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[Livre] Une mère parfaite

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Résumé : Un coup de fil en pleine nuit et la vie de Jennifer Lewis bascule. Sa fille, Emma, vient d’être arrêtée. On l’accuse du meurtre d’un étudiant qu’elle aurait sauvagement poignardé à plusieurs reprises. Emma, une meurtrière ? Pour sa mère, c’est tout simplement impossible. Jennifer se précipite pour l’innocenter et la faire sortir de prison. Mais, pour la police, Emma est la coupable idéale et chaque détail sordide de l’histoire sort dans la presse. Avec l’aide d’un détective privé, Jennifer décide de mener sa propre enquête. Au fil des découvertes, cette mère qui se croyait parfaite, se rend compte qu’elle connait finalement peu de choses de la fille qu’elle a élevée. Peu à peu, un doute terrible s’insinue : Emma est-elle une victime manipulée ou une jeune femme particulièrement machiavélique ? Connaît-on vraiment son enfant ?

Auteur : Nina Darnton

 

Edition : City Editions

 

Genre : Thriller

 

Date de parution : 2015

 

Prix moyen : 20€

 

Mon avis : Dès les premières pages, j’ai été convaincue de la culpabilité d’Emma. Pour moi ça ne faisait aucun doute tant sa version des faits était truffée d’incohérences. Et quelque soit la fin de ce roman, qu’elle soit innocentée, ou qu’elle soit condamnée, pour moi, elle est coupable, et soit elle est confondue, soit elle a réussi à tromper son monde (je ferais un très mauvais juge d’instruction, je sais).
La vraie question était donc pour moi : Va-t-elle réussir à échapper à la justice espagnole ?
Et très vite, une seconde question a pointé son nez dans mon esprit : Quelle est le degré de responsabilité de Jennifer, la mère d’Emma, dans ce qu’est devenue sa fille ?
Les parents Mark et Jennifer m’ont énervée tous les deux sur leur manière de toujours mettre en avant la façon de faire espagnole, que ce soit dans l’action de la justice ou dans la vie de tous les jours, comme une façon de faire anormale. J’ai trouvé les avocats très patients de leur rappeler sans cesse, avec beaucoup de gentillesse, qu’ils n’étaient pas aux Etats-Unis et que le pays n’allait pas changer juste pour eux.
Mark m’a semblé plus lucide que Jennifer mais totalement démissionnaire. Au fil de ses apparitions, il parle de faits concernant Emma, de faits qui l’ont dérangé ou qu’il n’a pas apprécié mais à aucun moment il n’est intervenu ou n’a imposé son avis. Il s’est effacé devant son épouse.
Quant à Jennifer, elle obtient le pompom ! On en oublie presque qu’il s’agit de l’arrestation et du possible procès d’Emma tant son attitude est révoltante.
Si au début, elle agit comme toute mère aimante dont la fille se trouve dans une situation plus que délicate, ses pensées, ses réactions et ses souvenirs me l’ont très vite rendue très antipathique.
J’ai trouvé que c’était une mère égoïste et possessive. Qui fait tout pour ses enfants, non tant pour leur bien être mais pour que l’on loue la manière dont elle s’est sacrifiée pour eux. Leur père n’est quasiment qu’un donneur de spermatozoïdes et un compte en banque, qui n’a pas à être consulté. Elle veut être seule à prendre les décisions, seule à tout faire pour eux.
Quelques anecdotes dont elle se souvient corroborent le coté « je suis une mère parfaite et rien ne doit venir entacher mon image ». Ainsi, elle lit les livres de l’école pour aider sa fille cadette à faire ses dissertations (histoire qu’elles soient parfaites) ou encore quand Emma est surprise à tricher en copiant mot pour mot une source internet dans un devoir, elle crie à la méprise et à l’erreur (comme si c’était possible) mais surtout ne donne aucune punition à sa fille, s’offusquant presque qu’on l’ait accusée.
Pour moi la vraie question n’est pas : Connaît-on vraiment son enfant ? Mais : Qu’est-on capable de faire de son enfant pour conserver l’image de la perfection aux yeux des autres ?

 

Un extrait : Les filles la traitaient comme une confidente, elles lui racontaient tout, et, même si elles n’étaient sans doute pas parfaites, elle leur faisait confiance. Elles travaillaient dur, terminaient toujours dans les premiers de leur classe, participaient aux associations scolaires et ne dénigraient jamais leurs professeurs. Quand les enfants de certains de leurs amis prenaient des drogues ou avaient de mauvaises fréquentations, ou bien qu’ils se rebellaient contre leurs parents, devenaient haineux, elle en discutait avec ses filles. Elle ne le disait jamais, même à Mark, mais elle ne pouvait s’empêcher de penser que le secret de cette réussite apparente venait de son choix de rester mère au foyer, d’être toujours présente pour elles, de les prévenir des erreurs potentielles et de communiquer en permanence. Elle était fière d’elles, et fière de l’éducation qu’elle leur donnait.

Ses paupières devenaient lourdes. Même si elle ne dormirait certainement pas, elle se dit qu’elle ferait bien de s’allonger et de fermer les yeux quelques minutes.

Elle fut réveillée en sursaut par la sonnerie du réveil, à six heures et demie, l’heure de réveiller Eric et Lily. Sa fille était déjà sous la douche, mais Eric était étendu sur le dos par-dessus ses couvertures en bouchon, le Spider-Man de son pyjama la dévisageant en silence. Comme elle se penchait sur lui pour l’embrasser, il tendit les bras pour la serrer contre lui, et elle enfonça son nez dans son cou, inhalant la douce odeur du shampoing qu’il avait utilisé la veille. Elle prépara des crêpes, et, pendant qu’ils prenaient le petit-déjeuner, elle leur annonça calmement qu’Emma avait eu un petit accident de voiture, qu’elle avait une jambe cassée.

— Je pars en Espagne veiller sur elle.

Son histoire ne sembla pas éveiller de soupçons. Ni ses enfants ni ses parents, quand elle les joignit, ne suspectèrent qu’elle dissimulait un événement plus terrible. Toutes ses leçons d’art dramatique hors de prix et son expérience d’actrice avaient fini par servir à quelque chose dans la vraie vie, songea-t-elle. Elle se fit couler une tasse de café et entra dans le bureau de Mark pour qu’il lui dise où il en était. Le décalage horaire avait joué en leur faveur (il était six heures de plus en Espagne) : il avait déjà réservé un vol, trouvé le meilleur avocat et s’était arrangé pour que l’homme quitte son domicile de Madrid et retrouve Jennifer à Séville quand elle arriverait le lendemain après-midi. Il était trop tôt pour appeler les contacts de Mark au sein du Département d’État, mais il lui assura qu’il le ferait dès l’ouverture des bureaux.

Elle alla se doucher. Sans raison, elle commença à penser à l’époque où elle était enceinte d’Emma. C’était sa première grossesse ; elle s’inquiétait des choses dont on parlait autour d’elle : le spectre du baby blues, la peur de ne pas s’attacher au bébé. Ensuite était venu le temps des grandes décisions : crèche ou nounou, la maternité à temps plein ou la poursuite de sa prometteuse carrière d’actrice. Bien sûr, les douleurs de l’enfantement lui faisaient peur, mais elle avait quand même insisté pour accoucher naturellement, sans épidurale ni aucun médicament. Elle avait senti la douleur. Elle se rappelait qu’elle pressait la main de Mark tout en poussant comme une forcenée, jusqu’au moment où elle avait supplié l’obstétricien de lui donner des analgésiques.

— Trop tard, avait-il répondu tandis qu’Emma venait au monde dans une explosion de souffrances.

Mais ses inquiétudes avaient disparu dès que l’infirmière avait déposé le bébé dans ses bras. Elle l’avait regardé, avait compté les doigts de ses mains et de ses pieds, s’était émerveillée de sa perfection miraculeuse, et elle avait éprouvé un amour si farouche et si protecteur, un lien du sang si total, et une telle montée d’hormones, qu’elle avait su que jamais elle ne quitterait cet enfant. Cette apesanteur avait duré un bon moment, et c’est ainsi que son ancienne vie s’était achevée et que Jennifer avait commencé la suivante.

Elle se souvenait qu’il était dur de ne pas exclure Mark. Tout à coup, son seul centre d’intérêt était son bébé. Elle voulait que tout soit parfait, et il fallait qu’elle contrôle tous les aspects de la vie du bébé. Elle rechignait à lui laisser certaines choses : elle choisissait elle-même ses vêtements, elle apaisait ses pleurs, la berçait pour l’endormir. Pourtant, elle savait que reléguer Mark à un rôle secondaire était mauvais pour lui, mauvais pour leur couple, mauvais pour son lien avec sa fille, et cela lui rendait difficile d’offrir l’aide et le soutien dont elle avait besoin. Elle avait essayé de le faire participer, de partager certains soins, certaines décisions, mais pour finir il était retourné à son travail et elle était restée à la maison, où elle était devenue le centre de la vie familiale. Le schéma s’était reproduit à l’arrivée de leur deuxième enfant ; il s’était même renforcé par le poids des habitudes. Mark était si occupé à essayer de devenir un associé dans son bureau, il voyageait tout le temps, restait tard au travail… Il fallait bien quel quelqu’un assume la famille, et elle pensait qu’il lui était reconnaissant de le faire. Il jouait avec les enfants, donnait son avis quand elle le consultait, les accompagnait dans les sorties que Jennifer préparait et assistait aux goûters d’anniversaire qu’elle organisait. Les enfants l’adoraient, songea-t-elle avec satisfaction. Il avait une aura aussi réconfortante et fiable que la lune. Mais dans le petit univers de la famille, Jennifer, elle, était le soleil.

 

Commentaires

  • Je n'en avais jamais entendu parler... Mais l'histoire semble prenante ! Je me laisserai sûrement tenter si je le croise en occasion, merci pour cette découverte.

  • L'histoire est vraiment prenante en effet. Si tu tombe dessus, n'hésite pas!

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