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[Livre] L’insigne du boiteux

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Résumé : Un assassin, qui se fait appeler le Prince, exécute des mères de famille sous les yeux horrifiés de leurs jeunes fils âgés de 7 ans. Opérant à l’arme blanche avec une rare sauvagerie, le meurtrier taille ses victimes en lanières. Telle est la punition qu’il inflige. Mais qui punit-il ? Et de quoi ?
Pour répondre à ces deux questions fondamentales, le commandant Falier s’adjoint les services du professeur Bareuil, spécialiste des crimes rituels, « retraité » de la Sorbonne, et de Jeanne Lumet, qui fut sa plus brillante élève. Or la jeune femme est mère d’un petit garçon de 7 ans. Détail qui n’échappera sans doute pas au Prince…


Auteur : Thierry Berlanda

 

Edition : De Borée

 

Genre : Thriller

 

Date de parution : 14 Février 2019

 

Prix moyen : 7,5€

 

Mon avis : Je sors vraiment mitigée de cette lecture.

Si j’ai bien aimé l’histoire en elle-même - d’ailleurs c’est le résumé, plus que le titre, qui m’a convaincu de le lire - en revanche, j’ai eu plus de mal avec la forme du roman.

L’auteur emploie un langage assez recherché, pas désagréable mais qui sonne faux dans un thriller, surtout quand au détour d’une page on tombe soudain sur des termes comme « gras-du-bide ». Si on met de côté ma répugnance pour ce genre de terme, on dirait que l’auteur hésite entre deux styles.

Dès le début du livre, avant même d’être gênée par le style, j’ai remarqué un manque flagrant de rigueur dans l’édition.

Alors, je sais bien qu’il ne s’agit « que » d’un poche, mais quand même, page 79, il manque carrément une phrase.

L’auteur n’est pas en reste. On commence les ennuis page 84 avec une phrase qui laisse perplexe : « Je crois que tu ne peux pas m’occuper de lui ».

A plusieurs reprises, on a de magnifiques incohérences, à se demander si l’auteur s’est seulement relu.
Par exemple, un suspect s’identifie d’un nom et une date de naissance et, à peine une page plus loin, la police déclare ne pas avoir trouvé trace d’une personne de ce nom née… dix ans plus tard que la date annoncée par le suspect… et cela ne semble émouvoir personne.
Plus loin, lors d’une discussion entre deux personnages, l’un dit à l’autre qu’il est au courant de l’enlèvement d’un troisième personnage, puis quelques lignes plus loin, le même personnage réclame d’être mis en contact avec la personne qu’il a dit savoir être enlevée.

Ces incohérences, couplées au style employé, donne l’impression d’une enquête laborieuse, comme si l’auteur ne savait pas trop où il allait.

J’ai regretté le manque de profondeur des personnages. Par exemple, on sait que Jeanne souffre de phobies, mais on ne sait ni à quoi elles sont dues, ni leur ampleur. Pourquoi ? En quoi ce fait apporte un plus aux personnages si ce n’est que mentionné en passant ?
Et c’est pareil pour tous les personnages, tueur compris.

La fin va trop vite, elle tient plus du coup de chance que de l’habilité des enquêteurs.
Ici, on a les élucubrations d’un pseudo historien dont on se demande comment il peut ainsi manipuler son monde tant son arrogance ne connaît aucune limite, mais on n’a pas cette sensation que chaque meurtre permet de faire un pas de plus vers la solution.

Le meurtrier est le seul a avoir un certain développement. Entre ses crises mystiques et ses souvenirs, on comprend relativement vite ce qui le motive.

L’insigne du boiteux semble être le 1er tome d’une trilogie, mais je n’ai pas été suffisamment convaincue pour lire la suite.

C’est dommage que le style et le traitement de l’histoire ne m’aient pas convaincue parce que l’histoire était vraiment intéressante à lire.

Il m’a juste manqué quelques éléments pour réellement apprécier ma lecture.

 

Un extrait : Les lampadaires émergent du brouillard, accrochant des maques d’effroi aux cariatides du boulevard. Jeanne Lumet marche en évitant de justesse les flaques gelées, et maudit celui qui l’oblige à sortir de chez elle à une heure pareille.
Un coup de téléphone l’a tirée de son sommeil au milieu d’un rêve qui l’a transportait des mois en arrière, à l’époque où Paul habitait encore avec elle et leur fils. Les roses de Villandry, la splendeur des jardins, Léo caracolant dans les escaliers avec son épée de bois confectionnée par Paul et qu’il préférait décidément aux pistolets laser, les poses qu’elle prenait pour la photo en retenant sur ses cheveux un chapeau de paille courtisé par le vent, voilà le refuge de douceur éboulé en deux secondes par la sonnerie.
Une voix inconnue. Un grésillement plutôt.

- Commandant Falier, police criminelle.

Pour Jeanne, le pire est toujours l’éventualité la plus plausible ; par réflexe, elle s’est ruée dans la chambre de Léo. Elle y a simplement vu un gosse qui rêve à des dinosaures. Ressort distendu, elle est revenue s’asseoir sur le bord de son lit en baillant, puis elle a cherché à quatre pattes le téléphone qui avait rebondi dessous comme un poisson dans l’herbe.

- On est en pleine nuit. Qu’est ce qu’il se passe ?

- J’appelle sur les conseils du professeur Bareuil…

Entendre ce nom a provoqué chez Jeanne un afflux de sérotonine suffisant pour lui maintenir les paupières grandes ouvertes jusqu’au soir.

- J’ai un cas bizarre. Bareuil pense que vous pourriez m’aider. Vous pouvez venir maintenant ?

- Quoi ? Mais je dors… Et puis c’est quoi « bizarre » ? Ce qui est bizarre, c’est plutôt que Bareuil vous ait filé mon nom !

- Bareuil… C’est lui qui vous pose un problème ?

Des images lui sont revenues malgré elle, d’un passé qu’elle croyait enterré. Bareuil avait été son professeur d’histoire médiévale pendant ses deux années de Master. Jeanne se précipitait toujours à ses cours, sous l’œil perplexe des autres étudiants qui, bien qu’inscrits dans le même cursus, tombaient moins facilement qu’elle amoureux d’une icône melkite ou d’un masque copte. Bareuil avait tout de suite remarqué cette graine de championne. Lui qui passait pour le pape du magister classique s’était mis, au bout de quelques semaines, à s’adresser à elle comme à un confrère ; il ne corrigeait plus ses travaux, il les discutait. La facilité de son élève, excusée d’avance par sa grâce, ne l’irritait pas. Jeanne savait que si elle avait été une étudiante au teint gris et aux cheveux gras, bien qu’ayant eu les mêmes dispositions intellectuelles, elle aurait trouvé en Bareuil son pire ennemi ; percevant le talent des autres comme une menace, il lui aurait sans fin asséné la sempiternelle vérité institutionnelle selon laquelle, sans le travail, une bonne prédisposition n’est qu’un défaut.

 

Petite déception 2 étoiles.jpg

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