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  • [Livre] Effacée - T02 - Fracturée

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    Résumé : Kyla en apprend de plus en plus sur son passé d’Effacée… Mais parviendra-t-elle à s’accepter ?

    Après son effacement, Kyla devrait avoir perdu tout souvenir de son passé. Elle se demande quel avenir elle peut envisager. Pourtant, des bribes de mémoire lui reviennent avec d’inquiétants points sombres. Et quand un homme mystérieux qu’elle a connu avant son effacement réapparaît dans son existence, elle se dit qu’elle va enfin comprendre d’où elle vient. Mais plus elle en apprend sur elle-même, plus son avenir devient confus…

     

    Auteur : Teri Terry

     

    Edition : La Martinière Jeunesse

     

    Genre : Young adult

     

    Date de parution : 16 Octobre 2014

     

    Prix moyen : 16€

     

    Mon avis : Le début de ce second tome est un peu abrupt car l’auteur ne fait aucun rappel. Le premier chapitre de ce livre est écrit comme s’il était le chapitre suivant du dernier du tome 1. Du coup, on a un peu de mal à se remettre dans l’histoire, mais ça ne dure pas. Après seulement quelques pages, on est replongé dans l’histoire.
    Dans ce tome, on va en apprendre un peu plus sur le passé de Kyla qui commence à avoir des souvenirs de plus en plus net, quoique encore assez épars. On va également en apprendre plus sur ces TAG, ces terroristes qui combattent le gouvernement des Lorders.
    Leur chef, Nico, ne m’a pas du tout plu. Il semble manipulateur et dangereux, se moquant totalement de la vie d’autrui que ce soit des « ennemis » ou des « alliés ». Je pense que son but est de s’emparer du pouvoir et que s’il pouvait être à la tête des Lorders, il ne s’embarrasserait pas à les combattre. On dirait vraiment le gourou d’une secte avec tout le pouvoir de nuisance que cela implique.
    Ce tome est plus sombre que le premier, et, à l’instar de Kyla, on ne sait plus sur quel pied danser avec les personnages. Il y en a certain en qui on avait confiance, qui semblait ne pas être à la solde des lorders, ni à celle des TAG, d’ailleurs, mais maintenant on doute, on n’est plus sur de les avoir cernés comme il le faut.
    Les raisons du comportement du père, tour à tour sévère et menaçant ou gentil et ouvert, sont révélées à la fin de ce tome. Je n’en ai pas été surprise, ça n’a fait que confirmer mes doutes.
    J’aurais quand même aimé savoir pourquoi les personnes arrêtées dans le premier tome l’ont été car que ce soit Phoebe qui avait accusé Kyla d’être une espionne des Lorders, ce qui n’était rien de plus que des chamailleries d’adolescentes, ou le professeur de dessin, qui avait fait un portrait de la jeune fille disparue, il n’y avait là aucune critique ou attaque contre le système. Rien d’ouvertement contre le système en tout cas, et on peut se demander pourquoi les lorders sont ainsi sur la défensive. N’ont-ils pas autant la main mise sur la population qu’ils veulent le faire croire ?
    Kyla va rencontrer également un nouveau personnage en la personne de Cam. Pour qu’il soit introduit comme ça au second tome, je me doutais qu’il allait avoir une importance et que ses actes ne seraient pas anodins, mais je n’avais pas imaginé ça !
    Le docteur Lysander va prendre encore plus d’importance dans ce tome, et elle me laisse perplexe. Tout dans son attitude semble montrer qu’elle est du côté de Kyla, mais elle reste l’inventeur de la procédure d’effacement et elle défend ce système avec énergie. Est-ce qu’elle n’apprécie pas les méthodes des lorders ? Est-ce qu’elle désapprouve les dérives causées par son système (avec apparemment des effacements sans procès) ? Ou bien cache-t-elle des dessins plus sombres derrière une façade amicale ?
    J’espère avoir les réponses à toutes mes questions dans le dernier tome.

    Un extrait : Un bourdonnement lointain m’arrache au néant et j’oscille un instant entre éveil et torpeur, puis, doucement, repars au pays des rêves.

    Le bourdonnement reprend.

    Erreur !

    Éveillée en un clin d’œil, je bondis hors de mon lit, mais quelque chose me retient et je manque hurler, me débats, le jette à terre et m’accroupis en position de combat, prête à l’attaque. Prête à tout…

    Mais pas à ça. Des formes inconnues, menaçantes, se brouillent, se transforment et deviennent des objets ordinaires. Un lit. Un réveil qui sonne encore sur une table de chevet. Mes entraves, des couvertures maintenant à terre. Un tapis sous mes pieds nus. Une faible lueur filtrant d’une fenêtre ouverte. Et un chat grincheux et somnolent qui pousse des miaulements furieux, prisonnier des couvertures.

    Je presse le bouton du réveil, me force à respirer lentement – inspirer, expirer –, à ralentir le rythme frénétique de mon cœur, mais mes nerfs sont encore à vif.

    Sebastian me dévisage, le poil hérissé.

    — Tu me reconnais, mon minou ? dis-je à voix basse, et je tends la main pour qu’il la hume, lui caresse le dos autant pour m’apaiser que pour le rassurer. Je refais le lit et il saute dessus, s’étale mais garde les yeux mi-clos, aux aguets.

    À mon réveil, je me croyais encore là-bas. À demi assoupie, je reconnaissais chaque détail. Les abris de fortune, les tentes. Le froid, l’humidité, l’odeur de bois brûlé, le bruissement des feuilles, les oiseaux d’avant l’aube. Les murmures. Mais, à mesure que je m’éveillais, tout cela disparaissait. Les détails s’évanouissaient. Était-ce un rêve ou un lieu bien réel ?

    Mon Nivo à 5,8 indique que je suis contente, mais mon cœur bat encore vite. Après ce qui vient d’arriver, mon Nivo aurait dû descendre en flèche. Je le fais tourner sans douceur sur mon poignet : rien. Ça devrait pourtant me faire mal. Les Effacés sont incapables de la moindre violence envers les autres ou envers eux-mêmes tant qu’un Nivo contrôle leurs émotions, tant qu’il peut provoquer des évanouissements, ou même la mort si son porteur est trop bouleversé ou furieux. Après ce que j’ai fait hier, je devrais être morte, éliminée par la puce qu’on a implantée dans mon cerveau quand on m’a Effacée.

    Des échos de mon cauchemar de la nuit dernière résonnent en moi : Je ne pourrai jamais m’enfuir. Il me retrouvera toujours…

    Nico ! Il s’appelle Nico, et ce n’est pas un rêve sans consistance. Il existe bel et bien. Des yeux bleu pâle brillent dans mon souvenir, des yeux dont le regard peut devenir en un éclair glacial ou ardent. Il saura certainement ce que tout cela signifie. C’est un élément vivant de mon passé, ressurgi Dieu sait comment dans ma nouvelle vie, sous l’apparence de mon professeur de sciences naturelles. Une bien étrange transformation de… de quoi ? Ma mémoire me trahit de nouveau. Exaspérée, je serre les poings. Je l’avais devant moi, je savais qui il était, ce qu’il représentait, et puis, tout à coup, plus rien.

    Nico saura sûrement de quoi il s’agit, mais ai-je intérêt à lui poser la question ? Quel qu’il soit, je suis au moins sûre d’une chose : il est dangereux. À la seule pensée de son nom, mon estomac se noue à la fois de crainte et de nostalgie. Être proche de lui, voilà ce que je veux, quel qu’en soit le prix.

    Il me retrouvera toujours…

    On frappe à la porte de ma chambre.

    — Kyla, tu es levée ? Sinon, tu vas arriver en retard au lycée.

     

  • [Livre] L'échappée

    Je remercie la masse critique Babelio et les éditions Milan pour cette lecture

     

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    Résumé : "Comment peut-on ne pas vouloir sortir avec Jason ? il est ultra cool. [...] Jason, pour moi, c'est un rêve qui se réalise."
    Hélas pour Leslie, son rêve va vite tourner au cauchemar...
    Jason, le nouveau qui attire tous les regards, n'est pas le garçon bien qu'il paraît être. Lentement, il tisse sa toile autour d'elle.
    Pour qu'elle ne puisse plus s'échapper. Pour qu'elle lui appartienne. Corps et âme.

     

    Auteur : Allan Stratton

     

    Edition : Milan

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 07 septembre 2016

     

    Prix moyen : 14€

     

    Mon avis : Dans la lignée des romans comme Risk de Fleur Ferris sur les dangers des rencontres internet, Blacklistée de Cole Gibsen sur le harcèlement scolaire ou encore Little sister de Benoît Séverac sur le djihadisme, Allan Stratton alerte les adolescents sur la violence conjugale au sein des couples adolescents au travers de l’histoire de Leslie.
    Leslie est une adolescente un peu à la dérive. Elle a du quitter sa ville et ses amie pour émigrer dans un coin un peu perdu du canada suite à la mutation de son père, lequel, très vite, a quitté le foyer conjugal pour une midinette. Sa mère, devenue mère célibataire ne sait pas comment gérer à la fois sa fille et son chagrin et multiplie cris et attaques verbales contre le père. Leurs revenus ayant drastiquement baissés, elles ont du déménager dans un petit appartement dans un quartier guère reluisant. Pour couronner le tout, sa seule amie la délaisse pour se rapprocher de ses camarades d’église.
    Alors déjà que l’adolescence n’est pas franchement une période de félicité familiale, là Leslie a beaucoup de mal à faire face.

    Son professeur d’anglais va demander aux élèves d’écrire, pendant 15 minutes à chaque début de cours, dans un journal intime et c’est à travers ce journal que l’on découvre l’histoire de Leslie.
    Quand elle rencontre Jason, 18 ans, nouveau au lycée, Leslie voit ici l’occasion d’avoir enfin une personne à qui se confier et qui soit là pour elle (et aussi de clouer le bec à l’insupportable Ashley, celle qui lui « vole » sa meilleure amie).
    Allan Stratton amène l’intrigue lentement mais sûrement. Bien sûr, on ne le découvre qu’en même temps que Leslie, puisque c’est elle qui nous le raconte et le doute s’installe.
    Même si, pour ma part, je n’ai eu aucun doute dès lors que Leslie nous relate la première scène ambiguë avec Jason, je pense que ça tiens aussi au fait que je suis adulte et que, même s’il est manipulateur, Jason reste un ado, avec la subtilité que ça implique. Mais je comprends qu’une adolescente de 15 ans soit complètement déboussolée devant ce qu’il se passe et ne sache plus où elle en est.
    Au fil des pages, Leslie montre un courage et une force de caractère incroyable, même s’ils sont noyés dans de mauvaises décisions (mais bon, si elle avait pris la bonne décision dès le départ, il n’y aurait plus eu d’histoire).
    Jason…je ne sais pas si on doit le plaindre ou le blâmer. Ce qu’il fait est répréhensible, je ne dis pas le contraire. Mais je me demande comment un ado de 18 ans en arrive là. J’ai eu l’impression d’un gosse qui a grandit seul et à qui on a passé tous les caprices pour pallier l’absence des parents, entre une mère de tout évidence alcoolique et un père plus intéressé par sa carrière que par son fils. Un gamin qui n’a jamais fait que ses quatre volontés et dont le père a « arrangé » chacun de ses actes soit par son argent, soit par ses relations. Je ne pense pas que quiconque ait inculqué à ce gosse les notions de bien et mal ou de respect de l’autre. Je ne dis pas qu’il devrait être absous mais que ses parents devraient payer autant que lui.
    J’ai trouvé la fin frustrante. D’une part parce qu’elle est un peu rapide et cela tient à l’auteur. Mais surtout à cause des conséquences qui en découlent et cela, en revanche, tiens au système. L’auteur n’a fait que montrer ce qui se serait passé si Leslie et Jason n’avaient pas été des personnages de fiction.
    C’est une histoire très bien menée, qui maintient sous tension jusqu’à la conclusion et qui fait monter en nous une colère incroyable à la fois contre Jason mais aussi contre la société qui permet à des Jason d’agir en toute impunité pendant des années.

    Un extrait : Les proviseurs adjoints, en fait, c’est les flics du lycée. Ils adorent jouer les gros durs et bouffer des donuts. Et de ce point de vue là, c’est clair que M. Manley a choisi le boulot qu’il lui fallait. En revanche, on ne peut pas dire qu’il porte très bien son nom, lui qui est à peu près aussi viril qu’un éléphant en costard. Il paraît qu’il était prof d’EPS, avant. Aujourd’hui, adieu l’exercice physique. Il se contente de beugler, et il a les cordes vocales gonflées aux stéroïdes !
    C’est pathétique ! M. Manley se donne des airs importants, comme s’il faisait partie du FBI, alors qu’on sait tous que c’est juste un vieux type qui prend son pied en gueulant sur les ados. Il passe son temps dans le parking, à roder derrière les voitures pour choper les fumeurs, ou à renifler l’haleine des élèves pour voir s’ils n’ont pas bu, ou fumé de l’herbe. Pendant les bals du lycée, il se balade avec une lampe torche pour débusquer les couples sur le terrain de foot ou dans le réduit sous l’escalier. Il faut être pervers pour faire un boulot pareil.
    L’an dernier, en troisième, j’étais sans arrêt dans son bureau. Pour plaisanter, je disais qu’il voulait me voir tous les jours parce qu’il craquait sur moi ; mais en fait, c’était à cause de mes retards. Et parce que je séchais souvent les cours. Mes parents s’étaient séparés « quelques temps pour voir », et je ne le vivais pas très bien.
    Je le vis toujours mal d’ailleurs. Surtout depuis que ce n’est plus « pour voir », mais « pour de bon », et que maman est passé du statut d’épouse à celui de mère célibataire.
    Maintenant, quand elle voit à la télé des personnalités politiques parler des mères seules, elle fond en larmes. Et puis elle m’engueule. On dirait qu’elle se force à être sévère, de peur que je me transforme en une de ces graines de démons qui viennent parler de leur foyer brisé dans les talk-shows.
    - Il va falloir que tu changes d’attitude ! crie-t-elle. Tu m’entends Leslie ?
    - Non, je suis sourde.
    - Attention à toi !
    Je lui lance mon regard breveté. Celui qui la rend dingue.
    - Ne me regarde pas comme ça.
    - Alors arrête de me gueuler dessus ! Franchement, c’est pas étonnant que papa soit parti !

    En général, c’est là qu’elle blêmit et file en courant dans sa chambre. Juste après, d’affreux bruits d’animaux filtrent sous sa porte, et j’ai envie de mourir. Au fond, je ne veux pas la blesser. C’est vrai. Je voudrais juste qu’elle arrête de crier en permanence. Pourquoi tout est-il toujours ma faute ?

     

     

  • C'est lundi que lisez vous? #84

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    Rendez-vous initié par Mallou qui s'est inspirée de It's Monday, What are you reading ? de One Person’s Journey Through a World of Books. Le récapitulatif des liens se fait maintenant sur le blog de Galleane.

     

    Il s'agit de répondre à trois questions:

    Qu'ai-je lu la semaine passée?
    Que suis-je en train de lire?
    Que lirai-je après?

     

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    Et vous, que lisez vous?

     

  • [Livre] Samedi 14 novembre

    Je remercie les éditions Sarbacane pour cette excellente lecture

     

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    Résumé : Vendredi, 13 novembre 2015. B. était à la terrasse d'un café, quand les terroristes ont tiré. Son frère est mort, lui s'en sort indemne. 
    Il quitte l'hôpital au matin, monte dans le métro. Son regard croise celui d'un passager. 
    Il reconnaît le visage de l'un des tueurs et décide de le suivre.

    Auteur : Vincent Villeminot

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 02 novembre 2016

     

    Prix moyen : 15,50€

     

    Mon avis : L’écriture de Vincent Villeminot est toujours aussi addictive et ce quelque soit le sujet qu’il aborde. Ici, il a décidé de s’attaquer à un sujet difficile, à peine un an après les faits, quand tout est encore frais, peut être un peu trop, dans les esprits.
    Les paragraphes sont courts, les chapitres tout autant, parfois juste une demi-page. Du coup, même si le texte en lui-même ne comporte guère d’action, cette construction donne un sentiment d’urgence. Ce n’est pas un livre qu’on pose facilement. En ce qui me concerne, je ne l’ai pas posé et l’ai lu en 2h à peu près.
    Son personnage principal, B., est à la fois une victime des attentats et un membre de la famille d’une victime. Sur place lors d’une des attaques, il n’a été que légèrement blessé mais à vu son frère aîné tomber sous les balles des terroristes. Ce choix est un pari risqué car la manière de traiter le personnage peut être mal perçu par les victimes et familles des victimes.

    En dehors de l’histoire principale qui suit B., passant du rôle de victime à celui d’agresseur, presque malgré lui, il ya les entractes qui sont comme des flashes sur les personnes qui entourent ou croisent B.
    B. agit sous le coup du choc, de la colère, de la rage. Son frère est mort. Il a du mal à réaliser mais à chaque fois qu’il réalise la rage reprend le dessus. Il va commettre des actes qu’il n’aurait jamais commis en temps normal. Et même si certaines de ses actions sont choquantes, on a du mal à lui en vouloir.
    Vincent Villeminot, à travers ces actes que commet le jeune homme déboussolé, fait passer un message comme le risque d’amalgame : non tous les musulman ne sont pas des terroristes, voile ne veut pas dire intégrisme, et important aussi, les familles des intégristes ne sont pas toujours complices.
    Du coté des victimes, un autre message passe : ne sont pas victimes que ceux qui sont tombés sous les balles : leurs familles, leurs amis, les familles et amis des survivants traumatisés sont autant de victimes collatérales qui n’ont pas été recensées par les médias mais qui ont bel et bien été touchés par ces attentats.
    Ce livre est une vrai claque, les dialogues sont parfois, souvent, surtout au début, violents et même choquants, mais c’est un choix de ne pas édulcorer « l’après ». Parce que « après » les gens étaient choqués et violents, en pensées sinon en actes.
    Ce roman assez court (un peu plus de 200 pages) peut servir de base pour ouvrir le dialogue sur le sujet avec de jeunes adolescents qui n’ont peut être pas eu la possibilité de s’exprimer sur ce sujet délicat.
    Il n’y a plus qu’à espérer que des professeurs intelligents le donnent à lire à leurs élèves. Et que si ce n’est pas le cas, ce soit les parents qui s’en chargent !

    Un extrait : Et puis ensuite, il y eut une brève pause de silence, B. s’en souviendrait.
    Quelques secondes, deux ou trois, c’est très court, comme s’il fallait que chacun se remette de sa stupeur. Ou peut-être est-ce attendre, reprendre son souffle ; comprendre qu’on est vivant ; s’assurer qu’ils sont vraiment partis, les tueurs. Ou bien est-ce tout le bruit, le vacarme du monde qui se sont retirés ? Il paraît que lorsqu’une munition d’artillerie explose, l’effet de souffle te donne ce sentiment – tout l’air s’en va, en une seconde, juste avant que les shrapnels te déchirent ; que la peau cesse d’être une peau, un bouclier, une frontière entre le monde et toi.
    Mais là, ce n’est pas ça. Il n’y a pas eu de shrapnels.

    Il y a eu la voiture qui freine, les portières qui s’ouvrent, claquent. Et, sans une semonce, les rafales. Deux armes. Des fusils d’assaut, marque kalachnikov, modèle AKM (ou peut-être AKMS en tôle emboutie), dont on vide les chargeurs.
    Il y a eu – autour de B. – les chaises qui se renversent, les tables, les corps qui tombent, les verres qui explosent en esquilles, en milliers de débris ; l’impact sec sur les vitrines, les cris, de surprise, d’effroi.
    Et ensuite, les portières, le moteur qui s’emballe.
    Puis ce silence.
    Ce sursis.

    B. relève les yeux, à quatre pattes sur le trottoir, dans les chaises emmêlées, les tables, dans le givre du verre.

    La voiture est partie.

    Il a le temps de penser : « Je ne suis pas mort », avant la fin du monde.
    Un gémissement.

    Il a le temps de se demander : « Pierre ? Où est Pierre ? »
    Et puis, une femme se met à pleurer, doucement. Et toutes ces voix, d’un coup, tous ces cris. De peur. De douleur. Des appels. Des suppliques. Des soupirs.

     

  • Le tiercé du samedi #82

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    Rappel du principe: Chaque semaine, le samedi comme son nom l’indique, il conviendra de choisir les trois livres, le trio gagnant, correspondant au thème proposé.

    A la fin de chacun de ces Rendez-vous, j’indiquerai le thème de la semaine suivante.

    Ce Rendez-Vous Livresque a été inspiré de « The Saturday Awards Book » créé par l’Echos de mots, et qui n'existe plus aujourd'hui.

    Comme annoncé la semaine dernière, le thème d'aujourd'hui est:

    Trois livres que vous aimeriez bien que vos auteurs préférés écrivent

     

    Alors pour ma part, le trio gagnant est:

     

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    Jenna Black devrait écrire

     

     

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    D'autres aventures de Morgane Kingsley. Après tout Lugh est parti pour rester là pendant au moins 60 ans, et il peut s'en passer des choses en 60 ans. Il y a matière à faire d'autres tomes. Dont peut être un avec Adam et Dom en personnages principaux? Ou Raphaël?

     

     

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    Patricia Briggs devrait écrire

     

     

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    La suite d'Alpha et Omega... Parce que l'attente est trop longue!!! C'est le problème quand un auteur écrit deux sagas en parallèle. Le même cas se pose avec Lauren Hamilton et ses sagas Anita Blake et Merry Gentry. C'est génial d'avoir régulièrement des tomes de Mercy Thompson et d'Anita Blake mais il ne faudrait pas oublier Alpha et Omega et Merry Gentry, allez zou les filles, au boulot!

     

     

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    Donato Carisi devrait écrire...

     

     

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    La suite de l'écorchée (qui est elle même la suite du chuchoteur) parce que la fin de l'écorchée est juste pas possible. L'auteur ne pas décemment nous laisser avec une fin pareille. Ecrire la suite devrait être une obligation morale! (Et comme pour certaines sagas, il a fallut attendre plus de 10 ans pour avoir la suite, je ne désespère pas!)



    Pour la semaine prochaine, le thème sera: Vos trois tics de lectures (boisson, position, musique de fond, tout ce qui vous passe par la tête)

    Et n'hésitez pas à laissez en commentaire le lien vers votre propre tiercé du samedi!

     

  • [Livre] Effacée - T01

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    Résumé : Dans un futur proche, en Angleterre, les criminels de moins de 16 ans sont condamnés à perdre tout souvenir de leur passé. Malgré son Effacement, cependant, Kyla fait d'étranges cauchemars. Comme si ses souvenirs s'obstinaient à remonter à la surface...

    Petit à petit, le doute s'installe. A-t-elle vraiment commis un crime et mérité son sort ? La jeune fille n'est pas certaine de vouloir le découvrir, d'autant que sa nouvelle vie de lycéenne lui plaît. Et que son passé pourrait s'avérer difficile à supporter.

    Mais peut-on être soi, à 16 ans, si l'on ignore d'où l'on vient ? Grâce à Ben, Effacé, lui aussi, et convaincu que l'Effacement cache en réalité une gigantesque manipulation, Kyla trouvera peut-être la force de partir en quête de sa propre histoire...

     

    Auteur : Teri Terry

     

    Edition : La Martinière Jeunesse

     

    Genre : Young adult

     

    Date de parution : 12 Septembre 2013

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : L’effacement semble être une méthode radicale pour effacer le comportement violent des jeunes criminels et leur donner une chance de recommencer leur vie et de s’intégrer à la société. Ça, c’est la théorie. La toute belle et toute lisse théorie.
    Sauf que l’effacement ne semble pas avoir totalement marché chez Kyla : elle a des cauchemars qui pourraient être des bribes de souvenirs de son passé, elle réfléchit, elle est autonome, elle est capable de se défendre…tout ce qu’un effacé n’est pas censé pouvoir faire.
    D’ailleurs, son Nivo, un bracelet censé contrôler les émotions et la neutraliser si elle ne ressent pas un bonheur béat, réagit étrangement avec elle.
    Elle doit donc faire attention à tout ce qu’elle fait pour ne pas être repérée par les lorders, censés maintenir l’ordre et faire respecter la loi mais que je soupçonne de plus en plus d’être dangereux et arbitraires. Je pense qu’ils ne s’en prennent pas uniquement aux criminels mais aussi à toutes personnes qui se posent la moindre question sur le système.

    Le texte est à la première personne du singulier et on est donc confronté aux pensées, aux sentiments et aux réflexions de Kyla. Pour une fois on a une héroïne qui n’est ni une guerrière, ni une poupée incroyablement naïve qui ne se sort des situations que par une chance phénoménale. Non ici, Kyla est courageuse, un peu perdue à cause de ce qu’elle ressent et qu’elle ne devrait pas ressentir, effrayée aussi de se rendre compte qu’elle ne peut faire confiance à personne. Mais courageuse, volontaire et bien décidée à reprendre sa vie en main, mais sans pour autant se mettre en danger de façon inconsidérée.


    Même si on ne fait que les citer, et qu’ils apparaissent une fois ou deux, un peu comme une ombre menaçante aux contours imprécis, je me demande si les TAG, le groupe terroriste qui lutte contre le système, n’est pas pire que l’ennemi qu’il combat. Sans doute aura-t-on des réponses à leur sujet dans le tome 2, mais leurs méthodes ne les rendent pas sympathiques et on n’est pas bien sûr de vouloir les voir réussir.

    Kyla, et nous par la même occasion, se rend vite compte que les apparences sont trompeuses. Ses nouveaux parents, quand elle les rencontre, donnent l’impression d’une mère sévère et revêche et d’un père ouvert et amical. Très rapidement, on peut voir que la mère est attentive, gentille et aimante. Mais le père… je pense qu’on ne sait pas encore à quel point il est impliqué dans les horreurs commises par les lorders, mais je le soupçonne d’être bien plus proches d’eux qu’il ne le dit. Tout dans son attitude le montre. Je suis sûre qu’il est un des pires dangers que va devoir affronter Kyla. Amy, sa sœur, très amicale au début, semble l’être beaucoup moins.
    Kyla doit également savoir repérer la véritable personnalité de tout le personnel médical et administratif qui l’entoure : qui la surveille, qui serait susceptible de dénoncer la moindre infraction aux lorders… Elle vit dans une suspicion permanente.

     

    La fin, comme toujours dans les dystopies, nous fait prendre conscience de l’ampleur du problème, et on n’a qu’une envie, se jeter sur la suite pour savoir comment Kyla va se sortir de là !

    Un extrait : Nous arrivons devant la grille de sortie.

    Un garde s'avance vers la voiture et les autres nous dévisagent derrière les fenêtres. Mon père appuie sur des boutons et toutes les vitres de la voiture descendent. Même le coffre s'ouvre.

    Mes parents et Amy remontent leurs manches et tendent leur main droite au-dehors. J'en fais autant. Puis un garde avise les poignets nus de mes parents, hoche la tête, et passe un objet au-dessus du Nivo d'Amy. L'objet sonne. Il procède de la même manière avec moi. Ensuite il va examiner le coffre et le referme d'un coup sec.

    La barrière de sûreté s'ouvre enfin et nous débouchons dans une rue.

    — Kyla, qu'aimerais-tu faire, aujourd'hui ? me demande ma mère.

    Elle est ronde et pointue. Oui, je sais : ces deux adjectifs paraissent contradictoires. Je veux dire qu'elle est ronde de corps et tendre d'apparence, mais que ses regards et ses paroles sont aigus et perçants.

    Je me retourne. Le complexe hospitalier occupe tout l'horizon : interminables rangées de petites fenêtres grillagées, hautes clôtures, miradors disposés à intervalles régu­liers, sentinelles...

    — Kyla ! Je t'ai posé une question !

    Je tressaille.

    — Je ne sais pas, marmonné-je.

    — Normal, remarque mon père. Elle n'a encore aucune idée de ce qu'elle « peut » faire.

    — Rentrons à la maison, propose Amy. Elle a besoin de temps pour s'habituer. D'ailleurs, c'est ce qu'a dit son docteur.

    — Évidemment, soupire ma mère. Les médecins savent toujours tout.

    Il y a un silence lourd de sous-entendus. Apparemment, ma mère n'a guère confiance dans le corps médical... Je croise le regard de mon père dans le rétroviseur.

    — Kyla, tu connais l'histoire du médecin qui ne pou­vait pas distinguer sa droite de sa gauche ?

    Il se lance dans une longue histoire d'erreurs chirur­gicales, à la grande joie de ma mère et de ma sœur. Moi, je ne trouve pas ça drôle. J'espère que rien de tel n'est arrivé dans mon hôpital...

    Et puis, j'oublie, captivée par la ville qu'ils appellent Londres. Nous circulons maintenant dans une rue bordée de bâtiments incendiés, aux ouvertures condamnées. Plus loin, le quartier s'anime. Il y a du linge qui sèche aux balcons, des plantes, des rideaux que le vent soulève comme s'il voulait s'amuser avec.

    Et partout, des gens. Dans les voitures, sur les trottoirs. Des foules de gens, entrant et sortant de boutiques ou de bureaux, se hâtant dans toutes les directions. Ils semblent ignorer les gardes postés aux coins des rues. D'ailleurs, ceux-ci sont de moins en moins nombreux au fur et à mesure que nous nous éloignons de l'hôpital.

    J'observe tout - les rues, les gens, les immeubles - pour me rappeler.

    Le Dr Lysander m'a souvent demandé pourquoi je cherchais systématiquement à mémoriser ce que je voyais dans le moindre détail. Je n'ai jamais su le lui expliquer, sinon par le fait que je n'aime pas me sentir vide.

    Après mon Effacement, dès que j'ai réussi à mettre un pied devant l'autre sans tomber, j'ai parcouru les étages autorisés de l'hôpital. J'ai compté mes pas et inscrit chaque recoin dans ma mémoire. J'aurais pu trouver les bureaux des infirmières les yeux fermés. Et aussi les laboratoires et les chambres. Je n'avais pas besoin de voir leur numéro. Même en ce moment, il me suffit de me concentrer pour que ça me revienne parfaitement.

    Mais il faudrait que je parcoure toutes les rues de Londres pour avoir la configuration de la ville dans la tête... Bien sûr, on m'a montré des cartes et des photos, à l'hôpital. Cela faisait partie des cours de culture géné­rale nous préparant à notre sortie. Pour moi, c'était facile de me rappeler. Il me suffisait de dessiner ce que j'avais vu, et d'écrire les noms dans un cahier. Les autres élèves n'étaient pas aussi réceptifs. Ils souriaient comme des abrutis et ne reconnaissaient jamais rien. Ce n'est pas de leur faute : lorsque nous avons été Effacés, la fonction « heureux caractère » de nos profils psychologiques a été renforcée au maximum.

    Je suppose qu'avant le traitement, je n'avais aucun sourire en réserve...

     

  • [Livre] Les filles de Sultana

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    Résumé : Dans ce deuxième ouvrage qui évoque la vie de la princesse Sultana d’Arabie Saoudite, derrière le voile, derrière les murs de la domination masculine, une femme cultivée, intelligente et drôle, critique et raconte un pouvoir absolu.

    Plus que le récit de la vie d’une princesse, d’une épouse et d’une mère de famille, ce livre est le cri d’une femme dans le désert masculin de son pays, ou la moindre velléité de féminisme, la plus minuscule des libertés, sont des péchés.

     

    Auteur : Jean P. Sasson

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Témoignage

     

    Date de parution : 16 Mars 1998

     

    Prix moyen : 5€

     

    Mon avis : Dans ce second témoignage, la princesse Sultana, dont le premier témoignage a été découvert par les hommes de sa famille, persiste dans la dénonciation des actions menées contre les femmes dans son pays. Mais, peut-être est-ce dû au fait qu’elle est plus surveillée, dans ce second tome, elle parle surtout de ses enfants et des actes de personnes étrangères à la famille (bizarrement, son mari, qu’elle accusait de tous les maux dans le premier tome, est ici compréhensif et ouvert). Bien sûr elle continue à ne pas épargner son père, son frère ou sa belle-mère, mais on la sent moins vindicative.
    De ses trois enfants, son fils semble être le plus équilibré : les actions menées contre les femmes le révoltent, au point qu’il va transgresser la loi pour aider un couple d’amoureux à se retrouver malgré l’opposition de la famille de la jeune femme.
    En ce qui concerne ses filles, c’est plus compliqué. Le bon côté des choses, c’est qu’elles ne vivent pas leur adolescence comme l’a vécu Sultana, puisque, contrairement à leur mère, elles ont l’amour de Karim, leur père.
    Mais malgré l’amour qu’il leur porte, la société est ainsi faite, qu’il est plus souvent en compagnie de son fils que de ses filles et que leur frère a nécessairement plus de liberté qu’elles.
    Leurs réactions va être diamétralement opposées : Maha, l’aînée, va traverser une crise où la haine de son frère va être aussi forte que son désir de s’émanciper de la pression des religieux ; tandis qu’Amani, la cadette, va plonger dans une ferveur religieuse qui va la conduire à l’extrémisme, au point d’inquiéter ses parents.
    Sultana va revenir sur la pratique de l’excision, à laquelle elle va être confrontée à travers une de ses domestiques égyptiennes. Son impuissance à intervenir va la plonger dans une profonde affliction et cette pratique va fortement impressionner son fils, qui n’arrive pas à croire que l’on puisse faire cela à des petites filles (toutes les réactions de celui-ci rendent Sultana très fière car il n’a pas cette mentalité qui pousse les hommes d’Arabie Saoudite à asservir les femmes).
    Nous allons également avoir des réponses à certains évènements cités dans le tome 1, comme le sort réservé à Sameera, l’amie d’une des sœurs de Sultana.
    Le livre se termine sur une note à la fois plus sombre, avec un drame qui arrive à l’une des sœurs de Sultana, et plus légère, avec des sœurs unies autour de leur sujet de moquerie préféré, leur frère.
    En anglais, le témoignage de Sultana est une trilogie. Le dernier tome (Princess Sultana's Circle) est centré sur des membres de la famille (une nièce, un cousin et des neveux). Il semblerait que l’éditeur français n’ait pas jugé utile de le publier.
    En 2014, la journaliste qui relate le témoignage de Sultana a publié un quatrième tome.
    La publication d’un tel nombre de tome fait s’interroger sur la véracité du récit. En effet, s’il est si difficile de parler à des journalistes étrangers, comment expliquer que Sultana ait pu le faire tant de fois, alors même que son premier témoignage avait été découvert ?
    Malgré ces interrogations, ces livres restent très intéressants à lire.

    Un extrait : Père n’est pas encore rentré, et apparemment nous sommes les derniers arrivés. Les onze autres enfants vivants de ma mère ont été convoqués, mais sans leurs conjoints. Je sais que trois de mes sœurs ont pris l’avion de Jeddah pour Ryyad, et deux autres sont venues de Taïf.
    D’un coup d’œil, je m’aperçois que Karim est le seul membre extérieur à la famille. Même la dernière épouse de mon père et ses enfants sont invisibles. Je devine qu’on les a confinés dans leurs appartements privés.
    L’urgence bizarre de cette réunion me ramène au livre et mon cœur se serre d’effroi. Ma sœur Sara et moi échangeons des regards angoissés. Elle est la seule de la famille à être au courant de cette publication, ses craintes sont les mêmes que les miennes.
    Tous ceux de mon sang me saluent, excepté mon unique frère, Ali. Et je surprends des coups d’œil sournois et furtifs de sa part dans ma direction.
    Quelques instants après notre arrivée, père pénètre dans la pièce. Ses dix filles se redressent en même temps, avec respect et, chacune à leur tour, rendent hommage à l’homme qui leur a donné la vie – sans le moindre amour.
    Je n’ai pas vu mon père depuis quelques mois ; il me semble las et prématurément vieilli. Au moment où je tente de l’embrasser sur la joue, il se détourne avec impatience, refusant délibérément mon élan. Mes peurs n’en deviennent que plus intenses. Je vois bien maintenant à quel point je me suis montrée naïve en croyant que les Al Sa’ud étaient trop préoccupés par une insatiable soif de richesses pour prêter attention aux libres.
    Je tremble de plus en plus.

     

  • [Livre] Confusion

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    Résumé : Grace, 17 ans, se réveille enfermée dans une mystérieuse pièce sans fenêtres, avec table, des stylos et des feuilles vierges. Pourquoi est-elle là ? Et quel est ce beau jeune homme qui la retient prisonnière ? Elle n'en a aucune idée. Mais à mesure qu'elle couche sur papier les méandres de sa vie, Grace est frappée de plein fouet par les vagues de souvenirs enfouies au plus profond d'elle-même. Il y a cet amour sans espoir qu'elle voue à Nat, et la lente dégradation de sa relation avec sa meilleure amie, Sal. Mais Grace le sent, quelque chose manque encore.

    Quelque chose qu'elle se cache.

     

    Auteur : Cat Clarke

     

    Edition : Robert Laffont

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 18 Octobre 2012

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : Le sujet du livre était bien intrigant et je n’ai pas pu résister. Le récit est du point de vue de Grace, on ne sait donc que ce qu’elle sait, ce qui est parfois frustrant car, pendant tout le livre, Grace doit se remémorer les évènements qui ont précédés son kidnapping. Il y a aussi des évènements plus lointains qu’elle refoule en refusant de les regarder en face.
    Au niveau des personnages, j’ai eu du mal avec Grace. Elle a certes vécu quelque chose de grave et je comprends, même si je ne l’approuve pas, son besoin de s’étourdir dans les soirées, l’alcool et les garçons. En revanche, je n’apprécie guère son attitude envers son amie Sal, cette façon de vouloir la pousser, contre son gré, à se comporter de la même façon qu’elle vis-à-vis de l’alcool et des garçons. Elle impose sans arrêt ses souhaits : sorties, présence de garçons, alcool coulant à flot… sans aucune considération ni pour les souhaits de Sal, ni pour les réticences qu’elle peut avoir suite à un évènement qui lui est arrivé au début du livre.
    J’ai nettement préféré Sal, même si l’excuse qu’elle donne concernant cet évènement qui est le départ de toute l’histoire est un peu ridicule et puérile, et que, dans sa dispute avec Grace, elle lui dit des horreurs concernant les scarifications que s’infligent Grace quand elle perd pied.
    Même si on peut critiquer l’attitude de Sal, devant la personnalité de Grace, je me demande si elle aurait pu agir différemment.
    J’ai beaucoup aimé Devon aussi et j’ai regretté qu’il ne soit pas plus présent.
    Malgré le fait que les personnages ne sont pas toujours assez développés, ce n’est pas très dérangeant car on en sait quand même assez pour imaginer ce que l’on ignore. De plus, comme on n’est censé ne savoir que ce que sait Grace, il est assez normal qu’on ne puisse pas tout connaître des personnages, ou en tout cas par autant que dans le cadre d’un récit avec un narrateur omniscient.
    J’ai quand même regretté de ne pas avoir d’explications claires quant à Ethan. Même si j’ai une bonne idée de ce qu’il en est, j’aurais apprécié voir mes doutes être confirmés.
    Enfin, j’ai découvert assez vite la fin du livre (vers la moitié du récit, environ), mais ça ne m’a pas gênée parce qu’il y a quand même un cheminement vers la conclusion qui reste très intéressant à lire.
    Si le livre comporte des défauts, il reste très bien écrit et j’ai passé un excellent moment en sa compagnie.

    Un extrait : J’ai eu besoin d’un petit (bon d’accord, d’un gros) remontant pour m’aider à m’y mettre. J’ai une bouteille de vodka planquée sous mon lit. Ensuite, j’ai choisi mes vêtements en prenant tout mon temps ; ce n’est pas parce qu’on va mourir qu’il faut se laisser aller. J’ai mis mon nouveau jean, celui qui me fait de longues jambes super fines. J’ai essayé à peu près tous mes hauts avant de me décider pour mon vieux T-shirt vert (mon T-shirt vert porte-bonheur – ha ! ha ! ha !). Le choix des chaussures m’a posé plus de problèmes, mais j’ai finalement opté pour le confort – des bonnes vieilles Adidas. On ne peut pas dire qu’elles soient super glamour, mais elles apportaient un côté chic old school vraiment parfait. Je me suis maquillée – trop, vu les circonstances –, en pensant : Plus jamais d’eye-liner pour toi, ma grande, dernière fois que tu mets du gloss et que tu te regardes dans la glace en sachant que ça ne te rendra jamais jolie, et d’autres trucs dans le genre.

    Après ça, je n’ai plus eu qu’à glisser un couteau dans mon sac, et j’étais prête à partir.

    J’ai descendu les escaliers comme si de rien n’était. Crié : « Je sors, j’ai rendez-vous avec Sal. Ne m’attends pas ! » à ma mère, qui matait la télé dans le salon. Au lieu de claquer la porte d’entrée, j’aurais pu passer une tête au moment où elle a dit : « Grace, attends une sec… » Mais je ne l’ai pas fait. Je n’aurais pas supporté de rester une minute de plus avec elle.

    Je ne lui ai donc pas dit au revoir, et je n’ai pas laissé de mot. Quel intérêt ? Les lettres de suicide sont toujours mauvaises, de toute façon. Et si j’avais laissé un mot, tout le monde me croirait morte. Ce que je ne suis pas (pour le moment).

    Je suis montée dans le bus. Me suis assise tout au fond – ce que je ne fais jamais. Mon dernier trajet en bus. Voilà ce que j’ai pensé, sur le moment. C’était sans doute le cas, d’ailleurs, maintenant que j’y réfléchis. Tout s’est déroulé normalement. Pour un trajet en bus, je veux dire. À part la femme qui se trouvait juste devant moi et qui avait de très longs cheveux gris. Tellement longs que ses pointes fourchues balayaient mon jean. Carrément répugnant. Passé un certain âge, on ne devrait plus avoir le droit de porter les cheveux longs. Mais heureusement, la Femme Aux Cheveux Poisseux est descendue du bus avant que je vomisse.

    Je me suis sentie beaucoup mieux après son départ. J’ai fermé les yeux et j’ai respiré un bon coup. Je vais le faire – je suis vraiment partie pour le faire. Sûr de sûr. Voilà ce que je me suis dit. Et : Oh, ils seront tous tellement tristes… J’ai même souri en entendant cette voix chanter dans ma tête.

    Je ne sais trop quoi penser de ce oui-tu-étais-vraiment-sur-le-point-de-te-foutre-en-l’air. Mais je ne me sens pas prête à me pencher sur mes sentiments. Pas encore. C’est comme si on m’avait enveloppée dans un bandage, qu’on m’avait dit plus ou moins pourquoi, et que je deviendrais folle si jamais on le défaisait et que je découvrais une plaie suppurante en dessous.

    Je suis descendue du bus, puis j’ai repéré une épicerie. Une fois à l’intérieur, j’ai mis du temps à me décider, mais j’ai finalement pris une bouteille de gin, ce qui m’étonne parce que je déteste ça. Ça me rappelle papa. Ensuite, j’ai foncé tête baissée vers le type à la caisse qui avait la pire acné de la terre (bon, à part celle de Scott Ames en troisième, mais il a fini par s’en débarrasser et il est plutôt pas mal, aujourd’hui). Et là, il s’est passé un truc totalement ridicule : on m’a demandé ma carte d’identité ! Il faut que vous compreniez : ça ne m’arrive jamais. J’ai commencé à acheter de l’alcool à l’âge de quatorze ans, putain. J’ai même cru qu’il s’agissait d’une espèce de signe divin, du genre : « Grace, tu peux te suicider si c’est vraiment ce que tu veux, mais sache que je ne vais pas te faciliter les choses. » J’ai lancé mon regard le plus tu-plaisantes-j’espère à Acné Boy, et je lui ai dit : « Tu te fous de moi ? J’ai vingt et un ans ! Est-ce que j’ai l’air d’une gamine ? » Mais il s’est contenté de pointer du doigt une affichette : « Si vous avez moins de dix-huit ans, bla, bla, bla, bla, bla. » J’ai perdu au moins deux minutes à lui expliquer que j’avais laissé mes papiers dans ma veste, et ma veste à la maison étant donné qu’il faisait super chaud pour la saison. Mais ça n’a pas pris. Franchement énervant, le gars. Bon, j’imagine qu’il faut bien se défouler de temps en temps, quand on a un visage aussi répugnant et couvert de pus que le sien, et aucun, mais alors aucun espoir d’avoir des relations sexuelles un jour. Je suis sortie du magasin avec un air indigné, puis je me suis engouffrée dans la boutique d’à côté où j’ai acheté exactement la même bouteille, mais moins cher. Je crois que Dieu ne m’avait pas envoyé de signe, au final.

     

  • [Livre] Tropique de la violence

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    Résumé : «Ne t’endors pas, ne te repose pas, ne ferme pas les yeux, ce n’est pas terminé. Ils te cherchent. Tu entends ce bruit, on dirait le roulement des barriques vides, on dirait le tonnerre en janvier mais tu te trompes si tu crois que c’est ça. Écoute mon pays qui gronde, écoute la colère qui rampe et qui rappe jusqu’à nous. Tu entends cette musique, tu sens la braise contre ton visage balafré? Ils viennent pour toi.»

    Tropique de la violence est une plongée dans l’enfer d’une jeunesse livrée à elle-même sur l’île française de Mayotte, dans l’océan Indien. Dans ce pays magnifique, sauvage et au bord du chaos, cinq destins vont se croiser et nous révéler la violence de leur quotidien.

     

    Auteur : Nathacha Appanah

     

    Edition : Gallimard

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : 25 août 2016

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : Que dire sur ce livre ? Le texte en lui-même est bien écrit même si j’ai été gênée par les énumérations sans virgules. Je suppose que c’est pour donner un sentiment d’urgence dans ces énumérations mais je n’ai pas réussi à dépasser le fait que quand on énonce ainsi plusieurs choses, on doit les séparer par une virgule. Sans, le texte m’a parut incorrect.
    Le fait que le texte se raconte à 5 ou 6 voix m’a empêchée de ressentir de l’empathie pour les personnages. Marie est l’origine de l’histoire, si l’on peut dire, mais sans plus. Olivier et Stéphane n’ont pas de réelle utilité.

    Reste Moïse et Bruce.
    Bruce n’a aucune excuse. Il a beau nous raconter son enfance pour expliquer son présent, ça n’explique rien en fait. Il a eu une enfance normale, des parents qui voulaient l’envoyer à l’école, qui était prêts à lui faire intégrer une école spécialisé quand il a été clair qu’il n’était pas capable de suivre une scolarité normale. Ce qu’il est devenu ne relève que de ses choix. Mais la racaille se cherche toujours des excuses pour ne pas être responsables de leurs actes.
    La seule chose que je ne comprends pas, c’est qu’il n’ait pas été mis hors d’état de nuire plus tôt.
    Il est impossible de ressentir la moindre empathie pour lui quand on voit son attitude, son arrogance, la violence dont il fait preuve malgré son âge, sa cruauté… tout en lui rebute et donne envie de le voir disparaître.

    Moïse est le personnage principal. Il a été plus marqué par le destin que Bruce, d’abord abandonné par sa mère à cause de ses yeux vairons, suivi de ce qu’il peut ressentir comme un abandon de la part de Marie.
    Mais personne ne l’a jeté dehors, personne ne l’a poussé à aller rejoindre les clandestins, et toute la racaille de Mayotte.
    Je comprends qu’il ait été en pleine crise d’identité et qu’il ait rejeté sa mère. Cela arrive à beaucoup d’enfants adoptés et le cas de Moïse est particulier. Mais le choix qu’il fait est impardonnable en plus d’être incompréhensible.
    Au final, malgré une écriture plaisante, j’ai trouvé le roman brouillon dans son déroulé, je me suis ennuyée et je n’ai pas réussi à m’intéresser aux personnages qui semblent n’avoir aucun bon côté.
    J’ai juste à une ou deux reprises ressentie une grande colère contre l’administration et la police qui laissent un quartier comme « Gaza » se développer.
    Un livre dont je me demande encore qu’elle était la finalité.

     

    Un extrait : J’ai bientôt trente-trois ans et ce soir-là, le 3 mai, je travaille. Il pleut à verse depuis plusieurs jours, il n’y a pas grand monde et je suis dans la salle des infirmières, seule, à lire. Je n’ai plus d’amis, je ne vois plus ceux qui me connaissaient quand j’étais avec Cham. De toute façon, je n’ai plus envie de ces choses-là, les soirées au clair de lune, les bavardages sur le pays, sur la misère, sur la décrépitude. Il n’y a que Patrick, l’aide-soignant, qui m’adresse encore la parole. Parfois quand je le vois avec sa chemise à fleurs, son ventre en goutte d’huile, quand je surprends son regard de chasseur sur les jeunes femmes noires, j’essaie d’imaginer le Patrick qui est arrivé à Mayotte il y a quinze ans avec femme et enfants. Avait-il cette odeur de cigarette, de sueur et d’eau de Cologne sur lui, avait-il déjà fermé son cœur et sa tête, imaginait-il passer ses vendredis soir à la discothèque Ninga, assis comme un nabab, entouré de jeunes Comoriennes et Malgaches qui se parfument le sexe au déodorant ?
    Avait-il au moins essayé de résister ou avait-il tout envoyé balader quand il avait compris le pouvoir qu’a un homme blanc ici ? Mais je ne le juge pas, ce pays nous broie, ce pays fait de nous des êtres malfaisants, ce pays nous enferme entre ses tenailles et nous ne pouvons plus partir.


     

  • C'est lundi que lisez vous? #83

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    Rendez-vous initié par Mallou qui s'est inspirée de It's Monday, What are you reading ? de One Person’s Journey Through a World of Books. Le récapitulatif des liens se fait maintenant sur le blog de Galleane.

     

    Il s'agit de répondre à trois questions:

    Qu'ai-je lu la semaine passée?
    Que suis-je en train de lire?
    Que lirai-je après?

     

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    Et vous, que lisez vous?