leur soif de vengeance en noyant de jeunes hommes dans le port où elles ont trouvé la mort.
    L’histoire se déroule près de 200 ans après la mort des Swan Sisters, et, régulièrement, des chapitres nous racontent ce qu’il s’est passé à l’époque. Au fil du roman, on sait donc exactement comment s’est déroulé la fin de la vie de Marguerite, Aurora et Hazel Swan, et on comprend mieux leur colère. Car même si elles se sont montrées imprudentes et désinvoltes, surtout l’aînée, Marguerite, elles ne méritaient certainement pas le sort qui leur a été réservé.
    Penny est une adolescente qui vit sur une île de l’autre côté de la baie où se trouve la ville de Sparrow.
    Son père a disparu depuis trois ans, et sa mère en a plus ou moins perdu l’esprit.
    Elle croit dur comme fer à l’existence des trois sœurs et n’apprécie pas du tout le folklore créé autour de cette histoire, car elle n’oublie pas que chaque année, il y a des morts.
    Je me suis rapidement attachée à Penny. Sa situation n’a rien de facile, mais elle garde le cap, bien qu’elle s’oublie un peu trop souvent pour prendre soin des autres, notamment de sa mère.
    Même si Penny semble vraiment apprécier Bo, j’ai eu plus de mal avec ce jeune homme, et surtout avec les décisions qu’il prend. Heureusement à la fin, il remonte un peu dans mon estime.
    J’ai été tellement plongée dans cette histoire que je n’ai pas vu le temps passer.
    J’ai compris, bien avant que ce soit révélé, tout un pan de l’histoire, mais ça ne m’a pas dérangée. Au contraire, j’étais contente d’avoir bien analysé la situation et j’étais impatiente de savoir comment les choses allaient évoluer avec cet aspect-là.
    Entre le chapitre qui raconte le « procès » des sœurs Swan et la révélation « officielle » de ce que j’avais compris plus tôt, je dois dire que j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps.
    Ça faisait longtemps que je n’avais pas été aussi bouleversée par une histoire.
    L’atmosphère dans ce livre est sombre. Même si les touristes affluent pour la Swan saison, même si les jeunes de la ville organisent une fête à son début et une autre à la fin, le risque est bien réel, des jeunes hommes mourant noyés chaque année.
    Si les adultes en charge des noyades, penchent pour des suicides ou des noyades accidentelles, les jeunes de la ville développent une vraie paranoïa envers les filles, chacune étant soupçonnée de servir de « vaisseau » à une sœur Swan. La légende disant que si la fille possédée est tuée, la sœur qui la possède mourra aussi, on peut dire que la situation pourrait rapidement devenir explosive.
    L’univers est d’une complexité que l’on n’imagine pas au premier abord. Tout se dévoile naturellement au fil des chapitres.
    J’ai trouvé la fin douce-amère, mais je n’en aurais pas voulu d’une autre. Elle est parfaite, même si elle est un peu mélancolique.
    En tout cas, je note Shea Ernshaw dans la liste des auteurs à ne pas perdre de vue.

     

    Un extrait : La veille de l’ouverture de la Swan Season m’a toujours pesé. C’est comme un nuage noir dont je ne peux me dégager.

    Savoir ce qui se prépare, la mort qui s’approche doucement et s’empare de la ville comme le destin, grattant à la porte de chaque magasin, de chaque maison… Je le sens dans l’air, dans les embruns de la mer, dans les espaces vides entre les gouttes de pluie. Les Swan Sisters arrivent.

    Toutes les chambres des trois bed and breakfast de la baie sont réservées pour les trois prochaines semaines, jusqu’à la fin de la Swan Season – à minuit le jour du solstice d’été. Les chambres avec vue sur la mer partent au double du prix des autres. Les gens aiment ouvrir leurs fenêtres et sortir sur leur balcon pour écouter l’appel lancinant des Swan Sisters qui chantent au loin dans le port.

    Une poignée de touristes en avance sont déjà arrivés et traînent leurs bagages dans les bed and breakfast, ou prennent des photos du port. Ils demandent où trouver le meilleur café, ou un bon bol de soupe bien chaude, parce que c’est toujours lors de leur premier jour en ville qu’ils ont le plus froid – froid qui s’insinue entre les os pour ne plus vous quitter.

    Je déteste cette période de l’année, comme la plupart des locaux. Mais ce n’est pas l’afflux de touristes qui me dérange : c’est l’exploitation, le spectacle qu’on fait d’une saison qui est en réalité une malédiction pour cette ville.

    Arrivée sur le quai, je jette mon sac sur une des banquettes en bois du skiff. Dans la peinture blanche, des éraflures et des coups ponctuent tout le côté tribord, comme du morse. Mon père repeignait le skiff tous les printemps, mais le bateau a été négligé ces trois dernières années. Depuis que mon père a disparu quelque part en mer, des fois, je me sens comme cette coque : écorchée, cabossée, abandonnée à la rouille.

     

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