Résumé : Cathy Glass, mère d’accueil, aime raconter les histoires de ses petits protégés avec toujours à cœur d’insuffler de l’espoir. Le jour où on lui confie Beth, la mission semble anodine : prendre soin de la petite fille pendant l’hospitalisation de son père. Mais très vite Cathy soupçonne une anomalie dans leur relation fusionnelle…
Auteur : Cathy Glass
Edition : France loisirs
Genre : Témoignage
Date de parution : 2016
Prix moyen : 17€
Mon avis : Le placement de Beth a eu lieu au début de la carrière en tant que mère d’accueil de Cathy Glass.
Pas facile de gérer un placement d’enfant avec deux enfants à soi de 2 et 6 ans et un mari qui est absent toute la semaine.
Pas facile non plus de mettre des mots sur une impression vague, quoi que persistante, un certain malaise, sans aucune formation.
Et encore moins facile de gérer une fillette déboussolée quand on obtient aucune information des assistantes sociales qui semblent penser que les familles d’accueil ne sont là que pour gérer le quotidien et n’ont pas à connaître les détails d’un dossier.
Dans ce placement, parmi les premiers que Cathy a effectué, tout semble au premier abord très simple : un père, seul, sans famille, souffrant de dépression, a demandé à être admis à l’hôpital pour y être soigné. C’est une réaction très saine pour ce père qui, sentant qu’il n’allait pas bien, n’a pas voulu laisser la situation s’aggraver. Comme il n’a plus de famille, hormis un père très âgé vivant en maison de retraite et que la mère de sa fille les a abandonnés, la fillette doit être placée le temps des soins de son père.
Ici, il est hospitalisé pour dépression, mais s’il avait été hospitalisé pour une hernie ou pour une appendicite, le résultat aurait été le même, la fillette aurait été confié temporairement à une famille d’accueil.
Quand elle voit les photos et les vêtements de la fillette, Cathy ressent un malaise qu’elle n’arrive pas à définir. La maitresse d’école de la fillette et l’ancienne compagne du père semblent ressentir la même chose sans pour autant mettre des mots dessus.
Cathy est inquiète mais ne sait pas comment réagir. Elle trouve que la fillette et son père ont une relation fusionnelle, trop fusionnelle, pas vraiment la relation que l’on attend entre un père et sa fille.
Il va falloir un signalement aux services sociaux de la part de Cathy, puis de la maitresse et enfin un ressenti direct de l’assistante sociale de ce « malaise « pour qu’une enquête soit diligentée par les services sociaux.
Finalement, c’est à un sujet peu connu que vont être confronté les différents acteurs de l’histoire de Beth. Un sujet dans lequel j’ai du mal à trouver un coupable. Peut être y en t-il, mais j’ai eu plus l’impression d’être confronté à plusieurs victimes.
Du coté de la vie personnelle de Cathy, j’ai trouvé que son mari John, est vraiment minable, surtout vers la fin du roman. Je l’ai trouvé arrogant et puéril. En revanche Cathy a fait preuve d’une grande dignité et d’une grande maîtrise d’elle-même.
Un extrait : J’étais sur le point de croire qu’ils ne viendraient pas. L’assistante sociale s’occupant de Beth avait téléphoné dans l’après-midi pour m’informer qu’elle l’amènerait « vers l’heure du thé ». Il était 19 heures, l’heure du thé était passée depuis longtemps et Adrian, Paula et moi avions déjà dîné. Je préparerais quelque chose d’autre à manger si Beth arrivait. La nuit était froide et la petite Beth serait déjà assez contrariée d’avoir été séparée de son père, elle ne devait pas en plus souffrir de la fatigue et de la faim. Je savais que, dans le domaine de l’aide sociale, les plans changeaient souvent à la dernière minute, mais j’avais pensé que l’assistante sociale m’aurait appelée pour me tenir informée. Nous étions bien au chaud dans le salon, à l’arrière de la maison, les rideaux fermés nous protégeant de la nuit froide et noire. Paula et Adrian étaient assis par terre. Paula avait construit un château avec des cubes et Adrian feuilletait un livre illustré sur de vieilles voitures et motos, un cadeau de Noël qu’il avait reçu trois semaines plus tôt. Tosha, notre adorable et paresseux chat, était pelotonné sur sa chaise préférée.
— Je croyais qu’une fille allait venir, s’enquit Adrian en levant les yeux de son livre.
— Moi aussi, répondis-je. Peut-être que son père n’est pas aussi malade qu’on le croyait et qu’elle a pu rester chez elle.
À six ans, Adrian avait déjà une idée de ce que l’accueil signifiait; d’autres enfants avaient séjourné chez nous. Paula, elle, n’était pas assez âgée pour comprendre, même si j’avais essayé de lui expliquer qu’une fillette de sept ans, appelée Beth, viendrait peut-être vivre chez nous pendant un temps. De cette enfant, à part son âge, je savais seulement qu’elle vivait avec son père, que celui-ci était malade et allait probablement être admis en hôpital psychiatrique. C’est tout ce que l’assistante sociale m’avait dit au téléphone et j’espérais en apprendre davantage quand elle amènerait Beth. Je me levai du canapé et rejoignis Paula pour l’aider à ranger ses briques.
— C’est l’heure d’aller au lit, ma chérie, lui dis-je.
— Mais je croyais qu’une fille allait venir, me répondit-elle en répétant les mots d’Adrian.
C’était l’âge où elle copiait souvent son grand frère. J’entendis Adrian soupirer doucement.
— Je ne pense pas qu’elle viendra maintenant, il est déjà tard.
Mais à l’instant où je commençais à ramasser les cubes en plastique, la sonnette retentit, nous faisant tous sursauter. Les enfants me regardèrent, impatients. Comme mon mari John travaillait loin, j’étais assez prudente si l’on sonnait le soir. Laissant Adrian et Paula dans le salon, je me rendis dans l’entrée, pour regarder par le judas. Grâce à la lumière extérieure, je distinguai une femme et un enfant. Rassurée, j’ouvris la porte.
— Désolée, nous sommes en retard, s’excusa immédiatement la femme. Je m’appelle Jessie, je suis l’assistante sociale de Beth. Nous nous sommes parlé au téléphone. Vous devez être Cathy ? Voici Beth.
Je souris et regardai Beth, qui se tenait debout à côté de l’assistante. Elle portait un manteau d’hiver gris, boutonné jusqu’au col. Elle était pâle mais ses joues étaient roses et ses yeux gonflés d’avoir pleuré. Dans sa main, elle serrait un mouchoir qu’elle pressa sur son nez.
— Oh! ma chérie, tu dois être tellement fatiguée et inquiète, dis-je. Entre donc.
— Je veux mon papa, fit Beth, les yeux se remplissant de larmes.
— Je comprends, lui répondis-je en lui touchant le bras d’un geste rassurant.
Jessie aida Beth à franchir la marche et entra avec une très grosse valise.
— Nous nous sommes arrêtées chez Beth pour prendre ses habits, expliqua-t-elle alors que je refermais la porte d’entrée. Cela a pris plus de temps que je le pensais. Beth a voulu ôter son uniforme d’écolière. Puis nous avons dû faire la valise. Elle s’inquiétait de son linge à laver et de la nourriture laissée dans le réfrigérateur. Je lui ai dit de ne pas s’en faire, qu’elle pourrait laver son linge ici et que tout irait bien à la maison.
Je souris à nouveau à Beth.
— Absolument, tu ne dois t’inquiéter de rien, je m’occuperai de toi, lui dis-je, même si je me demandais comment une fillette de sept ans pouvait penser à la lessive à faire et à la nourriture qui se perd. Veux-tu enlever ton manteau? Nous l’accrocherons ici, au portemanteau dans l’entrée. Beth commença à se déboutonner, puis laissa Jessie lui retirer son manteau.
Je le suspendis et Jessie fit de même avec le sien.
— Je veux être avec mon papa, répéta Beth.
— Cela ne durera pas longtemps, la rassura Jessie, seulement jusqu’à ce que papa aille mieux.