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[Livre] L'échappée

Je remercie la masse critique Babelio et les éditions Milan pour cette lecture

 

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Résumé : "Comment peut-on ne pas vouloir sortir avec Jason ? il est ultra cool. [...] Jason, pour moi, c'est un rêve qui se réalise."
Hélas pour Leslie, son rêve va vite tourner au cauchemar...
Jason, le nouveau qui attire tous les regards, n'est pas le garçon bien qu'il paraît être. Lentement, il tisse sa toile autour d'elle.
Pour qu'elle ne puisse plus s'échapper. Pour qu'elle lui appartienne. Corps et âme.

 

Auteur : Allan Stratton

 

Edition : Milan

 

Genre : Jeunesse

 

Date de parution : 07 septembre 2016

 

Prix moyen : 14€

 

Mon avis : Dans la lignée des romans comme Risk de Fleur Ferris sur les dangers des rencontres internet, Blacklistée de Cole Gibsen sur le harcèlement scolaire ou encore Little sister de Benoît Séverac sur le djihadisme, Allan Stratton alerte les adolescents sur la violence conjugale au sein des couples adolescents au travers de l’histoire de Leslie.
Leslie est une adolescente un peu à la dérive. Elle a du quitter sa ville et ses amie pour émigrer dans un coin un peu perdu du canada suite à la mutation de son père, lequel, très vite, a quitté le foyer conjugal pour une midinette. Sa mère, devenue mère célibataire ne sait pas comment gérer à la fois sa fille et son chagrin et multiplie cris et attaques verbales contre le père. Leurs revenus ayant drastiquement baissés, elles ont du déménager dans un petit appartement dans un quartier guère reluisant. Pour couronner le tout, sa seule amie la délaisse pour se rapprocher de ses camarades d’église.
Alors déjà que l’adolescence n’est pas franchement une période de félicité familiale, là Leslie a beaucoup de mal à faire face.

Son professeur d’anglais va demander aux élèves d’écrire, pendant 15 minutes à chaque début de cours, dans un journal intime et c’est à travers ce journal que l’on découvre l’histoire de Leslie.
Quand elle rencontre Jason, 18 ans, nouveau au lycée, Leslie voit ici l’occasion d’avoir enfin une personne à qui se confier et qui soit là pour elle (et aussi de clouer le bec à l’insupportable Ashley, celle qui lui « vole » sa meilleure amie).
Allan Stratton amène l’intrigue lentement mais sûrement. Bien sûr, on ne le découvre qu’en même temps que Leslie, puisque c’est elle qui nous le raconte et le doute s’installe.
Même si, pour ma part, je n’ai eu aucun doute dès lors que Leslie nous relate la première scène ambiguë avec Jason, je pense que ça tiens aussi au fait que je suis adulte et que, même s’il est manipulateur, Jason reste un ado, avec la subtilité que ça implique. Mais je comprends qu’une adolescente de 15 ans soit complètement déboussolée devant ce qu’il se passe et ne sache plus où elle en est.
Au fil des pages, Leslie montre un courage et une force de caractère incroyable, même s’ils sont noyés dans de mauvaises décisions (mais bon, si elle avait pris la bonne décision dès le départ, il n’y aurait plus eu d’histoire).
Jason…je ne sais pas si on doit le plaindre ou le blâmer. Ce qu’il fait est répréhensible, je ne dis pas le contraire. Mais je me demande comment un ado de 18 ans en arrive là. J’ai eu l’impression d’un gosse qui a grandit seul et à qui on a passé tous les caprices pour pallier l’absence des parents, entre une mère de tout évidence alcoolique et un père plus intéressé par sa carrière que par son fils. Un gamin qui n’a jamais fait que ses quatre volontés et dont le père a « arrangé » chacun de ses actes soit par son argent, soit par ses relations. Je ne pense pas que quiconque ait inculqué à ce gosse les notions de bien et mal ou de respect de l’autre. Je ne dis pas qu’il devrait être absous mais que ses parents devraient payer autant que lui.
J’ai trouvé la fin frustrante. D’une part parce qu’elle est un peu rapide et cela tient à l’auteur. Mais surtout à cause des conséquences qui en découlent et cela, en revanche, tiens au système. L’auteur n’a fait que montrer ce qui se serait passé si Leslie et Jason n’avaient pas été des personnages de fiction.
C’est une histoire très bien menée, qui maintient sous tension jusqu’à la conclusion et qui fait monter en nous une colère incroyable à la fois contre Jason mais aussi contre la société qui permet à des Jason d’agir en toute impunité pendant des années.

Un extrait : Les proviseurs adjoints, en fait, c’est les flics du lycée. Ils adorent jouer les gros durs et bouffer des donuts. Et de ce point de vue là, c’est clair que M. Manley a choisi le boulot qu’il lui fallait. En revanche, on ne peut pas dire qu’il porte très bien son nom, lui qui est à peu près aussi viril qu’un éléphant en costard. Il paraît qu’il était prof d’EPS, avant. Aujourd’hui, adieu l’exercice physique. Il se contente de beugler, et il a les cordes vocales gonflées aux stéroïdes !
C’est pathétique ! M. Manley se donne des airs importants, comme s’il faisait partie du FBI, alors qu’on sait tous que c’est juste un vieux type qui prend son pied en gueulant sur les ados. Il passe son temps dans le parking, à roder derrière les voitures pour choper les fumeurs, ou à renifler l’haleine des élèves pour voir s’ils n’ont pas bu, ou fumé de l’herbe. Pendant les bals du lycée, il se balade avec une lampe torche pour débusquer les couples sur le terrain de foot ou dans le réduit sous l’escalier. Il faut être pervers pour faire un boulot pareil.
L’an dernier, en troisième, j’étais sans arrêt dans son bureau. Pour plaisanter, je disais qu’il voulait me voir tous les jours parce qu’il craquait sur moi ; mais en fait, c’était à cause de mes retards. Et parce que je séchais souvent les cours. Mes parents s’étaient séparés « quelques temps pour voir », et je ne le vivais pas très bien.
Je le vis toujours mal d’ailleurs. Surtout depuis que ce n’est plus « pour voir », mais « pour de bon », et que maman est passé du statut d’épouse à celui de mère célibataire.
Maintenant, quand elle voit à la télé des personnalités politiques parler des mères seules, elle fond en larmes. Et puis elle m’engueule. On dirait qu’elle se force à être sévère, de peur que je me transforme en une de ces graines de démons qui viennent parler de leur foyer brisé dans les talk-shows.
- Il va falloir que tu changes d’attitude ! crie-t-elle. Tu m’entends Leslie ?
- Non, je suis sourde.
- Attention à toi !
Je lui lance mon regard breveté. Celui qui la rend dingue.
- Ne me regarde pas comme ça.
- Alors arrête de me gueuler dessus ! Franchement, c’est pas étonnant que papa soit parti !

En général, c’est là qu’elle blêmit et file en courant dans sa chambre. Juste après, d’affreux bruits d’animaux filtrent sous sa porte, et j’ai envie de mourir. Au fond, je ne veux pas la blesser. C’est vrai. Je voudrais juste qu’elle arrête de crier en permanence. Pourquoi tout est-il toujours ma faute ?

 

 

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