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[Livre] Effacée - T01

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Résumé : Dans un futur proche, en Angleterre, les criminels de moins de 16 ans sont condamnés à perdre tout souvenir de leur passé. Malgré son Effacement, cependant, Kyla fait d'étranges cauchemars. Comme si ses souvenirs s'obstinaient à remonter à la surface...

Petit à petit, le doute s'installe. A-t-elle vraiment commis un crime et mérité son sort ? La jeune fille n'est pas certaine de vouloir le découvrir, d'autant que sa nouvelle vie de lycéenne lui plaît. Et que son passé pourrait s'avérer difficile à supporter.

Mais peut-on être soi, à 16 ans, si l'on ignore d'où l'on vient ? Grâce à Ben, Effacé, lui aussi, et convaincu que l'Effacement cache en réalité une gigantesque manipulation, Kyla trouvera peut-être la force de partir en quête de sa propre histoire...

 

Auteur : Teri Terry

 

Edition : La Martinière Jeunesse

 

Genre : Young adult

 

Date de parution : 12 Septembre 2013

 

Prix moyen : 15€

 

Mon avis : L’effacement semble être une méthode radicale pour effacer le comportement violent des jeunes criminels et leur donner une chance de recommencer leur vie et de s’intégrer à la société. Ça, c’est la théorie. La toute belle et toute lisse théorie.
Sauf que l’effacement ne semble pas avoir totalement marché chez Kyla : elle a des cauchemars qui pourraient être des bribes de souvenirs de son passé, elle réfléchit, elle est autonome, elle est capable de se défendre…tout ce qu’un effacé n’est pas censé pouvoir faire.
D’ailleurs, son Nivo, un bracelet censé contrôler les émotions et la neutraliser si elle ne ressent pas un bonheur béat, réagit étrangement avec elle.
Elle doit donc faire attention à tout ce qu’elle fait pour ne pas être repérée par les lorders, censés maintenir l’ordre et faire respecter la loi mais que je soupçonne de plus en plus d’être dangereux et arbitraires. Je pense qu’ils ne s’en prennent pas uniquement aux criminels mais aussi à toutes personnes qui se posent la moindre question sur le système.

Le texte est à la première personne du singulier et on est donc confronté aux pensées, aux sentiments et aux réflexions de Kyla. Pour une fois on a une héroïne qui n’est ni une guerrière, ni une poupée incroyablement naïve qui ne se sort des situations que par une chance phénoménale. Non ici, Kyla est courageuse, un peu perdue à cause de ce qu’elle ressent et qu’elle ne devrait pas ressentir, effrayée aussi de se rendre compte qu’elle ne peut faire confiance à personne. Mais courageuse, volontaire et bien décidée à reprendre sa vie en main, mais sans pour autant se mettre en danger de façon inconsidérée.


Même si on ne fait que les citer, et qu’ils apparaissent une fois ou deux, un peu comme une ombre menaçante aux contours imprécis, je me demande si les TAG, le groupe terroriste qui lutte contre le système, n’est pas pire que l’ennemi qu’il combat. Sans doute aura-t-on des réponses à leur sujet dans le tome 2, mais leurs méthodes ne les rendent pas sympathiques et on n’est pas bien sûr de vouloir les voir réussir.

Kyla, et nous par la même occasion, se rend vite compte que les apparences sont trompeuses. Ses nouveaux parents, quand elle les rencontre, donnent l’impression d’une mère sévère et revêche et d’un père ouvert et amical. Très rapidement, on peut voir que la mère est attentive, gentille et aimante. Mais le père… je pense qu’on ne sait pas encore à quel point il est impliqué dans les horreurs commises par les lorders, mais je le soupçonne d’être bien plus proches d’eux qu’il ne le dit. Tout dans son attitude le montre. Je suis sûre qu’il est un des pires dangers que va devoir affronter Kyla. Amy, sa sœur, très amicale au début, semble l’être beaucoup moins.
Kyla doit également savoir repérer la véritable personnalité de tout le personnel médical et administratif qui l’entoure : qui la surveille, qui serait susceptible de dénoncer la moindre infraction aux lorders… Elle vit dans une suspicion permanente.

 

La fin, comme toujours dans les dystopies, nous fait prendre conscience de l’ampleur du problème, et on n’a qu’une envie, se jeter sur la suite pour savoir comment Kyla va se sortir de là !

Un extrait : Nous arrivons devant la grille de sortie.

Un garde s'avance vers la voiture et les autres nous dévisagent derrière les fenêtres. Mon père appuie sur des boutons et toutes les vitres de la voiture descendent. Même le coffre s'ouvre.

Mes parents et Amy remontent leurs manches et tendent leur main droite au-dehors. J'en fais autant. Puis un garde avise les poignets nus de mes parents, hoche la tête, et passe un objet au-dessus du Nivo d'Amy. L'objet sonne. Il procède de la même manière avec moi. Ensuite il va examiner le coffre et le referme d'un coup sec.

La barrière de sûreté s'ouvre enfin et nous débouchons dans une rue.

— Kyla, qu'aimerais-tu faire, aujourd'hui ? me demande ma mère.

Elle est ronde et pointue. Oui, je sais : ces deux adjectifs paraissent contradictoires. Je veux dire qu'elle est ronde de corps et tendre d'apparence, mais que ses regards et ses paroles sont aigus et perçants.

Je me retourne. Le complexe hospitalier occupe tout l'horizon : interminables rangées de petites fenêtres grillagées, hautes clôtures, miradors disposés à intervalles régu­liers, sentinelles...

— Kyla ! Je t'ai posé une question !

Je tressaille.

— Je ne sais pas, marmonné-je.

— Normal, remarque mon père. Elle n'a encore aucune idée de ce qu'elle « peut » faire.

— Rentrons à la maison, propose Amy. Elle a besoin de temps pour s'habituer. D'ailleurs, c'est ce qu'a dit son docteur.

— Évidemment, soupire ma mère. Les médecins savent toujours tout.

Il y a un silence lourd de sous-entendus. Apparemment, ma mère n'a guère confiance dans le corps médical... Je croise le regard de mon père dans le rétroviseur.

— Kyla, tu connais l'histoire du médecin qui ne pou­vait pas distinguer sa droite de sa gauche ?

Il se lance dans une longue histoire d'erreurs chirur­gicales, à la grande joie de ma mère et de ma sœur. Moi, je ne trouve pas ça drôle. J'espère que rien de tel n'est arrivé dans mon hôpital...

Et puis, j'oublie, captivée par la ville qu'ils appellent Londres. Nous circulons maintenant dans une rue bordée de bâtiments incendiés, aux ouvertures condamnées. Plus loin, le quartier s'anime. Il y a du linge qui sèche aux balcons, des plantes, des rideaux que le vent soulève comme s'il voulait s'amuser avec.

Et partout, des gens. Dans les voitures, sur les trottoirs. Des foules de gens, entrant et sortant de boutiques ou de bureaux, se hâtant dans toutes les directions. Ils semblent ignorer les gardes postés aux coins des rues. D'ailleurs, ceux-ci sont de moins en moins nombreux au fur et à mesure que nous nous éloignons de l'hôpital.

J'observe tout - les rues, les gens, les immeubles - pour me rappeler.

Le Dr Lysander m'a souvent demandé pourquoi je cherchais systématiquement à mémoriser ce que je voyais dans le moindre détail. Je n'ai jamais su le lui expliquer, sinon par le fait que je n'aime pas me sentir vide.

Après mon Effacement, dès que j'ai réussi à mettre un pied devant l'autre sans tomber, j'ai parcouru les étages autorisés de l'hôpital. J'ai compté mes pas et inscrit chaque recoin dans ma mémoire. J'aurais pu trouver les bureaux des infirmières les yeux fermés. Et aussi les laboratoires et les chambres. Je n'avais pas besoin de voir leur numéro. Même en ce moment, il me suffit de me concentrer pour que ça me revienne parfaitement.

Mais il faudrait que je parcoure toutes les rues de Londres pour avoir la configuration de la ville dans la tête... Bien sûr, on m'a montré des cartes et des photos, à l'hôpital. Cela faisait partie des cours de culture géné­rale nous préparant à notre sortie. Pour moi, c'était facile de me rappeler. Il me suffisait de dessiner ce que j'avais vu, et d'écrire les noms dans un cahier. Les autres élèves n'étaient pas aussi réceptifs. Ils souriaient comme des abrutis et ne reconnaissaient jamais rien. Ce n'est pas de leur faute : lorsque nous avons été Effacés, la fonction « heureux caractère » de nos profils psychologiques a été renforcée au maximum.

Je suppose qu'avant le traitement, je n'avais aucun sourire en réserve...

 

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