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[Livre] L’île des absents

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Résumé : Quelque part en Suède, Alex et sa fille Smilla se promènent sur un îlot situé au milieu du lac Cauchemar. Son épouse Greta les attend dans la barque amarrée au rivage. Mais la jeune femme s'endort et à son réveil, elle ne les trouve pas. De retour au village, elle décide de se rendre au commissariat. Pourtant, le policier prétend qu'elle n'est pas mariée et n'a jamais eu d'enfant.


Auteur : Caroline Eriksson

 

Edition : Presse de la cité

 

Genre : Thriller

 

Date de parution : 07 juin 2018

 

Prix moyen : 19€

 

Mon avis : Dès le départ, on sent que quelque chose ne va pas chez Greta.
L’histoire s’ouvre sur la disparition de son mari, Alex, et de sa fille, Smilla.
Pour autant, malgré la disparition qui implique une filette de ‘ ans, Greta ne se précipite pas chez la police.
Elle cherche un peu par elle-même, tourne beaucoup en rond et ne fini par se rendre à la police qu’après plusieurs dizaines d’heures (plus de 24h).
Mais là-bas, on lui répond qu’elle n’est pas mariée et n’a jamais eu d’enfants.
L’histoire étant racontée du point de vue de Greta, on a comme un accès direct aux pensées de Greta et, le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est le fouillis là-dedans.
Pendant un moment, je me suis demandée si elle n’était pas schizophrène, mais au fil de ma lecture, je me suis dit qu’elle n’était pas si délirante que ça, que c’était son cheminement de pensée qui l’était.
Elle semble avoir un passé difficile qui tourne autour de la disparition de son père, ce qui fait échec à la disparition d’Alex.
On comprend très vite que le père de Greta est mort dans des circonstances suspectes et dès lors, on se demande si Alex, dont le portrait se révèle peu flatteur, a réellement disparu.

Là où réside la difficulté pour le lecteur, c’est que Greta a parfaitement conscience de ses mensonges et de son déni et que du coup, elle mélange élucubration et vérité sans que le lecteur ne puisse facilement faire la distinction entre les deux.
J’ai trouvé la police bien peu présente. Une femme vient déclarer une disparition, impliquant un enfant, et, comme la personne n’a pas d’enfants, ça s’arrête là ? Ils ne la recherchent pas activement, ils n’enquêtent pas… ça m’a semblé très étrange.
Mis à part la présence d’un groupe d’ados violents et arrogants, qui ne sont guère exploités et qui ne semblent être là que pour apporter un élément de danger, le thriller est essentiellement psychologique.
La vérité qui fini par apparaître par bribes est encore plus inconcevable que les délires de Greta.
Comme quoi, la perversité humaine ne connaît aucune limite et l’auteur ne nous ménage pas, nous laissant lessivés, nous demandant comment une simple disparition a pu nous entraîner jusque là.
Un thriller déroutant, mais il faut s’accrocher car il vaut vraiment le coup.

 

Un extrait : L’îlot au centre du Cauchemar n’est plus qu’à une dizaine de mètres. C’est notre destination. Baissant les yeux, j’essaie de voir au-delà de la surface. Je devine le fond. Brouillé par les remous, il se rapproche à mesure que nous progressons vers la rive. Les algues qui le tapissent se tendent vers notre embarcation tels de longs doigts verts et gluants. De part et d’autre, de hauts roseaux s’inclinent sur nous. Pour accoster, Alex se met debout, faisant osciller le canot. Fermant les yeux, je me cramponne au bord jusqu’à ce que le roulis se calme. Alex amarre solidement le bateau au tronc de l’arbre le plus proche. Smilla retire son gilet de sauvetage en se préparant à sauter à terre. Au passage, elle m’écrase le pied et me donne un coup de coude involontaire dans le sein. Je gémis de douleur, de façon sonore, mais elle a tellement hâte de rejoindre son papa que rien d’autre ne compte. En les voyant ensemble, nul ne peut douter qu’Alex soit le grand amour de Smilla. Quand nous sommes descendus vers le ponton, c’est à son côté qu’elle marchait, ou plutôt gambadait. Les rayons bas du soleil qui filtraient à travers les branches des arbres bordant l’étroit sentier forestier s’ajoutaient à son babillage enthousiaste : elle et papa allaient bientôt débarquer sur une île déserte, comme de vrais aventuriers. Smilla serait la princesse des pirates et papa serait… pourquoi pas le roi des pirates, tiens ? Smilla riait en tirant Alex par la main, impatiente d’arriver au lac. Je les suivais à quelques pas en arrière.

À présent, Smilla enserre les jambes d’Alex entre ses petits bras. Le père et la fille, atome indivisible. Eux sur la terre ferme, moi dans le canot. Alex me tend la main en haussant les sourcils d’un air impérieux. J’hésite. Il s’en aperçoit.

— Allez, viens ! C’est censé être une sortie en famille, chérie.

Il sourit. Comme aimantée, je lance un coup d’œil à Smilla, et nos regards se croisent. Je ne peux m’empêcher de remarquer la manière qu’elle a de lever son menton. Ma voix est éraillée lorsque je décline l’invitation.

— Allez-y tous les deux. Je vous attends ici.

Alex tente encore, sans grand enthousiasme, de me convaincre, et quand je secoue la tête, il hausse les épaules et pivote vers Smilla. Roulant les yeux, il lui adresse une grimace qui fait briller les siens par anticipation.

— Insulaires, prenez garde ! Voici Papa le pirate et Smilla la princesse pirate !

À ce cri, Alex jette Smilla sur son épaule, déclenchant un hurlement de rire, et se met à courir vers le haut de la côte. La face de l’île où nous avons accosté est plus escarpée que l’autre. Alex se donne à fond, il ne laisse pas la montée ralentir son allure. Je sens presque la brûlure de ses muscles, la compression de l’estomac de Smilla au rythme des ballottements. Et c’est ainsi qu’ils atteignent le sommet et disparaissent de ma vue.

 

Beaucoup aimé 4 étoiles.jpg

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