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Selene raconte... - Page 139

  • [Livre] Phobos Tome 3

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    Résumé : Fin du programme Genesis dans

    1 mois...

    1 jour...

    1 heure...

    ILS SONT PRÊTS A MENTIR POUR SAUVER LEUR PEAU.

    Ils sont les douze naufragés de Mars.

    Ils sont aussi les complices d'un effroyable mensonge. Les spectateurs se passionnent pour leur plan de sauvetage, sans se douter du danger sans précédent qui menace la Terre.

    ELLE EST PRÊTE A MOURIR POUR SAUVER LE MONDE.

    Au risque de sa vie, Léonor est déterminée à faire éclater la vérité. Mais en est-il encore temps ?

    Même si le compte à rebours expire, il est trop tard pour renoncer.

     

    Auteur : Victor Dixen

     

    Edition : Robert Laffont

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 24 novembre 2016

     

    Prix moyen : 17,90€

     

    Mon avis : J’attendais avec impatience ce tome 3 et, au final, il m’a un peu déçue. Il est toujours aussi bien écris, entendons-nous bien, mais j’ai trouvé qu’il manquait quelque chose.
    La moitié du livre (et encore je suis gentille) ne parle que de l’accession au pouvoir de Serena. Cette prise de pouvoir, tout comme l’explication de la vigueur de Serena, manque clairement de crédibilité (un comble pour un auteur qui a réussi à rendre crédible une colonisation de Mars).
    Cela dit, on peut dire que Serena est égale à elle-même.

    En revanche, on ne peut pas en dire autant des pionniers. Alors ok, je suis d’accord, Serena s’est prêtée sur eux à un exercice de relaxation qui a servir d’excuse pour une hypnose collective dans le tome 2, mais tout de même… après cet épisode, ils avaient encore une conscience, alors que là, on dirait des moutons qui ont oublié tout ce que Serena leur a fait.
    Concernant Marcus, il y a des pages et des pages sur sa situation pour que, pratiquement à la fin, on ait un « retournement de situation » qui, s’il est surprenant, est surtout incompréhensible et nous donne l’impression d’avoir perdu notre temps pendant plus de 150 pages.
    En revanche j’ai plus apprécié la révélation de la fin sur Alexeï.
    Pendant tout le livre, Alexeï m’a profondément énervée. Son attitude de petit chef, pour ne pas dire la dictature qu’il installe sur New Eden, comme dans le pire de l’histoire russe (et surtout les réactions des autres pionniers, qui, à part Léonor, le laisse faire avec une passivité évoquant des légumes), m’a exaspérée. Les événements le concernant vers la fin m’ont, ici, agréablement surprise.
    Concernant le fameux kamikaze, on a enfin la réponse sur qui a été hypnotisé par Serena avant le départ pour devenir une arme. Et là j’ai été sidérée ! Et en même temps, en analysant les différents comportements, je me fais l’impression d’une cruche qui aurait dû voir venir le coup depuis longtemps.
    J’ai bien aimé le livre en lui-même, je l’ai lu quasiment d’une traite (quasiment parce que je travaille et qu’il fait quand même plus de 600 pages !) mais j’ai trouvé qu’au final, la fin retombait comme un soufflé parce qu’elle nous laisse avec plus de questions que de réponses.
    Cependant, cette fin n’est peut-être qu’un leurre. En effet, depuis le début de Phobos, on se dit qu’il s’agit d’une trilogie, d’où une déception sur la fin de ce tome, mais il y a une rumeur comme quoi il pourrait y avoir un tome 4 prévu pour 2017. Si cela s’avère vrai, cela change tout quant aux sentiments que provoquent la fin, parce qu’on sait alors qu’on va avoir, probablement des réponses aux questions que l’on se pose.
    Cela ne changera pas tous les passages qui n’ont pas été à la hauteur de mes espérances, mais au moins, je ne resterais pas sur ma faim. Cela dit, je n’ai pas trouvé de confirmation officielle de cette rumeur, et ceux qui en parlent ne citent pas leurs sources.
    Affaire à suivre donc…

    Un extrait : SEULE.

    Je suis seule, même si les êtres avec qui j’ai vécu les moments les plus forts de ma vie se trouvent tout autour de moi : eux, les pionniers du programme Genesis, les héros de l’espace, les damnés de Mars.

    « Oh, Léo, je t’en supplie : regarde-moi ! » s’écrie Kris.

    J’entends la voix de ma meilleure amie, pétrie d’angoisse.

    Je perçois le poids de ses mains crispées sur les épaules de ma combinaison, que j’ai revêtue pour passer le cap de la tempête de fin d’été.

    Je sens la caresse de sa respiration hachée sur mes joues, encore humides de sueur même après avoir ôté mon casque.

    Mais je ne la vois pas.

    Mes yeux ne peuvent se détacher du garçon qui se tient debout à quelques mètres, dans le séjour du septième Nid d’amour – ou plutôt devrais-je dire, dans le Nid de mort où ont disparu les cobayes de l’expérience Noé, il y a une année martienne de cela.

    Celui que je croyais si proche m’est devenu étranger.

    Celui qui m’a fait frissonner de plaisir me fait maintenant frémir de dégoût.

    Quand je repense à ces moments d’intimité que j’ai connus avec lui et lui seul, à toutes ces premières fois que je ne revivrai jamais plus avec quiconque…

    Pouah !

    Ça me donne envie de vomir !

    Le visage de Marcus me paraît soudain effroyablement vide – un écran de cinéma quand les lumières se rallument à la fin de la projection, une page blanche quand on termine le dernier paragraphe à la fin d’un roman. Comment ai-je pu lire de la poésie dans ses yeux, comment ai-je pu leur prêter la couleur argentée des étoiles ? Ils sont couleur de limon, une boue grisâtre qui recèle le calcul, l’égoïsme et le mépris. Comment ai-je pu croire qu’ils me regardaient avec amour ? Marcus n’aime que lui-même. Il a sacrifié onze vies sans sourciller – la mienne et celle des autres pionniers. Il se savait à la merci de la mutation génétique mortelle D66, et il n’a pas hésité à nous condamner avec lui puisque tel était le prix à payer pour qu’il puisse s’offrir son petit voyage jusqu’à Mars.

    À cette idée, je sens mes entrailles se tordre entre rire et sanglots, mes épaules se secouer comme celles d’un automate déréglé.

    « Léo ! »

    Kris prend ma tête entre ses douces mains – elle a enlevé ses gants – et m’oblige à tourner mon visage vers le sien.

    Sous sa couronne de nattes blondes, un peu écrasée par le casque qu’elle vient de dévisser elle aussi, ses grands yeux bleus vibrent d’angoisse et de questions. Elle ne comprend pas. Aucune des filles rassemblées en cercle autour de moi ne comprend – ni Fangfang la Singapourienne, qui me dévisage de son regard intelligent comme si j’étais une équation insoluble ; ni Liz l’Anglaise, qui frissonne de tout son long corps dans sa combinaison épaisse ; ni Safia l’Indienne, dont le front orné d’un bindi rouge se plisse de fines ridules ; ni Kelly la Canadienne, qui mâche son chewing-gum à s’en disloquer la mâchoire.

    Dans tous les regards, c’est la perplexité. Serena McBee, la directrice exécutive du programme Genesis, ne vient-elle pas de nous annoncer devant des milliards de spectateurs qu’elle allait financer l’ascenseur spatial énergétique qui nous permettra d’échapper aux défaillances secrètes de la base ? Cette annonce publique n’est-elle pas comme un pacte indélébile, qu’elle a signé avec son propre sang ? Et n’avons-nous pas deux alliés sur Terre, nos responsables Survie, Andrew et Harmony, qui l’obligeront à tenir parole ? Ma prostration doit sembler absurde à mes coéquipiers : pour eux, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

     

  • C'est lundi que lisez vous? #91

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    Rendez-vous initié par Mallou qui s'est inspirée de It's Monday, What are you reading ? de One Person’s Journey Through a World of Books. Le récapitulatif des liens se fait maintenant sur le blog de Galleane.

     

    Il s'agit de répondre à trois questions:

    Qu'ai-je lu la semaine passée?
    Que suis-je en train de lire?
    Que lirai-je après?


    Juste après mes lectures de la semaine passée, vous trouverez mon bilan du week end à 1000 qui a débuté vendredi 20 janvier à 19h pour se terminer dimanche 22 janvier à 23h59.
    Si vous y avez participé, n'hésitez pas à me donner votre bilan et les livres que vous avez lus en commentaire!

     

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       Le Bilan

     

     

     

    Vendredi: 345p

                                 Avec: Lt Eve Dallas - T10 - Témoin du crime = 296p
                                           A demain, Lou = 49p

    Samedi: 622p

                                 Avec: A demain, Lou = 115p
                                           Sweet = 300p
                                           Cœur de brindille = 192p
                                           Hate list = 15p

    Dimanche: 401p

                                  Avec: Hate list = 401p


    Total pages lues pour ce Week-End à 1000 = 1368p

     

     

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    Et vous? Que lisez vous?

     

  • Le tiercé du samedi #90

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    Rappel du principe: Chaque semaine, le samedi comme son nom l’indique, il conviendra de choisir les trois livres, le trio gagnant, correspondant au thème proposé.

    A la fin de chacun de ces Rendez-vous, j’indiquerai le thème de la semaine suivante.

    Ce Rendez-Vous Livresque a été inspiré de « The Saturday Awards Book » créé par l’Echos de mots, et qui n'existe plus aujourd'hui.

    Comme annoncé la semaine dernière, le thème d'aujourd'hui est:

    Les trois livres dont un personnage secondaire mériterait qu’on lui écrive son propre tome, voire sa propre série

     

    Alors pour ma part, le trio gagnant est:

     

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    Peabody dans Eve Dallas

     

     

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    L'assistante de Dallas, avec son humour et sa capacité à comprendre sa patronne, devrait avoir un tome consacré. Peut être un tome où Eve serait à l'étranger avec Connors et ou Peabody se retrouverait seule pour résoudre un crime. Discrètement surveillée par sa patronne qui aurait été convaincue par son mari de laisser sa chance à la jeune femme

     

     

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     Catcher dans les vampires de Chicago

     

     

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    On le voit trop peu et il est un peu trop mystérieux à mon goût. J'aimerais en savoir plus sur sa vie avant qu'il ne tombe dans les bras de Mallory!

     

     

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    Les maraudeurs dans Harry Potter

     

     

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    On a beau avoir des tas de fanfics sur le sujet, quel fan d'Harry Potter ne rêve pas que JK Rowlings reprenne la plume pour nous régaler de quelques aventures des maraudeurs?



    Pour la semaine prochaine, le thème sera: Les trois livres que vous avez tellement aimé que vous repoussez sans cesse le moment de voir l’adaptation ciné de peur d’être déçu(e).

    Et n'hésitez pas à laissez en commentaire le lien vers votre propre tiercé du samedi!

     

  • [Livre] Tout n'est pas perdu

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    Résumé : Alan Forrester est thérapeute dans la petite ville cossue de Fairview, Connecticut. Il reçoit en consultation une jeune fille, Jenny Kramer, quinze ans, qui présente des troubles inquiétants. Celle-ci a reçu un traitement post-traumatique afin d’effacer le souvenir d’une abominable agression dont elle a été victime quelques mois plus tôt. Mais si son esprit l’a oubliée, sa mémoire émotionnelle est bel et bien marquée. Bientôt tous les acteurs de ce drame se succèdent dans le cabinet d’Alan, tous lui confient leurs pensées les plus intimes, laissent tomber leur masque en faisant apparaître les fissures et les secrets de cette petite ville aux apparences si tranquilles. Parmi eux, Charlotte, la mère de Jenny, et Tom, son père, obsédé par la volonté de retrouver le mystérieux agresseur.

     

    Auteur : Wendy Walker

     

    Edition : Sonatine

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 12 mai 2016

     

    Prix moyen : 21€

     

    Mon avis : Le récit est à la première personne et l’originalité du roman est que l’histoire n’est pas racontée par un enquêteur, professionnel ou non, ou une victime, mais par le psychiatre qui suit cette dernière presque un an après son viol à une fête. Quand on met en relation le quatrième de couverture et le récit, on comprend très vite que le narrateur est un thérapeute mais cela ne nous sera confirmé officiellement qu’aux alentours de la page 70.
    Dans la mesure où l’on suit toute l’histoire à travers ce que les uns et les autres racontent au docteur Forrester, on est ici face à un thriller psychologique. Amateurs de courses-poursuites ou de face à face terrifiant entre le coupable et un autre personnage (victime ou inspecteur) passez votre chemin.
    La narration est presque détachée sur de grands pans du roman. Le docteur Forrester décrit les faits et les conversations qu’il a avec les protagonistes de manière très détachée et factuelle. Mais ce détachement ne va pas durer car, dans une petite ville comme Fairview, il ne tarde pas à être impliqué émotionnellement dans l’affaire de Jenny.
    Pour autant, il fait le choix de continuer à traiter Jenny, d’une part parce qu’il est le seul psychiatre de la ville et d’autre part pour des raisons moins altruistes mais qui se comprennent tout autant.
    Du coté des personnages il y a ceux que l’on plaint : Jenny et Sean en tête, qui ont vécu tous deux un traumatisme et que ce traitement miracle censé leur faire oublier l’événement traumatisant a plus détruits que guéris.
    Il y a aussi ceux qui nous laissent une impression mitigée.
    Du coté des parents de Jenny, ils ont comme échangés leurs rôle au fil du roman à mes yeux.
    D’abord le père, Tom, très présent, très compatissant envers sa fille, voulant à tout prix l’aider, mais qui tourne vite dans une obsession : retrouver le coupable. A un moment on se demande s’il cherche le coupable ou un bouc émissaire tant il est près à voir arrêter n’importe qui du moment qu’il y a une arrestation. Je me suis demandé à plusieurs reprises s’il agissait dans l’intérêt de sa fille ou dans le sien, pour faire taire son sentiment d’avoir été impuissant à protéger sa fille.
    En revanche la mère m’a donné l’impression de suivre le cheminement inverse : au début j’ai trouvé qu’elle voulait faire comme s’il ne s’était rien passé pour ne pas déranger sa petite vie, mais au fil de sa thérapie, elle se rapproche de sa fille et la soutien beaucoup plus.
    Et puis il y a, bien sûr Alan Forrester. Autour de moi, beaucoup de ceux qui ont lu le livre l’ont trouvé antipathique. Je n’ai pas partagé son point de vue. Je ne dit pas que ses décisions, ses choix et ses actions ne sont jamais discutables, mais chacune avait une justification et franchement, je ne peux reprocher à cet homme d’avoir agit comme il l’a fait.
    C’est un homme qui va devoir faire face à une situation difficile et qui va être pris entre son désir d’aider sa patiente et d’autres évènements.

    L’auteur ayant fait le choix de se pencher sur les traumatismes engendrés par le viol et les failles qu’il fait apparaître au grand jour chez chacun, on ne voit pas grand-chose de l’enquête. On a toutefois l’impression que dès qu’il s’agit d’enquêter à Fairview même, l’inspecteur en charge ne fait pas beaucoup de zèle.
    La fin a été une surprise. Rétrospectivement, je pense que j’aurais du m’en douter, mais j’étais tellement prise par Jenny et ses parents que je n’ai pas fait attention aux indices.
    Il n’est pas étonnant que ce livre ait déjà attiré l’attention du cinéma. Je suis impatiente de voir son adaptation, et surtout de voir comment cette narration va être mise en scène.

    Un extrait : Il l’a suivie à travers les bois derrière la maison. Le sol était jonché des débris de l’hiver, des feuilles mortes et des brindilles qui étaient tombées au cours des six derniers mois et s’étaient décomposées sous une couverture de neige. Elle l’a peut-être entendu approcher. Elle s’est peut-être retournée et l’a peut-être vu portant la cagoule en laine noire dont les fibres ont été retrouvées sous ses ongles. Lorsqu’elle est tombée à genoux, ce qui restait des fragiles brindilles s’est brisé comme de vieux os et a écorché sa peau nue. Son visage et sa poitrine étaient plaqués contre le sol, probablement par l’avant-bras de l’agresseur, et elle a dû sentir la brume des arroseurs automatiques qui aspergeaient la pelouse à peine six mètres plus loin, car ses cheveux étaient mouillés lorsqu’on l’a retrouvée.

        Quand elle était plus jeune, elle courait après les arroseurs dans son jardin, tentant de saisir les jets d’eau durant les chauds après-midi d’été, ou de les éviter durant les fraîches soirées de printemps. Son petit frère la pourchassait alors, nu comme un ver, avec son ventre arrondi et ses bras qui battaient l’air sans totalement parvenir à se synchroniser avec ses petites jambes. Parfois leur chien se joignait à eux, aboyant si furieusement qu’il recouvrait leurs éclats de rires. Presque un demi-hectare d’herbe verte, glissante et humide. De grands cieux dégagés avec quelques nuages blancs cotonneux. Sa mère à l’intérieur qui les observait depuis la fenêtre, et son père qui rentrait d’endroits dont son costume portait encore l’odeur – le café éventé du bureau de la concession, le cuir neuf, le caoutchouc des pneus. Ces souvenirs étaient désormais douloureux, mais elle s’est néanmoins immédiatement tournée vers eux quand on l’a questionnée sur les arroseurs, en lui demandant s’ils étaient allumés quand elle avait traversé en courant la pelouse vers les bois.

        Le viol a duré près d’une heure. Il semble impossible qu’ils aient pu le savoir. Quelque chose dans la coagulation du sang aux points de pénétration, et dans les divers stades d’ecchymoses sur son dos, ses bras et son cou, en fonction de la manière dont il l’a maintenue. Durant cette heure, la fête s’est poursuivie. Elle devait la voir depuis l’endroit où elle était étendue, les lumières éclatantes dans les fenêtres, leur vacillement quand les corps se déplaçaient dans les pièces. C’était une grosse fête, avec presque tous les élèves de seconde, plus une poignée de jeunes de troisième et de première. Le lycée de Fairview était plutôt petit, même pour une banlieue du Connecticut, et les séparations entre niveaux qui existaient ailleurs y étaient moins marquées. Les équipes sportives étaient mixtes, de même que les clubs de théâtre et de musique, et ainsi de suite. Certains cours ignoraient même les frontières entre classes, les meilleurs élèves en maths et en langues étrangères passant directement au niveau supérieur. Jenny Kramer n’avait jamais suivi de cours de niveau avancé, mais elle s’estimait intelligente, et dotée d’un sens de l’humour féroce. C’était aussi une bonne athlète – natation, hockey sur gazon, tennis. Mais pour elle, aucune de ces choses n’avait eu d’importance avant que son corps arrive à maturité.

     

  • [Livre] Voici venir les rêveurs

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    Résumé : Nous sommes à l'automne 2007 à New York et Jende Jonga, un immigrant illégal d'origine camerounaise, est en passe de réaliser son rêve : après avoir été plongeur et chauffeur de taxis, il vient de décrocher un emploi de chauffeur pour Clark Edwards, riche banquier à la Lehman Brothers. Pour Jende, tout est désormais possible : il va enfin pouvoir offrir à Neni, son amoureuse, les études de pharmacienne dont elle rêve. Et surtout, pour les Jonga, le Graal est en vue : obtenir leur carte verte et devenir enfin des Américains.
    Mais rien n'est simple au pays de l'American
    Dream. Entre Jende, loyal, discret, compétent, et son patron Clark, noyé dans le travail et les difficultés de la banque se noue une vraie complicité. Les deux familles se rapprochent, mais si les Jonga sont soudés malgré l'épée de Damoclès de l'expulsion, les Edwards sont en proie à de nombreux problèmes. Pour tous, l'interminable demande d'asile des Jonga et la menace d'éclatement de la bulle des subprimes vont remettre en question leurs certitudes...

     

    Auteur : Imbolo Mbue

     

    Edition : Belfond

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : 18 aout 2016

     

    Prix moyen : 22€

     

    Mon avis : J’ai beaucoup aimé l’écriture et le style de ce roman. L’histoire en elle-même : le rêve américain confronté à la réalité de la vie aux USA pour les étrangers, est vraiment bien menée.
    J’ai eu plus de problèmes avec les personnages.
    Les Edwards sont stéréotypés : lui, qui a un poste très élevé dans une banque de Wall Street, trompe son ennui et ses angoisses devant l’imminente faillite de sa société en visitant régulièrement des escorts ; elle, sous une apparence de femme comblée, se bourre de médicaments et d’alcool pour oublier que son mariage n’est qu’une mascarade.
    Quant aux Jonga, je ne sais même pas par où commencer. Déjà, je n’ai aucune compassion pour des clandestins qui pleurent parce qu’ils n’obtiennent pas les papiers en mentant aux services de l’immigration. Si Jende avait été en danger dans son pays, je pourrais le comprendre, mais il y avait un travail et une famille. La seule difficulté étant que le père de Neni refusait leur mariage parce que Jende n’était pas assez riche, et ce malgré le fait qu’il lui avait fait deux enfants.
    Ensuite, Jende est un homme qui veut les avantages de la vie aux Etats-Unis sans chercher à s’intégrer. Il veut vivre comme au Cameroun, c'est-à-dire en étant le maître absolu chez lui, sans que sa femme n’ait jamais son mot à dire. Je n’ai vraiment pas réussi à ressentir la moindre sympathie pour lui.
    En revanche j’ai bien aimé Neni. Au début elle est assez naïve, comme si le seul fait de vivre aux USA allait changer sa vie, puis elle prend conscience de la réalité, mais ça ne l’abat pas, bien au contraire. Elle a une force et une volonté incroyable. C’est dommage qu’elle ne soit pas capable de rejeter sa culture pour tenir tête à Jende parce qu’elle a beaucoup plus de pugnacité que lui.
    Malgré l’antipathie générale que j’ai ressenti pour la majorité des personnages (à part les enfants, Liomi, Mighty et Vince), j’ai quand même plongé dans le roman en ayant beaucoup de mal à en ressortir avant la dernière page.

     

    Un extrait : ON NE LUI AVAIT JAMAIS DEMANDÉ de porter un costume pour un entretien d’embauche. Jamais dit d’apporter un curriculum vitae. Une semaine plus tôt, il ne possédait d’ailleurs pas de curriculum, quand il s’était rendu à la bibliothèque à l’angle de la 34e Rue et de Madison Avenue et qu’un bénévole lui en avait rédigé un, détaillant son parcours afin de montrer qu’il était un homme aux grandes qualités : fermier responsable du labourage des terres et de la bonne santé des récoltes ; cantonnier chargé de préserver la beauté et la rutilance de la ville de Limbé ; chargé de vaisselle dans un restaurant de Manhattan, veillant à ce que les clients mangent dans des assiettes sans traces ni microbes ; taximan officiel dans le Bronx, responsable du bon acheminement des passagers.

    Il n’avait jamais eu à s’inquiéter de savoir si son profil correspondrait, si son anglais conviendrait, s’il passerait pour un homme suffisamment intelligent. Mais ce jour-là, vêtu de son costume croisé vert à fines rayures, celui-là même qu’il portait quand il avait débarqué aux États-Unis, une pensée l’obsédait : serait-il capable de faire impression sur un homme qu’il n’avait jamais rencontré ? Malgré tous ses efforts, il ne pouvait penser à autre chose qu’aux questions qu’on lui poserait, aux réponses qu’il faudrait donner, à la manière dont il devrait marcher, s’exprimer, s’asseoir, aux moments où il faudrait parler, à ceux où il faudrait écouter et acquiescer, aux choses qu’il faudrait dire ou ne pas dire, à la réponse à donner si on l’interrogeait sur son statut dans le pays. Sa gorge devint sèche. Ses mains, moites. Incapable d’attraper son mouchoir dans le métro bondé qui le conduisait dans le centre de Manhattan, il les essuya sur son pantalon.

    « Bonjour, s’il vous plaît, dit-il à l’agent de sécurité en entrant dans le hall du building Lehman Brothers. Mon nom est Jende Jonga. Je suis venu voir M. Edwards. M. Clark Edwards. »

    L’agent, bouc et taches de rousseur, lui demanda une pièce d’identité que Jende s’empressa de sortir de son portefeuille marron deux volets. L’homme s’en empara, examina le recto puis le verso, leva les yeux vers lui, les baissa vers son costume, sourit et voulut savoir s’il se présentait en tant qu’agent de change ou quelque chose comme ça.

    Jende secoua la tête.

    « Non, répondit-il sans sourire en retour. Chauffeur.

    — Ah, fit le vigile en lui tendant un passe de visiteur. Eh bien, bonne chance. »

    Cette fois, Jende sourit.

    « Merci, mon frère. Toute cette chance, je vais vraiment en avoir besoin aujourd’hui. »

     

  • [Livre] Phobos: origines

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    Résumé : SIX PIONNIERS EN APPARENCE IRRÉPROCHABLES.

    SIX JEUNES TERRIENS RONGÉS PAR LEURS SECRETS.

    SIX DOSSIERS INTERDITS, QUI AURAIENT DÛ LE RESTER.

    ILS INCARNENT L’AVENIR DE L’HUMANITÉ.

    Six garçons doivent être sélectionnés pour le programme Genesis, l’émission de speed-dating la plus folle de l’Histoire, destinée à fonder la première colonie humaine sur Mars.

    Les élus seront choisis parmi des millions de candidats pour leurs compétences, leur courage et, bien sûr, leur potentiel de séduction.

    ILS DISSIMULENT UN LOURD PASSÉ.

    Le courage suffit-il pour partir en aller simple vers un monde inconnu?

    La peur, la culpabilité ou la folie ne sont-elles pas plus puissantes encore?

    Le programme Genesis a-t-il dit toute la vérité aux spectateurs sur les « héros de l’espace »?

    ILS DOIVENT FAIRE LE CHOIX DE LEUR VIE,

    AVANT QU'IL SOIT TROP TARD.

     

    Auteur : Victor Dixen

     

    Edition : Robert Laffont

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 02 juin 2016

     

    Prix moyen : 14,90€

     

    Mon avis : Première chose sur ce livre : j’ai été agréablement surprise par sa longueur. Quand on nous présente un hors série, c’est souvent une nouvelle, ou un roman beaucoup plus court que les tomes « officiels » de la série. Ici, on a plus de 300 pages ce qui en ferait presque un tome à part entière, en marge de la série, certes, mais un tome digne de ce nom quand même.
    Bien que j’ai vraiment hâte de lire le tome 3, j’ai décidé de lire Phobos : origines d’abord et ça a été une chouette idée. Je dirais même que l’idéal serait, pour ceux qui ont la chance de découvrir la série maintenant que tous les tomes sont sortis, serait de lire ce tome hors série entre le tome 1 et le tome 2. En effet, dans le tome 1, on en apprend pas mal sur les prétendantes. En lisant Origines juste après le tome 1, on met pour ainsi dire les prétendantes et les prétendants sur un pied d’égalité et on peut attaquer le tome 2 en en sachant un peu plus sur les garçons qui restaient assez mystérieux.
    Le livre se découpe en 6 nouvelles, ou 6 longs chapitres, chacun ayant pour sujet l’un des prétendants. On va en apprendre plus sur leur vie, sur ce qui les a poussés à s’inscrire au programme Genesis. Même si Serena apparaît plutôt comme une femme pleine d’attention, à quelques reprises, son véritable visage va apparaître, quoiqu’assez furtivement.
    On va donc en savoir plus sur la vie de Mozart en petit dealer des favelas, d’Alexeï en chef de gang, de Samson, considéré par sa communauté comme un enfant-sorcier à cause de ses yeux clairs, De Tao et de comment il s’est retrouvé dans un fauteuil roulant… chacun d’eux va nous livrer son histoire dans le détail.
    Kenji est certainement celui qui m’a le plus surprise, je ne m’attendais vraiment pas à son histoire. Un élément de la vie de Samson, qu’il ne dévoile qu’à Serena, me laisse à penser qu’il nous réserve des surprises. Quant à Marcus, s’il semble être celui qui a la vie la plus…disons banale… parmi les 6 prétendants, il nous reste à découvrir un secret…quelque chose que seule Serena connaît et qu’elle lui recommande bien de ne révéler à personne… même nous, lecteurs, nous n’en saurons pas plus, ce qui me laisse penser que ce secret va avoir un impact important dans l’histoire au cours du troisième tome.
    J’ai vraiment adoré voir à quel point Victor Dixen a fouillé le passé de ses personnages, leur donnant une profondeur qu’on rencontre rarement dans des romans Young Adult.
    La seule chose que je regrette, c’est qu’il n’ait pas fait pareil pour les filles, car, si on en sait un peu plus sur elles, je suis sûre qu’il y aurait plein de choses à découvrir ! Peut être en suppliant l’auteur* ?
    (*siou plait m’sieu Dixen !)

    Un extrait : « ALORS, FILS : COMMENT ÇA S’EST PASSÉ ? »

    Enveloppée dans un tablier lâche, un peu trop grand pour elle, Abebi est occupée à confectionner des beignets. Dans un saladier, elle prélève à la cuiller de petites boules de purée de haricots blancs, qu’elle laisse tomber au creux d’une poêle remplie d’huile de friture parfumée. Le local dans lequel elle officie est si exigu qu’elle n’a pas la place de se retourner pour saluer l’arrivant – pourtant, elle sait qu’il est là, comme si elle était douée d’un sixième sens.

    « C’est la pire blague que tu m’aies jamais faite, Ab’ », répond Samson avec humeur.

    Il laisse tomber son sac à dos rempli de manuels sur le sol de la minuscule cuisine, aux murs tapissés d’étagères branlantes. Vieilles casseroles, vaisselle ébréchée et pots de verre dépareillés remplis d’épices de toutes les couleurs s’y amoncellent, dans un équilibre qui tient du miracle.

    « Ravie que ça t’ait fait rire, fils. Ça te fait du bien de rigoler un peu, toi qui es si studieux, entre tes études et le restaurant, trop occupé pour avoir du bon temps ou même une petite amie. Mais ça n’était pas une blague.

    — M’envoyer sur Mars, pas une blague ? Et qui va t’aider pour le restaurant si je pars ? Qui va s’occuper de toi, hein, tu peux me le dire ?

    — Ne t’inquiète pas, petit macho, rétorque la cuisinière, le dos toujours tourné, tout en continuant de mouler ses beignets à la cuiller. Je n’ai jamais eu besoin d’aucun d’homme pour s’occuper de moi. Je me suis très bien débrouillée quand ton père est parti avec une jeunette – Dieu lui noue l’aiguillette, à celui-là ! »

    Abebi parle sur un ton badin, mais Samson n’a pas du tout l’air de vouloir plaisanter.

    « Il est parti il y a seize ans, quand tu étais encore en pleine forme, assène-t-il. Mais aujourd’hui, tu as vu dans quel état tu es ? »

    Pour la première fois depuis le début de l’échange, Abebi pose sa cuiller et se tourne vers son fils.

    Le spectacle de son visage est saisissant. Ses joues sont creuses, ses lèvres pâles, de larges cercles grisâtres se dessinent autour de ses yeux sur le noir de sa peau.

    « C’est gentil de rappeler à ta vieille mère qu’elle est aussi mal en point que ce taudis – encore heureux qu’il tienne toujours debout.

    — Tu sais bien que ce n’est pas ce que je voulais dire, s’empresse de préciser Samson, toute trace de mauvaise humeur disparue.

    — Bah, pas la peine de te rattraper aux branches qui cassent. Je sais bien que je n’en ai plus pour longtemps.

    — Je t’interdis de dire ça !

    — Tsss…, siffle Abebi. Aucun homme ne m’a jamais rien interdit, alors ça ne va pas commencer avec toi, mon cher fils. Je ne me voile pas la face. Je sais où j’en suis. Le traitement du docteur ne marche plus depuis des mois. Tu sais, Samson, malgré ce que tu peux penser, j’ai été très heureuse dans ma vie. J’ai créé ma petite affaire, j’ai été amoureuse bien des fois, je n’ai dépendu de personne, le ciel m’a donné un garçon beau et intelligent – et pour couronner le tout, les gens qui ont du goût reconnaissent que les acras d’Abebi sont les meilleurs de Lagos ! Oui, j’ai vécu en femme libre. Mais je me souviens toujours des proverbes des vieux griots, du temps de mon enfance. L’oiseau vole dans le ciel, mais il n’oublie pas qu’un jour ses os tomberont par terre : voilà ce que disaient les griots. C’était l’époque où Cellular Valley n’était qu’un village isolé, qui portait un autre nom, aujourd’hui oublié ; la ville ne l’avait pas encore rattrapé et avalé ; il y avait ici des paysans pour cultiver le mil, et pas seulement des réparateurs de téléphones portables ; bref, ce n’était pas encore devenu le plus grand bazar de bidules électroniques de toute l’Afrique.

     

  • [Livre] Station Eleven

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    Résumé : Une pandémie foudroyante a décimé la civilisation. Une troupe d’acteurs et de musiciens nomadise entre de petites communautés de survivants pour leur jouer du Shakespeare. Ce répertoire classique en est venu à représenter l’espoir et l’humanité au milieu des étendues dépeuplées de l’Amérique du Nord.
    Centré sur la pandémie mais s’étendant sur plusieurs décennies avant et après, Station Eleven entrelace les destinées de plusieurs personnages dont les existences ont été liées à celle d’un acteur connu, décédé sur scène la veille du cataclysme en jouant Le Roi Lear. Un mystérieux illustré, Station Eleven, étrangement prémonitoire, apparaît comme un fil conducteur entre eux…

     

    Auteur : Emily St John Mandel

     

    Edition : Rivages

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : 24 aout 2016

     

    Prix moyen : 24€

     

    Mon avis : Quand on voit dans quel état me met une petite bronchite de rien du tout (et la facilité avec laquelle je chose ce genre de saleté), autant le dire, dans Station Eleven, j’aurais fait partie des premières victimes.
    L’histoire commence avec la mort sur scène d’un acteur, Arthur Leander, d’une crise cardiaque. Moins de 24h plus tard, une souche mutante de la grippe porcine, appelée grippe de Géorgie (le pays, pas l’état des USA), se propage sur le monde et décime 99% de la population.
    Vingt ans plus tard, on voit comment les survivants se sont organisés au travers d’un groupe de musiciens et d’acteurs qui se font appeler la symphonie itinérante et qui se déplacent de communautés en communauté en jouant du Shakespeare.
    Souvent bien accueillis, ils se trouvent parfois face à des groupes plus hostiles, comme une communauté à la tête de laquelle se trouve un mystérieux prophète qui fonctionne un peu comme les mormons au temps de la polygamie.
    Au fil du roman, on balance entre le passé d’Arthur Leander, le moment où l’épidémie se déclenche, et les vingt années qui suivent.
    Alors qu’il meurt plusieurs heures avant que l’épidémie se déclare, Arthur Leander devient le pivot de l’histoire, la majorité des personnages ayant eu un lien (amical, familial, professionnel) avec lui.
    Même si l’identité du prophète est supposé rester mystérieuse jusqu’à la fin, j’ai très vite deviné son identité. En cherchant les connexions possibles, ce n’était pas très compliqué.
    Ce que j’ai aimé dans ce livre, c’est qu’il est réaliste. Ici pas de zombies, pas de complots, juste une épidémie foudroyante et des survivants qui tentent de survivre dans un monde en ruine.
    A un moment, un des personnages pose une question très juste : « faut-il continuer à parler de l’ancien monde aux enfants ? » Au risque de les perturber ? Leur dire qu’avant il y avait l’eau courante, le chauffage, des réfrigérateurs, des fours, des supermarchés ? Qu’on ne mourrait pas parce qu’on avait marché sur un clou ? Ne vaut-il pas mieux reconstruire une société en oubliant l’ancienne ?
    Dans le cas de certains personnages, on se demande longtemps ce qu’ils sont devenus car ils semblent avoir été oubliés mais ce n’est qu’une impression : l’auteur parlera de chacun des personnages en temps et en heure.
    Sans être un coup de cœur, ce roman est un très bon roman post apocalyptique et j’ai passé un bon moment de lecture.

    Un extrait : Liste non exhaustive :

    Plus de plongeons dans des piscines d’eau chlorée éclairées en vert par en dessous. Plus de matchs de base-ball disputés à la lumière des projecteurs. Plus de luminaires extérieurs, sur les vérandas, attirant des papillons de nuit les soirs d’été. Plus de trains filant à toute allure sous la surface des métropoles, mus par la puissance impressionnante du troisième rail. Plus de villes. Plus de films, sauf rarement, sauf avec un générateur noyant la moitié des dialogues – et encore, seulement les tout premiers temps, jusqu’à ce que le fuel pour les générateurs s’épuise, parce que l’essence pour voitures s’évente au bout de deux ou trois ans. Le carburant d’aviation dure plus longtemps, mais c’était difficile de s’en procurer.

    Plus d’écrans qui brillent dans la semi-obscurité lorsque des spectateurs lèvent leurs portables au-dessus de la foule pour photographier des groupes en concert. Plus de scènes éclairées par des halogènes couleur bonbon, plus d’électro, de punk, de guitares électriques.

    Plus de produits pharmaceutiques. Plus aucune garantie de survivre à une égratignure à la main, à une morsure de chien, à une coupure qu’on s’est faite au doigt en éminçant des légumes pour le dîner.

    Plus de transports aériens. Plus de villes entrevues du ciel à travers les hublots, scintillement de lumières ; plus moyen d’imaginer, neuf mille mètres plus bas, les vies éclairées en cet instant par lesdites lumières. Plus d’avions, plus d’hôtesses vous priant de bloquer votre tablette en position relevée – non, ce n’était pas vrai : il y avait encore des avions, çà et là, cloués au sol sur des pistes d’envol et dans des hangars. La neige s’amoncelait sur leurs ailes. Les mois d’hiver, ils faisaient d’excellents garde-manger. En été, les appareils immobilisés à proximité de vergers étaient remplis de cageots de fruits qui se déshydrataient à la chaleur. Des adolescents s’y faufilaient pour faire l’amour. Des traînées de rouille zébraient les carlingues.

    Plus de pays, les frontières n’étant pas gardées.

    Plus de pompiers, plus de police. Plus d’entretien des routes ni de collecte des ordures. Plus de navettes spatiales décollant de Cap Canaveral, du cosmodrome de Baïkonour, de Vandenberg, de Plessetsk, de Tanegashima, traçant dans l’atmosphère des sillons incandescents.

    Plus d’internet. Plus de réseaux sociaux, plus moyen de faire défiler sur l’écran des litanies de rêves, d’espoirs fiévreux, des photos de déjeuners, des appels à l’aide, des expressions de satisfaction, des mises à jour sur le statut des relations amoureuses grâce à des icônes en forme de cœur – brisé ou intact –, des projets de rendez-vous, des supplications, des plaintes, des désirs, des photos de bébés déguisés en ours ou en poivrons pour Halloween. Plus moyen de lire ni de commenter les récits de la vie d’autrui et de se sentir ainsi un peu moins seul chez soi. Plus d’avatars.

     

  • C'est lundi que lisez vous? #91

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    Rendez-vous initié par Mallou qui s'est inspirée de It's Monday, What are you reading ? de One Person’s Journey Through a World of Books. Le récapitulatif des liens se fait maintenant sur le blog de Galleane.

     

    Il s'agit de répondre à trois questions:

    Qu'ai-je lu la semaine passée?
    Que suis-je en train de lire?
    Que lirai-je après?

     

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    Et vous, que lisez vous?

     

     

  • [Livre] La cuisinière

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    Résumé : Immigrée irlandaise courageuse et obstinée arrivée seule à New York à la fin du XIXe siècle, Mary Mallon travaille comme lingère avant de se découvrir un talent caché pour la cuisine. Malheureusement, dans toutes les maisons bourgeoises où elle est employée, les gens contractent la typhoïde, et certains en meurent. Mary, de son côté, ne présente aucun symptôme de la maladie. Au contraire, sa robustesse est presque indécente. Des médecins finissent par s'intéresser à son cas, mais la cuisinière déteste qu'on l'observe comme une bête curieuse et refuse de coopérer. Pourquoi la traite-t-on comme une malade alors qu'elle est en parfaite santé ? Les autorités sanitaires, qui la considèrent comme dangereuse décident de l'envoyer en quarantaine sur une île au large de Manhattan. Commence alors pour Mary Mallon, femme indépendante, un combat à armes inégales pour sa liberté...

     

    Auteur : Mary Beth Keane

     

    Edition : Presse de la cité

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 06 février 2014

     

    Prix moyen : 22,50€

     

    Mon avis : Mary Beth Keane retrace le combat pour sa liberté de Mary Mallon, que les médias de l’époque ont surnommée Mary Typhoïde, et qui a été un des premiers porteurs sains répertoriés par les autorités sanitaires.
    D’un côté, on ressent une certaine empathie pour Mary. Celle-ci, arrivée d’Irlande, commence comme blanchisseuse avant de réussir à décrocher un poste de cuisinière. Financièrement indépendante, elle vit en union libre avec Albert, un homme au départ travailleur mais qui se révèle très vite alcoolique et versatile. Si un travail ne lui plait pas, il cesse tout bonnement de s’y rendre, laissant à Mary le soin de faire vivre le ménage.
    Quand Mary est arrêtée par les autorités sanitaires, quasiment sans sommation, et exilée sur une ile au large de Manhattan, où elle subi examens médicaux et brimades pour la forcer à « coopérer » (interdiction d’envoyer des lettres à ses amis, de recevoir de la visite…), elle est très vite persuadée que tout ceci n’est en fait dû qu’à son indépendance qui dérange.
    Son cas pose problème autant aux autorités sanitaires qui ne savent pas bien comment gérer un cas aussi inédit, qu’à Mary qui n’accepte pas l’idée qu’elle puisse transmettre la fièvre typhoïde alors qu’elle n’a jamais été malade de sa vie, en passant par la population qui ne comprend pas cette notion de porteur sain.
    Malgré tout, l’empathie qu’on ressent pour Mary, dû essentiellement à l’antipathie qu’inspire Soper, un contrôler sanitaire, qui n’a pas pour habitude d’être en contact avec les patients et traite donc Mary comme un cobaye, est mise à mal du fait de l’attitude butée de Mary.
    Malgré les explications qu’on peut lui apporter, elle se contente de répéter qu’elle n’a jamais été malade et que donc elle est victime de persécutions.
    Pire, quand un juge décide sa remise en liberté à la seule condition qu’elle cesse de cuisiner pour d’autres, car c’est ainsi qu’elle transmet la maladie, elle va promettre puis passer outre, allant jusqu’à changer son nom pour continuer à cuisiner malgré le nombre de malades qui ne cesse d’augmenter autour d’elle.
    Si je veux bien admettre que Mary ne savait pas le danger qu’elle représentait quand elle a transmis la maladie aux première victimes, sa volonté de dissimuler son activité de cuisinière, de chercher des arguments comme dire que la boulangerie n’est pas de la cuisine, démontre qu’elle était parfaitement consciente de sa condition de porteur sain après sa mise en quarantaine et qu’elle a décidé de refuser de la reconnaître, peut importe le nombre de personnes qui aura à en pâtir.
    On se demande vraiment comment tout ça va finir, mais je continue a être persuadé que si un autre médecin que Soper avait pris l’affaire en main, était venu voir Mary pour lui parler, lui expliquer, au lieu de la traiter comme une criminelle et une cobaye, cela aurait tout changé.

    Un extrait : Mary ne fut pas arrêtée immédiatement. Il y eut des avertissements. Des requêtes. Tout commença sur un mode courtois, comme si le Dr Soper croyait qu’en se contentant de lui signaler le danger tapi à l’intérieur de son corps elle se retirerait d’elle-même de la société. Et ensuite, lorsque ses confrères et lui eurent recours à des procédés beaucoup moins aimables, ils affirmèrent qu’elle avait eu le tort de brandir un couteau au lieu d’écouter et d’obéir.

    Par un froid matin de mars 1907, les services sanitaires, en coordination avec la police new-yorkaise, décidèrent que Mary Mallon devait être arrêtée. Le Dr Soper suggéra qu’elle se rendrait probablement plus aisément à une femme et envoya une jeune médecin du nom de Josephine Baker sonner à la porte de la résidence des Bowen – les employeurs de Mary –, encadrée de quatre officiers de police. Loin d’eux d’imaginer que la vue d’un tel aréopage pousserait ses amis à mentir pour la protéger, à la cacher, à insister sur le fait qu’il y avait erreur sur la personne recherchée. Lorsque les autorités la trouvèrent finalement, elle ne se soumit pas, et les policiers durent se saisir d’elle, chacun par un membre, et la porter jusqu’à leur véhicule à travers la cour enneigée, sous le regard des autres domestiques. Une fois à l’intérieur, elle se mit à gigoter et à donner des coups de pied, jusqu’à ce que les représentants des forces de l’ordre la bloquent entre leurs corps robustes et la contiennent autant qu’ils le pouvaient. Le Dr Baker s’assit sur ses genoux : « Je vous en prie, mademoiselle Mallon », répéta-t-elle, encore et encore, avant de passer à « Je vous en prie, Mary ».

    Mary pensa qu’ils l’emmenaient au commissariat de la 67e Rue Est, donc, lorsque la voiture de police continua en direction du sud-est, suivant la même route que celle qu’elle prenait de chez les Bowen pour regagner le logement qu’elle partageait avec Alfred sur la 33e Rue Est, elle espéra pendant un moment qu’ils la déposeraient peut-être chez elle. Ils étaient venus pour lui donner une leçon, pensa-t-elle, et ils allaient lui rendre sa liberté. Lorsque le cocher bifurqua vers l’est à la hauteur de la 42e Rue, elle aperçut des plaques de rues à travers la petite vitre à barreaux et vit qu’il prenait la direction du sud le long de la Troisième Avenue jusqu’à la 16e Rue, puis à nouveau vers l’est, et cela avec une telle précipitation qu’elle pouvait sentir la crinière des chevaux se secouer en rythme. Le véhicule s’arrêta juste avant le fleuve, devant l’entrée principale d’un édifice inconnu, au bout d’un bloc d’immeubles si paumé qu’un premier mouvement de panique la traversa alors : personne de sa connaissance n’aurait jamais l’idée de venir la chercher dans un endroit pareil !

    Le Dr Soper l’attendait à l’entrée de l’hôpital Willard Parker, mais au lieu de s’adresser à elle, il fit un signe de la tête aux deux policiers qui la tenaient par les coudes. Arrivés au sixième étage, ils lui firent traverser au pas de course le couloir menant au Pavillon de la Typhoïde, où d’autres médecins attendaient dans une pièce meublée d’une table en acajou brillante. Un de ses gardes lui indiqua son siège, et avant qu’elle ait eu le temps de parcourir la pièce du regard, le Dr Soper lui déclara, ainsi qu’aux autres présents, que la théorie la plus récente concernant la typhoïde avait un rapport avec les germes et les bactéries, et que, même si elle avait l’air en parfaite santé, il avait de bonnes raisons de penser qu’à ce moment précis elle était en train de fabriquer des bacilles de la typhoïde à l’intérieur de son corps et de transmettre la maladie à des victimes innocentes. Il l’accusa d’avoir contaminé vingt-trois personnes et d’être la cause d’au moins trois décès.

    — Et il ne s’agit que des cas dont nous avons été informés, précisa-t-il. Qui sait combien d’autres nous découvrirons, lorsque nous pourrons enquêter sur la totalité des emplois passés de Mlle Mallon ?

    Devant cinq autres hommes et le Dr Baker, le Dr Soper se tourna enfin vers celle qui était la source de tout ce malheur, comme s’il attendait un commentaire de sa part. Mary eut l’impression que son esprit l’avait désertée pour de bon et qu’elle était en train de devenir folle.

     

  • Le tiercé du samedi #89

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    Rappel du principe: Chaque semaine, le samedi comme son nom l’indique, il conviendra de choisir les trois livres, le trio gagnant, correspondant au thème proposé.

    A la fin de chacun de ces Rendez-vous, j’indiquerai le thème de la semaine suivante.

    Ce Rendez-Vous Livresque a été inspiré de « The Saturday Awards Book » créé par l’Echos de mots, et qui n'existe plus aujourd'hui.

    Comme annoncé la semaine dernière, le thème d'aujourd'hui est:

    Les trois livres (ou série) que vous avez adoré mais dont la fin vous a le plus déçue.

     

    Alors pour ma part, le trio gagnant est:

     

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    L'écorchée

     

     

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    Je le mets en coupe de bronze parce que je ne suis pas déçue par la fin en elle-même. Mais à la toute fin, après la résolution de l'enquête, il y a un élément qui fait qu'on nous laisse là, pantelants, à nous demander comment c'est possible.
    Et l'auteur nous laisse comme ça! Il n'a jamais écrit de suite et on ne sait pas s'il le fera un jour. Du coup, on reste un peu sur sa faim, ce qui est hyper frustrant!

     

     

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    Phobos

     

     

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    Alors ici, je suis partagée. Si le tome 3 est effectivement la fin, alors dans ce cas, je la trouve très décevante. Elle ne répond pas à la moitié de nos questions et est un peu facile.
    Mais plusieurs internautes, sans toutefois citer leurs sources, disent que Victor Dixen a annoncé la sortie d'un tome 4 pour la fin de l'année. S'il y a bien un autre tome à venir, la fin du trois de décevante devient frustrante avec hâte de lire la suite.
    Pour l'instant je n'ai trouvé nulle part de confirmation ce tome 4. Affaire à suivre

     

     

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    Autant en emporte le vent

     

     

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    Cette fin! Non mais cette fin!! L'auteur aurait du être pendue en place publique!
    Bon depuis, l'excellente Alexandra Ripley a écrit un roman "Scarlett" qui suis immédiatement "Autant en emporte le vent" et qui nous offre une fin plus acceptable. Mais pendant des décennies, il n'y a eu que cette fin là, cette fin horriblement frustrante qui donne envie de se jeter dans le bouquin pour essayer de rattraper le coup!



    Pour la semaine prochaine, le thème sera: Les trois livres dont un personnage secondaire mériterait qu’on lui écrive son propre tome, voire sa propre série…

    Et n'hésitez pas à laissez en commentaire le lien vers votre propre tiercé du samedi!