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  • [Livre] Rouge toxic

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    Résumé : Je m’appelle Faruk, et pour subsister, il me faut boire votre sang.
    Je vivais tranquillement ma non-vie dans les bas-fonds de San Francisco, quand ce type a débarqué pour me confier une mission difficile à refuser.
    Me voilà sur les bancs de Mission High School, à suivre comme une ombre Barbie, une orpheline aussi intrigante que réfractaire à mes charmes. Et croyez?moi, survivre dans la jungle du lycée, ce n’est pas de tout repos, même pour un vampire. Surtout pour un vampire...
    Mais d’elle ou de moi, qui sera le plus toxique ?


    Auteur : Morgane Caussarieu

     

    Edition : Naos

     

    Genre : Bit Lit

     

    Date de parution : 15 Février 2018

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : Après avoir vu une vidéo de Perseline qui vantait les qualités de Morgane Caussarieu, j’avais ajouté ce livre à ma PAL. Avec le Pumpkin Autumn Challenge 2018, je l’ai enfin lu.
    A priori, j’aurais pu commencer par son premier roman, « Dans les veines », qui mets en scène certains des personnages que l’on retrouve dans « Rouge toxic ». Pas grave, je le lirai après, un peu comme un préquel.
    Ca ne m’a pas empêchée de comprendre l’histoire car elle est indépendante. Ca m’a encore moins empêchée de l’apprécier.
    Faruk n’a rien des vampire à tendance « végétarienne » et plein de bons sentiments que l’on rencontre généralement dans la littérature Young Adult.
    Non. Faruk est un vampire. Un vrai de vrai. Un qui se fiche des humains sauf quand il s’agit de casser la graine.
    D’ailleurs Faruk est à ce point coupé du monde qu’il ignore qu’il existe d’autre membres de son espèce en plus de lui-même et de son créateur, créateur qu’il n’a pas revu depuis sa transformation.
    Je comprends pourquoi Faruk a accepté la mission que décide de lui confier Abe. En dehors d’avantages non négligeables comme un procédé scientifique lui permettant de sortir au soleil et un médicament lui permettant de contrôler la soif de sang, en protégeant Barbie, c’est lui-même qu’il aide.
    Mais si Faruk est impitoyable, si les vampires, car on se doute bien qu’il y en d’autres, sont d’une violence inouïe, j’ai cependant trouvé les humains qui entourent Barbie bien pires qu’eux.
    En effet, on peut se dire que Faruk obéit à ses instincts de prédateur et à la soif de sang, mais rien ne justifie les actes d’Abe, par exemple, qui, non content de mentir à Barbie, se sert de Faruk comme d’une arme qui lui permet d’avoir l’impression de ne pas se salir les mains.
    Au final, j’ai trouvé l’histoire familiale de Barbie bien plus glauque que la manière de vivre des vampires (Est-ce qu’on reproche à un lion de bouffer une antilope ?).
    A un moment, j’ai eu l’impression d’être dans Game of thrones : personne n’est à l’abri !!
    Dites vous bien que tout le monde, absolument tout le monde, est susceptible d’y passer !
    La fin donne très envie d’avoir une suite, mais elle n’est pas indispensable.
    Quand on sait que ce livre a été écrit pour un public adolescent, on imagine bien combien ses livres destinés aux adultes doivent être perturbants.
    Mais j’ai quand même bien envie de me laisser tenter !

     

    Un extrait : Assise devant les deux stèles, j’arrachais compulsivement les fleurs du bouquet qu’on avait acheté pour eux sur la route, et leur parlais de mes résultats en classe, plutôt pas terribles – « peut mieux faire », disait le bulletin – et du cheval qu’Abe m’avait acheté pour me changer les idées.

    J’évoquai en vrac mon nouveau lycée, la gouvernante et son vaudou, la batterie d’examens médicaux qu’on me faisait subir chaque semaine, et la parano d’Abe qui commençait à me taper sur le système en plus de déteindre sur moi. Je racontai d’un bloc, sans prendre la peine de respirer. Je n’avais pas vraiment d’ami à qui confier cela, alors ça faisait un bien fou de tout leur déballer.

    Je m’adressais plus à ma mère qu’à mon père. À elle, je disais tout, depuis toujours. J’avais pris l’habitude de venir ici, et de vider mon sac.

    Avec mon père, c’était différent. Nous échangions beaucoup du temps de son vivant, mais je lui cachais quand même des trucs. Maman, elle, n’avait jamais jugé – comment aurait-elle pu ? Papa, c’était une autre histoire : pudique, il se refusait à évoquer ce qu’il ressentait. Nous parlions de tous les sujets sauf de ce qui était réellement important. Nous n’avions jamais eu de discussion à propos de son décès à elle, par exemple. Par contre, nous plaisantions sur tout et sur rien, sur l’actualité ou le film qui passait à la télévision. Mon père aimait débattre, sa manière de m’éduquer et m’ouvrir l’esprit.

     

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  • [Livre] Le journal intime d'un arbre

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    Résumé : "On m'appelle Tristan, j'ai trois cents ans et j'ai connu toute la gamme des émotions humaines.

    Je suis tombé au lever du jour. Une nouvelle vie commence pour moi - mais sous quelle forme ? Ma conscience et ma mémoire habiteront-elles chacune de mes bûches, ou la statuette qu'une jeune fille a sculptée dans mon bois ? Ballotté entre les secrets de mon passé et les rebondissements du présent, lié malgré moi au devenir des deux amants dont je fus la passion commune, j'essaie de comprendre pourquoi je survis.

    Ai-je une utilité, une mission, un moyen d'agir sur le destin de ceux qui m'ont aimé ?"


    Auteur : Didier Van Cauwelaert

     

    Edition : Michel Lafon

     

    Genre : Contemporaine

     

    Date de parution : 13 octobre 2013

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : Tristan est un poirier de 300 ans qui vient d’être déraciné par une tempête.
    Malgré sa « mort », la conscience de Tristan survit à travers une sculpture taillée dans son bois.
    Au fil des déplacements de celle-ci, Tristan raconte : son passé, ceux qui l’entourent, l’humanité…
    Si je me suis attachée à Tristan et à son passé, si j’ai apprécié le docteur Lannes et la petite Manon, je n’ai pas accroché aux personnages que ce soit Manon une fois adulte, Yannis, ou les autres personnages qui entrent plus tard dans le cercle de Tristan.
    Si je n’ai pas accroché avec les personnages, j’ai beaucoup aimé la manière dont la nature s’occupe de la « menace humaine ». J’ai d’autant plus accroché que j’avais pensé à une théorie plus ou moins similaire lors d’une conversation sur la protection de la nature où on se disait que la nature allait finir par se protéger elle-même.
    Si beaucoup de personnages m’ont exaspérée, je n’ai eu aucun problème avec l’écriture de l’auteur que j’ai trouvé agréable et d’une fluidité remarquable. Je n’ai pas vraiment trouvé qu’il y avait des temps morts.
    En fait, je crois que j’aurais préféré avoir vraiment le journal intime de Tristan, depuis sa plantation jusqu’à sa mort et qu’il nous décrive plus en détail les faits qu’il ne fait qu’évoquer : la femme arrêtée pour sorcellerie, le gamin tué par les allemands pendant la guerre, plutôt que de voir ce qu’il observe après sa « mort ». J’ai trouvé son passé tellement plus attrayant !
    Je ne regrette pas ma lecture, mais je pense qu’elle aurait pu être encore meilleure.

     

    Un extrait : Je suis tombé au lever du jour. Transmise par la lumière sur mes racines et le contact de mes branches avec la terre, l'information m'a été confirmée par le facteur. Je me suis vu gisant dans ses yeux, en travers de l'allée. Sa première pensée a été pour le docteur Lannes. « Le pauvre, quand il rentrera... »

    La tristesse que j'allais causer à mon propriétaire s'est mêlée à tous les signaux de détresse que je percevais autour de moi. Insectes, oiseaux, champignons, tous avaient perdu mon repère. Je m'accrochais à l'espoir qu'on allait peut-être me sauver, comme le catalpa derrière le garage qui s'était couché lors de la tempête de 1999. On l'avait redressé avec un treuil, et depuis il survivait de son mieux, maintenu par trois câbles ornés de chiffons.

    Mais, à travers les yeux du facteur, j'ai bien vu que mes branches charpentières s'étaient brisées dans la chute. Déraciné, décapité, j'avais en tout cas épargné mes congénères, les voisins, les toitures et la tonnelle où courait la glycine. Je ne laisserais pas de mauvais souvenirs.

    On m'appelait Tristan, j'avais un peu moins de trois cents ans, j'étais l'un des deux poiriers du docteur Lannes. Il m'avait fait inscrire sur la liste d'attente des Arbres remarquables de France, et avait obtenu ma grâce au tribunal quand les voisins m'avaient poursuivi pour vieillesse dangereuse. J'étais son bien le plus cher, son devoir de mémoire, sa victoire sur le temps. À son âge, ma mort allait probablement le tuer...

    J'ignore si nos liens se renoueront. Y a-t-il un au-delà commun pour les hommes et les arbres ?

     

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  • [Livre] Maybe someday

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    Résumé : À 22 ans, Sydney a tout pour être heureuse : des études passionnantes, le mec parfait, Hunter, et un superbe appartement en coloc avec sa meilleure amie Tori. Jusqu'au jour où elle apprend que ces deux êtres qui lui sont le plus chers lui cachent un secret impardonnable... Sydney décide alors de tout plaquer. Elle se rapproche de plus en plus de Ridge, son mystérieux voisin. Elle vibre lorsqu'il lui joue ses magnifiques mélodies à la guitare sur son balcon. Mais chacun a ses secrets, et Sydney va découvrir ceux de Ridge à ses dépens. Ensemble, ils vont comprendre que les sentiments qu'ils partagent ne leur laissent pas le choix dans leurs décisions.


    Auteur : Colleen Hoover

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Romance

     

    Date de parution : 04 Mai 2016

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Depuis que j’ai découvert simultanément « Jamais plus » et « Too late », j’ai décidé de lire Colleen Hoover. Et systématiquement, je suis un peu déçue parce que je trouve que ses romans précédents ne sont pas à la hauteur de ces deux-là (Autant vous dire que j’ai très peur de lire « A première vue » car, soit il va confirmer que le style de l’auteur a évolué, soit il me laissera à penser que ces deux-là sont juste d’heureux incidents de parcours).

    Maybe someday ne fait pas exception à la règle.
    J’ai bien aimé l’histoire, la particularité de Ridge la rend originale, et Sydney est assez attachante, mais j’ai trouvé que l’histoire n’apporte pas grand-chose de plus que les centaines de romances qu’on trouve un peu partout.

    Personnellement, une chanson recopiée en entier était largement suffisante et j’ai fini par sauter ces « passages musicaux » qui n’apportent pas grand-chose au final, d’autant plus que la traduction est d’une part à la fin du livre ce qui oblige à des aller-retour si on ne comprend pas du tout l’anglais, et prête parfois à sourire quand on le comprend un peu et qu’on voit une phrase telle que « I’m in trouble now » être traduite par « Tu me trouble trop ». C’est risible et même insultant pour les lecteurs français quand on pense que l’auteur prétend que ces chansons sont essentielles pour le roman.
    Par contre, j’ai bien aimé que la trahison de Hunter et Tori, annoncée dès le quatrième de couverture, ne mette pas trois plombes à se produire. Rien de plus énervant pour moi de voir qu’on tourne en rond pendant 100p avant que l’évènement qui lance l’intrigue n’ait lieu. Ici, non. On entre très vite dans le vif du sujet et c’est vraiment un point positif.

    Un autre point positif : Colleen Hoover a vraiment approfondi ses personnages principaux. Ils ont un passé, une enfance, de la famille, qui expliquent leur réactions au fil de l’histoire. Bien sûr on en sait plus sur Sydney et Ridge, mais Warren et Maggie sont aussi bien travaillés.
    Je regrette juste qu’elle n’ait pas fait pareil avec Hunter, Tori et Bridgette qui ont du coup plus un rôle de faire valoir, sans même avoir vraiment le statut de personnage.

    Alors je ne vais pas dire que j’ai détesté ma lecture : l’écriture est agréable, ça se lit plutôt vite, mais j’ai eu l’impression de lire une fanfiction. Une fanfiction de qualité, mais une fanfiction tout de même.

    J’espère vraiment que « A première vue » sera à la hauteur de « jamais plus » et « too late » et qu’il confirmera une évolution du style de l’auteur car sinon je trouverais vraiment dommage que Colleen Hoover gâche ainsi son potentiel dans des romances sans grande consistance.

     

    Un extrait : J’ouvre la porte-fenêtre et sors sur mon balcon, contente que le soleil ait déjà plongé derrière l’immeuble d’en face. Du coup, il fait plus frais, un peu comme par une belle journée d’automne. Presque aussitôt, le son de la guitare s’élève à travers le parc et je m’assieds dans le transat. Je dis à Tori de venir faire ses devoirs ici, histoire de ne pas reconnaître que cet instrument est la seule raison qui me pousse à sortir tous les soirs à vingt heures, avec la régularité d’une pendule.

    Voilà des semaines que le type d’en face s’installe sur son balcon pour jouer au moins une heure. Et moi, tous les soirs, je sors l’écouter.

    J’ai remarqué que quelques voisins en faisaient autant, mais aucun n’est aussi assidu. Je ne vois pas comment on peut entendre ces chansons sans en tomber aussitôt accro. Bon, pour moi, la musique a toujours été une passion, alors peut-être que je me laisse un peu plus emporter par ses mélodies que la plupart des gens. Je joue du piano depuis toujours ou presque et, bien que je ne l’aie jamais avoué à personne, j’adore composer. Au point que j’ai orienté mes études sur l’enseignement de la musique, il y a deux ans. J’ai l’intention de devenir prof, au lieu de suivre les conseils de mon père qui me voyait plutôt faire du droit.

    – Une vie médiocre est une vie perdue, a-t-il commenté quand je lui ai annoncé que je changeais de spécialisation.

    Une vie médiocre. Je trouve ça encore plus drôle qu’insultant, de la part d’un homme qui semble aussi désabusé par tout ce qu’il a entrepris. Un avocat. Va comprendre !

     

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  • [Livre] Qui es-tu Alaska?

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    Résumé : Miles Halter a seize ans et n'a pas l'impression d'avoir vécu. Assoiffé d'expériences, il décide de quitter le petit cocon familial pour partir loin, en Alabama au pensionnat de Culver Creek. Ce sera le lieu de tous les possibles. Et de toutes les premières fois. C'est là aussi, qu'il rencontre Alaska. La troublante, l'insaisissable et insoumise, drôle, intelligente et follement sexy, Alaska Young.


    Auteur : John Green

     

    Edition : Folio

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 18 Mai 2017

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : J’ai entendu beaucoup de bien de ce livre, et, comme j’avais beaucoup aimé l’écriture de l’auteur dans « nos étoiles contraires », je n’ai pas hésité à le rajouter à ma PAL pour le Pumkin Autumn Challenge.
    Dès les premières lignes, on peut voir qu’on est en présence d’un compte à rebours : 158 jours avant, 128 jours avant… Mais avant quoi ? On ne le saura pas avant d’y être.
    J’ai eu assez vite un gros pressentiment sur l'événement vers lequel on se dirige, un bon pressentiment d’ailleurs.
    Mais avoir deviné sa teneur n’a absolument rien changé aux émotions qu’il provoque.
    Les personnages sont attachants, vraiment. Chacun d’eux a ses failles, mais ce sont des failles qui permettent à tous de s’identifier aux personnages.
    L’un d’eux vient d’un foyer monoparental très aimant mais très pauvre, une autre a émigré dans ce pays à l’âge de 12 ans et a du faire le deuil de tout ce qu’elle a été obligée d’abandonner dans son pays d’origine… Le personnage principal, Mile, à travers les yeux de qui on découvre leur histoire, vient d’un lycée où il était au mieux ignoré et malheureusement parfois harcelé. C’est la raison pour laquelle il a demandé à partir en pension dans un autre état, pour repartir de zéro.
    Parmi les quelques amis qu’il se fait, j’ai eu une petite préférence pour le colonel.
    Concernant Alaska, je l’ai moins appréciée, même si elle est au cœur de toute l’histoire.
    J’ai eu du mal avec son caractère mais j’ai trouvé que l’histoire est plus centré sur son entourage que sur Alaska elle-même, du coup, l’apprécier importe au final assez peu.
    Difficile d’en dire plus sans parler de cet événement, ce que je ne veux surtout pas faire.
    Je dirais simplement que ce livre ne répond pas à toutes les questions que l’on se pose. Mais c’est tout à faire normal car personne ne peut vraiment répondre à ses questions. Contrairement à d’habitude, j’aurais été déçue d’avoir des réponses tranchées.
    Plusieurs hypothèses sont avancées. A chacun de se faire sa propre opinion.
    Ce roman était un livre bourré d’émotions dans lequel on peut voir un groupe d’adolescent passer brutalement dans le monde des adultes.

     

    Un extrait : IL FAISAIT TRÈS CHAUD EN FLORIDE, incontestablement, et humide. Chaud au point d'avoir les habits qui collent à la peau comme du scotch et la sueur qui ruisselle dans les yeux, mais uniquement en extérieur. Or, la plupart du temps, je ne sortais que pour aller d'un endroit climatisé à un autre.
    Je n'étais pas préparé à cette sorte de chaleur unique que l'on rencontre à vingt-cinq kilomètres au sud de Birmingham (Alabama), au lycée de Culver Creek. Le 4 x 4 de mes parents était garé sur l'herbe à quelques mètres à peine de ma chambre, la 43. Mais, chaque fois que je faisais le modeste aller-retour de la voiture à la chambre pour décharger ce qui me semblait être à présent beaucoup trop d'affaires, le soleil me mordait la peau à travers mes vêtements avec une férocité sans nom qui m'a fait véritablement redouter le feu de l'enfer.
    À nous trois, papa, maman et moi, ça ne nous a pris que quelques minutes de vider le coffre de la voiture, mais ma chambre non climatisée, bien qu'à l'abri des ardeurs du soleil, était à peine plus fraîche que l'extérieur. J'ai été surpris par la chambre. Je m'étais imaginé de la moquette épaisse, des murs lambrissés, du mobilier victorien. Excepté le seul luxe d'une salle de bains individuelle, j'avais hérité d'une boîte. Avec ses murs en parpaing enduits de généreuses couches de peinture blanche et son lino à carreaux verts et blancs, elle évoquait plus l'hôpital que le dortoir de mes rêves. Deux lits superposés en bois brut avec des matelas en vinyle avaient été poussés contre la fenêtre qui donnait sur l'arrière du bâtiment. Tous les meubles étaient fixés aux parois et au sol : bureau, armoire, étagères, pour éviter toute velléité d'agencement personnelle. Et pas d'air conditionné.

     

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  • C'est lundi que lisez-vous? #210

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    Rendez-vous initié par Mallou qui s'est inspirée de It's Monday, What are you reading ? de One Person’s Journey Through a World of Books. Le récapitulatif des liens se fait maintenant sur le blog I believe in Pixie Dust.

     

    Il s'agit de répondre à trois questions:

    Qu'ai-je lu la semaine passée?
    Que suis-je en train de lire?
    Que lirai-je après?

     

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    Et vous, que lisez-vous?

  • Premières lignes #52

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    Premières lignes est un rendez-vous livresque mis en place par Aurélia du blog Ma lecturothèqueLa liste des participants est répertoriée sur son blog (Si ce n’est que son rdv est le dimanche et que je mettrai le mien en ligne chaque samedi).
    Le principe est de, chaque semaine, vous faire découvrir un livre en vous en livrant les premières lignes.
    Pour ma part, j’ai décidé de vous faire découvrir mes coups de cœurs !

     

    Cette semaine, je vous présente Une journée exceptionnelle de Kaira Rouda

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    Je regarde ma femme s’installer sur le siège passager. Le soleil se reflète dans sa chevelure d’un blond clair et elle lance des étincelles, comme ces cierges magiques qu’on allume pendant les célébrations du quatre juillet. Je suis confiant. Les choses se passent exactement comme prévu.
    Nous sommes ensemble, juste tous les deux, prêts à partir passer le week-end dans notre maison, au bord du lac. Cette journée symbolise tout ce pour quoi j’ai tant travaillé, tout ce que nous avons bâti. Côté conducteur, où je suis assis, le soleil transperce la vitre avec une telle intensité que je ressens le besoin de porter la main à ma tempe. Les verres sombres de mes lunettes devraient pourtant suffire à protéger mes yeux. Ils l’auraient fait dans d’autres circonstances, j’en suis sûr. Un autre jour. Aujourd’hui, quelque chose a changé entre ma femme et moi. Une étrange tension pulse dans l’air stagnant de l’habitacle. Elle n’est pas visible mais je sens bien qu’elle est là. J’aimerais pouvoir lui donner un nom, trouver sa source. L’éliminer.
    La matinée a été stressante, c’est certain. On est vendredi et, quand on a des enfants, le dernier jour de la semaine semble voué à la frénésie. Réveiller les garçons, faire en sorte qu’ils s’habillent et enfin les déposer dans leur école élémentaire, une bâtisse de brique rouge entourée de pelouses impeccables, qui affiche des résultats exemplaires et où ils excelleront sans aucun doute, l’un en CP l’autre en CE2. Pour dire la vérité, mon rôle dans l’emploi du temps que je viens de décrire est assez limité. Le matin, c’est à Mia, ma femme, qu’incombent toutes les tâches liées aux garçons. De ce point de vue, nous sommes un foyer de banlieue des plus traditionnels. Quand je me réveille, je prépare du café, je prends ma douche, je m’habille et je pars au bureau avant le lever des enfants. Je dois bien avouer que, la plupart du temps, mes préoccupations sont assez égoïstes, voire égocentriques.
    Voilà pourquoi cette journée est si particulière. Ce matin, c’est moi qui ai accompagné les garçons à l’école, qui leur ai expliqué qu’au lieu de leur maman, ce serait la baby-sitter qui viendrait les chercher à la sortie des classes. Une fois rentré à la maison, j’ai rangé nos couverts sales dans le lave-vaisselle. Je peux être serviable, quand je le veux, mais je préfère éviter car Mia risquerait de s’y habituer. Une fois la table du petit déjeuner débarrassée, j’ai appelé Mia, à l’étage, pour qu’elle se dépêche. Cela fait plus d’un an que nous n’avons pas passé de week-end tous les deux, en amoureux. Cette journée nous appartenait tout entière et il était temps de se mettre en route.
    Sa réponse m’est parvenue en voletant comme un papillon depuis le haut de l’escalier. Elle avait besoin de mon aide pour les bagages. Quelques instants plus tard, je portais deux énormes valises jusqu’en bas de notre grand escalier. Mia me suivait, les bras chargés d’un panier à linge rempli d’on-ne-sait-quoi.
    — Tu comptes y rester un bon moment, à ce que je vois ! l’ai-je taquinée.
    Elle a rougi, gênée de confirmer sa réputation de voyager lourd, mais je n’ai pas râlé. C’était sa journée. Elle pouvait emporter tout ce qu’elle voulait. Au moment où tout fut casé dans le coffre de la voiture, quand Mia a enfin commencé à se dérider, visiblement soulagée d’avoir terminé ses valises, mon téléphone s’est mis à sonner. J’aurais mieux fait de ne pas répondre, c’est vrai, mais cette erreur ne mérite pas qu’on s’y attarde. Ce n’était qu’un tout petit faux pas dans une journée qui s’annonçait formidable.


    Alors, tentés?

  • [Film] Le plan B

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    Titre original
     : The back-up plan

     

    Réalisé par : Alan Poul

     

    Date de sortie : 19 mai 2010

     

    Genre : Comédie sentimentale

     

    Pays d’origine : USA

     

    Durée : 1h47

     

    Casting : Jennifer Lopez, Alex O’Loughlin, Anthony Anderson, Michaela Watkins, Danneel Ackles…

     

    Résumé : Lassée d’attendre un hypothétique Prince Charmant, Zoe a décidé de faire un bébé toute seule. Le jour même de l’insémination, elle rencontre Stan, qui pourrait bien être l’homme dont elle rêvait… Zoe se rend vite compte que démarrer à la fois une grossesse et une histoire d’amour est plutôt compliqué, surtout lorsque l’homme n’est pas le père de l’enfant, et qu’en plus il ne sait même pas qu’elle est enceinte… De son côté, Stan a bien du mal à comprendre Zoe, qui tente de cacher les premiers signes de sa grossesse. Ils ne savent rien l’un de l’autre, chacun a ses propres doutes, le bébé sera bientôt là et la vie s’acharne à les placer dans les situations les plus impossibles… Tout le monde peut tomber amoureux, se marier et avoir un bébé. Mais prendre les choses à l’envers et commencer par le bébé, c’est une autre aventure…

     

    Mon avis : Quelle femme ne s’est jamais demandé si « le bon », ce mec pas parfait en soi mais parfait pour elle, existait vraiment ?
    Et quand le désir d’enfant se fait cruellement ressentir, doublé du tic tac menaçant de cette saleté d’horloge biologique, combien de femmes se désespèrent de passer le cap après lequel il faut faire le deuil de la maternité ?
    C’est un peu ce qui arrive à Zoé, qui décide de prendre les choses en main et de se passer de ce satané prince Charmant qui se fait attendre (Faut dire aussi qu’elle est dans un pays où elle a accès à ce type de choix).

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    Mais le destin est un petit farceur.
    Zoé à peine inséminé, voilà-t-il pas qu’elle tombe sur le beau Stan. Oui, le mec parfait pour elle (mais pas parfait tout court) dont on parlait plus haut.
    Remarquez que le mec a les reins solides : il rencontre une fille, 3h plus tard elle est enceinte et il ne fout pas illico le camp en Papouasie-Nouvelle-Guinée ! Rien que pour ça, il mérite un prix !

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    Ce film est à la fois une comédie et une romance.
    J’aime beaucoup Jennifer Lopez dans ce type de film mais je ne connaissais pas vraiment Alex O’Loughlin qui interprète Stan. Et pourtant, il n’est pas désagréable à regarder ce monsieur !
    Bien que les gags n’aient rien de très original, ils fonctionnent et le film passe à toute vitesse.
    J’ai beaucoup aimé la grand-mère de Zoé, mais j’ai regretté qu’on la voie si peu.
    Un film léger et divertissant, qui en fait parfois un peu trop, mais avec lequel on passe néanmoins une bonne soirée.


  • [Livre] Les hauts de Hurlevent

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    Résumé : Les Hauts de Hurle-Vent sont des terres balayées par les vents du nord. Une famille y vivait, heureuse, quand un jeune bohémien attira le malheur. Mr. Earnshaw avait adopté et aimé Heathcliff. Mais ses enfants l'ont méprisé. Cachant son amour pour Catherine, la fille de son bienfaiteur, Heathcliff prépare une vengeance diabolique. Il s'approprie la fortune de la famille et réduit les héritiers en esclavage. La malédiction pèsera sur toute la descendance jusqu'au jour où la fille de Catherine aimera à son tour un être misérable et fruste.


    Auteur : Emilie Brontë

     

    Edition : Archipoche

     

    Genre : Classique

     

    Date de parution : 11 Avril 2018 dans cette édition (première publication 1847)

     

    Prix moyen : 9€

     

    Mon avis : Toute ma vie, on m’a seriné que « les Hauts de Hurlevent » était une histoire d’amour tumultueuse dans la veine de « autant en emporte le vent ».
    Mais en fait, non ! Pas du tout ! (remboursez !) (Non, ça va, j’ai bien aimé, vous vous en sortez bien bande de menteurs)
    Hurlevent n’est, à mon sens, pas du tout une histoire d’amour. C’est une histoire de possessivité et surtout de haine et de vengeance.
    Je ne crois pas une seconde au supposé amour de Catherine Earnshaw et Heathcliff.
    La première est une égoïste qui n’a jamais pensé qu’à elle et à comment attirer l’attention, et qui a choisi le confort matériel sans la moindre hésitation.
    Le second est un vrai malade qui ne ressent de satisfaction que dans la destruction d’autrui en réponse à des offenses qui peuvent être réelles comme être totalement imaginaires.
    D’ailleurs sa haine est totalement irrationnelle et s’abat sur tout un tas de personnes qui n’ont eu d’autre tort que de venir au monde.
    Je n’ai jamais eu autant d’antipathie pour quasiment tous les personnages d’un livre.
    J’ai détesté presque chacun d’eux à l’exception d’Edgar Linton et sa fille, Cathy, qui m’ont quand même souvent exaspérée, l’homme à qui l’histoire est racontée et qui fait montre d’une curiosité naturelle et bien sûr Hélène « Nelly » Dean qui est le personnage le plus sensé et le plus moral de tout le livre.
    Comme souvent dans les classiques, le début est un peu rébarbatif, le temps de mettre l’histoire en place, d’autant plus que les filles ont le prénom de leur mère et que les fils ont souvent soit le nom de leur père, soit le nom de jeune fille de leur mère qui fait office de prénom. Ajoutez à ça que Mrs Dean, qui raconte l’histoire appelle indifféremment les personnages par leur prénom ou leur nom de famille et on est complètement perdu le temps de s’habituer à cette famille plus que dysfonctionnelle.
    Au final, j’ai trouvé qu’on entrait vraiment dans l’histoire à partir du chapitre 4. Là, on est familiarisé avec les personnages et on commence vraiment le récit de Mrs Dean.
    Mon antipathie pour les personnages ne m’a pas empêchée de vraiment apprécier l’écriture d’Emilie Brontë et de trouver impressionnant qu’une jeune femme qui ne sortait pas de chez elle ait pu écrire des relations aussi complexes.
    Malgré tout, je suis contente d’avoir lu ce livre dans le cadre d’une LC qui s’est étalée sur tout le mois de novembre, car franchement, si j’avais du le lire d’une traite, je ne sais pas si je serais arrivée au bout, surtout du fait de l’ambiance malsaine présente tout au long du roman.
    J’avoue que j’ai été un peu déçue par la fin. J’espérais une fin qui ait un peu plus de morale, qui fasse un peu payer le mal fait, qui fasse un peu justice. Au lieu de quoi, j’ai eu l’impression que le pire des personnages obtenait exactement ce qu’il désirait, même si on peut voir l’espoir d’une vie meilleure renaitre pour d’autres personnages.
    En fait, je crois tout simplement que mon côté rancunier et vindicatif ne peut pas se satisfaire d’une telle fin.

     

    Un extrait : Quelles pauvres girouettes nous sommes ! Moi qui avais résolu de me libérer de tous rapports sociaux et qui bénissais ma bonne étoile de m’avoir fait enfin découvrir un endroit où de tel rapports sont à peu près impossibles, moi, faible créature, après avoir lutté jusqu’au crépuscule contre l’abattement et la solitude, j’ai été vaincu et forcé d’amener mon pavillon. Sous prétexte de demander des indications sur ce qui était nécessaire à mon installation, j’ai prié Mrs Dean, quand elle a apporté mon souper, de s’asseoir pendant que je mangeais. J’espérais sincèrement que j’allais trouver en elle une vraie commère et que, si elle ne me tirait pas de ma torpeur, elle finirait au moins par m’endormir.
    - Vous êtes ici depuis très longtemps, ai-je commencé. N’avez-vous pas dit depuis seize ans ?

    - Dix-huit, monsieur. Je suis arrivée au moment où ma maitresse se mariait, pour faire son service ; après sa mort, le maitre m’a conservée comme femme de charge.

    - Vraiment.

    Un silence a suivi. Elle n’était pas fort bavarde, craignais-je, sauf peut-être quand il s’agissait de ses propres affaires, qui pouvaient difficilement m’intéresser. Cependant, après s’être recueillie un instant, un poing sur chaque genou, un nuage méditatif sur sa figure rubiconde, elle s’est écriée :

    - Ah ! Les temps ont bien changé depuis lors !

    - Oui, ai-je remarqué, vous avez dû voir beaucoup de transformation, je suppose ?

    - Sans doute ; et de souffrance aussi.

     

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  • [Livre] Suzon

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    Résumé : Paris, 1698. Fille de bourgeois, insolente, véritable garçon manqué grimpant aux arbres et jurant comme un charretier, Suzon est placée à huit ans au couvent des Ursulines de Saint-Denis.
    Dans cette prison, elle se lie d’amitié avec Ederna, jeune aristocrate originaire de Saint-Malo, qui lui raconte mille histoires de corsaires bravant la mer pour la gloire du Royaume.
    Rendue à sa famille à dix-sept ans, Suzon, toujours aussi rebelle, tombe éperdument amoureuse d’Antoine Carreau, chevalier de Léré. Mais le jeune homme est tué au cours d’un duel, laissant Suzon inconsolable, à la tête d’une petite fortune.
    Elle décide de quitter Paris pour Saint-Malo, afin d’y rejoindre son amie Ederna, mariée et mère de deux enfants, qui l’accueille à bras ouverts.
    Pourtant, Suzon rêve d’un autre destin que celui que la nature et la société lui ont prescrit. L’appel du large hante ses jours et ses nuits. Mais une femme peut-elle, même au siècle des Lumières, vivre sa vie librement et assouvir sa soif d’indépendance et d’infini ?
    C’est donc travestie en homme qu’elle investit sa fortune pour armer une frégate et sillonner les mers au côté du séduisant capitaine Thomas Raquidel, qui ne sait rien de sa vraie nature.


    Auteur : Louise Bachellerie

     

    Edition : Delpierre

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 21 Mars 2014

     

    Prix moyen : 16€

     

    Mon avis : J’ai beaucoup aimé le style de l’auteur qui emploie dans son récit les tournures de phrases que l’on pouvait trouver chez les auteurs du XVIIIème siècle. Cela nous permet de plonger encore plus dans l’histoire de Suzon car on a l’impression que l’histoire a été racontée par l’un de ses contemporains.
    Dès le début de l’histoire, on apprend deux choses sur Suzon : son père lui reproche de n’être qu’une fille et c’est une forte tête.
    Rebelle, garçon manqué, insolente, rien, ni les punitions, ni les brimades ne semblent pouvoir la faire plier. Expédiée au couvent sur les instances de sa belle-mère, les religieuses n’ont pas plus succès que le patriarche sur le caractère de la gamine.
    C’est au couvent que Suzon va rencontrer Ederna qui a été mon personnage préféré du roman. Posée et plus conventionnelle que son amie, Ederna a aussi son petit caractère mais sait où est le devoir qu’elle doit à son rang et s’est résignée à faire un mariage dépourvu d’amour. Tout au long des aventures de Suzon, elle sera un peu son point d’ancrage. Sa maison, son époux, son frère, ses enfants, sont le cocon dans lequel Suzon se sent en sécurité et là où elle retourne à chaque fois qu’elle est confrontée à quelque chose de trop difficile. Ederna ne lui reproche jamais rien, ou quand elle le fait, c’est à demi-mot, avec douceur et sans jugement. J’ai vraiment beaucoup aimé ce personnage et sa famille. Plus que Suzon que j’ai souvent trouvé inconséquente avec sa façon d’agir avant de réfléchir et de prendre des décisions en dépit du bon sens.
    Au début, Suzon ne se travestit en homme que pour pouvoir voyager en sécurité, le temps de rejoindre Ederna. Le travestissement peut la conduire en prison et, si on peut comprendre qu’elle n’ait pas osé prendre la route avec des biens précieux en tant que femme, on se serait attendu à ce qu’elle ne tente pas le sort en recommençant.
    Mais non, à peine arrivée à Saint-Malo, Suzon est prise par l’appel du large et, toujours sous sa fausse identité masculine, elle affrète un bateau pour aller jouer au corsaire, risquant ainsi sa propre vie (une femme s’embarquant comme homme sur un bateau risquait la peine de mort) et celle de son entourage (tout homme sur un bateau soupçonné d’avoir eu connaissance de la nature féminine d’un « matelot » est condamné à être pendu).
    A travers les péripéties de Suzon, on découvre la vie en mer. La dureté des capitaines, la dureté impitoyable des éléments et des hommes : quand on ne meurt pas empoisonné par de la viande avarié ou durant une tempête, on a toutes les chances d’être frappé par une punition injuste dont l’issue est souvent la mort.
    A côté de la vie en mer, on a un aperçu des débuts du règne de Louis XV, du commencement de la traite des nègres, à laquelle s’opposent déjà les philosophes, les salons parisiens, la piraterie…
    Le roman se lit assez vite, même si la lecture est quelque peu ralentie par l’abondance de détails historiques qu’il faut le temps d’assimiler.
    J’ai eu peur à plusieurs reprises, non seulement pour Suzon mais aussi et surtout pour son entourage qui n’est pas épargné.
    La fin du roman prépare le suivant qui sera consacré à la génération suivante en la personne de Louise, la fille de Suzon.

     

    Un extrait : Le sieur Pierre-Siméon Truchot, négociant en drap, indienne et soieries, établi à Paris, rue Saint-Dominique (anciennement chemin des vaches), nourrissait bien des reproches à l’égard de sa fille aînée. Le premier était qu’elle avait coûté la vie à sa mère, passée de vie à trépas quelques jours seulement après ses couches. Le second était qu’elle était une fille. Il avait espéré que ce premier enfant serait un garçon, un mâle vigoureux et plein de promesses : celle d’abord de le seconder, puis de lui succéder dans son négoce qui, en 1698, était fort prospère. Au lieu de cela, le nourrisson était malingre, dépourvu des attributs qu’on aurait aimé lui voir, et il l’avait privé définitivement de la compagnie de dame Flavie, sa première épouse qu’il aimait d’amour.
    Pour que la petite ne mourût pas de faim, il avait fallu embaucher une nourrice qui fait aussi office de servante. Deux ans plus tard, à l’aube du nouveau siècle, Pierre-Siméon Truchot avait repris femme. Si la première s’était montrée inapte à enfanter sans y perdre la vie, la seconde était d’une fécondité telle que, après de deux naissances en deux ans, le drapier avait résolu de renoncer aux plaisirs de la chair. Mais son épouse, qui était encore jeune et ardente, lui avait démontré que Dieu n’aurait point prisé qu’il négligeât son devoir conjugal. De leur lit naquirent donc deux autres enfants braillards qui exigèrent qu’on employât deux nouvelles servantes et qu’on engageât force dépenses diverses.
    Tous les marmots vécurent, crurent et embellirent, montrant tous une belle santé et des organes qui défiait en puissance, lorsqu’ils étaient réunis, les cris des marchants ambulants, les hennissements des chevaux et le bruit des marteaux frappant et taillant la pierre alentour, dans la rue, où l’on construisait à tour de bras de nouvelles demeurent et entrepôts.

     

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  • [Livre] Les intrus

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    Résumé : À la mort de Richard Walker, un vieil homme solitaire, acariâtre et très riche, son ex-femme, ses deux enfants et sa petite-fille retournent dans la maison familiale pour la succession. Mais la bâtisse est hantée. Hantée par des souvenirs d’enfance qui resurgissent à mesure que les nouveaux arrivants se réapproprient les lieux. Hantée également par de vrais fantômes qui observent et commentent les agissements de chacun, en espérant qu’un jour, enfin, ils pourront quitter les lieux à tout jamais. La très guindée Alice et la cynique Sandra, toutes deux mortes depuis longtemps, sont peu disposées à laisser la place aux nouveaux occupants. Les deux fantômes jouent des coudes pour rester maîtresses de leur propriété au travers de laquelle elles communiquent : escalier qui grince, radiateur qui siffle et ampoules qui grésillent remplacent les mots pour communiquer avec les nouveaux locataires. Mais bientôt, les vivants comme les morts seront confrontés à leur passé et à des vérités douloureuses…


    Auteur : Lauren Oliver

     

    Edition : Le Livre de Poche

     

    Genre : Young adult

     

    Date de parution : 14 Octobre 2015

     

    Prix moyen : 19€

     

    Mon avis : Dans ce roman aux multiples personnages, le point commun à tous est la maison.
    Vivants et morts se côtoient dans cette demeure qui a été le témoin muet de tant de drames et de secrets.

    Alice et Sandra sont deux défuntes qui cachent de nombreux secrets, elles sont rongées par la rancune, les remords, les regrets, voire la culpabilité.

    Autour des obsèques de Richard Walker, l’actuel propriétaire de la maison, les secrets et les non-dits vont se révéler peu à peu, quel que soit le coté de la barrière.

    A part Trenton, Amy et Alice, je n’ai franchement pas trouvé les personnages sympathiques. La plupart d’entre eux sont emplis de haine et se comportent de manière intolérable.

    Minna est sans doute celle qui est le plus détestable au premier abord : elle est agressive, violente, cruelle, odieuse même. Elle se comporte comme une vraie nymphomane, agresse les hommes qui ne cèdent pas immédiatement à ses charmes, reporte son dégoût d’elle-même sur les autres, bref elle est insupportable. Mais au fur et à mesure que ses secrets se dévoilent, on comprend mieux son attitude même s’il est difficile de l’excuser tant elle semble refuser de faire le moindre effort pour s’en sortir, ne serait-ce que par égard pour sa fille de 6 ans.

    Trenton et Sandra, on peut les comprendre car on sait de suite ce qu’il leur est arrivé, même si ce qu’on croit savoir n’est que le sommet de l’iceberg ou n’est pas la totale vérité. Cependant, on peut comprendre leur colère et leurs agissements.

    Aux premiers abords, Alice semble être la plus instable de tous. Mais on réalise vite que c’est la première occupante de la maison, celle qui a le plus connu la solitude, qui est coincé à l’état d’esprit depuis le plus longtemps. De plus, ses secrets sont sans nul doute les plus difficile à découvrir et ce n’est d’ailleurs qu’à la fin qu’on les découvrira tous. Quand on pense au temps qu’elle a passé à ressasser sa douleur et ses regrets, on ne s’étonne plus de son caractère et de son tempérament.

    Finalement, au fil de ma lecture, c’est Caroline qui m’a le plus insupportée. Elle est complètement dérangée. Elle est aussi celle qui se plaint le plus, qui ramène tout à elle, et qui part le plus en vrille alors qu’elle est certainement aussi celle qui a le moins de raisons de se comporter ainsi.

    Le rythme est lent, il ne faut pas s’attendre à voir les fantômes surgir des murs en criant « bouh » ou en faisant s’écrouler un lustre sur la tête d’un flic innocent. On a ici plus une introspection qu’une histoire de fantômes et les raisons des comportements de chacun se dévoilent peu à peu. Le roman se découpe selon le plan de la maison, les pièces faisant office de parties et les points de vue des personnages de chapitres.

    Seul les points de vues d’Alice et Sandra sont à la première personne. Elles sont les seules à vraiment donner leur sentiment sur les évènements. Les autres points de vue sont écrit à la troisième personne et on a le sentiment qu’il s’agit en fait toujours du point de vue des esprits, mais qu’elles racontent ce que font et voient chaque personnage alors que dans leurs propres chapitres, elles s’attachent à donner leur ressenti.

    Tout dans ce livre, des personnages tous plus abîmés les uns que les autres, aux secrets qu’ils dévoilent, en passant par les liens les unissant qui se détendent ou se resserrent, tout fait de ce livre une excellente lecture.

     

    Un extrait : Sandra veut prendre les paris : Richard Walker mourra-t-il chez lui ou non ? Je ne sais pas depuis quand cette passion s’est emparée d’elle. Vivante, elle n’avait rien d’une joueuse. Je suis même en pouvoir d’affirmer que c’était l’un des seuls vices qu’elle n’avait pas. Ces derniers temps, elle s’exclame « Je te parie ceci, je te parie cela » à tout bout de champ.

    — Il va clamser ici, tu verras, affirme-t-elle avant d’ajouter : Arrête de m’envahir.

    — Je ne t’envahis pas.

    — Si. Tu ne me laisses pas respirer.

    — De toute façon, tu ne peux pas.

    — Je te décris ce que je ressens.

    Richard Walker gémit. Serait-il possible qu’aujourd’hui, après toutes ces années, il puisse nous comprendre ?

    J’en doute. Malgré tout, l’idée est alléchante.

    Quelle langue parlons-nous ? Celle des craquements et des murmures, des grognements et des frémissements. Mais vous le savez. Vous nous avez entendus. Simplement, vous n’avez pas su interpréter ces sons.

    L’infirmière de jour prépare les médicaments de Richard dans la salle de bains, alors qu’elle doit bien savoir elle aussi que personne ne peut plus rien pour lui. La chambre sent le sirop pour la toux, la transpiration et l’odeur âcre, animale, d’urine qui imprègne les vieilles granges. Les draps n’ont pas été changés depuis trois jours.

    — Alors, tu en penses quoi ? insiste Sandra. Chez lui ? Ou à l’hôpital ?

    J’aime faire des paris avec Sandra. Ça désagrège l’espace – les longues heures aqueuses, le temps sirupeux. Le jour n’est plus le jour pour nous, la nuit plus la nuit. Les heures se déclinent en différentes nuances de brûlant et de chaud, d’humide et de sec. Nous n’accordons plus d’attention aux horloges. Pourquoi le ferions-nous ? Midi a le goût de la sciure et est aussi peu plaisant qu’une écharde glissée sous un ongle. Boue et mastic en décomposition, voilà le matin. Odeur de tomates cuites et de moisi, la soirée. Quant à la nuit, elle est frisson, et la sensation de souris nous reniflant la peau.

    Des séparations, c’est ce qu’il nous faut. Un espace et des frontières. Ton côté, le mien. Autrement, nous commençons à converger. Il n’y a pas de plus grande peur, de pire danger pour les morts. La lutte pour rester soi-même est permanente.

     

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