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[Livre] Mansfield Park

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Résumé : Fanny Price est issue d'une famille pauvre qu'elle quitte à l'âge de dix ans pour vivre avec son oncle et sa tante, Sir Thomas et Lady Bertram, à Mansfield Park. Sir Thomas désire en effet aider Mrs. Price, la mère de Fanny et la sœur de Lady Bertram, en prenant en charge l'éducation de Fanny.

Celle-ci est donc élevée avec ses cousins, légèrement plus âgés qu'elle, Tom, Edmund, Maria et Julia, mais il lui est presque constamment rappelé qu'elle leur est inférieure. Seul Edmund fait preuve de gentillesse à son égard; Maria et Julia la méprisent, Tom ne lui prête pas attention. Fanny maintient une correspondance régulière avec son frère William, officier de la Royal Navy. Elle acquiert en grandissant, notamment au contact d'Edmond, un sens moral qui lui sert de guide pour toute chose. La gratitude et l'affection qu'elle éprouve à l'égard de son cousin se transforment au fil des ans en un amour qu'elle garde secret.

Les jours passent calmement à Mansfield Park, jusqu'au jour où Lord Bertram part aux Caraïbes et que de nouveaux jeunes gens font leur arrivée dans les environs : Mr. et Miss Crawford, frère et sœur de la femme du nouveau pasteur. Leur arrivée bouleverse la vie austère de Mansfield Park, sous les yeux de Fanny...

 

Auteur : Jane Austen

 

Edition : 10/18

 

Genre : Classique étranger

 

Date de parution : 2012

 

Prix moyen : 6€

 

Mon avis : J’ai eu plus de mal à entrer dans l’histoire de ce Jane Austen que dans orgueil et préjugés ou dans raison et sentiments. L’écriture est pourtant toujours aussi belle et addictive, typique de l’époque de Jane Austen. Mais je ne sais pas, peut-être parce que l’histoire est plus lente à se mettre en place (on est quand même sur un beau petit pavé de 646 pages).
L’histoire reste très classique avec une jeune fille de condition modeste (bon ici c’est la seule à l’être, alors que dans les autres livres que j’ai lu, toute la famille l’est).
Pourtant j’ai apprécié les personnages. Enfin j’ai surtout apprécié les détester parce qu’il faut bien avouer, ils ne sont pas très sympathiques.
Commençons par notre héroïne Fanny Price. Fanny est la fille de la plus jeune sœur de Lady Bertram et Mme Norris. Celle-ci a fait un mariage assez désastreux en terme de finance et très productif en terme d’enfants. Mme Norris décide donc de convaincre Sir Thomas, son beau-frère, d’accueillir l’ainée des filles Price pour l’élever « convenablement ». Ainsi arrive Fanny à Mansfield Park.
Fanny est douce, un peu craintive, très très timide mais dotée d’un sens moral irréprochable. Trop peut-être même, car, si elle n’avait pas eu la crainte de mettre certaines personnes dans l’embarras et qu’elle avait dit clairement à son oncle pourquoi elle refusait son prétendant, il aurait non seulement surement compris, mais se serait méfié de bonhomme comme de la peste.
Alors qu’il était prévu qu’elle soit élevée comme ses cousins, elle est nettement considérée comme inférieure, notamment par sa tante Norris qui, malheureusement, à une influence considérable sur ses deux nièces Maria et Julia. Les deux cousines la méprisent donc un peu, elles ne sont pas particulièrement méchantes avec elle, mais elles la considèrent comme quantité négligeable. Mme Norris, elle, en revanche, est vraiment méchante, elle n’aime pas Fanny, même si on ne sait pas trop pourquoi. Alors que l’idée de l’accueillir vient d’elle, on dirait qu’elle est indisposée par la présence de la petite puis jeune fille.
Tom l’ainé de la famille n’est ni gentil, ni méchant. C’est le plus âgé, il a 17 ans quand Fanny débarque, il a des fréquentation pas toujours très recommandable et il pense plus à ses plaisirs qu’à autre chose.
Enfin parmi les cousins, il y a Edmond qui est plus intègre, plus droit dans ses bottes. Il aime beaucoup Fanny mais parfois se confie à elle sans se rendre compte que ce qu’il lui dit peut la toucher voire la peiner. Il reste quand même le personnage le plus gentil et le plus honnête avec son père Sir Thomas.
Le problème de Sir Thomas, en dehors du fait qu’il doit partir à l’étranger pendant plusieurs mois, est qu’il est d’un abord froid et austère. Il fait plein de petites choses pour Fanny mais il la terrifie. Il est aussi très conservateur et a du mal à s’adapter aux évolutions de la société. Je me rappelle avoir été très marquée à un moment quand il dit à Fanny qu’elle l’a déçue parce « vous avez montré que vous pouvez et voulez décider par vous-même sans aucune considération ou déférence envers ceux qui ont certainement quelques droits à vous guider ». Voilà, clairement, pour lui, une femme n’a aucune décision à prendre, elle doit s’en remettre à ses parents masculins. Et pourtant, plus tard dans le livre, on voit clairement que le bonheur de ses filles dans le mariage l’emporte nettement sur le statut social de leur conjoint.
J’ai eu du mal à cerner Lady Bertram. Elle a l’air de n’être capable de rien, même pas de penser par elle-même. Mais elle est surement la seule à pourvoir montrer de l’affection.
Quant au frère et à la sœur de Mme Grant, la femme du pasteur, c’est un peu eux qui vont venir dérégler la machine bien huilée de Mansfield Park. Ce n’est pas qu’ils soient méchants, mais les lacunes de leur éducation se font clairement sentir tout au long du livre, surtout du point de vue de la moralité.
J’ai un peu regretté la fin, que j’ai trouvée expédiée, même si c’est là une volonté de l’auteur qu’elle annonce en début de chapitre.
Même si c’est le plus long et le moins rythmé des romans de Jane Austen, Cela reste un livre à lire, surtout si on aime cet auteur.

Un extrait : Il y a de cela à peu près trente ans, Mlle Maria Ward d’Huntingdon, n’ayant pour toute fortune que sept cents livres, eut la chance de conquérir le cœur de Sir Thomas Bertram de Mansfield Park, dans le comté de Northampton. De ce fait elle fut élevée au rang de femme de baronnet avec tout le luxe et tout le confort que lui apportait une maison bien montée et digne de sa situation.

Tout Huntingdon applaudit à ce mariage magnifique et son oncle l’avocat, l’autorisa à user de ses talents jusqu’à concurrence de trois mille livres. Ses deux sœurs devaient bénéficier de son changement de situation et leurs amis et connaissances n’avaient aucun scrupule à prédire que Mlle Ward et Mlle Frances, aussi jolies que Mlle Maria, feraient certes d’aussi beaux mariages. Mais il n’y a pas, dans le monde, autant d’hommes possédant une grosse fortune qu’il y a de jolies femmes pour les mériter.

Six ans plus tard, Mlle Ward se crut obligée de s’éprendre du Rév. A. Norris, un ami de son beau-frère, qui n’avait pratiquement aucune fortune et Mlle Frances fit encore pire.

L’union de Mlle Ward n’était pas à dédaigner et Sir Thomas avait heureusement les moyens de donner l’hospitalité à son ami, à Mansfield, de sorte que M. et Mme Norris commencèrent leur vie conjugale avec moins de mille livres par an.

Mais Mlle Frances désobligea toute sa famille en s’éprenant d’un lieutenant de marine, sans éducation, sans fortune et sans avenir. Elle aurait difficilement pu s’arrêter à un choix plus malencontreux. Sir Thomas Bertram avait tout intérêt, autant par principe que par fierté, à souhaiter que tous ceux de sa famille aient une situation respectable et aurait aidé de bon cœur la sœur de Lady Bertram dans ce sens. Mais la profession du mari de celle-ci était si peu intéressante qu’avant qu’il n’ait eu le temps de trouver le moyen de les aider, une mésintelligence profonde intervint entre les deux sœurs. C’était ce qui devait naturellement arriver à la suite d’un mariage aussi désastreux. Pour éviter des reproches inutiles, Mme Price n’avait jamais écrit à sa famille à ce sujet, jusqu’à ce qu’elle fût mariée. Lady Bertram, qui était une femme de caractère froid et indolent, se serait très bien accommodée d’abandonner sa sœur et de ne plus penser à elle.

Mais Mme Norris était moins passive et ne fut satisfaite que lorsqu’elle eut écrit une longue lettre furieuse à Fanny, où elle lui montrait l’indignité de sa conduite et l’injuriait en conséquence. À son tour, Mme Price se froissa et se fâcha. Il y eut un échange de lettres désagréables entre elles, dans lesquelles Sir Thomas ne fut pas épargné, tant et si bien qu’il en résulta une brouille qui dura un temps considérable.

Leurs habitations étaient si éloignées et leurs cercles de relations si différents, qu’ils entendirent à peine parler les uns des autres pendant les onze années qui suivirent et que ce fut par hasard que Sir Thomas apprit par Mme Norris, qui était toujours au courant de tout, que Fanny allait avoir un autre enfant. Après ce long laps de temps, Mme Price ne put supporter plus longtemps son ressentiment vis-à-vis de quelqu’un qui aurait pu l’aider et ne l’aidait pas. Une famille s’accroissant toujours, un mari inapte au service actif, mais aimant la bonne compagnie et les liqueurs fines, et un très petit revenu pour combler tous ces désirs la décidèrent à reconquérir les amis qu’elle avait si sottement sacrifiés. Elle adressa à Lady Bertram une lettre pleine de contrition et de désespoir, parlant avec émotion de ses enfants à qui il manquait le strict nécessaire et demandant la réconciliation. Elle attendait son neuvième enfant et après avoir exposé sa situation demandait à Lady Bertram d’être la marraine en la suppliant de s’occuper des huit autres. Son aîné était un garçon de dix ans plein d’esprit et qui désirait faire son chemin dans la vie, mais comment pouvait-elle l’aider ? Ne pourrait-il être utile à quelque chose dans une des propriétés que Sir Thomas avait dans les Indes ? Tout serait bon pour lui. Que pensait Sir Thomas de Woolwich ? Ou bien ne pouvait-on l’envoyer dans l’Est…

La lettre produisit son effet. Elle rétablit la paix et ramena la bonté. Sir Thomas envoya des conseils et des recommandations. Lady Bertram de l’argent et une layette et Mme Norris écrivit des lettres.

Tels furent les résultats immédiats, mais durant ces douze mois Mme Price obtint un autre avantage. Mme Norris déclara souvent à ses amis et connaissances qu’elle ne pouvait laisser sa pauvre sœur dans le besoin et quoique ayant déjà fait beaucoup pour elle, elle sentait qu’elle devait faire encore davantage. Elle émit l’idée de soulager Mme Price de la charge de l’un de ses enfants.

 

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