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[Livre] Tropique de la violence

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Résumé : «Ne t’endors pas, ne te repose pas, ne ferme pas les yeux, ce n’est pas terminé. Ils te cherchent. Tu entends ce bruit, on dirait le roulement des barriques vides, on dirait le tonnerre en janvier mais tu te trompes si tu crois que c’est ça. Écoute mon pays qui gronde, écoute la colère qui rampe et qui rappe jusqu’à nous. Tu entends cette musique, tu sens la braise contre ton visage balafré? Ils viennent pour toi.»

Tropique de la violence est une plongée dans l’enfer d’une jeunesse livrée à elle-même sur l’île française de Mayotte, dans l’océan Indien. Dans ce pays magnifique, sauvage et au bord du chaos, cinq destins vont se croiser et nous révéler la violence de leur quotidien.

 

Auteur : Nathacha Appanah

 

Edition : Gallimard

 

Genre : Roman contemporain

 

Date de parution : 25 août 2016

 

Prix moyen : 18€

 

Mon avis : Que dire sur ce livre ? Le texte en lui-même est bien écrit même si j’ai été gênée par les énumérations sans virgules. Je suppose que c’est pour donner un sentiment d’urgence dans ces énumérations mais je n’ai pas réussi à dépasser le fait que quand on énonce ainsi plusieurs choses, on doit les séparer par une virgule. Sans, le texte m’a parut incorrect.
Le fait que le texte se raconte à 5 ou 6 voix m’a empêchée de ressentir de l’empathie pour les personnages. Marie est l’origine de l’histoire, si l’on peut dire, mais sans plus. Olivier et Stéphane n’ont pas de réelle utilité.

Reste Moïse et Bruce.
Bruce n’a aucune excuse. Il a beau nous raconter son enfance pour expliquer son présent, ça n’explique rien en fait. Il a eu une enfance normale, des parents qui voulaient l’envoyer à l’école, qui était prêts à lui faire intégrer une école spécialisé quand il a été clair qu’il n’était pas capable de suivre une scolarité normale. Ce qu’il est devenu ne relève que de ses choix. Mais la racaille se cherche toujours des excuses pour ne pas être responsables de leurs actes.
La seule chose que je ne comprends pas, c’est qu’il n’ait pas été mis hors d’état de nuire plus tôt.
Il est impossible de ressentir la moindre empathie pour lui quand on voit son attitude, son arrogance, la violence dont il fait preuve malgré son âge, sa cruauté… tout en lui rebute et donne envie de le voir disparaître.

Moïse est le personnage principal. Il a été plus marqué par le destin que Bruce, d’abord abandonné par sa mère à cause de ses yeux vairons, suivi de ce qu’il peut ressentir comme un abandon de la part de Marie.
Mais personne ne l’a jeté dehors, personne ne l’a poussé à aller rejoindre les clandestins, et toute la racaille de Mayotte.
Je comprends qu’il ait été en pleine crise d’identité et qu’il ait rejeté sa mère. Cela arrive à beaucoup d’enfants adoptés et le cas de Moïse est particulier. Mais le choix qu’il fait est impardonnable en plus d’être incompréhensible.
Au final, malgré une écriture plaisante, j’ai trouvé le roman brouillon dans son déroulé, je me suis ennuyée et je n’ai pas réussi à m’intéresser aux personnages qui semblent n’avoir aucun bon côté.
J’ai juste à une ou deux reprises ressentie une grande colère contre l’administration et la police qui laissent un quartier comme « Gaza » se développer.
Un livre dont je me demande encore qu’elle était la finalité.

 

Un extrait : J’ai bientôt trente-trois ans et ce soir-là, le 3 mai, je travaille. Il pleut à verse depuis plusieurs jours, il n’y a pas grand monde et je suis dans la salle des infirmières, seule, à lire. Je n’ai plus d’amis, je ne vois plus ceux qui me connaissaient quand j’étais avec Cham. De toute façon, je n’ai plus envie de ces choses-là, les soirées au clair de lune, les bavardages sur le pays, sur la misère, sur la décrépitude. Il n’y a que Patrick, l’aide-soignant, qui m’adresse encore la parole. Parfois quand je le vois avec sa chemise à fleurs, son ventre en goutte d’huile, quand je surprends son regard de chasseur sur les jeunes femmes noires, j’essaie d’imaginer le Patrick qui est arrivé à Mayotte il y a quinze ans avec femme et enfants. Avait-il cette odeur de cigarette, de sueur et d’eau de Cologne sur lui, avait-il déjà fermé son cœur et sa tête, imaginait-il passer ses vendredis soir à la discothèque Ninga, assis comme un nabab, entouré de jeunes Comoriennes et Malgaches qui se parfument le sexe au déodorant ?
Avait-il au moins essayé de résister ou avait-il tout envoyé balader quand il avait compris le pouvoir qu’a un homme blanc ici ? Mais je ne le juge pas, ce pays nous broie, ce pays fait de nous des êtres malfaisants, ce pays nous enferme entre ses tenailles et nous ne pouvons plus partir.


 

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