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[Livre] Le silence de Mélodie

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Résumé : Quand j'ai eu deux ans, tous mes souvenirs avaient des mots, et tous mes mots avaient une signification.

Mais seulement dans ma tête.

Je n'ai jamais prononcé un seul mot. J'ai presque onze ans.

Mélodie n'est pas une enfant ordinaire. À cause de sa maladie, elle ne peut ni marcher ni parler, mais elle a une mémoire photographique : elle se souvient de tout ce qu'elle a vécu dans les moindres détails. À seulement 11 ans, elle est déjà plus intelligente que les adultes qui veulent la diagnostiquer, et bien plus encore que ses camarades de classe, les mêmes qui pensent qu'elle est attardée car elle ne peut pas les contredire. Mais Mélodie refuse d’être définie par son handicap, et elle est déterminée à le faire savoir au monde entier, d'une manière ou d'une autre. Aussi, lorsqu’elle reçoit un ordinateur qui lui permet, pour la première fois, de communiquer, sa vie change du tout au tout. Avec l'aide de la machine qu'elle nomme Elvira, Mélodie a enfin une voix... mais tout le monde n’est pas prêt à l'entendre.

 

Auteur : Sharon M. Draper

 

Edition : Michel Lafon

 

Genre : Jeunesse

 

Date de parution : 22 Janvier 2015

 

Prix moyen : 15€

 

Mon avis : Melodie, 11 ans, est atteinte de paralysie cérébrale. Mais si son corps ne lui obéit pas (elle ne peut ni parler, ni marcher, ni attraper quelque chose, ni se tenir assise ou se retourner, seul ses pouces sont mobiles et sous contrôle), son esprit lui fonctionne à plein régime.
Non seulement elle est synesthésique (La synesthésie peut prendre plusieurs formes, Melodie voit les sons sous forme de couleur) mais elle est dotée d’une mémoire eidétique. Elle se souvient d’absolument tout ce qu’elle voit, lit ou entend. Comme elle ne peut pas tenir un livre, soit on doit lui tenir le livre ou les fiches, soit elle écoute des livres audio.
Les parents de Melodie sont persuadés de l’intelligence de leur fille, alors même que tout le monde leur affirme qu’elle est forcément déficiente mentale (puisqu’elle ne peut pas s’exprimer).
Même si parfois ils perdent patience (ce qui se conçoit, car même s’ils l’aiment beaucoup, s’occuper d’une enfant aussi lourdement handicapée que Melodie est exténuant) ou n’arrivent pas à la comprendre, jamais ils ne capitulent face aux médecins arrogant ou aux institutrices démissionnaires.
Si j’ai un reproche à leur faire, c’est d’être bien trop laxiste avec Penny, leur seconde fille. Peut être le soulagement que celle-ci ne souffre pas d’handicap a-t-il influencé leur comportement avec elle, mais ils ne lui rendent pas service.
Je n’avais pas lu quarante pages que j’avais déjà envie de baffer le médecin qui considère Melodie comme gravement attardée alors qu’elle répond parfaitement à ses questions. Il est juste incapable de réfléchir au-delà de ses petites fiches et la mère de Melodie lui tient un discours parfait, j’ai beaucoup aimé sa tirade !
A l’école, les choses ne sont guère mieux, bien qu’une de ses institutrices lui ait fait découvrir les livres audio.
Les choses vont commencer à changer en Cm2 grâce à plusieurs éléments : l’arrivée de Catherine, l’assistante scolaire de Melodie, son professeur de Cm2 qui ne la traite pas en attardée, sait reconnaître son potentiel et organise des incursions dans certaines matières des classes dites normales et surtout, l’acquisition, laborieuse, d’un ordinateur spécialisé qui va donner à Melodie ce qui lui manquait depuis si longtemps : une voix.
Si les élèves « normaux » se montrent assez stupides, comme Rose et Connor, oscillant entre gentillesse et condescendance, si d’autres sont  vraiment odieux, comme Molly et Claire, ils restent des enfants de 11 ans, et on le sait, les enfants sont souvent cruels devant la différence.
J’ai été beaucoup plus choquée par l’attitude du professeur d’histoire.
Melodie surprend tout le monde en se sélectionnant pour un concours dont la finale doit se tenir à Washington et être retransmise à la télévision.
Malgré le fait qu’elle donne plus de bonnes réponses que ses coéquipiers, elle semble être toujours considérée comme à part, comme une sorte de singe savant. On ne lui reconnaît quasiment pas de capacité de réflexion. Lorsqu’elle réussi, on parle presque de coup de chance.
Au final, c’est une véritable trahison que ce professeur et les membres de l’équipe vont faire subir à Melodie. Et j’ai été bien contente des conséquences pour eux.
Enfin, une mention spéciale pour Mme V., la première a avoir vraiment compris le potentiel de Melodie et a avoir tout mis en œuvre pour la montrer au monde entier.
Ce livre est un véritable coup de cœur qui montre avec beaucoup de tendresse ce que peut ressentir un handicapé prisonnier de son propre corps et à quel point les actions et réactions des autres peuvent le blesser, même s’il ne peut pas le montrer.

Un extrait : Je ne peux ni parler, ni marcher, ni manger, ni aller aux toilettes toute seule. Pas cool.
Mes bras et mes mains sont plutôt raides, mais j’arrive à enfoncer les touches de la télécommande, et à déplacer mon fauteuil roulant grâce à des poignées sur les roues. Je suis incapable de tenir une cuillère ou un crayon sans les faire tomber. Quand à mon équilibre, il est quasiment nul. Un culbuto serait plus stable que moi.
Quand on me regarde, j’imagine qu’on voit une brune aux cheveux courts et bouclés, sanglée dans un fauteuil roulant rose. Soit dit en passant, un fauteuil roulant rose n’a rien de mignon, rose ou pas, ça ne change rien.
Une brune, donc, avec des yeux marron foncé qui brillent de curiosité, excepté peut être qu’un des deux part légèrement de traviole.
Sa tête oscille un peu.
Parfois elle bave.
Elle est vraiment toute petite pour une fille de dis ans trois quart.
Ses jambes sont très maigres, sans doute car elles n’ont jamais servi.
De temps en temps, son corps, qui a tendance à n’en faire qu’à sa tête, la pousse à envoyer des coups de pied inopinés et à faire des moulinets avec les bras, heurtant tout ce qui se trouve à proximité : pile de CD, bol de soupe, vase rempli de roses.
C’est pas vraiment sous contrôle, tout ça.
Quand les gens ont fini de dresser la liste de mes problèmes, ils prennent peut-être le temps de remarquer que j’ai un sourire assez joli et de larges fossettes – elles sont plutôt cool, mes fossettes.
Je porte de minuscules boucles d’oreilles en or.
Parfois on ne me demande même pas mon prénom comme si ça n’avait pas d’importance. Pourtant ça compte.
Je m’appelle Melodie.
Je me souviens de l’époque où j’étais toute petite. Bien sûr, difficile de distinguer mes propres souvenirs des vidéos que mon père a tournées avec son Caméscope. Je les ai visionnées des milliers de fois.
Maman qui me ramène de la maternité, le visage souriant mais le regard inquiet.
Melodie repliée dans une minuscule baignoire pour bébé. Mes bras et mes jambes avaient l’air vraiment maigrichons. Je ne barbotais pas et je n’agitais pas les pieds.
Melodie enveloppée dans des couvertures sur le canapé du salon, l’air contente d’être là. Je ne pleurais pas beaucoup, bébé. C’est maman qui le dit.
Ma mère qui me masse avec de la lotion, après un bain – je me rappelle encore son parfum de lavande – puis qui m’emmitoufle dans une serviette douillette avec une petite capuche en pointe.
Papa qui fait des vidéos de moi quand on me donnait à manger, quand on me changeait, et même quand je dormais. Je suppose que plus je grandissais, plus il attendait que je me retourne, que je m’asseye et que je marche toute seule.
Ça n’est jamais arrivé.

 

Commentaires

  • Je trouve que l'histoire a l'air originale et intéressante mais en lisant ta chronique, j'ai eu l'impression que tu avais eu beaucoup de frustration contre beaucoup de personnages :)

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