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Selene raconte... - Page 186

  • [Livre] Dysfonctionnelle

     

    Je remercie les éditions Sarbacane pour cette lecture

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    Résumé :Fidèle, alias Fifi, alias Bouboule, grandit dans une famille dysfonctionnelle ; Papa enchaîne les allers-retours en prison, Maman à l’asile ; mais malgré le quotidien difficile, Fidèle vit des moments de joie,  entourée de ses six frères et sœurs aux personnalités fortes et aux prénoms panachés : Alyson, JR, Dalida, Jésus… Cette tribu un peu foldingue demeure Au Bout Du Monde, le bar à tocards que tient le père dans Belleville, théâtre de leurs pleurs et rires…
    À l’adolescence, la découverte de son « intelligence précoce » va mener fidèle à « l’autre » bout du monde : un lycée des beaux quartiers où les élèves se nomment Apolline ou Augustin, et regardent de haut son perfecto, ses manières de chat de gouttière et ses tee-shirts Nirvana. Mais c’est là que l’attend l’amour, le vrai, celui qui forme, transforme… CELUI QUI SAUVE.

     

    Auteur : Axl Cendres

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 7 octobre 2015

     

    Prix moyen : 15,50€

     

    Mon avis : Alors…Comment dire… Il va être très dur de dire ce que j’ai pensé de ce roman sans spoiler mais je vais essayer de ne rien révéler d’important.
    Que la famille de Fidèle soit dysfonctionnelle, c’est le moins qu’on puisse dire si on s’appuie sur la définition qu’a la société d’une famille fonctionnelle, à savoir un papa et une maman, présents, pas violents, qui travaillent (ou avec un des parents au foyer parce que l’autre gagne suffisamment pour le permettre), qui n’ont aucun problèmes graves…la famille Ingalls mais en mieux quoi…
    Et bien au fil de ma lecture, j’ai pu constater que les parents des familles « fonctionnelles » sont bien plus affligeants que la famille de Fidèle. Alors certes, son père n’aime pas l’idée que sa fille soit plus intelligente que lui, certes sa mère a « un grain » provoqué par un traumatisme qui est tout à fait compréhensible, mais quand Fidèle, 10 ans, raconte à son père qu’elle a embrassé sa copine Mélanie sur la bouche, il n’a aucune réaction négative tandis que la famille parfaitement fonctionnelle selon les normes établies de Mélanie retire la gamine de l’école et va jusqu’à déménager pour que cette anormalité ne se reproduise pas… et ce n’est pas le seul exemple que l’on rencontre dans le roman.
    Fidèle nous présente ses frères et sœurs, expliquant leurs prénoms atypiques ; elle nous raconte sa vie, à la maison, auprès de Zaza, sa grand-mère, au Bar de son père, à l’école. La seule chose que nous ne saurons pas, c’est ce qu’il s’est passé quand elle a été placée trois mois en famille d’accueil pendant que son père était en prison, sa mère à l’asile et sa grand-mère jugée incapable de s’occuper des enfants par les services sociaux. Elle nous donne quelques micro-indices, à nous d’imaginer le pire.
    Je suis sans arrêt passée du rire aux larmes, avec un petit détour par l’agacement voire l’indignation.
    Le personnage de Dalida m’a vraiment écœurée, pas tant dans son attitude de tous les jours quand elle était adolescente mais pour celle qu’elle adopte une fois adulte.
    Fidèle n’est pas non plus l’adolescente parfaite, elle fait des erreurs, part un peu à la dérive, s’emporte, mais elle a bon fond, et c’est ce qui est important.
    J’ai adoré le personnage de l’oncle. Avec Zaza, la grand-mère, il se tient toujours légèrement en retrait mais semble être le ciment de la famille, toujours prêt à aider, toujours prêt à trouver des solutions, toujours à l’écoute…
    Certaines réactions complètement contradictoires du père m’ont fait rire (Il défend l’exécution du mouton de l’Aïd comme étant une tradition ancestrale chez les musulmans et donc dans leur famille et à coté de ça, il s’enfile tous les jours du Sauvignon et du saucisson…)
    Bref, on a ici un livre addictif, tendre et dur à la fois et qui inclut l’homosexualité sans appuyer dessus, sans en faire trop, sans brandir une pancarte pour dire « vous avez vu, ici, nos personnages sont homosexuels, on est moderne, hein ? ».
    Comme le dit Sarah, l’amie de Fidèle : « 
    Je pense qu’on ne tombe pas amoureux d’un garçon ou d’une fille, mais d’une personne. ».
    Tout est dit, et cela résume bien l’ensemble du roman : ce qui compte, c’est l’amour.

    Un extrait : « Jésus ?! »
    C’est ce que tout le monde s’était exclamé au bar quand mon père leur avait annoncé le prénom de son deuxième fils. J’avais six ans quand il est né.
    « Mais vous allez en faire un dingo ! » disait l’un.
    « Mais on va le massacrer à l’école ! » renchérissait l’autre.
    « Mais il aura jamais de gonzesse ! » rigolait encore un autre.
    Et ainsi de suite.
    C’est alors que j’ai vu Papa faire ce truc encore plus classe que de sortir son flingue : comme l’objet se trouvait sous le comptoir, il a laissé son bras droit sous le comptoir, et a posé le coude de son bras gauche sur le comptoir, de sorte qu’on ne savait pas si oui ou non, il tenait son flingue…Et puis il a déclaré avec un mélange de calme et de menace dans la voix :
    « Si Natouchka veut appeler son fils Jésus, ce sera comme ça. »
    Et plus personne n’a jamais fait de remarques sur le prénom.

    Parfait mélange polono-kabyle, Jésus avait les traits fins de Maman, le teint clair de Papa, les yeux bleus et les cheveux bruns.
    A cette époque, Maman arrivait au paroxysme de son amour du Christ, l’érigeant au rang de rock-star : poster, portraits et crucifix ornaient sa chambre au dessus du bar – et jusque dans la salle, où elle avait cloué une photo du visage de Jésus ensanglanté…
    « Y’m’fout le bourdon », se plaignit un jour un habitué en le fixant.
    « Change de bar », rétorqua mon père.
    « Sers-moi plutôt un aut’verre, j’ai l’impression qu’y m’regarde de travers… »
    Je soupçonne d’ailleurs cette photo d’avoir augmenté le chiffre d’affaires du bar ; mais je n’ai pas les chiffres pour le prouver.
    Quoi qu’il en soit, le bébé était bien là, et il se nommait Jésus.


    Plus tard, lorsque j’en avais parlé au médecin de ma mère, l’Einstein sans moustache, il m’avait dit sur un ton tout à fait neutre :
    « C’est classique que des survivantes, devenues ferventes catholiques, poussent leur délire jusqu’à croire enfanter le Christ… Votre mère était assez instable pour être diagnostiquée comme déséquilibrée, mais pas assez pour être internée… Si on devait enfermer tous les gens dans ce cas, il faudrait interner au moins dix pour cent de la population française ! »
    Il s’était fait rire tout seul.
    « Votre mère ne vous a jamais voulu aucun mal. Je ne devrais pas vous raconter ça, mais nous connaissons le cas d’une survivante atteinte du même syndrome que votre mère qui a tué tous ses enfants avant de se donner la mort ! »
    Merci de me l’avoir raconté quand même, Docteur.

     

  • Le tiercé du samedi #24

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    Rappel du principe: Chaque semaine, le samedi comme son nom l’indique, il conviendra de choisir les trois livres, le trio gagnant, correspondant au thème proposé.

    A la fin de chacun de ces Rendez-vous, j’indiquerai le thème de la semaine suivante.

    Ce Rendez-Vous Livresque a été inspiré de « The Saturday Awards Book » créé par l’Echos de mots, et qui n'existe plus aujourd'hui.

    Comme annoncé la semaine dernière, le thème d'aujourd'hui est:

    Les trois livres mettant en scène une personne réelle (témoignage, biographie…) que vous n’avez pas pu lâcher 

     

    Alors pour ma part, le trio gagnant est:

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    Georgiana, Duchesse de Dévonshire

     

     

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    " Lorsqu'elle apparaissait, tous les yeux se tournaient vers elle ; absente, on ne se lassait pas d'en parler. " Georgiana Spencer devient duchesse de Devonshire en 1774. Elle devait être une reine irréprochable de la société mondaine, une hôtesse d'influence et une figure importante du parti whig, mais son destin la condamne à une suite de déceptions cruelles et de souffrances. Adorée qu'elle est par un large public, elle est incapable de satisfaire son mari, qui lui préfère sa meilleure amie. Habile pour négocier, lever des fonds et tisser un important réseau social pour le bénéfice des whigs, elle n'arrive pas à gérer ses propres extravagances parmi lesquelles un insatiable goût du jeu qui lui apporte plus que son lot de dettes et d'ennuis. Et de sa quête d'amour elle ne récoltera que douleur et déshonneur. 

    C'est le livre qui a inspiré le film "the duchess" avec Keira Knightley. Lorsque je l'ai acheté (après avoir vu le film), j'ai fais quelques recherches pour situer un peu les personnages dans l'arbre généalogique des Cavendish (nom de famille du duc de Devonshire) et, je me suis aperçu qu'un autre livre que j'adore (En dépit des convenances, un harlequin, j'avoue) avait pour personnages secondaires William et Charlotte Cavendish, les parents du duc... M'en faut peu pour être heureuse!

     

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    Vendues, Zana Muhsen

     

     

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    En 1980, Nadia et Zana Muhsen, deux petites anglaises de quatorze et quinze ans s'envolent au Yémen_pays de leur père_pour des vacances de rêve... Là-bas, leur existence bascule dans le cauchemar. Prisonnières dans un village isolé, elles seront mariée de force. Leur père les a vendues!
    13 000 francs chacune.
    Coups, insultes, chantage... Très vite, Nadia capitule. Mais Zana résiste. Elle écrit des centaines de lettres qui n'arriveront jamais... Puis, un jour, un médecin yéménite accepte de poster un courrier adressé à sa mère. Elle lui demande d'alerter la presse, de crier leur histoire au monde entier!
    L' Angleterre s'émeut. En 1988, le gouvernement yéménite autorise les deux jeunes filles à quitter le pays...sans leurs enfants. Nadia refuse. Zana décide de fuir l'enfer...
    D' Angleterre, Zana continue sa lutte. Pour son fils, pour les autres femmes. Pour qu'un jour certains hommes cessent d'être d'infâmes geôliers.

    Quand en 88, les autorités ont autorisés les filles à partir, mais sans leurs enfants, ils imaginaient qu'aucune mère n'abandonnerait ses enfants. Nadia n'a pas pu mais Zana a jugé qu'elle ne serait d'aucun secours pour son fils en restant prisonnière. Le Yemen ne s'attendait surement pas à ce qu'elle crie ainsi son histoire au monde entier (les femmes ne sont pas censées faire des choses pareilles dans leur esprit).
    On ne trouve plus de nouvelles de Nadia depuis 2002, date à laquelle on savait seulement qu'elle avait continué à avoir des enfants et qu'elle était toujours au Yemen. Si elle avait pu en sortir, je pense que cela aurait fait la Une des journaux, il est donc à craindre qu'elle n'ait jamais pu quitter le pays.
    En lisant le livre, j'ai ressenti une grande colère pour la mère, qui a laissé partir ses filles au Yemen alors que leur père lui avait déjà "fait le coup" une fois en envoyant son fils aîné et sa première fille vivre là bas. Comment a-t-elle pu accorder de nouveau sa confiance à ce monstre?
    Je sais qu'elle a écrit un livre, elle aussi. J’essaierais de le lire à l'occasion.

     

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    La reine soleil, Christian Jacq

     

     

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    Dans la Cité du Soleil brûlent les derniers feux du règne d'Akhénaton et de Néfertiti. L'Egypte est au bord du gouffre et s'inquiète : qui succédera à ces souverains exceptionnels ? 
    Les regards se tournent vers Akhésa, troisième fille du couple royal, à l'extraordinaire beauté, déterminée à poursuivre l'oeuvre de paix de son père. Tous les obstacles tombent devant sa volonté farouche et son sens inné du pouvoir : Akhésa a le profil d'une reine. Elle montera sur le trône aux côtés d'un jeune homme follement amoureux, le célèbre Toutankhamon. La destinée de l'Empire égyptien est entre les mains de ces deux adolescents. 
    Admirés mais isolés, sauront-ils préserver la destinée de l'Empire égyptien et braver le puissant général Horemheb, éminence grise du pouvoir qui rêve d'être Pharaon?

    Un des premiers livres sur une personne ayant réellement vécu que j'ai lu. Akhes-en-pa-Aton, qu'on appelle Akhesa, n'aurait jamais du devenir reine puisqu'elle n'était que la troisième fille de pharaon. Mais la mort de sa seconde sœur et la disgrâce de l’aînée vont la conduire au pouvoir. Dès son arrivée sur le trône, elle fait semblant de plier devant les puissant prêtre d'Amon mais continue à adorer Aton en secret.
    Malgré le danger qui monte, elle n'a jamais accepté de renier son père et sa foi. Horemheb est certes ambitieux, mais ce sont surtout les prêtres qui mènent la danse. J'ai relu ce livre tellement de fois, qu'il a fallut que je le rachète, le premier exemplaire tombait presque en morceaux.

    Ces trois livres ne sont pas les seuls livres mettant en scène des personnages réels que je n'ai pas pu lâcher, mais il fallait bien faire un choix...

    Pour la semaine prochaine, le thème sera: Les trois livres que vous mourrez d’envie de lire mais dont vous repoussez toujours la lecture pour une raison ou une autre (vous avez peur d’avoir peur, on vous a honteusement spoiler la fin, on vous l’a tellement recommandé que vous avez peur d’être déçu(e), c’est une saga en 112 tomes…)

     

    Et n'hésitez pas à laissez en commentaire le lien vers votre propre tiercé du samedi!

     

  • [Livre] Le doute

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    Résumé : Un an après le décès accidentel de Lydia, l'une de leurs filles jumelles, Angus et Sarah Moorcroft quittent Londres pour oublier le drame. Ils s'installent sur une petite île écossaise, qu'ils ont héritée de la grand-mère d'Angus, au large de Skye.
    Mais l'emménagement ne se passe pas aussi bien que prévu. Le comportement de Kirstie, leur fille survivante, devient étrange : elle se met à affirmer qu'elle est en réalité Lydia. Alors qu'un brouillard glacial enveloppe l'île, l'angoisse va grandissant... Que s'est-il vraiment passé en ce jour fatidique où l'une des deux soeurs a trouvé la mort ?

     

    Auteur : S.K. Tremayne

     

    Edition : Presse de la cité

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 03 septembre 2015

     

    Prix moyen : 21€

     

    Mon avis : Au fil de ma lecture, en essayant de démêler les incertitudes, les non-dits et les mensonges qui planent entre les personnages, j’avais élaboré deux théories possibles.
    Et bien, j’avais tout faux ! Ou presque !

    J’avais bien compris trois éléments (mais en même temps, tout le monde les comprendra facilement assez vite, ne rêvons pas, je ne suis pas Sherlock Holmes) à savoir que Sarah, la maman, est totalement dans le déni par rapport à sa propre attitude mais ne laisse rien passer aux autres, qu’Angus, le papa, cache quelque chose et que la petite Kirstie/Lydia (oui quand même pendant tout le livre on ne sait pas vraiment à qui on a affaire) se sent coupable.
    En revanche, j’étais totalement à coté de la plaque concernant le pourquoi de ces sentiments et attitudes.
    Mes belles théories se sont lamentablement effondrées !
    De même, bien qu’ayant fini le roman, je n’arrive toujours pas à déterminer s’il y a eu manifestation surnaturelle ou délire psychologique de la part de l’un des protagonistes (et non, je ne vous dirai pas lequel, ce serait trop facile). Je pense que cette question est volontairement laissée en suspend. Chacun interprétera en fonction de ses convictions.
    Une grande partie du livre, surtout la fin, se déroule à huis-clos, sur une île isolée, accessible uniquement par bateau ou à pied à marée basse mais sur un trajet dangereux.
    L’angoisse monte donc doucement au fil de la lecture et j’ai même fini par avoir vraiment la trouille (ayant fini de lire vers 22h, il a fallu que je lise quelques pages d’un livre plus léger pour pouvoir espérer dormir).
    En bref, un excellent thriller psychologique que je recommande vivement.

    Un extrait : Je longe le couloir, monte l’escalier et m’arrête devant la porte marquée : « Kirstie habite ici » et « Toquez avant d’entrer », des inscriptions faites de lettres découpées maladroitement aux ciseaux dans du papier coloré brillant. Docilement, je frappe.

    J’entends un léger « Hmm » – la version personnelle de Kirstie pour « Entrez ».

    Je pousse la porte. Ma petite fille de sept ans est assise en tailleur par terre dans son uniforme scolaire – pantalon noir, polo blanc –, le nez dans un livre : l’image même de l’innocence, mais aussi de la solitude. L’amour et la tristesse me submergent, palpitent en moi. Je voudrais tellement lui offrir une vie meilleure, lui rendre ce qu’elle a perdu, la faire redevenir elle-même…

    — Kirstie…

    Pas de réaction. Elle continue de lire. Ça lui arrive parfois ; pour elle, c’est une sorte de jeu : « Hmm-pas-parler ». C’est devenu plus fréquent au cours de l’année écoulée.

    — Kirstie. Minouche. Kirstie-koo ?

    Pour le coup, elle lève la tête, me révélant ses grands yeux bleus qu’elle a hérités de moi – mais en plus bleu : bleu Hébrides. Ses cheveux sont d’un blond presque blanc.

    — Maman.

    — J’ai une nouvelle à t’annoncer, Kirstie. Une bonne nouvelle.
    Merveilleuse, même.

     

    Assise par terre à côté d’elle, entourée de ses jouets – ses pingouins, Leopardy le léopard en peluche, et la Poupée manchote –, je lui raconte tout. Les paroles se bousculent dans ma bouche pour lui expliquer que nous allons partir nous installer dans un endroit spécial, un endroit inconnu où nous pourrons commencer une nouvelle vie – magnifique, baigné d’air frais et de lumière : une île rien que pour nous.

    Pendant que je parle, Kirstie ne me quitte pas du regard un seul instant. C’est à peine si elle cille. Muette, passive, comme en transe, me renvoyant mes propres silences. Puis elle hoche la tête et ébauche un sourire. Déconcertée, peut-être. Le calme règne dans la chambre. Je suis à court de mots.

    — Alors ? dis-je enfin. Qu’est-ce que tu en penses ? Aller vivre sur une île, rien que nous trois, tu ne trouves pas ça formidable ?

    Kirstie acquiesce d’un léger mouvement de tête. Baisse les yeux vers son livre, le referme, me dévisage de nouveau.

    — Maman ? Pourquoi tu m’appelles tout le temps Kirstie ?

    Je ne réponds pas. Le silence me semble soudain assourdissant.

    — Je, euh… Excuse-moi, ma puce, tu disais ?

    — Pourquoi tu m’appelles tout le temps Kirstie, maman ? Kirstie est morte. C’est Kirstie qui est morte. Moi, je suis Lydia.

     

     

  • [Livre] L'envol

     

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    Résumé : "Je suis différente de la plupart des gens, car mon origine ne se situe pas dans le ventre de ma mère mais dans le cerveau de mon père. Il m'a inventée, voyez-vous. Un jour, il s'est assis et m'a rêvée."
    Frenenqer Paje, à peine dix-sept ans, a vécu dans plein de pays. La seule constante est la main de fer de son père qui l'éduque avec une sévérité qui confine parfois à la cruauté.
    Mais un jour, la jeune fille ose, elle exige de ramener chez elle un chat mourant trouvé au souk. Sachant que chaque pas vers l'indépendance sera contré, que chaque acte de liberté sera puni.
    Le combat entre père et fille s'engage alors, avec un allié inattendu aux côtés de Frenenqer : le chat, qui s'est transformé en jeune homme aux ailes magiques. Avec lui, Frenenqer peut découvrir le monde entier si elle le désire. Mais est-elle prête à s'émanciper à ce point ?

     

    Auteur : Rinsai Rossetti

     

    Edition : Albin Michel

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 02 octobre 2013

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : J’ai hésité à lire ce livre car j’avais lu pas mal de critiques négatives, notamment sur deux points :
    La phrase du résumé : "Je suis différente de la plupart des gens, car mon origine ne se situe pas dans le ventre de ma mère mais dans le cerveau de mon père. Il m'a inventée, voyez-vous. Un jour, il s'est assis et m'a rêvée." : Beaucoup de lecteurs ont jugé que cette phrase était fausse car Frenenqer n’a pas été crée par son père dans un labo ou autre mais est bien née de sa mère. Mais je ne suis pas d’accord avec eux. J’ai trouvé cette phrase très juste car, même si la jeune fille est bien née d’une femme, on a l’impression que son père n’a choisi sa compagne que dans la mesure où elle respectait certains critères pour qu’il puisse en obtenir sa fille parfaite. Il ne semble avoir quasiment aucune interaction avec sa femme, hormis pour lui faire des reproches et ne s’occupe que de Frenenqer qu’il veut modeler à l’image qu’il s’est faite d’elle bien avant sa naissance. On sent bien qu’il veut qu’elle soit parfaitement conforme à l’image qu’il se fait de la fille (et femme ?) idéale, qu’il veut la contrôler totalement et cela se ressent jusqu’à son prénom atypique, qu’il a choisi parce qu’il veut dire « retenue » dans une langue que l’héroïne ne révèle pas.
    Le second point qui était reproché au livre était des personnages « caricaturaux », là encore, je ne suis pas d’accord. Le père de Frenenqer est un père et mari abusif. S’il n’y a pas de violence physique, la violence psychologique qu’il exerce est inouïe. Et cette violence se porte sur toute la famille. La mère se désintéresse totalement de sa fille, ne cherchant qu’à se conformer aux désidératas de son époux et Frenenqer elle-même est tellement conditionnée qu’elle s’impose une attitude et des obligations sans même que son père n’ait à prononcer un mot. L’attitude du père est facilité par le fait qu’ils vivent dans un pays du Moyen-Orient, dans une ville entourée par le désert et où la toute puissance du père de famille est communément admise.
    Comme tout bon pervers narcissique, le père utilise l’intimidation, la violence sur les animaux (la scène de l’oisillon est quasiment insoutenable), les décisions et règles arbitraires (interdiction de lecture, interdiction de rester dans sa chambre, d’ouvrir la fenêtre…), la culpabilisation (en particulier l’humiliation qui s’abattrait sur lui si Frenenqer se comportait « mal » devant les gens), et surtout la violence verbale.
    La dureté et la brutalité de ses paroles soulèvent le cœur.
    Le roman est très bien écrit, la peur de Frenenqer et les limites qu’elle s’impose à elle-même, que ce soit réellement ou mentalement, sont très bien décrites ainsi que l’ensemble des contradictions qu’elle ressent au fil du roman.
    J’ai vraiment passé un excellent moment et je suis contente de ne pas m’être laissée freiner par les critiques négatives que j’ai pu voir.


    Un extrait : Je marchai en tête, pour lui montrer le point précis où commençait mon histoire. Nous nous installâmes sur le banc de pierre et, par-dessus notre épaule, jetâmes un coup d’œil au champ de tournesols qui dissimulait le sentier de Saint-Jacques.

    – Bel endroit pour être inventée, fit remarquer Sangris.

    – Sans doute. Sauf que mon père s’imaginait une fille qui…

    J’hésitai. Je n’avais encore raconté cela à personne. Mon père me l’avait dit une seule et unique fois. J’avais neuf ans et nous venions de nous installer en Sardaigne. J’avais été punie pour m’être battue avec un gamin à l’école – même si c’était lui qui avait commencé. Il m’avait envoyé un coup de pied dans les tibias et m’avait piqué mon cartable. J’avais calmement riposté de la même façon, ce dont un professeur avait été témoin. Le soir, à la maison, mon père m’avait déclaré, d’une voix à faire trembler l’univers entier : « Ma fille ne lève jamais la main sous l’effet de la colère, même confrontée à un danger de mort. Ma fille est la docilité incarnée. Elle se jetterait du haut d’une falaise si je lui demandais de le faire. Voilà ce qu’il faut que tu sois. C’est à cette fin que tu existes. Pour être la fille que j’ai décidé d’avoir. Une douce et noble créature. Si c’est pour toi chose impossible – si tu devais à nouveau te battre avec quelqu’un –, c’est que tu n’es pas Frenenqer Paje. Que tu n’es rien ni personne. C’est clair ? »


    Sangris grimaça, tandis que son regard errait entre les arbres, les tournesols desséchés et le puits d’eau fraîche.

    – Je ne vois pas en quoi c’est noble de se jeter du haut d’une falaise, dit-il.

    – Parce que ça exige de la volonté. Et de l’obéissance. Les marques d’affection mettent mon père mal à l’aise, ainsi que le fait de se mettre en avant, et tout le reste… C’est pourquoi il rêve d’une fille silencieuse, obéissante et réservée. La femme idéale, en somme.

     

  • [Cuisine] Carbonnade flamande

    Au boulot, tous les mois ou presque, on a droit à la carbonnade flamande. Sauf que comme c’est la cantine du boulot et que je n’ai pas confiance (on battra bientôt le record d’intoxication alimentaire) je ne la prends jamais. Et depuis très longtemps, je me dis : Il faut que je fasse cette recette !
    Comme je n’avais pas beaucoup de viande, j’ai du adapter les quantités et, comme à mon habitude, j’ai fais ça au pif. Mais je vous donne ici les quantités prévues pour un plat familial. J’ai tiré la recette du livre « recettes de Belgique » d’un magnifique coffret (l’Odyssée gourmande d’Astérix) que l’on m’a offert. Mais j’ai un peu adapté la recette…

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    Ingrédients

    1,5kg de bœuf
    4 oignons émincés
    300g de lardons
    2 CS de vergeoise (comme je n’en avais pas, j’ai mis un peu de sucre roux)
    ½ verre de vinaigre de vin (j’ai mis du vinaigre de cidre)
    1L de bière brune (j’ai mis de la bière ambrée et la recette peut être faite avec de la blonde)
    1L de fond de volaille
    3 tranches de pain d’épice

     

    ¤ Faire revenir la viande coupée en morceaux et la réserver

    ¤ Faire revenir l’oignon et les lardons

    ¤ Ajouter la vergeoise et le vinaigre et laisser cuire 2 ou 3 minutes

    ¤ Remettre la viande et ajouter la bière et le fond de volaille

    ¤ Déposer les tranches de pain d’épice sur le dessus

    ¤ Couvrir et laisser cuire 2h minimum à feu doux en remuant régulièrement (vérifier la réduction de la sauce : si trop épaisse, allonger d’un peu d’eau, si trop liquide, poursuivre la cuisson à découvert, normalement ça règle le problème)

    Bon appétit!

     

  • [Livre] Docteur Sleep

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    Résumé : Danny Torrance a grandi. Ses démons aussi... Hanté par l’idée qu’il aurait pu hériter des pulsions meurtrières de son père Jack, Dan Torrance n’a jamais pu oublier le cauchemar de l’Hôtel Overlook. Trente ans plus tard, devenu aide-soignant dans un hospice du New Hampshire, il utilise ses pouvoirs surnaturels pour apaiser les mourants, gagnant ainsi le surnom de « Docteur Sleep », Docteur Sommeil. La rencontre avec Abra Stone, une gamine douée d’un shining phénoménal, va réveiller les démons de Dan, l’obligeant à se battre pour protéger Abra et sauver son âme...

     

    Auteur : Stephen king

     

    Edition : Albin Michel

     

    Genre : Fantastique

     

    Date de parution : 30 octobre 2013

     

    Prix moyen : 9€

     

    Mon avis : J’ai eu énormément de mal à entrer dans l’histoire. Celle-ci est très longue à démarrer et à trouver un rythme. Je n’ai pas retrouvé la dynamique qu’il y avait dans Shinning et j’ai failli abandonner le livre à plusieurs reprises.
    D’ailleurs, je l’ai commencé, posé, laissé de coté plusieurs mois, avant de retenter l’expérience. A plusieurs reprises !
    Finalement, je me suis forcée à tenter le coup une dernière fois en me disant : « Si j’accroche pas cette fois ci, je laisse tomber ».

    Ce n’est qu’à partir de la page 100 environ que j’ai commencé à réussir à entrer dans l’histoire (Il a eu de la chance, c’était la limite que je m’étais fixée).

    J’ai trouvé le livre un peu long. Pourtant, passé les 100 premières pages, il n’y a pas de longueurs car les descriptions sont disséminées dans le texte et entourées d’action. Mais même comme ça, il y a peut être un peu trop d’explications. Il faut dire que ce n’est pas simple d’appréhender l’histoire du nœud vrai. La manière dont ils fonctionnent, leur façon de se faire passer par des gens normaux, le fait qu’il y ait deux noms pour chacun d’entre eux. Leurs forces, leurs faiblesses… tout cela aurait pu faire l’objet d’un livre séparé, alors l’intégrer dans une autre histoire… forcément, ça prend des pages.
    Le livre est intéressant, il se lit facilement (toujours passé ces satanées 100 premières pages), mais ce n’est pas un coup de cœur, ce n’est pas un livre pour lequel on promet qu’on lit encore un chapitre avant de dormir pour finir par en avaler une dizaine avant de céder au sommeil. Ici, je n’ai eu aucun mal à le reposer le soir, même si j’ai toujours eu plaisir à le reprendre le lendemain.
    A aucun moment je n’ai eu de doute sur la fin, elle était plus que prévisible, même si la façon dont les personnages atteignent ce résultat était une vraie surprise.
    J’avoue qu’il a fallu, à plusieurs reprises, que je me force à continuer à lire sans faire de pause pour dévier sur d’autres ouvrages qui me faisaient de l’œil.
    Même si je pense que Shinning n’avait pas réellement besoin d’une suite et se suffisait à lui-même, j’ai été contente de pouvoir découvrir ce qu’était devenu Danny Torrance.


    Un extrait : Le deuxième jour du mois de décembre d’une année où un planteur de cacahuètes de Géorgie était aux affaires à la Maison-Blanche, l’un des plus grands hôtels de villégiature du Colorado brûla de fond en comble. L’Overlook fut déclaré perte totale. Après enquête, le chef du service des incendies du comté de Jicarilla attribua la cause de l’incendie au mauvais fonctionnement d’une chaudière. L’hôtel était fermé pour l’hiver lorsque l’accident se produisit et seules quatre personnes étaient présentes sur les lieux. Trois d’entre elles en réchappèrent. John Torrance, le gardien de l’hôtel, trouva la mort en tentant vainement (et héroïquement) de faire tomber la pression de la vapeur qui avait atteint un niveau anormalement élevé dans la chaudière en raison d’une soupape de sécurité défectueuse.

    Parmi les trois survivants, on comptait l’épouse du gardien et son jeune fils. Le troisième était le chef cuisinier de l’Overlook, Richard Hallorann. Ce dernier était revenu de Floride, où il faisait la saison d’hiver, pour voir comment se débrouillaient les Torrance car il avait eu « l’intuition fulgurante », comme il disait, que la famille était en difficulté. Les deux adultes survivants furent très grièvement blessés dans l’explosion. Seul l’enfant s’en sortit indemne.

    Physiquement, du moins.

    Wendy Torrance et son fils reçurent une indemnisation de la firme propriétaire de l’Overlook. Ce n’était pas une somme énorme, mais elle leur permit de vivre durant les trois ans d’incapacité de travail de Wendy pour ses blessures au dos. L’avocat qu’elle consulta lui assura que si elle était prête à l’épreuve de force, elle pourrait obtenir beaucoup plus car la firme était soucieuse d’éviter un procès. Mais Wendy était tout aussi désireuse de reléguer dans le passé cet hiver désastreux dans le Colorado. Elle répondit à l’avocat qu’elle s’en remettrait, ce qu’elle fit, même si ses douleurs dorsales se rappelèrent à elle jusqu’à la fin de ses jours. Côtes cassées et vertèbres brisées guérissent mais ne cessent jamais de crier.

    Winifred Torrance et Daniel vécurent un temps dans le Sud-Central, avant de descendre vers Tampa en Floride. Dick Hallorann (l’homme aux intuitions fulgurantes) montait parfois de Key West pour les voir. Voir le petit Danny surtout. Un lien particulier les unissait.

    Très tôt un matin du début du mois de mars 1981, Wendy appela Dick pour lui demander de venir. Danny l’avait réveillée en pleine nuit, lui apprit-elle, pour lui dire de ne pas entrer dans la salle de bains.

     

    Après quoi, il avait totalement refusé de lui parler.

     

     

  • C'est lundi que lisez vous? #23

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    Rendez-vous initié par Mallou qui s'est inspirée de It's Monday, What are you reading ? de One Person’s Journey Through a World of Books. Le récapitulatif des liens se fait maintenant sur le blog de Galleane.

     

    Il s'agit de répondre à trois questions:

    1. Qu'ai-je lu la semaine passée?

    2. Que suis-je en train de lire?

    3. Que lirai-je après?

     

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    Et vous, que lisez vous?

     

  • [Livre] Vous parler de ça

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    Résumé : Melinda Sordino ne trouve plus les mots. Ou plus exactement, ils s'étranglent avant d'atteindre ses lèvres. Sa gorge se visse dans l'étau d'un secret et il ne lui reste que ces pages pour vous parler de ça. Se coupant du monde, elle se voit repoussée progressivement par les élèves, les professeurs, ses amis, et même ses parents. Elle fait l'expérience intime de la plus grande des injustices: devenir un paria parce que ceux donc elle aurait tant besoin pensent que le mal-être, c'est trop compliqué, contagieux, pas fun. Melinda va livrer une longue et courageuse bataille, contre la peur, le rejet, contre elle-même et le monstre qui rôde dans les couloirs du lycée.

     

    Auteur : Laurie Halse Anderson

    Edition : France loisirs

     

    Genre : Young adult

     

    Date de parution : 09 octobre 2014

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : Avant de lire ce livre, j’ai lu beaucoup de critiques. La plupart étaient bonnes, mais un nombre non négligeable de critiques reprochaient à l’auteur de ne pas révéler clairement ce qui est arrivé à Melinda et de se contenter de raconter sa vie quotidienne.
    Je pense que les auteurs de ces critiques sont totalement passés à côté du livre : le but n’était pas de raconter ce qu’il lui est arrivé (on le devine assez rapidement, rien que le titre est assez évocateur, mais peut être que les ados les plus jeunes ne feront pas la relation tout de suite) mais de montrer l’impact que cet événement a sur sa vie quotidienne : la réaction de son entourage à son quasi-mutisme, la chute de ses notes etc…
    Au point où j’en suis de ma lecture, personne ne semble savoir ce qui lui est arrivé. Personne ne semble vraiment s’en soucier non plus d’ailleurs. Ses parents lui reprochent son silence et la baisse de ses notes (mais la famille ne semblait pas être unie, même avant) ; ses profs lui reprochent son silence et son manque d’implication dans ses études ; enfin ses anciennes amies lui reprochent d’avoir appelé la police lors de la fête donnée à la fin du collège, mais sans se demander pourquoi elle en est venue là. Elle a gâché leur soirée, voilà tout ce qui compte.

    Ses parents sont d’un égoïsme qui laisse sans voix. Même les convocations par le lycée ne les détournent pas de l’explication la moins dérangeante : Melinda est en crise d’adolescence et refuse de parler pour les emmerder. Pour le personnel enseignant, à l’exception du prof d’art plastique, c’est un refus de coopérer et les punitions tombent. Comme si ne pas parler était une insulte faite aux autres. Aucun d’entre eux ne se dit que ce refus de parler cache peut être un malaise.
    Je n’ai qu’un regret, c’est de ne pas savoir les conséquences que l’événement à la fin du bouquin a réellement eu sur les parents de Melinda, sur l’équipe pédagogique du lycée, sur ses anciennes amies qui l’ont rejetée et sur celui qu’elle appelle « ça ».

    Mais que ceux qui se plaignaient de ne pas tout savoir clairement se rassure : dans la seconde moitié du bouquin on apprend tout : le déroulé des événements, les noms… Rien ne nous sera caché, plus de place à l’imagination, Melinda a beau ne rien dire à personne, à nous, elle ne cachera rien.


    Un extrait : C’est la rentrée ; mon premier jour au lycée. Je pars avec sept cahiers neufs, une jupe que je déteste et l’estomac noué.

    À l’angle de ma rue, le car s’arrête dans un chuintement. La porte s’ouvre, je monte. Je suis la première passagère de la tournée. Quand le chauffeur redémarre, je suis encore debout. Bon, où est-ce que je m’assois ? Je n’ai jamais été le genre rebelle qui squatte les places du fond. Si je m’installe au milieu, quelqu’un que je ne connais pas pourrait s’incruster à côté de moi.

    Et si je m’assieds à l’avant, je passerai pour une gamine… mais à la réflexion, c’est aussi le meilleur moyen d’attirer l’attention de mes amies, au cas où

    l’une d’elles aurait envie de m’adresser la parole.

    Ça y est, les élèves envahissent le car par groupes de quatre ou cinq. En s’avançant dans l’allée, celles et ceux que j’avais connus au collège, en sport ou en travaux pratiques de physique-chimie, me jettent des regards noirs. Je ferme les yeux. C’est bien ce que je craignais.

    Lorsque le car a fini de recueillir ses derniers passagers, je suis la seule à ne pas avoir de voisin.

    Le chauffeur rétrograde pour gravir les collines, faisant rugir le moteur. Les types du fond en profitent pour brailler des obscénités. Quelqu’un a eu la main

    lourde sur le parfum, alors j’essaie d’ouvrir ma vitre, mais les petits loquets restent bloqués. Derrière moi, un garçon déballe son petit déjeuner et me balance un truc. Un papier atterrit sur mes genoux – l’emballage

    d’une barre chocolatée.

    On passe à côté des gardiens, occupés à repeindre la plaque du lycée. Le conseil d’établissement a décidé que « Lycée Merryweather – Foyer des Troyens » envoyait un message contradictoire quant à l’abstinence que les élèves sont censés observer ; il nous a donc transformés en Spartiates. Les couleurs de l’école resteront le violet et le gris. Le conseil n’avait pas d’argent à mettre dans de nouveaux maillots.

    Si les élèves de Terminale ont le droit de traîner jusqu’à la sonnerie, on conduit les Secondes dans l’amphithéâtre principal. Des clans se forment, les

    élèves se regroupent plus ou moins consciemment : les sportifs, les bobos, les intellos, les pom-pom girls, les roots, les bling-bling, les graines de fachos, les nanas populaires, les lèche-culs, les artistes maudits, les théâtreux, les gothiques, les métalleux. Je ne fais partie d’aucun de ces clans. J’ai passé la moitié du mois d’août à buller devant des dessins animés débiles – une sacrée

    perte de temps. Pas une fois je n’ai mis les pieds au centre commercial, je ne suis allée ni au lac ni à la piscine, et je n’ai pas non plus décroché le téléphone. Je débarque au lycée avec une coupe de cheveux naze, des

    fringues horribles, un karma pourri. Et, encore une fois, personne ne veut s’asseoir à côté de moi.

    Je suis un paria.

     

  • Le tiercé du samedi #23

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    Rappel du principe: Chaque semaine, le samedi comme son nom l’indique, il conviendra de choisir les trois livres, le trio gagnant, correspondant au thème proposé.

    A la fin de chacun de ces Rendez-vous, j’indiquerai le thème de la semaine suivante.

    Ce Rendez-Vous Livresque a été inspiré de « The Saturday Awards Book » créé par l’Echos de mots, et qui n'existe plus aujourd'hui.

    Comme annoncé la semaine dernière, le thème d'aujourd'hui est:

    Les trois livres que vous rêveriez de voir adaptés au cinéma, mais bien hein, sinon vous ne répondez plus de rien 

     

    Alors pour ma part, le trio gagnant est:

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    People or not people

     

     

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    Beth a vingt-six ans, travaille quatre-vingts heures par jour pour un patron odieux, et vit seule avec son chien hypoallergénique, depuis que son petit ami Cameron l'a plaquée pour un mannequin. Mais le jour où Pen, sa meilleure amie, lui annonce ses fiançailles, elle décide de passer un bon coup de Karcher dans sa vie et de commencer par... démissionner. Et, finalement, les journées, vautrée sur son canapé à dévorer des tablettes de chocolat et des romans à l'eau de rose, lui conviennent bien mieux. Jusqu'au jour où Will, son oncle gay, bien décidé à la mettre au travail, lui trouve une place dans une boîte de R.P. Terminées, les soirées pantoufles ou dîners tranquilles, entre copines ! Place aux sorties branchées avec les VIP, aux nuits arrosées assorties de réveils difficiles. Surtout quand on apprend ce qu'on a fait la veille, comme Beth, dans les gros titres d'un journal people...

    Ca pourrait donner une petite comédie romantique/humoristique avec au choix Anne Hathaway ou Katherine Heigl, selon que l'héroïne est brune ou blonde (parce que que là, de tête, je me souviens plus)

     

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    La selection

     

     

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    Elles sont trente-cinq jeunes filles: la "Sélection" s'annonce comme l'opportunité de leur vie. L'unique chance pour elles de troquer un destin misérable contre un monde de paillettes. L'unique occasion d'habiter dans un palais et de conquérir le cœur du prince Maxon, l'héritier du trône.
    Mais pour America Singer, cette sélection relève plutôt du cauchemar. Cela signifie renoncer à son amour interdit avec Aspen, un soldat de la caste inférieure. Quitter sa famille. Entrer dans une compétition sans merci. Vivre jour et nuit sous l’œil des caméras...
    Puis America rencontre le Prince. Et tous les plans qu'elle avait échafaudés s'en trouvent bouleversés...

    Tant qu'à adapter des dystopies, autant en adapter une où il y a pas un mort à chaque page... ça change, non?
    Je sais qu'il y a eu des rumeurs de projet, mais comme il n'y a pas eu de suite pour l'instant...

     

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    Ma raison de vivre

     

     

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    Lycéenne parfaite, athlète accomplie aux notes maximales, Emma n’a pourtant qu’une amie, Sara, et ne sort jamais. Personne ne la connaît vraiment. C’est ce mystère qui attire immédiatement Evan, tout juste arrivé de San Francisco. En quelques jours, il va bouleverser le quotidien bien huilé de la jeune fille, et devenir sa raison de vivre. Mais il ignore qu’en tentant coûte que coûte d’entrer dans sa vie, il la menace directement. En effet, Emma vit chez son oncle et sa tante qui la maltraitent quotidiennement, parfois jusqu’au sang. Et si elle fait profil bas, c’est avant tout pour que personne ne remarque ses nombreux bleus…

    J'ai adoré ce livre. Il est bouleversant et met en même temps les nerfs en pelote. Vu les émotions qui m'ont envahies à la lecture, si le film est bien fait, avec des acteurs bien choisis et que le livre est bien respecté, le support visuel devrait les décupler...



    Pour la semaine prochaine, le thème sera: Les trois livres mettant en scène une personne réelle (témoignage, biographie…) que vous n’avez pas pu lâcher

     

    Et n'hésitez pas à laissez en commentaire le lien vers votre propre tiercé du samedi!

     

  • [Livre] Sacré famille

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    Résumé : La petite librairie d’Emma va mal, mais ce sera bientôt de l’histoire ancienne : la visite de la célébrissime Stephanie Meyer va lui apporter la gloire ! Sauf que la rencontre tourne mal… Dépités, Emma et les siens, tous déguisés pour l’occasion, rentrent chez eux. En chemin, ils croisent une étrange vieille dame qui leur jette un sort : chacun se retrouve propulsé dans la peau du personnage dont il porte le costume… Afin de briser le sortilège, il faut retrouver la vieille femme. Mais, pour cela, il faudra d’abord retrouver l’esprit d’équipe !

     

    Auteur : David Safier

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Inclassable

     

    Date de parution : 19 septembre 2013

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Dans ce livre, Franck, le mari, est sûrement le personnage le plus sympathique. Certes, sa femme, Emma, le trouve effacé, absent et le regard un peu trop baladeur, mais quand on voit les chapitres de son point de vue, on se rend compte qu’il est simplement fatigué, probablement à cause d’une déprime certainement causée par un travail qui l’use.
    Fée, la fille adolescente, est une ado classique, rebelle (avec un nom pareil, il faut dire…), insolente, en conflit avec sa mère… Cependant quand elle fait la petite blague qui sonne la débâcle de la rencontre avec Stephenie Meyer, elle cherche une chose à dire en anglais à l’auteur pour ne pas l’offenser. Sans son frère, tout se serait bien passé au final.
    Max, justement, le frère, refuse de vivre dans la réalité sauf quand il s’agit de causer des ennuis à sa sœur…et tant pis s’il y a des dommages collatéraux, comme sa mère.
    Emma m’a un peu énervée : Elle veut contrôler la vie de ses enfants et ne supporte pas qu’ils puissent avoir des pensées à eux.
    Son vrai problème est surtout qu’elle n’assume pas ses choix : Il y a 16 ans, elle a refusé une promotion importante dans un métier de rêve car elle était enceinte de sa fille. Aujourd’hui, sa petite librairie périclite car elle refuse de diversifier les ouvrages qu’elle propose (elle est spécialisée uniquement dans la littérature enfantine). Et elle en veut à tout le monde. D’ailleurs quand son ancienne collègue lui propose de rencontrer Stephenie Meyer afin d’organiser une séance de dédicace dans sa librairie, elle force sa famille à l’accompagner, sans même prendre la peine de leur expliquer que sans cette opportunité elle risque de perdre sa librairie (Ses enfants se seraient-ils mieux comportés ? Je ne sais pas, mais ça aurait été une bonne idée de tenter le coup).
    Voilà l’histoire posée. Ah non j’oubliais un détail qui a son importance : Est-ce une perfidie de son ancienne collègue ou un simple malentendu, Emma oblige sa famille à se déguiser en monstres pour aller à cette soirée (Alors que seul le groupe de musique est censé être grimé).
    Sur le retour de cette soirée désastreuse, Emma surprend sa fille sourire à la lecture d’un SMS et explose devant tant d’égocentrisme : Comment cette gamine ose-t-elle sourire alors qu’on vient de lui gâcher la vie, qu’on la lui gâche depuis 16 ans (un peu mélodramatique la Emma sur ce coup là). Et manque de pot, Baba Yaga est dans le coin… Et à partir de là, le livre part en biberine : clichés, situations absurdes, soi-disant humour… Si le début est assez rythmé, le texte devient vite lent, sans action ou presque. Les passages avec Dracula m’ont profondément ennuyée.
    Ce livre était bien jusqu’à ce qu’il tombe dans le « fantastique ».
    Et la fin est encore plus tirée par les cheveux que le déroulement. Je pense que le début du livre est adapté à un public adulte, mais à partir du moment où il entre dans le registre du fantastique, il devient plus adapté à un public plus jeune (pré-ados).


    Un extrait : — Connais-tu ce proverbe indien : « Plus on aime quelqu’un, plus on a envie de le tuer » ? me demanda mon employée.

    Et je me dis : La vache, qu’est-ce que je dois aimer ma famille !

    Pour la énième fois de la journée, le portable sonna dans ma petite librairie spécialisée en littérature enfantine.

    Ma fille de quinze ans, Fée, avait d’abord appelé pour me préparer psychologiquement à la voir redoubler (car, hélas, elle était à peu près aussi douée en maths qu’un labrador).

    Puis ç’avait été le tour de son petit frère Max, pour me dire qu’il ne pouvait pas rentrer à la maison parce qu’il avait encore oublié la clé de l’appartement (existerait-il une forme d’Alzheimer propre aux enfants ?).

    Cette fois, d’après le numéro affiché sur mon portable, c’était mon mari, Frank. Vraisemblablement pour m’annoncer qu’il rentrerait plus tard du bureau – comme presque tous les soirs, en fait. (Ce qui signifiait que j’aurais à affronter seule non seulement la fainéantise olympique de Fée en matière de devoirs scolaires, mais aussi le chaos qui régnait dans l’appartement. Certains jours, on aurait dit qu’il venait de subir le passage d’une horde de Huns. Accompagnés d’éléphants. Et d’ogres. Et de Britney Spears.)

    Je décidai de ne pas répondre. Cela m’éviterait une conversation qui ne pouvait que m’énerver, sans compter qu’à la fin je serais encore plus énervée de m’être énervée comme ça.

    A la place, je regardai dehors d’un air morne à travers la vitrine de ma librairie « Lemmi und die Schmöker», tout en songeant avec tristesse qu’à une certaine époque j’avais aimé ma famille sans arrière-pensées négatives. C’était avant l’intrusion de ces monstres ordinaires qui ont nom : stress au travail, crise de la quarantaine et puberté.

    Oui, nous, les Wünschmann, nous avions été une famille heureuse. Mais quelque chose s’était perdu au fil des dernières années. A mon grand regret, je n’avais aucune idée de ce que c’était au juste, donc encore moins de la façon de le retrouver. Pourtant, je le désirais tellement !

    Tandis que je rêvais avec nostalgie au bon vieux temps, un jeune homme aux fesses fascinantes passa devant la vitrine. Je rajustai mes lunettes pour mieux voir.


    — Beau cul, hein ? observa ma vieille employée, Cheyenne.

    En réalité, elle s’appelait Renate, mais ne répondait pas à ce nom. Avec ses fleurs dans les cheveux et ses fanfreluches, ce devait être la plus vieille hippie du monde connu.


    — Euh, je n’ai rien vu, prétendis-je de façon peu convaincante.

    Devant l’air moqueur de Cheyenne, je m’empressai d’ajouter :

    — D’ailleurs, il était un peu maigrichon.

    — Emma, tu l’as donc bien vu, dit-elle en souriant. Ce garçon pourrait être ton fils, renchérit-elle tandis que je baissais les yeux d’un air coupable.

    Mon Dieu, elle avait raison ! J’approchais de la quarantaine, et ce type devait avoir au maximum vingt-deux ans. Je pouvais être honteuse de lorgner un jeunot comme lui.

    — Quand as-tu fait l’amour pour la dernière fois, Emma ? demanda Cheyenne en sirotant son thé des yogis – dont l’odeur suggérait qu’un très vieux yogi avait dû y prendre un bain de pieds.

    — Euh… hésitai-je, car j’avais du mal à me souvenir de la réponse.

    — C’est bien ce que je pensais, dit-elle avec amusement.