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[Livre] Confusion

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Résumé : Grace, 17 ans, se réveille enfermée dans une mystérieuse pièce sans fenêtres, avec table, des stylos et des feuilles vierges. Pourquoi est-elle là ? Et quel est ce beau jeune homme qui la retient prisonnière ? Elle n'en a aucune idée. Mais à mesure qu'elle couche sur papier les méandres de sa vie, Grace est frappée de plein fouet par les vagues de souvenirs enfouies au plus profond d'elle-même. Il y a cet amour sans espoir qu'elle voue à Nat, et la lente dégradation de sa relation avec sa meilleure amie, Sal. Mais Grace le sent, quelque chose manque encore.

Quelque chose qu'elle se cache.

 

Auteur : Cat Clarke

 

Edition : Robert Laffont

 

Genre : Thriller

 

Date de parution : 18 Octobre 2012

 

Prix moyen : 18€

 

Mon avis : Le sujet du livre était bien intrigant et je n’ai pas pu résister. Le récit est du point de vue de Grace, on ne sait donc que ce qu’elle sait, ce qui est parfois frustrant car, pendant tout le livre, Grace doit se remémorer les évènements qui ont précédés son kidnapping. Il y a aussi des évènements plus lointains qu’elle refoule en refusant de les regarder en face.
Au niveau des personnages, j’ai eu du mal avec Grace. Elle a certes vécu quelque chose de grave et je comprends, même si je ne l’approuve pas, son besoin de s’étourdir dans les soirées, l’alcool et les garçons. En revanche, je n’apprécie guère son attitude envers son amie Sal, cette façon de vouloir la pousser, contre son gré, à se comporter de la même façon qu’elle vis-à-vis de l’alcool et des garçons. Elle impose sans arrêt ses souhaits : sorties, présence de garçons, alcool coulant à flot… sans aucune considération ni pour les souhaits de Sal, ni pour les réticences qu’elle peut avoir suite à un évènement qui lui est arrivé au début du livre.
J’ai nettement préféré Sal, même si l’excuse qu’elle donne concernant cet évènement qui est le départ de toute l’histoire est un peu ridicule et puérile, et que, dans sa dispute avec Grace, elle lui dit des horreurs concernant les scarifications que s’infligent Grace quand elle perd pied.
Même si on peut critiquer l’attitude de Sal, devant la personnalité de Grace, je me demande si elle aurait pu agir différemment.
J’ai beaucoup aimé Devon aussi et j’ai regretté qu’il ne soit pas plus présent.
Malgré le fait que les personnages ne sont pas toujours assez développés, ce n’est pas très dérangeant car on en sait quand même assez pour imaginer ce que l’on ignore. De plus, comme on n’est censé ne savoir que ce que sait Grace, il est assez normal qu’on ne puisse pas tout connaître des personnages, ou en tout cas par autant que dans le cadre d’un récit avec un narrateur omniscient.
J’ai quand même regretté de ne pas avoir d’explications claires quant à Ethan. Même si j’ai une bonne idée de ce qu’il en est, j’aurais apprécié voir mes doutes être confirmés.
Enfin, j’ai découvert assez vite la fin du livre (vers la moitié du récit, environ), mais ça ne m’a pas gênée parce qu’il y a quand même un cheminement vers la conclusion qui reste très intéressant à lire.
Si le livre comporte des défauts, il reste très bien écrit et j’ai passé un excellent moment en sa compagnie.

Un extrait : J’ai eu besoin d’un petit (bon d’accord, d’un gros) remontant pour m’aider à m’y mettre. J’ai une bouteille de vodka planquée sous mon lit. Ensuite, j’ai choisi mes vêtements en prenant tout mon temps ; ce n’est pas parce qu’on va mourir qu’il faut se laisser aller. J’ai mis mon nouveau jean, celui qui me fait de longues jambes super fines. J’ai essayé à peu près tous mes hauts avant de me décider pour mon vieux T-shirt vert (mon T-shirt vert porte-bonheur – ha ! ha ! ha !). Le choix des chaussures m’a posé plus de problèmes, mais j’ai finalement opté pour le confort – des bonnes vieilles Adidas. On ne peut pas dire qu’elles soient super glamour, mais elles apportaient un côté chic old school vraiment parfait. Je me suis maquillée – trop, vu les circonstances –, en pensant : Plus jamais d’eye-liner pour toi, ma grande, dernière fois que tu mets du gloss et que tu te regardes dans la glace en sachant que ça ne te rendra jamais jolie, et d’autres trucs dans le genre.

Après ça, je n’ai plus eu qu’à glisser un couteau dans mon sac, et j’étais prête à partir.

J’ai descendu les escaliers comme si de rien n’était. Crié : « Je sors, j’ai rendez-vous avec Sal. Ne m’attends pas ! » à ma mère, qui matait la télé dans le salon. Au lieu de claquer la porte d’entrée, j’aurais pu passer une tête au moment où elle a dit : « Grace, attends une sec… » Mais je ne l’ai pas fait. Je n’aurais pas supporté de rester une minute de plus avec elle.

Je ne lui ai donc pas dit au revoir, et je n’ai pas laissé de mot. Quel intérêt ? Les lettres de suicide sont toujours mauvaises, de toute façon. Et si j’avais laissé un mot, tout le monde me croirait morte. Ce que je ne suis pas (pour le moment).

Je suis montée dans le bus. Me suis assise tout au fond – ce que je ne fais jamais. Mon dernier trajet en bus. Voilà ce que j’ai pensé, sur le moment. C’était sans doute le cas, d’ailleurs, maintenant que j’y réfléchis. Tout s’est déroulé normalement. Pour un trajet en bus, je veux dire. À part la femme qui se trouvait juste devant moi et qui avait de très longs cheveux gris. Tellement longs que ses pointes fourchues balayaient mon jean. Carrément répugnant. Passé un certain âge, on ne devrait plus avoir le droit de porter les cheveux longs. Mais heureusement, la Femme Aux Cheveux Poisseux est descendue du bus avant que je vomisse.

Je me suis sentie beaucoup mieux après son départ. J’ai fermé les yeux et j’ai respiré un bon coup. Je vais le faire – je suis vraiment partie pour le faire. Sûr de sûr. Voilà ce que je me suis dit. Et : Oh, ils seront tous tellement tristes… J’ai même souri en entendant cette voix chanter dans ma tête.

Je ne sais trop quoi penser de ce oui-tu-étais-vraiment-sur-le-point-de-te-foutre-en-l’air. Mais je ne me sens pas prête à me pencher sur mes sentiments. Pas encore. C’est comme si on m’avait enveloppée dans un bandage, qu’on m’avait dit plus ou moins pourquoi, et que je deviendrais folle si jamais on le défaisait et que je découvrais une plaie suppurante en dessous.

Je suis descendue du bus, puis j’ai repéré une épicerie. Une fois à l’intérieur, j’ai mis du temps à me décider, mais j’ai finalement pris une bouteille de gin, ce qui m’étonne parce que je déteste ça. Ça me rappelle papa. Ensuite, j’ai foncé tête baissée vers le type à la caisse qui avait la pire acné de la terre (bon, à part celle de Scott Ames en troisième, mais il a fini par s’en débarrasser et il est plutôt pas mal, aujourd’hui). Et là, il s’est passé un truc totalement ridicule : on m’a demandé ma carte d’identité ! Il faut que vous compreniez : ça ne m’arrive jamais. J’ai commencé à acheter de l’alcool à l’âge de quatorze ans, putain. J’ai même cru qu’il s’agissait d’une espèce de signe divin, du genre : « Grace, tu peux te suicider si c’est vraiment ce que tu veux, mais sache que je ne vais pas te faciliter les choses. » J’ai lancé mon regard le plus tu-plaisantes-j’espère à Acné Boy, et je lui ai dit : « Tu te fous de moi ? J’ai vingt et un ans ! Est-ce que j’ai l’air d’une gamine ? » Mais il s’est contenté de pointer du doigt une affichette : « Si vous avez moins de dix-huit ans, bla, bla, bla, bla, bla. » J’ai perdu au moins deux minutes à lui expliquer que j’avais laissé mes papiers dans ma veste, et ma veste à la maison étant donné qu’il faisait super chaud pour la saison. Mais ça n’a pas pris. Franchement énervant, le gars. Bon, j’imagine qu’il faut bien se défouler de temps en temps, quand on a un visage aussi répugnant et couvert de pus que le sien, et aucun, mais alors aucun espoir d’avoir des relations sexuelles un jour. Je suis sortie du magasin avec un air indigné, puis je me suis engouffrée dans la boutique d’à côté où j’ai acheté exactement la même bouteille, mais moins cher. Je crois que Dieu ne m’avait pas envoyé de signe, au final.

 

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