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Selene raconte... - Page 159

  • [Livre] Il faut qu'on parle de Kevin

    Les lectures de Gribouille et moi-même participons à un challenge.
    Ce challenge consiste à sélectionner trois livres dans la PAL de notre binôme. Celui-ci choisi lequel des trois il lira et chroniquera. Les lectures de Gribouille et moi avons choisi de lire les trois livres que chacune a choisis pour l'autre (c'est qu'on a une PAL assez conséquente à faire descendre!)

    Ce livre est le second que m'a choisi Les lectures de Gribouilles dans le cadre du challenge Livra'deux sur livraddict. Pour sa part je lui avais choisi Des souris et des hommes de John Steinbeck dont vous trouverez la chronique ICI


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    Résumé : À la veille de ses seize ans, Kevin Khatchadourian a tué sept de ses camarades de lycée, un employé de la cafétéria et un professeur. Dans des lettres adressées au père dont elle est séparée, Eva, sa mère, retrace l'itinéraire meurtrier de Kevin.

     

    Auteur : Lionel Shriver

     

    Edition : J'ai lu

     

    Genre : Drame

     

    Date de parution : 1 Mai 2008

     

    Prix moyen : 9€

     

    Mon avis : L’auteur écrit à la première personne, se mettant dans la peau de la mère de Kevin, Eva. Le récit commence après l’acte meurtrier de Kevin et c’est au travers d’une trentaine de lettres adressée à son mari qu’on découvre l’histoire de Kevin et de sa famille depuis le couple que formaient ses parents avant sa naissance jusqu’au drame et au-delà.
    En général, je n’aime pas les romans épistolaires mais dans ce cas précis, même si on a effectivement la date au début de chaque lettre et souvent la signature à la fin, il n’y a pas d’échange de lettres puisque celles-ci sont à sens unique. Le style épistolaire ne m’a donc pas gênée car il sert plus à dater et donc à donner une chronologie dans le récit d’Eva. On aurait pu tout à fait avoir ces mêmes dates comme titres de chapitres.

    Comme souvent, j’ai un avis contraire à la majorité des lecteurs. J’ai beaucoup aimé ce livre, oui, mais je n’ai pas trouvé qu’Eva soit particulièrement égoïste. Il s’agit d’une jeune femme qui n’a jamais ressenti le besoin ou l’envie d’avoir un enfant et qui fini par céder à la pression à la fois de la société mais aussi de son mari. Et même là, on sent une différence dans la conception de l’existence de parent : pour Eva, ils sont un homme et une femme qui sont aussi des parents. Pour son mari, ils ne sont rien d’autre que des parents. Et c’est une situation très lourde pour Eva, d’autant plus que son mari continue à travailler et donc à avoir une vie sociale tandis qu’Eva a été priée de mettre sa carrière entre parenthèse.

    Le conflit entre Eva et son fils est quasi immédiat. Eva dit que son fils n’est pas un sociopathe (ce qui reste à prouver) mais dès sa plus tendre enfance on voit qu’on a affaire à un gamin manipulateur, calculateur et profondément méchant.
    Mais en ce qui me concerne, il aurait pu être remis sur le droit chemin. Mais, il y a un MAIS, comme on dit. Et ce MAIS c’est son père.
    Franklin est un personnage qu’on ne connaît qu’au travers les yeux d’Eva, mais qui m’est apparu comme profondément antipathique depuis qu’il est devenu père.
    Un père aveugle au point d’en être coupable. Rien ne le convaincra que son fils puisse faire ne serait-ce qu’une bêtise. Il lui passe tout, refuse d’admettre que le gamin puisse faire preuve de méchanceté. Tout est toujours la faute des autres : les nounous sont incompétentes et n’aiment pas les enfants, les voisins sont jaloux, les institutrices ont pris son fils en grippe parce qu’il est trop intelligent…bref Kevin est un enfant roi.
    Son attitude va jusqu’à d’abord refuser de faire un second enfant parce que « Kevin n’aimerait pas ça », puis, quand leur fille est là, et se montre une enfant tout à fait normale, quoique qu’un peu effacée, il la rejette complètement. Peut être que la normalité de sa fille lui montre avec plus d’acuité le monstre qu’est devenu Kevin.
    Si Eva pressent assez vite qu’il faut agir, elle est sans cesse contrée par son mari qui refuse la moindre sévérité envers son fils. Et à un moment, il ne faut pas se leurrer, quand on ne fait rien pendant des années, qu’on laisse un enfant dicter sa loi, à un moment donc, il est trop tard pour le sauver de lui-même. Il ne peut que mal tourner et finir par faire quelque chose de grave.
    Ici bien sûr on est dans le pire scénario, ce que les américains appellent le mass murderer. Mais il aurait pu tout aussi bien voler une voiture, provoquer un accident en conduisant en état d’ivresse, braquer une station service… n’importe quoi que papa n’aurait pas pu balayer d’un revers de la main parce que l’affaire aurait été placée entre les mains de la justice.
    Bien sûr, un drame de ce genre peut arriver à n’importe qui, mais, contrairement à ce que j’ai pu lire, un gamin bien élevé, équilibré, faisant la différence entre le bien et le mal, respectueux des autres, tourne rarement aussi mal sans raison. Soit un élément déclencheur lui fait péter les plombs, soit le problème remonte bien plus loin dans l’enfance.
    J’ai remarqué que tout le monde, d’Eva jusqu’aux journalistes, en passant par les familles des victimes, les autorités et les gens en général cherchent sans cesse à comprendre pourquoi. Pourquoi Kevin a-t-il fait ça ?
    En ce qui me concerne, je pense que lui, comme tous les adolescents tueurs qui sont cités dans ce livres, et ce quelques soient les raisons qu’ils ont invoqué pour justifier leurs actes, n’ont tous qu’une seule vraie réponse à ce pourquoi : Ils l’ont fait parce qu’ils pouvaient le faire. C’est aussi simple que ça.

    L’auteur a situé la date du drame, qu’Eva nomme comme LE JEUDI, une douzaine de jours avant le massacre du lycée de Columbine. Le texte est d’ailleurs émaillé des drames de ce genre, comme pour noyer le geste de Kevin dans celui des autres, comme pour montrer que son acte n’est pas si extraordinaire dans une société où il est plus difficile à un adolescent de se procurer un paquet de cigarette ou une bière qu’une arme.

    La fin est une véritable claque, même si je le savais déjà, ayant été honteusement spoilée. Mais même en sachant à l’avance, le lire, avec les détails, en le voyant par les yeux d’Eva, était vraiment à couper le souffle.

    J’ai peut être eu un peu de mal, dans les premières lettres, soit les 50 premières pages, à entrer dans l’histoire, surtout du fait du style d’écriture, mais une fois plongée au cœur du récit, il était impossible de lâcher ce livre !

    Un extrait : Il m'est encore difficile de m'aventurer en public. On pourrait croire que, dans un pays aussi dépourvu de « sens de l'Histoire », comme le prétendent les Européens, j'allais pouvoir tabler sur la célèbre amnésie américaine. Je n'ai pas cette chance. Personne au sein de cette « communauté » ne montre le moindre signe d'oubli, après un an et huit mois - jour pour jour. Il faut donc que je m'arme de courage quand les provisions s'épuisent. Oh, pour les employées du 7-Eleven de Hopewell Street, j'ai perdu un peu de l'attrait de la nouveauté, et je peux prendre un demi-litre de lait sans me faire foudroyer du regard. Mais notre Grand Union traditionnel demeure une épreuve.
    Je me sens toujours en situation irrégulière là-bas. Pour compenser, je me force à me tenir droite, à baisser les épaules. Je comprends maintenant l'expression « garder la tête haute », et il m'arrive d'être surprise par la transformation intérieure que peut procurer une certaine raideur dans l'attitude. Quand j'affiche physiquement de la fierté, je me sens un tout petit peu moins mortifiée.
    Hésitant entre les oeufs gros ou moyens, j'ai lorgné du côté des yaourts. À quelques pas de là, les cheveux d'un noir roussi d'une autre cliente avaient pris deux bons centimètres de blanc à la racine, et la frisure ne tenait plus que sur les pointes : une vieille permanente fatiguée. L'ensemble jupe et haut lavande avait peut-être connu des jours meilleurs, mais à présent le chemisier tirait aux emmanchures et le plissé ne servait qu'à souligner les hanches lourdes. Le tout avait besoin d'un coup de pressing, les épaules garnies d'épaulettes et légèrement passées portaient la trace d'un long séjour sur un cintre métallique. Un truc sorti du fin fond d'une penderie, ai-je diagnostiqué, ce qu'on décroche quand tout le reste est sale, ou chiffonné par terre. Elle a tourné la tête pour s'intéresser au fromage et j'ai remarqué le sillon d'un double menton.
    N'essaie pas de deviner : impossible de la reconnaître dans ce portrait. Elle était jadis d'une minceur névrotique, toujours tirée à quatre épingles, impeccable comme un paquet-cadeau. Bien qu'il soit plus romantique de conjuguer le deuil avec l'extrême maigreur, j'imagine que les chocolats peuvent efficacement remplacer l'eau du robinet pour accompagner la détresse. Sans compter que certaines femmes font moins attention à leur silhouette et à leur tenue pour plaire à un mari que pour soutenir la comparaison avec leur fille, et, grâce à nous, cette motivation lui fait désormais défaut.

     

  • Le tiercé du samedi #61

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    Rappel du principe: Chaque semaine, le samedi comme son nom l’indique, il conviendra de choisir les trois livres, le trio gagnant, correspondant au thème proposé.

    A la fin de chacun de ces Rendez-vous, j’indiquerai le thème de la semaine suivante.

    Ce Rendez-Vous Livresque a été inspiré de « The Saturday Awards Book » créé par l’Echos de mots, et qui n'existe plus aujourd'hui.

    Comme annoncé la semaine dernière, le thème d'aujourd'hui est:

    Les trois livres indispensables à faire lire à des enfants ou à conseiller à de jeunes ados (parce que plus tard, ne nous voilons pas la face, il suffit qu’on leur conseille un livre pour qu’ils décident aussitôt qu’ils ne le liront jamais)

     

    Alors pour ma part, le trio gagnant est:

     

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    Claudine de Lyon

     

     

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    Un premier choix pour les enfants, les autres seront plutôt pour les ados. Dans Claudine de Lyon, les enfants vont découvrir un peu de l'univers des Canuts, quand les enfants étaient mis au travail dès leur plus jeune âge. Et une époque où ils devaient se battre pour aller à l'école, qui venait tout juste d'être rendue obligatoire, alors que de nos jours, ils font tout pour l'éviter au maximum!

     

     

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    Risk

     

     

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    Un roman qui alerte sur les dangers d'internet et surtout sur celui des rencontres en ligne.

     

     

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    Blacklistée

     

     

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    Ici on parle de harcèlement scolaire, et on montre aux jeunes que même ceux qui se croient intouchables et harcèlent les autres peuvent à tout moment tomber de leur piédestal et se retrouver harcelés à leur tour.



    Pour la semaine prochaine, le thème sera: Les trois personnages que vous voudriez interpréter à l’écran si vous étiez actrice (et oui, si c’était bien fait, évidemment)

    Et n'hésitez pas à laissez en commentaire le lien vers votre propre tiercé du samedi!

     

  • [Livre] Aurora Teagarden – T04 - La Maison des Julius

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    Résumé : Depuis qu'elle a rencontré son fiancé Martin Bartell, Roe Teagarden connaît le bonheur. S'ils n'ont pas le même âge et proviennent de milieux différents, Martin semble savoir exactement ce qu'elle désire... comme la Julius House. La joie de Roe ne connaît plus de limites quand Martin lui offre cette maison comme cadeau de mariage. Elle aime les mystères et a toujours été intriguée par le passé mystérieux de cette demeure. En effet, six ans auparavant, la famille qui y habitait a mystérieusement disparu. Aucun de ses membres n'a plus été revu depuis. Alors que Roe se lance dans des travaux de rénovation, ses doutes quant au passé plutôt trouble de Martin disparaissent. Cependant, quand elle est attaquée par un fou furieux armé d'une hache, elle réalise que les secrets contenus dans la Julius House, ainsi que ceux que recèle son union avec Martin, pourraient bien la détruire.

     

    Auteur : Charlaine Harris

     

    Edition : J’ai lu 

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 23 Avril 2014

     

    Prix moyen : 9€

     

    Mon avis : Voilà notre Aurora enfin sur le point de convoler, plutôt que de préparer les maris pour les autres ! Et quel mari ! Ce n’est pas n’importe qui qui vous offre la maison de vos rêves en cadeau de mariage !
    Pour une fois, Aurora n’a pas encore trouvé de cadavre (je dis encore parce qu’avec elle, je me méfie) mais un ami mystère que son fiancé souhaite héberger dans le studio attenant à la maison qu’il vient d’acheter pour elle. Il faut dire que Martin n’est guère bavard sur son passé. Je serais Aurora, ça m’agacerais prodigieusement. Va bien qu’il n’ait pas envie de parler de certaines choses, mais faire venir un « ami » dont on ne sait rien s’installer à deux mètres… faut pas pousser. J’aurais refusé s’il refusait de m’en dire plus sur l’ami en question.
    Surtout quand, comme Aurora, on attire les assassins en puissance comme une lampe attire les moustiques !
    Mais bon, je comprends aussi qu’elle n’ait pas envie plus que ça de contrarier son homme juste avant qu’il ne parte en voyage d’affaire alors qu’il y a tant de choses à penser : les préparatifs du mariage, la restauration de la maison, l’organisation de la lune de miel…ça occupe tout ça !
    Je ne suis qu’au début du livre, mais je me demande combien de temps la demoiselle va mettre avant de commencer à chercher à savoir ce qui est arrivé à la famille Julius, les propriétaires de la maison, disparus mystérieusement avec leur fille six ans plus tôt.
    Finalement, elle a mis plus de temps que prévu mais ça n’a pas raté, cette nana cherche vraiment les ennuis.
    Remarquez, avec les révélations que vient de lui faire son mari, on comprend qu’elle ait envie de s’occuper l’esprit mais quand même, elle n’a vraiment aucune notion du danger, aucun instinct de conservation.
    Du coup quand les choses tournent mal (comme on pouvait s’en douter) difficile de dire si c’est à causes des activités de Martin ou de celles d’Aurora !
    Je n’avais vraiment pas vu venir la fin. J’avais imaginé toutes sortes de théories pour expliquer la disparition des Julius, soupçonnés certaines personnes ou certaines explications, mais je ne m’approchais même pas un peu de la vérité.

    Et ce n’était pas frustrant, car la vérité est telle qu’aucun indice ne permettait de la trouver et qu’Aurora ne la découvre que par hasard.

    A la fin de ce tome, je reste toujours interrogative face à Martin, et j’espère en apprendre plus sur lui dans le prochain !

     

    Un extrait : La famille Julius disparut six ans avant que je n’épouse Martin Bartell.

    T.C., Hope et Charity Julius s'étaient tout simplement évaporés. Certains habitants de Lawrenceton avaient même appelé le National Enquirer1 pour rapporter aux journalistes qu'ils avaient été enlevés par des extraterrestres.

    À l'époque, j'avais terminé mes études supérieures depuis quelques années et je travaillais à la bibliothèque municipale de Lawrenceton. Avec le temps, aucun élément nouveau n'ayant éclairé la disparition, j'avais fini par ne plus me poser de questions. Seul un vague frisson d'angoisse me parcourait encore le dos lorsque l'on mentionnait le nom « Julius » au cours de la conversation.

    Puis Martin m'offrit leur maison comme cadeau de mariage.

    Dire que je fus surprise serait un euphémisme. Renversée serait plus exact. Installés tous les deux à Lawrenceton, ville du Sud traditionnelle et malheureusement en passe de devenir une banlieue d'Atlanta, nous souhaitions acquérir une maison en commun. Tentés par des biens spacieux dotés de grandes salles de réception, nous avions visité un certain nombre de demeures luxueuses et « comme il faut », dans les quartiers contemporains en périphérie.

    J'estimais pour ma part que ces surfaces étaient bien trop grandes pour un couple sans enfant. Martin ressentait néanmoins le besoin irrésistible d'afficher des signes extérieurs de prospérité. Il conduisait une Mercedes, par exemple, et pour lui, notre maison devait s'harmoniser avec sa voiture.

    Nous avions vu celle des Julius car j'avais demandé à mon amie et agent immobilier Eileen Norris de la mettre sur la liste - je l'avais moi-même visitée quelque temps plus tôt, quand j'étais célibataire.

    Martin n'était pas tombé sous le charme comme moi. Bien au contraire, il s'était étonné de mon penchant pour la propriété. Ses sourcils sombres et bien dessinés s'étaient arqués et ses yeux d'ambre m'avaient fixée d'un air interrogateur.

    — C'est un peu isolé, avait-il fait remarquer.

    — A peine deux kilomètres de la ville. Je peux presque voir la maison de ma mère, d'ici.

    — C'est plus petit que celle de Cherry Lane.

    — Ce qui fait que je pourrais m'en occuper toute seule.

    — Tu ne veux pas qu'on prenne quelqu'un pour t'aider ?

    — Je ne vois pas pourquoi.

    « Je n'ai rien d'autre à faire », avais-je précisé en mon for intérieur. Ce qui n'était pas de sa faute mais entièrement de la mienne : j'avais donné ma démission à la bibliothèque avant même de l'avoir rencontré. Je le regrettais chaque jour un peu plus.

    — Et l'appartement au-dessus du garage, tu voudrais le louer ?

    — Pourquoi pas, en effet.

    — Le garage ne donne pas directement dans la maison.

    — Il y a un passage couvert entre les deux.

    Pendant notre petite conversation, Eileen s'était discrètement occupée ailleurs.

    — C'est vrai, on se demande vraiment ce qui a bien pu leur arriver, fit-elle observer plus tard en refermant la porte, avant de glisser la clé dans son sac.

    Les yeux de Martin s'illuminèrent soudain d'une brève lueur de compréhension.

    Et c'est ainsi qu'au moment des échanges de cadeaux de mariage, je fus stupéfaite en recevant de sa main l'acte de propriété de la maison Julius.

     

  • [Livre] Le train des orphelins

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    Résumé : Entre 1854 et 1929, des trains sillonnaient les plaines du Midwest avec à leur bord des centaines d'orphelins. Au bout du voyage, la chance pour quelques-uns d'être accueillis dans une famille aimante, mais pour beaucoup d'autres une vie de labeur, ou de servitude.
    Vivian Daly n'avait que neuf ans lorsqu'on l'a mise dans un de ces trains. Elle vit aujourd'hui ses vieux jours dans une bourgade tranquille du Maine, son lourd passé relégué dans de grandes malles au grenier.
    Jusqu'à l'arrivée de Mollie, dix-sept ans, sommée par le juge de nettoyer le grenier de Mme Daly, en guise de travaux d'intérêt général. Et contre toute attente, entre l'ado rebelle et la vieille dame se noue une amitié improbable. C'est qu'au fond, ces deux-là ont beaucoup plus en commun qu'il n'y paraît, à commencer par une enfance dévastée...

     

    Auteur : Christina Baker Kline

     

    Edition : Belfond français

     

    Genre : historique

     

    Date de parution : 1 octobre 2015

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : Ce que j’ai le plus apprécié dans ce livre, outre le fait que l’écriture est très agréable, c’est qu’on apprend, en balançant entre passé et présent, un épisode de l’histoire des Etats-Unis dont on parle rarement : les trains qui sillonnaient l’Amérique, en partance de New York, pour y distribuer, comme du bétail, des orphelins dans les villes du Midwest. La plupart du temps, ce n’est pas une famille aimante qu’allaient trouver ces enfants, mais un véritable esclavage. Main d’œuvre gratuite, ils étaient soumis au bon vouloir des personnes qui les emmenaient (leur « placement » était d’ailleurs qualifié de « tractation »).
    En voyant les histoires respectives de Molly et Vivian, on se raconte que tout a changé pour les orphelins et qu’en même temps, tout est resté pareil.
    Du temps de Vivian, on trouvait normal de les exposer comme du bétail, de les donner à des gens qui cherchaient des bras pour travailler gratuitement à la ferme ou dans les maisons. On prévenait bien les « parents adoptifs » qu’il était obligatoire de les envoyer à l’école, mais s’ils ne le faisaient pas, personne ne se donnait la peine de venir rectifier la situation. Peu importe également qu’ils soient maltraités ou privés de nourriture. De toute façon, ils étaient considérés comme des êtres inférieurs, voués à la délinquance, sans aucun droit à la parole et qu’il fallait remettre dans le droit par la force, comme si le fait de perdre leurs parents étaient de leur faute.
    80 ans plus tard, à l’époque de Molly, il y a des lois plus strictes. Les enfants vont à l’école et les travailleurs sociaux s’en assurent ; on ne peut plus changer leur prénom à n’importe quel âge sous prétexte qu’il ne plait pas… Mais le suivi est peu scrupuleux par ailleurs. Dans les familles d’accueil, alcoolisme, abus, maltraitance sont monnaie courante et les enfants placés apprennent vite à mentir pour ne pas être catalogués « à problèmes ». L’entourage se montre bien plus intransigeant avec eux qu’avec les « enfants avec famille ».
    Molly est condamné à des heures d’intérêt général pour avoir volé un vieux livre dans la bibliothèque. Si elle avait eu des parents, elle aurait pris une tape sur les doigts, là on la menace du centre de détention pour mineur.
    En fait on se rend compte que les parents adoptifs de l’époque de Vivian ressemblent aux familles d’accueil de l’époque de Molly. Alors même si, de nos jours, les parents adoptifs sont triés sur le volet, il semble qu’il y ait encore des progrès à faire pour le bien être des enfants à la merci du système.
    Jack, le petit ami de Molly, et Terry, sa mère, m’énervent. Terry a décidé qu’elle voulait que le grenier soit débarrassé, mais elle n’est qu’une employée de maison. Pour qui se prend-t-elle ? Quant à Jack, il montre qu’il considère lui aussi Molly comme étant « à problème » quand il lui dit qu’elle doit sauver les apparences.
    Molly devrait dire la vérité à Vivian sur la raison de sa présence, à savoir les heures d’intérêt général qu’elle doit faire. Ainsi Terry ne pourrait plus rien dire.
    Dina, la mère d’accueil de Molly, ressemble aux femmes à qui Vivian a été confronté : elle ne veut pas être famille d’accueil, elle ne veut pas donner de son temps et se sens supérieure à ceux qui ont perdu leur famille. Ralph, le père d’accueil, qui est celui qui a voulu se lancer dans cette aventure, ne semble pas être capable de tenir tête à sa femme, ou à qui que ce soit d’ailleurs : un mollusque, voilà ce qu’il est.
    Vivian qui a connu plusieurs familles désastreuses avant de trouver enfin un équilibre, est la plus à même de comprendre ce que peut ressentir Molly, bien que l’adolescente cache sa détresse derrière une carapace de dure à cuire.
    Et Molly, avec sa connaissance des technologies modernes, va aider Vivian a trouver un certain nombre de réponses sur son passé.
    Un livre qui ne contient presque aucune longueur et qui se dévore en un temps record.

    Un extrait : « Eh toi, l’Irlandaise ! Par ici. » De son maigre doigt recourbé, une matrone efflanquée à l’air sévère et coiffée d’un béguin blanc me fait signe d’avancer. Elle doit savoir quelle est ma nationalité grâce aux papiers remplis par M. Schatzman quand il m’a amenée à la Société d’aide aux enfants il y a quelques semaines. À moins que ce ne soit mon accent, toujours aussi épais que de la tourbe. « Hum ! Une rousse, dit-elle en faisant la moue, lorsque je me tiens devant elle.

    — Quel dommage ! commente la femme rondelette à son côté, avant d’ajouter avec un soupir : Et ces taches de rousseur. Déjà qu’à cet âge c’est difficile de leur trouver une famille d’accueil… »

    La maigre humecte son pouce et repousse les cheveux de mon visage. « Tu ne veux pas les faire déguerpir, n’est-ce pas ? Assure-toi que ton visage est dégagé. Si tu es soignée et bien élevée, peut-être qu’ils ne tireront pas de conclusions hâtives. »

    Elle reboutonne mes manches et, lorsqu’elle se penche pour renouer les lacets de mes chaussures noires, une odeur de moisissure se dégage de son béguin. « Il faut absolument que tu aies l’air présentable. L’air d’une fille qu’on aimerait avoir chez soi. Propre, polie, mais pas trop… » – elle échange un regard rapide avec l’autre femme.

    « Pas trop quoi ?

    — Certaines femmes n’aiment pas qu’une fille trop gracieuse dorme sous le même toit qu’elles. Non pas que tu sois si… Mais quand même. Et ça, qu’est-ce que c’est ? » me demande-t-elle en désignant mon pendentif du doigt.

    Je porte la main à la petite croix celtique en étain surmontée du symbole de Claddagh que je porte depuis que j’ai six ans. Du bout des doigts j’effleure le contour du cœur.

    « C’est une croix irlandaise.

    — Tu n’as pas le droit d’emporter de souvenirs avec toi dans le train. »

    Mon cœur bat si fort qu’elle doit sûrement l’entendre. « Elle appartenait à ma grand-mère. »

    Les deux femmes étudient le bijou, hésitent. Elles doivent décider quoi faire.

    « Elle me l’a donnée quand j’étais en Irlande, avant notre départ. C’est… C’est la seule chose qui me reste. » Ce qui est vrai. Mais je le dis aussi parce que je pense que cela va les attendrir. Et ça marche.

     

    Nous entendons le train avant de le voir. Un bourdonnement sourd, un grondement sous nos pieds, un sifflement grave, d’abord à peine audible puis de plus en plus sonore à mesure que le train s’approche. Tendant le cou, nous nous penchons au-dessus des voies pour essayer de le voir (un de nos chaperons, Mme Scatcherd, crie d’une voix aiguë : « Les enfants, reprenez place, les enfants ! »). Tout à coup, le voilà : la locomotive nous surplombe de toute sa masse, obscurcissant le quai, et laisse s’échapper un jet de vapeur stridulant, comme un gigantesque animal à bout de souffle.

    Nous sommes vingt enfants, de tous âges. Nous avons été récurés et portons des vêtements qui nous ont été donnés : robes, tabliers blancs et collants épais pour les filles, culottes boutonnées sous le genou, chemises blanches, cravates et vestes de costume en lourd drap de laine pour les garçons. Il fait incroyablement chaud en ce jour d’octobre et, debout sur le quai, nous étouffons. Mes cheveux sont collés dans ma nuque, ma robe est raide et inconfortable. D’une main, je tiens une petite valise marron qui, à l’exception de ma croix celtique, contient tout ce que je possède en ce monde, toutes choses récemment acquises : une bible, deux changes de vêtements, un chapeau, un manteau beaucoup trop petit pour moi, une paire de chaussures. Mon nom a été brodé à l’intérieur du manteau par une bénévole de la Société d’aide aux enfants : Niamh Power.

    Oui, Niamh. Cela se prononce « Niv ». C’est un prénom assez répandu dans le comté de Galway et pas complètement inhabituel parmi les Irlandais de New York. Cependant, il y a peu de chance qu’il le soit à l’endroit, quel qu’il soit, où le train m’emmènera. La femme qui brodait ces lettres il y a quelques jours a claqué la langue : « J’espère pour toi, jeune demoiselle, que tu n’es pas trop attachée à ce prénom, parce que je te garantis que, si tu as la chance d’être adoptée, tes parents le changeront immédiatement. » Mon père m’appelait « ma petite Niamh ». Mais je n’y tiens pas tant que ça. Je sais qu’il est étranger et difficile à prononcer, qu’il ne sonne pas bien à l’oreille de ceux qui ne le comprennent pas. Comme un curieux assemblage de consonnes mal assorties.

    Personne ne me plaint d’avoir perdu ma famille. Chacun d’entre nous a vécu une histoire triste. Autrement, nous ne serions pas ici. En général, nous préférons ne pas évoquer notre passé, conscients du fait que seul l’oubli peut apaiser notre peine. L’association elle-même nous traite comme si nous venions de naître, comme si nous étions des insectes qui, ayant brisé leur cocon, ont laissé leur passé derrière eux et, par la grâce de Dieu, s’apprêtent à entamer une nouvelle vie.

     

  • [Livre] Aurora Teagarden - T03 - A vendre: trois chambres, un cadavre

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    Résumé : Aurora avait décidé de devenir agent immobilier, et c’est lors de sa première visite organisée qu’elle découvre dans la maison, un cadavre. Fait du hasard ? Soit. Mais, alors qu’elle retente l’expérience, elle fait à nouveau une macabre rencontre. C’est bien la preuve qu’un serial-killer, sévit dans la petite ville de Lawrencetown. Mais il semble très bien renseigné sur la vie de Roe…

     

    Auteur : Charlaine Harris

     

    Edition : J’ai lu 

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 09 Octobre 2013

     

    Prix moyen : 9€

     

    Mon avis : C’est alors qu’elle rend service à sa mère en faisant patienter les acheteurs potentiel d’un bien de luxe, qu’Aurora tombe sur un cadavre dans la chambre principale, celui d’un agent immobilier concurrent qui a fait visiter la maison la veille. L’inspecteur Jack Burn est, comme vous l’imaginez, ravi de croiser encore une fois Roe sur une scène de crime !
    Puis c’est en visitant des maisons pour un achat personnel que Roe découvre le second cadavre. A ce rythme là, la police de Lawrencetown va bien finir par l’embaucher comme chien renifleur de cadavre !

    Autant vous dire que Roe va vite oublier son envie de devenir agent immobilier !
    Coté cœur, la voilà qui s’encanaille. Alors qu’elle sort, sans grande conviction, avec le pasteur épiscopalien de la ville, une révélation de ce dernier va précipiter leur rupture (et de toute évidence, le père Scott ne va pas rester seul bien longtemps). Mais Roe va vite s’en remettre. Il faut dire qu’au premier regard, elle a craqué sur le richissime client en compagnie duquel elle a découvert le premier cadavre. Un chef d’entreprise bilingue, de 15 ans son aîné, ancien Marine au viet Nam… Elle aurait tort de s’en priver, certes, mais elle nous avait habitués à plus de retenue… Je pense qu’être avec un homme qui se contente d’un bisou par ci par là et vous fait bien comprendre qu’il n’ira pas plus loin avant le mariage (tout en ne laissant aucunement penser qu’il a l’intention d’aller jusqu’au dit mariage) ça a de quoi provoquer certaines frustrations !
    Voilà qui aurait de quoi largement occuper Miss Teagarden, mais non, elle ne peut pas s’empêcher de poser des questions à tout le monde sur les meurtres commis…
    On sait qu’elle va s’attirer des ennuis ! Il faudrait presque la tenir en laisse !
    Et la voilà maintenant qui craque sur une maison dont les propriétaires se sont évaporés dans la nature quelques années plus tôt (le plus gros mystère de Lawrencetown).
    On ne sait pas trop qui de Roe ou des ennuis cherche l’autre !
    Encore une fois, le coupable n’est dévoilé qu’à la fin, mais cette fois, il m’a moins surpris que les précédents. Je me suis même reprochée de ne pas y avoir pensé plus tôt car plusieurs indices pointaient vers lui avec un peu de réflexion.
    Et vu comment se termine le livre, malgré une enquête bouclée, je n’ai pas pu résister à commencer immédiatement le tome 4 !

    Un extrait : Cet homme avait au moins quinze ans de plus que moi et venait d'un monde qui m'était parfaitement étranger. Sa proximité me rappelait silencieusement néanmoins que depuis quelque temps, je sortais avec un pasteur pour qui le sexe avant le mariage n'était pas envisageable. Et avant le père Aubrey Scott, je n'étais sortie avec personne depuis des mois.

    Bien. Il n'était pas judicieux de faire mariner mes interlocuteurs dans l'entrée tandis que je passais en revue ma vie sexuelle (désertique). J'administrai un coup de baguette à mes hormones et me sermonnai en silence : les vagues de désir qui déferlaient sur moi n'étaient certainement que le fruit de mon imagination.

    — En haut de cet escalier se trouve l'une des plus belles pièces de cette demeure, déclarai-je avec détermination. La suite parentale.

    Je m'adressai au menton de M. Bartell plutôt qu'à ses yeux. Je pris les marches et ils me suivirent docilement. Je le sentais juste derrière moi et dus prendre plusieurs respirations pour me calmer. La situation devenait proprement ridicule.

    — La maison ne comporte que trois chambres, mais elles sont toutes merveilleuses. Ce sont des suites, en réalité. Chacune a au moins un dressing, un boudoir pour s'habiller et une salle de bains.

    — Fantastique ! s'exclama Barby.

    Frère et sœur ? C'était peut-être vrai.

    — La suite parentale se trouve derrière cette porte à double battant en haut des marches. Elle comporte deux dressings. La chambre bleue se trouve sur la droite du palier, et la rose est à gauche. La porte supplémentaire à gauche donne sur une petite pièce que la famille Anderton avait consacrée aux enfants. C'est là qu'ils faisaient leurs devoirs et regardaient la télévision. Elle pourrait servir de bureau, ou d'atelier de couture, ou...

    Je ne savais plus que dire. La pièce serait utile, point final. Elle conviendrait parfaitement comme salle de musculation pour Martin Bartell, bien mieux que celle du bas.

    — La porte supplémentaire à droite ouvre sur l'escalier qui monte depuis la cuisine.

    Toutes les portes des chambres étaient closes, ce qui me sembla un peu curieux.

    D'un autre côté, cela me permettrait un bel effet théâtral : je m'avançai vers la suite parentale, tournai les deux boutons de porte en même temps et les poussai d'un grand geste, tout en m'effaçant immédiatement pour offrir aux clients de mère le meilleur point de vue. Je m'étais retournée en même temps pour observer leur réaction.

    — Ah, mon Dieu ! fit Barby.

    Ah bon ?

    Martin Bartell, lui, affichait une mine sinistre.

    Lentement et à contrecœur, je me retournai pour comprendre.

    Au milieu du lit immense, la femme était assise contre le dosseret. Les draps de soie blanche étaient remontés jusqu'à sa taille. Ses seins nus constituaient le premier détail le plus choquant. Le second, c'était son visage, noirci et boursouflé. On avait tenté de lisser sa chevelure crêpée et hirsute pour lui donner un semblant de normalité. Et entouré ses poignets, disposés le long de ses jambes, de lanières de cuir.

    — Ça, c'est Tonia Lee Greenhouse, fit remarquer ma mère, debout derrière ses clients. Aurora s'il te plait, va t'assurer que Tonia Lee est décédée.

     

  • [Livre] Aurora Teagarden – T02 - Un Crime en Héritage

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    Résumé : Dans la petite ville de Lawrenceton, en Géorgie, Aurora "Roe" Teagarden, a la surprise d’être désignée seule héritière d’une vieille femme qui n’était qu’une connaissance. La voilà à la tête d’une somme d’argent rondelette, de bijoux et surtout d’une maison. Mais lorsqu’elle découvre, dans cette demeure, un crâne humain caché sous une banquette, elle comprend qu’elle a surtout hérité d’un meurtre à résoudre. Mais comment mener l’enquête auprès du voisinage, sans éveiller leurs soupçons ?

     

    Auteur : Charlaine Harris

     

    Edition : J’ai lu 

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 03 juillet 2013

     

    Prix moyen : 9€

     

    Mon avis : J’ai trouvé l’histoire mieux menée que dans le tome 1. Depuis la fin du tome précédent, un an s’est écoulé et, dans les premiers chapitres, on apprend tout ce qui s’est passé pendant cette année. Le plus important de ces évènements est la mort de Jane Engle qui va léguer tous ses biens à Roe : sa maison, son argent, ses bijoux… et un crâne humain caché dans une banquette. Bien qu’elles aient toujours entretenu d’excellents rapports lorsqu’elles faisaient toutes deux partie du club des amateurs de meurtres, elles n’étaient si proches que ça et Roe est vraiment étonnée d’être son héritière.
    Comme dans le premier tome, Roe oscille entre excitation devant cet argent qui tombe du ciel et culpabilisation d’être heureuse alors que Jane est morte.
    Pour une raison que je ne m’explique pas, Roe n’appelle pas la police quand elle découvre le crâne. Elle le dissimule et cherche à qui il peut appartenir.
    Enfin, cherche… c’est un bien grand mot car elle ne fait aucune enquête, elle passe plus de temps à se demander ce qu’elle va faire qu’à agir de quelque manière que ce soit.
    Bien qu’on nous vende cette saga comme des livres policiers, pour l’instant je ne vois aucun travail d’enquête amateur qui justifierait le classement de cette saga dans cette catégorie.
    La lecture n’en est pas moins agréable et l’écriture toujours aussi fluide.
    Roe parait moins écervelée par moment et l’instant d’après elle prend des décisions ahurissantes qui me feraient presque douter de sa santé mentale.

    Aurora a également un nouveau soupirant, bien qu’elle pense beaucoup à Robin, l’écrivain et qu’elle vienne à peine de se remettre de sa rupture avec Arthur, l’inspecteur, qui vient d’épouser la rivale d’Aurora : Lynn.
    J’ai beaucoup aimé voir Aurora s’affirmer face à sa mère et se laisser beaucoup moins marcher sur les pieds.
    Bien qu’on ne soit pas vraiment dans un roman policier, j’ai hâte de lire la suite, en espérant qu’Aurora sera plus active dans les prochaines enquêtes.

    Un extrait : Le jour du premier mariage, celui du mois de janvier précédent, je m'armai comme pour partir au combat. Je relevai ma tignasse brune en un chignon de tresses sophistiqué - c'était du moins l'effet que je souhaitais obtenir -, je choisis le soutien-gorge qui optimisait au mieux mes atouts les plus visibles et enfilai une robe à épaulettes or et bleu, flambant neuve. Les escarpins étaient ceux que j'avais achetés pour aller avec une tenue portée lors d'un dîner avec Robin Crusoe. Je poussai un long soupir en les chaussant. Je ne l'avais pas vu depuis des mois. Ce n'était pas une bonne idée de penser à lui. Je trouvais la journée déjà suffisamment déprimante. Au moins, les talons me donneraient de la hauteur. Je me maquillai ensuite, mon nez touchant presque le miroir : sans mes lunettes, je ne vois pas grand-chose. Après avoir appliqué autant de fard que possible, j'en rajoutai encore un peu : mes yeux ronds s'arrondirent encore et mes cils s'allongèrent. Puis je recouvris le tout de mes grosses lunettes rondes.

    Après avoir glissé un mouchoir dans mon sac - simple mesure de précaution -, je m'examinai dans la glace avec inquiétude. J'étais déterminée à projeter une image digne et assurée. Enfin, je descendis l'escalier de ma maison pour prendre mes clés et mon plus beau manteau, avant de partir vaillamment me jeter dans la fosse aux lions que représentent les noces d'un ex-petit ami.

    Arthur Smith et moi nous étions rencontrés au club des Amateurs de meurtres. L'un de nos membres avait été assassiné puis toute une série de meurtres s'était ensuivie et il avait prêté son assistance pour l'enquête. Après la résolution de ces affaires, j'étais sortie avec lui pendant des mois. Brûlante et passionnelle, notre relation avait constitué pour moi une expérience unique. Ensemble, nous crépitions littéralement d'une ardeur qui éclipsait nos personnages ordinaires - une bibliothécaire trentenaire et un policier divorcé.

    Ensuite, aussi brusquement qu'il était né, le feu était retombé pour s'éteindre. De son côté de l'âtre en premier. J'avais finalement compris le message : « Je poursuis cette relation jusqu'à ce que je trouve un moyen de me défausser sans tapage. » Rassemblant tous mes efforts, je m'étais drapée dans ma dignité pour mettre fin à la relation moi-même - et sans tapage. Ce qui m'avait coûté toute mon énergie et ma volonté. J'avais pleuré dans mon oreiller pendant six mois environ.

    Je commençais à me sentir mieux et n'étais pas même passée devant le commissariat depuis une semaine, lorsque j'aperçus l'annonce des fiançailles dans le Sentinel.
    Un kaléidoscope de couleurs passa devant mes yeux : vert, pour la jalousie, rouge, pour la rage, et bleu pour le blues. Jamais je ne me marierais. Jusqu'à la fin de ma vie, je me contenterais d'aller aux cérémonies nuptiales des autres. J'allais m'arranger pour ne pas être en ville ce jour-là et ne pas être tentée d'emprunter le chemin de l'église.

    Puis le faire-part arriva dans ma boîte aux lettres.

    Lynn Liggett, fiancée et collègue d'Arthur, m'avait jeté son gant à la figure. C'est du moins ainsi que j'interprétai l'invitation.

    Je relevai le défi. Je choisis une assiette impersonnelle et coûteuse dans la liste de mariage de Lynn et laissai ma carte dessus. À présent, armée de ma robe or et bleu et de ma coiffure extravagante, je me rendais à la fête.

     

  • C'est lundi que lisez vous? #62

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    Rendez-vous initié par Mallou qui s'est inspirée de It's Monday, What are you reading ? de One Person’s Journey Through a World of Books. Le récapitulatif des liens se fait maintenant sur le blog de Galleane.

     

    Il s'agit de répondre à trois questions:

    Qu'ai-je lu la semaine passée?
    Que suis-je en train de lire?
    Que lirai-je après?

     

    Comme au boulot on est bourré de filtres, ça me prend vraiment trop de temps de venir voir et commenter vos blogs le matin. Je passerai donc ce soir! Bonne journée!

     

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    Et vous, que lisez-vous?

     

  • Le tiercé du samedi #60

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    Rappel du principe: Chaque semaine, le samedi comme son nom l’indique, il conviendra de choisir les trois livres, le trio gagnant, correspondant au thème proposé.

    A la fin de chacun de ces Rendez-vous, j’indiquerai le thème de la semaine suivante.

    Ce Rendez-Vous Livresque a été inspiré de « The Saturday Awards Book » créé par l’Echos de mots, et qui n'existe plus aujourd'hui.

    Comme annoncé la semaine dernière, le thème d'aujourd'hui est:

    Les trois livres que vous ne vous lassez pas de relire (même si vous n’avez, en fait, jamais le temps de le faire)

     

    Alors pour ma part, il y en a bien plus que 3 et ils ont été très dur à départager. Mais le trio gagnant est:

     

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    Marche ou crève

     

     

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    La saga Morgane Kingsley

     

     

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    Autant en emporte le vent

     

     

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    Pour la semaine prochaine, le thème sera: Les trois livres indispensables à lire à des enfants ou à conseiller à de jeunes ados (parce que plus tard, ne nous voilons pas la face, il suffit qu’on leur conseille un livre pour qu’ils décident aussitôt qu’ils ne le liront jamais)

    Et n'hésitez pas à laissez en commentaire le lien vers votre propre tiercé du samedi!

     

  • [Livre] Aurora Teagarden – T01 - Le Club des Amateurs de Meurtres

    aurora teagarden tome 1 le club des amateurs de meurtres.jpg

    Résumé : Chaque petite ville a ses mystères et Lawrenceton, en Georgie, n'échappe pas à la règle. Le club des Amateurs de meurtres se réunit une fois par mois pour étudier de célèbres cold cases. Pour Aurora Teagarden, jeune bibliothécaire, c'est un passe-temps aussi agréable qu'inoffensif. Jusqu'au jour où elle découvre le corps sans vie d'une des membres du cercle. Étrangement, la scène du crime ressemble à une ancienne affaire. Des fidèles du club sont assassinés et ces meurtres ont des allures de copycat. Tous les membres, y compris Aurora, sont des coupables plausibles, et des victimes potentielles. Qui se cache derrière ce jeu macabre ?

     

    Auteur : Charlaine Harris

     

    Edition : J’ai lu 

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 15 mai 2013

     

    Prix moyen : 9€

     

    Mon avis : Ce premier tome était une petite lecture agréable. Même si je connaissais l’identité du coupable pour avoir vu le film tiré de ce tome (film qui présente se sacré différence sur pas mal de choses, mais qui relate l’essentiel), j’ai pris plaisir à chercher les indices qui pouvait mener à cette conclusion. Je n’en ai pas vraiment trouvé, mais quand Aurora se récapitule ce qui aurait du la mettre sur la voie, j’avoue que j’ai eu la flemme d’aller vérifier si j’aurais pu avoir les mêmes impressions en relisant les passages.
    J’ai retrouvé avec plaisir l’écriture de Charlaine Harris. Ayant constaté qu’elle avait tendance à laisser se détériorer son écriture lorsqu’elle se lasse de son personnage principal (comme dans la communauté du sud), j’espère conserver ce plaisir au fil des tomes d’Aurora Teagarden.
    A priori, le prénom Aurora est un prénom vraiment inhabituel aux Etats-Unis car l’accent est mis sur cette particularité (cela dit, il y a bon nombre de prénoms parfaitement courant aux Etats-Unis qui nous paraîtrait à coucher dehors).
    Ce que j’ai aimé chez Aurora, c’est qu’elle est loin d’être la fille parfaite : elle va à l’église en dilettante, plus pour s’y montrer et donner l’image de la respectabilité que par piété, elle avoue elle-même se montrer assez méprisante avec certaines personnes, lorsque le premier meurtre est commis elle est plus surexcitée d’avoir affaire à un « vrai » meurtre que désolée pour la victime…
    J’ai regretté qu’on n’en sache pas plus sur l’inspecteur chargé de l’affaire, Jack et qu’on ne se focalise que sur Arthur, qui est certes un soupirant d’Aurora, mais un simple assistant sur cette affaire. J’aurais par exemple aimé savoir pourquoi il refuse d’admettre que les crimes copient des crimes anciens.
    J’aurais aimé en savoir un peu plus sur les motivations du coupable, je suis un peu restée sur ma faim à ce niveau, mais bon, d’un autre coté, on n’a pas toujours la réponse à la question « pourquoi ».

    Malgré une lecture agréable, j’ai trouvé que l’histoire peinait un peu à trouver son rythme. Peut être une difficulté de l’auteur à gérer un nouveau personnage. A voir dans les prochains tomes si l’on trouve plus de fluidité.

    Un extrait : — Ce soir, je voudrais vous parler d'un cas des plus fascinants, celui de l'affaire Wallace.

    Je m'adressais à mon miroir, essayant d'abord l'enthousiasme, puis la sincérité, et enfin le sérieux.

    Ma brosse s'accrocha dans un nœud, ce qui avait le don de m'agacer.

    Je repris, optant cette fois-ci pour la détermination.

    — Nous aurons largement de quoi nous occuper ce soir : je vous présente l'affaire Wallace.

    Notre club comptait une douzaine de membres, ce qui s'accordait parfaitement au rythme de nos réunions mensuelles : chacun présentait tour à tour un meurtre en particulier. Le Meurtre du Mois, comme nous aimions l'appeler, ne suffisait pas toujours à remplir la séance. Pour l'étoffer dans ce cas, l'animateur faisait venir un invité : un officier de police de la ville par exemple, un psychologue spécialisé en thérapie des criminels, ou encore le responsable du Centre de secours aux victimes de viol. Il nous arrivait également de regarder un film.

    Pour ma part, j'avais eu de la chance. L'affaire Wallace était idéale : elle comportait suffisamment de détails pour intéresser mon public, tout en me permettant de les exposer correctement sans me presser. Ce n'était pas toujours ainsi : nous avions dû allouer deux séances à Jack l'Éventreur. Pour son exposé, Jane Engle avait choisi l'une des victimes ainsi que les circonstances qui entouraient chacun des meurtres. Arthur Smith quant à lui s'était chargé de l'enquête policière et des suspects. Car Jack, c'est du sérieux.

    — Les éléments dans cette affaire sont les suivants : un homme prétendant se nommer Qualtrough, un tournoi d'échecs, une femme à l'apparence anodine du nom de Julia Wallace, et bien sûr l'accusé, son époux, à savoir William Herbert Wallace.

    Je rassemblai mes cheveux bruns en queue de cheval. Allais-je en faire un chignon ou une natte ? J'hésitais également à les laisser libres en les retenant simplement d'un bandeau... La natte. Pour avoir l'impression d'être intellectuelle et branchée. Tandis que je divisais ma chevelure en trois mèches, mon regard se porta sur une photo de ma mère. C'était un portrait professionnel encadré qu'elle m'avait offert pour mon anniversaire.

    — Tu m'avais dit que tu en voulais une, s'était-elle expliquée avec désinvolture.

    Ma mère ressemble à Lauren Bacall. Grande et élancée, elle est toujours élégante, jusqu'au bout des ongles. Elle s'est taillé un véritable petit empire immobilier. De mon côté, je mesure 1,52 mètre, je porte de grosses lunettes rondes et j'ai réalisé mon rêve d'enfance en devenant bibliothécaire. Ma mère m'a prénommée Aurora. À sa décharge, elle s'appelle Aida. Pour elle, Aurora ne devait pas sembler si extravagant.

     

  • [Livre] Le silence de Mélodie

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    Résumé : Quand j'ai eu deux ans, tous mes souvenirs avaient des mots, et tous mes mots avaient une signification.

    Mais seulement dans ma tête.

    Je n'ai jamais prononcé un seul mot. J'ai presque onze ans.

    Mélodie n'est pas une enfant ordinaire. À cause de sa maladie, elle ne peut ni marcher ni parler, mais elle a une mémoire photographique : elle se souvient de tout ce qu'elle a vécu dans les moindres détails. À seulement 11 ans, elle est déjà plus intelligente que les adultes qui veulent la diagnostiquer, et bien plus encore que ses camarades de classe, les mêmes qui pensent qu'elle est attardée car elle ne peut pas les contredire. Mais Mélodie refuse d’être définie par son handicap, et elle est déterminée à le faire savoir au monde entier, d'une manière ou d'une autre. Aussi, lorsqu’elle reçoit un ordinateur qui lui permet, pour la première fois, de communiquer, sa vie change du tout au tout. Avec l'aide de la machine qu'elle nomme Elvira, Mélodie a enfin une voix... mais tout le monde n’est pas prêt à l'entendre.

     

    Auteur : Sharon M. Draper

     

    Edition : Michel Lafon

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 22 Janvier 2015

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : Melodie, 11 ans, est atteinte de paralysie cérébrale. Mais si son corps ne lui obéit pas (elle ne peut ni parler, ni marcher, ni attraper quelque chose, ni se tenir assise ou se retourner, seul ses pouces sont mobiles et sous contrôle), son esprit lui fonctionne à plein régime.
    Non seulement elle est synesthésique (La synesthésie peut prendre plusieurs formes, Melodie voit les sons sous forme de couleur) mais elle est dotée d’une mémoire eidétique. Elle se souvient d’absolument tout ce qu’elle voit, lit ou entend. Comme elle ne peut pas tenir un livre, soit on doit lui tenir le livre ou les fiches, soit elle écoute des livres audio.
    Les parents de Melodie sont persuadés de l’intelligence de leur fille, alors même que tout le monde leur affirme qu’elle est forcément déficiente mentale (puisqu’elle ne peut pas s’exprimer).
    Même si parfois ils perdent patience (ce qui se conçoit, car même s’ils l’aiment beaucoup, s’occuper d’une enfant aussi lourdement handicapée que Melodie est exténuant) ou n’arrivent pas à la comprendre, jamais ils ne capitulent face aux médecins arrogant ou aux institutrices démissionnaires.
    Si j’ai un reproche à leur faire, c’est d’être bien trop laxiste avec Penny, leur seconde fille. Peut être le soulagement que celle-ci ne souffre pas d’handicap a-t-il influencé leur comportement avec elle, mais ils ne lui rendent pas service.
    Je n’avais pas lu quarante pages que j’avais déjà envie de baffer le médecin qui considère Melodie comme gravement attardée alors qu’elle répond parfaitement à ses questions. Il est juste incapable de réfléchir au-delà de ses petites fiches et la mère de Melodie lui tient un discours parfait, j’ai beaucoup aimé sa tirade !
    A l’école, les choses ne sont guère mieux, bien qu’une de ses institutrices lui ait fait découvrir les livres audio.
    Les choses vont commencer à changer en Cm2 grâce à plusieurs éléments : l’arrivée de Catherine, l’assistante scolaire de Melodie, son professeur de Cm2 qui ne la traite pas en attardée, sait reconnaître son potentiel et organise des incursions dans certaines matières des classes dites normales et surtout, l’acquisition, laborieuse, d’un ordinateur spécialisé qui va donner à Melodie ce qui lui manquait depuis si longtemps : une voix.
    Si les élèves « normaux » se montrent assez stupides, comme Rose et Connor, oscillant entre gentillesse et condescendance, si d’autres sont  vraiment odieux, comme Molly et Claire, ils restent des enfants de 11 ans, et on le sait, les enfants sont souvent cruels devant la différence.
    J’ai été beaucoup plus choquée par l’attitude du professeur d’histoire.
    Melodie surprend tout le monde en se sélectionnant pour un concours dont la finale doit se tenir à Washington et être retransmise à la télévision.
    Malgré le fait qu’elle donne plus de bonnes réponses que ses coéquipiers, elle semble être toujours considérée comme à part, comme une sorte de singe savant. On ne lui reconnaît quasiment pas de capacité de réflexion. Lorsqu’elle réussi, on parle presque de coup de chance.
    Au final, c’est une véritable trahison que ce professeur et les membres de l’équipe vont faire subir à Melodie. Et j’ai été bien contente des conséquences pour eux.
    Enfin, une mention spéciale pour Mme V., la première a avoir vraiment compris le potentiel de Melodie et a avoir tout mis en œuvre pour la montrer au monde entier.
    Ce livre est un véritable coup de cœur qui montre avec beaucoup de tendresse ce que peut ressentir un handicapé prisonnier de son propre corps et à quel point les actions et réactions des autres peuvent le blesser, même s’il ne peut pas le montrer.

    Un extrait : Je ne peux ni parler, ni marcher, ni manger, ni aller aux toilettes toute seule. Pas cool.
    Mes bras et mes mains sont plutôt raides, mais j’arrive à enfoncer les touches de la télécommande, et à déplacer mon fauteuil roulant grâce à des poignées sur les roues. Je suis incapable de tenir une cuillère ou un crayon sans les faire tomber. Quand à mon équilibre, il est quasiment nul. Un culbuto serait plus stable que moi.
    Quand on me regarde, j’imagine qu’on voit une brune aux cheveux courts et bouclés, sanglée dans un fauteuil roulant rose. Soit dit en passant, un fauteuil roulant rose n’a rien de mignon, rose ou pas, ça ne change rien.
    Une brune, donc, avec des yeux marron foncé qui brillent de curiosité, excepté peut être qu’un des deux part légèrement de traviole.
    Sa tête oscille un peu.
    Parfois elle bave.
    Elle est vraiment toute petite pour une fille de dis ans trois quart.
    Ses jambes sont très maigres, sans doute car elles n’ont jamais servi.
    De temps en temps, son corps, qui a tendance à n’en faire qu’à sa tête, la pousse à envoyer des coups de pied inopinés et à faire des moulinets avec les bras, heurtant tout ce qui se trouve à proximité : pile de CD, bol de soupe, vase rempli de roses.
    C’est pas vraiment sous contrôle, tout ça.
    Quand les gens ont fini de dresser la liste de mes problèmes, ils prennent peut-être le temps de remarquer que j’ai un sourire assez joli et de larges fossettes – elles sont plutôt cool, mes fossettes.
    Je porte de minuscules boucles d’oreilles en or.
    Parfois on ne me demande même pas mon prénom comme si ça n’avait pas d’importance. Pourtant ça compte.
    Je m’appelle Melodie.
    Je me souviens de l’époque où j’étais toute petite. Bien sûr, difficile de distinguer mes propres souvenirs des vidéos que mon père a tournées avec son Caméscope. Je les ai visionnées des milliers de fois.
    Maman qui me ramène de la maternité, le visage souriant mais le regard inquiet.
    Melodie repliée dans une minuscule baignoire pour bébé. Mes bras et mes jambes avaient l’air vraiment maigrichons. Je ne barbotais pas et je n’agitais pas les pieds.
    Melodie enveloppée dans des couvertures sur le canapé du salon, l’air contente d’être là. Je ne pleurais pas beaucoup, bébé. C’est maman qui le dit.
    Ma mère qui me masse avec de la lotion, après un bain – je me rappelle encore son parfum de lavande – puis qui m’emmitoufle dans une serviette douillette avec une petite capuche en pointe.
    Papa qui fait des vidéos de moi quand on me donnait à manger, quand on me changeait, et même quand je dormais. Je suppose que plus je grandissais, plus il attendait que je me retourne, que je m’asseye et que je marche toute seule.
    Ça n’est jamais arrivé.