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[Livre] Tant que dure ta colère

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Résumé : Au nord de la Suède, à la fonte des glaces, le cadavre d'une jeune fille remonte à la surface du lac de Vittangijärvi. Est-ce son fantôme qui trouble les nuits du procureur Rebecka Martinsson ? Alors que l'enquête réveille d'anciennes rumeurs sur la mystérieuse disparition en 1943 d'un avion allemand dans la région de Kiruna, un tueur rôde, prêt à tout pour que la vérité reste enterrée sous un demi-siècle de neige ...

 

Auteur : Asa Larsson

 

Edition : Albin Michel

 

Genre : Thriller

 

Date de parution : 01 septembre 2016

 

Prix moyen : 20€

 

Mon avis : Cette histoire est la quatrième affaire sur laquelle travaille Rebecka Martinsson. Même si le livre peut être lu indépendamment des autres, j’ai regretté de ne pas avoir lu les trois précédents à cause des multiples références, anecdotiques, certes, qui y sont faites. Je pense donc me procurer ces trois premiers tomes pour remédier à tout ça.
Dès le départ, dès le prologue, on sait que Wilma et son petit ami Simon on été assassiné. Quand, à la fonte des glaces, Wilma remonte à la surface, on sait donc qu’elle ne réapparait pas du tout où elle est morte.

Wilma, d’ailleurs, ne va pas très loin, son esprit est là et commente régulièrement ce qu’il voit. Oh elle ne dit rien de direct (elle ne dit pas le nom de son assassin par exemple) mais combiné à ce que l’on sait déjà et à l’enquête que l’on suit, sa présence fait qu’on a souvent un temps d’avance sur les enquêteurs et le procureur.
Assez vite, on comprend qui est le tueur. Parce que ce qui est important dans ce livre ce n’est pas tellement le qui. Enfin pour nous lecteurs, pour les enquêteurs, évidemment, c’est une question primordiale.
Mais pour nous, donc, le plus important c’est d’une part, comment ils vont le coincer (on va l’appeler « ça », ça rappellera des souvenirs) et d’autre part pourquoi ? C’est vraiment la question que je me suis posée tout au long de ce roman : Pourquoi ? Qu’est ce qu’il y a dans cet avion pour que cela justifie de prendre deux vies d’une telle manière (d’ailleurs j’ai encore des frissons dans le dos en pensant à la description par Wilma de sa propre mort).
Le texte est généralement écrit à la troisième personne que l’on suive le procureur ou l’un ou l’autre des inspecteurs. Il ne passe à la première personne que lorsque c’est Wilma qui s’exprime, ce qui ajoute encore à l’effet surnaturel et omniscient que la présence de l’adolescente provoque.
Ce que j’ai beaucoup aimé aussi, c’est que tous les personnages, du chien à l’inspecteur en passant pas les voisins, tous ont une importance dans l’histoire.
J’ai été un peu frustrée par la fin.
Pas par son écriture car elle est très bien menée. Mais l’auteur, contrairement à beaucoup d’auteurs de thriller, a pris le parti de faire une fin vraiment réaliste. On n’est pas dans du : « tous les coupables sont punis proportionnellement à leurs crimes, justice est faite, tous les « gentils » obtiennent ce qu’ils méritent, les inspecteurs et le procureur se retrouve devant un verre pour fêter ça »
La vérité éclate, certes, mais il y a une certaine frustration vis-à-vis de certains personnages.
Le seul bémol, j’aurais aimé qu’il y ait une scène sur une sorte de plongée judiciaire dans cette épave d’avion, histoire de clore définitivement le sujet.
J’ai découvert Asa Larsson avec ce roman et je ne le regrette absolument pas. Je l’ai dévoré en deux jours seulement et j’ai immédiatement noté ses trois autres polars en espérant qu’elle en écrira d’autres !


Un extrait : J’ai réussi à percer un trou dans la glace avec mon couteau de plongée. Je me bats pour l’agrandir. Je pique mon couteau, je le tourne dans le trou. Quand il a la taille de ma main, je regarde mon manomètre. Plus que vingt bars.
Il ne faut pas que je respire si vite. Il faut que je me calme. Mais je ne peux pas remonter. Je suis coincée sous la glace.
Je glisse la main par le trou. Sans réfléchir. C’est ma main, d’elle-même, qui appelle à l’aide.

Quelqu’un, là-haut, l’attrape fermement. D’abord, je suis soulagée. Quelqu’un va me sortir de l’eau. Me sauver.
Puis cette personne commence à tirer vraiment trop fort sur ma main, la tord d’une côté et de l’autre. Alors je comprends que je suis prise. Je suis bloquée là. Je veux me libérer, mais à chaque fois que je tente d’arracher ma main, je me heurte le visage contre la glace. Un voile rose sur fond bleu clair.
Une pensée engourdie me traverse l’esprit : je saigne.
Là-haut, la personne change de prise. Serre ma main prisonnière entre ses jambes. Alors je tire. Et je me libère. Ma main glisse hors du gant de plongée. Eau froide. Main froide. Aïe.
Je m’enfouie sous la glace. Loin. Loin de ça.
Me voilà à nouveau sous la porte verte. Je tape dessus. Cogne. Griffe.
Il doit y avoir une autre sortie. Un endroit où la glace est plus fine, où je peux la briser. Je m’enfuis encore.
Il me court après. Est-ce un homme ? Je vois une silhouette floue à travers la glace. Toujours au-dessus de moi. Entre chaque respiration, quand les bulles d’air que je rejette ne grondent pas à mes oreilles, j’entends ses pas assourdis.

L’air que je souffle est prisonnier. Il forme une grande bulle plate sous la glace dans laquelle j’aperçois mon reflet. Déformé, comme dans un miroir de fête foraine. L’image varie. Quand j’inspire, je vois la personne là-haut, quand je souffle, je me vois moi-même.
Puis le détendeur gèle. L’air fuit par l’embout. J’arrête de nager, entièrement occupée à essayer de respirer. Les bouteilles se vident en quelques minutes.
Puis c’est fini. Mes poumons pompent, pompent. Je lutte. Ne pas respirer de l’eau. J’explose.
J’agite les bras. Je cogne la glace en vain. Mon dernier geste en cette vie est d’arracher le détendeur et le masque. Puis je meurs. Il n’y a plus d’air entre moi et la glace. Mon reflet n’est plus. Mes yeux sont grands ouverts dans l’eau.
Maintenant, je vois la personne, là-haut.
Un visage qui se colle à la glace et me regarde. Mais je ne comprends pas ce que je vois. Ma conscience se retire comme la marée.

 

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