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Selene raconte... - Page 157

  • Le tiercé du samedi #64

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    Rappel du principe: Chaque semaine, le samedi comme son nom l’indique, il conviendra de choisir les trois livres, le trio gagnant, correspondant au thème proposé.

    A la fin de chacun de ces Rendez-vous, j’indiquerai le thème de la semaine suivante.

    Ce Rendez-Vous Livresque a été inspiré de « The Saturday Awards Book » créé par l’Echos de mots, et qui n'existe plus aujourd'hui.

    Comme annoncé la semaine dernière, le thème d'aujourd'hui est:

    Les trois livres que vous n’avouerez jamais lire, même sous la torture ou la corruption (quoi que, si la corruption c’est des fraises au chocolat…. Peut être)

     

    Je n'ai honte d'aucune de mes lectures. Toutefois... j'évite de crier sur les toits le titre de certaines de mes lectures-doudou, celles que je lis (relis) quand mon moral est pas au top et que je n'ai pas envie de me lancer dans une nouvelle lecture... Donc pour ma part, le trio gagnant est:

     

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    Buffy contre les vampires

     

     

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    Les jumelles de Sun Valley

     

     

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    Candy

     

     

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    Pour la semaine prochaine, le thème sera: Les trois livres qui vous ont filé une trouille d’enfer

    Et n'hésitez pas à laissez en commentaire le lien vers votre propre tiercé du samedi!

     

  • [Livre] Une mère parfaite

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    Résumé : Un coup de fil en pleine nuit et la vie de Jennifer Lewis bascule. Sa fille, Emma, vient d’être arrêtée. On l’accuse du meurtre d’un étudiant qu’elle aurait sauvagement poignardé à plusieurs reprises. Emma, une meurtrière ? Pour sa mère, c’est tout simplement impossible. Jennifer se précipite pour l’innocenter et la faire sortir de prison. Mais, pour la police, Emma est la coupable idéale et chaque détail sordide de l’histoire sort dans la presse. Avec l’aide d’un détective privé, Jennifer décide de mener sa propre enquête. Au fil des découvertes, cette mère qui se croyait parfaite, se rend compte qu’elle connait finalement peu de choses de la fille qu’elle a élevée. Peu à peu, un doute terrible s’insinue : Emma est-elle une victime manipulée ou une jeune femme particulièrement machiavélique ? Connaît-on vraiment son enfant ?

    Auteur : Nina Darnton

     

    Edition : City Editions

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 2015

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : Dès les premières pages, j’ai été convaincue de la culpabilité d’Emma. Pour moi ça ne faisait aucun doute tant sa version des faits était truffée d’incohérences. Et quelque soit la fin de ce roman, qu’elle soit innocentée, ou qu’elle soit condamnée, pour moi, elle est coupable, et soit elle est confondue, soit elle a réussi à tromper son monde (je ferais un très mauvais juge d’instruction, je sais).
    La vraie question était donc pour moi : Va-t-elle réussir à échapper à la justice espagnole ?
    Et très vite, une seconde question a pointé son nez dans mon esprit : Quelle est le degré de responsabilité de Jennifer, la mère d’Emma, dans ce qu’est devenue sa fille ?
    Les parents Mark et Jennifer m’ont énervée tous les deux sur leur manière de toujours mettre en avant la façon de faire espagnole, que ce soit dans l’action de la justice ou dans la vie de tous les jours, comme une façon de faire anormale. J’ai trouvé les avocats très patients de leur rappeler sans cesse, avec beaucoup de gentillesse, qu’ils n’étaient pas aux Etats-Unis et que le pays n’allait pas changer juste pour eux.
    Mark m’a semblé plus lucide que Jennifer mais totalement démissionnaire. Au fil de ses apparitions, il parle de faits concernant Emma, de faits qui l’ont dérangé ou qu’il n’a pas apprécié mais à aucun moment il n’est intervenu ou n’a imposé son avis. Il s’est effacé devant son épouse.
    Quant à Jennifer, elle obtient le pompom ! On en oublie presque qu’il s’agit de l’arrestation et du possible procès d’Emma tant son attitude est révoltante.
    Si au début, elle agit comme toute mère aimante dont la fille se trouve dans une situation plus que délicate, ses pensées, ses réactions et ses souvenirs me l’ont très vite rendue très antipathique.
    J’ai trouvé que c’était une mère égoïste et possessive. Qui fait tout pour ses enfants, non tant pour leur bien être mais pour que l’on loue la manière dont elle s’est sacrifiée pour eux. Leur père n’est quasiment qu’un donneur de spermatozoïdes et un compte en banque, qui n’a pas à être consulté. Elle veut être seule à prendre les décisions, seule à tout faire pour eux.
    Quelques anecdotes dont elle se souvient corroborent le coté « je suis une mère parfaite et rien ne doit venir entacher mon image ». Ainsi, elle lit les livres de l’école pour aider sa fille cadette à faire ses dissertations (histoire qu’elles soient parfaites) ou encore quand Emma est surprise à tricher en copiant mot pour mot une source internet dans un devoir, elle crie à la méprise et à l’erreur (comme si c’était possible) mais surtout ne donne aucune punition à sa fille, s’offusquant presque qu’on l’ait accusée.
    Pour moi la vraie question n’est pas : Connaît-on vraiment son enfant ? Mais : Qu’est-on capable de faire de son enfant pour conserver l’image de la perfection aux yeux des autres ?

     

    Un extrait : Les filles la traitaient comme une confidente, elles lui racontaient tout, et, même si elles n’étaient sans doute pas parfaites, elle leur faisait confiance. Elles travaillaient dur, terminaient toujours dans les premiers de leur classe, participaient aux associations scolaires et ne dénigraient jamais leurs professeurs. Quand les enfants de certains de leurs amis prenaient des drogues ou avaient de mauvaises fréquentations, ou bien qu’ils se rebellaient contre leurs parents, devenaient haineux, elle en discutait avec ses filles. Elle ne le disait jamais, même à Mark, mais elle ne pouvait s’empêcher de penser que le secret de cette réussite apparente venait de son choix de rester mère au foyer, d’être toujours présente pour elles, de les prévenir des erreurs potentielles et de communiquer en permanence. Elle était fière d’elles, et fière de l’éducation qu’elle leur donnait.

    Ses paupières devenaient lourdes. Même si elle ne dormirait certainement pas, elle se dit qu’elle ferait bien de s’allonger et de fermer les yeux quelques minutes.

    Elle fut réveillée en sursaut par la sonnerie du réveil, à six heures et demie, l’heure de réveiller Eric et Lily. Sa fille était déjà sous la douche, mais Eric était étendu sur le dos par-dessus ses couvertures en bouchon, le Spider-Man de son pyjama la dévisageant en silence. Comme elle se penchait sur lui pour l’embrasser, il tendit les bras pour la serrer contre lui, et elle enfonça son nez dans son cou, inhalant la douce odeur du shampoing qu’il avait utilisé la veille. Elle prépara des crêpes, et, pendant qu’ils prenaient le petit-déjeuner, elle leur annonça calmement qu’Emma avait eu un petit accident de voiture, qu’elle avait une jambe cassée.

    — Je pars en Espagne veiller sur elle.

    Son histoire ne sembla pas éveiller de soupçons. Ni ses enfants ni ses parents, quand elle les joignit, ne suspectèrent qu’elle dissimulait un événement plus terrible. Toutes ses leçons d’art dramatique hors de prix et son expérience d’actrice avaient fini par servir à quelque chose dans la vraie vie, songea-t-elle. Elle se fit couler une tasse de café et entra dans le bureau de Mark pour qu’il lui dise où il en était. Le décalage horaire avait joué en leur faveur (il était six heures de plus en Espagne) : il avait déjà réservé un vol, trouvé le meilleur avocat et s’était arrangé pour que l’homme quitte son domicile de Madrid et retrouve Jennifer à Séville quand elle arriverait le lendemain après-midi. Il était trop tôt pour appeler les contacts de Mark au sein du Département d’État, mais il lui assura qu’il le ferait dès l’ouverture des bureaux.

    Elle alla se doucher. Sans raison, elle commença à penser à l’époque où elle était enceinte d’Emma. C’était sa première grossesse ; elle s’inquiétait des choses dont on parlait autour d’elle : le spectre du baby blues, la peur de ne pas s’attacher au bébé. Ensuite était venu le temps des grandes décisions : crèche ou nounou, la maternité à temps plein ou la poursuite de sa prometteuse carrière d’actrice. Bien sûr, les douleurs de l’enfantement lui faisaient peur, mais elle avait quand même insisté pour accoucher naturellement, sans épidurale ni aucun médicament. Elle avait senti la douleur. Elle se rappelait qu’elle pressait la main de Mark tout en poussant comme une forcenée, jusqu’au moment où elle avait supplié l’obstétricien de lui donner des analgésiques.

    — Trop tard, avait-il répondu tandis qu’Emma venait au monde dans une explosion de souffrances.

    Mais ses inquiétudes avaient disparu dès que l’infirmière avait déposé le bébé dans ses bras. Elle l’avait regardé, avait compté les doigts de ses mains et de ses pieds, s’était émerveillée de sa perfection miraculeuse, et elle avait éprouvé un amour si farouche et si protecteur, un lien du sang si total, et une telle montée d’hormones, qu’elle avait su que jamais elle ne quitterait cet enfant. Cette apesanteur avait duré un bon moment, et c’est ainsi que son ancienne vie s’était achevée et que Jennifer avait commencé la suivante.

    Elle se souvenait qu’il était dur de ne pas exclure Mark. Tout à coup, son seul centre d’intérêt était son bébé. Elle voulait que tout soit parfait, et il fallait qu’elle contrôle tous les aspects de la vie du bébé. Elle rechignait à lui laisser certaines choses : elle choisissait elle-même ses vêtements, elle apaisait ses pleurs, la berçait pour l’endormir. Pourtant, elle savait que reléguer Mark à un rôle secondaire était mauvais pour lui, mauvais pour leur couple, mauvais pour son lien avec sa fille, et cela lui rendait difficile d’offrir l’aide et le soutien dont elle avait besoin. Elle avait essayé de le faire participer, de partager certains soins, certaines décisions, mais pour finir il était retourné à son travail et elle était restée à la maison, où elle était devenue le centre de la vie familiale. Le schéma s’était reproduit à l’arrivée de leur deuxième enfant ; il s’était même renforcé par le poids des habitudes. Mark était si occupé à essayer de devenir un associé dans son bureau, il voyageait tout le temps, restait tard au travail… Il fallait bien quel quelqu’un assume la famille, et elle pensait qu’il lui était reconnaissant de le faire. Il jouait avec les enfants, donnait son avis quand elle le consultait, les accompagnait dans les sorties que Jennifer préparait et assistait aux goûters d’anniversaire qu’elle organisait. Les enfants l’adoraient, songea-t-elle avec satisfaction. Il avait une aura aussi réconfortante et fiable que la lune. Mais dans le petit univers de la famille, Jennifer, elle, était le soleil.

     

  • [Film] Zootopie

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    Titre original : Zootopia

     

    Réalisé par : Byron Howard, Rich Moore, Jared Bush

     

    Date de sortie : 17 février 2016

     

    Genre : Film d’animation

     

    Pays d’origine : USA

     

    Durée : 1h48

     

    Casting : Marie-Eugénie Maréchal (Judy Hopps), Alexis Victor (Nick Wilde), Pascal Elbé (chef Bogo), Claire Keim (l’adjointe au maire Bellwether), Fred Testot (Benjamin Clawhauser)…

     

    Résumé : Zootopia est une ville qui ne ressemble à aucune autre : seuls les animaux y habitent ! On y trouve des quartiers résidentiels élégants comme le très chic Sahara Square, et d’autres moins hospitaliers comme le glacial Tundratown. Dans cette incroyable métropole, chaque espèce animale cohabite avec les autres. Qu’on soit un immense éléphant ou une minuscule souris, tout le monde a sa place à Zootopia !
    Lorsque Judy Hopps fait son entrée dans la police, elle découvre qu’il est bien difficile de s’imposer chez les gros durs en uniforme, surtout quand on est une adorable lapine. Bien décidée à faire ses preuves, Judy s’attaque à une épineuse affaire, même si cela l’oblige à faire équipe avec Nick Wilde, un renard à la langue bien pendue et véritable virtuose de l’arnaque …

     

    Mon avis : J’ai adoré ce dessin animé car il n’est pas que pour les enfants : entre les clichés sociaux (il n’y a que des paresseux à la préfecture, que des brutes épaisses dans la police), les références cinématographique (le parrain campé par une musaraigne) et les différents clins d’œil à d’autres dessins animés, au piratage (« J’ai même des films qui n’ont pas encore été tournés »), il y a là tout un aspect du film qui passera allégrement au dessus de la tête des enfants mais qui ravira les parents (ou pas parents d’ailleurs).
    Malgré un univers idyllique sur le papier, Judy Hopps, nouvelle recrue de la police et première lapine a y être intégrée (au milieu des buffles, rhinocéros et éléphants), va vite, si ce n’est déchanter, revenir du moins à la réalité.

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    Ce n’est pas parce que les prédateurs ont cessés de guetter d’innocents lapins au détour d’un arbre dans un coin sombre de la forêt que tout va bien dans le meilleur des mondes.
    La méfiance entre les espèces demeure. Il n’y a qu’à voir le discours anti-renard que ses parents tiennent à la jeune lieutenant le jour de son départ pour Zootopie.
    Même entre herbivore, il y a une certaine hiérarchie officieuse, ainsi, le chef de la police, un buffle imposant, accepte mal qu’on lui ait affecté un lapin qu’il juge inutile et indigne d’être autre chose qu’un cultivateur.

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    De plus, qui dit civilisation, dit lois. Et qui dit lois, dit malheureusement contrevenants à la loi. De la place de parking impayée, à la fraude fiscale en passant par les petits cambriolages, la police ne chôme pas.
    Et depuis quelques temps, une affaire de la plus haute importance occupe les esprits : des mammifères, tous de grands prédateurs, ont disparus.

    Là encore, une différence entre les espèces se crée : lorsque qu’une loutre vient déclarer la disparition de son mari, tout le monde s’en fout (je schématise) et personne ne le rajoute à la liste des prédateurs disparus alors que la loutre est bel est bien un prédateur, petit, certes, mais prédateur tout de même.
    Judy voit là sa chance de faire ses preuves et obtient un délai d’enquête.
    Elle embarque avec elle, usant d’un odieux chantage (bien mérité cela dit), un renard, arnaqueur professionnel et part sur les différentes pistes.

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    Mon passage préféré reste la rencontre avec Mr Big, parrain de la mafia et musaraigne de son état, affublé d’un accent italien forcé digne des plus anciens films sur la mafia.

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    Et je ne vous en dirai pas plus, mais sachez que Flash, le paresseux, n’a pas totalement usurpé son nom !

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    J’ai apprécié la patte de Pixar qui fait qu’il n’y a pas de chanson (hormis celle qu’écoute à un moment Judy sur son Ipad) dans ce DA. On évite un peu le coté comédie musicale qui fait qu’une fois qu’on a vu le film une fois avec un enfant, on n’entendra plus que la chanson phare, chantée à tût-tête pendant des semaines, nous faisant presque regretté d’avoir vu le film avec lui au lieu d’y être allé en traître.
    Le DA semble presque inspiré de La Fontaine avec les animaux faisant passer des messages contre le racisme, pour l’intégration sociale et pour la lutte contre le terrorisme de manière moins abrupte et austère.



     

  • [Livre] Dans de beaux draps

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    Résumé : Jade Toussaint, 16 ans, s'apprête à prendre l'avion pour voir sa meilleure amie Clem qui vit au Québec. Mais la voiture est coincée dans les embouteillages. Cela donne le temps à Jade d'apercevoir, dans une laverie, Rodolphe, son demi-frère qu'elle n'a pas vu depuis deux ans. La jeune fille se souvient... Rodolphe est arrivé un soir, quasi à l'improviste. Il a expliqué qu'il était le fils d'Eric, le beau-père de Jade, et qu'il allait rester chez eux pendant un moment.

    Il a suffi que Jade mette sur son compte Facebook une photo de lui endormi dans son lit pour que le cercle vicieux du mensonge commence. Afin de gagner en popularité, Jade fait croire à tout son collège qu'elle sort avec Rodolphe, beau jeune homme d'une vingtaine d'années. En l'espace de quelques semaines, la situation de la jeune fille vire au cauchemar... Les remarques féroces et les insultes fleurissent sur son mur.

    Un groupe est même créé et il porte un nom sans équivoque : Pas besoin d'avoir 20 ans pour se faire la petite Jade.

     

    Auteur : Marie Colot

     

    Edition : Alice Tertio

     

    Genre : jeunesse

     

    Date de parution : 29 Octobre 2015

     

    Prix moyen : 12€

     

    Mon avis : J’aime bien l’écriture de l’auteur. Elle écrit à la première personne, se mettant ainsi dans la peau de Jade, et réussi le pari d’avoir une écriture addictive tout en donnant l’impression qu’on lit bien les mots et pensées d’une adolescente.
    J’ai trouvé la famille de Jade agaçante pour le peu qu’elle nous en parle. Je trouve que sa mère a tendance à se plaindre de sa famille nombreuse et à se décharger de ses deux plus jeunes garçons sur Jade, la seule de ses filles à être disponible pour du baby-sitting, quoique contre son gré. C’est un peu comme si elle avait trouvé très amusant de faire 4 gosses de 4 pères différents mais que les gérer au quotidien était beaucoup moins drôle.
    Jade est une gamine de 14 ans comme les autres, à la recherche d’un peu de popularité. Elle se sent seule dans cette famille ultra recomposée dont elle ne supporte pas les membres excepté sa mère, son demi-frère Victor et le chien de la famille. D’ailleurs on remarque qu’elle ne parle jamais de ses sœurs ou de ses frères, elle précise toujours : demi-sœur, demi-frère, sœur par alliance… On voit qu’elle met une distance entre elle et eux. Sans compter que sa meilleure amie a déménagé au Canada et que leurs échanges se réduisent comme peau de chagrin.

    Alors l’arrivée de Rodolphe, le fils inconnu de son beau père, véritable demi-dieu aux yeux de l’adolescente, est une véritable bouffée d’air pur.
    Son mensonge semble innocent au début, juste de quoi se faire mousser un peu. Mais, avec la réaction des autres élèves, que ce soit par jalousie (comme Marion) ou par dépit (comme Nathan qui s’était de toute évidence fait des illusions sur les sentiments de Jade pour lui et supporte mal le rejet), cela prend des proportions énormes et tourne au véritablement harcèlement de la gamine. Et comme elle ne veut pas qu’on découvre son mensonge, elle ne peut pas se plaindre à sa mère de ce qui se passe.
    Rodolphe est très mystérieux : il reste secret sur ses déplacements, sur la raison de sa présence… Jade découvre des noms, des numéros de téléphone, et le mystère s’épaissit. En plus, à force de raconter des cracks sur elle et Rodolphe, Jade fini par se prendre au jeu et à imaginer une histoire entre eux, malgré la différence d’âge.
    Pour donner plus de corps et de réalisme à l’histoire, le récit est émaillé de « capture » d’écran de facebook, montrant les statuts et commentaires que lit Jade sur le réseau social.

    Pour nous aussi les choses sont mystérieuses car on ne les découvre que petit à petit.

    Le roman débute deux ans après les faits, en 2015, alors que Jade a pris un certain recul sur l’histoire. Les chapitres se déroulant en 2013 sont donc les souvenirs de Jade. D’ailleurs les chapitres « 2015 » sont narrés au présent alors que les chapitres « 2013 » le sont au passé.

    J’ai trouvé la fin sans surprise car le récit nous emmenait lentement mais sûrement vers ce dénouement.
    Ce roman a beau être court, il était intense et je l’ai lu d’une traite, sans pouvoir le poser.

     

    Un extrait : Ma petite théorie, c’est que les catastrophes surgissent pile au moment où on les attend le moins. Comme une crise cardiaque aux toilettes, un tremblement de terre lors d’un bain de soleil ou un morceau de gâteau coincé dans le gosier d’une vieille dame le jour de ses cent ans. Moi, j’ai seize ans et je frôle l’étranglement, l’asphyxie et l’arrêt du cœur en même temps.
    Rodolphe est là, à quelques mètres de moi, derrière la vitre du salon-lavoir. J’ai mal aux yeux tellement je les écarquille. J’aurais été moins surprise de me noyer dans ses gouttes de pluie que d’apercevoir sa silhouette au milieu des bulles de savon autocollantes de la devanture du Raton-Laveur.
    Il y avait autant de probabilités de tomber sur lui que sur le président des Etats-Unis dont Eric écoute les déclarations aux infos. Mon beau-père préfère le désastre à la musique. Il est 8 heures 30 et il monte le son de l’autoradio. Il ne rate jamais une miette de l’actualité, histoire de s’indigner de l’avenir alarmant du monde.
    Là, c’est plutôt le mien, d’avenir, qui m’inquiète. Je ne parviens pas à détacher mon regard de Rodolphe qui fourre son linge dans une machine. Il faut absolument que cette voiture avance avant que mes souvenirs m’étouffent.
    J’essaie de me concentrer sur la voix du journaliste qui annonce pour la dixième fois de la matinée les dernières nouvelles avec une vois presque guillerette. Il communiquerait le prix de la promo de la semaine sur les mandarines avec le même enthousiasme. Un fruit ou une bombe, pour lui, c’est pareil. Pas pour moi : j’en ai une sous le nez qui me déchire sans même exploser.
    Rodolphe fait sa lessive à deux pas de moi. Je n’y crois pas, vraiment ! Pourtant, c’est lui. Mal rasé, avec ses cheveux bouclés plus courts qu’à l’époque. C’est dingue qu’il me fasse toujours autant d’effet.

     

  • [Livre] La fille seule dans le vestiaire des garçons

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    Résumé : Marion est une adolescente qui vit avec un petit frère étonnant (incapable de se taire mais apte à tenir plusieurs sujets de conversation simultanément) et sa mère. Son père les a abandonnés brutalement, laissant une famille désœuvrée, une ex-épouse branchée à son site de rencontres et des enfants en manque de repère. Au collège, Marion est étiquetée "Intello". Bonne élève de 3e, sérieuse, passionnée par la musique, joueuse de guitare, chanteuse et compositrice. Relativement isolée, sa vie amoureuse est aussi désertique que celle de sa mère est mouvementée.
    Enzo, beau gosse populaire dans l'établissement, s'amuse à la draguer. Marion reste froide à ses provocations. Mais un jour, à la fin des cours, les choses dérapent. Enzo dépasse les bornes, Marion se défend et écorne à la fois l'image et l'entrejambe de l'adolescent. A partir de là, une escalade commence. De basses vengeances en règlement de compte, les choses dégénèrent.

    Auteur : Hubert Ben Kemoun

     

    Edition : Flammarion

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 27 Avril 2013

     

    Prix moyen : 13€

     

    Mon avis : Enzo c’est le type même de gosse (parce que ne lui en déplaise, c’est un gosse) qu’on a envie de fracasser contre un mur et ses parents avec lui. Parce qu’on n’atteint pas ce niveau de provocation envers les profs et d’actes répréhensibles (racket, harcèlement) avec ses camarades sans avoir une éducation d’enfant roi à la maison.
    C’est le genre d’ado qui, s’il n’est pas remis à sa place, là, quand il a 15 ou 16 ans, sera probablement condamné pour viol dans les 10 ans qui suivent. Car si on refuse le « non » d’une fille pour un baiser à 15, quel « non » refusera-t-on à 25 ans ?
    Marion est une jeune fille fragile. Depuis le départ brutal (et pas très glorieux) de son père, elle voit sa mère se plonger dans les sites de rencontre et ramener tocard sur tocard, ce qui la rend hostile envers toute la gent masculine.
    Alors quand Enzo, vexé par les rebuffades, l’embrasse de force, la réaction de Marion est immédiate : elle cogne et écorne l’orgueil du petit coq auquel personne ne tient jamais tête. Lui et ses copains sont bien décidés à se venger, à trois ou quatre contre une, comme les lâches que sont toujours ces petits caïds.
    Marion se sent seule, elle ne pense pas pouvoir se confier à sa mère, son frère, quoique très intelligent, est trop jeune pour saisir tous les problèmes auxquels est confronté sa sœur et de toute évidence le personnel du lycée ne traite pas le problème que pose cette petite bande avec beaucoup de sévérité.
    Le livre montre ensuite l’escalade dans la violence qui peut se produire quand une victime de harcèlement, même isolée, décide de ne pas se laisser faire par ses agresseurs sans pour autant en parler.
    Même s’il ne comprend pas tout, ce qui donne parfois des phrases assez drôles quand il se trompe de mot, Barnabé semble être celui qui a le plus d’empathie. Mais qu’est ce qu’il est difficile à suivre… Si c’était mon frère, j’aurais autant envie de lui faire des câlins que de l’étrangler.
    J’ai trouvé que la fin était « jolie » mais je déplore qu’il n’y ait pas eu un accent plus marqué sur les conséquences des actes de chacun des protagonistes. De ceux des harceleurs, bien sûr, mais aussi de ceux de Marion, car si sa première réaction (quand Enzo l’embrasse malgré son refus) est légitime, elle n’agit ensuite que par vengeance. Or la vengeance n’est jamais la solution appropriée.
    D’ailleurs, même si sa mère est dans son monde, dans la recherche d’un compagnon, on peut voir qu’elle peut se plier en quatre et rameuter la moitié de la ville pour protéger ses enfants.
    L’écriture de ce livre reste agréable et l’auteur a su capter avec beaucoup de justesse ce qui peut se passer dans la tête d’une adolescente mal dans sa peau, isolée, et affublée de l’insulte suprême chez des collégiens « l’intello ».

     

    Un extrait : Enzo avait commencé très fort, ce jour-là.

    J’aurais dû faire attention, depuis quelques jours, il attaquait sans cesse, mais je n’y avais pas porté plus d’intérêt que ça. Ce lundi, il a vraiment mis toute la gomme.

    Cela avait débuté dès le matin, avec des petites piques lourdes et assez lamentables. J’avais fait mine de ne pas les entendre. Les blagues d’Enzo sur les filles étaient rarement fines et elles ne méritaient jamais qu’on s’y attarde. Il avait continué dans la file de la cantine, en me demandant si je ne préférais pas un repas en tête à tête aux chandelles dans un bon resto, plutôt que le bœuf bourguignon qu’on nous servait au self.

    — Je suis au régime des garçons dans ton genre ! avais-je répliqué en laissant passer mon tour et une quinzaine d’élèves pour m’éloigner de lui et de ses copains si facilement hilares.

    Il m’avait fichu la paix, et je croyais être débarrassée de ce lourdaud quand il a réattaqué de front.

    C’était juste avant notre dernière heure de cours. Espagnol. L’horreur absolue !

    — Marion, je parie que quand on tape « jolie » sur Internet, on trouve ta photo !

    J’aurais pu sourire. Une autre que moi aurait souri. En temps de pénurie d’amour, un compliment émanant du plus beau garçon de la classe pouvait se goûter avec plaisir. Mais pas pour moi.

    Je me suis contentée de lui décocher une grimace amusée. Faussement amusée, comme je savais si bien le faire. Les autres nous observaient toujours avec curiosité.

    — Ou alors « séduisante » ou « craquante ». Ça marche aussi, je suis sûr.

    Enzo était le genre de garçon qui ne savait jamais s’arrêter à temps. C’était un de ses nombreux problèmes. Il freinait trop tard, et souvent après s’être payé le mur.

    — Ou bien « folle dingue d’Enzo »… Sur Wikipédia, ils renvoient tout de suite à toi…

    — OK, Enzo, et quand on clique sur « gros lourd », on tombe sur ta tronche et tes mensurations ? j’ai demandé, histoire de lui faire comprendre qu’il était largement temps qu’il me lâche.

    Mauvaise idée. Très mauvaise.

    — Mes mensurations ? Mais poupée, si tu veux connaître mes mensurations, faut pas taper ou cliquer… faut tâter ! il a osé répondre bien fort pour continuer à placer les ricaneurs dans son camp.

    C’est le « poupée » que j’ai mal supporté. Très mal ! Et pourtant, je suis certaine qu’il avait fait un effort en usant pas le « pouff » ou le « meuf » qui sortaient à longueur de temps de sa bouche.

    — Lâche-moi, Enzo, c’est pas sur Internet que je vais taper !

    — Pas taper, Marion, tâter ! Tu confonds ! Pour une super intello comme toi, c’est étonnant, a-t-il fait fièrement, histoire de ne pas me laisser le dernier mot.

    Là encore, une autre que moi aurait laissé couler et se serait contentée de hausser les épaules pour abandonner Enzo à ses vannes à deux balles, et entrer dans la salle de cours. Mais la prof était en retard, et puis j’ai toujours beaucoup de mal à être une autre que moi, et enfin Enzo me barrait volontairement le passage, sa main posée sur le chambranle de la porte avec une fermeté de propriétaire.

    — J’ai rêvé de toi cette nuit, j’ai dit d’un air sérieux.

    — Oui ? il a fait, surpris et déjà triomphant.

    — Ouais, c’était étonnant. Tu nageais et tu étais nu… Tout nu…

    La grimace d’Enzo s’est un peu rectifiée. L’idée que je sois en train de lui préparer une sale blague l’a effleuré, mais il n’arrivait pas à s’arrêter d’espérer.

    — Nu ? Alors, Marion, tu es au courant de tout au sujet de mes mensurations exceptionnelles ! il a lancé toujours aussi fort et toujours aussi fièrement.

    — Ben non ! Tu ne nageais pas vraiment, tu flottais plutôt. Tu flottais en rond, et ça durait, ça durait. Et puis j’en ai eu marre… Et j’ai tiré la chasse !

    Enzo a encaissé en éclatant de rire très fort, vraiment très fort. Je crois qu’il voulait surtout couvrir de son rire gras les éclats si joyeux des autres qui m’accordaient la victoire et le tournaient en ridicule.

     

  • C'est lundi que lisez vous? #65

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    Rendez-vous initié par Mallou qui s'est inspirée de It's Monday, What are you reading ? de One Person’s Journey Through a World of Books. Le récapitulatif des liens se fait maintenant sur le blog de Galleane.

     

    Il s'agit de répondre à trois questions:

    Qu'ai-je lu la semaine passée?
    Que suis-je en train de lire?
    Que lirai-je après?

     

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    Et vous, que lisez vous?

     

  • [Livre] Ne pars pas sans moi

    Les lectures de Gribouille et moi-même participons à un challenge.
    Ce challenge consiste à sélectionner trois livres dans la PAL de notre binôme. Celui-ci choisi lequel des trois il lira et chroniquera. Les lectures de Gribouille et moi avons choisi de lire les trois livres que chacune a choisis pour l'autre (c'est qu'on a une PAL assez conséquente à faire descendre!)

    Ce livre est le troisième et dernier que m'a choisi Les lectures de Gribouilles dans le cadre du challenge Livra'deux sur livraddict. Pour sa part je lui avais choisi La nostalgie de l'ange d'Alice Sebold dont vous trouverez la chronique ICI

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    Résumé : Une joyeuse sortie en forêt. Le désir d'une mère de rendre son enfant indépendant en le laissant marcher quelques mètres devant elle. C'est ainsi que Rachel décrit le moment où Ben, son fils de huit ans, a disparu. Les médias relaient cette version, comme l'image de Rachel éplorée et prête à tout pour retrouver son fils. Alors qu'une chasse à l'homme est lancée pour retrouver Ben, elle doit faire face au chagrin, à la peur, mais aussi à la suspicion qui entoure son histoire : Rachel est-elle une bonne mère ? N'est-elle pas fautive, elle qui a laissé son fils marcher seul dans la forêt ?
    Bientôt, le soupçon se transforme en violence : Rachel est soumise à la vindicte populaire et à l'acharnement aveugle des réseaux sociaux. Sur la toile, les blogueurs se déchaînent et, sur les murs de sa maison, les tags l'accusent sans merci.
    Dans l'attente de nouvelles, rongée par le doute, assaillie par ceux qui la croient coupable et alors que ces dernières certitudes s'écroulent, elle ne sait plus quoi faire. Attendre patiemment que les forces de l'ordre lui ramènent son fils ou suivre son instinct et mener elle-même son enquête ?

     

    Auteur : Gilly MacMillan

     

    Edition : Les escales

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 04 février 2016

     

    Prix moyen : 22€

     

    Mon avis : Tout le livre est écrit à la première personne mais en alternant les points de vue de Rachel, la mère du petit disparu et de Jim, l’inspecteur chargé de l’affaire. Intercalés entre ces récits, on peut lire les gros titres des journaux, les pages web, les commentaires d’internautes, les blogs, les mails reçus par la police, ainsi que la transcription des séances de psychothérapie que suit Jim un an après les faits.
    Le livre s’ouvre d’ailleurs sur deux courts chapitres, de chacun des deux narrateurs, plus d’un an après les faits, sans que rien dans ces deux chapitres ne nous donne d’indices sur le sort de l’enfant : a-t-il été retrouvé ou non ? Est-il vivant ou mort ? Mystère.

    Du coté des personnages, j’ai bien aimé Rachel et, bizarrement John, le père de Ben.
    Rachel c’est évident, on ressent de l’empathie pour elle. Non seulement son fils a disparu, probablement kidnappés, mais la police la prie de rester à l’écart, la tiens peu informée du déroulement de l’enquête et elle n’a rien d’autre à faire qu’attendre et se ronger les sangs. De plus, les messages sur les réseaux sociaux, de gens qui n’ont pas de vie et se posent en Sherlock Holmes alors qu’ils ne connaissent pas les détails de l’affaire, ainsi que les journaux, se montrent particulièrement odieux envers elle.
    Pour John, c’est plus compliqué. Il n’a à prime abord rien de vraiment sympathique : il a quitté le domicile conjugal du jour au lendemain, sans prévenir, pour s’installer avec une autre femme. Mais, pour le peu qu’on le voit, même s’il a parfois des mouvements d’humeur contre son ex-femme, il fait globalement front avec elle non seulement dans l’angoisse mais aussi contre les horreurs qu’on dit sur elle et contre les suspicions de la police (ce qui est normal, dans ce genre d’affaire, tout le monde est suspect).

    J’ai moins apprécié les membres de la police. Rachel ne réagissant pas comme un bon petit soldat stoïque et obéissant, ils n’écoutent que d’une oreille les infos qu’elle leur transmet, comme s’ils l’avaient définitivement classée dans la catégorie des hystériques qu’il faut ignorer. Ils semblent en oublier qu’elle est la mère de l’enfant disparu, celle qui le connaît le mieux, celle qui est le plus à même de remarquer des détails qui ne collent pas sur l’emploi du temps et les fréquentations de son fils.
    J’ai vraiment pensé que l’affaire aurait été réglé bien plus vite, quelque en soit l’issue, s’ils avaient été un peu plus attentif aux dires de cette maman.

    La sœur de Rachel aussi m’a agacée. Elle se lance dans l’affaire comme si elle en tenait les rênes, disant à Rachel ce qu’elle doit faire, les questions qu’elle doit poser à la police, ce qu’il vaut mieux garder pour soit… Je l’ai trouvé très énervante dès les premières pages, quand Rachel raconte son divorce et la réaction de sa sœur quand elle lui annonce le départ de son mari.

    J’ai aussi apprécié que, pour une fois, l’action ne se déroule pas aux USA, mais en Angleterre. Les manières de fonctionner ne sont pas les mêmes, même si le plan Alerte enlèvement existe aussi. Mais ici, pas d’agent fédéraux en renfort, la police doit se contenter de ses moyens, qu’ils soient financiers ou humains ce qui est très frustrant à la fois pour les parties que pour le lecteur.

    Parfois, Rachel apostrophe directement le lecteur et on regrette presque de ne pas pouvoir lui répondre, l’assurer qu’on ne fait pas parti de la bande de charognard qui s’acharne sur elle, qu’on est de tout cœur avec elle et qu’on la soutient.

    On a les indices au fur et à mesure que la police les découvre et franchement, tout comme eux, je n’aurais pas trouvé le coupable avant le moment où ils l’ont effectivement découvert. J’avais pensé à beaucoup de scénarios, mais franchement pas à celui-ci. J’ai vraiment été bluffé.

    Alors qu’il s’agit d’un livre d’un peu plus de 600 pages, je l’ai lu en une journée à peine, ce qui vous donne une idée d’à quel point il m’a plu. C’est mon sixième coup de cœur de l’année (largement dominée par les coups de cœurs policiers !)

    Un extrait : Mon ex-mari s’appelle John. Sa nouvelle femme, Katrina. Elle est menue et sa silhouette incite la plupart des hommes à la dévorer des yeux. Ses cheveux châtain foncé paraissent toujours soyeux comme après une couleur, ou comme ceux des mannequins des magazines. Ils sont coupés au carré et coiffés avec soin autour de son visage de lutin de façon à encadrer sa bouche mutine et ses yeux noirs.
    Quand je l’ai rencontrée pour la première fois, lors d’une réception à l’hôpital organisée par mon mari, des mois avant qu’il parte, j’ai admiré ces yeux. Je les ai trouvés vifs et pétillants. Ils lançaient des étincelles, jaugeaient, se faisaient séducteurs, aguicheurs, charmeurs. Mais après que John nous a quittés, ils m’ont évoqué ceux d’une pie voleuse – perçant et sournois -, qui pille le trésor des autres pour tapisser son nid.
    John a quitté la maison le lendemain de Noël. Il m’avait offert un iPad et avait offert un chiot à Ben. Ces cadeaux m’avaient semblé pleins d’attention et de générosité jusqu’à ce que je le regarde partir en marche arrière dans l’allée, des sacs bien empaquetés sur les sièges de la voiture tandis que le jambon cuit au four refroidissait sur la table de la salle à manger et que Ben pleurait car il ne comprenait pas ce qui se passait. Quand, finalement, je me suis retournée pour rentrer à la maison et commencer ma nouvelle vie de mère célibataire, j’ai compris que c’était des cadeaux dictés par la culpabilité : des choses pour remplir le vide qu’il laisserait dans notre vie.
    Les premiers temps, il est vrai qu’ils nous ont occupés, mais peut-être pas comme John en avait eu l’intention ? Deux jours après Noël, Ben s’était approprié l’iPad et moi, grelottant, sous le choc, j’avais passé des heures dehors sous un parapluie – dans les chaussons Cath Kidston tout neufs que ma sœur m’avait envoyés pour Noël, trempés, couverts de boue -, pendant que le chien essayait de déterrer un pied de clématite alors que j’aurais dû l’encourager à faire ses besoins.
    Katrina a attiré John dans ses filets exactement dix mois avant la disparition de Ben. J’y voyais là un plan magistral qu’elle aurait mis à exécution : La Séduction et le Vol de Mon Mari. Je ne savais pas dans le détail comment leur histoire avait commencé mais j’y pensais comme à une intrigue digne d’une mauvaise série télé qui se passe dans le milieu hospitalier.

     

  • Le tiercé du samedi #63

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    Rappel du principe: Chaque semaine, le samedi comme son nom l’indique, il conviendra de choisir les trois livres, le trio gagnant, correspondant au thème proposé.

    A la fin de chacun de ces Rendez-vous, j’indiquerai le thème de la semaine suivante.

    Ce Rendez-Vous Livresque a été inspiré de « The Saturday Awards Book » créé par l’Echos de mots, et qui n'existe plus aujourd'hui.

    Comme annoncé la semaine dernière, le thème d'aujourd'hui est:

    Les trois adaptations en DESSIN ANIME que vous avez préféré (ce peut être un long métrage ou une série d’épisodes)

     

    Alors pour ma part, le trio gagnant est:

     

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    Flo et les Robinson Suisses

     

     

     

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    Adaptation du Robinson suisse de Rodolphe Wyss qui a modifié et fait éditer un manuscrit qu'il a hérité de son père Johan David Wyss.
    N'ayant pas lu le livre je ne sais pas à quel point l'adaptation diffère du livre, mais j'adore ce dessin animé.

     

     

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    Princesse Sarah

     

     

     

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    Comme souvent, le livre est plus dur que le dessin animé, mais pas tant que ça, à l'époque de princesse Sara, on essayait pas systématiquement de faire prendre des vessies pour des lanternes aux enfants.
    Sarah Crewe est plus jeune dans le livre (7 ans) que dans le dessin animé (environ une douzaine d'année), mais il reste un très bon dessin animé (bien meilleur que ceux qu'on peut voir de nos jours)

     

     

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    Les malheurs de Sophie

     

     

     

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    Toutes les bêtises de Sophie ne sont pas reprise dans le dessin animé car celui ci ne couvre pas uniquement les malheur de Sophie mais la trilogie entière: les malheurs de Sophie, les petites filles modèles et les vacances. Des événements sont également rajoutés pour établir une continuité sur une période dont on ne connais que des bribes quand Sophie, dans le livre "les vacances" racontes un peu sa vie aux Amériques.



    Pour la semaine prochaine, le thème sera: Les trois livres que vous n’avouerez jamais lire, même sous la torture ou la corruption (quoi que, si la corruption c’est des fraises au chocolat…. Peut être)

    Et n'hésitez pas à laissez en commentaire le lien vers votre propre tiercé du samedi!

     

  • [Livre] La petite princesse de papa

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    Résumé : Cathy Glass, mère d’accueil, aime raconter les histoires de ses petits protégés avec toujours à cœur d’insuffler de l’espoir. Le jour où on lui confie Beth, la mission semble anodine : prendre soin de la petite fille pendant l’hospitalisation de son père. Mais très vite Cathy soupçonne une anomalie dans leur relation fusionnelle…

     

    Auteur : Cathy Glass

     

    Edition : France loisirs

     

    Genre : Témoignage

     

    Date de parution : 2016

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : Le placement de Beth a eu lieu au début de la carrière en tant que mère d’accueil de Cathy Glass.
    Pas facile de gérer un placement d’enfant avec deux enfants à soi de 2 et 6 ans et un mari qui est absent toute la semaine.
    Pas facile non plus de mettre des mots sur une impression vague, quoi que persistante, un certain malaise, sans aucune formation.
    Et encore moins facile de gérer une fillette déboussolée quand on obtient aucune information des assistantes sociales qui semblent penser que les familles d’accueil ne sont là que pour gérer le quotidien et n’ont pas à connaître les détails d’un dossier.
    Dans ce placement, parmi les premiers que Cathy a effectué, tout semble au premier abord très simple : un père, seul, sans famille, souffrant de dépression, a demandé à être admis à l’hôpital pour y être soigné. C’est une réaction très saine pour ce père qui, sentant qu’il n’allait pas bien, n’a pas voulu laisser la situation s’aggraver. Comme il n’a plus de famille, hormis un père très âgé vivant en maison de retraite et que la mère de sa fille les a abandonnés, la fillette doit être placée le temps des soins de son père.
    Ici, il est hospitalisé pour dépression, mais s’il avait été hospitalisé pour une hernie ou pour une appendicite, le résultat aurait été le même, la fillette aurait été confié temporairement à une famille d’accueil.
    Quand elle voit les photos et les vêtements de la fillette, Cathy ressent un malaise qu’elle n’arrive pas à définir. La maitresse d’école de la fillette et l’ancienne compagne du père semblent ressentir la même chose sans pour autant mettre des mots dessus.
    Cathy est inquiète mais ne sait pas comment réagir. Elle trouve que la fillette et son père ont une relation fusionnelle, trop fusionnelle, pas vraiment la relation que l’on attend entre un père et sa fille.
    Il va falloir un signalement aux services sociaux de la part de Cathy, puis de la maitresse et enfin un ressenti direct de l’assistante sociale de ce « malaise «  pour qu’une enquête soit diligentée par les services sociaux.
    Finalement, c’est à un sujet peu connu que vont être confronté les différents acteurs de l’histoire de Beth. Un sujet dans lequel j’ai du mal à trouver un coupable. Peut être y en t-il, mais j’ai eu plus l’impression d’être confronté à plusieurs victimes.
    Du coté de la vie personnelle de Cathy, j’ai trouvé que son mari John, est vraiment minable, surtout vers la fin du roman. Je l’ai trouvé arrogant et puéril. En revanche Cathy a fait preuve d’une grande dignité et d’une grande maîtrise d’elle-même.

    Un extrait : J’étais sur le point de croire qu’ils ne viendraient pas. L’assistante sociale s’occupant de Beth avait téléphoné dans l’après-midi pour m’informer qu’elle l’amènerait « vers l’heure du thé ». Il était 19 heures, l’heure du thé était passée depuis longtemps et Adrian, Paula et moi avions déjà dîné. Je préparerais quelque chose d’autre à manger si Beth arrivait. La nuit était froide et la petite Beth serait déjà assez contrariée d’avoir été séparée de son père, elle ne devait pas en plus souffrir de la fatigue et de la faim. Je savais que, dans le domaine de l’aide sociale, les plans changeaient souvent à la dernière minute, mais j’avais pensé que l’assistante sociale m’aurait appelée pour me tenir informée. Nous étions bien au chaud dans le salon, à l’arrière de la maison, les rideaux fermés nous protégeant de la nuit froide et noire. Paula et Adrian étaient assis par terre. Paula avait construit un château avec des cubes et Adrian feuilletait un livre illustré sur de vieilles voitures et motos, un cadeau de Noël qu’il avait reçu trois semaines plus tôt. Tosha, notre adorable et paresseux chat, était pelotonné sur sa chaise préférée.
    — Je croyais qu’une fille allait venir, s’enquit Adrian en levant les yeux de son livre.
    — Moi aussi, répondis-je. Peut-être que son père n’est pas aussi malade qu’on le croyait et qu’elle a pu rester chez elle.
    À six ans, Adrian avait déjà une idée de ce que l’accueil signifiait; d’autres enfants avaient séjourné chez nous. Paula, elle, n’était pas assez âgée pour comprendre, même si j’avais essayé de lui expliquer qu’une fillette de sept ans, appelée Beth, viendrait peut-être vivre chez nous pendant un temps. De cette enfant, à part son âge, je savais seulement qu’elle vivait avec son père, que celui-ci était malade et allait probablement être admis en hôpital psychiatrique. C’est tout ce que l’assistante sociale m’avait dit au téléphone et j’espérais en apprendre davantage quand elle amènerait Beth. Je me levai du canapé et rejoignis Paula pour l’aider à ranger ses briques.
    — C’est l’heure d’aller au lit, ma chérie, lui dis-je.
    — Mais je croyais qu’une fille allait venir, me répondit-elle en répétant les mots d’Adrian.
    C’était l’âge où elle copiait souvent son grand frère. J’entendis Adrian soupirer doucement.
    — Je ne pense pas qu’elle viendra maintenant, il est déjà tard.
    Mais à l’instant où je commençais à ramasser les cubes en plastique, la sonnette retentit, nous faisant tous sursauter. Les enfants me regardèrent, impatients. Comme mon mari John travaillait loin, j’étais assez prudente si l’on sonnait le soir. Laissant Adrian et Paula dans le salon, je me rendis dans l’entrée, pour regarder par le judas. Grâce à la lumière extérieure, je distinguai une femme et un enfant. Rassurée, j’ouvris la porte.
    — Désolée, nous sommes en retard, s’excusa immédiatement la femme. Je m’appelle Jessie, je suis l’assistante sociale de Beth. Nous nous sommes parlé au téléphone. Vous devez être Cathy ? Voici Beth.
    Je souris et regardai Beth, qui se tenait debout à côté de l’assistante. Elle portait un manteau d’hiver gris, boutonné jusqu’au col. Elle était pâle mais ses joues étaient roses et ses yeux gonflés d’avoir pleuré. Dans sa main, elle serrait un mouchoir qu’elle pressa sur son nez.
    — Oh! ma chérie, tu dois être tellement fatiguée et inquiète, dis-je. Entre donc.
    — Je veux mon papa, fit Beth, les yeux se remplissant de larmes.
    — Je comprends, lui répondis-je en lui touchant le bras d’un geste rassurant.
    Jessie aida Beth à franchir la marche et entra avec une très grosse valise.
    — Nous nous sommes arrêtées chez Beth pour prendre ses habits, expliqua-t-elle alors que je refermais la porte d’entrée. Cela a pris plus de temps que je le pensais. Beth a voulu ôter son uniforme d’écolière. Puis nous avons dû faire la valise. Elle s’inquiétait de son linge à laver et de la nourriture laissée dans le réfrigérateur. Je lui ai dit de ne pas s’en faire, qu’elle pourrait laver son linge ici et que tout irait bien à la maison.
    Je souris à nouveau à Beth.
    — Absolument, tu ne dois t’inquiéter de rien, je m’occuperai de toi, lui dis-je, même si je me demandais comment une fillette de sept ans pouvait penser à la lessive à faire et à la nourriture qui se perd. Veux-tu enlever ton manteau? Nous l’accrocherons ici, au portemanteau dans l’entrée. Beth commença à se déboutonner, puis laissa Jessie lui retirer son manteau.
    Je le suspendis et Jessie fit de même avec le sien.
    — Je veux être avec mon papa, répéta Beth.
    — Cela ne durera pas longtemps, la rassura Jessie, seulement jusqu’à ce que papa aille mieux.

     

  • [Livre] Beaux mecs et sac d'embrouilles

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    Résumé : Mentir, ça n'a vraiment rien de compliqué. En tous cas, cela n'a jamais été un problème pour moi. Jusqu'à l'arrivée d'un certain Tommy Sullivan, fraîchement débarqué en ville danse seul but de me gâcher l'existence. Bon, d'accord, j'ai trahi sa confiance quand on était au collège, mais c'était il y a quatre ans ! Sans compter qu'il en a profité pour devenir un vrai canon !
    Entre mes deux petits copains et mes gros mensonges, le concours "miss Clam" et mon job au restaurant, je ne sais plus où donner de la tête. Et je crois que le retour de Tommy ne va pas arranger les choses...

    Auteur : Meg Cabot

     

    Edition : Le Livre de Poche

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 2012

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : Je trouve que ce genre de livre est un livre fait pour être lu au bord de l’eau ou dans son bain. C’est une petite histoire sympathique mais on ne se frappera pas la poitrine de désespoir s’il y a du sable entre les pages ou s’il fait une chute aquatique.
    Comme souvent dans les livres de Meg Cabot, l’histoire est légère et l’héroïne un poil énervante.
    Il faut quand même avouer qu’elle est moins insupportable que d’autres héroïnes de Chick lit. D’abord, elle n’a que 17 ans, ce qui lui donne l’excuse de l’âge. Ensuite, ses mensonges ne sont pas bien graves : elle sort avec deux garçons, elle ne dit pas à ses parents qu’elle économise pour un appareil photo pour ne pas leur faire de la peine, vu qu’ils lui en ont offert un à noël (un appareil familial alors qu’elle veut un professionnel)… Il n’y a pas de quoi se jeter des pierres.
    En revanche, ce que j’ai beaucoup apprécié c’est le thème qui est à mes yeux le plus important dans ce livre : la quasi impunité qu’on, dans les petites villes, les membres des équipes sportives du lycée.
    On sait bien qu’aux Etats-Unis le sport scolaire et universitaire est très important et rassemble de nombreux supporter, mais on constate, surtout dans les villes de province, que les joueurs, surtout si leur équipe remportent les matches, sont souvent considérés comme des demi-dieux : notes revues injustement à la hausse par les professeurs, passe-droits, indulgence des habitants de la ville et des autorités locales… Tout un tas de choses dont ne bénéficient pas les autres jeunes, même s’ils sont tout aussi remarquables dans d’autres domaines.
    J’ai beaucoup aimé que l’auteur nous montre à quel point cette vénération peut aller loin (dans les actes comme dans le ridicule) à travers les yeux de personnes qui ne sont pas des fans aveugles et prêt à tout pardonner et accepter sous prétexte que quelqu’un sait taper dans un ballon.
    Bien sur ce contexte, même s’il est pour moi le point le plus important et le plus intéressant du livre, n’est qu’une toile de fond pour l’intrigue qui est celle de tout bon roman de chick lit qui se respecte : l’héroïne va-t-elle sortir indemne des mensonges dans lesquels elle s’enferre et avec quel garçon (question Ô combien importante) finira-t-elle (quoi que, quiconque ayant un QI dans la moyenne et ayant déjà lu un livre de ce genre, tout auteur confondu, devrait pouvoir répondre à cette question très vite).

    Un extrait : — Mais qu’est-ce qu’elle fiche ici, celle-là ? s’est écriée ma meilleure amie, Sidney van der Hoff, alors que je m’approchais de la banquette du coin pour distribuer les menus.

    Sidney, bien sûr, ne parlait pas de moi, mais dévisageait une fille à une table voisine. Je ne pris pas la peine de jeter un œil pour voir à qui elle faisait allusion, car mon petit ami, Seth, assis à côté d’elle, me contemplait avec son beau sourire… Un sourire qui fait craquer toutes les filles depuis le CM2, année où nous avons remarqué pour la première fois sa dentition parfaite et immaculée, ses lèvres à croquer.

    Je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi, entre toutes les filles de l’école, c’est sur moi qu’il a choisi de poser ces lèvres.

    — Salut, bébé ! m’a-t-il lancé dans un battement de cils – lesquels, longs et sexy, ont fait dire à ma mère lors d’une conversation téléphonique avec la mère de Sidney qu’ils étaient du gâchis, parfaitement inutiles à un garçon.

    Seth a enroulé un bras autour de ma taille et m’a serrée contre lui.

    — Salut ! ai-je répondu, un peu essoufflée, pas simplement à cause de son étreinte, mais aussi de la table douze couverts dont les convives célébraient le quatre-vingt-dix-septième anniversaire de Mme Hogarth et m’éreintaient à force de siroter leurs verres de thé glacé qu’il me fallait reremplir toutes les deux minutes et à volonté. C’était comment, votre film ?

    — Nul ! a tranché Sidney pour tout le monde. T’as rien raté. Les cheveux blonds ne vont pas du tout à Lindsay ; je la préfère en rousse. Non mais sérieusement, qu’est-ce que Morgan Castle fait ici ? (Sidney s’est servie du menu que je venais de lui donner pour pointer une table que servait Shaniqua.) Elle est drôlement gonflée, vous ne trouvez pas ?

    J’ai d’abord cru que Sidney se trompait car Morgan Castle n’était pas du genre à mettre les pieds à La Mouette rieuse en pleine saison, lorsque les touristes affluent. Les gens du coin comme elle savent très bien qu’il vaut mieux éviter cet endroit l’été. En tout cas, quand on n’a pas réservé. En haute saison, sans réservation, il faut compter une heure d’attente minimum les soirs de semaine comme ce mardi et deux heures le week-end.

    Ça n’a pas l’air de gêner les touristes. Mais il faut préciser que Jill, notre hôtesse d’accueil, leur distribue à chacun un de ces énormes bipeurs, trop grands pour entrer dans leur poche ou pour qu’ils partent avec par erreur, en leur disant qu’elle les bipera dès qu’une table se libère.

    Vous seriez étonné de l’impact positif que cette information a sur les touristes. J’imagine qu’ils sont habitués parce que c’est pareil dans les chaînes de restaurants là où ils habitent. Ainsi, ils repartent avec leur bipeur et tuent le temps en flânant sur la jetée. Ils jettent, par-dessus la rambarde, un œil aux bars rayés qui nagent dans l’eau claire. (Là, il y a toujours un gamin pour s’exclamer : « Regarde, maman ! Des requins ! ») Certains poussent jusqu’au Vieux-Port – ses rues pavées, ses boutiques pittoresques – avant de rebrousser chemin en lorgnant au passage la jet-set estivale occupée à regarder la télévision par satellite ou à siroter un gin-tonic à bord de ses yachts.

    Alors, leur bipeur retentit soudain et ils s’empressent de regagner le resto pour prétendre à leur table.

    Parfois, tandis que Jill conduit les touristes à une de mes tables, j’en surprends un qui demande : « On ne peut pas plutôt s’asseoir LÀ ? », en pointant du doigt une longue table avec banquette dans un coin.

    Dans ce cas, Jill sort toujours un truc dans le genre : « Je suis vraiment désolée. Cette table est réservée. »

    Sauf que c’est n’importe quoi parce que la table n’est pas réservée. Enfin, pas vraiment. On la garde tous les soirs au cas où un VIP débarquerait.

    Ce n’est pas qu’il y ait tant de VIP que ça à Eastport, Connecticut. Bon d’accord : il n’y en a pas. De temps à autre, pourtant, au moment du creux entre le déjeuner et le dîner, avec Jill et Shaniqua, on s’assoit et on se met à délirer en imaginant qu’une VRAIE célébrité passe la porte du restaurant. Chad Michael Murray par exemple (bien qu’il ait baissé dans notre estime depuis qu’il a divorcé) ou Jared Padalecki, ou même le prince William (qui sait ? Son yacht pourrait très bien s’être perdu…).