Lecture terminée le : 21 novembre 2020
Résumé : Sage Fowler, seize ans, est une bâtarde recueillie par un oncle riche et respecté. Sa seule chance de s’en sortir ? Épouser un beau parti. Elle se présente donc chez une entremetteuse – l’une de ces femmes chargées d’évaluer le potentiel des candidats au mariage, et dont les décisions font et défont les fortunes d’une famille, voire d’un pays tout entier. Mais avec sa légendaire indiscipline et sa langue trop acérée, la jeune fille échoue lamentablement. Amusée par son cynisme et son sens aigu de l’observation, la marieuse lui propose toutefois de devenir apprentie.
Sage s’embarque donc dans un périple vers la capitale pour assister au Concordium – là où, tous les cinq ans, se décident les unions les plus importantes – avec un groupe de jeunes filles triées sur le volet. Cette précieuse cargaison est escortée par un bataillon de soldats d’élite qui ne tarde pas à réaliser qu’ils sont tous sur le point de se jeter dans la gueule du loup : le pays voisin prépare une invasion et chaque étape du voyage pourrait bien être la dernière.
Auteur : Erin Beaty
Edition : Lumen
Genre : Fantasy
Date de parution : 15 Février 2018
Prix moyen : 15€
Mon avis : Encore une fois, comme souvent avec Lumen, le résumé est non seulement trop long mais pas vraiment conforme à la réalité (Je me demande de plus en plus sérieusement si ceux qui font les résumés prennent la peine de lire les livres).
Heureusement, je ne juge pas les livres sur la conformité des résumés au contenu du livre. Et ce roman a été très proche du coup de cœur.
J’ai vraiment énormément apprécié Sage. Déjà, elle est normale. Elle n’est pas exceptionnelle, elle n’obtient pas tout ce qu’elle veut, elle n’a pas des capacités sans fin : elle a quelques connaissances, qu’elle a appris auprès de son père mais ce qui fait sa force c’est sa force de caractère. Elle refuse de se plier à des conventions sociales faites par et pour les hommes, refuse de tenir sa langue. Et surtout, elle aime apprendre. Et le mariage ne fait pas du tout, mais alors pas du tout partie de ses objectifs pour l’avenir. D’ailleurs, elle a demandé à son oncle de lui trouver un apprentissage. Mais celui-ci ne l’entend pas de cette oreille et lui prend un rendez-vous avec l’entremetteuse de la région afin qu’elle dégotte un époux pour sa nièce.
Même si les relations entre Sage et son oncle sont plutôt houleuses, même Sage est obligée, de mauvaise grâce, de reconnaitre qu’il ne lui a jamais fait aucun mal et qu’il a toujours pris soin d’elle là où beaucoup l’aurait collée dans un orphelinat. Et même si ce n’est pas le souhait de Sage, je pense que la décision de son oncle de chercher à la marier part d’un bon sentiment. Au vue de la société dans laquelle ils évoluent, je pense qu’il croit sincèrement que c’est la meilleure chose à faire pour assurer l’avenir de Sage.
J’ai également beaucoup aimé l’entremetteuse : Darnessa Rodelle. Elle sait fort bien comment est Sage et plutôt que de s’opposer directement à son oncle, elle accepte de recevoir la jeune fille en sachant très bien qu’elle n’a rien d’une « future épouse parfaite ». Au lieu de lui trouver un mari, elle propose donc à Sage de devenir son assistante le temps d’accompagner des jeunes filles à la capitale pour les unions des grands du royaume qui a lieu tous les cinq ans.
Le convoi de jeunes filles est escorté par un groupe de soldat commandé par le mystérieux capitaine Quinn que l’on ne voit que rarement, tant il est occupé par son travail. Sage va se lier d’amitié avec Ash, qui voyage incognito sous les traits d’un cocher et qui semble cacher beaucoup de chose et surtout beaucoup d’inquiétude.
(Rassurez-vous, tout ce que j’ai dit jusque-là se passe dans les tout premiers chapitres)
Même si La couleur du mensonge est un premier tome, j’ai été surprise de voir qu’il pouvait se suffire à lui-même. L’histoire se met en place rapidement, d’autant plus qu’on suit relativement alternativement l’armée et Sage. L’histoire est vraiment centrée sur l’intrigue et on plonge directement dans l’univers. Pour autant, on n’est pas perdu car l’auteur a su distiller les informations sur son univers de manière à ce qu’on ait l’impression de déjà le connaitre.
Quant aux rebondissements… Et bien ce livre est quasiment constitué de rebondissements ! Il faut dire qu’il est difficile de faire confiance à qui que ce soit (En même temps, vu le titre, on aurait pu s’en douter). L’auteur ose vraiment tout jusqu’à un rebondissement que je n’avais pas vu venir, mais alors pas du tout : il a fallu que je relise trois fois le passage pour me convaincre que je n’avais pas rêvé ! En répétant en boucle : Non, elle n’a pas osé…
Ce vrai panier de crabe m’a vraiment happé, complétement, totalement happée ! Impossible de laisser de côté ce bouquin et la fin est telle que, certes, on a envie de découvrir la suite, mais on n’est pas pris dans l’urgence de la découvrir (Je ne suis pas toujours fan des cliffhanger, trop de séries interrompues m’ont un peu échaudée).
Bon même si on n’est pas dans l’urgence, croyez-moi, je ne vais pas attendre longtemps pour me plonger dans le tome 2 car j’ai vraiment très envie de retourner dans le monde de Sage !
Un extrait : Son oncle était rentré depuis plus d’une heure, mais il ne l’avait toujours pas fait appeler.
Assise à sa table, dans la pièce qui servait d’étude aux enfants de la maison, Sage faisait de son mieux pour garder son calme. Son cousin Jonathan, lui, ne tenait pas en place – l’ennui, sans doute, ou bien la difficulté qu’il devait éprouvait à tolérer une fille à peine plus âgée que lui comme professeur. Si Sage ne lui en tenait pas particulièrement rigueur, elle n’avait pas l’intention de lui laisser la moindre occasion de se moquer d’elle, en revanche. Il était pour le moment penché sur une carte de Demora qu’il s’employait à légender. Le garçon ne s’appliquait vraiment que quand on lui confiait la même tâche qu’à ses frères et sœurs : alors, ses devoirs se transformaient en une véritable compétition. Sage l’avait très vite compris et ne manquait jamais d’en tirer parti.
Elle coula un regard vers la fenêtre, les poings serrés pour s’éviter de pianoter sur la table. Dans la cour, serviteurs et ouvriers s’activaient, occupés qui à battre un tapis, qui à remplir les greniers à foin en prévision de l’hiver. Leur ballet confus, combiné au grincement des roues des chariots de blé qui défilaient sur la route voisine, avait d’ordinaire le don de l’apaiser – mais pas ce jour-là. Sire Broadmoor était parti le matin même à Guircourt, sans rien dire à personne, pour revenir en début d’après-midi. Elle l’avait vu lancer les rênes de sa monture au premier valet d’écurie venu, le nez levé vers la fenêtre de l’étude, un sourire suffisant sur les lèvres.
Il n’en avait pas fallu plus pour que Sage comprenne la vérité : la raison de la petite expédition de son oncle, c’était elle…