Résumé : Australie, début du XXe siècle. Les sœurs Latimer sont au nombre de quatre : Edda et Grace, les aînées, sœurs jumelles nées de la première union de leur père, un pasteur dont l’épouse est morte en couches ; Heather et Kitty, des jumelles également, filles de l’ancienne gouvernante du presbytère qui a épousé le révérend en secondes noces.
En 1925, les sœurs âgées de 18 et 19 ans fuient l’austérité du presbytère et l’autorité maternelle pour se former au métier d’infirmière dans l’hôpital de leur ville natale, en Nouvelle-Galles du Sud.
Là, chacune pourra aussi laisser libre cours à ses aspirations personnelles, dont la recherche de l’amour. Mais la Grande Dépression n’est pas loin, qui pourrait balayer bien des rêves d’émancipation dans une société encore très patriarcale…
Une grande fresque sentimentale qui s’attache à la destinée de quatre jeunes femmes énergiques et attachantes.
Auteur : Colleen McCullough
Edition : Archipoche
Genre : Roman contemporain
Date de parution : Septembre 2016
Prix moyen : 9€
Mon avis : J’ai bien aimé ma lecture, malgré pas mal de longueurs, mais il est vrai que, quand j’ai terminé le livre, je n’ai pas eu d’autres pensées que : « Tout ça pour ça ? ».
Chacune des sœurs Latimer a une personnalité bien distincte, au point qu’on en oublie qu’Edda et Grace, ainsi qu’Heather « Tufts » et Kitty sont jumelles.
J’ai trouvé dommage que l’auteur survole Heather. Il faut dire qu’elle est la seule à ne pas faire de vagues. Sérieuse et raisonnable, elle cesse de voir son mentor quand leur réputation à tous deux serait susceptible de souffrir de leur amitié et revient vers lui quand ce danger est passé. Elle ne se bat pas bec et ongle pour avoir une avancée professionnelle, se contentant de se montrer à la hauteur et de saisir les opportunités qu’on lui propose. Elle ne souhaite ni trouver le grand amour, comme Grace, ni être mère de famille à tout prix, comme Kitty, ni même exercer un métier qui est encore très masculin, comme Edda. Elle est là, elle est solide et attentive, mais on dirait que, comme elle ne crée pas de scandale, elle ne vaut pas la peine de s’y attarder.
Edda, elle, adore son métier d’infirmière, mais son rêve aurait été d’être médecin. Bien que la loi le lui permette, les femmes médecins n’ont pas la vie facile car il s’agit encore d’un métier très masculinisé. De plus les études ne sont pas données et son père, poussé par son épouse, ne lui a pas permis de suivre cette voie. Edda peut paraitre très autoritaire mais c’est parce qu’elle veut le meilleur pour les siens.
Grace est sans doute celle que j’ai le moins appréciée. Elle est tour à tour pleurnicheuse, agressive, intéressée…
A quasiment chacune de ses apparitions, elle m’a tapé sur le système.
Enfin, il y a Kitty. Kitty ne vit que pour les enfants : ceux du service pédiatrique, puis ceux de l’orphelinat. Elle rêve plus que tout d’en avoir à elle. La malédiction de Kitty c’est sa beauté époustouflante. Sa mère l’a menée partout comme une bête de concours sans se préoccuper des sentiments de sa fille et, une fois libérée de cette mégère, elle continue à être jugée avant tout sur ses traits.
Autour de ces quatre sœurs on voit plusieurs personnes. Le révérend Latimer, leur père, gentil mais trop effacé, Maud, belle-mère d’Edda et Grace et mère de Tufts et Kitty, malveillante et égoïste, Jack, qui se comporte parfois en gamin capricieux, Bear, totalement irresponsable, Charles, lamentable à tout point de vue, et enfin mes deux personnages secondaires préférés : le docteur Liam Finucam, ami et mentor de Tufts et Rawson Schiller, un politicien qui va être d’une grande importance dans la vie d’Edda.
Le plus gros intérêt du livre, à mes yeux, c’est de nous dépeindre la vie en Australie une fois que le pays a été touché par la crise économique qui a débuté avec le crash boursier de 1929.
En parallèle, on peut assister à l’émancipation de la femme avec entre autre la création du diplôme d’état d’infirmière qui va permettre à ces dernière d’être mieux rémunérée et donc plus indépendantes.
Malgré tout, j’ai eu une impression d’inachevée. L’impression qu’il n’y avait pas de fin, qu’on arrêtait tout au milieu d’une scène. J’attendais plus de problème de la part de Maud, par exemple.
Malgré tout, si le côté « saga familiale » m’a laissée plutôt froide, j’ai beaucoup apprécié le côté historique.
On ne peut donc pas dire que c’était une mauvaise lecture, mais on est loin du coup de cœur.
Un extrait : Ce n’était pas que Maude Latimer se comportât sciemment en tyran. Au contraire : elle se tenait pour une véritable sainte parmi les mères et les marâtres. Les quatre enfants ayant le même père, jamais elle ne se rendait coupable de discrimination entre Tufts et Kitty, ses propres filles, et les deux autres jumelles. C’est du moins ce qu’elle répétait à quiconque s’intéressait à elle de près ou de loin. Comment ces quatre adorables gamines auraient-elles pu irriter, fût-ce un seul instant, une femme qui s’épanouissait à ce point dans ses fonctions maternelles ? Et tout, en effet, aurait été pour le mieux dans le meilleur des mondes, ainsi que se l’imaginait Maude, si le destin n’avait joué à la fratrie l’un de ces petits tours dont il a le secret : Kitty, la plus jeune des jumelles de Maude, possédait une beauté bien supérieure à celle de ses sœurs, qu’elle éclipsait comme le soleil ternit l’éclat de la lune.
Or, depuis la plus tendre enfance de la petite, jusqu’à ce jour censé célébrer son départ prochain, sa mère n’avait cessé de marteler à qui voulait l’entendre combien sa fille était parfaite. Et chacun s’accordait à reconnaître que l’épouse du pasteur avait raison… mais, mon Dieu, comme on se sentait las dès qu’on la voyait paraître, tenant fermement Kitty par la main, tandis que ses trois sœurs suivaient quelques pas en arrière. Les habitants de Corunda s’accordaient sur un point : Maude était en train de faire de Grace, Edda et Tufts les ennemies jurées de Kitty – elles devaient la haïr ! On était également d’avis que la pauvre Kitty, pour sa part, ne pourrait devenir qu’une jeune personne détestable, capricieuse et arrogante.
La réalité vint démentir tous les pronostics. Pour quelle raison ? Le mystère demeurait entier, sauf aux yeux du pasteur, qui tenait l’affection mutuelle de ses filles pour une preuve irréfutable de l’amour divin. Bien entendu, Maude volait la vedette à Dieu Lui-même : c’était à elle, à elle exclusivement, affirmait-elle, que revenait le mérite d’avoir élevé quatre sœurs si joliment unies.
Ces dernières ressentaient pour elle autant de pitié que d’antipathie, ne l’aimant qu’à la manière dont s’aiment les femmes d’une même famille, liées ou non par le sang. Quant à l’alliance que les jumelles avaient forgée contre leur mère ou belle-mère, elle était sans rapport avec le sort injuste réservé à Tufts, Edda et Grace, mais bien plutôt avec les tourments qu’endurait Kitty, objet de toutes les attentions de Maude.
Kitty aurait pu se révéler une enfant exigeante et un peu peste, au lieu de quoi elle était silencieuse, timide et réservée. De vingt mois ses aînées, Edda et Grace furent les premières à s’apercevoir des effets dévastateurs du comportement de Maude sur sa jolie fillette ; Tufts ne tarda pas à partager leurs vues. Alors naquit la conspiration des trois sœurs pour arracher Kitty aux griffes de sa mère, conspiration qui, au fil du temps, ne cessa de gagner en intensité.