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[Livre] Ne pars pas sans moi

Les lectures de Gribouille et moi-même participons à un challenge.
Ce challenge consiste à sélectionner trois livres dans la PAL de notre binôme. Celui-ci choisi lequel des trois il lira et chroniquera. Les lectures de Gribouille et moi avons choisi de lire les trois livres que chacune a choisis pour l'autre (c'est qu'on a une PAL assez conséquente à faire descendre!)

Ce livre est le troisième et dernier que m'a choisi Les lectures de Gribouilles dans le cadre du challenge Livra'deux sur livraddict. Pour sa part je lui avais choisi La nostalgie de l'ange d'Alice Sebold dont vous trouverez la chronique ICI

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Résumé : Une joyeuse sortie en forêt. Le désir d'une mère de rendre son enfant indépendant en le laissant marcher quelques mètres devant elle. C'est ainsi que Rachel décrit le moment où Ben, son fils de huit ans, a disparu. Les médias relaient cette version, comme l'image de Rachel éplorée et prête à tout pour retrouver son fils. Alors qu'une chasse à l'homme est lancée pour retrouver Ben, elle doit faire face au chagrin, à la peur, mais aussi à la suspicion qui entoure son histoire : Rachel est-elle une bonne mère ? N'est-elle pas fautive, elle qui a laissé son fils marcher seul dans la forêt ?
Bientôt, le soupçon se transforme en violence : Rachel est soumise à la vindicte populaire et à l'acharnement aveugle des réseaux sociaux. Sur la toile, les blogueurs se déchaînent et, sur les murs de sa maison, les tags l'accusent sans merci.
Dans l'attente de nouvelles, rongée par le doute, assaillie par ceux qui la croient coupable et alors que ces dernières certitudes s'écroulent, elle ne sait plus quoi faire. Attendre patiemment que les forces de l'ordre lui ramènent son fils ou suivre son instinct et mener elle-même son enquête ?

 

Auteur : Gilly MacMillan

 

Edition : Les escales

 

Genre : Thriller

 

Date de parution : 04 février 2016

 

Prix moyen : 22€

 

Mon avis : Tout le livre est écrit à la première personne mais en alternant les points de vue de Rachel, la mère du petit disparu et de Jim, l’inspecteur chargé de l’affaire. Intercalés entre ces récits, on peut lire les gros titres des journaux, les pages web, les commentaires d’internautes, les blogs, les mails reçus par la police, ainsi que la transcription des séances de psychothérapie que suit Jim un an après les faits.
Le livre s’ouvre d’ailleurs sur deux courts chapitres, de chacun des deux narrateurs, plus d’un an après les faits, sans que rien dans ces deux chapitres ne nous donne d’indices sur le sort de l’enfant : a-t-il été retrouvé ou non ? Est-il vivant ou mort ? Mystère.

Du coté des personnages, j’ai bien aimé Rachel et, bizarrement John, le père de Ben.
Rachel c’est évident, on ressent de l’empathie pour elle. Non seulement son fils a disparu, probablement kidnappés, mais la police la prie de rester à l’écart, la tiens peu informée du déroulement de l’enquête et elle n’a rien d’autre à faire qu’attendre et se ronger les sangs. De plus, les messages sur les réseaux sociaux, de gens qui n’ont pas de vie et se posent en Sherlock Holmes alors qu’ils ne connaissent pas les détails de l’affaire, ainsi que les journaux, se montrent particulièrement odieux envers elle.
Pour John, c’est plus compliqué. Il n’a à prime abord rien de vraiment sympathique : il a quitté le domicile conjugal du jour au lendemain, sans prévenir, pour s’installer avec une autre femme. Mais, pour le peu qu’on le voit, même s’il a parfois des mouvements d’humeur contre son ex-femme, il fait globalement front avec elle non seulement dans l’angoisse mais aussi contre les horreurs qu’on dit sur elle et contre les suspicions de la police (ce qui est normal, dans ce genre d’affaire, tout le monde est suspect).

J’ai moins apprécié les membres de la police. Rachel ne réagissant pas comme un bon petit soldat stoïque et obéissant, ils n’écoutent que d’une oreille les infos qu’elle leur transmet, comme s’ils l’avaient définitivement classée dans la catégorie des hystériques qu’il faut ignorer. Ils semblent en oublier qu’elle est la mère de l’enfant disparu, celle qui le connaît le mieux, celle qui est le plus à même de remarquer des détails qui ne collent pas sur l’emploi du temps et les fréquentations de son fils.
J’ai vraiment pensé que l’affaire aurait été réglé bien plus vite, quelque en soit l’issue, s’ils avaient été un peu plus attentif aux dires de cette maman.

La sœur de Rachel aussi m’a agacée. Elle se lance dans l’affaire comme si elle en tenait les rênes, disant à Rachel ce qu’elle doit faire, les questions qu’elle doit poser à la police, ce qu’il vaut mieux garder pour soit… Je l’ai trouvé très énervante dès les premières pages, quand Rachel raconte son divorce et la réaction de sa sœur quand elle lui annonce le départ de son mari.

J’ai aussi apprécié que, pour une fois, l’action ne se déroule pas aux USA, mais en Angleterre. Les manières de fonctionner ne sont pas les mêmes, même si le plan Alerte enlèvement existe aussi. Mais ici, pas d’agent fédéraux en renfort, la police doit se contenter de ses moyens, qu’ils soient financiers ou humains ce qui est très frustrant à la fois pour les parties que pour le lecteur.

Parfois, Rachel apostrophe directement le lecteur et on regrette presque de ne pas pouvoir lui répondre, l’assurer qu’on ne fait pas parti de la bande de charognard qui s’acharne sur elle, qu’on est de tout cœur avec elle et qu’on la soutient.

On a les indices au fur et à mesure que la police les découvre et franchement, tout comme eux, je n’aurais pas trouvé le coupable avant le moment où ils l’ont effectivement découvert. J’avais pensé à beaucoup de scénarios, mais franchement pas à celui-ci. J’ai vraiment été bluffé.

Alors qu’il s’agit d’un livre d’un peu plus de 600 pages, je l’ai lu en une journée à peine, ce qui vous donne une idée d’à quel point il m’a plu. C’est mon sixième coup de cœur de l’année (largement dominée par les coups de cœurs policiers !)

Un extrait : Mon ex-mari s’appelle John. Sa nouvelle femme, Katrina. Elle est menue et sa silhouette incite la plupart des hommes à la dévorer des yeux. Ses cheveux châtain foncé paraissent toujours soyeux comme après une couleur, ou comme ceux des mannequins des magazines. Ils sont coupés au carré et coiffés avec soin autour de son visage de lutin de façon à encadrer sa bouche mutine et ses yeux noirs.
Quand je l’ai rencontrée pour la première fois, lors d’une réception à l’hôpital organisée par mon mari, des mois avant qu’il parte, j’ai admiré ces yeux. Je les ai trouvés vifs et pétillants. Ils lançaient des étincelles, jaugeaient, se faisaient séducteurs, aguicheurs, charmeurs. Mais après que John nous a quittés, ils m’ont évoqué ceux d’une pie voleuse – perçant et sournois -, qui pille le trésor des autres pour tapisser son nid.
John a quitté la maison le lendemain de Noël. Il m’avait offert un iPad et avait offert un chiot à Ben. Ces cadeaux m’avaient semblé pleins d’attention et de générosité jusqu’à ce que je le regarde partir en marche arrière dans l’allée, des sacs bien empaquetés sur les sièges de la voiture tandis que le jambon cuit au four refroidissait sur la table de la salle à manger et que Ben pleurait car il ne comprenait pas ce qui se passait. Quand, finalement, je me suis retournée pour rentrer à la maison et commencer ma nouvelle vie de mère célibataire, j’ai compris que c’était des cadeaux dictés par la culpabilité : des choses pour remplir le vide qu’il laisserait dans notre vie.
Les premiers temps, il est vrai qu’ils nous ont occupés, mais peut-être pas comme John en avait eu l’intention ? Deux jours après Noël, Ben s’était approprié l’iPad et moi, grelottant, sous le choc, j’avais passé des heures dehors sous un parapluie – dans les chaussons Cath Kidston tout neufs que ma sœur m’avait envoyés pour Noël, trempés, couverts de boue -, pendant que le chien essayait de déterrer un pied de clématite alors que j’aurais dû l’encourager à faire ses besoins.
Katrina a attiré John dans ses filets exactement dix mois avant la disparition de Ben. J’y voyais là un plan magistral qu’elle aurait mis à exécution : La Séduction et le Vol de Mon Mari. Je ne savais pas dans le détail comment leur histoire avait commencé mais j’y pensais comme à une intrigue digne d’une mauvaise série télé qui se passe dans le milieu hospitalier.

 

Commentaires

  • Il est vraiment bien. Dès que je l'ai fini, je me le suis fait piquer par une collègue qui a craqué dessus quand je lui en ai parlé...

  • Il m'intéresse mais j'aurais peur d'être trop énervée par l'attitude des flics et de me mettre trop à la place de la mère. Quand on est soi-même maman, ce genre de livres peut être dur à lire.
    Très bonne chronique ! ;-)

  • J'ai été plus énervée par les "commentaires facebook" que l'auteur rapporte.

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