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Selene raconte... - Page 46

  • Premières lignes #81

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    Premières lignes est un rendez-vous livresque mis en place par Aurélia du blog Ma lecturothèqueLa liste des participants est répertoriée sur son blog (Si ce n’est que son rdv est le dimanche et que je mettrai le mien en ligne chaque samedi).
    Le principe est de, chaque semaine, vous faire découvrir un livre en vous en livrant les premières lignes.
    Pour ma part, j’ai décidé de vous faire découvrir mes coups de cœurs !

     

    Cette semaine, je vous présente Dry de Neal Shusterman.

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    Le robinet de la cuisine produit des bruits très étranges.
    Il toussote et siffle comme un vieillard asthmatique. Il gargouille comme une personne qui se noie. Il crache une fois, puis se tait. Notre chien, Kingston, dresse les oreilles tout en se tenant à distance de l’évier de peur qu’il ne se ranime soudain. Malheureusement, ce n’est pas le cas.
    Maman se tient plantée là, l’air étonnée, la gamelle de Kingston tendue sous le robinet. Elle le referme.
    — Alyssa, va chercher ton père.
    Depuis qu’il a entrepris de rénover notre cuisine tout seul, papa se prend pour un expert en plomberie. Et un électricien professionnel. « Pourquoi payer des entrepreneurs les yeux de la tête quand on peut le faire soi-même ? » nous rabâchait-il sans cesse. Jusqu’au jour où il a joint le geste à la parole. Depuis, nous croulons sous les problèmes d’électricité et de tuyauterie.
    Papa est dans le garage, occupé à réparer sa voiture avec oncle Basil – qui vit plus ou moins avec nous depuis que sa plantation d’amandiers de Modesto a mis la clé sous la porte. En réalité, oncle Basil se prénomme Herb, mais un jour, mon frère et moi on s’est mis à le rebaptiser sous différents noms d’herbes aromatiques de notre jardin. Oncle Dill, comme l’aneth. Oncle Thym, ou encore oncle Chive, pour la ciboulette. Et même, à une époque que nos parents préféreraient oublier, oncle Cannabis. Pour finir, on a adopté oncle Basil, comme le basilic.
    — Papa ! je crie dans le garage. Y a un souci dans la cuisine.
    Mon père est allongé sous sa Toyota Camry. Seuls ses pieds dépassent. Ça me fait penser à ceux de la Méchante Sorcière de l’Ouest. Quant à oncle Basil, il est caché derrière un épais nuage de vapeur produit par sa cigarette électronique.
    — Ça ne peut pas attendre ? rétorque mon père, sous la voiture.
    Mon petit doigt me dit que non… Ça urge.
    — Je pense que la situation est critique.
    Il s’extirpe de dessous la carrosserie et, dans un profond soupir, se dirige vers la cuisine.
    Maman s’est déplacée. Elle se tient maintenant sur le seuil du salon, immobile, la gamelle du chien dans la main gauche. Un frisson me parcourt, et je ne saurais dire pourquoi.
    — Qu’est-ce qu’il y a de si important pour que tu me déranges en pleine séance de…
    — Chut ! l’interrompt maman.
    Ça lui arrive rarement de dire à papa de se taire. À Garrett et moi, oui, toute la journée. Mais mes parents ne font jamais ça entre eux. C’est une règle tacite.
    Elle regarde la télé, où la présentatrice du journal télévisé évoque la « crise de l’eau ». C’est ainsi que les médias en parlent depuis que les gens en ont eu assez d’entendre rabâcher le mot « sécheresse ». Un peu comme le « réchauffement climatique » devenu le « changement climatique », et le terme « guerre » remplacé par le mot « conflit ». Maintenant, ils ont trouvé une nouvelle formule. Une nouvelle étape dans le drame qui touche nos ressources en eau. On parle désormais de « Tap-Out », pour faire référence à l’eau qui ne coule plus des robinets.
    Oncle Basil émerge de son nuage de vapeur un instant.
    — Qu’est-ce qui se passe ?
    — L’Arizona et le Nevada viennent de se retirer de l’accord sur l’approvisionnement en eau, lui apprend maman. Ils ont fermé tous les barrages sous prétexte qu’ils ont eux-mêmes besoin de l’eau.
    Autrement dit, le fleuve Colorado n’atteindra plus la Californie.
    Oncle Basil s’imprègne de la nouvelle.
    — Ils ferment le fleuve comme s’il s’agissait d’un vulgaire robinet ! Ils ont le droit ?
    Mon père hausse un sourcil.
    — Ils viennent de le faire.

     

    Alors, tentés?

  • [Livre] L’île des absents

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    Résumé : Quelque part en Suède, Alex et sa fille Smilla se promènent sur un îlot situé au milieu du lac Cauchemar. Son épouse Greta les attend dans la barque amarrée au rivage. Mais la jeune femme s'endort et à son réveil, elle ne les trouve pas. De retour au village, elle décide de se rendre au commissariat. Pourtant, le policier prétend qu'elle n'est pas mariée et n'a jamais eu d'enfant.


    Auteur : Caroline Eriksson

     

    Edition : Presse de la cité

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 07 juin 2018

     

    Prix moyen : 19€

     

    Mon avis : Dès le départ, on sent que quelque chose ne va pas chez Greta.
    L’histoire s’ouvre sur la disparition de son mari, Alex, et de sa fille, Smilla.
    Pour autant, malgré la disparition qui implique une filette de ‘ ans, Greta ne se précipite pas chez la police.
    Elle cherche un peu par elle-même, tourne beaucoup en rond et ne fini par se rendre à la police qu’après plusieurs dizaines d’heures (plus de 24h).
    Mais là-bas, on lui répond qu’elle n’est pas mariée et n’a jamais eu d’enfants.
    L’histoire étant racontée du point de vue de Greta, on a comme un accès direct aux pensées de Greta et, le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est le fouillis là-dedans.
    Pendant un moment, je me suis demandée si elle n’était pas schizophrène, mais au fil de ma lecture, je me suis dit qu’elle n’était pas si délirante que ça, que c’était son cheminement de pensée qui l’était.
    Elle semble avoir un passé difficile qui tourne autour de la disparition de son père, ce qui fait échec à la disparition d’Alex.
    On comprend très vite que le père de Greta est mort dans des circonstances suspectes et dès lors, on se demande si Alex, dont le portrait se révèle peu flatteur, a réellement disparu.

    Là où réside la difficulté pour le lecteur, c’est que Greta a parfaitement conscience de ses mensonges et de son déni et que du coup, elle mélange élucubration et vérité sans que le lecteur ne puisse facilement faire la distinction entre les deux.
    J’ai trouvé la police bien peu présente. Une femme vient déclarer une disparition, impliquant un enfant, et, comme la personne n’a pas d’enfants, ça s’arrête là ? Ils ne la recherchent pas activement, ils n’enquêtent pas… ça m’a semblé très étrange.
    Mis à part la présence d’un groupe d’ados violents et arrogants, qui ne sont guère exploités et qui ne semblent être là que pour apporter un élément de danger, le thriller est essentiellement psychologique.
    La vérité qui fini par apparaître par bribes est encore plus inconcevable que les délires de Greta.
    Comme quoi, la perversité humaine ne connaît aucune limite et l’auteur ne nous ménage pas, nous laissant lessivés, nous demandant comment une simple disparition a pu nous entraîner jusque là.
    Un thriller déroutant, mais il faut s’accrocher car il vaut vraiment le coup.

     

    Un extrait : L’îlot au centre du Cauchemar n’est plus qu’à une dizaine de mètres. C’est notre destination. Baissant les yeux, j’essaie de voir au-delà de la surface. Je devine le fond. Brouillé par les remous, il se rapproche à mesure que nous progressons vers la rive. Les algues qui le tapissent se tendent vers notre embarcation tels de longs doigts verts et gluants. De part et d’autre, de hauts roseaux s’inclinent sur nous. Pour accoster, Alex se met debout, faisant osciller le canot. Fermant les yeux, je me cramponne au bord jusqu’à ce que le roulis se calme. Alex amarre solidement le bateau au tronc de l’arbre le plus proche. Smilla retire son gilet de sauvetage en se préparant à sauter à terre. Au passage, elle m’écrase le pied et me donne un coup de coude involontaire dans le sein. Je gémis de douleur, de façon sonore, mais elle a tellement hâte de rejoindre son papa que rien d’autre ne compte. En les voyant ensemble, nul ne peut douter qu’Alex soit le grand amour de Smilla. Quand nous sommes descendus vers le ponton, c’est à son côté qu’elle marchait, ou plutôt gambadait. Les rayons bas du soleil qui filtraient à travers les branches des arbres bordant l’étroit sentier forestier s’ajoutaient à son babillage enthousiaste : elle et papa allaient bientôt débarquer sur une île déserte, comme de vrais aventuriers. Smilla serait la princesse des pirates et papa serait… pourquoi pas le roi des pirates, tiens ? Smilla riait en tirant Alex par la main, impatiente d’arriver au lac. Je les suivais à quelques pas en arrière.

    À présent, Smilla enserre les jambes d’Alex entre ses petits bras. Le père et la fille, atome indivisible. Eux sur la terre ferme, moi dans le canot. Alex me tend la main en haussant les sourcils d’un air impérieux. J’hésite. Il s’en aperçoit.

    — Allez, viens ! C’est censé être une sortie en famille, chérie.

    Il sourit. Comme aimantée, je lance un coup d’œil à Smilla, et nos regards se croisent. Je ne peux m’empêcher de remarquer la manière qu’elle a de lever son menton. Ma voix est éraillée lorsque je décline l’invitation.

    — Allez-y tous les deux. Je vous attends ici.

    Alex tente encore, sans grand enthousiasme, de me convaincre, et quand je secoue la tête, il hausse les épaules et pivote vers Smilla. Roulant les yeux, il lui adresse une grimace qui fait briller les siens par anticipation.

    — Insulaires, prenez garde ! Voici Papa le pirate et Smilla la princesse pirate !

    À ce cri, Alex jette Smilla sur son épaule, déclenchant un hurlement de rire, et se met à courir vers le haut de la côte. La face de l’île où nous avons accosté est plus escarpée que l’autre. Alex se donne à fond, il ne laisse pas la montée ralentir son allure. Je sens presque la brûlure de ses muscles, la compression de l’estomac de Smilla au rythme des ballottements. Et c’est ainsi qu’ils atteignent le sommet et disparaissent de ma vue.

     

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  • [Livre] Victoria

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    Résumé : Alors qu’elle vient d’avoir dix-huit ans, Alexandrina Victoria est sacrée reine de Grande-Bretagne et d’Irlande. Dès lors, la jeune souveraine surprend tout le monde : elle abandonne son prénom détesté pour adopter celui de Victoria, insiste pour avoir ses propres appartements et rencontrer ses ministres en tête à tête. L’un d’entre eux, lord Melbourne, devient très vite son secrétaire particulier. Il aurait peut-être pu devenir davantage… si tout le monde n’avait pas soutenu que la reine devait épouser son cousin, le taciturne prince Albert. Mais ce que Victoria ignore encore c’est qu’en amour comme en politique, il ne faut pas se fier aux apparences.


    Auteur : Daisy Goodwin

     

    Edition : Milady

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 20 octobre 2017

     

    Prix moyen : 18,50€

     

    Mon avis : Dans ce roman, que l’auteur a écrit en parallèle du scénario de la série « Victoria », Daisy Goodwin relate la vie, de façon romancée, de la reine Victoria de sn accession au trône jusqu’à ses fiançailles avec le prince Albert.
    J’ai adoré Victoria. Certes, elle est impulsive et têtue comme une bourrique, parfois naïve, mais il faut se rappeler qu’elle a 18 ans, qu’elle goûte pour la première fois de sa vie à la liberté et qu’elle est entourée de personnes qui entendent la manipuler pour exercer le pouvoir à travers elle.
    De son enfance à Kensington, isolée, stricte et à l’emploi du temps millimétré qui ne lui laisse aucune ouverture sur le monde, Victoria garde un souvenir amer et une profonde rancune envers sa mère et le conseiller de celle-ci, John Conroy.
    Sa seule alliée était la duchesse de Lehzen qui détestait la mère de Victoria et Conroy. Je me demande d’ailleurs pourquoi la duchesse et Conroy, qui avaient alors tous les pouvoirs, ne se sont pas débarrassé d’elle en la renvoyant à Hanovre.
    Victoria, une fois reine, est entourée de personnes malveillantes : son oncle Cumberland et Conroy sont certainement les pires.
    A première vue, on peut penser que la mère de Victoria fait partie des personnes malveillantes mais je pense que c’est une mère inquiète qui a été manipulée par un homme qui a su profiter de son isolement.
    Au final, j’ai trouvé la duchesse de Lehen bien plus malveillante.
    Son affection pour Victoria semble sincère mais sa possessivité la pousse à tenter d’isoler Victoria afin de la garder pour elle. Cet état d’esprit la pousse à mal conseiller la reine, comme dans l’affaire Flora Hasting.
    Lord Melbourne est le plus fidèle sujet de Victoria.
    L’auteur a fait le choix de faire une romance entre Melbourne et Victoria.
    Des sentiments partagés mais qui ne débouchent sur rien de concret par soucis des convenances.
    S’il parait évident que Victoria ait pu concevoir une grande admiration pour la première personne qui la traitait autrement que comme une fillette sans cervelle, et si la propension de la Reine à le consulter à propos de tout a produit certaines rumeurs, aucune relation sentimentale n’a été établie entre eux. Il est plus probable que Victoria, orpheline de père, ait vu en Melbourne, veuf et sans enfant de 40 ans son aîné, une figure paternelle et que l’homme ait vu en cette jeune femme inexpérimentée qu’il devait guider, une fille spirituelle.
    en dehors de ce côté romancé, le livre est asse fidèle sur le plan historique. Malgré ses plus de 500 pages, j’ai eu une impression de trop peu à la fin de ma lecture.
    J’avais encore envie de rester avec Victoria et Albert, de lire les débuts de leur vie à deux, la naissance de leurs enfants, sous la superbe plume de Daisy Goodwin.
    Il me faudra me contenter de la série !

     

    Un extrait : En ouvrant les yeux, Victoria vit un fin rayon de lumière filtrer à travers les volets. Elle entendait sa mère respirer dans le grand lit à l’autre bout de la pièce. Mais plus pour très longtemps. Bientôt, songea-t-elle, elle disposerait de sa propre chambre. Bientôt, elle pourrait descendre l’escalier sans tenir la main de Lehzen ; bientôt, elle pourrait faire ce qu’elle voudrait. Elle avait fêté son dix-huitième anniversaire le mois précédent ; par conséquent, le moment venu, elle régnerait seule.

    Dash leva la tête. Victoria entendit les pas précipités de sa gouvernante. Si Lehzen venait la voir maintenant, cela ne pouvait signifier qu’une chose. La jeune femme sortit de son lit et gagna la porte, qu’elle ouvrit à l’instant où Lehzen s’apprêtait à toquer. La baronne avait l’air si drôle, debout, la main levée, que Victoria éclata de rire ; mais elle se reprit en voyant l’expression de sa gouvernante.

    — Le messager de Windsor est en bas, annonça Lehzen. Il porte un brassard noir. (Elle s’inclina en faisant une profonde révérence.) Votre Majesté.

    Victoria sentit un sourire s’épanouir sur son visage sans qu’elle puisse le réprimer. Elle tendit la main et releva Lehzen pour que celle-ci lui fasse face. La dévotion qu’elle lut dans les yeux bruns inquiets de son aînée l’émut.

    — Ma très chère Lehzen, je suis si heureuse que vous soyez la première personne à m’appeler ainsi ! s’exclama Victoria.

    La gouvernante jeta un coup d’œil à la silhouette endormie dans le lit voisin, mais Victoria secoua la tête.

    — Je ne veux pas encore réveiller maman, dit-elle. La première chose qu’elle fera sera d’appeler sir John ; et ensuite, ils entreprendront de me dicter ce que je dois faire.

    Les lèvres de Lehzen frémirent.

    — Mais vous êtes la reine, Drina, protesta la baronne qui s’interrompit aussitôt en s’apercevant de sa bévue. Je veux dire, Majesté. Personne ne peut vous dicter ce que vous devez faire, à présent.

    Victoria sourit.

     

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  • [Livre] Ni mariée, ni enterrée – T02 – Revenir (peut-être)

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    Résumé : Depuis qu’elle a tout quitté pour parcourir le monde et soigner son cœur brisé, Georgia Green a trouvé une vocation, rencontré un homme (enfin, peut-être, c’est compliqué) et bâti la vie dont elle avait toujours rêvé. Mais le quotidien d’une brillante femme d’affaires n’est pas forcément celui que l’on croit. Et, pour sauver son agence de voyages, Georgia va une nouvelle fois devoir se lancer à l’aventure. Dans la moiteur indienne, entre le bruit des klaxons et les cours de yoga, elle va découvrir que certaines choses échappent à notre contrôle… et qu’il faut apprendre à l’accepter !


    Auteur : Katy Colins

     

    Edition : Harlequin

     

    Genre : Chick Lit

     

    Date de parution : juin 2017

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : Ce tome débute un an après la fin du tome 1.
    Georgia a repris l’agence de Trisha en collaboration avec le filleul de cette dernière, Ben, pour organiser des séjours pour les cœurs brisés.
    Dans un premier temps, Georgia m’a énervée. Je l’ai trouvé odieuse. Elle veut tout contrôler, refuse le moindre compromis, délaisse tout son entourage et refuse de voir la réalité en face.
    Il n’y avait plus grand-chose à vous avec la Georgia que l’on avait quitté à la fin du tome 1.
    Mais au fil de ma lecture, l’antipathie que j’ai ressentie pour Georgia s’est reporté sur Ben, son associé.
    Autant Georgia n’arrête jamais de travailler et ne sait pas laisser exister les autres dans son entreprise, autant Ben et Kelli, leur employée, se montrent asse désinvoltes, ce qui est tout aussi pénible à voir.
    J’ai vraiment préféré la partie qui se passe en Inde, dans laquelle Georgia trouve un équilibre.
    En effet, elle n’est plus perdue et naïve, comme dans le 1er tome, mais elle accepte vite de ne pas tout contrôler.
    J’ai trouvé que Chris était un peu une caricature. Il n’était pas nécessaire de le rendre aussi distant et méprisant pour le rôle qu’il joue dans cette histoire.
    Georgia part sur son propre circuit, en Inde, pour comprendre la raison de critiques négatives.
    Elle se rend vite compte que le guide qu’elle a engagé sur son excellente réputation, ne remplit pas du tout son rôle.
    Quand elle comprend ce qui arrive à son guide, après un moment d’agacement, elle décide non seulement de tout mettre en œuvre pour que le voyage se passe bien mais aussi à aider son guide à régler ses problèmes.
    Encore une fois, l’auteur nous offre une aventure décalée, pleine de rires et de péripéties.
    Georgia va se remettre en question et évoluer, même si, clairement, elle ne sera jamais désinvolte.
    Au vu de la fin, je me demande ce que nous réserve le 3ème tome, le dernier pour le moment. J’ai vraiment hâte de m’y plonger !

     

    Un extrait : — Vous êtes prêts pour le point hebdo ? ai-je lancé.

    Il a acquiescé et s’est dirigé vers son fauteuil.

    Ces réunions étaient mentionnées dans tous les manuels de management que j’avais lus — bon, d’accord, les livres audio que j’avais téléchargés sur mon iPhone pour supporter les cris des gamins qui prenaient le même bus que moi jusqu’en ville chaque matin. D’après ce que j’avais compris, ces bilans étaient vitaux pour s’assurer que les tâches étaient réparties équitablement, de façon ciblée, avec un objectif mesurable, ainsi que pour échanger avec ses collègues dans le but de renforcer l’esprit d’équipe… ou un truc du genre. Je n’ai jamais réussi à me concentrer sur la voix monocorde de Mille et Une Manières d’améliorer votre entreprise, tout ça à cause du son métallique de la dernière chanson de Justin Bieber qu’un ado boutonneux à côté de moi écoutait en boucle sur son portable.

    Lorsque j’avais suggéré de mettre en place ces réunions, Kelli et Ben avaient essayé de ne pas se moquer de moi. Nous n’étions que trois à travailler ici et nous recevions à l’occasion la visite de la marraine de Ben, Trisha, qui était aussi l’ancienne propriétaire. Ils avaient ri en affirmant que nous n’en avions pas besoin, mais j’avais insisté. Principalement parce que je devais m’assurer qu’aucune des balles avec lesquelles nous jonglions ne risquait de nous échapper.

    — Kel, tu es prête ? ai-je demandé.

    — Ouais.

    Elle a attrapé un calepin, essentiellement rempli de sesgribouillages névrosés, et s’est installée sur l’accoudoir du canapé, ignorant ma moue désapprobatrice lorsqu’elle a posé ses pieds sur l’un des coussins en velours côtelé.

    — Parfait, alors…

    J’ai baissé mes yeux fatigués sur ma liste de choses à faire, y ajoutant mentalement de nettoyer à la vapeur le carrelage et d’apporter des vêtements de rechange pour les laisser dans un tiroir de mon bureau, au cas où je passerais de nouveau une nuit blanche à travailler. Juste au cas où.

    — Nous avons reçu les affiches définitives de la campagne estivale. Je vous les ai transférées. Je n’ai pas eu le temps d’attendre vos retours pour les valider, mais faites-moi confiance, elles sont vraiment bien. Ensuite, nous avons le départ pour l’Islande cette semaine. Kelli, peux-tu envoyer au guide les numéros de passeport des passagers ?

    Elle a hoché la tête.

    — En fait non, je peux m’en occuper, ça ne prendra que deux minutes, ai-je ajouté. Il faut aussi transmettre l’itinéraire mis à jour. J’ai déjà commencé à le faire, donc je peux le terminer.

    J’ai ignoré le regard dubitatif de Ben pour continuer à parcourir ma liste.

     

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  • [Livre] Les amours d’un fantôme en temps de guerre

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    Résumé : " J'ai perdu la trace de mes parents très tôt, je n'avais pas quinze ans. J'étais encore ce que l'on pourrait appeler un bébé fantôme, un bout de chiffon blanc moins large qu'un mouchoir.
    Un soir, je me suis laissé porter par le mistral, j'ai vu une vallée, des lumières, la mer. J'ai croisé des animaux que je n'avais jamais vus auparavant, et quelques humains qui ont pris peur.
    Je n'aurais jamais dû m'échapper ce soir-là."
    La destinée d'un jeune fantôme au cours d'un siècle guerrier, qui le mènera à s'engager dans la résistance avant d'éprouver ses premiers émois sentimentaux.


    Auteur : Nicolas de Crécy

     

    Edition : Albin Michel

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 26 Septembre 2018

     

    Prix moyen : 24€

     

    Mon avis : Une histoire touchante, sublimée par de superbes illustrations aux allures d’aquarelles, voilà ce que nous propose le talentueux Nicolas de Crecy.

    On suit un petit fantôme de quinze ans, encore un bébé en âge fantôme, qui rentre d’une ballade pour découvrir la disparition de ses parents.
    Effrayé, il est soulagé de voir arriver son cousin Boris, qui lui raconte que ses parents sont partis en vacances en Ecosse.
    Le petit fantôme, qui nous raconte l’histoire dans les 70 ans après les faits avec la lucidité qu’apporte le recul, se raccroche à cette idée, plus rassurante à ses yeux.
    On nous explique rapidement que l’histoire des fantômes est liée à celle des humains, qu’elle précède toujours de quelques années.
    Dans ces conditions, il n’est pas difficile de voir le parallèle fait avec la 2nd guerre mondiale.

    Au fil des pages, l’histoire devient de plus en plus sombre et les illustrations plus angoissantes, avec de plus en plus de rouge.

    Le petit fantôme est attachant. Il ne comprend pas tout et notamment, il se pose des questions sur la mort des fantômes, se demandant ce que cela signifie pour des êtres, qui, par définition, ne sont pas vivants.

    Il est également question des relations entre fantômes et vivants qui sont mal considérées mais que notre petit fantôme trouve très attrayantes.

    Son amitié avec boulette, une petite chienne, est profondément touchante.

    Est également mentionnée une jeune fille, qui n’est pas nommée, au sujet de laquelle on parle d’un certain Peter, d’une cachette derrière une cloison, et d’un journal intime…

    Le fil conducteur, outre le petit fantôme lui-même, semble être la haine qui glisse du monde des fantômes à celui des humains comme un fleuve dont on se saurait détourner le cours.

    Bien que le livre soit estampillé « jeunesse », je trouve que beaucoup de choses sont dites à demi-mots, seulement suggérées, et je ne suis pas sûre que les jeunes de 11-15 ans, public cible de cette littérature, soient en capacité de lire entre les lignes et de décrypter certaines subtilités.

    La fin est sombre et plutôt pessimiste quant à l’avenir.

    J’ai vraiment beaucoup aimé cette lecture qui m’a pourtant fait pleurer à plusieurs reprises mais qui m’a surtout touchée par sa douceur malgré les terribles événements qu’elle relate.

     

    Un extrait : Je suis jeune.
    Quatre-vingt-neuf ans.
    L’adolescence est toujours un cap difficile ; les boutons, le duvet sous les bras, les membres qui s’allongent. Toutes ces choses un peu dérangeantes qui poussent et qui font voir son propre corps sous un angle improbable.
    Curieusement, à ce jour, je n’ai rien remarqué de cet ordre. Mon adolescence n’a peut-être pas encore débuté, et à dire vrai je ne m’en plains pas.
    Cela dit, je ne me considère plus comme un enfant, même si je suis encore relativement petit. Pour gagner le respect de mes pairs, il me faudra grandir encore de trente pour cent au minimum.
    C’est la norme.

    Depuis soixante-dix ans je traîne sur les routes, plus exactement sur les autoroutes. Je n’ai rien trouvé de mieux. Il y a du passage, de la vitesse, un mouvement continuel. Les autoroutes qui traversent le Sud sont les plus agréables ; j’aime passer du temps dans les stations-service, respirer l’odeur du gasoil en profitant de l’ombre des pins parasols. C’est là que je trouve assez de quiétude pour tenir mon journal intime.

     

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  • C'est lundi que lisez-vous? #239

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    Rendez-vous initié par Mallou qui s'est inspirée de It's Monday, What are you reading ? de One Person’s Journey Through a World of Books. Le récapitulatif des liens se fait maintenant sur le blog I believe in Pixie Dust.

     

    Il s'agit de répondre à trois questions:

    Qu'ai-je lu la semaine passée?
    Que suis-je en train de lire?
    Que lirai-je après?

     

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    Et vous, que lisez-vous?

  • Premières lignes #80

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    Premières lignes est un rendez-vous livresque mis en place par Aurélia du blog Ma lecturothèqueLa liste des participants est répertoriée sur son blog (Si ce n’est que son rdv est le dimanche et que je mettrai le mien en ligne chaque samedi).
    Le principe est de, chaque semaine, vous faire découvrir un livre en vous en livrant les premières lignes.
    Pour ma part, j’ai décidé de vous faire découvrir mes coups de cœurs !

     

    Cette semaine, je vous présente Dix millions d'étoiles de Robin Roe.

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    Il y a dans cette école une pièce que je suis le seul à connaître. Si je pouvais me téléporter, j’y serais en ce moment. Peut-être qu’en me concentrant…
    — Julian.
    Son ton est tellement tranchant que je sursaute.
    — Vous êtes au lycée depuis à peine un mois et vous avez déjà raté six fois le cours de lettres.
    Je suis sûr d’avoir séché encore plus que ça, mais j’imagine que personne ne s’en est rendu compte.
    Le proviseur se penche en avant, les deux poings autour de sa grande canne biscornue, celle avec la petite créature sculptée. J’ai entendu d’autres élèves en parler, se demander si c’est un gnome, un troll ou carrément une réplique minuscule de M. Pearce. De là où je suis, je vois bien la ressemblance.
    — Regardez-moi ! crie-t-il.
    Je ne comprends pas trop pourquoi les gens veulent qu’on les regarde quand ils sont en colère contre vous. C’est justement dans ces moments-là qu’on a le plus envie de détourner la tête. Quand je fais ce qu’il me demande, son bureau sans fenêtres semble rapetisser, et moi avec.
    — Avec une bonne coupe de cheveux, vous auriez moins de mal à regarder les gens dans les yeux.
    Lorsqu’il me voit dégager la mèche qui tombe sur mon visage, il fulmine encore plus.
    — Pourquoi n’allez-vous pas en cours de lettres ?
    — Je… (Je me racle la gorge.) Je n’aime pas ce cours.
    — Pardon ?
    Les gens me demandent tout le temps de répéter ou de parler plus fort. La raison principale pour laquelle je n’aime pas le cours de lettres est que Mlle Cross nous oblige à lire tout haut. Et quand c’est mon tour, je bute sur les mots, et elle me reproche de parler trop bas. Sachant cela, je décide de hausser un peu la voix :
    — Je n’aime pas ce cours.
    L’air complètement abasourdi, M. Pearce lève deux sourcils gris.
    — Pensez-vous vraiment que le fait de ne pas aimer un cours vous dispense d’y assister ?
    — Je…
    Pour les autres, parler semble être naturel. Ils savent automatiquement quoi répondre lorsqu’on s’adresse à eux. Mais chez moi, c’est comme si le conduit reliant le cerveau à la bouche était endommagé, et que je souffrais d’une forme rare de paralysie. Vu que je n’arrive pas à trouver mes mots, je tripote le bout en plastique de mon lacet.
    — Répondez à ma question ! Est-ce que le fait de ne pas aimer un cours vous dispense d’y assister ?
    Les gens n’ont pas envie d’entendre ce que vous pensez vraiment. Ils veulent vous entendre dire ce qu’ils pensent eux. Et c’est compliqué de lire dans les pensées des autres…
    Le principal roule des yeux.
    — Regardez-moi, jeune homme !
    Je lève la tête et je me retrouve nez à nez avec sa figure toute rouge. M. Pearce grimace, et je me demande s’il a mal au genou ou au dos, comme c’est apparemment tout le temps le cas.
    — Je suis désolé, dis-je.
    Ses traits se détendent alors. Et puis soudain, ses sourcils broussailleux se rapprochent et il ouvre brusquement une chemise sur laquelle mon nom est écrit.
    — Je devrais appeler vos parents.
    Mes doigts se figent et laissent échapper le lacet.
    Ses lèvres esquissent un sourire.
    — Savez-vous ce qui me met du baume au cœur ?
    Je parviens à secouer la tête.
    — Voir cet air apeuré sur le visage d’un élève lorsque je menace de prévenir ses parents.
    Il colle le combiné contre son oreille. Lui et son petit monstre en bois me regardent tandis que les secondes défilent. Puis, lentement, il éloigne l’appareil de son visage.
    — Je ne suis peut-être pas obligé de téléphoner… En revanche, vous devez me promettre que je ne vous verrai plus jamais dans ce bureau.
    — Je vous le promets.
    — Alors filez en cours.
    Dans le couloir, j’essaie de respirer, mais je suis encore tout tremblant. Comme quand vous avez failli être renversé par une voiture et que vous vous êtes écarté d’un bond à la toute dernière seconde.

     

    Alors, tentés?

     

  • [Livre] Mary Barton

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    Résumé : Beauté émouvante et ambition débordante sont une dangereuse association pour une jeune fille. En 1839, à Manchester, Mary Barton rêve d'échapper à sa dure condition d'apprentie couturière en épousant Henry, fils du patron d'une filature. Elle dédaigne ainsi Jem Wilson, ouvrier émérite, qui l'aime depuis l'enfance. Mary risque-t-elle de tout perdre avec ses rêves de grandeur ?


    Auteur : Elizabeth Gaskell

     

    Edition : Points

     

    Genre : Classique

     

    Date de parution : 1848 ; Dans cette édition : 10 Mars 2016

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : J’avais beaucoup aimé Nord et Sud que j’ai découvert en film (avec Richard Armitage) avant de le découvrir en livre. Du coup, puisque les livres étaient vendus par deux, j’ai ensuite lu Mary Barton et j’ai de nouveau beaucoup aimé.

    J’ai une petite réserve, toutefois. Je trouve que, à chaque fois que l’auteur parle « en faveur » des ouvriers, elle emploie un petit ton paternaliste tout à fait insupportable, comme si elle parlait d’enfants qui ne savent pas ce qu’ils font, sont incapable de discernement, et ne peuvent pas comprendre les problèmes des adultes (ici, les patrons).

    Ça m’a agacée, mais je lui retourne le compliment : n’ayant jamais eu à lutter pour survivre, elle ne pouvait certainement pas comprendre la vie et les souffrances de cette catégorie de la population.

    En dehors de ce petit ton condescendant et moralisateur, l’histoire en elle-même était vraiment prenante.

    Les personnages sont tous fort et indépendant (à part peut-être Jane Wilson, mais vu les pertes qu’elle a subi, on peut la comprendre).

    Comme souvent, quand les personnages sont tous intense, j’ai eu une préférence pour des personnages secondaires.
    Certes, j’ai beaucoup aimé Mary qui agit toujours dans l’intérêt de son père plutôt que du sien, mais j’ai ressenti une affection particulière pour Margaret, son grand-père, Alice et Will Wilson.

    Il y a quelques longueurs, surtout lors des passages les plus descriptifs. Ça a parfois été difficile de passer outre ces lenteurs mais ça valait vraiment le coup.

    J’ai beaucoup aimé la description du procès qui montre combien la justice est expéditive quand l’accusé est pauvre et la victime riche et puissante.

    Il y a un petit côté romance qui s’inscrit parfaitement dans l’histoire, même si les réactions de Jem Wilson m’ont assez souvent exaspérée. Il est amoureux de Mary et ils sont de la même classe sociale et cela semble justifier, à ses yeux, qu’elle doive lui retourner ses sentiments. D’ailleurs Mary est décrite comme frivole et écervelée par l’auteur parce qu’elle n’accepte pas avec reconnaissance la vie de femme d’ouvrier qu’on lui propose et elle lui reproche d’avoir envie d’une vie meilleure.

    Or Mary n’est pas fille à se laisser dicter sa conduite sans broncher.

    Dans ce roman, l’auteur n’idéalise ni les patrons (encore qu’elle leur trouve beaucoup d’excuses), ni les syndicats (qui n’ont pas grand-chose à voir avec les syndicats d’aujourd’hui).
    Elizabeth Gaskell avance que tous les problèmes découlent d’une incompréhension mutuelle entre patrons et ouvriers. Pour ma part, je pense que ce n’est pas complètement faux, mais pas tant dans le sens où ils ne se comprennent pas. Le vrai problème est que les patrons pensent qu’ils n’ont pas à expliquer leurs décisions, les problèmes qu’ils rencontrent et qui les « obligent » à baisser les salaires.

    De leur côté, les ouvriers ne peuvent pas comprendre que les patrons soient eux aussi victimes de la crise quand ils les voient ne rien changer à leur train de vie dispendieux tandis qu’eux même et leurs familles meurent de faim.
    Pour moi, c’est au déjà d’un simple problème de communication.
    C’est un problème de classe dirigeante qui écrase la classe ouvrière pour ne perdre aucun de leurs privilèges (comme quoi, rien ne change !)

     

    Un extrait : Mary devait travailler. Les usines étant, comme je l’ai dit, exclues, restaient deux voies : celle de domestique ou celle de couturière. La jeune fille tendait toute la force de sa volonté affirmée contre la première. Quel effet cette volonté aurait-elle pu avoir si son père s’y était opposé, je ne saurais le dire ; mais John Barton n’avait aucune envie de se séparer d’elle, qui était la lumière de son foyer par ailleurs silencieux. De plus, compte tenu de ses idées et de ses sentiments vis-à-vis des classes nanties, il considérait la servitude domestique comme une forme d’esclavage : elle revenait d’un côté à satisfaire des besoins artificiels, et de l’autre à abandonner tout droit au loisir dans la journée et au repos la nuit. Ces sentiments extrêmes avaient-ils un fond de vérité ? A vous d’en juger.
    A mon sens, le refus de Mary de choisir une vie de domestique se fondait sur des réflexions beaucoup moins sensées que celles de son père sur le sujet. Trois années d’indépendance (car il s’était maintenant écoulé tout ce temps depuis la mort de sa mère) ne la poussaient guère à accepter des contraintes concernant ses horaires et ses fréquentations, à choisir sa tenue en fonction des idées d’une maîtresse en matière de convenances, à renoncer au privilège féminin précieux de bavarder avec une aimable voisine, ou de travailler nuit et jour pour aider quelqu’un qui se trouvait dans la détresse. Tout cela mis à part, les paroles de sa tante absente, la mystérieuse Esther, continuaient à avoir sur Mary une influence insoupçonnée.

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  • [Livre] Fandom

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    Résumé
     : Aucune histoire ne mérite qu'on meure pour elle...
    Imaginez que vous puissiez vous glisser dans la peau de votre héroïne préférée... Katniss, par exemple ! Le rêve, non ? Du moins, jusqu'à ce que vous vous rendiez compte que vous êtes incapable de tirer à l'arc ou de grimper aux arbres, et que vous n'avez pas le moindre instinct de survie. Mais pas de panique, vous pouvez toujours choisir de retourner à votre petite vie tranquille de fan, dans le monde réel. Ce qui n'est malheureusement pas le cas de Violet, coincée dans son roman favori...


    Auteur : Anna Day

     

    Edition : PKJ

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 18 octobre 2018

     

    Prix moyen : 19€

     

    Mon avis : Après un incident pendant une convention de fans, Violet, son petit frère Nate et ses amies Alice et Katie se retrouvent piégés dans l’univers du livre préféré de trois d’entre eux : La danse des pendus.
    Le moins que l’on puisse dire, c’est que lire un livre n’a rien à voir avec le vivre. Les personnages sont beaucoup plus complexes que dans l’univers limité du roman et les 4 amis se retrouvent incapables de prédire leurs réactions.

    Violet se retrouve à devoir prendre la place de Rose, l’héroïne du roman.

    Le problème est que Violet a beau admirer Rose et toutes les héroïnes du genre (Triss, Katniss…), le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle n’a pas les mêmes capacités que ses idoles.

    En plus, su d’un côté il apparait primordial, pour que Violet et les siens puissent sortir de cet univers, que l’histoire se déroule telle qu’elle a été écrite, d’un autre, il est très dur de suivre cette ligne directrice dans la mesure où les personnages se révèlent bien plus complexes que prévu.

    Violet, Nate et Alice sont des fans inconditionnel de la Danse des pendus, que ce soit le livre ou l’adaptation ciné. Ils connaissent l’histoire, au point d’en connaitre les dialogues au mot près.

    Mais du coup, quand l’histoire dévie un peu, ils sont complétement perdus, surtout Violet, mal à l’aise en société.

    Alice, la meilleure amie de Violet, est une fille jolie et populaire, auteur de fanfictions reconnue, et j’ai trouvé qu’elle était souvent arrogante et condescendante. Comme on dit : Un bon fond, mais faut creuser longtemps.
    J’ai préféré Katie. C’est la seule du groupe à n’avoir ni lu le livre, ni vu l’adaptation sur écran. Elle préfère lire Austen ou Dickens plutôt que les dystopies adolescentes, ce qui énerve Violet et surtout Alice. Du coup, si elle est un peu perdue dans ce monde, paradoxalement, elle est plus clairvoyante car dénuée d’a priori.
    J’ai regretté qu’elle ne soit pas plus présente.

    Enfin, Nate, le petit frère de Violet, est le plus enthousiaste de se retrouver dans ce monde. Plus jeune que les filles, il est plus naïf et il prend tout ceci comme un immense jeu et ne semble pas réaliser le sérieux de la situation (comme on peut le constater lors de la scène avec les gants).

    Je me suis rapidement douté d’un élément, mais les indices sont clairs et, quand une sorte de « magie » telle que celle qui a transporté les quatre ados dans l’univers du roman est à l’œuvre, cet élément n’est pas incompatible.

    En revanche, il y a eu quelques révélations que je n’avais vraiment pas vu venir.

    Le roman pourrait être une one-shot, même s’il a une fin ouverte.

    Pourtant, il semble qu’il y ait un second tome à venir. Je ne sais pas ce que l’auteur a prévu mais je suis vraiment curieuse !

    Quant à la danse des pendus, le livre dans lequel plongent Violet, Nate, Alice et Katie, même si on en connait les grandes lignes et surtout la fin, j’adorerais le lire.

    Il ne reste plus à Anna Day qu’à l’écrire.

     

    Un extrait : En me levant, je m’aperçois que ma jupe est restée collée à mes cuisses, alors je détache discrètement le coton de ma peau.

    — Vas-y ! me chuchote Katie.

    Je ne réponds pas. Qu’est-ce qui m’a pris de me porter volontaire pour cet exposé à la noix ? Je déteste prendre la parole en public. En fait, soyons honnêtes, je déteste tout ce qui contient les mots « en public ».

    — C’est à toi, Violet, me commande Miss Thompson.

    Je tire une dernière fois sur le pli de tissu rebelle, puis je m’avance vers le tableau. Et soudain, je me sens toute petite, comme si mes camarades avaient des rayons au pouvoir rétrécissant à la place des yeux. Violet, pas plus haute qu’une pâquerette. Cette pensée me fait rire… et voilà comment, en plus d’afficher mon trac, je passe maintenant pour une folle.

    Derrière son bureau vieillot, Miss Thompson me sourit.

    — Alors, Violet, parle-nous un peu de ton roman préféré, qui s’appelle… ?

    — La Danse des pendus, de Sally King.

    Soupir collectif des garçons au dernier rang. Mais ils font seulement semblant d’être déçus. Je me souviens : quand le film tiré du livre est sorti au cinéma, il n’y a même pas un an, ils avaient tous les yeux rouges en quittant la salle… étrange, non ?

    Je prends une grande inspiration et je me lance :

    — « Il était une fois un peuple, qu’on appelait les humains. Les humains étaient intelligents et ambitieux, mais aussi cupides. Ils devenaient de plus en plus obsédés par la perfection – perfection du corps et de l’esprit, vie parfaite. Au tournant du XXIIe siècle, cette obsession a conduit à la première vague d’humains génétiquement améliorés. »

    Là, je marque une pause théâtrale et j’en profite pour jeter un coup d’œil à la salle de classe. Moi qui espérais croiser des regards ébahis, captivés… En fait, mon auditoire a l’air à moitié endormi.

    — « Les Ingas. Les Individus Génétiquement Augmentés. Grands, forts, beaux et dotés d’un QI supérieur à 130. Rapidement, les Ingas s’installèrent à la campagne, dans de magnifiques régions, les Pâturages, à l’abri des maladies et de la criminalité. »

    Je tangue d’un pied sur l’autre tout en écartant une mèche qui me cache les yeux. Suis-je en train de passer pour une idiote ? Je chasse cette question dans un coin sombre et inactif de mon cerveau.

    — « Mais que devinrent les humains n’ayant pas été augmentés génétiquement ? Tous ces hommes et toutes ces femmes, normaux, comme vous et moi. On les appela les Imparfaits. Les Impas. Circonscrits aux anciennes cités minées par les maladies et le crime – Londres, Manchester, Paris, Moscou –, enfermés derrière des kilomètres d’enceinte et soumis à coups de bombes. Seuls les plus forts et les plus aptes d’entre eux étaient autorisés à se rendre dans les Pâturages pour servir d’esclaves aux Ingas.

    « Le terme “humain” fut banni. Il disparut du langage courant.

    « Seuls existaient les Ingas et les Impas…

     

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  • [Livre] L’insigne du boiteux

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    Résumé : Un assassin, qui se fait appeler le Prince, exécute des mères de famille sous les yeux horrifiés de leurs jeunes fils âgés de 7 ans. Opérant à l’arme blanche avec une rare sauvagerie, le meurtrier taille ses victimes en lanières. Telle est la punition qu’il inflige. Mais qui punit-il ? Et de quoi ?
    Pour répondre à ces deux questions fondamentales, le commandant Falier s’adjoint les services du professeur Bareuil, spécialiste des crimes rituels, « retraité » de la Sorbonne, et de Jeanne Lumet, qui fut sa plus brillante élève. Or la jeune femme est mère d’un petit garçon de 7 ans. Détail qui n’échappera sans doute pas au Prince…


    Auteur : Thierry Berlanda

     

    Edition : De Borée

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 14 Février 2019

     

    Prix moyen : 7,5€

     

    Mon avis : Je sors vraiment mitigée de cette lecture.

    Si j’ai bien aimé l’histoire en elle-même - d’ailleurs c’est le résumé, plus que le titre, qui m’a convaincu de le lire - en revanche, j’ai eu plus de mal avec la forme du roman.

    L’auteur emploie un langage assez recherché, pas désagréable mais qui sonne faux dans un thriller, surtout quand au détour d’une page on tombe soudain sur des termes comme « gras-du-bide ». Si on met de côté ma répugnance pour ce genre de terme, on dirait que l’auteur hésite entre deux styles.

    Dès le début du livre, avant même d’être gênée par le style, j’ai remarqué un manque flagrant de rigueur dans l’édition.

    Alors, je sais bien qu’il ne s’agit « que » d’un poche, mais quand même, page 79, il manque carrément une phrase.

    L’auteur n’est pas en reste. On commence les ennuis page 84 avec une phrase qui laisse perplexe : « Je crois que tu ne peux pas m’occuper de lui ».

    A plusieurs reprises, on a de magnifiques incohérences, à se demander si l’auteur s’est seulement relu.
    Par exemple, un suspect s’identifie d’un nom et une date de naissance et, à peine une page plus loin, la police déclare ne pas avoir trouvé trace d’une personne de ce nom née… dix ans plus tard que la date annoncée par le suspect… et cela ne semble émouvoir personne.
    Plus loin, lors d’une discussion entre deux personnages, l’un dit à l’autre qu’il est au courant de l’enlèvement d’un troisième personnage, puis quelques lignes plus loin, le même personnage réclame d’être mis en contact avec la personne qu’il a dit savoir être enlevée.

    Ces incohérences, couplées au style employé, donne l’impression d’une enquête laborieuse, comme si l’auteur ne savait pas trop où il allait.

    J’ai regretté le manque de profondeur des personnages. Par exemple, on sait que Jeanne souffre de phobies, mais on ne sait ni à quoi elles sont dues, ni leur ampleur. Pourquoi ? En quoi ce fait apporte un plus aux personnages si ce n’est que mentionné en passant ?
    Et c’est pareil pour tous les personnages, tueur compris.

    La fin va trop vite, elle tient plus du coup de chance que de l’habilité des enquêteurs.
    Ici, on a les élucubrations d’un pseudo historien dont on se demande comment il peut ainsi manipuler son monde tant son arrogance ne connaît aucune limite, mais on n’a pas cette sensation que chaque meurtre permet de faire un pas de plus vers la solution.

    Le meurtrier est le seul a avoir un certain développement. Entre ses crises mystiques et ses souvenirs, on comprend relativement vite ce qui le motive.

    L’insigne du boiteux semble être le 1er tome d’une trilogie, mais je n’ai pas été suffisamment convaincue pour lire la suite.

    C’est dommage que le style et le traitement de l’histoire ne m’aient pas convaincue parce que l’histoire était vraiment intéressante à lire.

    Il m’a juste manqué quelques éléments pour réellement apprécier ma lecture.

     

    Un extrait : Les lampadaires émergent du brouillard, accrochant des maques d’effroi aux cariatides du boulevard. Jeanne Lumet marche en évitant de justesse les flaques gelées, et maudit celui qui l’oblige à sortir de chez elle à une heure pareille.
    Un coup de téléphone l’a tirée de son sommeil au milieu d’un rêve qui l’a transportait des mois en arrière, à l’époque où Paul habitait encore avec elle et leur fils. Les roses de Villandry, la splendeur des jardins, Léo caracolant dans les escaliers avec son épée de bois confectionnée par Paul et qu’il préférait décidément aux pistolets laser, les poses qu’elle prenait pour la photo en retenant sur ses cheveux un chapeau de paille courtisé par le vent, voilà le refuge de douceur éboulé en deux secondes par la sonnerie.
    Une voix inconnue. Un grésillement plutôt.

    - Commandant Falier, police criminelle.

    Pour Jeanne, le pire est toujours l’éventualité la plus plausible ; par réflexe, elle s’est ruée dans la chambre de Léo. Elle y a simplement vu un gosse qui rêve à des dinosaures. Ressort distendu, elle est revenue s’asseoir sur le bord de son lit en baillant, puis elle a cherché à quatre pattes le téléphone qui avait rebondi dessous comme un poisson dans l’herbe.

    - On est en pleine nuit. Qu’est ce qu’il se passe ?

    - J’appelle sur les conseils du professeur Bareuil…

    Entendre ce nom a provoqué chez Jeanne un afflux de sérotonine suffisant pour lui maintenir les paupières grandes ouvertes jusqu’au soir.

    - J’ai un cas bizarre. Bareuil pense que vous pourriez m’aider. Vous pouvez venir maintenant ?

    - Quoi ? Mais je dors… Et puis c’est quoi « bizarre » ? Ce qui est bizarre, c’est plutôt que Bareuil vous ait filé mon nom !

    - Bareuil… C’est lui qui vous pose un problème ?

    Des images lui sont revenues malgré elle, d’un passé qu’elle croyait enterré. Bareuil avait été son professeur d’histoire médiévale pendant ses deux années de Master. Jeanne se précipitait toujours à ses cours, sous l’œil perplexe des autres étudiants qui, bien qu’inscrits dans le même cursus, tombaient moins facilement qu’elle amoureux d’une icône melkite ou d’un masque copte. Bareuil avait tout de suite remarqué cette graine de championne. Lui qui passait pour le pape du magister classique s’était mis, au bout de quelques semaines, à s’adresser à elle comme à un confrère ; il ne corrigeait plus ses travaux, il les discutait. La facilité de son élève, excusée d’avance par sa grâce, ne l’irritait pas. Jeanne savait que si elle avait été une étudiante au teint gris et aux cheveux gras, bien qu’ayant eu les mêmes dispositions intellectuelles, elle aurait trouvé en Bareuil son pire ennemi ; percevant le talent des autres comme une menace, il lui aurait sans fin asséné la sempiternelle vérité institutionnelle selon laquelle, sans le travail, une bonne prédisposition n’est qu’un défaut.

     

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