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Selene raconte... - Page 142

  • Le tiercé du samedi #86

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    Rappel du principe: Chaque semaine, le samedi comme son nom l’indique, il conviendra de choisir les trois livres, le trio gagnant, correspondant au thème proposé.

    A la fin de chacun de ces Rendez-vous, j’indiquerai le thème de la semaine suivante.

    Ce Rendez-Vous Livresque a été inspiré de « The Saturday Awards Book » créé par l’Echos de mots, et qui n'existe plus aujourd'hui.

    Comme annoncé la semaine dernière, le thème d'aujourd'hui est:

    Les trois endroits principaux où vous achetez vos livres

     

    Alors pour ma part, le trio gagnant est:

     

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    Cultura

     

     

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    Je n'y vais qu'une fois par an, munie des chèques cadeaux du boulot... Mais là, je fais le plein!

     

     

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    France Loisirs

     

     

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    Je suis abonnée depuis des années et, comme je n'achète que lors de mes achats du trimestres, je trouve toujours au moins un livre qui me tente...et ma PAL monte, monte, monte...

     

     

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    Amazon

     

     

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    C'est là que j'achète la plupart de mes livres. Je ne suis pas motorisée et ma santé ne me permet pas de passer beaucoup de temps dans les transports. Alors, comme je n'ai pas de librairie à proximité...



    Pour la semaine prochaine, le thème sera: Vos trois challenges livresques préférés

    Et n'hésitez pas à laissez en commentaire le lien vers votre propre tiercé du samedi!

     

     

  • [Livre] Mansfield Park

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    Résumé : Fanny Price est issue d'une famille pauvre qu'elle quitte à l'âge de dix ans pour vivre avec son oncle et sa tante, Sir Thomas et Lady Bertram, à Mansfield Park. Sir Thomas désire en effet aider Mrs. Price, la mère de Fanny et la sœur de Lady Bertram, en prenant en charge l'éducation de Fanny.

    Celle-ci est donc élevée avec ses cousins, légèrement plus âgés qu'elle, Tom, Edmund, Maria et Julia, mais il lui est presque constamment rappelé qu'elle leur est inférieure. Seul Edmund fait preuve de gentillesse à son égard; Maria et Julia la méprisent, Tom ne lui prête pas attention. Fanny maintient une correspondance régulière avec son frère William, officier de la Royal Navy. Elle acquiert en grandissant, notamment au contact d'Edmond, un sens moral qui lui sert de guide pour toute chose. La gratitude et l'affection qu'elle éprouve à l'égard de son cousin se transforment au fil des ans en un amour qu'elle garde secret.

    Les jours passent calmement à Mansfield Park, jusqu'au jour où Lord Bertram part aux Caraïbes et que de nouveaux jeunes gens font leur arrivée dans les environs : Mr. et Miss Crawford, frère et sœur de la femme du nouveau pasteur. Leur arrivée bouleverse la vie austère de Mansfield Park, sous les yeux de Fanny...

     

    Auteur : Jane Austen

     

    Edition : 10/18

     

    Genre : Classique étranger

     

    Date de parution : 2012

     

    Prix moyen : 6€

     

    Mon avis : J’ai eu plus de mal à entrer dans l’histoire de ce Jane Austen que dans orgueil et préjugés ou dans raison et sentiments. L’écriture est pourtant toujours aussi belle et addictive, typique de l’époque de Jane Austen. Mais je ne sais pas, peut-être parce que l’histoire est plus lente à se mettre en place (on est quand même sur un beau petit pavé de 646 pages).
    L’histoire reste très classique avec une jeune fille de condition modeste (bon ici c’est la seule à l’être, alors que dans les autres livres que j’ai lu, toute la famille l’est).
    Pourtant j’ai apprécié les personnages. Enfin j’ai surtout apprécié les détester parce qu’il faut bien avouer, ils ne sont pas très sympathiques.
    Commençons par notre héroïne Fanny Price. Fanny est la fille de la plus jeune sœur de Lady Bertram et Mme Norris. Celle-ci a fait un mariage assez désastreux en terme de finance et très productif en terme d’enfants. Mme Norris décide donc de convaincre Sir Thomas, son beau-frère, d’accueillir l’ainée des filles Price pour l’élever « convenablement ». Ainsi arrive Fanny à Mansfield Park.
    Fanny est douce, un peu craintive, très très timide mais dotée d’un sens moral irréprochable. Trop peut-être même, car, si elle n’avait pas eu la crainte de mettre certaines personnes dans l’embarras et qu’elle avait dit clairement à son oncle pourquoi elle refusait son prétendant, il aurait non seulement surement compris, mais se serait méfié de bonhomme comme de la peste.
    Alors qu’il était prévu qu’elle soit élevée comme ses cousins, elle est nettement considérée comme inférieure, notamment par sa tante Norris qui, malheureusement, à une influence considérable sur ses deux nièces Maria et Julia. Les deux cousines la méprisent donc un peu, elles ne sont pas particulièrement méchantes avec elle, mais elles la considèrent comme quantité négligeable. Mme Norris, elle, en revanche, est vraiment méchante, elle n’aime pas Fanny, même si on ne sait pas trop pourquoi. Alors que l’idée de l’accueillir vient d’elle, on dirait qu’elle est indisposée par la présence de la petite puis jeune fille.
    Tom l’ainé de la famille n’est ni gentil, ni méchant. C’est le plus âgé, il a 17 ans quand Fanny débarque, il a des fréquentation pas toujours très recommandable et il pense plus à ses plaisirs qu’à autre chose.
    Enfin parmi les cousins, il y a Edmond qui est plus intègre, plus droit dans ses bottes. Il aime beaucoup Fanny mais parfois se confie à elle sans se rendre compte que ce qu’il lui dit peut la toucher voire la peiner. Il reste quand même le personnage le plus gentil et le plus honnête avec son père Sir Thomas.
    Le problème de Sir Thomas, en dehors du fait qu’il doit partir à l’étranger pendant plusieurs mois, est qu’il est d’un abord froid et austère. Il fait plein de petites choses pour Fanny mais il la terrifie. Il est aussi très conservateur et a du mal à s’adapter aux évolutions de la société. Je me rappelle avoir été très marquée à un moment quand il dit à Fanny qu’elle l’a déçue parce « vous avez montré que vous pouvez et voulez décider par vous-même sans aucune considération ou déférence envers ceux qui ont certainement quelques droits à vous guider ». Voilà, clairement, pour lui, une femme n’a aucune décision à prendre, elle doit s’en remettre à ses parents masculins. Et pourtant, plus tard dans le livre, on voit clairement que le bonheur de ses filles dans le mariage l’emporte nettement sur le statut social de leur conjoint.
    J’ai eu du mal à cerner Lady Bertram. Elle a l’air de n’être capable de rien, même pas de penser par elle-même. Mais elle est surement la seule à pourvoir montrer de l’affection.
    Quant au frère et à la sœur de Mme Grant, la femme du pasteur, c’est un peu eux qui vont venir dérégler la machine bien huilée de Mansfield Park. Ce n’est pas qu’ils soient méchants, mais les lacunes de leur éducation se font clairement sentir tout au long du livre, surtout du point de vue de la moralité.
    J’ai un peu regretté la fin, que j’ai trouvée expédiée, même si c’est là une volonté de l’auteur qu’elle annonce en début de chapitre.
    Même si c’est le plus long et le moins rythmé des romans de Jane Austen, Cela reste un livre à lire, surtout si on aime cet auteur.

    Un extrait : Il y a de cela à peu près trente ans, Mlle Maria Ward d’Huntingdon, n’ayant pour toute fortune que sept cents livres, eut la chance de conquérir le cœur de Sir Thomas Bertram de Mansfield Park, dans le comté de Northampton. De ce fait elle fut élevée au rang de femme de baronnet avec tout le luxe et tout le confort que lui apportait une maison bien montée et digne de sa situation.

    Tout Huntingdon applaudit à ce mariage magnifique et son oncle l’avocat, l’autorisa à user de ses talents jusqu’à concurrence de trois mille livres. Ses deux sœurs devaient bénéficier de son changement de situation et leurs amis et connaissances n’avaient aucun scrupule à prédire que Mlle Ward et Mlle Frances, aussi jolies que Mlle Maria, feraient certes d’aussi beaux mariages. Mais il n’y a pas, dans le monde, autant d’hommes possédant une grosse fortune qu’il y a de jolies femmes pour les mériter.

    Six ans plus tard, Mlle Ward se crut obligée de s’éprendre du Rév. A. Norris, un ami de son beau-frère, qui n’avait pratiquement aucune fortune et Mlle Frances fit encore pire.

    L’union de Mlle Ward n’était pas à dédaigner et Sir Thomas avait heureusement les moyens de donner l’hospitalité à son ami, à Mansfield, de sorte que M. et Mme Norris commencèrent leur vie conjugale avec moins de mille livres par an.

    Mais Mlle Frances désobligea toute sa famille en s’éprenant d’un lieutenant de marine, sans éducation, sans fortune et sans avenir. Elle aurait difficilement pu s’arrêter à un choix plus malencontreux. Sir Thomas Bertram avait tout intérêt, autant par principe que par fierté, à souhaiter que tous ceux de sa famille aient une situation respectable et aurait aidé de bon cœur la sœur de Lady Bertram dans ce sens. Mais la profession du mari de celle-ci était si peu intéressante qu’avant qu’il n’ait eu le temps de trouver le moyen de les aider, une mésintelligence profonde intervint entre les deux sœurs. C’était ce qui devait naturellement arriver à la suite d’un mariage aussi désastreux. Pour éviter des reproches inutiles, Mme Price n’avait jamais écrit à sa famille à ce sujet, jusqu’à ce qu’elle fût mariée. Lady Bertram, qui était une femme de caractère froid et indolent, se serait très bien accommodée d’abandonner sa sœur et de ne plus penser à elle.

    Mais Mme Norris était moins passive et ne fut satisfaite que lorsqu’elle eut écrit une longue lettre furieuse à Fanny, où elle lui montrait l’indignité de sa conduite et l’injuriait en conséquence. À son tour, Mme Price se froissa et se fâcha. Il y eut un échange de lettres désagréables entre elles, dans lesquelles Sir Thomas ne fut pas épargné, tant et si bien qu’il en résulta une brouille qui dura un temps considérable.

    Leurs habitations étaient si éloignées et leurs cercles de relations si différents, qu’ils entendirent à peine parler les uns des autres pendant les onze années qui suivirent et que ce fut par hasard que Sir Thomas apprit par Mme Norris, qui était toujours au courant de tout, que Fanny allait avoir un autre enfant. Après ce long laps de temps, Mme Price ne put supporter plus longtemps son ressentiment vis-à-vis de quelqu’un qui aurait pu l’aider et ne l’aidait pas. Une famille s’accroissant toujours, un mari inapte au service actif, mais aimant la bonne compagnie et les liqueurs fines, et un très petit revenu pour combler tous ces désirs la décidèrent à reconquérir les amis qu’elle avait si sottement sacrifiés. Elle adressa à Lady Bertram une lettre pleine de contrition et de désespoir, parlant avec émotion de ses enfants à qui il manquait le strict nécessaire et demandant la réconciliation. Elle attendait son neuvième enfant et après avoir exposé sa situation demandait à Lady Bertram d’être la marraine en la suppliant de s’occuper des huit autres. Son aîné était un garçon de dix ans plein d’esprit et qui désirait faire son chemin dans la vie, mais comment pouvait-elle l’aider ? Ne pourrait-il être utile à quelque chose dans une des propriétés que Sir Thomas avait dans les Indes ? Tout serait bon pour lui. Que pensait Sir Thomas de Woolwich ? Ou bien ne pouvait-on l’envoyer dans l’Est…

    La lettre produisit son effet. Elle rétablit la paix et ramena la bonté. Sir Thomas envoya des conseils et des recommandations. Lady Bertram de l’argent et une layette et Mme Norris écrivit des lettres.

    Tels furent les résultats immédiats, mais durant ces douze mois Mme Price obtint un autre avantage. Mme Norris déclara souvent à ses amis et connaissances qu’elle ne pouvait laisser sa pauvre sœur dans le besoin et quoique ayant déjà fait beaucoup pour elle, elle sentait qu’elle devait faire encore davantage. Elle émit l’idée de soulager Mme Price de la charge de l’un de ses enfants.

     

  • [Film] Les malheurs de Sophie

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    Titre original : Les malheurs de Sophie

     

    Réalisé par : Christophe Honoré

     

    Date de sortie : 20 avril 2016

     

    Genre : Jeunesse

     

    Pays d’origine : France

     

    Durée : 1h 46

     

    Casting : Anaïs Demoustier, Golshifteh Farahani, Muriel Robin, Caroline Grant…

     

    Résumé : Depuis son château, la petite Sophie ne peut résister à la tentation de l'interdit et ce qu'elle aime par-dessus tout, c'est faire des bêtises avec son cousin Paul. Lorsque ses parents décident de rejoindre l'Amérique, Sophie est enchantée. Un an plus tard, elle est de retour en France avec son horrible belle-mère, Madame Fichini. Mais Sophie va pouvoir compter sur l'aide de ses deux amies, les petites filles modèles, et de leur mère, Madame de Fleurville pour se sauver des griffes de cette femme.

     

    Mon avis : Dès le début, la première chose qui m’a choquée, c’est le format de diffusion. Celui-ci fait que nous avons deux grosses bandes noires sur les côtés de l’écran. Et on a beau modifier le format sur le téléviseur, ces bandes restent. Je trouve inadmissible qu’à une époque où les téléspectateurs sont obligé d’avoir des télé 16/9ème, puisqu’on ne trouve plus rien d’autre, et vu le prix des DVD, on soit obligé de supporter ces bandes disgracieuses qui gâchent tout le plaisir du visionnage. Qu’elles existent sur un vieux film est une chose, qu’on les trouve sur un film tourné en 2015 en est une autre.
    Les passages où les personnages s’adressent directement aux spectateurs m’ont laissé une impression mitigée. D’un côté c’était un moyen facile d’avancer dans l’histoire en racontant ce qu’on n’avait pas pu voir, d’un autre, j’ai trouvé que ça coupait un peu le rythme du film.
    Autre impression mitigée : les animaux en animation 2D plutôt qu’en image de synthèse. Le réalisateur a voulu retrouver la magie du classique Disney Peter et Elliott qui mélange dessin animé et image en prise de vue réelle mais ici on n’a pas du tout le même effet. On a l’impression que le film n’avait tout simplement pas le budget pour faire des animaux en images de synthèse.
    Je n’ai pas non plus compris non plus pourquoi l’époque à laquelle se déroulait l’histoire a été changée. Cela dit, j’ai cette impression à cause des tenues vestimentaires des femmes et des fillettes.

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    Peut-être que le réalisateur a tout simplement confondu les robes de style empire qui étaient à la mode pendant le 1er empire (entre 1795 et 1820) et la période du second empire durant laquelle se déroule l’histoire (entre 1852 – 1870) qui a été l’avènement de la robe à crinoline. On va laisser le bénéfice du doute à Christophe Honoré en se disant qu’il est réalisateur et non historien et qu’il n’a pas bien lu l’œuvre de la Comtesse de Ségur.

    D’ailleurs tant au niveau des personnages qu’au niveau de l’histoire, on se demande si le réalisateur a pris la peine de lire les œuvres concernées de la comtesse.
    Concernant les personnages, en premier lieu, j’ai trouvé que les enfants, malgré leurs jeunes âges, jouaient plutôt pas mal, même si leur jeu est parfois un peu hésitant.
    Cependant Sophie se montre particulièrement méchante et dissimulatrice alors que dans le livre elle est impatiente et ne prend conscience de ce qu’elle a fait de mal que lorsqu’il est trop tard.

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    L’actrice qui joue Mme de Réan n’est absolument pas crédible dans ce rôle. D’abord elle est iranienne et son accent, malgré ce qu’à essayer de faire croire le réalisateur, ne peut pas la faire passer pour une espagnole ou une italienne. On se demande donc comment une iranienne a pu épouser un aristocrate normand.

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    Pour le caractère du personnage, on est très loin de celui du livre. Mme de Réan est décrite par la comtesse de Ségur comme une femme aimante, juste mais très ferme, qui fait tourner la maison en l’absence de son mari, retenu à Paris pour ses affaires et qui n’a aucun mal à canaliser Sophie malgré les bêtises de cette dernière.
    Ici on a une femme démissionnaire, qui ne s’impose ni face à sa fille, ni face à ses domestiques, lesquels se permettent des attitudes qui leurs auraient couté leur place à l’époque où se situe l’histoire. Elle est totalement dépassée, presque maladive, allant jusqu’à laisser Mme de Fleurville gérer une dispute entre Sophie et Paul.
    On se demande à quoi sert l’introduction du personnage du curé un brin sadique, qui n’existe pas dans le roman et qui n’apporte rien à l’histoire. Ce personnage est ridicule et il y avait tant de bêtises de Sophie qui pouvaient être exploitée qu’il n’était nullement nécessaire d’introduire des personnages (ou des scènes) supplémentaires.
    Muriel Robin, elle, en revanche, est excellente dans son rôle de Mme Fichini, quoi qu’elle soit bien moins cruelle que dans le livre.

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    Sur près d’une heure de film, temps consacré aux malheurs de Sophie avant de passer aux petites filles modèles, on ne voit que très peu des bêtises de la gamine et aucune n’est fidèlement rapportée. Cela engendre un grand nombre de scènes superflues pour ne pas dire ridicule (la scène de la « fugue » de Sophie). Puis dans la seconde partie du film, qui est consacré aux petites filles modèles : rebelote, un grand nombre de scènes inventées fait qu’au final il n’y a quasiment rien de ce second livre dans le film.
    Au final, à vouloir réunir les deux livres en un seul film, le réalisateur a bâclé les deux et n’a adapté correctement aucun moment du livre.

    En soi le film n’est pas mal, mais dès lors qu’on connait les œuvres, dès lors qu’on les a lues dans notre enfance et qu’on les compare au film, il perd quasiment tout son intérêt, n’ayant rien du charme des romans de la Comtesse de Ségur.

    Finalement, malgré quelques scènes ajoutées, malgré quelques personnages disparus, j’ai préféré le dessin animé au film car il colle plus aux romans.

     


     

     

  • [Livre] Red Hill

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    Résumé : Scarlet est divorcée et mère de deux petites filles. Les élever seule est un combat quotidien qu'elle mène avec ténacité.

    Marié depuis plusieurs années à une femme de plus en plus distante, Nathan n'a qu'un vague souvenir de ce qu'est l'amour. En revanche, sa petite Zoe le comble de bonheur tous les jours.

    Miranda, elle, n'a qu'une préoccupation : l'organisation d'un week-end à la campagne avec sa soeur Ashley et leurs copains respectifs.

    Lorsque leur monde s'effondre, ces personnages ordinaires vont devoir affronter l'extraordinaire. Il leur faudra prendre en main leur destin pour avoir une chance de survie. Mais qu'arrive-t-il quand ceux pour qui vous êtes prêt à mourir sont aussi ceux qui peuvent vous détruire...?

     

    Auteur : Jamie McGuire

     

    Edition : J'ai lu

     

    Genre : Fantastique

     

    Date de parution : 23 Septembre 2015

     

    Prix moyen : 10€

     

    Mon avis : D’habitude, je ne suis pas une grande fan des zombies. J’ai du mal à leur trouver un intérêt (je ne supporte pas la série walking dead, par exemple). Mais ici, ça fonctionne. Alors certes, les zombies sont très présents, mais on ne les voit qu’au travers des yeux de quelques personnes. Après la trame de l’histoire reste très classique : des zombies, des humains les fuyant, et le moyen pour les seconds de survivre aux premiers.
    Rien, dans le quatrième de couverture, ne laisse supposer qu’on va se retrouver dans une histoire de zombies. C’est un choix, mais ça peut rebuter parce que ces histoires-là sont assez particulières, et ça peut vraiment énerver de tomber sur des zombies au détour d’une page quand on ne supporte pas ça.
    J’ai beaucoup aimé l’idée de suivre alternativement l’un des trois personnages, à savoir Scarlett, qui est séparée de ses deux filles, lesquelles étaient avec leur père au moment du début de l’épidémie ; Nathan qui est père célibataire (depuis peu) d’une toute petite fille et Miranda, qui avec son copain, sa sœur Ashley et le petit-ami de celle-ci était sur le chemin pour aller passer le week-end chez son père.
    Comme je le disais, je n’aime pas particulièrement les histoires de zombies (sauf quand c’est humoristique) mais ici, et je pense que c’est ça qui m’a fait apprécier l’histoire, j’ai bien aimé l’idée que tout parte de l’expérience scientifique d’un homme qui n’a pas voulu se contenter de prolonger la vie humaine en cherchant à soigner des maladies, mais a voulu ramener les morts à la vie. J’ai bien aimé aussi que les gens n’y croient pas tout de suite et puis qu’une fois qu’il leur est impossible de continuer à se voiler la face, qu’ils se retrouvent démunis, n’ayant comme repère que les nombreux films sur le sujet. D’ailleurs un des personnages va pointer la grande faiblesse de ces films qui est de ne pas « prévenir » de l’impact psychologique d’une telle catastrophe.
    Au niveau des personnages, Scarlett est sans doute celle qui m’a le plus énervée alors que je l’aimais bien au début du livre.
    Autant je comprends son besoin désespéré de retrouver ses filles, autant j’ai trouvé anormal qu’elle mette en danger tout le groupe, sans même leur demander ni avis ni permission (après tout elle n’est pas chez elle et j’ai trouvé que Miranda et Ashley avaient eu beaucoup de patience de ne pas lui dire d’aller chercher ses filles ailleurs).
    Bryce aussi était pénible, dans une moindre mesure. Son côté petit-copain jaloux, ça allait 5 minutes, mais au bout d’un moment on a juste envie de lui coller de grandes baffes et de lui rappeler que même s’il n’aime pas Joey, parce qu’il est efficace, charmant et qu’il ne laisse pas les filles de marbre, ils sont quand même en danger de mort et que Joey est un militaire qui revient à peine d’Afganistan et qui est donc probablement le plus qualifié question survie.
    J’ai aussi beaucoup aimé que les histoires de chacun des protagonistes s’entremêlent sans qu’ils en aient forcément conscience et sans que ce soit forcément de manière poussée.
    J’ai lu beaucoup de chroniques parlant d’un tome 2, et sur les bases comme booknode, Red Hill est noté comme étant un tome 1, cependant, rien, ni dans mes recherches, ni dans la fin du livre ne laisse supposer qu’il y aura un tome 2. En revanche, l’auteur a écrit une nouvelle qui nous raconte ce qu’on fait les filles de Scarlett pendant que leur mère se demandait si elles étaient ou non en vie (alors bien sûr, une fois lu Red Hill, on saura si elles se retrouvent ou non, mais dans tous les cas, l’idée est sympa, d’avoir ce côté-là du récit.)

    Un extrait : L’avertissement était bref – presque lâché en passant. « Les dépouilles ont été rassemblées et éliminées. » Puis les animateurs radio firent quelques plaisanteries, et cela en resta là. Il me fallut un moment pour prendre la mesure de ce que la journaliste avait annoncé à travers les haut-parleurs de ma Suburban : Enfin. Un savant zurichois avait enfin réussi à créer ce qui – jusqu’alors – n’était que pure fiction. Pendant des années, au mépris de toute déontologie scientifique, Elias Klein s’était échiné vainement à ranimer un cadavre. Autrefois considéré parmi les génies de ce monde, il était désormais la risée de tous. Et ce jour-là, il serait devenu un criminel, s’il n’avait pas été mort.

    À cet instant, je surveillais dans le rétroviseur mes filles qui se disputaient sur la banquette arrière, et les deux mots qui auraient dû tout changer avaient traversé mon cerveau sans trop m’interpeller. Deux mots qui, si je n’avais pas été en train de rappeler à Halle de donner l’autorisation de sortie à son professeur, m’auraient fait repartir pied au plancher.

    Dépouilles. Rassemblées.

    Mais j’étais trop occupée à rabâcher pour la troisième fois que le père des petites, Andrew, viendrait les chercher à l’école ce soir-là. Ils feraient ensuite une heure de route jusqu’à Anderson, la ville que nous appelions naguère notre chez-nous, où ils écouteraient le gouverneur Bellmon s’adresser aux collègues pompiers d’Andrew devant un parterre de journalistes locaux. Andrew pensait que cela plairait aux filles, et j’étais bien d’accord avec lui – peut-être pour la première fois depuis notre divorce.

    Même s’il manquait la plupart du temps de sensibilité, mon ex était un homme de devoir. S’il emmenait nos filles – Jenna, tout juste treize ans, à qui sa beauté (et sa bêtise) risquait de jouer des tours, et Halle, sept ans – au bowling, au restaurant, voire au cinéma, c’était uniquement parce qu’il s’y sentait obligé. Pour lui, passer du temps avec ses enfants faisait partie d’un boulot qu’il accomplissait sans plaisir.

    Quand Halle me saisit la tête et la fit brusquement pivoter pour me déposer de force des baisers mouillés sur les joues, j’en profitai pour remonter sur son nez ses lunettes à épaisse monture noire. Sans savourer l’instant, sans me douter que tant d’obstacles ce jour-là allaient se mettre entre nous pour nous séparer. Halle sautilla en chantonnant bruyamment tout au long du chemin menant à l’entrée de l’école. Elle était la seule personne de ma connaissance à être capable de se montrer à la fois aussi horripilante et attendrissante.

     

  • [Livre] Nos étoiles contraires

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    Résumé : Hazel, 16 ans, est atteinte d'un cancer. Son dernier traitement semble avoir arrêté l'évolution de la maladie, mais elle se sait condamnée. Bien qu'elle s'y ennuie passablement, elle intègre un groupe de soutien, fréquenté par d'autres jeunes malades.

    C'est là qu'elle rencontre Augustus, un garçon en rémission, qui partage son humour et son goût de la littérature. Entre les deux adolescents, l'attirance est immédiate.

    Et malgré les réticences d'Hazel, qui a peur de s'impliquer dans une relation dont le temps est compté, leur histoire d'amour commence... les entraînant vite dans un projet un peu fou, ambitieux, drôle et surtout plein de vie.

     

    Auteur : John Green

     

    Edition : Nathan

     

    Genre : Classique étranger

     

    Date de parution : 21 Février 2013

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : C’est difficile de chroniquer ce livre sans trop en dire, car les évènements dont on a envie de parler sont justement ceux qui sont le plus inattendus et on n’a pas envie de gâcher la surprise pour les autres (vous voyez un peu le dilemme ?).

    La mère de Hazel qui la trouve déprimée (remarquez avec des métastases dans les poumons qui l'obligent à se trimballer partout avec une bonbonne d'oxygène on peut comprendre qu’elle le soit un peu), l'inscrit dans un groupe de soutien que personnellement je trouve presque plus déprimant que la maladie elle-même.
    Hazel est assez dure et cynique concernant sa maladie. Elle semble ne pas avoir d'espoir quant à son issue, mais je me demande si c'est vraiment ce qu'elle pense ou si elle a juste peur d'espérer. Elle a aussi tendance à avoir du mal à se laisser approcher de peur de faire souffrir les autres.
    Ses parents sont très présents, peut-être un peu trop mais comme dit Hazel: "la seule chose qui craint plus que de mourir d'un cancer à 16 ans, c'est d'avoir un gosse qui meurt d'un cancer"

    Augustus essaie de mettre de l'humour dans toute cette noirceur et il y arrive très bien. Son ami Isaac est un peu de la même trempe mais sa situation ne lui permet pas d'être aussi détaché que son ami.

    Hazel adore un livre qui se fini de manière abrupte et rêve de savoir ce que les personnages deviennent après la fin du livre. Mais ce rêve de savoir ce qu’il « se passe après » qu’on a tous plus ou moins eu concernant les personnages de nos livres préférés, tourne presqu’à l’obsession pour elle.

    L'auteur, cependant, refuse de lui raconter « la suite » autrement qu'en face à face. Or il habite en Hollande et un voyage d'Amérique vers la Hollande quand on dépend d'une bombonne d'oxygène, ce n'est pas si simple.

    On se demande surtout pourquoi cette question à cette importance pour Hazel? Pourquoi elle ne peut pas simplement accepter que les personnages de fictions cessent d'exister après la dernière page de leur livre ?

    Croit-elle qu'elle cessera d'être malade si elle a les réponses à toutes ses questions?

    Ou que l'idée de sa mort aura moins d'importance?

    Ce que j'ai le plus aimé c'est que ce livre n'est pas larmoyant (ne vous faites pas d'illusions,  si vous n'avez pas un cœur en granit, sortez les mouchoirs), mais même si la situation en elle-même est triste, l'auteur n'en rajoute pas.

    Un extrait : L'année de mes dix-sept ans, vers la fin de l’hiver, ma mère a décrété que je faisais une dépression. Tout ça parce que je ne sortais quasiment pas de la maison, que je traînais au lit à longueur de journée, que je relisais le même livre en boucle, que je sautais des repas et que je passais le plus clair de mon immense temps libre à penser à la mort.

    Quoi qu’on lise sur le cancer (brochures, sites Internet ou autres), on trouvera toujours la dépression parmi les effets secondaires. Pourtant, la dépression n’est pas un effet secondaire du cancer. C’est mourir qui provoque la dépression (et le cancer, et à peu près tout, d’ailleurs). Mais ma mère, persuadée que je devais être soignée, a pris rendez-vous chez mon médecin, le docteur Jim, qui a confirmé que je nageais en pleine dépression, une dépression tétanisante et tout ce qu’il y a de plus clinique. Conclusion : il fallait modifier mon traitement, et je devais m’inscrire à un groupe de soutien hebdomadaire.

    Le groupe mettait en scène des personnages plus ou moins mal en point et sa composition changeait régulièrement. Pourquoi changeait-elle ? C’était un effet secondaire de mourir.

    Inutile de préciser que ces séances étaient déprimantes au possible. Elles avaient lieu tous les mercredis dans la crypte en forme de croix d’une église épiscopale aux murs de pierre. On s’asseyait en cercle au centre de la croix, là où les deux morceaux de bois auraient dû se croiser : pile où le cœur de Jésus aurait dû se trouver.

    Je le savais parce que Patrick, l’animateur, qui était aussi la seule personne du groupe à avoir plus de dix-huit ans, nous bassinait à chaque réunion avec le cœur de Jésus, au centre duquel nous, jeunes survivants du cancer, étions littéralement réunis.

    Voilà comment ça se passait au cœur du cœur de Dieu : notre groupe de six, sept ou dix arrivait à pied ou en chaise roulante, piochait dans un malheureux assortiment de biscuits et se servait un verre de limonade, avant de prendre place dans le cercle de la vérité et d’écouter Patrick débiter pour la millième fois le récit déprimant de sa vie – comment il avait eu un cancer des testicules et aurait dû en mourir, sauf qu’il n’était pas mort et que maintenant il était même un adulte bien vivant qui se tenait devant nous dans la crypte d’une église de la 137e ville d’Amérique la plus agréable à vivre, divorcé, accro aux jeux vidéo, seul, vivotant du maigre revenu que lui rapportait l’exploitation de son passé de super-cancéreux, futur détenteur d’un master ne risquant pas d’améliorer ses perspectives de carrière, et qui attendait, comme nous tous, que l’épée de Damoclès lui procure le soulagement auquel il avait échappé des années plus tôt quand le cancer lui avait pris ses couilles, mais avait épargné ce que seule une âme charitable aurait pu appeler « sa vie ».

    ET TOI AUSSI, TU PEUX AVOIR CETTE CHANCE !

    Après quoi, chacun se présentait : nom, âge, diagnostic et humeur du jour. Je m’appelle Hazel, avais-je dit quand mon tour était arrivé. J’ai seize ans. Cancer de la thyroïde à l’origine, mais mes poumons sont truffés de métastases depuis longtemps. Sinon ça va.

     

  • C'est lundi que lisez vous? #87

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    Rendez-vous initié par Mallou qui s'est inspirée de It's Monday, What are you reading ? de One Person’s Journey Through a World of Books. Le récapitulatif des liens se fait maintenant sur le blog de Galleane.

     

    Il s'agit de répondre à trois questions:

    Qu'ai-je lu la semaine passée?
    Que suis-je en train de lire?
    Que lirai-je après?

     

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    Et vous que lisez vous?

     

     

  • Le tiercé du samedi #85

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    Rappel du principe: Chaque semaine, le samedi comme son nom l’indique, il conviendra de choisir les trois livres, le trio gagnant, correspondant au thème proposé.

    A la fin de chacun de ces Rendez-vous, j’indiquerai le thème de la semaine suivante.

    Ce Rendez-Vous Livresque a été inspiré de « The Saturday Awards Book » créé par l’Echos de mots, et qui n'existe plus aujourd'hui.

    Comme annoncé la semaine dernière, le thème d'aujourd'hui est:

    Vos trois coups de cœur

     

    Pour une fois, je ne les ai pas classés par préférence mais par date, ainsi la coupe de bronze est celui que j'ai lu il y a le plus longtemps et la coupe d'or, mon coup de cœur le plus récent. Je n'ai pas très souvent des coups de coeurs (la coupe de bronze a été lue en juillet)
    Alors pour ma part, le trio gagnant est:

     

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    Orgueil et préjugés, Jane Austen

     

     

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    La vieille dame qui avait vécu dans les nuages, Maggie Leffler

     

     

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    Tornade, Jennifer Brown

     

     

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    Pour la semaine prochaine, le thème sera: Les trois endroits principaux où vous achetez vos livres

    Et n'hésitez pas à laissez en commentaire le lien vers votre propre tiercé du samedi!

     

  • [Livre] Tu tueras le père

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    Résumé : Sous un soleil de plomb, un homme court, désorienté, le long d'une route qui mène à Rome. Luca, son jeune fils, a disparu lors d'un pique-nique familial dans le Pratoni del Vivaro, un parc naturel à quelques kilomètres de là. Les enquêteurs dépêchés sur place découvrent bientôt la mère dans une clairière, décapitée.
    A la demande de son patron, Colomba Caselli, en congé après une affaire qu’elle nomme « le désastre », vient jeter un œil sur les lieux…et comprend aussitôt que quelque chose ne tourne pas rond.
    Le commissaire Rovere lui demande comme une faveur de mener l'enquête pour lui, en toute discrétion, et d'aller consulter un expert du rapt et de la maltraitance infantile, Dante Torre. Surnommé « l’enfant du silo » celui-ci a vécut 11 ans en captivité. Pendant ces années, son seul contact avec l'extérieur a été son mystérieux geôlier, qu'il appelle « le Père ».

    Colomba va confronter Dante à son pire cauchemar : dans cette affaire, il reconnaît la signature de ce Père jamais identifié, jamais arrêté...

    Auteur : Sandrone Dazieri

     

    Edition : Robert Laffont

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 8 octobre 2015

     

    Prix moyen : 21€

     

    Mon avis : Quand on voit une photo de l’auteur, Sandrone Dazieri, on ne dirait vraiment pas que c’est un psychopathe. Mais une fois qu’on a lu ce livre, on se pose la question.
    L’écriture est addictive. Le récit de l’enquête en cours est entrecoupé de scènes du passé.
    L’enquête en elle-même est assez lente : Colomba et Dante ne disposent pas toujours de tout l’arsenal judiciaire et doivent suivre de nombreuses pistes qui ne mènent à rien. Mais cette lenteur, qui a tendance à m’agacer en général, est ici un atout. On ne voit pas passer les 552 pages du livre car, si l’enquête est lente et laborieuse, le rythme général, lui, ne l’est pas une seconde. Car même si Colomba et Dante ne trouvent pas tout, tout de suite, comme on peut le voir dans certains thrillers, ils se démènent, cherchent, réfléchissent, courent partout… Et doivent gérer leurs démons : Colomba est encore très affectée par cette affaire dans son passé qu’elle appelle « le désastre » et pour laquelle ses anciens collègues semblent lui garder rancœur. Dante, lui, est bourré de phobies : vertige, claustrophobe (peut être aussi un poil agoraphobe), maniaque à l’extrême… Ce qui n’est pas des plus pratiques pour enquêter, il faut bien l’admettre.
    Sandrone Dazieri a travaillé ses personnages dans les moindres détails. Pour les personnages principaux, il les dévoile lentement, on en apprend un peu plus sur eux à chaque page. Mais même pour un personnage aussi insignifiant, et qui apparaît à peine, que la mère de Colomba, il arrive, en quelques lignes et quelques phrases de dialogue à nous faire cerner sa personnalité.
    J’ai beaucoup aimé Colomba, même si elle est parfois un peu trop dans le « tout est noir ou tout est blanc ». Dante me rendrait dingue au quotidien entre ses névroses et sa brusquerie lorsqu’il parle aux familles des victimes, mais le personnage est si bien construit qu’on ne pourrait pas l’imaginer se comporter autrement.
    On voit la plupart des autres personnages à travers le prisme des yeux de Colomba et Dante et donc on ne sait pas tout d’eux. Le procureur semble être un salopard et un incompétent, mais de par sa fonction, c’est surtout un politique et on ne le voit pas en dehors de cette fonction.
    Santini apparaît tout d’abord comme un flic arriviste qui veut être au centre de l’attention, mais au fil des pages, l’opinion qu’on a de lui se nuance un peu.
    Pendant la moitié du livre j’ai soupçonné tout le monde tour à tour. Pas forcément d’être le tueur lui-même, mais d’être au moins un complice.
    Finalement j’ai fini par avoir le fameux « Satori », une illumination comme le dit Dante, et, en regroupant tous les indices qu’on avait, j’ai trouvé le tueur (bon, ok, trois pages avant qu’il ne soit dévoilé, et encore je compte large mais quand même !).
    La fin laisse sur l’impression dérangeante que tout n’est pas totalement fini et qu’il reste des choses à découvrir. Y aura-t-il une suite ? Ou une autre enquête du duo ? Pas si sûr…

    Un extrait : L'HORREUR A COMMENCÉ À CINQ HEURES de l'après-midi, un samedi du début septembre : un homme en short faisait de grands gestes pour arrêter les voitures. Il portait un tee-shirt sur la tête pour se protéger du soleil et, aux pieds, une paire de tongs hors d'usage.

    Rien qu'à le regarder, l'agent qui rangea la voiture de patrouille sur le bas-côté de la départementale le classa dans la catégorie de « ceux qui ont perdu la boule ». Après dix-sept ans de service et quelques centaines d'alcooliques et de personnes en phase de délire, calmées avec ou sans égards, les « perdu la boule », il savait les reconnaître du premier coup d'œil. Et celui-ci en faisait partie, sans le moindre doute.

    Les deux agents descendirent du véhicule et l'homme en short s'approcha, bredouillant quelque chose. Il était épuisé et déshydraté, et l'agent le plus jeune lui donna un peu d'eau de la petite bouteille qu'il rangeait dans la portière, sans prêter attention au regard dégoûté de son collègue.

    Après quelques gorgées, les mots de l'homme en short devinrent plus compréhensibles. « J'ai perdu ma femme, dit-il. Et mon fils. » Il s'appelait Stefano Maugeri et, ce matin-là, il était parti pique-niquer avec sa famille non loin de là, dans la vallée des Pratoni del Vivaro. Ils avaient déjeuné de bonne heure et lui s'était assoupi, bercé par la brise. Quand il s'était réveillé, sa femme et son fils avaient disparu.

    Pendant trois heures, il avait arpenté les lieux, décrivant des cercles et cherchant en vain, jusqu'au moment où il s'était retrouvé à marcher sur le bas-côté de la route, frisant l'insolation et complètement désorienté. L'agent le plus âgé, qui commençait à voir vaciller ses certitudes, lui demanda pour quelle raison il n'avait pas appelé sa femme sur son portable : Maugeri lui répondit qu'il l'avait fait, mais que chaque fois il était tombé sur le répondeur ; puis son portable avait fini par se décharger complètement.

    L'agent le plus âgé regarda Maugeri, un peu moins sceptique. Les femmes qui disparaissaient en prenant les enfants avec elles, il en avait fait une sacrée collection au cours des interventions d'urgence, mais aucune n'avait jamais planté son conjoint au milieu des prés. Pas vivant, en tout cas.

    Les agents reconduisirent Maugeri sur les lieux du pique-nique. Il n'y avait personne. Les autres promeneurs étaient partis et sa Bravo grise était restée toute seule sur la petite route, non loin d'une nappe couleur magenta où se trouvaient encore des traces du déjeuner et une figurine de Ben 10, jeune héros ayant le pouvoir de se transformer en une quantité de monstres aliens.

    Quand ils arrivèrent, Ben 10 aurait dû se transformer en une espèce d'énorme mouche bleue qui aurait survolé les Pratoni à la recherche des disparus. Mais les deux policiers n'eurent d'autre choix que de donner l'alerte et d'appeler le Bureau d'enquêtes, lançant l'une des opérations de recherche les plus spectaculaires qui s'étaient déroulées dans les Pratoni ces dernières années.

    C'est alors que Colomba entra en scène. C'était son premier jour de travail après une longue pause, et ça allait devenir, de toute évidence, l'un des pires de sa carrière.

     

  • [Livre] Tant que dure ta colère

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    Résumé : Au nord de la Suède, à la fonte des glaces, le cadavre d'une jeune fille remonte à la surface du lac de Vittangijärvi. Est-ce son fantôme qui trouble les nuits du procureur Rebecka Martinsson ? Alors que l'enquête réveille d'anciennes rumeurs sur la mystérieuse disparition en 1943 d'un avion allemand dans la région de Kiruna, un tueur rôde, prêt à tout pour que la vérité reste enterrée sous un demi-siècle de neige ...

     

    Auteur : Asa Larsson

     

    Edition : Albin Michel

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 01 septembre 2016

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : Cette histoire est la quatrième affaire sur laquelle travaille Rebecka Martinsson. Même si le livre peut être lu indépendamment des autres, j’ai regretté de ne pas avoir lu les trois précédents à cause des multiples références, anecdotiques, certes, qui y sont faites. Je pense donc me procurer ces trois premiers tomes pour remédier à tout ça.
    Dès le départ, dès le prologue, on sait que Wilma et son petit ami Simon on été assassiné. Quand, à la fonte des glaces, Wilma remonte à la surface, on sait donc qu’elle ne réapparait pas du tout où elle est morte.

    Wilma, d’ailleurs, ne va pas très loin, son esprit est là et commente régulièrement ce qu’il voit. Oh elle ne dit rien de direct (elle ne dit pas le nom de son assassin par exemple) mais combiné à ce que l’on sait déjà et à l’enquête que l’on suit, sa présence fait qu’on a souvent un temps d’avance sur les enquêteurs et le procureur.
    Assez vite, on comprend qui est le tueur. Parce que ce qui est important dans ce livre ce n’est pas tellement le qui. Enfin pour nous lecteurs, pour les enquêteurs, évidemment, c’est une question primordiale.
    Mais pour nous, donc, le plus important c’est d’une part, comment ils vont le coincer (on va l’appeler « ça », ça rappellera des souvenirs) et d’autre part pourquoi ? C’est vraiment la question que je me suis posée tout au long de ce roman : Pourquoi ? Qu’est ce qu’il y a dans cet avion pour que cela justifie de prendre deux vies d’une telle manière (d’ailleurs j’ai encore des frissons dans le dos en pensant à la description par Wilma de sa propre mort).
    Le texte est généralement écrit à la troisième personne que l’on suive le procureur ou l’un ou l’autre des inspecteurs. Il ne passe à la première personne que lorsque c’est Wilma qui s’exprime, ce qui ajoute encore à l’effet surnaturel et omniscient que la présence de l’adolescente provoque.
    Ce que j’ai beaucoup aimé aussi, c’est que tous les personnages, du chien à l’inspecteur en passant pas les voisins, tous ont une importance dans l’histoire.
    J’ai été un peu frustrée par la fin.
    Pas par son écriture car elle est très bien menée. Mais l’auteur, contrairement à beaucoup d’auteurs de thriller, a pris le parti de faire une fin vraiment réaliste. On n’est pas dans du : « tous les coupables sont punis proportionnellement à leurs crimes, justice est faite, tous les « gentils » obtiennent ce qu’ils méritent, les inspecteurs et le procureur se retrouve devant un verre pour fêter ça »
    La vérité éclate, certes, mais il y a une certaine frustration vis-à-vis de certains personnages.
    Le seul bémol, j’aurais aimé qu’il y ait une scène sur une sorte de plongée judiciaire dans cette épave d’avion, histoire de clore définitivement le sujet.
    J’ai découvert Asa Larsson avec ce roman et je ne le regrette absolument pas. Je l’ai dévoré en deux jours seulement et j’ai immédiatement noté ses trois autres polars en espérant qu’elle en écrira d’autres !


    Un extrait : J’ai réussi à percer un trou dans la glace avec mon couteau de plongée. Je me bats pour l’agrandir. Je pique mon couteau, je le tourne dans le trou. Quand il a la taille de ma main, je regarde mon manomètre. Plus que vingt bars.
    Il ne faut pas que je respire si vite. Il faut que je me calme. Mais je ne peux pas remonter. Je suis coincée sous la glace.
    Je glisse la main par le trou. Sans réfléchir. C’est ma main, d’elle-même, qui appelle à l’aide.

    Quelqu’un, là-haut, l’attrape fermement. D’abord, je suis soulagée. Quelqu’un va me sortir de l’eau. Me sauver.
    Puis cette personne commence à tirer vraiment trop fort sur ma main, la tord d’une côté et de l’autre. Alors je comprends que je suis prise. Je suis bloquée là. Je veux me libérer, mais à chaque fois que je tente d’arracher ma main, je me heurte le visage contre la glace. Un voile rose sur fond bleu clair.
    Une pensée engourdie me traverse l’esprit : je saigne.
    Là-haut, la personne change de prise. Serre ma main prisonnière entre ses jambes. Alors je tire. Et je me libère. Ma main glisse hors du gant de plongée. Eau froide. Main froide. Aïe.
    Je m’enfouie sous la glace. Loin. Loin de ça.
    Me voilà à nouveau sous la porte verte. Je tape dessus. Cogne. Griffe.
    Il doit y avoir une autre sortie. Un endroit où la glace est plus fine, où je peux la briser. Je m’enfuis encore.
    Il me court après. Est-ce un homme ? Je vois une silhouette floue à travers la glace. Toujours au-dessus de moi. Entre chaque respiration, quand les bulles d’air que je rejette ne grondent pas à mes oreilles, j’entends ses pas assourdis.

    L’air que je souffle est prisonnier. Il forme une grande bulle plate sous la glace dans laquelle j’aperçois mon reflet. Déformé, comme dans un miroir de fête foraine. L’image varie. Quand j’inspire, je vois la personne là-haut, quand je souffle, je me vois moi-même.
    Puis le détendeur gèle. L’air fuit par l’embout. J’arrête de nager, entièrement occupée à essayer de respirer. Les bouteilles se vident en quelques minutes.
    Puis c’est fini. Mes poumons pompent, pompent. Je lutte. Ne pas respirer de l’eau. J’explose.
    J’agite les bras. Je cogne la glace en vain. Mon dernier geste en cette vie est d’arracher le détendeur et le masque. Puis je meurs. Il n’y a plus d’air entre moi et la glace. Mon reflet n’est plus. Mes yeux sont grands ouverts dans l’eau.
    Maintenant, je vois la personne, là-haut.
    Un visage qui se colle à la glace et me regarde. Mais je ne comprends pas ce que je vois. Ma conscience se retire comme la marée.

     

  • [Livre] Les insatiables

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    Résumé : Dix-sept lignes – c’est tout ce que son rédacteur en chef demande à Marc Rappaport au sujet du meurtre d’une prostituée perpétré vingt-sept ans auparavant à Paris et considéré aujourd’hui comme résolu grâce à l’obtention de l’ADN du meurtrier présumé. Suivant son intuition, le journaliste cherche à en savoir davantage sur le destin de cette jeune femme. Son enquête fiévreuse le confronte aux manquements graves d’une usine chimique, responsable de la mort d’une quarantaine d’ouvriers. Des Insatiables, tout en haut de l’échelle sociale, œuvrent dans l’ombre ; les révéler expose à tous les dangers. Une fiction belle et haletante qui explore avec virtuosité les pistes politiques, économiques, historiques et émotionnelles menant au véritable meurtrier.

     

    Auteur : Gila Lustiger

     

    Edition : Actes sud

     

    Genre : roman contemporain

     

    Date de parution : 07 septembre 2016

     

    Prix moyen : 23€

     

    Mon avis : « Il y avait trop d’informations contradictoires. Trop de points de départ. Trop d’histoires. »

    Chapitre 24

    Cette phrase, qui commence le chapitre 24, résume parfaitement mon ressenti sur ce livre.
    Ce roman est affiché comme roman contemporain mais est davantage un polar. Le problème est, qu’étant à cheval sur deux genres, il n’arrive pas à s’intégrer à l’un d’eux.
    Il est trop centré sur la recherche d’un coupable pour être un simple roman contemporain et part trop dans tous les sens sur un problème de société pour être vraiment un polar.
    Au final, il ne trouve réellement sa place nulle part, et si l’écriture est agréable, il est difficile de conserver son intérêt pour l’histoire.
    En effet, celle-ci s’essouffle à force de trop de détails. Etait-il vraiment nécessaire d’expliquer chacune des actions des protagonistes ? Non, ce sont des paragraphes entiers qu’on finit par lire en diagonale pour enfin renouer avec le fil directeur de l’histoire.
    Les errances sentimentales du journaliste apportent-elles quoi que ce soit à l’histoire ? Non, pas même un peu de légèreté, ce qui est généralement le rôle de ces « intrigues » secondaires dans un roman au sujet un peu lourd.
    Le désir de Gila Lustiger de dénoncer la société actuelle où les bénéfices d’une minorité prime sur la sécurité même de la masse, à grand renfort de corruption et de magouille politique, était une bonne idée de sujet, mais il est mal amené. On ne sait pas bien comment on passe du meurtre d’une escort girl à un scandale politico-financier. Et arrivé à la fin du livre, on n’en sait guère davantage.
    J’aurais préféré une fin plus claire. Ici j’ai refermé le livre avec l’impression qu’il manquait un paragraphe pour clore l’histoire.

    Un extrait : La prostituée s’appelait Emilie Thevenin. Marc avait passé une bonne demi-heure à téléphoner ici et là pour dénicher une information qu’il n’était même pas certain d’utiliser. Après tout, qui voulait vraiment connaître le nom d’une pute étranglée presque trente ans auparavant ? D’autres se seraient contentés d’appeler Emilie « la victime », mais ceux-là n’avaient pas son talent.
    Elle n’avait même pas fêté ses vingt ans. Il ne savait presque rien d’elle – seulement qu’elle venait d’une petite ville de province et qu’elle était partie à Paris à dix-huit ans pour étudier l’histoire à la Sorbonne -, mais il aurait pu retracer dans les moindres détails la façon dont les choses s’étaient déroulées. Il l’imaginait, en plus de ses études, tenter de gagner sa vie comme vendeuse (ou comme serveuse). Et puis, un week-end ou un autre, dans une discothèque ou une autre, rencontrer une vieille amie. Se laisser convaincre d’essayer – Allez, rien qu’une fois, pour voir. Pas de quoi en faire toute une histoire, hein, il faut envisager les choses calmement.
    Subir les lubies d’un chef toute la sainte journée, c’est vraiment ce qu’elle veut ? Quelle idée de se tuer comme ça à la tâche pour un salaire de misère ! Où est le mal, pourquoi ne pas faire jouir quelques hommes d’affaires friqués et savourer en plus (bonus de l’escort) bons vins et bonne chère ? Elle ne va quand même pas rester vierge pour le seul et l’unique ? Ah ! Alors… - et, pour finir, se convaincre elle-même d’être fière de son choix. Non, elle n’est pas de ces femmes à la dérive qu’on force à la prostitution. Pas elle. Elle couche de son plein gré, contre un dédommagement qu’on peut qualifier de significatif. Car elle est jeune, cultivée (en première année d’histoire), française, jolie. Et si quelqu’un trouve quelque chose à y redire, c’est par mesquinerie, voilà tout. Avec un corps sans défauts, une fraîcheur et une naïveté toutes juvéniles, elle a accès au monde de l’argent facile, sans parler de la liberté de pouvoir choisir ses horaires : oui, elle peut s’y faire. El l’expérience aurait même pu durer encore un an ou deux, peut-être plus, si au mois de mai, en fin d’après-midi, Gilles Neuhart, employé de banque, ne l’avait pas étranglée. Frappée, attachée, violée, étranglée. 
    Assassinée.